Le traumatisme psychique est souvent présenté à travers le prisme de ses répercussions délétères. Pourtant, Sigmund Freud avait déjà évoqué le caractère double des effets du traumatisme : positifs et négatifs. L’expérience clinique peut nous amener à envisager le trauma dans la complexité de ce paradoxe, au travers d’une analyse par contraste et non par clivage et d’une dialectique plus que d’une opposition.
En 1997, Le Journal des psychologues proposait un dossier sur le thème « La prison : un cadre paradoxal », dans lequel des cliniciens du thérapeutique et du juridique analysaient le caractère complexe d’un lieu empreint de représentations dites « sociales », qu’Aristote, déjà en son temps, qualifiait de « lieu commun », de phantasma. Dans ce dossier, j’avais publié un article, sans prétention autre que de témoigner de ma clinique psychologique en milieu carcéral, nommé « Aux marges du palais ». J’y reprenais à mon compte le concept de paradoxal, pour les vécus et les éprouvés des personnes incarcérées, dans leur histoire ponctuée par les actes violents agis ou subis, ainsi que le temps et l’espace judiciaire et pénitentiaire. Le présent titre « Aux marges du trauma » s’inscrit dans la continuité de l’analyse d’anthropologie clinique alors proposée. Celle-ci prône la dialectique et peut se situer en marge et aux marges du clivage agresseur / victime.
En effet, le traumatisme psychique est très souvent abordé et présenté à travers le prisme de ses répercussions délétères…