Les métiers du soin sont, de réputation freudienne, des métiers « impossibles » parce qu’ils sont humains, tout comme éduquer ou gouverner. Aussi réclament-ils des formations suffisamment longues et nourries de l’expérience, à rebours de ce qui se dessine et se pratique déjà. Les formations ne sont plus assurées et, quand elles le sont, c’est loin de la pratique, de l’immersion et du compagnonnage.
Tout se passe comme si nous vivions sous le régime du dépérissement de l’expérience, pour reprendre une expression de Walter Benjamin. Ce n’est, pourtant, que par et dans l’expérience que peuvent se transmettre et s’affiner la continuité des soins, la cohérence des pratiques, la pluralité des regards, les constellations transférentielles qui requièrent de mettre les statuts et la hiérarchie entre parenthèses. Comment se forme-t-on à l’accueil, à la rencontre ? Ces deux notions essentielles à la pratique, ne trouvent leur place dans aucun « référentiel de compétences ». Pire, en déclinant les compétences, on exclut l’accueil et toutes les pratiques qui y concourent. Car l’accueil n’est pas ornemental, convivial, marginal : « Soigner l’accueil, c’est soigner l’enfant », souligne ici Agnès Bachelet pour les assistants familiaux.
La journée nationale du 19 mars 2022 à l’IUT de Tourcoing, déjà reportée deux fois, reviendra sur ces questions. Nous commençons à entrevoir les transformations insidieuses ou brutales que la pandémie de ces deux dernières années a portées aux métiers du soin et de l’éducation…