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Pierre Cahuc et André Zylberberg, Le chômage, fatalité ou nécessité ?, Flammarion, 2004, 198 p., 18 €.
1En France, le débat sur le chômage est caractérisé par la nature souvent polémique des échanges auxquels il donne lieu, tant dans le grand public qu’au sein de la communauté des économistes, sur les définitions, les chiffres et la manière dont ils sont obtenus.
2Cette spécificité culturelle est évidemment liée au caractère souvent dramatique de la perte d’un emploi ou de sa recherche infructueuse, mais également à l’âpreté particulière, dans notre pays, des discussions sur le bien-fondé des politiques publiques. Elle relève aussi de la médiocrité des connaissances acquises sur le sujet, quelques spécialistes mis à part.
3Pierre Cahuc [*], professeur d’économie à l’Université Paris-I et à l’École polytechnique, et André Zylberberg*, chercheur au CNRS, appartiennent à ce cercle réduit des connaisseurs du phénomène. L’ouvrage qu’ils ont publié en 2004 est à ranger, sans hésitation, dans le rayon des livres pédagogiques sans être ennuyeux et savants sans être abscons.
4L’explication le plus souvent avancée à la fin des Trente Glorieuses présentait le chômage comme un problème de nature macroéconomique, sur lequel seuls deux grands types d’actions étaient envisageables : la stimulation de la demande intérieure et/ou une pression sur les salaires, solutions relevant l’une et l’autre d’une politique globale. On préfère aujourd’hui s’intéresser aux aspects microéconomiques du phénomène et, par exemple, étudier l’impact d’une mesure réglementaire sur l’emploi, mais une telle approche manque évidemment d’ampleur. Prenant acte de ce constat, P. Cahuc et A. Zylberberg s’attachent à montrer que ces travaux, au-delà de leur apparente hétérogénéité, constituent les éléments d’une construction dont l’architecture révèle, au moins en partie, la nature.
5Renonçant à s’abriter derrière les grandes théories généralement convoquées pour traiter le sujet, cet ouvrage évoque simplement mais avec pertinence les enseignements capables d’améliorer le fonctionnement du marché du travail. Beaucoup d’idées reçues sont maltraitées au passage : toutes les mesures habituellement utilisées dans l’objectif de faire diminuer le chômage sont passées au crible d’une méthode qui en dévoile les limites.
6Un protocole comparatif (voir l’article de Bruno Crépon dans ce numéro) permet aux auteurs de distinguer, parmi les effets perçus, ce qui relève des mesures elles-mêmes et ce qui est imputable à d’autres facteurs (contexte, population ciblée, etc.). D’où il ressort que ces effets sont souvent limités, voire contre-productifs. Les auteurs n’ont ainsi pas hésité à rompre le consensus.
7Par ailleurs, et leurs lecteurs s’en réjouiront, l’ouvrage s’attache étroitement à faire de la vulgarisation, ce terme devant naturellement être entendu ici dans son acception la plus noble de valorisation des connaissances à l’intention du grand public, afin de l’aider à repenser le chômage.
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Pierre Cahuc et André Zylberberg, Le chômage, fatalité ou nécessité ?, Flammarion, 2004, 198 p., 18 €.