Notes
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[1]
Voir, par exemple, E. Kim, “Wedding Citizenship and Culture. Korean Adoptees and the Global Family of Korea”, Social Text, vol. 21, n° 1, 2005, p. 57-81 et É. Prébin, Adoption internationale : les revenants de Corée, thèse de doctorat en ethnologie et sociologie comparative, Université Paris-X, 2006.
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[2]
L’adopté québécois de 14 ans et plus ou qui est représenté par ses parents adoptifs peut obtenir sur demande un sommaire des renseignements non identifiants figurant dans son dossier. Il ne peut toutefois retrouver ses parents d’origine que si ces derniers ont préalablement consenti à ce que leur identité lui soit révélée. Ceux-ci peuvent aussi connaître les antécédents de l’adoptant et, si leur enfant biologique âgé de 18 ans ou plus y consent, obtenir les renseignements permettant de le retrouver. Ces dispositions s’appliquent à tous les adoptés, qu’ils soient nés au Québec ou à l’étranger.
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[3]
Toutes les citations de cet article sont extraites d’entrevues réalisées auprès d’adoptés adultes, dans le cadre du projet “Les ajustements du droit aux nouvelles réalités de l’adoption internationale”, dirigé par Françoise-Romaine Ouellette. Ce projet a été financé par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (Action concertée pour le soutien et la promotion de la recherche sur la famille et les responsabilités parentales). Voir F.-R. Ouellette, C. Collard et C. Lavallée, avec la collaboration de A. Cardarello, G. Garnon, C. Méthot, G. Mossière et J. Saint-Pierre, Les ajustements du droit aux nouvelles réalités de l’adoption internationale, Montréal, INRS Urbanisation, culture et société, 2005 (en ligne : hhhttp:// wwww. ucs. inrs. ca/ pdf/ AjustementsDuDroit. pdf) ainsi que F.-R. Ouellette et G. Mossière, “La circulation des informations sur les origines des adoptés internationaux”, in Gilles Pronovost (sous la dir. de), Comprendre la famille, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2004, p. 153-172. et F.-R. Ouellette, “Le nom et les papiers d’identité des enfants adoptés à l’étranger”, in A. Fine (éd.), Identité civile et sentiment de soi, Paris, Éditions du CTHS, à paraître, printemps 2008.
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[4]
Une adoption sans rupture de liens peut être convertie en adoption plénière dans le pays d’accueil si les parents d’origine y ont consenti. Jusque dans les années 1990, de nombreuses conversions en adoption plénière ont été réalisées sans qu’un tel consentement ait été obtenu.
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[5]
Voir B. Yngvesson, “Going Home. Adoption, Loss of Bearings, and the Mythology of Roots”, Social Text 74, vol. 21, 1, 2003, p. 7-27.
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[6]
J. Gladstone, A. Westhues, “Adoption Reunions : a New Side to Intergenerational Family Relationships”, Family Relations, 47.2, 1998, p. 177-184.
1Pour les jeunes adoptés québécois à la peau sombre ou aux yeux bridés, le rapport à soi se construit de manière paradoxale : un statut juridique légitime et un sentiment d’étrangeté au regard de leurs proches, et aussi de leurs lointains parents naturels, pour ceux qui gardent un lien ou qui partent à la recherche de contacts avec la patrie d’origine. Ces jeunes sont en quête d’images actuelles liées à leur culture native afin de donner forme au passé. Mais la confrontation est parfois rude : “À part le sang, dit l’une d’entre eux, on n’a pas grand-chose de commun.”
2De nombreux adoptés internationaux sont maintenant d’âge adulte et s’intéressent à leurs origines. Cette situation interpelle directement les autorités des pays d’origine et d’accueil. En effet, l’article 30 de la convention internationale de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale (1993) engage les pays signataires à conserver les informations sur les origines des enfants adoptés et à leur en assurer l’accès, dans la mesure permise par la loi de leur État. De nombreux pays ont déjà pris acte de ces obligations et mis en place des services pour encadrer les recherches des adoptés internationaux. Du côté des pays d’origine, le cas le mieux connu est celui de la Corée, où le gouvernement et des agences d’adoption internationale offrent des séjours de familiarisation avec l’histoire et la culture du pays et, lorsque c’est possible, facilitent les retrouvailles avec la famille biologique [1]. Du côté des pays d’accueil, des organismes agréés d’adoption internationale et des associations de familles adoptives s’impliquent de plus en plus dans l’organisation de séjours dans les pays d’origine. Au Québec, le Secrétariat à l’adoption internationale répond maintenant directement aux demandes des adoptés internationaux qui devaient auparavant s’adresser à plusieurs organismes différents pour obtenir des renseignements sur leurs origines [2].
3Ce nouveau contexte ouvre un espace d’élaboration des questions relatives à l’identité, à l’appartenance et à la parenté soulevées par l’adoption. Dans cet article, nous voulons contribuer à l’approche de ces questions, en prenant appui sur des entrevues réalisées en 2003 et 2004 auprès d’une quinzaine de jeunes Québécois adoptés à l’étranger entre les années 1962 et 1983. Ils sont originaires des Antilles (six d’entre eux), d’Amérique latine (deux), d’Afrique (un), d’Océanie (un) et d’Asie (cinq). Tous se disaient intéressés par leurs origines, mais tous n’avaient pas fait de recherches. Nous leur avons demandé ce qu’ils savaient de leur histoire, quelles recherches ils avaient déjà faites ou envisagées et ce qu’ils en attendaient. Nous nous concentrons ici sur les témoignages de ceux qui ont vécu des retrouvailles (cinq d’entre eux) ou fait un voyage dans leur pays (trois). Ces témoignages soulignent le sentiment d’être étranger à soi qui stimule l’intérêt pour la recherche des origines, et incitent à développer une vision nuancée des retrouvailles internationales.
Être étranger à soi-même
4Ces jeunes à la peau sombre ou aux yeux bridés adoptés dans des familles blanches se sentent indiscutablement québécois, membres à part entière de leur milieu d’adoption. Cependant, tous disent aussi que leur apparence physique différente a toujours joué le rôle de rappel, pour eux-mêmes et pour les autres, de leur origine étrangère. Les gens qu’ils rencontrent pour la première fois s’étonnent du contraste entre leur accent bien québécois et leurs traits physiques. À Montréal, ville multiculturelle, on s’adresse souvent à eux en anglais, en espagnol ou en vietnamien… selon l’origine qu’on leur prête. À l’école, leurs professeurs s’étonnaient de les voir avec des parents blancs. Dès l’enfance, leur corps leur a imposé la conscience d’être d’une origine étrangère, qu’eux-mêmes ne pouvaient relier à du connu, sinon à l’image médiatique de leur pays d’origine : “En me regardant dans le miroir le matin, je constatais que je n’étais pas pareil. Alors, j’ai toujours manifesté un intérêt certain pour mon pays d’origine” [3].
5Ces diverses réactions à leur apparence leur donnent l’impression étrange d’être autre que celui ou celle qu’ils ont le sentiment d’être. Ils décrivent ce ressenti paradoxal avec humour en disant qu’ils souffrent “du syndrome de la banane (jaune à l’extérieur, blanche à l’intérieur)” ou “du syndrome du biscuit au chocolat « Oreo » (noir à l’extérieur, blanc à l’intérieur)”. Sauf exception, la fréquentation de jeunes immigrés de même origine leur procure le même inconfort d’être différents de l’image qu’ils projettent, car ils ne possèdent ni la langue ni la culture de leur pays de naissance. Ils apprennent donc à moduler l’effet de surprise qu’ils causent aux autres, en prévenant par exemple l’interlocuteur téléphonique auquel ils donnent rendez-vous qu’ils sont d’origine asiatique ou en précisant dès le début d’une nouvelle relation qu’ils sont adoptés.
6Ils ont la citoyenneté canadienne, mais leur origine les prive d’en jouir sans obstacle, comme des immigrés qui doivent toujours confirmer la légitimité de leur statut ou la validité de leurs papiers d’identité : “Tu es adopté : tu es né ailleurs et tu passes ta vie ici. Mais on te rejette constamment. À chaque fois que tu as besoin d’un papier officiel, on te ramène au fait que tu n’es pas né au Canada. Mais en Corée, je ne suis pas citoyen, parce que j’ai été adopté […]. Je ne peux pas dire que je suis coréen, ce serait un mensonge. Je veux bien dire que je suis québécois, mais je ne le suis pas vraiment puisqu’à chaque fois que je demande un passeport ou une carte de citoyenneté, on me demande plus de preuves qu’à tout le monde. On me demande des lettres spéciales pour m’inscrire à des cours.”
7Ce rapport paradoxal à soi-même est aussi induit par leur statut légal d’adoptés. Leurs seuls parents sont leurs parents adoptifs. Ils en portent le nom, ce sont eux qui sont inscrits sur leur certificat de naissance et c’est à travers eux seulement que sont tissés leurs liens de parenté et leurs appartenances linguistique, religieuse et nationale. Cependant, ils savent dès leur tendre enfance qu’ils ont eu d’autres parents dans un autre pays, qu’ils pourraient un jour chercher à retrouver. Certains en connaissent d’ailleurs l’identité, parce qu’elle n’a jamais été un secret pour leurs parents adoptifs (dans certains pays d’origine, l’adoption n’est pas confidentielle et elle n’entraîne pas toujours la rupture des liens d’origine [4]).
8À l’adolescence, cette situation intensifie parfois une crise identitaire, comme pour Damien : “Un adolescent se demande qui il est, ce qu’il fait sur la terre. C’est clair que pour un enfant dont les parents sont en arrière et peuvent lui montrer son arbre généalogique, il y a une suite logique dans les choses. Mais quand, nous, nous nous retournons et nous regardons nos parents, il n’y a aucune suite logique. Est-ce que nous sommes québécois, est-ce que nous sommes haïtiens, coréens ? Est-ce que nous sommes un peu des deux ?”
9Compte tenu de l’image qu’on leur renvoie d’eux-mêmes, dans laquelle ils se reconnaissent mal, il n’est pas surprenant que la recherche de leurs origines se greffe d’abord pour eux sur un désir de voir : voir le pays où ils sont nés, leur mère biologique, des gens qui leur ressemblent, le genre de vie qu’ils auraient pu avoir. Leurs attentes ne sont souvent pas plus précises que cela : voir de leurs propres yeux des lieux, des gens et des objets qui représenteraient cette part d’eux-mêmes qui leur reste étrangère. Ils sont en quête d’images qui, dans le présent, feront prendre forme au passé. Il s’agirait, à partir de cette figuration, d’opérer la mise en abyme nécessaire pour fonder le récit de leur propre histoire sur des preuves sensibles.
10Quand ils n’envisagent pas de retrouvailles, ils invoquent la certitude qu’elles sont impossibles pour eux, leur paresse, la désapprobation de leurs parents adoptifs, le manque d’argent mais, surtout, leur peur de l’inconnu. Cette peur est grande, aussi diffuse que leurs attentes : “C’est une boîte de Pandore que tu ouvres une fois et après il n’y a pas de retour en arrière. […] Il y a encore quelque chose qui m’arrête, qui m’empêche de le faire. J’arrive difficilement à mettre le doigt dessus.” Ceux qui ont tenté l’aventure en font une évaluation globalement positive, mais n’en cachent pas les difficultés.
Le retour au pays et les retrouvailles
11Les jeunes adoptés qui sont retournés dans leur pays d’origine ont trouvé là-bas des réponses à certaines questions, mais aussi le même sentiment contradictoire d’être à la fois chez soi et étranger, comme ce jeune d’origine coréenne : “Les personnes s’attendaient à ce que je parle coréen, mais je ne parlais pas. C’était bizarre parce que je passais inaperçu dans la foule, mais en même temps j’étais tellement différent.” Passer inaperçu permet de se sentir bien, à sa place, comme le fait aussi l’éveil inattendu de certains souvenirs sensoriels pour ceux qui étaient déjà grands quand ils ont été adoptés. Néanmoins, en même temps, le dépaysement est brutal : “J’ai eu un choc culturel. Il y avait trop de Noirs ! Bien trop ! Un pays de Noirs ! […] Pourtant, je me sentais chez moi. Je me disais que c’était ma terre, mais j’étais comme frigorifiée.” Le choc culturel est d’autant plus grand qu’il détruit le fantasme de retour chez soi. Il aura des suites un peu différentes selon que l’adopté entreprend une simple visite du pays de ses origines ou un voyage de retrouvailles avec sa famille.
12Le voyage qui se limite à la visite de lieux significatifs (orphelinat, hôpital, foyer d’accueil…) permet à l’adopté d’accéder à un monde physique et matériel à travers lequel relier ses fantasmes à la réalité [5]. Qu’il soit organisé par les parents adoptifs, par une agence d’adoption ou même par le gouvernement du pays d’origine, il vise essentiellement à faire jaillir un sentiment d’appartenance au milieu d’origine ou à retracer l’histoire de l’adopté par le truchement symbolique d’un parcours des lieux qui l’ont vu naître. Ce voyage conserve la part de rêve rattachée aux origines et permet même d’en accentuer l’idéalisation. Les retrouvailles engendrent une confrontation beaucoup plus ferme avec l’altérité et la déconstruction des mythes et fantasmes sur la famille biologique. Celle-ci devient réalité. Associée au choc culturel, la prise de conscience du décalage entre fantasme et réalité peut être douloureuse. D’autant plus que la barrière de la langue et l’appartenance à des univers symboliques et interprétatifs totalement différents sont sources d’incompréhensions ou de conflits de valeurs.
13Les retrouvailles apportent une réponse au désir de voir mentionné précédemment. Certains voudraient bien d’ailleurs seulement voir de loin. Or, cette rencontre ouvre un espace relationnel chargé d’attentes souvent divergentes, où les échanges ne se déroulent pas sur le mode de l’allant de soi nécessaire pour recréer une image de “famille”. Le jeune adopté comprend rapidement que les personnes re-trouvées lui sont étrangères : “Elle ne me connaît pas dans mon milieu, elle ne me connaît pas dans ma culture. Elle ne me connaît pas depuis que je suis petit.” Le désir de savoir et de trouver des ressemblances n’est pas non plus toujours comblé : “Tu te dis : ma mère m’a mis au monde pour telle raison et mon père est amérindien. Tu arrives et, finalement, ta mère ne t’a pas mis au monde pour telle raison et ton père n’est plus amérindien, mais elle ne peut pas te dire qui il est. […] Bref, je suis revenu déçu, parce que je n’ai jamais su à qui je ressemblais finalement.”
14La relation avec la mère biologique, chargée de trop d’attentes, est potentiellement la plus blessante. Pour l’un des adoptés rencontrés, les retrouvailles ont été l’occasion de prendre conscience du fait que son désir recouvrait des sentiments agressifs envers sa mère, dont la nature exacte lui avait jusque-là échappé : “Dans toute cette espérance d’amour de la part de notre mère, on se rend compte bizarrement, quand on est confronté à elle, qu’il y a une part égale de haine […]. Tu ne t’en doutes pas tant que tu n’es pas devant elle, parce que c’est toute la différence entre l’image que l’on se crée et la réalité.”
15En revanche, la relation avec le père, plus rare, peut être plus légère. Surtout, ce sont les relations fraternelles qui s’avèrent le plus facilement empreintes de simplicité et de complicité. La fratrie prend d’ailleurs une place de premier plan dans les relations post-retrouvailles. Alors que le lien avec la mère se défait parfois de lui-même, ceux avec les frères et sœurs ont plutôt tendance à se bonifier avec le temps. La compréhension mutuelle qui s’établit autour de l’idée d’une appartenance commune et des ressemblances physiques, mais aussi le peu d’attentes dont cette relation est au départ investie permettent que cette dernière se développe sans jeux de pouvoir, sur un mode amical. Les rapports fraternels sont teintés d’humour, de légèreté et de réciprocité.
16Autant la famille adoptive que l’adopté se trouvent transformés par l’expérience des retrouvailles. Souvent des relations ambivalentes s’installent, des conflits peuvent naître et persister jusqu’à rompre certains liens. Pourtant, la place de la famille adoptive est rarement mise en jeu par ce qui serait une forte allégeance à la famille biologique. Gladstone et Westhues [6] ont montré que les contacts avec la famille biologique se normalisent avec le temps et diminuent en fréquence et en intensité. La même constatation peut être faite à partir de notre échantillon, sauf pour certaines relations fraternelles qui amènent certains à réaménager leur vie. Marianne, une jeune adoptée des Philippines, aide sa sœur dans son projet d’immigrer au Canada : “Tous les jours, je pense à la journée où ma sœur va venir s’installer ici. J’ai tellement hâte. Je suis prête. Je vais être la première à l’aéroport à l’attendre.” Elle ne cherche pas pour autant à se définir en fonction de sa famille d’origine : “J’aurai toujours une attache. Ils sont tellement gentils. Mais je me sens très différente d’eux parce que je n’ai pas été élevée dans les mêmes conditions, dans la même culture. À part le sang, on n’a pas grand-chose de commun.”
Conclusion
17La recherche des origines est, en pratique, une expérience beaucoup plus complexe que ce que nous avons pu toucher en quelques lignes. En soulignant plus particulièrement ses liens avec le rapport paradoxal des adoptés à eux-mêmes, parce que leur corps constitue un message évident concernant leurs origines, nous avons voulu montrer qu’il ne faut jamais minimiser cette part de leur réalité, mais que leur quête ne se résout pas par le simple fait de voir et de savoir. Parmi les quinze adoptés que nous avons rencontrés, ceux qui étaient réconciliés avec leur situation étaient parvenus à construire par eux-mêmes un récit de leur histoire, en mettant leur vie antérieure à l’adoption dans une certaine continuité par rapport à leur vie actuelle : ou bien ils s’étaient approprié le récit de leurs origines d’abord amorcé par leurs parents adoptifs, ou bien ils avaient pu, grâce aux retrouvailles, redonner sens à leur expérience dans un récit cohérent tissant des liens entre passé et présent. Ils font une évaluation globalement positive de leur expérience de voyage parfois douloureuse parce qu’ils en ont tiré la capacité de témoigner eux-mêmes de leur parcours. C’est le cas de Mimi : “De ce voyage-là, ce qui m’a le plus apporté, c’est de pouvoir commencer à raconter mon histoire, dire que je suis née à T… et que j’ai vu la maison où je suis née, que j’ai habité par la suite à S… et que j’ai vu la maison où j’ai habité, et que j’ai vu les gens. J’étais tellement fière quand je suis revenue de dire qui j’étais.” Il s’agit, en somme, d’entendre sa propre voix dans le récit de son histoire. Cet accès à la narration atténue le sentiment d’être étranger à soi-même et aux autres.
Notes
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[1]
Voir, par exemple, E. Kim, “Wedding Citizenship and Culture. Korean Adoptees and the Global Family of Korea”, Social Text, vol. 21, n° 1, 2005, p. 57-81 et É. Prébin, Adoption internationale : les revenants de Corée, thèse de doctorat en ethnologie et sociologie comparative, Université Paris-X, 2006.
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[2]
L’adopté québécois de 14 ans et plus ou qui est représenté par ses parents adoptifs peut obtenir sur demande un sommaire des renseignements non identifiants figurant dans son dossier. Il ne peut toutefois retrouver ses parents d’origine que si ces derniers ont préalablement consenti à ce que leur identité lui soit révélée. Ceux-ci peuvent aussi connaître les antécédents de l’adoptant et, si leur enfant biologique âgé de 18 ans ou plus y consent, obtenir les renseignements permettant de le retrouver. Ces dispositions s’appliquent à tous les adoptés, qu’ils soient nés au Québec ou à l’étranger.
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[3]
Toutes les citations de cet article sont extraites d’entrevues réalisées auprès d’adoptés adultes, dans le cadre du projet “Les ajustements du droit aux nouvelles réalités de l’adoption internationale”, dirigé par Françoise-Romaine Ouellette. Ce projet a été financé par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (Action concertée pour le soutien et la promotion de la recherche sur la famille et les responsabilités parentales). Voir F.-R. Ouellette, C. Collard et C. Lavallée, avec la collaboration de A. Cardarello, G. Garnon, C. Méthot, G. Mossière et J. Saint-Pierre, Les ajustements du droit aux nouvelles réalités de l’adoption internationale, Montréal, INRS Urbanisation, culture et société, 2005 (en ligne : hhhttp:// wwww. ucs. inrs. ca/ pdf/ AjustementsDuDroit. pdf) ainsi que F.-R. Ouellette et G. Mossière, “La circulation des informations sur les origines des adoptés internationaux”, in Gilles Pronovost (sous la dir. de), Comprendre la famille, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2004, p. 153-172. et F.-R. Ouellette, “Le nom et les papiers d’identité des enfants adoptés à l’étranger”, in A. Fine (éd.), Identité civile et sentiment de soi, Paris, Éditions du CTHS, à paraître, printemps 2008.
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[4]
Une adoption sans rupture de liens peut être convertie en adoption plénière dans le pays d’accueil si les parents d’origine y ont consenti. Jusque dans les années 1990, de nombreuses conversions en adoption plénière ont été réalisées sans qu’un tel consentement ait été obtenu.
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[5]
Voir B. Yngvesson, “Going Home. Adoption, Loss of Bearings, and the Mythology of Roots”, Social Text 74, vol. 21, 1, 2003, p. 7-27.
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[6]
J. Gladstone, A. Westhues, “Adoption Reunions : a New Side to Intergenerational Family Relationships”, Family Relations, 47.2, 1998, p. 177-184.