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Article de revue

Psychose et amour

Pages 677 à 684

L’amour dans la psychose, définitions

1L’amour, cet élan vers l’autre, ce ravissement, cette illumination de l’être spécifie la condition humaine et le processus de socialisation ; il est à la croisée du penser (rêveries amoureuses, imagination, représentations de l’objet idéalisé) du parler, dire, séduire dans l’amour courtois ou donjuanesque déclarer ou se déclarer, agir dans l’acte d’amour, de la relation sexuelle, mais aussi dans ses formes dérivées ou déviées de brutalisation de l’autre quand le désir est surplombé par une pure jouissance. Si la psychanalyse, avec S. Freud et J. Lacan, a maintenu ouverte cette question de la spécificité de l’amour et du transfert chez le sujet psychotique, la richesse des débats sur ce thème est historiquement datée dans le champ psychiatrique des années 1930, avec les contributions de M. Dide, G.G de Clérambault, H. Ey et J. Lacan sur la passion, la folie érotique, l’érotomanie, l’amour fou.

2L’amour chez le sujet psychotique ouvre à de nombreuses occurrences cliniques, médico-légales, expertales et thérapeutiques. Pour les psychiatres, psychologues ou psychanalystes, l’amour dans la psychose se résume le plus souvent à l’érotomanie cette illusion délirante d’être aimé ; une telle assimilation procède d’une réduction.

3Quant à la notion de psychose, de sujet psychotique, la formule recouvre des réalités cliniques différentes. La catégorie psychose éclaire au plan de l’organisation structurale de la personnalité, mais regroupe des entités cliniques disparates : troubles de la personnalité, et avec le DSM, personnalités paranoïaques, schizoïdes, pathologies limites ou structures décompensées sur un mode dissociatif, délirant, hallucinatoire.

4La dénomination « psychose » rassemble l’autisme, la schizophrénie, la maniaco-dépression, les délires chroniques. Les contextes en sont dissemblables et il est préférable de parler de psychoses au pluriel. Dans le registre de l’amour il y a lieu de considérer l’âge d’apparition des premières manifestations ; déclencher une psychose schizophrénique à 18 ans ou de façon plus tardive à 30 lorsque le sujet est marié, a des enfants, occupe une situation sociale ne s’équivaut pas. Il en est de même pour les décompensations paranoïaques, les délires tardifs qui surviennent au milieu de la vie...

5Qu’est ce qui singularise un sujet psychotique ? C’est son rapport à la réalité commune marquée par la certitude de détenir la vérité. Ce rapport altéré à soi-même et au monde a des implications sur le corps, les pensées, le discours et les actes. Le concept d’aliénation devenu obsolète résume ce rapport autre à soi-même et à autrui (perte de la liberté, de la contingence, soumission à un autre en place de toute puissance). La conscience de la maladie qui détermine la compliance aux soins, les expressions symptomatiques, la nature du lien conjugal, familial ne sont pas univoques ; le transfert à l’équipe soignante dessine une géométrie au cas par cas.

Le lien amoureux chez le sujet psychotique

6Chez le psychotique amoureux peut-on véritablement parler d’amour, quand faute de l’opération de la castration, manque la catégorie du désir et de la demande ? Pour autant le transfert psychotique est reconnu et qualifié en particulier par son absolu et sa potentialité persécutrice ou érotomaniaque. Il convient cependant de parler de façon extensive d’amour même si la réalité des liens diffère selon la structure clinique, soit du désir à la volonté de jouissance, ou d’emprise. Les conditions d’une relation amoureuse sont tributaires des catégories du manque, du désir consubstantiel au manque, d’une relation intersubjective d’échange. La demande formulée à l’autre est parée des attributs de la séduction, du semblant, de l’idéalisation qui ouvrent au jeu érotisé, à l’éclat phallique supporté par l’autre. Ce sont des traits particuliers qui suscitent l’attirance comme un détail physique, la voix, le regard, des effets du discours. Les sujets psychotiques, faute de la dimension d’illusion, achoppent dans ces situations. Ces difficultés éprouvées par les sujets schizophrènes dans les rencontres amoureuses peuvent provoquer une déstabilisation, une décompensation, lors d’une rencontre amoureuse ou d’une première relation sexuelle vécue comme intrusive ou persécutrice. « Que me veut-il ? » vient à la place d’un « Qu’en est-il de mon désir pour lui (ou elle) ? » et d’un « Suis-je amoureux(se) ? ». La psychiatrie classique a inventorié différentes conjonctures cliniques, plus sous un angle de perturbations des relations sexuelles que du lien amoureux proprement dit.

Psychose, affectivité et sexualité

7H. Ey, dans l’article « Schizophrénies » de l’EMC datée de 1955 [5], décrit les troubles de l’affectivité chez ces patients ou à côté de l’inaffectivité globale, l’athymhormie, les symptômes de début sont fréquemment constitués dans la sphère affective « par des manières bizarres, et ambivalentes, ou se combinent des “éléments” de cynisme et de timidité, d’impudeur et de honte, de défi et d’angoisse ». Cet auteur note qu’« il arrive que les pratiques masturbatoires, l’inversion sexuelle, les fixations incestueuses soient parfois étonnamment exhibées dans leur comportement ». L’apragmatisme sexuel est également une composante d’une sexualité marquée « par les fixations auto-érotiques et narcissiques ». Faute d’être barré par l’interdit œdipien de l’inceste, la relation amoureuse peut être transgressive : fixation amoureuse à un parent (la mère en particulier), à un frère ou à une sœur avec harcèlement. Cette conjoncture déstabilisante pour l’autre pouvant aboutir à des situations incestueuses que la psychose ne résume pas. L’autre de la relation amoureuse peut être réduit à une partie de son corps dans une fétichisation qui conduit à des pratiques perverses chez certains sujets psychotiques.

8La déliaison Éros-Thanatos, les phénomènes de clivage peuvent libérer des forces meurtrières que l’on rencontre chez des patients criminels. Le contexte de froideur affective, cette irruption pulsionnelle chez des sujets étiquetés « pervers narcissiques » peuvent amener à débattre de la psychose. Le scénario pervers, s’offrir à la jouissance de l’autre, ou l’instrumentaliser à son service, manque dans ces cas. Des faits divers attestent de la nature potentiellement criminogène de l’absolu d’un « amour fou » et de ses forces négatives : drames de la jalousie, de la passion amoureuse, de la séparation, du dépit amoureux qui mobilisent désarroi, sentiment de haine et de désir de vengeance. Si pulsion de vie (la libido) et pulsion de mort (la destructivité) sont intriqués, selon le modèle du dualisme des instincts éclairés par Freud dans son texte de 1920 [7], l’automatisation, la prévalence de la pulsion de mort peut être à l’œuvre quant le sujet est « hors de lui » lors d’un raptus pulsionnel ou au long cours, dans certaines formes de psychose mettant à nu la pulsion de mort. L’amour laisse alors place à une jouissance sadique. Celle-ci, retournée contre soi dans l’hallucination ou une construction délirante peut entraîner un acte d’automutilation dans la sphère sexuelle. « Il y a toujours une logique de l’acte, même si celui-ci paraît insensé, immotivé, irrationnel, fou ou passionnel [11]. » Comme l’indique H. Ey dans l’article précité [5], faute de réussir une véritable rencontre, c’est l’inhibition, l’échec qui amène a des pratiques masturbatoires par défaut d’une relation à l’autre sexe ou comme finalité auto-érotique de nature narcissique et quasi autistique. Un vécu dépressif, dépréciatif, de désolation (au sens propre de solitude) accompagne ces actes souvent ritualisés. Les patients ne parlent pas spontanément de ces pratiques hormis pour se plaindre des effets du traitement neuroleptique sur cette sexualité onaniste.

9Plusieurs éléments concourent à l’embarras voire à l’échec de la relation amoureuse chez le sujet psychotique :

  • de structure : nous avons rappelé les difficultés des sujets psychotiques dans les domaines de l’amour, de la sexualité ou d’une déclaration qui évite la maladresse d’une vérité nue non parée de la séduction. Dans la biographie « un cerveau d’exception » [15] S. Nasar relate la situation du mathématicien John Nash qui ayant déclenché sa psychose s’adresse à sa future femme pour lui dire crûment qu’il a envie de coucher avec elle ;
  • liés aux effets du contact d’un sujet psychotique sur l’autre : l’hermétisme, la bizarrerie l’étrangeté, la certitude ou les propos délirants sont perçus et amènent à un ressenti de malaise et à la fuite ;
  • la charge libidinale mise dans les productions délirantes : « L’idée délirante est maintenue avec la même énergie que celle avec laquelle une autre idée pénible difficilement supportable est écartée défensivement par le moi. Ils aiment donc le délire comme ils s’aiment eux-mêmes. Voilà le secret (S. Freud) [8]. » Cette activité compensatoire qui permet de « s’habituer d’être exclu du bonheur de l’amour » [8] se développe au détriment d’intérêts autres ;
  • les conséquences inhibitrices des neuroleptiques et à moindre degré des antipsychotiques, des antidépresseurs sur la libido. Ces incidences dont souffrent les patients et leur conjoint/conjointes peuvent être à l’origine de la demande de diminution voir d’interruption du traitement ou de son changement. Cette exigence peut amener a des négociations voire des ruptures en cas de position intransigeante des uns ou des autres. La quête d’alliance thérapeutique doit prendre en compte cette dimension, sans négliger d’autres critères qui peuvent être considérés comme prioritaires.

Psychose, lien amoureux et lien thérapeutique

10La clinique nous amène dans la quotidienneté des suivis thérapeutiques à saisir les effets de la psychose sur l’ensemble des liens familiaux, sociaux, l’insertion professionnelle. L’existence d’un lien amoureux, de la relation à un partenaire, conjoint(e), comme élément de stabilisation, comme « suppléance » (J. Lacan) n’est pas suffisamment pris en considération comme point d’ancrage de la relation thérapeutique. Le lien au partenaire est de nature hétérogène et peut être décomposé en trois éléments : le lien amoureux, mouvement affectif de nature libidinale, tendu vers l’autre, le lien de nature sexuelle, le partenaire sexuel, le lien conjugal ou marital à caractère symbolique qui s’appuie sur la notion de couple, de famille et un statut réglementaire la loi, le Code civil. Le couple est en effet après la relation aux parents, la famille originelle, l’expérience d’une première communauté et le premier lien social choisi. Pour un sujet adulte, ce cadre structurant, ce contenant de construction durable a un pouvoir stabilisant sur son organisation psychique. La famille consacre les coordonnées symboliques d’un sujet ; elle s’appuie sur les unités de lieu, c’est l’habitation et le vivre ensemble, de temps, l’inscription dans une rencontre et une histoire commune, des activités partagées, une généalogie. La filiation, être fils, fille de, père, mère de... l’attribution d’une place produisent des effets de discours et structurent les échanges.

11Ce rappel permet d’envisager les enjeux institutionnels mobilisés par les soins délivrés à un sujet psychotique. Il n’est pas équivalent de s’adresser à un tel sujet isolé ou à un sujet inscrit dans un lien durable à un partenaire avec lequel l’équipe soignante va être amenée à collaborer parfois au long cours comme avec un thérapeute auxiliaire. L’alliance thérapeutique se noue avec le patient mais peut aussi se construire avec le conjoint qui occupe une place d’instance tierce, de médiateur.

12Le principe de précaution quant au diagnostic, aux données évolutives, justifie la confidentialité. Une crise psychotique accompagnée de manifestations psychopathologiques avec manifestations délirantes ou hallucinatoires, réactions auto ou hétéro-agressives, peut mettre à mal les points d’insertion. La place au sein de la famille peut être fragilisée ou détruite, de même que l’activité professionnelle ; les liens environnementaux sont menacés par la discrimination, le rejet qu’instaure l’étiquette psychiatrique chargée de représentations de peur et de violence. L’hospitalisation peut s’imposer du fait des troubles, du refus de soins en ambulatoire, d’une dangerosité liée à l’activité délirante. Elle peut induire des effets délétères pour le patient dans une conjoncture particulière que nous qualifierons de « double peine ». Cette situation correspond à l’utilisation de ce temps de rupture ou de répit du séjour hospitalier pour mettre en acte une séparation, un divorce, pour entamer une mesure de protection des biens... Ces décisions sont plus à craindre quand le recours aux soins a été tardif confrontant l’entourage à des situations difficiles, vécues dans une grande angoisse et parfois une grande solitude. Dans l’intérêt du patient il est utile de préserver, protéger sa famille. Trois éléments vont dans la durée complexifier la prise en charge d’un sujet psychotique, la perte de son travail, la mise à l’écart de ses proches, leur rejet et le recours à l’alcool, aux toxiques qui ont un effet circulaire d’aggravation. La crise psychotique met à mal le lien amoureux et le statut social. Le chômage ou l’invalidité entraînent une baisse des ressources et l’infléchissement de l’économie familiale et des rôles. Les relations sexuelles au sein du couple peuvent se trouver perturbées par la modification du lien amoureux, les effets secondaires (au sens de consécutifs ou de négligeables ?) des traitements psychotropes et le changement de statut de l’objet.

13L’amour chez le sujet psychotique inclut le versant du transfert au thérapeute ou multiréférencé (J. Oury) à une équipe soignante à une structure de soins. Cette dimension s’inscrit dans le champ de la psychothérapie des psychoses qui sera le thème d’un prochain numéro de l’Information psychiatrique.

Amour, psychose et littérature

14La première étude s’appuie sur la monographie canonique issue des cinq psychanalyses, le cas Schreber.

Daniel Paul Schreber

15Dans ses écrits Mémoires d’un névropathe [17], le haut magistrat évoque succinctement la relation à sa femme, Sabine Behr, de quinze ans sa cadette, épousée en 1878, plus longuement à ses médecins, en particulier le Pr Fleschig, support d’un transfert massif de nature persécutive. La reconnaissance et la ferveur de l’épouse pour le professeur qui avait guéri son mari d’un premier accès d’hypocondrie dépressive sont à souligner. D’autres indications émaillent le texte comme « les huit années de bonheur à tous égards » passées avec sa femme entre les deux premiers accès [18] ; plus loin les idées de suicide qui « s’opposaient aux projets d’avenir par lesquels [sa] femme sans cesse s’efforçait de le consoler » [19]. Le départ de cette dernière pour quelques jours autour du 15 février 1984 entraînera un « effondrement nerveux », un laissé en plan tel qu’il sollicitera la suspension des visites ; D.P. Schreber précise que son épouse l’a incité à reprendre à la clinique le piano, plus loin le magistrat convient que le processus de féminisation qu’il subit est à même de troubler son épouse « à qui [il] conserve tout son “ancien amour”, tout en se gardant “de toute sentimentalité fausse” » [20]. Dans un poème écrit en 1907 peu avant sa dernière hospitalisation, à l’occasion du 50e anniversaire de Sabrina, son épouse, Schreber écrit : « Ce que nous réserve l’avenir, nous l’ignorons au soir de notre vie, s’il fallait que rien ne demeure de ce que nous avons désiré qu’une chose au moins résiste au temps garde moi ton “amour ancien” comme je t’ai fidèlement dédié le mien. » Pour Schreber, l’intensité des phénomènes qu’il décrit avec une minutie scientifique, l’érotomanie divine, l’éviration, les hallucinations, les effets sur le corps prennent le devant du lien amoureux et y font écran. Ce magistrat se défend d’avoir envisagé sereinement le divorce, mais comprend « combien elle [sa femme] est devenue profondément malheureuse de par [sa] maladie, de par la dissolution de fait, de leur union » [21]... L’épouse est placée comme figure surmoïque à propos du meurtre d’âmes : « N’avez-vous pas honte ? Entendez : devant madame votre épouse [22]. »

16Ce cas illustre les effets ravageant de la décompensation psychotique chez ce haut magistrat qui décédera à l’asile après une troisième hospitalisation (1907-1911), la perplexité de son épouse qui songe à divorcer, les enjeux financiers, et l’alliance, la confiance accordée au Pr Fleschig, le premier psychiatre consulté.

Virginia Woolf

17Le récit de sa vie permet avec la lecture de ses ouvrages et d’extraits de son journal de saisir combien le lien à son mari Léonard Wolf, qui l’a rencontrée alors qu’elle avait déjà présenté des épisodes dépressifs a permis une relative stabilisation et de maintenir vivant le processus de création littéraire, une nécessité absolue, toujours produit dans la souffrance de la lutte entre raison et folie. V. Woolf acceptera de son mari qu’il soit un soignant, un tuteur, un thérapeute auxiliaire rigide dans les consignes hygiéno-diététiques qu’il édicte, ce qui contraste avec la complaisance quant aux liaisons homosexuelles de celle qu’il protège et contrôle. Une de ses biographes, A. Lemasson [13], pose avec justesse la question de la cause de cet homme « dont on peut se demander si le rêve secret n’était pas de se consacrer entièrement à son épouse, au service de quelle jouissance » ? V. Forrester [6], dans un travail récent sur l’écrivain, apporte des précisions sur le creuset intellectuel et artistique qu’a constitué le groupe de Bloombury, dont V. Wolf était une personnalité marquante. V. Forrester s’attache à décrire avec finesse la nature ambivalentielle, complémentaire, des liens entre Virginia et son mari, Léonard, en insistant sur les rapports à sa judaïté dans cette période de montée du fascisme. Le premier tiers du livre consiste en une critique sévère des figures paternelles, L. Stephen, le père de Virginia, et Léonard, le mari, avec son caractère opportuniste, rigide et répressif. L’auteur insiste sur les interdits que le mari a posés, en particulier de la maternité et sur les exigences, ces principes hygiénistes édictés dans la vie quotidienne qui anticipent le cadre de l’éducation thérapeutique telle qu’elle est formalisée aujourd’hui chez les patients bipolaires. Cette double disqualification sert la thèse principale du livre : la maladie de Virginia est une construction de ses proches en particulier de son mari ; elle lui sert à justifier son emprise. V. Forrester résume l’affection mentale à quelques crises dépressives qui surviennent en réaction à des traumatismes affectifs ! Cet a-priori, qui recèle une idéologie féministe et antipsychiatrique dénie le témoignage et l’apport clinique de V. Wolf. L’écrivain, dans son journal, ses lettres ne doutait pas du caractère mélancolique de ses accès, de l’utilité de l’appui apporté par son mari, de l’écriture et de la nécessaire reconnaissance de ses proches pour ne pas sombrer dans la folie et le suicide. La logique de l’acte et son modus operandi étaient inscrits en filigrane depuis longtemps dans l’œuvre. On rencontre de tels renoncements, effacement de soi au service d’un conjoint malade dans nos suivis. À côté des partenaires qui fuient dès la déclaration de la maladie, il y a ceux qui assument une posture de « saints laïques », thérapeutes auxiliaires, trouvant là un rôle, une utilité, un sens à leur vie ? Cette position de compassion peut receler une emprise sur l’autre au nom de la bienveillance. Se rapproche de ce cas de figure la partenaire de John Nash, Alicia, qui a rencontré et épousé ce scientifique alors qu’il était déjà malade : la schizophrénie paranoïde du futur Prix Nobel d’économie la mettra sévèrement à l’épreuve de son désir [14].

James Joyce

18Nora, son épouse, accompagnera le travail d’écriture, la folie et les exigences de l’écrivain, en particulier dans le domaine sexuel (les traits pervers ont été identifiés par J. Lacan à une père-version) [12], la récurrence des conduites d’alcoolisation massives. À travers cette relation, Joyce a tenté de faire une union absolue du « un » : les rares moments de séparation provoqueront une poussée de paranoïa aiguë avec des idées de jalousie ou un vécu persécutif. Le transfert à Nora est marqué par la massivité des affects et la dépendance à l’objet. Joyce, son être, son œuvre sont indissociables du lien à Nora Bernache, sa condition d’existence [14].

19On constate à l’identique d’autres affections évoluant au long cours, neurologiques, rhumatologiques, l’absence de symétrie hommes-femmes. Le repli d’une épouse sur une position maternelle n’est pas calqué sur la place qu’occupe une femme pour un homme, d’abord objet de désir.

20Dans cette évocation trouve sa place le couple formé par Clara et Robert Schumann [16] ; ce dernier compositeur était maniaco-dépressif. Les périodes de marasme dépressif contemporaines d’un appauvrissement de sa production musicale justifieront plusieurs hospitalisations en clinique. Clara soutiendra avec dévouement et passion son mari, sa vie durant, au prix de sacrifier sa propre création musicale et sa pratique de pianiste virtuose. Elle consacrera après le suicide de R. Schumann, son temps et son énergie à le faire connaître et reconnaître.

21Dans chacun de cas précités, on note le travail de création, la fonction de l’écrit, la fonction protectrice du partenaire comme ancrage dans la réalité. Le lien stabilisant qui en découle est à souligner.

Zelda et Scott Fitzgerald

22Les tensions rencontrées au sein du couple entrent en résonance avec des situations rencontrées dans notre pratique et s’inscrivent en contradiction avec les témoignages de sollicitude pour le meilleur ou le pire. Deux livres récents [3, 24] ont relaté la nature d’une union marquée par le scandale, le tapage, les excès. Dans l’ouvrage La Dernière Femme, de J.-P. Enthoven [3], Zelda est la sixième des neuf femmes dont l’auteur trace le portrait. « Pourquoi as-tu voulu que je naisse » est le titre de cet essai qui décrit la marche vers la destruction et l’abîme de Zelda, dont est extrait ce paragraphe : « En quelques mois, Zelda va utiliser tout ce qui est à sa portée pour perturber le traître (son mari), elle provoque des voyous dans la rue, oblige Scott à se battre avec eux, se moque de lui dès qu’ils l’assomment, elle se jette dans l’escalier de pierre qui longe la terrasse de la Colombe d’or ; elle détruit le sapin de Noël de sa fille et accuse son mari de la tromper avec Hemingway. Elle lui donnera le coup de grâce en couchant avec un officier français dont les vêtements de coutil blanc lui rappellent ses flirts d’Alabama. » Ce comportement provocateur « pseudo-hystérique », sa pratique forcenée, folle, de la danse révèlent une structure psychotique qui l’amène à une hospitalisation prolongée à l’asile de Higland Hospital d’Asheville, où elle justifiera une alternance d’électrochocs et de cures d’insuline ; Zelda périra en mars 1948 dans l’incendie de cet hôpital [24].

23La mise en perspective de l’amour et de la psychose constitue un domaine qui est à l’origine de nombreuses contributions dans le champ de la littérature dont surréaliste avec l’ouvrage L’Amour fou d’André Breton, la tragédie, la poésie, de l’art en général dont le cinéma. L’amour, la passion à la folie sont des universaux qui ont été mis au travail et ont contribué à faire œuvre au sens culturel du terme.

L’Amour à la folie, un au-delà de l’amour ?

24Dans un ouvrage daté de 1913 et intitulé Les Idéalistes passionnés [2], M. Dide s’intéresse à l’idéalisme de l’amour, de la bonté, de la justice et de la réforme sociale. L’auteur rapporte les différentes théories philosophiques sur l’amour profane et introduit la question du normal et du pathologique.

25« La distinction de Krafft-Ebbing entre les mouvements passionnels physiologiques et les états psychopathiques nous paraît très légitime à partir d’une de démarcation tout au moins théorique entre le normal et l’anormal : cette ligne est formée par la fixité et le caractère envahissant de l’élément passionnel. C’est à notre sens autant l’absence d’élément affectif que son hypertrophie qui est pathologique, c’est certainement à des cas que tout clinicien aura reconnus sous le nom de l’amour effréné : on ne devient fou d’amour que quand on avait un amour de fou. »

26C’est cette idée de démarcation, de franchissement d’une limite qui légitime l’intitulé un « au-delà de l’amour » qui trouve également sa référence dans la structure telle que S. Freud l’a pensée en la tirant du cristal.

27Amour de fou : cette formulation est ambiguë par l’usage du complément d’objet indirect qui signifie aussi bien aimer à la folie, aimer un fou ou être l’expression amoureuse d’un fou. L’étude des rapports de la folie avec l’amour peut s’écrire sous une forme interrogative : amour par folie ou folie par amour ?

Amour, passion et aliénation

28Pour recentrer notre propos, nous reprendrons les critères de la relation passionnelle monomaniaque tels que Dide [2] les a répertoriés.

29« L’idéalisme amoureux est un phénomène distinct, opposé même souvent à l’instinct génital et, en conséquence, il y a lieu d’éviter d’y mêler toutes les manifestations normales ou anormales de cet instinct. Elles ne peuvent être constatées qu’à l’état de phénomènes surajoutés, et le caractère le plus constant de l’idéalisme amoureux est la chasteté. La systématisation se fait d’emblée et se produit dans l’activité affective sous forme d’une inclination qui prend brusquement un caractère de fixité anormale (c’est le caractère exclusif de la passion qui lui donne surtout son cachet pathologique). Un certain degré d’hypertrophie de la personnalité semble nécessaire pour permettre cette systématisation affective ».

30Cette systématisation se rencontre [2] dans :

  • les amours imaginaires des schizophrènes, constructions conformes à leur désir, à leur délire de possession, mais ou l’autre, l’objet support de la projection, n’est pas convoqué ou interpellé en tant que sujet d’où la source de malentendus et de déconvenues (dépit, vengeance) ;
  • les fictions, constructions érotomaniaques qui sont l’objet d’un développement clinique à partir de la filiation : Esquirol, Dide, de Clérambault, Lacan, Perrier, Dalle ;
  • les délires de jalousie ou de préjudice inclus dans les psychoses passionnelles.
Nous retiendrons comme critère de transfert psychotique plus que la fixité, l’exclusivité ou l’intensité de la systématisation liée à l’organisation rigide de la pensée (le postulat), son renversement logique. Passer d’aimer à être aimé suppose la mise en œuvre d’un mécanisme de défense projectif. Le diagnostic différentiel avec Une passion simple, titre de l’ouvrage d’A. Ernaux [4], porte sur la question de la croyance, de la division qui s’oppose à la certitude. Le névrosé passionné peut se sent agi, n’être plus maître de lui-même, il garde, dans ce mouvement d’élation des sens, des sentiments, de son narcissisme, conscience de la dimension douloureuse et impuissante de cette dérive amoureuse. Ne pouvoir vivre ensemble, ne pouvoir être séparés, tel est le dilemme et l’impasse relationnelle passionnelle. Cette question de la passion, de l’amour fou amène à interroger les états mystiques de contemplation, d’extase dans la vie des saints et saintes martyrs. L’amour est dans ce registre édifiant quant aux capacités d’assujettissement, de mortification pour l’amour de Dieu, à savoir aimer Dieu et être aimé de lui ! Le Gelassenheit, « l’abandon de soi », marque à la fois l’idée de la contrainte extrême, de la « servitude volontaire » mais aussi un accès à une liberté infinie.

L’objet de l’amour fou

31Quelles sont la spécificité de l’objet d’une énamoration passionnée, ses traits, ses qualificatifs ? Dans le champ de la névrose notre boussole pour interpréter le choix amoureux comporte le repérage d’une identification à l’objet œdipien ou à son contraire (le désir naît de la transgression, de l’interdit) ; qu’en est-il pour un sujet psychotique ? Le défaut du signifiant de la fonction paternelle, qui permet l’accès au symbolique, peut amener à des choix d’objets non barrés par cet interdit œdipien. C’est ainsi que peuvent être interprétées certaines transgressions sexuelles intrafamiliales. Une observation de M. Georget, tirée du procès Feldtman [10] en témoigne. Y. est jugé comme un père qui a poursuivi des années durant d’une folle assiduité et d’une passion violente l’une de ses filles, au mépris des discours de bon sens de son entourage, d’un pasteur, puis des mises en garde de la justice : ce harcèlement incestueux se conclura par le meurtre de la jeune fille.

32L’objet peut être paré de toutes les vertus, non barré par la division, la castration, ce qui éclaire la massivité et la durabilité de tels transferts. C’est l’idéalisation, la projection et la mégalomanie du moi idéal qui sont aux commandes de ces états. En résulte le choix d’objet d’« homme de bien » (F. Perrier), auréolé de prestige, d’une prestance autant que d’une position sociale élevée, prêtre, médecin, « patron », artiste pour les érotomanes. La position imaginaire d’absolu entraîne des réactions de jalousie, de persécution, de destruction. Ailleurs, l’objet peut être, faute du brillant phallique, ravalé à une pure fonction, à un objet partiel interchangeable dans le « pousse à la perversion » rencontré dans certaines psychoses.

33Nous retrouvons une conjonction de l’amour fou dans le phénomène sectaire ou le sujet paranoïaque le plus souvent, parfois pervers induit une relation de dépendance passionnelle et d’assujettissement, tentative folle de faire du lien social ou du moins communauté. Des paraphrènes ont pu occuper cette place d’exception, de leader, de gourou tel Rael...

34La position de soumission du sujet psychotique au regard de l’autre éclaire la posture de victime de violences, elle peut les amener à se faire objet de jouissance de l’autre homo ou hétérosexuel voit être en position de prostitution. Cette place peut relever d’une logique délirante, d’être la femme de tous les hommes ou de se donner pour quasiment rien en échange.

35Le choix d’objet peut être cerné par la question du genre... Nous faisons ici référence aux travaux de Freud sur le choix d’objet de nature homosexuelle dans la paranoïa [9]. Pour J. Lacan, il ne s’agit pas d’une homosexualité latente mais d’un mécanisme d’éviration de « pousse à la femme » [12], qui opère de façon exemplaire chez Schreber.

Les conditions de déclenchement de l’amour fou

36La « cristallisation », pour reprendre la métaphore de Stendhal [23], comporte un arrêt sur image qui ne correspond pas comme chez le névrosé à une rencontre, le coup de foudre, qui actionne le fantasme, le désir inconscient... Les éléments opérateurs chez le sujet psychotique sont les objets partiels délimités par Freud, dont la voix et le regard : le regard, c’est littéralement l’intuition, l’intelligence au sens premier de relier des données ensemble pour aboutir à une compréhension immédiate et durable. C’est dans ce moment de bascule que surgit l’excès de sens, la « perte de la catégorie de la contingence » (G. Lantéri-Laura) qui sont constitutifs de la paranoïa.

37B. Dalle [1] reprend un cas d’érotomanie qui éclaire les conditions d’émergence de cette réalité délirante : « La révélation est auditive comme le décrit Guy Rosolato à propos d’un homme de quarante ans qui, écoutant un concert, comprend brusquement que la pianiste inconnue joue pour lui et lui dit son amour : révélation assez explosive pour provoquer bientôt un internement. Il supporte vaillamment l’épreuve, joue même d’un violon qui grince pour se faire entendre de son objet “grâce à certaines inflexions qu’il sait donner à ses phrases en bordant parfois des ‘croix’, parfois des ‘couronnes musicales.’ Observation qui met en relief la fonction des ondes (radio, télévision, téléphone) comme moyen de transmission du message affectif.” » Cette mauvaise rencontre au sens ou elle provoque l’irruption délirante est-elle aléatoire ou prédéterminée ?

Amour, psychose et lien social

38Cette contribution sur la nature de la rencontre amoureuse chez le sujet psychotique comporte un rappel de la place éminente des partenaires et de la nature des liens tissés dans les conditions même de l’existence et le devenir de l’être psychotique, de la maladie et de son destin : stabilisation, déclenchement, trajectoire de la vie, trajectoire de soin. Pour un sujet psychotique le lien amoureux est le premier, au sens de prééminent, lien social et ce sujet peut y achopper dans sa réalisation (rencontre, nomination, fonction de père) ou dans sa destitution (abandon, laisser en plan) qui est tout autant source de ravage. Ailleurs une rencontre est à même d’avoir des effets de pacification, servir de « suppléance » (J. Lacan). Les effets peuvent être surprenants coïncidant avec l’abrasion du délire, des troubles du comportement.

39Quelles incidences ont les liens amoureux sur les manifestations psychotiques ? Pour les sujets suivis en psychiatrie, population qui ne recouvre pas les sujets psychotiques, une majorité d’entre eux, restés célibataires, divorcés sont domiciliés chez leurs parents ou séjournent seuls dans des conditions précaires. Ces patients vivent plus rarement en couple, avec un partenaire névrosé ou psychotique, configuration assez fréquente liée à une rencontre dans nos structures de soins et amplifiée par la stigmatisation ambiante.

40Être en position de conjoint d’un sujet psychotique décompensé et accompagner, voire partager l’aventure de la maladie amène à s’inscrire dans un lien d’intimité parfois préservé, le plus souvent envahi, mis à mal par le délire, les projections hostiles, les interprétations, la massivité du transfert et des attentes souvent démesurées. La volonté de faire du « tout » suppose un effacement de l’autre. La clinique oscille entre les manifestations bruyantes, spectaculaires, inquiétantes et l’indifférence, le repli hypocondriaque et narcissique ou l’autre n’a plus sa place. Le lien au corps, aux objets, aux autres en place d’idéal ou de persécuteur, au corps social est affecté chez ces sujets. La maladie mentale se manifeste dans les liens affectifs avec les proches et les passages à l’acte se développent d’abord dans la sphère intrafamiliale. Les crises survenues au domicile, l’insécurité affective, la crainte du passage à l’acte mettent à l’épreuve les proches.

41Autant d’histoires individuelles et familiales marquées par des ruptures, de la souffrance, de la jouissance, et de la dépendance à l’objet. La séparation est une menace qui peut entraîner le déclenchement de la maladie et des réactions médico-légales chez un sujet psychotique perçu jusque-là comme normal voire « hyper normal » dans ses relations conjugales et parentales.

42On observe une modification des relations entre conjoints, famille et soignants favorisée par les groupes de rencontres et d’échange mis en place à l’initiative de l’Unafam et par la prise de conscience de cette fonction d’étayage qu’assument les proches, élément déterminant dans le projet de réinsertion ou son maintien.

43En termes de paternité, de maternité, nous ne ferons que rappeler les réponses possibles depuis des attitudes répressives de contraception ou d’IVG imposées à titre thérapeutique qu’il nous a été donné d’observer, à une tolérance, un accompagnement possibles. Pour les patients psychotiques les plus jeunes, en particulier schizophrènes, le lien amoureux, la sexualité amènent à des questions délicates pour la famille, les équipes principalement en terme d’accès à la paternité, à la maternité. Le projet d’avoir un partenaire, de fonder une famille émerge de façon prioritaire dans les groupes de parole de patients comme une volonté d’affirmation de soi, un désir d’accéder à la norme sociale, posée comme un équivalent de rémission, de guérison. La prise en compte de leur parole et celle de leurs proches dans un projet participatif sont inscrites dans la démocratie sanitaire appuyée sur la loi du 4 mars 2002. On est passé du patient objet de soins au sujet du soin, ce qui n’équivaut pas à un sujet demandeur de soins !

Conclusion

44Ce parcours de l’amour dans les psychoses démontre que le sujet psychotique est sujet à l’amour. Il lui permet dans des situations ordinaires une stabilisation. Dans d’autres occurrences l’amour dans sa version passionnelle, d’interprétation délirante comporte des risques. L’amour, c’est aussi le support du transfert dans lequel le thérapeute se fait partenaire du sujet. L’insertion des patients dans la cité, grâce à la politique de secteur, amène à prendre en considération à côté de données psychiatriques, sociales, le versant affectif, amoureux, de leur existence.

45Conflits d’intérêts : aucuns.

Références

  • 1
    Dalle B. Quelques notes sur la dynamique transférentielle dans le champ érotomaniaque. Nervure 1988 ; 5 : 42.
  • 2
    Dide M. Les Idéalistes passionnés. Paris : Alcan, 1913, p. 16, 58.
  • 3
    Enthoven JP. La Dernière Femme. Paris : Grasset, 2006, p. 220.
  • 4
    Ernaux A. Passion simple. Paris : Gallimard, 1992.
  • 5
    Ey H. « Groupe des schizophrénies – Description clinique de la forme typique ». In : Encyclopédie médico-chirurgicale psychiatrie. Paris, 37282 A10, 1955, p. 10.
  • 6
    Forrester V. Virginia Woolf. Paris : Albin Michel, 2009, p. 347.
  • 7
    Freud S. Dualisme des instincts de vie et des instincts de mort. Essais de psychanalyse. Paris : Payot, 1972, p. 55-77.
  • 8
    Freud S. Lettres à Wilhelm Fliess. Manuscrit (H) paranoïa. Paris : PUF, 2006, p. 145.
  • 9
    Freud S. « Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa ». In : Cinq psychanalyses. Paris : PUF, 1980, p. 31.
  • 10
    Georget E. Examen médical des procès criminels des nommés Léger, Feldtman, Lecouffe. Paris : Migneret, 1825, p. 17-22.
  • 11
    Jovelet G. L’acte en psychiatrie aujourd’hui. L’Information psychiatrique 2006 ; 82 : 105-19.
  • 12
    Lacan J. « Joyce était-il fou ? ». In : Le Séminaire, Livre XXIII, « Le Sintome ». Paris : Seuil, 2005, p. 77-89.
  • 13
    Lemasson A. Virginia Woolf. Paris : Gallimard, 2005, p. 143.
  • 14
    Maddox B. Nora, la vérité sur les rapports de Nora et James Joyce. Paris : Albin Michel, 1988, p. 560.
  • 15
    Nasar S. Un cerveau d’exception. De la schizophrénie au prix Nobel. Paris : Calmann-Levy, 2000, p. 538.
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    Samuel C. Clara S. La force d’une passion. Paris : Flammarion, 2006, p. 417.
  • 17
    Schreber DP. Mémoires d’un névropathe. Paris : Seuil, 1975, p. 45.
  • 18
    Ibid., p. 45.
  • 19
    Ibid., p. 51.
  • 20
    Ibid., p. 152 (note 76).
  • 21
    Ibid., p. 336-337.
  • 22
    Ibid., p. 249 (note 114).
  • 23
    Stendhal. De l’amour. Paris : Gallimard, 1980, p. 31.
  • 24
    Taylor K. Zelda et Scott Fitzgerald : les années vingt jusqu’à la folie. Paris : Littérature Autrement, 2003, p. 485.

Mots-clés éditeurs : revue de la littérature, lien social, passion, rapport sexuel, psychose, désir, transfert, érotomanie, conjoint, équipe soignante, pulsion, amour, harcèlement sexuel

Date de mise en ligne : 15/11/2012

https://doi.org/10.1684/ipe.2010.0672

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