Notes
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[1]
Dominique Araoud et al., Prévenir l’isolement des personnes âgées, Dunod, 2004.
1La canicule de l’été 2003 a mis en évidence la vulnérabilité des personnes âgées dont l’allongement de l’espérance de vie augmente sans cesse le nombre.
2Vieillir, c’est souvent se retrouver seul. Surtout pour les femmes : d’après le recensement de 1999, 46 % d’entre elles sont veuves après 65 ans, et 12 % sont célibataires ou divorcées. Ce qui contraint à réaménager son réseau relationnel si l’on ne veut pas se retrouver dans une aire de vie rétrécie. Les menaces qui pèsent sur la maîtrise de l’autonomie sont nombreuses. Liées au corps et à une motricité, une vue, une ouïe qui se dégradent, rendant difficile par exemple la conduite d’une automobile. Liées aux mutations de l’environnement : disparition des petits magasins de proximité, remplacement de voisins auxquels on était habitué par des générations plus jeunes. S’instaure alors un sentiment d’isolement. L’isolement est un facteur objectif à ne pas confondre avec la solitude exprimée, manière de ressentir plus ou moins douloureusement l’état en question.
3Comment faire pour que la vieillesse ne devienne pas un “désert affectif”, pour que la personne âgée continue à être – et à se sentir – comme un membre vivant du collectif social et non comme un poids pour les actifs ? Trois réponses à ce questionnement : la famille, les travailleurs sociaux, les voisins. La famille, contrairement à une conviction répandue, reste le lien privilégié avec l’extérieur. Sa solidarité avec “l’ancien” demeure le plus souvent. Les travailleurs sociaux représentent une aide institutionnelle, une prévention efficace contre l’isolement.
4Leur rémunération empêche que ne s’instaure un rapport déséquilibré et inégalitaire entre l’aidant, qui donne, et l’aidé, qui reçoit. L’aide des voisins est une aide informelle, très diversifiée, qui peut aller du voisin de palier au gardien de l’immeuble, en passant par les commerçants du quartier. Elle répond à des affinités et crée des réseaux de “liens sociaux sélectifs”. La similitude de statut socioculturel, l’ancienneté résidentielle jouent leur rôle dans la naissance de ce tissu relationnel. Compte tenu de la représentation incapacitaire de l’âge, souvent mal vécue, les personnes aidées ne se veulent pas “assistées” et veillent en général à maintenir une “distance de sécurité” que menacerait une relation trop fusionnelle. Dévoiler les stigmates de l’âge, c’est perdre une part de sa dignité. L’aide de l’entourage n’est acceptable que si on ne la perçoit pas comme intrusive.
5L’ouvrage de Dominique Araoud a été réalisé sur la base des rapports de recherche commandités par la Fondation de France à l’Observatoire régional de la santé Midi-Pyrénées, à l’Université de Bretagne-occidentale, à l’Université de Provence et à l’Université Paris-12 Val-de-Marne [1]. Les interviews réalisées auprès des personnes âgées et de ceux qui interfèrent plus ou moins étroitement avec leur vie mettent en valeur le rôle d’une solidarité de voisinage, importante certes, mais qui ne saurait compenser les carences de l’action publique ni s’y substituer.
Notes
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[1]
Dominique Araoud et al., Prévenir l’isolement des personnes âgées, Dunod, 2004.