Notes
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[1]
Auteur, notamment en littérature jeunesse.
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[2]
Considérer la parole de l’enfant - Étude des Unités d’accueil Médico Judiciaire, Cédric Fourcade, chargé de mission, ONED, mai 2014, www.oned.gouv.fr.
-
[3]
Loi n° 98-468 du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs.
-
[4]
Circulaire DACG 2005-10 G4/02-05-2005 infractions de nature sexuelle (NOR : JUSD0530075C).
-
[5]
Voy. en note 3.
-
[6]
Défenseur des droits, Rapport 2013, L’enfant et sa parole en justice.
-
[7]
Ibid., p. 67.
-
[8]
Op. cit. en note 4.
-
[9]
Op. cit. en note 4.
-
[10]
Circulaire de la DACG n° 2007-10 du 22 juin 2007 relative à la présentation des dispositions relatives à la règle « le criminel tient le civil en état », aux plaintes avec constitution de partie civile et au déroulement de l’instruction préparatoire résultant de la loi n° 2007-291 du 5 mars 2007 tendant à renforcer l’équilibre de la procédure pénale et du décret n° 2007-699 du 3 mai 2007 relatif au renforcement de l’équilibre de la procédure pénale et à la prévention de la délinquance (NOR : JUSD0730041C).
1Publié en mai 2014, le dossier coordonné par Cédric Fourcade [2] offre une évaluation à la fois quantitative et qualitative des 47 UAMJ qui existent aujourd’hui en France. L’étude a été demandée par La Voix de l’Enfant : cette association fédérative est en effet à l’origine de la création des Unités d’accueil médico-judiciaires (UAMJ), en application de la loi de 1998 relative à l’accueil et au suivi de l’enfant victime.
2Le rapport est extrêmement riche et le résumé qui suit ne saurait dispenser de sa lecture exhaustive. Avant d’entrer dans les approches choisies par les rédacteurs - typologie de l’existant, pistes d’analyse, pistes d’amélioration - quelques remarques s’imposent.
Méthodologie de l’étude
3Si les UAMJ permettent effectivement de mieux accueillir l’enfant victime et de mieux faire valoir sa parole dans les procédures judiciaires, la disparité constatée à tous les niveaux sur le territoire montre bien qu’il reste beaucoup à accomplir.
4Tout d’abord, le nom « UAMJ » n’existe pas légalement. La réforme de la médecine légale a créé en 2010 et en 2012 des IML (instituts médico-légaux, pour les morts) et des UMJ (unités médico-judiciaires, pour les vivants).
5Pour les porteurs du projet, il s’agissait de mettre en place une unité de temps, de lieu et d’action dans la recherche de la vérité judiciaire afin de mieux respecter l’intérêt de l’enfant. Lieu de soin ou auxiliaire de justice ? Pédiatrie ou médecine légale ? Ces clivages autour du rôle et des missions des UAMJ, s’il fragilise leur existence et leur utilisation par les autorités judiciaires, a également pesé sur la méthodologie de l’étude.
6L’ONED a abordé la question sous l’angle du statut du mineur victime dans le cadre d’une procédure pénale, et a ainsi défini ce qui sera appelé UAMJ dans l’étude : « un lieu spécialement dédié au recueil de la parole de l’enfant victime, qui doit permettre, dans un cadre hospitalier, de répondre aux réquisitions de la justice ».
7Il existe d’autres lieux pour répondre à cette finalité (salle « Mélanie » dans les gendarmeries, commissariat équipés de matériel Webcam…) et l’étude n’a pas pour vocation de se livrer à une comparaison. Toutefois, dans son versant qualitatif, par les visites de dispositifs (22), les auditions d’experts, le recueil des documents administratifs et de sources bibliographiques, l’étude a permis de compléter les données quantitatives, dont l’utilisation purement statistique est hasardeuse : sur 44 structures ayant reçu un questionnaire, seules 29 ont répondu par voie électronique.
8Définition, rôle, mission, périmètre, organisation, il n’y a pas deux UAMJ semblables, et c’est la première observation qui s’impose.
I – Une grande diversité structurelle et organisationnelle
9Les UAMJ signent des conventions relatives au fonctionnement en milieu hospitalier, ainsi que des protocoles organisationnels relatifs à la prise en charge médicale et judiciaire des mineurs victimes. Mais avec qui ? Ça dépend des unités : associations, hôpitaux, parquets, gendarmerie, police, trop peu souvent les Conseils généraux.
10La diversité des appellations, des lieux d’implantation (pédiatrie, urgences, médecine légale…), des publics pris en charge (mineurs victimes, témoins ou mis en cause, majeurs « fragiles », adolescentes enceintes de moins de 15 ans), et du type de violences subies n’empêche pas de constater que les violences sexuelles chez les filles de moins de 12 ans constituent une part importante des 4 400 mineurs pris en charge en 2012 dans les 29 structures répondantes. Les violences physiques viennent en seconde position et les violences psychologiques restent très peu mentionnées. La police auditionne un tiers des victimes et la gendarmerie les deux tiers restants.
11Les référents de la structure sont majoritairement des psychologues, suivis par les médecins légistes, et moins souvent des assistants sociaux, des personnels administratifs, des pédiatres. L’étude distingue le « Référent UAMJ » - interlocuteur privilégié des partenaires - et le « Référent-fil rouge » qui accompagne l’enfant, et lui est attribué avant l’audition, généralement un psychologue.
12Si les postes de psychologues sont financés par le Conseil général ou la structure hospitalière, ceux des médecins légistes sont assumés par la justice quand ils ne sont pas des salariés de l’hôpital. Les UAMJ répondantes semblent disposer d’un socle commun de professionnels, mais une forte diversité a été observée dans la composition de leurs équipes respectives.
L’implantation
13Toutes les UAMJ retenues pour l’étude sont implantées au sein d’un centre hospitalier et partagent la mission de l’audition filmée comme le prévoit la loi de 1998 [3]. C’est généralement un soignant du service dans lequel la structure est implantée qui se charge de l’accueil du mineur victime et de sa famille. L’assistance à l’audition est assurée à 53% des UAMJ, le plus souvent par un psychologue ou un professionnel spécialiste de l’enfant, parfois un membre de la famille du mineur ou un administrateur ad hoc.
14Près de 80 % des UAMJ assurent les examens médico-légaux sur réquisition de justice et 70 % d’entre elles assurent des examens psychologiques ou psychiatriques ; seulement 47 % pratiquent un examen social.
15L’ensemble de ces bilans donne lieu à la rédaction d’un certificat à destination des autorités judiciaires. Le suivi post audition n’est assuré que par la moitié des UAMJ. Quant à l’accueil 24 h/24, il n’est assuré qu’à 21%, même si chacune des structures s’organise de façon à répondre aux réquisitions émanant de l’autorité judiciaire.
16Les résultats obtenus à partir de l’enquête par questionnaire mettent en évidence une diversité dans les représentations des missions attribuées aux UAMJ, mais il ne faut pas sous estimer le décalage entre les renseignements obtenus par écrit et la réalité observée lors des visites de l’ONED, décalage dû au corps professionnel de celui qui a répondu au questionnaire.
17Globalement, on distingue 3 types de structures :
- 14% n’assurent que l’audition filmée ;
- 38% l’audition filmée et les examens médicaux ;
- 48% les deux missions ci-dessus ainsi qu’au moins une autre mission.
18La quasi-totalité des structures répondantes accueillent la famille à son arrivée à l’UAMJ et préparent l’enfant à l’audition. Toujours représentés en salle d’audition (et/ou derrière la vitre sans tain), les services de police ou de gendarmerie sont parfois accompagnés d’autres professionnels.
Examens et audition
19Les examens médico-légaux sont majoritairement réalisés après l’audition, sauf en cas d’indisponibilité ou de flagrance. Si une consultation psychologique peut être réalisée immédiatement dans la quasi-totalité des structures, elle n’est prévue automatiquement que dans sept d’entre elles et une dizaine ne réalisent aucun rendez-vous avec les mineurs après l’audition, bien que ceux-ci honorent presque systématiquement leur rendez-vous lorsqu’il est proposé. Toutefois, la possibilité d’un suivi socioéducatif et/ou d’une éventuelle aide juridique à l’extérieur de l’UAMJ est mentionnée dans la grosse majorité des cas.
20Le dépouillement des questionnaires n’établit pas clairement un lien entre organisation et périmètre des missions, mais la présence de certaines institutions ou représentants de la société civile a bien une incidence sur la façon de travailler des UAMJ.
21L’étude quantitative et qualitative permet d’affirmer que le panel des missions confiées aux UAMJ varie d’un territoire à l’autre. Outre l’audition filmée et les examens médico-judiciaires, dans le cadre de réquisitions judiciaires, ces structures assurent également, peu ou prou :
- une mission d’assistance à l’audition : aide à l’enfant et aide aux enquêteurs ;
- une mission d’évaluation socioéducative ;
- une possibilité d’orientation et/ou de consultation post audition ;
- dans quelques territoires, l’UAMJ devient un « pôle ressource pour la maltraitance à enfants ».
22L’étude a permis de regrouper les UAMJ en trois groupes :
- le « judico-judiciaire » ;
- l’intermédiaire (première mission plus une autre) ;
- et enfin le groupe « protection de l’enfance ».
23Partant de là, il convient d’examiner les causes endogènes (ou locales) et les causes exogènes (ou nationales) qui conditionnent le périmètre des missions.
1 – Au niveau local
24La présence d’un personnel spécialisé dans la connaissance de l’enfant favorise l’élargissement de la prise en charge, notamment un psychologue, capable d’apporter une aide à l’enquête au delà du soutien à l’enfant.
25La présence du Conseil général en tant qu’opérateur direct influence fortement les missions : en détachant un salarié à l’UAMJ, il lui confère une coloration « protection de l’enfance ». Tant par la nomination d’un administrateur ad hoc que dans le lien avec la cellule CRIP, l’engagement du département - dont relèvent les services de l’ASE - permet un lien plus fluide de l’information relative à l’enfant. Peu de Conseils généraux sont réellement investis dans les UAMJ, alors que : « soit en amont soit en aval, un tiers des enfants auditionnés à l’UAMJ était, est, ou sera pris en charge par l’ASE » témoigne l’une des personnes interrogées.
26« Pour un Conseil général, investir dans une UAMJ est un acte politique fort, au service de la protection de l’enfance ». En fluidifiant les relations entre le Conseil général et les forces de l’ordre, on décloisonne le pénal et le civil. On tranquillise en outre les travailleurs sociaux, plus enclins à dévoiler certains actes de maltraitance subies par des enfants dans le cadre de la prise en charge ASE.
27La présence d’associations de victimes au niveau local permet d’assurer un lien étroit entre prise en charge à l’UAMJ et conseils juridiques sur les droits de la défense et sur la procédure.
28Toutefois, des précautions s’imposent : ainsi, en cas de classement sans suite, il serait souhaitable que le parquet fasse de la « pédagogie pénale » en expliquant à l’enfant ce qu’est l’absence de preuves et la présomption d’innocence : la recherche de la vérité judiciaire et la prise en compte de la souffrance de l’enfant sont parfois antagonistes et seule une bonne articulation entre les différents acteurs permet d’amoindrir ces effets négatifs.
29La présence des associations de victimes au sein des comités de pilotage peuvent poser problème quand elles sont à la fois parties civiles… et parties prenantes dans le financement des UAMJ. On note également des tensions entre associations et justice lorsque celles-ci souhaitent connaître la suite de la procédure, pourtant couverte par le secret de l’instruction et de l’enquête.
30Dans de nombreux territoires, le porteur du projet - quelque soit son corps d’appartenance - devient souvent une personnalité de référence. Quand cet acteur principal change de lieu d’exercice sans pouvoir passer le relais, la structure périclite. Il faut donc se méfier de la personnalisation trop grande et privilégier le collectif, ce qui semble être le cas dans les structures de création récentes.
31Un autre constat de l’étude sur le terrain montre de fortes disparités dans l’utilisation du dispositif par les enquêteurs. Globalement, la gendarmerie les utilise plus que la police, pour des questions qui tiennent à leurs habitudes de travail, l’éloignement, ou la résistance au changement. Sans oublier la « concurrence » qui demeure entre les « salles Mélanie » aménagées par la gendarmerie nationale et les UAMJ, ce qui interroge l’absence de pilotage national.
2 – Au niveau national
32On peut avancer plusieurs pistes pour expliquer la disparité dans le recours aux UAMJ, et la diversité de celles-ci.
33La réforme de la médecine légale a eu un impact sur les structures de proximité qui ont connu une baisse importante de leurs moyens, et vu leur activité chuter au bénéfice des UAMJ, plus éloignées, mais mieux dotées en médecins légistes.
34Mais c’est surtout l’interpellation des associations (et notamment La Voix de l’Enfant) qui a lancé les projets d’UAMJ et mis en réseau les acteurs locaux institutionnels. Si la capacité des associations à créer une dynamique locale n’est plus à prouver, il est nécessaire que les acteurs institutionnels prennent le relais : les directeurs d’hôpitaux, mais aussi les parquets, qui restent peu mobilisés alors qu’une circulaire les y invite [4]…
35Il est à noter que les UAMJ fédérés indirectement par La Voix de l’Enfant partagent une culture commune sur certains pans de leur activité (accueil, mise en confiance de l’enfant, harmonisation du matériel…). Les acteurs professionnels de terrain sont fortement demandeurs de cette mise en réseau qui permet de partager les expériences.
II – Diversité des pratiques : hétérogénéité des missions, des pratiques, du principe de l’unité de temps et de lieu d’action
36L’audition filmée du mineur supposé victime est une obligation légale posée par le législateur en 1998 [5]. Initialement prévue pour les mineurs victimes d’infractions sexuelles, elle a été étendue aux autres infractions, au motif que « redire c’est revivre ».
37Les politiques pénales des parquets varient d’un territoire à l’autre et prennent en compte les spécificités de chacune des structures en termes de publics cibles. Les procédures relèvent majoritairement d’enquêtes préliminaires et d’ouvertures d’information, rarement de flagrance. Dans la pratique, ce sont davantage les victimes d’infractions sexuelles qui sont orientées vers les UAMJ (75%), et 21% des victimes ont moins de six ans.
38Le premier recueil de la parole de l’enfant supposé victime est un acte de procédure très fort qui va conditionner la suite de l’information judiciaire. Si c’est un élément clé de la quête de la vérité, c’en est aussi un dans la phase de reconstruction du jeune enfant victime. La Défenseure des enfants souligne la compétence des UAMJ grâce aux professionnels formés à ces deux problématiques [6].
39Les parquets n’ont pas d’éléments statistiques sur le lieu de réalisation des auditions. Certains, par une politique volontariste, imposent aux enquêteurs l’utilisation de la salle UAMJ pour tous les mineurs, d’autres n’y envoient que des populations ciblées, considérées comme les plus vulnérables. Enfin certains parquets laissent leurs enquêteurs sans instruction sur le lieu de l’audition filmée.
La formation
40Plusieurs protocoles ont été établis, notamment par les Anglo-Saxons, et des chercheurs français travaillent à leur amélioration. Si l’étude montre que les enquêteurs sont au fait des avancées de la recherche, ils peinent encore à les mettre en pratique. La police nationale et la gendarmerie nationale ont formé des agents à l’audition des enfants victimes. Pour la police, cette formation est à présent territorialisée. La Défenseure des enfants note que les avancées constatées dans les années 1980-1990 se sont nettement dégradées depuis les années 2000 [7].
41Si la formation est importante, il n’est pas moins nécessaire que l’enquêteur dispose des qualités humaines d’écoute et d’empathie. Les protocoles de prise en charge au sein des UAMJ montrent le partage d’une certaine culture et de pratiques communes, même si les professionnels qui interviennent pour auditionner l’enfant ne sont pas tous formés spécifiquement :
- d’une part, à cause de la rotation des effectifs ;
- d’autre part, parce que gendarmerie et police n’ont pas les mêmes règles d’affectation du personnel au sein des brigades.
42Enfin, citons un gradé : « Personne ne veut venir, on ne fait pas les difficiles », qui tempère ensuite ses propos en soulignant l’intérêt d’avoir des volontaires et le souci de ne pas affecter certains agents considérés comme insuffisamment compétents dans le registre de la protection des familles.
43L’audition de l’enfant se décompose en :
- accueil ;
- assistance à l’audition ;
- utilisation éventuelle d’outils ;
- devenir de l’enregistrement filmé (qui dure de 20 à 40 minutes).
44À l’UAMJ, l’enfant (accompagné par ses parents, ou ses gardiens lorsqu’il est placé, ou encore par un administrateur ad hoc lorsque l’agression s’est produite dans le cadre familial) est accueilli par la personne qui sera sa « référente fil-rouge ».
45La pratique de l’accueil étant très partagée, les formations mises en place par la police et la gendarmerie tendent à harmoniser les pratiques. Une fois créée la « relation de confiance », la salle est présentée à l’enfant. Contrairement à ce qui se passait auparavant, l’accord de l’enfant ou de ses représentants n’est plus nécessaire pour filmer l’audition.
46La quasi-totalité des UAMJ interrogées (93%) prévoient une préparation à l’audition, généralement assurée par des psychologues et les enquêteurs. Les policiers et gendarmes peuvent s’en acquitter avant la venue à l’UAMJ, lors du dépôt de plainte. Cette phase est considérée comme essentielle par les différents professionnels. Les avis (et les pratiques) divergent chez les gendarmes sur la pertinence du port de l’uniforme, considéré comme « intimidant » pour les plus jeunes, mais « cadrant » pour les adolescents.
47L’assistance à l’audition, prévue par la loi, peut être interprétée différemment selon les structures. S’il est nécessaire en droit que le parquet prévoie une présence pour protéger l’enfant, elle se transforme parfois dans les faits en « assistance aux enquêteurs ».
48Sur ce point, la différence de pratique est flagrante d’une UAMJ à l’autre. Les conflits de territoires, ou entre secret de l’instruction et secret professionnel du spécialiste de l’enfance, sont à l’œuvre, et nécessitent de la part de chacun le respect de l’autre : le croisement des compétences doit faire advenir la vérité, mais sans oublier que l’entretien peut être biaisé en cas d’une trop grande présence d’adultes, même derrière la vitre sans tain.
49L’utilisation de poupées ou de dessins anatomiques n’est pas homogène d’une UAMJ à l’autre. Pas plus que la pluralité des dispositifs ou décorations de la salle (quand elles sont trop enfantines, cela peut poser problème aux adolescents). Ces pratiques variées et variables ne sont pas étayées scientifiquement, et si elles partent de bonnes intentions, les recherches actuelles montrent qu’elles ne sont pas toujours pertinentes, et peuvent même être nuisibles à la recherche de la vérité.
50Un DVD de l’enregistrement filmé et le procès-verbal d’audition sont versés à la procédure, et un autre est placé sous scellés. Les différents acteurs sollicités dans le cadre de l’étude reconnaissent une grande amélioration dans la qualité du matériel fourni par La Voix de l’Enfant. Il reste des problèmes de fourniture des DVD et de maintenance du matériel… Aucune institution n’en étant responsable, c’est le plus souvent le service de maintenance de l’hôpital qui s’en charge, mais on note des tensions sur le sujet avec les forces de l’ordre : faute de mieux, les bonnes volontés sont mises à contribution.
51Il se dégage un consensus sur la qualité des enregistrements réalisés en UAMJ, bien meilleurs selon une procureure que ceux réalisés en commissariats à l’aide de webcams. Cette magistrate insiste sur la satisfaction de voir la recherche de la vérité judiciaire améliorée par la bien-traitance à l’enfant. Les avocats des victimes - et des auteurs - se félicitent également du progrès apporté par les UAMJ dans le recueil de la parole de l’enfant : « C’est comme si on figeait la scène du crime ».
52Si l’éloignement des UAMJ est parfois regretté, tous les acteurs apprécient le gain de temps lorsque « tout peut être fait sur place », le confort qui en résulte pour les victimes… et les personnels.
53Le seul point négatif relevé concerne le temps nécessaire à la retranscription écrite du procès-verbal d’audition. Il convient de noter à ce sujet que les parquets n’ont pas tous la même exigence sur leur contenu, certains les souhaitant exhaustifs, et d’autres préférant les limiter aux parties ayant un lien avec les faits poursuivis : « Il paraît en tout cas nécessaire de trouver une solution technique à ce travail de transcription ».
54L’utilisation des DVD est beaucoup moins satisfaisante que les évaluations positives recensées ci-dessus. Il ressort des différents entretiens que ceux-ci sont très peu utilisés. Une circulaire du ministère de la Justice note que « l’enregistrement audiovisuel n’est presque jamais regardé par les magistrats du parquet, de l’instruction, et pas davantage par les formations de jugement » [8]. Quant aux enquêteurs, ils soupirent : « On se demande à quoi ça sert si le procureur ne visionne pas le film ».
55L’ONED constate que les juges du siège sont très peu représentés dans les comités de pilotage des UAMJ. Une plus forte implication de leur part serait bénéfique à l’ensemble du dispositif, et éviterait parfois de refaire des auditions de l’enfant ou des confrontations.
56Les experts visionnent également peu les enregistrements, ce qui n’est pas moins choquant, car ils permettent - compte tenu de la longueur des instructions - de remettre les faits en perspective, de les replacer dans leur contexte temporel.
57« Tout ça pour ça ? », est-on en droit de se demander. Le dispositif est un bon outil aux dires de tous les acteurs, reste juste à l’utiliser…
Le travail d’expertise médicale et médico-psychologique
58Après l’audition filmée, le mineur victime est le plus souvent amené à connaître une expertise médicale et/ou médico-psychologique. Se pose ici le double enjeu d’administrer la preuve dans le cadre de la vérité judiciaire et celui de prendre en compte le bien-être de l’enfant.
59Les deux fonctions d’expertise sont bien différenctiées en droit :
- premier examen « physique » à l’issue duquel un certificat médical est réalisé (état des blessures et lésions, nombre de jours d’ITT éventuelle) ;
- puis expertise de la nature et de l’importance du préjudice subi. L’expert décrit la personnalité de la victime et sa « crédibilité », même si le terme n’apparaît plus comme tel. Il fournit un avis sur la réalité et les conséquences de l’impact traumatique des faits dénoncés, préconise ou non un suivi thérapeutique.
60L’expertise est conçue comme une « ressource » pour la justice qui prend la décision finale et reste le principal maître d’œuvre. Peu étudiée dans la recherche scientifique, l’expertise se situe à un carrefour d’ambiguïtés. Technicien au service de la justice, voire son « bras armé », l’expert nommé par le parquet est placé dans un rapport de subordination. En même temps, par son « discours de vérité », son rapport peut constituer une contrainte pour les acteurs judiciaires.
61Les experts sont des médecins (ou des thérapeutes) qui ne soignent pas. Leur position au sein des UAMJ peut être complexe quand les missions (ou les périmètres) de celles-ci sont à géométrie variable.
62Certaines des structures ont une approche plus centrée vers le soin que d’autres ; or les examens médicaux peuvent renforcer, selon les professionnels, le traumatisme initial subi par l’enfant. Pour autant, la mission des experts désignés par la justice est de participer à l’éclosion de la vérité. D’où une tension évidente entre recherche de preuves et protection de l’enfant.
Dans son versant médical
63Il existe une division du travail selon l’âge et le sexe de la victime. Les spécialités concernées sont la médecine légale, la pédiatrie, la gynécologie, la proctologie. Pour la majorité des UAMJ, l’âge charnière s’établit entre 11 et 12 ans. Toutefois, la répartition des tâches entre les médecins cède parfois devant les problèmes de disponibilités dans l’hôpital et/ou l’intérêt porté par les médecins sollicités à la question des mineurs victimes.
64Dans la majorité des UAMJ, les experts travaillent sur réquisition du procureur, soit en urgence, soit en enquête préliminaire. Dans les cas de flagrance, des traces biologiques sont recherchées, mais ce sont des situations numériquement rares, car les violences subies par les mineurs sont majoritairement sexuelles et intrafamiliales… donc dévoilées après un délai qui peut être long.
65Les professionnels rencontrés, fortement sensibilisés au projet des UAMJ, ont le souci de ne pas provoquer un nouveau traumatisme en examinant l’enfant. Ils cherchent à le mettre en confiance et s’efforcent de lui offrir une grande disponibilité. Outre les pédiatres, souvent sensibilisés à ces questions, l’étude a relevé un grand intérêt pour l’enfant dans certains services de médecine légale. Le débat de savoir qui est le plus à même de s’occuper des enfants en UAMJ n’a pas lieu d’être, il faut être volontaire pour ce travail, c’est une affaire de disposition pour être bienveillant avec l’enfant » déclare la Dr Rey-Salmon, responsable de l’UMJ Paris.
66Les victimes peuvent refuser de se soumettre à l’examen médical, et les médecins s’attachent à les mettre en confiance pour obtenir leur coopération. Mais quand, pour eux, la protection de l’enfant prime sur la rédaction du certificat médical, des tensions avec le parquet peuvent survenir. Dans certaines UAMJ, le conflit entre soin et vérité judiciaire reste présent tout au long de la procédure.
67La présence d’un accompagnant comme garant de la bien-traitrance de l’enfant est majoritairement sollicitée par les experts médecins interrogés. Cette tierce personne - qui n’est pas dans la procédure - sert aussi de témoin, conformément aux recommandations de la médecine légale, afin d’éviter de fausses allégations de viol de la part de la victime.
68Le parquet demande-t-il trop d’examens cliniques ? C’est l’avis de nombreux professionnels rencontrés. Dans certaines UAMJ, près de deux tiers des enfants entendus sont examinés. Le problème se pose notamment en cas de réquisition pour viol alors que l’enfant évoque des attouchements pendant son audition : le parquet devrait alors revoir ses réquisitions pour éviter un examen trop intrusif.
69L’expertise médicale comporte trois phases : l’interrogatoire, l’examen clinique et éventuellement à l’issue de celui-ci, des examens complémentaires.
70La phase de l’interrogatoire pourrait être, selon plusieurs professionnels - et bien que ce soit requis par l’autorité judiciaire -, remplacée par l’audition derrière la vitre sans tain ou le visionnage du DVD, afin d’éviter de faire répéter l’enfant. Mais dans certaines UAMJ, des médecins et directeurs d’hôpital empêchent les gynécologues d’accéder à l’audition en arguant que c’est illégal.
71Il semble que la légalité des procédures en la matière devrait être énoncée dans les chartes ou les protocoles des UAMJ, car l’interprétation plus ou moins stricte des textes crée des tensions préjudiciables à l’enfant entre médecins soignants et médecins experts.
72En dehors de ces difficultés (liées souvent à des problèmes de personnes), le gros problème est « le manque d’experts médico-légaux ». La responsabilité disciplinaire et pénale du médecin est engagée à chaque fois qu’il accepte de rédiger un certificat médical, et certains en ont peur. Ceux qui sont assermentés ont souvent un intérêt particulier pour ces problématiques et souhaiteraient que les médecins hospitaliers soient sensibilisés à la question dans le cadre de la formation initiale ou continue.
73Enfin, le problème de la rémunération n’aide pas à trouver des médecins volontaires pour examiner les mineurs victimes. Depuis la réforme de la médecine légale, certains praticiens qui effectuaient auparavant des examens en « mémoire de frais » ne trouvent plus leur compte dans le budget global affecté aux CHU par le Tribunal de grande instance, et se désengagent des UAMJ.
74L’expertise médico-psychologique souffre également d’un manque d’experts assermentés et formés, accompagné d’un non-renouvellement générationnel très préoccupant. La nouvelle génération de psychologues qui accueillent les mineurs au sein des UAMJ ne souhaite pas être experts, et pas seulement en raison de la faible rémunération : c’est surtout la responsabilité pénale qui les inquiète. Il en va de même pour les psychiatres, trop peu d’entre eux acceptent de s’orienter, même partiellement, vers cet exercice, particulièrement exigeant, puisque ne pouvant être différé, et constituant un enjeu médico-légal d’importance. Tous les magistrats se plaignent de la difficulté à trouver des experts-psychiatres.
75La formation à ces sujets est un enjeu majeur et devrait s’accompagner d’une harmonisation des procédures utilisées pour réaliser des expertises psychologiques, certains instruments d’analyse et d’observation faisant l’objet d’un consensus international. L’ONED note « que les pratiques des psychiatres et psychologues varient considérablement » au sein des UAMJ visitées. Des réflexions doivent aussi être menées autour de la nomination des experts, les critères étant actuellement flous et peu formalisés.
76Si la notion de « crédibilité » est de moins en moins utilisée, elle reste présente dans certaines UAMJ au sein des procédures judiciaires et pratiques d’experts. Ce terme, proscrit par une circulaire de 2005 [9], entraînait une confusion entre crédibilité médicolégale et vérité judiciaire. L’étude de l’ONED constate néanmoins que la distinction entre la vérité de la victime et celle de la justice n’est pas assez affirmée dans les protocoles UAMJ : il revient aux magistrats de dire où est la vérité judiciaire sur la base de l’ensemble des pièces versées au dossier.
Qu’en est-il de la prise en charge globale de « l’enfant souffrant » ?
77L’harmonisation de la pratique sur la partie accueil et audition semble acquise ou en bonne voie de l’être. À l’inverse, l’assistance à l’audition montre une grande hétérogénéité des pratiques, et de nombreuses questions se posent en termes de renouvellement et de formation au niveau de l’expertise médicale et médico-légale.
78La pluridisciplinarité favorise la recherche de la vérité judiciaire et la renforce : elle ouvre une porte sur la protection de l’enfant. Cette logique est celle de la moitié des UAMJ ayant répondu à l’enquête de l’ONED. L’un des objectifs de La Voix de l’Enfant, avant même la création des premières UAMJ était de considérer que « l’enfant est d’abord souffrant avant d’être plaignant ».
79En dépit des disparités constatées, l’enjeu des UAMJ, au-delà de l’audition des enfants victimes, est bien d’aider à une prise en charge globale des enfants en souffrance. La pluridisciplinarité qui inclut l’hôpital - connu de l’enfant en termes de soins - a vocation d’amener les enquêteurs de la police et de la gendarmerie à passer de l’idée de « faire avouer l’enfant » à celle « d’entendre l’enfant ».
80Pour autant, si certaines unités sont prioritairement axées sur la mission de la parole de l’enfant dans un cadre judiciaire, d’autres s’autodéfinissent de façon plus large. À l’heure où certaines structures sont en difficulté par manque de moyens financiers (et/ou conflits de territoire), et où la question de leur pérennité est posée, il n’est pas inutile de revenir sur les fondamentaux.
81Les circuits d’entrée à l’UAMJ sont triples : le versant judiciaire en urgence, le cadre judiciaire hors urgence (la majorité des cas) et le circuit médical : cette dernière voie d’entrée semble liée au rattachement de l’unité à un service pédiatrique d’urgence et montre bien que dans une conception large, les UAMJ peuvent servir d’outil de repérage pour la protection de l’enfance.
82Il faut pour cela un partenariat fort entre les différents acteurs, parmi lesquels le Conseil général a une place majeure. C’est la participation de ce partenaire sur le long terme, notamment par le financement d’un poste (psychologue, assistant social ou personnel administratif) qui a permis à certaines des structures visitées de devenir parties prenantes d’une mission de service public dans le champ de la protection de l’enfant souffrant.
83Les liens entre les UAMJ et les services du Conseil général ont pu être facilités par certaines pratiques, comme des sessions de formation à destination des professionnels ou des fiches de liaison entre la Cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP) et l’UAMJ. Ont été également mentionnés des liens entre les associations de victimes et les services ASE des départements, ou le développement des administrateurs ad hoc. L’idée est de « casser la frontière » entre social et pénal « dans l’intérêt de l’enfant ».
84La pluridisciplinarité doit permettre une approche globale du mineur, de l’enfant en danger, de l’enfant en souffrance, du patient…, qui ne peut que pâtir d’un « saucissonnage » entre divers intervenants pas toujours cohérents entre eux. L’implication du parquet a également un poids fort dans cette approche globale…
85La question des financements est évidemment déterminante dans la délimitation des missions des UAJM : elle peut être un frein, ou à l’inverse impulser une démarche centrée sur la globalité de l’enfant victime.
III – Comment et sur quelles bases pérenniser un dispositif ?
86Situées au croisement de plusieurs cultures professionnelles, les UAMJ doivent affiner les attentes et les rôles de chacun dans l’intérêt de l’enfant.
De la concurrence à la complémentarité
87Les personnes qui travaillent au sein des UAMJ sont, pour de nombreuses tâches, en situation de concurrence professionnelle. L’étude a relevé des tensions entre le parquet et les enquêteurs, la police et la gendarmerie, les professionnels de l’enfance et les forces de l’ordre, les médecins hospitaliers et les praticiens experts, les enquêteurs et les experts, les pédiatres, les gynécologues et la médecine légale, les associations de victimes et tous les autres, sans oublier les psychiatres et les psychologues, les travailleurs sociaux de divers rattachements, les fonctionnaires territoriaux et nationaux, etc. Ces tensions existent tout au long du parcours de l’enfant.
88Pour y faire face, certaines UAMJ ont formalisé des circuits et défini les tâches respectives pour chaque acteur professionnel.
89Il semble nécessaire que le cadre juridique dans lequel s’inscrivent les UAMJ puisse être « approprié » par les différents professionnels qui y collaborent. Cela passe par une meilleure connaissance du circuit (et des contraintes judiciaires), mais aussi par une plus grande fluidité de l’information dans le respect de la place de chacun. À partir d’activités collectives, on pourrait alors construire une « identité commune ».
90Cette identité collective se devra d’être pérenne, et pour cela, il importe d’affirmer un pilotage local et national.
91Le pilotage local commence au niveau de chaque TGI : l’investissement des magistrats du parquet est déterminant. L’étude a révélé comment l’arrivée - ou le départ - d’un procureur impacte de façon significative l’existence et la pérennité des UAMJ.
92Si l’ensemble des procédures (délinquance des mineurs, protection des jeunes en danger aussi bien que mineurs victimes) étaient orientées vers les UAMJ, celles-ci pourront pleinement jouer leur rôle dans la protection de l’enfance.
93Le rôle de pilotage dévolu aux parquets dans la circulaire « Outreau » [10] invite les procureurs à mettre en place un lieu unique et spécifique pour le recueil de la parole de l’enfant. Ce rôle - qui devrait se concrétiser par la signature d’une convention avec les CHU - est diversement interprété selon les territoires.
94Il incombe aux procureurs généraux de le rappeler à l’ensemble des procureurs de leurs ressorts…. Et à ceux-ci de répertorier les structures existantes : actuellement, une pluralité d’initiatives peuvent se trouver en concurrence. Il importe de rationaliser l’action publique (et les financements) en menant d’abord cet inventaire au niveau local.
95L’étude a également constaté que l’utilisation de l’UAMJ par le parquet n’est ni formalisée ni harmonisée : il faut y remédier.
96Au niveau national, « les UAMJ n’ont pas d’existence légale à proprement parler ». Parler de pilotage quand il n’y a pas d’interlocuteur relève donc de la science-fiction.
97Plusieurs administrations centrales auraient une légitimité à coordonner les actions des territoires : la Délégation aux victimes, la Direction générale de la santé, le ministère de la Justice ; la PJJ, bien que recentrée au pénal - les UAMJ se trouvent aussi au civil -, continue d’exercer une activité de protection de l’enfance.
98Un pilotage national est nécessaire pour encadrer le dispositif et assurer un maillage national opérant évitant les doublons. Il permettrait aussi de formaliser un certain nombre de procédures (c’est une demande des parquets) : un document type de saisine de l’UAJM pourrait ainsi être élaboré au niveau national pour faciliter le travail des procureurs locaux. Enfin, on pourrait envisager une inscription des UAMJ dans les schémas départementaux, comme outils de repérage des acteurs publics de protection de l’enfance.
99L’étude de l’ONED a enfin montré que de nombreuses structures sont en difficultés financières. Une pluralité d’institutions participe du financement des UAMJ. Si le tribunal (pour les frais de justice) et l’hôpital (pour les locaux mis à disposition) sont des contributeurs incontournables, chaque UAMJ ou presque a un financement différent Ces particularités mènent directement à la précarité, puisque le retrait d’un des financeurs met la structure en difficulté.
Conclusion
100Avant d’en arriver aux recommandations, une conclusion s’impose : le « dispositif particulier » que constituent les Unités d’accueil médico-judiciaires, étudié par l’ONED « sous le prisme du seul intérêt de l’enfant » est opérant. Son efficacité doit beaucoup à « l’engagement humain » de ses professionnels, dans des conjonctures souvent difficiles en raison de la gravité du sujet… et des résistances rencontrées partout.
101Toutefois, ce dispositif pourrait être mieux utilisé. L’absence de réglementations plus directives et le manque de pilotage, tant local que national, ne permettent pas de garantir un maillage équitable du territoire, et mettent en danger financièrement des structures qui ont fait leurs preuves.
102Si les spécificités locales sont à prendre en compte, une harmonisation des pratiques - qui est d’ores et déjà portée au niveau européen - semble nécessaire : la cohérence du parcours de l’enfant victime, de son accueil à sa prise en charge globale, reste à penser et à construire en partenariat avec l’ensemble des acteurs impliqués.
Recommandations tirées du rapport « Considérer la parole de l’enfant Étude des Unités d’accueil Médico Judiciaire »
1. Sur un plan juridique
- donner une existence légale aux UAMJ, notamment pour en garantir la pérennité tant fonctionnelle que financière par un réel engagement des parties ;
- étendre la compétence des UAMJ a l’ensemble des mineurs victimes de maltraitance (violences physiques, violences psychologiques, négligences graves et enfants exposés aux violences conjugales) ;
- réaffirmer le rôle de pilotage du parquet sur le plan local.
- intégrer et articuler les dispositifs de recueil de la parole de l’enfant à celui de la protection de l’enfance
- identifier un pilotage national du dispositif, associant les ministères de la Justice, de l’Intérieur, des Affaires sociales/Santé/Enfance et Famille ;
- assurer une couverture totale du territoire national afin de garantir une égalité de traitement, par un maillage cohérent, tout en évitant que les dispositifs soient doublonnés et mis en concurrence ;
- favoriser l’articulation et la coordination des acteurs en associant les enquêteurs de terrain, les magistrats du parquet et du siège, et les conseils généraux (comité de pilotage, comité de suivi, etc.) ;
- faciliter la participation des UAMJ aux observatoires départementaux de la protection de l’enfance (ODPE), afin d’assurer les échanges et la cohérence des circuits dans l’élaboration et le suivi du schéma départemental de la protection de l’enfance ;
- harmoniser les pratiques par la mutualisation des compétences et des savoir-faire ;
- développer des outils communs à destination des professionnels : dossier standardisé, checklist d’examens modélisés, trames de réquisitions, rapports d’activités… ;
- rappeler l’importance du visionnage du DVD aux magistrats du siège, du parquet et aux experts et veiller a le rendre matériellement possible.
- encourager la formation de l’ensemble des professionnels intervenant au sein des UAMJ et des experts, notamment sur le versant du retentissement psychologique sur l’enfant victime ;
- développer des actions de communication auprès des professionnels du champ sanitaire et social sur les dispositifs existants et leurs modes d’accès.
- inciter les UAMJ a transmettre leurs rapports d’activité aux ODPE ;
- favoriser la conduite de recherches nationales sur les techniques d’audition de l’enfant victime et sur les effets de l’utilisation d’outils d’aide aux enquêteurs ;
- conduire des recherches-actions sur les postulats et les valeurs professionnelles (exemple : pratiques professionnelles différenciées en fonction du sexe de l’enfant) ;
- conduire des recherches sur les effets des dispositifs, notamment les UAMJ, et sur les parcours des enfants victimes.
Notes
-
[1]
Auteur, notamment en littérature jeunesse.
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[2]
Considérer la parole de l’enfant - Étude des Unités d’accueil Médico Judiciaire, Cédric Fourcade, chargé de mission, ONED, mai 2014, www.oned.gouv.fr.
-
[3]
Loi n° 98-468 du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs.
-
[4]
Circulaire DACG 2005-10 G4/02-05-2005 infractions de nature sexuelle (NOR : JUSD0530075C).
-
[5]
Voy. en note 3.
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[6]
Défenseur des droits, Rapport 2013, L’enfant et sa parole en justice.
-
[7]
Ibid., p. 67.
-
[8]
Op. cit. en note 4.
-
[9]
Op. cit. en note 4.
-
[10]
Circulaire de la DACG n° 2007-10 du 22 juin 2007 relative à la présentation des dispositions relatives à la règle « le criminel tient le civil en état », aux plaintes avec constitution de partie civile et au déroulement de l’instruction préparatoire résultant de la loi n° 2007-291 du 5 mars 2007 tendant à renforcer l’équilibre de la procédure pénale et du décret n° 2007-699 du 3 mai 2007 relatif au renforcement de l’équilibre de la procédure pénale et à la prévention de la délinquance (NOR : JUSD0730041C).