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Article de revue

Comorbidité - schizophrénie - tabagisme : caractéristiques épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques

Pages 171 à 179

Introduction

1Les patients schizophrènes forment une population non seulement majoritairement tabagique mais aussi plus dépendante que la moyenne de la population générale.

2La nicotine est le produit psycho-actif responsable du phénomène de dépendance tabagique, dans l’interaction avec les psychotropes, dans la participation des co-addictions (alcool et cannabis, voire café), dans l’acuité des symptômes cliniques et dans un éventuel état anxio-dépressif associé.

3Le tabagisme longtemps toléré et sous estimé est sous traité par les soignants. L’institution psychiatrique n’est pas encore garante à ce jour d’une efficacité complète sur le tabagisme actif de ses patients.

Aspects épidémiologiques

4Dans une méta-analyse de 42 études sur la consommation de tabac dans des populations de patients schizophrènes, la fréquence de la consommation de tabac variait entre 55 et 95 % sur la vie entière [6, 20] et 22 % des fumeurs ont des troubles psychiatriques contre 12 % des non-fumeurs [9]. Cette méta-analyse a porté sur 7 593 patients schizophrènes de 20 pays, dont 1 812 patients hospitalisés (13 études), 4 515 patients suivis en ambulatoire (25 études) et 1 266 patients inclus dans quatre études d’évaluation mixtes, intra et extrahospitalière.

5Les études menées par De Léon, dans un hôpital en Pennsylvanie, arrivent à des conclusions similaires avec une prévalence du tabagisme de 85 % chez les schizophrènes [16].

6Des études réalisées en France, notamment celles menées par Poirier sur des patients souffrant de troubles psychiatriques, hospitalisés ou non, démontrent que 66 % des schizophrènes sont fumeurs. La prévalence du tabagisme était supérieure chez les patients souffrant de schizophrénie paranoïde ou désorganisée que dans la population générale [4, 5, 49].

7D’autres études de prévalence au Canada, en Écosse et en Espagne ont trouvé des résultats variant entre 50 et 90 % [22, 42].

8Dans les pays orientaux, la prévalence du tabagisme dans la schizophrénie tend à se rapprocher de celle retrouvée dans la population générale locale. En Turquie, une étude démontre que 50 % des patients schizophrènes suivis dans une clinique de psychiatrie fument plus de cigarettes comparativement à 43 % de la population générale, différence statistiquement non significative [56].

9Une étude menée en Inde, seulement 38 % des 286 patients schizophrènes non hospitalisés vivant dans une région urbaine se sont avérés être fumeurs, ce qui porte les auteurs à croire que les liens entre le tabagisme et la schizophrénie ne sont pas que d’ordre biologique. Des éléments socioculturels, économiques et génétiques pourraient également avoir un rôle à jouer dans cette co-occurrence [55].

10Une autre étude réalisée en 1996 à Taïwan incluant 257 patients schizophrènes hospitalisés, trouve une prévalence de tabagisme de 62 % chez les hommes et de 5 % chez les femmes [38].

11Au Japon, la prévalence du tabagisme chez les schizophrènes est sensiblement la même que celle observée dans la population générale [46]. Des aspects pharmacogénétiques et ethniques pourraient en partie expliquer les différences observées dans ces dernières études [12].

12D’après Dalack [14], les patients schizophrènes présentent certains facteurs de risque prédisposant au tabagisme, parmi lesquels le jeune âge, le début précoce de la maladie, un nombre élevé d’hospitalisations, des doses élevées de neuroleptiques (correspondant à des formes cliniques sévères).

13Les patients schizophrènes fument beaucoup, en moyenne 22 à 27 cigarettes par jour [41, 42, 60], 29 à 46 % d’entre eux fument plus de 30 cigarettes par jour, contre 6 à 29 % dans des populations contrôles.

14Dans une étude française récente, l’âge moyen des patients schizophrènes non-fumeurs était plus élevé que celui des fumeurs (38 ans contre 32 ans), 90 % des patients avaient commencé à fumer avant le début des troubles psychiatriques, notamment avant de recevoir des traitements neuroleptiques, ce qui amène à la conclusion que le tabagisme actif pouvait être un marqueur neuro-développemental de la maladie et pouvait également constituer un facteur de vulnérabilité pour la schizophrénie [18, 20].

15La schizophrénie semble accroître le risque de devenir fumeur, voire fumeur dépendant [16] et la consommation de tabac est de 71 % chez les hommes schizophrènes et de 44 % chez les femmes.

16Les fumeurs schizophréniques extraient plus de nicotine de chaque cigarette fumée par différentes techniques d’inhalation comme serrer le filtre avec les lèvres ou les doigts, garder l’inhalation profondément plus longtemps, fumer la cigarette jusqu’au mégot et prendre plus de bouffées sur chaque cigarette et ont de ce fait des taux sanguins de nicotine et de cotinine sanguine ainsi que des concentrations urinaires de cotinine plus élevées à consommation de tabac équivalente [19].

17La dépendance tabagique, évaluée par l’échelle de Fagerström, est sévère dans cette population, avec un score moyen de 6 à 7 selon les études.

18Les particularités du tabagisme chez les schizophrènes sont regroupées par la combinaison de trois facteurs [37] :

  • la difficulté du sevrage tabagique est majorée par la présence de la maladie ;
  • la schizophrénie peut elle-même favoriser la dépendance chez les patients ayant commencé à fumer après le début des symptômes ;
  • l’âge de début du tabagisme est plus précoce, dès l’adolescence chez les patients schizophrènes que dans la population générale.
L’hospitalisation (a fortiori de longue durée) constitue un facteur d’augmentation du tabagisme [7].

19Paradoxalement, Zammit constate, sur un échantillon de 50 000 sujets, que les gros fumeurs seraient moins à risque de développer une schizophrénie et que la nicotine posséderait des effets neuroprotecteurs [61].

Tabagisme et co-addictions

20La fréquence des co-addictions chez les schizophrènes est plus élevée que dans la population générale. Les influences des substances psycho-actives mises en jeu ne sont pas négligeables, et peuvent grever à la fois le pronostic global et les chances de sevrage.

21Par ailleurs, le rapport particulier entre tout type d’addiction et psychose impose de ne pas se limiter à la seule dépendance à la nicotine [30].

2270 % des sujets schizophrènes sont dépendants au tabac et 50 % sont dépendants à l’alcool ou à des drogues illicites. Aux États-Unis, la consommation de cannabis est 5 fois plus élevée chez les schizophrènes que dans la population générale et la consommation de cocaïne 13 fois plus élevée. De plus, cette consommation est plus importante dans la pathologie schizophrénique que dans d’autres troubles mentaux [15].

23Une autre étude américaine [14], portant sur 231 patients schizophrènes issus d’un échantillon de 18 000 personnes, ne met pas en évidence un lien entre l’abus de substances spécifiques et les symptômes cliniques spécifiques, mais suggère un lien plus global entre l’abus de substances et la discordance affective.

24Cette prédisposition globale de l’addiction chez les patients psychotiques se retrouve également dans l’étude de personnalité de Van Ammers [57] portant sur 28 patients schizophrènes, qui met en évidence une corrélation significative entre le trait de personnalité « recherche de sensation » et les consommations actuelles de caféine et nicotine.

25Dans une étude récente [20], 60 % des patients fumeurs réguliers avaient présenté aussi un abus/dépendance d’alcool ou de drogue sur la vie entière, principalement au cannabis, contre 19 % des non-fumeurs. Dans cette même étude, 91 % des patients schizophrènes masculins présentant un abus d’alcool, du cannabis et du tabac contre 62 % des patients sans abus ou dépendance et 75 % des patientes schizophrènes présentant un abus d’alcool, de drogue ou de tabac sur la vie contre 38 % de patientes sans abus ou dépendance.

26Plus de la moitié des hommes qui boivent un apéritif tous les jours fument plus de dix cigarettes par jour, contre 35 % pour l’ensemble de la population masculine.

27Plusieurs études ont montré une corrélation fortement positive entre ces deux consommations dans la population générale. Ainsi l’alcoolisme serait 10 fois plus fréquent chez les fumeurs que les non-fumeurs, et le tabagisme 2 fois plus fréquent chez les alcooliques que les buveurs occasionnels.

28La consommation de tabac et alcool serait responsable de plus de 20 % de la mortalité globale.

29D’après le Credes, 13 % des patients hospitalisés souffrent d’alcoolisme et 10 % pour qui l’alcoolisme est un facteur de risque, de même le tabagisme est un facteur de risque pour 16 % des hospitalisés et 6 % cumulent les deux risques [27].

Les facteurs favorisant la consommation de tabac

L’automédication

30On pensait autrefois que les patients schizophrènes fumaient surtout par ennui ou en raison de l’absence de conditions de vie stimulantes, plusieurs auteurs pensent que la consommation de tabac était une forme d’automédication, en particulier des symptômes cognitifs de la schizophrénie, en favorisant la transmission glutamatergique et dopaminergique au niveau du cortex préfrontal [1, 51].

31Le tabac atténuerait certains effets indésirables extra pyramidaux et cognitifs induits par les neuroleptiques [20]. Ainsi, Mc Evoy a montré que l’instauration d’un traitement par halopéridol est suivie d’une augmentation de la consommation de tabac [43]. Néanmoins, d’autres ont souligné que la consommation de tabac débutait dans 90 % des cas avant l’instauration des traitements médicamenteux.

32Pour Dalack [14], les patients schizophrènes auraient un déficit primaire en récepteurs nicotinérgiques ; la nicotine aurait ainsi une action, par sa stimulation des processus attentionnels, sur les symptômes négatifs de la maladie, reliés à une hypoactivité du système dopaminergique dans le cortex préfrontal.

Facteurs génétiques

33Certains auteurs ont suggéré l’influence de facteurs génétiques de vulnérabilité communs à la dépendance au tabac et à la schizophrénie [11, 31].

34Dans les familles de schizophrènes, la fréquence des fumeurs est plus élevée chez les apparentés de patients schizophrènes, 83.3 % dans l’étude de Lyons et al. [39]. La fréquence des fumeurs est de 87,5 % chez les jumeaux sains de patients schizophrènes.

35Freedman décrit une anomalie génétique sur le locus du gène codant le récepteur nicotinique alpha-7 situé sur le chromosome 15. Ce récepteur est associé à la diminution de l’inhalation de l’onde P50 chez les patients schizophrènes et certains nombres de leur famille, qui témoigne des troubles de l’attention retrouvés dans cette population et transitoirement corrigés par la nicotine [23].

36Une étude néerlandaise sur 1 600 paires de jumeaux retrouve que, dans l’initiation des comportements tabagiques chez les adolescents, les variations interindividuelles peuvent être attribuées dans 59 % des cas aux facteurs environnementaux et dans 31 % des cas aux facteurs génétiques [7].

Facteurs de personnalité

37Plusieurs études en population générale ont montré que certains traits de personnalité favorisent la consommation de tabac, en particulier la recherche de sensation, la recherche de nouveauté et l’impulsivité.

38Les patients schizophrènes fumeurs ont des scores plus élevés que les patients non-fumeurs à l’échelle de recherche de sensation de Zuckerman, en particulier la sous-échelle de désinhibition [21]. Ils ont également des scores de recherche de nouveauté plus élevés sur le Tridimensional Personality Questionnaire [58]. En revanche l’impulsivité ne semble pas favoriser la consommation de tabac, comme c’est le cas pour l’abus d’alcool, de cannabis et d’autres drogues dans cette population [18].

Facteurs culturels

39L’influence prédominante de facteurs biologiques est suggérée par le fait que la fréquence élevée de la comorbidité schizophrénie/tabac est retrouvée dans plusieurs cultures. Cependant, la fréquence des fumeurs schizophrènes en Inde et au Japon, comparable à celle retrouvée en population générale, souligne l’influence de facteurs culturels [46, 55].

40Le rôle des facteurs culturels serait lié à l’initiation de la consommation de tabac, moins répandue dans certains pays, en particulier chez les femmes. Les restrictions de tabac liées aux conditions économiques et aux coutumes des familles semblent particulièrement prédominantes en Inde.

Aspects neurobiologiques

41La nicotine joue un rôle important chez les fumeurs en modulant la transmission de la dopamine et du glutamate dans le système nerveux central. En activant directement les récepteurs cholinergiques nicotiniques situés sur des neurones dopaminergiques, la nicotine augmente la libération et le turnover de dopamine dans le système méso-limbique. Après une utilisation chronique de la nicotine, les récepteurs nicotiniques se désensibilisent [13].

42La nicotine peut aussi stimuler les neurones glutamatergiques dans le cortex préfrontal, ce qui a pour effet d’augmenter l’activité de la dopamine et du glutamate dans les ganglions de la base [61]. Certaines composantes de la fumée de tabac peuvent également augmenter l’activité de la dopamine en inhibant la monoamine oxydase de type B, enzyme responsable de sa dégradation. Une diminution de près de 40 % de l’activité de cette enzyme a été notée dans le cerveau de schizophrènes fumeurs.

43L’activation des récepteurs cholinergiques du noyau pédonculo-pontin (NPP) par la nicotine augmente le taux de dopamine dans l’ATV, ce qui contribue aux effets renforçateurs de cette substance. L’activation chronique des neurones cholinergiques peut également se traduire par une sur-activation des neurones dopaminergiques et augmenter ainsi les symptômes positifs de la schizophrénie. De plus, l’activation du thalamus, toujours par les mêmes neurones, peut contribuer à la désorganisation de la pensée observée chez les sujets schizophrènes [62].

44Les récepteurs cholinergiques jouent un rôle important dans les fonctions cognitives. Les récepteurs nicotiniques alpha-4 bêta-2 seraient impliqués dans l’attention alors que les alpa-7 seraient impliqués dans le traitement d’informations sensorielles.

45Un lien entre le récepteur alpa-7 et le déficit sensoriel auditif observé chez les schizophrènes et chez les membres de leur famille immédiate a été établi. Ce déficit est corrigé par l’administration de nicotine [1, 38].

Impact sanitaire du tabagisme

Mortalité

46La consommation de tabac est un facteur de mortalité prématurée chez les patients schizophrènes.

47Aux États-Unis, l’espérance de vie des patients schizophrènes est de 61 ans chez les hommes et de 65 ans chez les femmes contre 76 ans en population générale [20, 29].

48Par rapport à la population générale, la mortalité prématurée chez ces sujets par suicide est dix à 20 fois supérieure. Elle est aussi 6 fois plus élevée suite aux troubles cardio-vasculaires et 5 fois plus élevée par affection respiratoire [60].

Troubles cardio-vasculaires

49La consommation de tabac augmente en effet les phénomènes inflammatoires, de thrombose, d’oxydation du LDL cholestérol et de stress oxydatif qui augmentent le risque de survenue des coronaropathies et d’infarctus du myocarde [3, 20] La consommation de tabac augmente également la consommation d’oxygène par le muscle cardiaque.

50L’étude CATIE a retrouvé un risque de survenue de maladie coronarienne dans les dix ans de 9,4 % chez les hommes contre 7 % chez les sujets témoins et de 6,3 % chez les femmes contre 4,2 %, cette augmentation du risque coronarien étant pour une grande part liée au tabac [28].

51Le risque cardiovasculaire est aggravé par d’autres facteurs de risque également plus fréquents chez les patients schizophrènes, en particulier les troubles de la glycorégulation, les troubles du métabolisme lipidique, l’obésité et la sédentarité [29, 31].

Troubles respiratoires

52Dans une étude sud-israélienne, la fréquence de la broncho-pneumopathie chronique obstructive chez les malades mentaux sévères est de 22,6 %, celle des bronchites chroniques de 9,71 % contre 6,1 % en population générale et celle de l’emphysème de 7,9 % contre 1,5 % en population générale [33].

Cancers

53Certaines études, en particulier danoises, ont retrouvé une fréquence des cancers liés au tabac légèrement plus faible chez les patients schizophrènes qu’en population générale, en particulier les cancers pulmonaires, laryngés et buccaux, y compris chez les patients les plus âgés, à l’exception du cancer de l’œsophage plus fréquent chez les patients par rapport aux sujets témoins.

54Cependant, en Finlande la fréquence des cancers pulmonaires et des cancers pharyngés est deux fois plus élevée chez les patients schizophrènes qu’en population générale [40].

55L’interdiction totale de fumer dans les structures de soins danoises pourrait expliquer la diminution des cancers chez les patients dans ce pays.

Symptomatologie psychotique et cognitive

56Dans l’étude de Paktar, les patients fumeurs ont obtenu des scores de symptomatologie négative à l’échelle PANSS plus élevés que les non-fumeurs [48]. La nicotine pourrait diminuer les symptômes négatifs chez les patients schizophrènes en augmentant la libération de la dopamine dans le cortex préfrontal, à l’instar des antipsychotiques atypiques.

57Ziedonis retrouve des scores de symptomatologie négative plus bas et des scores de symptomatologie positive plus élevés chez les fumeurs que les non-fumeurs [62].

58Dans l’étude de Goff, les patients fumeurs obtenaient des scores de symptomatologies négatives et positives plus élevés que les non-fumeurs [27].

59Glassman a souligné les rapports entre consommation de tabac, anxiété et dépression chez les patients non psychotiques [26]. Ces liens n’ont pas été retrouvés chez les patients schizophrènes, sauf dans l’étude de Herran [32] qui retrouve une relation entre niveau d’anxiété et nombre de cigarettes fumées par jour.

60Une autre étude a comparé l’effet de cigarettes avec nicotine à des cigarettes dénicotinisées chez des schizophrènes après une abstinence de 6 à 12 heures. Les symptômes négatifs ont diminué dans les deux groupes, ce qui amène les auteurs à conclure que l’acte de fumer en lui-même ou les composantes de fumée auraient un rôle à jouer dans cette diminution. En revanche, les taux plasmatiques de nicotine et de cotinine n’étaient pas mesurés dans cette étude et on ne peut pas exclure la contribution d’une concentration résiduelle de nicotine [54].

61De nombreuses études ont montré que la nicotine augmentait transitoirement les capacités cognitives des sujets sains, en particulier l’attention et la mémoire de travail [51].

62Des troubles cognitifs peuvent être induits par la médication antipsychotique, comme les déficits de l’apprentissage verbal, de la mémoire déclarative et de l’organisation perceptuelle. Levin et al. ont démontré que la nicotine pouvait réduire des troubles cognitifs induits par l’halopéridol ou par la maladie elle-même chez des patients schizophrènes [37].

63L’abstinence du tabagisme détériore la mémoire de travail visuo-spatial chez les schizophrènes, mais non chez les contrôles [25].

64Un des déficits les plus fréquemment rencontrés chez les patients schizophrènes est l’anomalie des mouvements de poursuite oculaire lente [47, 52]. Cette dysfonction, qui implique tant les fonctions cognitives que motrices, est caractérisée par l’incapacité de traiter l’information sensorielle provenant de la vision d’un objet en mouvement et pouvoir ainsi en suivre la trajectoire. Cette anomalie est à la fois observée chez les patients eux-mêmes ainsi que chez des membres de leur famille immédiate.

65Certains auteurs lient l’amélioration observée après la consommation du tabac à un meilleur traitement de l’information sensorielle [52] ; pour d’autres, c’est le témoin de l’existence de troubles des capacités inhibitrices du cortex préfrontal et de l’action indirecte de la nicotine grâce aux récepteurs GABA. La nicotine à faible dose augmente la transmission du GABA, alors qu’à haute dose elle en diminue la libération [6].

66L’effet de la nicotine sur le système dopaminergique pourrait également expliquer ces améliorations sur le plan cognitif, en augmentant la transmission de dopamine dans des structures impliquées dans l’attention et les mouvements oculaires situées dans le cortex préfrontal.

67L’administration de nicotine améliore également les troubles du traitement de l’information auditive liés à des déficits du filtrage des perceptions auditives, existant chez les patients schizophrènes et chez environs 50 % des membres de leur famille, en particulier les déficits de l’onde P50 retrouvés sur les potentiels évoqués auditifs [1]. La nicotine améliore également les anomalies de la prepulse inhibition, autre témoin des déficits du traitement de l’information auditive retrouvée chez les patients schizophrènes.

68Certains auteurs concluent que le tabagisme est associé avec un traitement central de l’information plus rapide, tel qu’il est reflété par le taux de tapotement du doigt et que l’accélération de certains processus du traitement de l’information pourrait contribuer au haut taux de tabagisme chez les schizophrènes [53].

69Les effets de la consommation de tabac sur la cognition restent cependant modestes et également transitoires en raison de la désensibilisation des récepteurs nicotiniques induite par la dépendance.

Interactions médicaments psychotropes et tabac

70Les patients schizophrènes fumeurs reçoivent des doses plus élevées d’antipsychotiques que les patients non-fumeurs. Certains constituants du tabac, en particulier les hydrocarbones aromatiques polycycliques, accélèrent le métabolisme des antipsychotiques par la voie du cytochrome P450 CYP1A2 [10] ; en conséquence, ils diminuent les taux sanguins, et donc l’efficacité des antipsychotiques métabolisés par cette voie. Des ajustements de la posologie pour la médication antipsychotique sont donc à prévoir lorsqu’un patient débute ou cesse de fumer.

71Plusieurs études ont montré que la consommation de tabac réduisait les effets secondaires extrapyramidaux des traitements neuroleptiques [36]. Ces effets pourraient être liés à la diminution des taux sanguins de neuroleptiques, à l’augmentation de la transmission dopaminergique sous-corticale et/ou à l’action de la nicotine sur les systèmes gabaergiques et glutamatergiques. Ainsi, la nicotine améliorerait la bradykinésie et la rigidité, et dans une moindre mesure, les tremblements chez les patients schizophrènes traités par halopéridol.

72La fréquence des dyskinésies tardives serait plus élevée chez les fumeurs traités par neuroleptiques.

73La consommation de tabac accélère également le métabolisme de la plupart des benzodiazépines et de certains antidépresseurs tels que l’imipramine et la clomipramine.

Le sevrage tabagique

74Le taux d’arrêt du tabac est environ deux fois plus faible chez les patients schizophrènes qu’en population générale.

75Une étude suisse a cependant montré que les motivations à l’arrêt du tabac des patients schizophrènes étaient comparables à celles des sujets contrôles. 20 à 40 % des schizophrènes déclarent vouloir arrêter de fumer [2].

76Les difficultés pour obtenir le sevrage pourraient en fait être liées aux troubles cognitifs existant dans la schizophrénie.

77Les études qui ont retrouvé une aggravation transitoire de certains troubles liés à la schizophrénie après sevrage sont rares et concernaient surtout des troubles de la mémoire de travail [23].

78La plupart des études évaluant la symptomatologie psychotique après administration de patchs ou de bupropion n’ont pas montré d’aggravation de la symptomatologie psychotique après sevrage.

79La période de stabilisation des troubles psychiatriques est le moment opportun pour envisager le sevrage. L’association d’antipsychotiques atypiques au bupropion ou aux dispositifs transdermiques de nicotine facilite le sevrage chez les patients motivés [8].

80En pratique, les faibles motivations au sevrage et les rechutes extrêmement fréquentes nécessitent une prise en charge psychothérapique rapprochée et au long cours.

81Les doses d’antipsychotiques conventionnels et atypiques sont à réévaluer systématiquement après sevrage. En effet, il est fréquent d’observer une augmentation des taux plasmatiques de ces médicaments après l’arrêt de tabac, due à la levée de l’interaction du tabac liée au cytochrome P450 CYP1A2.

82Dans une étude sur 11 patients, le taux plasmatique moyen de clozapine a augmenté de 57 % après l’arrêt du tabac [46].

83La stratégie thérapeutique doit être adaptée à chaque patient : son type de tabagisme, l’intensité de son syndrome de dépendance, sa motivation personnelle, ses co-addictions, ses antécédents psychiatriques et somatiques, son traitement médicamenteux.

84Dans une étude portant sur 45 patients, l’association d’antipsychotiques atypiques et de patchs de nicotine était plus efficace pour réduire la consommation de tabac (56 % de rémission à 12 semaines), que l’association neuroleptique conventionnelle et patchs de nicotine (22 % de rémission à 12 semaines) [24].

85Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer les effets des antipsychotiques atypiques sur la consommation de tabac : ils induiraient moins d’effets extrapyramidaux, ils amélioreraient les symptômes négatifs et les troubles cognitifs de la schizophrénie qui sont eux-mêmes améliorés par la consommation de tabac. Aucune étude à notre connaissance ne fait mention d’un sous-dosage médicamenteux lors de la reprise du tabac au sortir des hospitalisations.

Les traitements adjuvants

86Le traitement de substitution nicotinique, disponible sous forme de dispositifs transdermiques (patchs) ou de gommes à mâcher, consiste à réaliser des apports quotidiens de nicotine à des doses progressivement décroissantes sur plusieurs semaines [24].

87Les taux d’abstinence à 12 semaines après substitution avec des systèmes transdermiques sont cependant plus faibles chez les patients schizophrènes (36-42 %) qu’en population générale (50-70 %) [26].

88Les recommandations de l’Afssaps stipulent que la durée totale du traitement de substitution nicotinique lors d’un sevrage tabagique initial doit être comprise entre 6 semaines et 6 mois selon les patients, le réapprentissage d’une vie sans tabac pouvant être plus long chez les patients schizophrènes que chez les sujets sans pathologie psychotique.

89Lorsque l’arrêt s’avère impossible, une réduction du risque par diminution progressive du nombre de cigarettes peut être obtenue grâce à l’utilisation ponctuelle de substituts nicotiniques oraux (une gomme ou une pastille remplace 1 à 2 cigarettes).

90Une étude préliminaire a montré que 42 % des patients schizophrènes résistent aux traitements habituels de la dépendance à la nicotine en spray après 3 mois de traitement [59].

Bupropion

91C’est un antidépresseur mixte, inhibiteur de la recapture de la noradrénaline et de la dopamine, de structure amphétamine. Il agit par deux voies neuronales, dopaminergique et sérotoninergique.

92Ce produit s’est avéré une thérapeutique adaptée dans le sevrage tabagique, mais avec des résultats modestes et non dénués d’effets secondaires et d’interactions médicamenteuses, il aurait une balance bénéfice-risque défavorable dans le sevrage tabagique [22, 25].

Varénicline

93C’est un agoniste partiel des récepteurs de type nicotinique. Ce médicament serait significativement plus efficace que le Bupropion dans l’aide à l’arrêt du tabac, en termes d’abstention complète entre la 9e et la 12e semaine de traitement et de réduction du besoin impérieux de fumer. Il n’a pas été étudié chez une population de patients psychotiques et n’a pas été noté, en revanche, d’amélioration du service médical rendu (ASMR) [35].

Buspirone

94C’est un médicament anxiolytique à délai d’action prolongé, qui module la transmission sérotoninergique cérébrale par un effet agoniste 5HT1a, et dont l’intérêt par rapport aux benzodiazépines est de ne pas présenter de propriétés sédatives ni addictives.

95Les résultats du traitement par buspirone, contre placebo, dans le sevrage tabagique ont montré un arrêt du tabac chez 90 % des sujets anxieux sous buspirone contre 50 % sous placebo, et chez 66 % des sujets non anxieux sous buspirone contre 86 % sous placebo. La buspirone n’a donc été efficace que chez les sujets ayant un état anxieux préexistant [17].

Prise en charge psychologique

96Le projet thérapeutique de prise en charge du sujet addictif est considéré comme un travail relationnel de longue durée, se déroulant par étapes sur plusieurs années en général.

97Remarquons que fumer s’apprend et se maintient par de nombreux stimuli, internes ou environnementaux et renforcé par des voies physiologiques et/ou psychologiques d’où l’inefficacité de s’en tenir à des mesures restrictives sans motivation personnelle du sujet [34, 45].

98Après une évaluation des stimuli psychologiques et comportementaux du patient, sont établies des stratégies cognitives (gestion des envies, gestion des pensées liées au tabac) et comportementales (situations à haut risque) lui permettant de mener à bien son sevrage et de prévenir les rechutes ultérieures.

99Les entretiens motivationnels, le coping et la prévention de la rechute sont particulièrement utiles en raison notamment des motivations fluctuantes et généralement faibles des patients schizophrènes.

100Les aspects éducatifs sont importants à considérer en raison du peu de connaissance des patients schizophrènes sur les effets du tabac.

101Les patients peuvent être aussi incités à gérer leur temps libre qui est important, fréquemment source d’ennui, favorisant la consommation de tabac : organisation du temps, planification d’activités, entraînement aux habiletés sociales, etc.

102La prévention de la rechute vise à développer le sentiment d’efficacité personnelle et l’identification des situations de rechute, celles-ci étant fréquentes, quasi inéluctables dans les addictions.

Difficultés du sevrage tabagique en psychiatrie

103Une étude britannique auprès de patients institutionnalisés [41], a mis en évidence un désir de sevrage chez 52 % des patients schizophrènes versus 69 % des fumeurs en population générale.

104Les auteurs insistent sur l’importance des modalités du sevrage tabagique chez le patient hospitalisé ; les rechutes sont de 80 % dès la sortie de l’hôpital et de 90 % à 2 mois si on impose le sevrage par les conditions d’hospitalisation et non par un choix personnel. En revanche, lorsque des modalités plus favorables sont réunies (désir personnel de sevrage, accompagnement thérapeutique spécifique), les risques de rechutes s’abaissent à un taux entre 20 à 25 % à 6 mois.

105L’état clinique du patient schizophrène, fumeur hospitalisé, ne permet pas toujours d’aborder la question du tabagisme.

106Enfin, l’accent doit être mis sur le versant institutionnel de cette prise en charge, par la formation de l’équipe soignante, la préparation des patients et la réflexion autour de structures architecturales adaptés [34, 44].

107Le réseau hôpital sans tabac propose des outils de formation spécifiques, notamment une formation intitulée « Aide méthodologique pour un hôpital psychiatrique sans tabac » et une autre sur « l’abord du fumeur en milieu de soins psychiatriques » [50].

Conclusion

108La relation banalisée avec le tabac en psychiatrie et la tolérance du tabagisme des patients psychotiques par rapport à celui de la population générale ont été mises à mal par le durcissement des dispositifs légaux de lutte contre le tabagisme, par l’augmentation régulière stratégique du prix du tabac et par un changement palpable des mentalités collectives et des représentations sociales liées à la cigarette.

109Le tabagisme, très prévalent chez les patients souffrant de schizophrénie, constitue un problème de santé publique important. La diminution de l’espérance de vie constatée chez les patients schizophrènes, en particulier du fait d’affections cardiovasculaires, est en grande partie liée au tabac.

110De nombreuses études plaident pour dire que les patients schizophrènes ont recours au tabac comme une automédication de certaines anomalies cognitives, ce qui explique leurs difficultés à arrêter leur consommation. En revanche, le tabac n’a pas ou peu d’effets sur la symptomatologie positive ou négative de la schizophrénie.

111L’arrêt de la consommation de tabac chez les patients schizophrènes stabilisés est facilité par l’association d’antipsychotiques atypiques, de systèmes transdermiques de nicotine et de bupropion. Les posologies d’antipsychotiques sont à réévaluer systématiquement en raison de l’augmentation des taux plasmatiques après le sevrage.

112Le sevrage tabagique semble donc plus difficile à mettre en place pour les patients schizophrènes, mais ne saurait être une gageure.

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Mots-clés éditeurs : addiction, sevrage thérapeutique, tabagisme, schizophrénie, comorbidité

Date de mise en ligne : 15/11/2012.

https://doi.org/10.1684/ipe.2010.0594

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