Notes
-
[*]
« Ressenti d’un nouveau père », Spirale, 3/2011, n° 59, p. 157-161.
Cf. sur le même thème Spirale 1/2011, n° 57.
1La revue Spirale a consacré deux livraisons [*] à la sensorialité liée à la natalité. La plupart des articles ont été l’œuvre de cliniciens et de professionnels du champ, ce qui fait ressortir d’autant le texte d’un « nouveau père ». Souhaitant rester anonyme, le rédacteur se présente comme un quarantenaire, dont la compagne, Cynthia, accouche d’un petit Dario en 2007. C’est donc le vécu de cette famille émergente qui est raconté à partir du point de vue sensible d’un homme qui étrenne les habits neufs du statut paternel.
2Le nouveau père entre peu à peu dans son rôle à partir des rituels classiques de l’annonce de la grossesse, puis des rendez-vous avec l’obstétricien. Après avoir appris, avec joie reconnaît-il, que ce serait un garçon, est venu le moment de la détermination de la date et de l’heure de l’accouchement. En fait, la naissance se fait en avance, par déclenchement, et le père se retrouve avec son bébé dans les bras.
3On ne peut pas dire que le scénario soit spécialement original, mais c’est dans cette banalité partagée par un très grand nombre d’hommes que le ressenti du nouveau père prend son sens. L’auteur rend compte de ses étapes affectives qui passent par la joie, la perplexité et l’angoisse.
4Il y a d’abord le moment de l’entrée dans le rôle paternel qui se situe, pour lui, seulement au moment de la naissance, notamment par la quête du matériel de puériculture. Il reconnaît avoir été assez distant de la rondeur du ventre de sa femme, et ce n’est que rétrospectivement qu’il reconsidère la période prénatale. Son premier sentiment est lié à l’apparente fragilité du nouveau-né, impression qui s’atténuera avec les mois qui passent.
5Il pense que le rôle du père passe par l’accompagnement en continu de la mère. Il se lève donc aussi la nuit et tente de partager à sa manière l’expérience maternelle de l’allaitement. Pourtant, il atteint assez rapidement des limites qui l’amènent à des quasi-conflits. Le comportement de l’enfant, qui ne fait jamais de nuits complètes, pose des questions incessantes dont il ne détient pas les réponses. De fait, être là mais sans pouvoir répondre à des interrogations (sur les régurgitations, par exemple) met en cause sa présence même. Et puis, combien de temps peut-on faire des nuits blanches alors que des journées de 12 heures, commençant de bonne heure, vous attendent ? Peu à peu, le nouveau père se trouve pris dans des contradictions et se sent enserré par une série de pressions et de désaccords au sein de son couple. Il tente de les pallier en étant présent au téléphone tout au long de la journée, mais il n’a pas plus les réponses que sa femme attend. Il ressent l’écart entre le rôle traditionnel, parfois attendu, de l’homme et la réalité de ces nouvelles situations qui le laisse sans voix.
6C’est cette expérience ordinaire que ce nouveau père retrace en quelques pages. On comprend vite que ce qui est nouveau, ce n’est pas l’absolu d’une condition paternelle émergente, mais tout simplement le ressenti d’un rôle inédit pour l’auteur. En fin de texte, l’enfant a grandi, quatre ans ont passé et les angoisses et les incertitudes se sont apaisées. Le sens de l’expérience est maintenant mieux identifié : de nouveaux impératifs ont été mis au jour comme l’esprit de responsabilité, la capacité de remise en question et le sens du don.
Notes
-
[*]
« Ressenti d’un nouveau père », Spirale, 3/2011, n° 59, p. 157-161.
Cf. sur le même thème Spirale 1/2011, n° 57.