Le handicap invisible plonge l’individu dans des incertitudes à la fois psychologiques, relationnelles et identitaires, en dehors d’une réalité partagée. Par un effort de définition et de mise en perspective des situations vécues, le travail psychologique vise une meilleure connaissance et cohérence de soi en lien avec les autres. Les cas de Julie et Franck témoignent ici de ce processus non linéaire de prise de conscience et d’intégration de leur réalité.
Il est une idée fréquente que le handicap est associé à une dimension visuelle, aux stigmates visibles sur le corps. Dans les représentations sociales, la notion de handicap est souvent liée à la motricité ou aux sens (visuels ou auditifs), avec une mise en avant des aspects dysfonctionnels.
Le handicap, lorsqu’un sujet en est porteur, devient alors un puissant marqueur social et prend part, en tant que caractéristique socio-identitaire, aux relations que celui-ci entretient avec son environnement. Aussi, le handicap, lorsqu’il est invisible, brouille les repères identitaires nécessaires à toute relation.
Le handicap invisible, selon Erving Goffman (1975), est un handicap qui n’est pas apparent, ce qui revient, pour un individu, au fait d’avoir une limitation durable des possibilités d’interaction sans que l’entourage puisse comprendre qu’il s’agit bien d’un handicap.
Bien heureusement, le travail des équipes soignantes et de rééducation a atteint un certain niveau d’élaboration et d’évolution. La prise en charge de patients victimes de traumatismes crâniens, de maladies dégénératives telles que la sclérose en plaques, de mal-voyance ou encore de fibromyalgies invalidantes… – des affections dites « invisibles » –, inclut très souvent une part d’accompagnement du patient et de son entourage en ce qui concerne le regard des autres, la crédibilité des troubles, l’impact des atteintes neurologiques entre cognitions et affects…