1Au cours de ses premiers mois de vie, le jeune enfant sera envahi de sensations corporelles qui alterneront entre tension du besoin et détente de la satisfaction. De la qualité des réponses qui lui seront apportées dépendra sa capacité d’apaisement réel et virtuel de sa motricité.
2Les troubles du comportement de Manuel viennent ici se faire l’écho d’un manque de soutien affectif et de surstimulations physiques.
3À partir d’un corps immature et hypersensible, l’homme devient l’être vivant le plus complexe qui existe sur la Terre. Il est alors légitime de penser qu’entre les niveaux d’organisation les plus primaires, comme la motricité réflexe, et les niveaux les plus sophistiqués, comme le langage, existent des liens d’analogie qui se soutiennent, se coordonnent et confirment que l’ensemble de l’organisme humain est mû par une dynamique psychomotrice cohérente.
La bipolarité tonique innée et l’enroulement primaire
La bipolarité tonique innée
4Lorsque le petit d’homme vient au monde, son immaturité neuromotrice le met dans un état tonique particulier : les muscles fléchisseurs des membres sont plus toniques que les muscles extenseurs des membres, et les muscles du dos sont hypotoniques. Cette bipolarité tonique primaire, périphérique / axiale, entraîne une flexion des membres sur le tronc et un enroulement du dos en avant, présent dès le septième mois de la vie intra-utérine.
5La bipolarité tonique primitive engendre un état de tension globale similaire à une enveloppe tonique vibrante qui a des fonctions importantes dans la construction du psychisme humain (Robert-Ouvray, 1993), comme celles de recevoir et d’émettre des informations, de soutenir le narcissisme, d’élaborer un pare-excitation endogène (ibid.). L’hypertonicité primitive permet à l’enfant d’agripper le doigt de sa mère, mais ne lui permet pas de relâcher son emprise, car, pour cela, il faudrait un jeu agonistes-antagonistes, fléchisseurs-extenseurs, qui ne sera présent que vers le sixième mois. Tout ce processus neurophysiologique signe un bon état cérébral, et il est étalonné et vérifiable par des tests psychomoteurs très élaborés (Illingworth, 1978). L’hypertonicité innée et l’enroulement qui en découle diminueront au cours des six premiers mois grâce à la maturité du système nerveux central et à certaines conditions relationnelles. Un équilibre tonique se manifestera alors par la station assise et la préhension volontaire.
L’enroulement et le redressement
6Le bébé muni de cette bipolarité tonique a une motricité inscrite dans un programme moteur inné universel. Tous les enfants du monde se développent selon ce programme, seul le rythme d’acquisition varie. L’enfant tient sa tête et réunit ses mains devant lui, puis il attrape ses pieds, s’assoit, se met à quatre pattes, se redresse et marche. Pour parvenir à ce redressement du corps, le bébé s’exerce pendant de longues semaines. Dès la naissance, il est mû par des petits mouvements spontanés pendant l’éveil et le sommeil. C’est une motricité sans apprentissage, agie par le cerveau. Il n’y a pas de fonction visée, excepté l’intégration sensori-motrice des muscles et des articulations du corps qui prépare la motricité volontaire : lorsqu’il pédale, l’enfant prépare sa marche future ; lorsqu’il babille, il s’exerce au langage articulé. L’enfant se sent exister dans cette motricité primaire spontanée et incessante grâce aux sensations proprioceptives (Damasio, 2009).
7L’activité motrice primaire spontanée est organisée et limitée par l’impératif tonique inné, et les mouvements restent inscrits dans un ensemble apaisant pour celui qui les regarde. Si un bébé a des gestes en extension, la tête qui se projette en arrière, le dos en arc de cercle ou, au contraire, une hypotonie massive, les parents sont immédiatement alertés et angoissés par ces anomalies motrices. Les réactions motrices du bébé doivent se passer devant lui suivant les lois de l’enroulement.
L’ajustement tonico-émotionnel et le filtre relationnel
L’ajustement tonico-émotionnel
8Les fonctions structurantes de l’enroulement primaire sont dépendantes des stimulations internes et externes. Les réactions du bébé aux surstimulations sont universelles.
9Toute sensation douloureuse est accompagnée d’un état émotif désagréable et d’une augmentation de la tonicité périphérique qui intensifie l’enroulement. Surstimulé, l’enfant se crispe, s’enroule en avant comme un hérisson, se replie sur lui-même, pleure et attend du secours, car son immaturité neurologique ne lui permet pas de se relâcher tout seul. C’est la première manière psychocorporelle de dire « non ». L’augmentation de l’enroulement est une posture de protection face au stress, posture que nous garderons toute notre vie : faire le gros dos pour laisser passer l’orage. C’est un pare-excitation endogène (Robert-Ouvray, 1993 ; 1995). Dans cette posture de fermeture, les muscles sont tendus, le bébé en ressent la dureté, il vit des affects désagréables de déplaisir, pouvant aller jusqu’à de fortes angoisses primitives de dissolution, d’éclatement, de vidage. Il est en présence d’un monde dur et cruel et d’un mauvais objet – au sens psychanalytique du terme –, représenté par toutes les stimulations douloureuses, qu’elles soient issues d’une souffrance corporelle, d’une frustration, d’une stimulation trop forte. Aussi, un enfant hospitalisé qui subit des soins douloureux chaque jour sans anesthésie, même s’il a la meilleure maman du monde, sera envahi par le mauvais objet à chaque fois qu’il souffrira.
10À l’opposé, toute sensation douce s’accompagne d’un apaisement tonique qui détend le corps et d’un état de bien-être. Lorsque le parent ou la personne qui s’occupe de l’enfant, alerté(e) par les pleurs, arrive, regarde l’enfant, le touche, le porte dans les bras, le berce, l’embrasse, lui parle, lui dit « Tu as faim mon bébé, tu veux venir avec moi ! Tu es malheureux ! », lorsqu’il ou elle est suffisamment empathique, s’ajuste toniquement et émotionnellement à ce que vit l’enfant, un processus de détente se met en place. L’enfant écoute, cesse de pleurer, change de posture. Ses tensions diminuent, ses muscles ramollissent et son corps s’ouvre. Cette détente est la première forme d’acceptation du monde réel. C’est la première manière que nous avons de dire « oui » avant le langage parlé. « Oui » à la relation, à la consolation, à ce qui est arrivé. Les affects sont agréables, car l’enfant se sent compris, reconnu, entouré, soutenu, confirmé dans ce qu’il ressent. Les représentations qu’il a alors du monde et d’autrui sont de l’ordre du bon objet présent, chaleureux, enveloppant, et il a des représentations de lui comme un bon sujet, digne d’être aimé, valorisé, estimé.
Le filtre relationnel
11En répondant par les gestes et les mots aux pleurs de l’enfant ou à ses sourires, le parent s’ajuste à l’état tonico-émotionnel de son petit et permet le passage de la tension à la détente. Les occasions de cet ajustement sont nombreuses, car l’enfant est très souvent stimulé par les soins et par les interactions inhérents à sa dépendance extrême. Il est allaité, manipulé, changé plusieurs fois par jour. En mettant des mots sur ce que vit l’enfant, le parent, avec l’intention de le consoler et de le calmer, lui propose une forme symbolique partageable de son état tonico-émotionnel : « Ah ! C’est cela que tu voulais dire en bougeant de la sorte. » Le parent agit comme un filtre relationnel, car il donne une valeur de communication aux effervescences motrices et toniques du bébé. Lorsque les actions de l’adulte sont relativement douces et calmes, l’enfant adapte son tonus aux mouvements et actions d’autrui. Le dialogue tonique (Ajuriaguerra, 1971) s’établit sur de nouvelles informations sensorielles, et les mouvements du bébé se font de plus en plus diversifiés et orientés. L’apaisement émotionnel permet l’intégration psychique des événements, et l’enveloppement langagier et corporel du bébé fourni par le parent entraîne l’intégration motrice. La motricité primaire réactive est passée par le filtre relationnel du parent, et l’enfant commence à penser ses mouvements, ses tensions, son corps.
L’intégration rythmée et l’ambivalence psychomotrice
Le rythme relationnel
12Un processus d’étayage psychomoteur est à l’œuvre dans cette alternance tensions-détentes. Au début de la vie, l’enfant navigue entre ces deux positions tonico-émotionnelles fondamentales : la détente de la satisfaction et la tension du besoin, dont les extrêmes sont la béatitude et l’angoisse. Selon les états de détente et de tension, le bébé passe de sensations molles, douces, feutrées, agréables, sucrées, à des sensations dures, piquantes, noires, douloureuses. Il passe d’affects de détente, de bonheur, de plaisir, à des affects d’abandon, de rejet, de terreur, à des angoisses primitives. Et il est en présence d’un bon objet chaleureux, disponible, doux, aimant, enveloppant, plein, ou d’un mauvais objet absent, froid, distant, piquant, noir, rejetant et vide.
13Il existe des liens solidaires et des liens de réciprocité entre ces quatre paliers d’intégration, tonique, sensoriel, affectif et représentatif. Chaque stimulation vécue par l’enfant est une unité expérientielle où tous les niveaux résonnent, font écho avec les autres. Cet ensemble vivant constitue ce que Piera Aulagnier nomme le « pictogramme » (1975) et Max Pagès « l’image concrète » (1986).
14Dans le rythme tensions-détentes, l’enfant intègre d’une façon claire les positions extrêmes dures et molles qui fournissent un cadre psychique et corporel à ses activités toniques et phasiques. Il introjecte les bons éléments nécessaires à la gestion des frustrations, car il est en sécurité émotionnelle face à un parent cohérent qui devient un repère stable. Il peut compter sur quelqu’un, et il compte pour quelqu’un.
L’ambivalence psychomotrice
15La sécurité affective et la bonne estime de soi sont des éléments d’apaisement émotionnel, et l’enfant sécurisé par la venue régulière du parent donne progressivement à l’absence le sens d’un départ qui se répare. Progressivement, la cohabitation des tensions antagonistes, des sensations opposées, des affects contradictoires et des représentations du bon et du mauvais objet, s’installe. C’est l’ambivalence de la fin de la première année qui permet à l’enfant de contenir dans son enveloppe tonique ses mouvements et ses tensions et dans son enveloppe psychique de contenir ses affects liés à la frustration et aux excitations du plaisir.
16Si les relations demeurent bientraitantes, bien sécurisées dans ses enveloppes psychotoniques, en se développant, l’enfant aura la possibilité de vivre librement ses émotions sans exploser, de parler de ce qu’il ressent sans destructivité et d’agir sans transgressions corporelles. Le corps et la motricité seront à son service pour entrer en contact avec autrui et établir des relations nourrissantes. La fonction apaisante de la motricité englobera le plaisir de bouger, de ressentir sans crainte ses émotions et d’être à l’aise dans son corps.
Le défaut d’étayage par manque de soutien affectif
Les besoins
17Les besoins physiologiques, psychologiques et psychomoteurs sont les mêmes pour tous. Nous avons tous besoin de manger, de boire, de dormir, d’avoir suffisamment chaud, d’être respecté, reconnu, aimé et, lorsque nous étions bébé, nous avons eu besoin d’exercer notre enroulement pour pouvoir nous redresser en toute quiétude et stabilité. Les besoins organisent notre début de vie et préparent nos désirs. Ce sont des moyens d’entrer en relation avec autrui, et leur frustration lourde entraîne de grandes souffrances physiques et psychiques. Pour le bébé dépendant de son entourage, la satisfaction des besoins est au premier plan pour sa construction personnelle et relationnelle. C’est parce que le parent satisfait au mieux ses besoins qu’il se sent compris et sécurisé et qu’il pourra attendre, en toute confiance, sa venue salvatrice.
18Ses états toniques varient tout en restant dans un équilibre qui lui permet de ne pas souffrir.
Les maltraitances avérées
19Mais certaines conditions relationnelles sont la source d’un déséquilibre tonique et d’un excès d’hypertonicité réactive qui entravent tout le développement psychomoteur de l’enfant. Lorsque le bébé est frappé, ou projeté, ou secoué, ou lorsqu’il est exposé au froid, au chaud, à des sources sonores et visuelles excédant sa capacité d’intégration, il se retrouve en état d’hypertonicité réactive et douloureuse. Non seulement ses besoins de base ne sont pas satisfaits, mais il subit des surstimulations en bosses très nocives qui transforment ses enveloppes psychotoniques en carapace tonique (Robert-Ouvray, 1998). La réception et l’émission de ses états affectifs se trouvent bloquées par un gel tonique et émotionnel privant l’enfant de tout contact avec lui-même et avec les autres.
Les maltraitances psychologiques
20Ces maltraitances physiques avérées ne sont pas les seules à déséquilibrer l’enfant. Lorsqu’une mère est déprimée, absente de la relation, vide d’affects pour son enfant, ou lorsque les parents ont une cécité émotionnelle forte, ou lorsqu’ils ne tiennent pas compte de la vie affective de leur bébé, celui-ci est gravement frustré dans ses besoins psychologiques. Il attend de l’autre du sens pour comprendre son monde interne, une confirmation de la vérité de ses sensations et une validation de sa motricité. Sans réponse de la part de son entourage, l’enfant est tendu par l’attente de la satisfaction de ses besoins. Le pôle dur et noir de la frustration prend l’avantage sur le pôle doux et blanc de la consolation et de la satisfaction des besoins. Les enveloppes psychotoniques (Robert-Ouvray, 2004) se durcissent, anesthésient les sensations, et la motricité reste primaire et réactive. La relation n’apportant aucun secours, l’enfant ne trouve la détente que dans le sommeil. Il se développe dans un déséquilibre tonique et avec une motricité non adaptée aux besoins et à la relation. L’enfant bouge beaucoup et, dès qu’il marche, sa motricité est une errance. L’enfant marche sans but et heurte les objets. Il éclate émotionnellement à la moindre frustration. Il n’est jamais dans une juste distance avec ses pairs, ou trop loin ou trop près. Par ses mouvements incessants, l’enfant se crée une enveloppe motrice virtuelle qui lui permet de se sentir exister via les sensations proprioceptives. Il est « increvable », disent les parents, car sa motricité non reliée au langage a perdu sa fonction d’apaisement.
Manuel, entre surstimulations physiques et gel affectif
21La plupart des enfants organisés autour d’une hypertonie réactive relationnelle sans détentes suffisantes présentent, dès l’entrée à l’école maternelle, des troubles du comportement et des apprentissages.
22Manuel, trois ans et demi, est un petit garçon blond, vif, le visage ouvert, peu farouche, presque hâbleur.
23Sa maman vient me voir seule la première fois à la suite des alertes de la maîtresse de petite section : Manuel ne suit pas les consignes, il agresse les copains et peut être « dangereux », dit-elle, il répond et dit des grossièretés, aucune autorité ne l’arrête.
24La mère se plaint également : « Il me tient tête, il me fait tourner en bourrique. Je ne m’en sors pas. Il est violent avec son petit frère, il le frappe et le griffe, je suis toujours obligée de le surveiller. »
25Elle a une hypothèse sur les causes des malaises de son enfant : « Un jour, je suis rentrée à la maison, Manuel avait six mois et il avait les traces de doigts de son père sur le visage. Aujourd’hui, il continue de le gifler, mais, vous savez, il aime son fils, il joue avec. »
26En effet, lorsque je rencontrerai le père seul lors de la séance suivante, il me confirmera qu’il n’est pas patient, qu’il a lui-même été « tabassé » par son père, livré à lui-même, mais qu’il adore chahuter avec son fils, contrairement à son père qui ne faisait que crier et frapper. Il ajoute : « Le problème, c’est que Manuel ne veut plus s’arrêter quand on chahute. Alors, je suis obligé de le frapper. »
27Toutes les conduites éducatives sont basées sur des surstimulations physiques et émotionnelles qui mettent l’enfant dans un état de tension permanente. On repère une répétition de la violence avec des tentatives d’apporter du plaisir relationnel dans les chahutages.
28L’enfant est né par césarienne avec quinze jours d’avance, car il souffrait. La mère dit : « Il y avait une stagnation du col. J’avais l’impression de ne pas accoucher. » Elle ne l’a pas allaité. « Il piquait déjà des crises à deux mois : il était rouge, bleu et raide, dit-elle. On lui a donné une tétine à la maternité, car il était inconsolable. »
29Vers l’âge d’un an, il a été suivi par un pédopsychiatre pendant un an, car il griffait et mordait à la crèche. Il a été hospitalisé à trois reprises pour des bronchiolites et des gastro-entérites, à cinq mois, à un an et à dix-huit mois. Il a marché vers quatorze mois et est propre de jour depuis un an, mais toujours pas à la sieste et la nuit. Il a encore des couches. La maman poursuit : « On a arrêté le biberon depuis deux mois et il mange seul. Il a la tétine pour la sieste. » Et elle ajoute en souriant : « Il a cinquante tétines. Manuel ne supporte pas les frustrations, ce sont des crises à chaque fois. Pourtant, il est rigolo et affectueux. »
30À ces conditions de surstimulation en bosses ou en creux, les conditions sociales des parents sont défavorables. Le père est au chômage depuis un an et bricole à droite et à gauche. Ils vivent chez la grand-mère maternelle, grande dépressive, en attendant de pouvoir payer un loyer. « Je n’ai jamais eu de câlins, dit la maman, d’ailleurs je ne suis pas câline. » L’enfant nous écoute, puis, sur ma proposition, va dessiner. Il fait quelques traits noirs, un rond et un trait bleu.
31Il dit : « C’est un bonhomme de neige. Il y a de la neige. Il fait des bêtises. Il tape son frère. »
32Privé de consolation et de douceur, surstimulé par les violences éducatives, Manuel a de lui-même une représentation sensorielle qui parle de son gel affectif, système de défense, pour ne pas trop souffrir.
33La semaine suivante, la mère me reparle rapidement de la violence du père. Je la sens terrifiée. Elle ajoute : « Il est jaloux, je ne peux rien faire. »
34Pendant de longs mois, au cours des séances, l’enfant construira systématiquement des enceintes et des châteaux forts attaqués par des ennemis, démolis, et que nous reconstruirons ensemble. Il se fabrique une enveloppe psychotonique plus solide et contenante.
35Les comportements à l’école ne s’améliorent pas, mais c’est plus calme à la maison.
36Puis, lors d’une séance, il dessine d’une manière spontanée : « C’est un dragon qui crache du feu. Il y a du sang. Le feu c’est plus grave que le sang. » Sécurisé par son enveloppe psychotonique plus solide, il peut alors parler des tensions émotionnelles internes non exprimées, non validées, qui le transforment en dragon de feu.
37Le sang est la souffrance des pleurs, mais le feu est la souffrance existentielle de ne pas être reconnu dans ses besoins de base.
38Pour l’adulte qui a subi de telles surstimulations, comme c’est le cas des parents de Manuel, nous avons déjà une vision des symptômes invalidants qui les préoccupent : une impulsivité, un passage à l’acte dès qu’il y a une frustration, une intolérance à l’enfance, un manque de confiance en autrui installé depuis la petite enfance et lié à la déception de ne pas avoir un bon parent… qui se manifestent par une possessivité et une jalousie. On retrouve également des difficultés à nommer les affects et un emprisonnement émotionnel qui engendrent des phobies et des paranoïas.
39Mais les parents de Manuel sont venus voir une psychothérapeute. Je les ai soutenus pendant plus de trois ans, et la rentrée au cours préparatoire s’est bien passée. L’apprentissage en place, les parents se sont sentis rassurés et nous nous sommes quittés.
Conclusion
40Motricité et tonicité sont inscrites dans le même processus développemental de l’enfant et sont inséparables du monde affectif de celui-ci. La transformation des enveloppes psychotoniques primitives bipolaires en un feuillettage riche et varié, ainsi que la floraison motrice sont soumises à des conditions relationnelles basées sur la satisfaction des besoins de base. La compréhension de l’étayage psychomoteur permettra aux parents, soignants et éducateurs, d’envisager les débuts moteurs de l’enfant comme un système de communication avec autrui et d’intégration de soi-même.