Couverture de INPSY_8310

Article de revue

Quand la conquête de la citoyenneté renverse le cycle de la stigmatisation

Pages 807 à 814

Notes

  • [1]
    Praticien attaché en santé mentale, EPSM Lille métropole, secteur 59G21, chargé de mission au Centre collaborateur de l’OMS (Lille, France) pour la recherche et la formation en santé mentale <ccoms@epsm-lille-metropole.fr>
  • [2]
    Président de l’association Nord Mentalités, agréée par la Préfecture de la région Nord-Pas-de-Calais, affiliée Fnapsy (Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie), agréée par le ministère de la Santé, groupe d’entraide mutuelle
  • [3]
    Présidente de l’association Amitié et Partage, affiliée Fnapsy, agréée par le ministère de la Santé, groupe d’entraide mutuelle, administratrice de la Fnapsy
  • [4]
    Principe selon lequel tout être vivant est en capacité de puiser en lui-même et dans son environnement l’énergie dont il a besoin pour créer de l’organisation adaptée à son bon développement.
  • [5]
    Freond, prp.of freogan : to favor, to love. www.etymonline.com/index.php?term=friend.
  • [6]
    En effet, selon Aristote [1], le propre de l’humain est d’être un vivant politique, c’est-à-dire d’abord habitant d’une cité, mais cela ne suffit pas. L’habitant devient citoyen dès lors qu’il est doué d’une parole reconnue au sein de cette cité, c’est-à-dire lorsqu’il participe à la conversation politique. C’est alors qu’il fait preuve de la raison. Pour le philosophe Alain Boyer [3], dans une vision aristotélicienne du monde, être citoyen reviendrait donc à faire preuve de raison.
« Ici il n’y aura pas de malades,, pas d’anormaux, juste des hommes et des femmes fragiles, sans même te comprendre, on t’accepte tel que tu es... un être humain »
Extrait de la charte du groupe d’entraide. La Graine à Bruxelles

Histoire d’une recherche-action

1En octobre 2004, lors de la séance de clôture du CCOMS (Lille, France) pendant laquelle étaient présentés les chiffres de l’enquête Santé mentale en population générale (SMPG) [7], J.-L. Roelandt constatait : « Nous disposons maintenant des chiffres qui démontrent la prégnance des idées reçues dans nos sociétés. Il est temps de mettre en place des moyens concrets pour lutter contre cette stigmatisation ».

2C’est à partir de ce constat que nous avons décidé de monter un groupe de recherche-action ayant pour mission de travailler sur la résilience en santé mentale à partir de témoignages vécus et de coordonner des actions de terrain. Le groupe était composé pour moitié d’usagers ou d’ex-usagers des services de santé mentale et, pour l’autre, d’un groupe pluridisciplinaire de soignants, d’élus et de représentants d’association de familles.

3Nous avons fait appel à Jacques Lecomte, psychologue clinicien et auteur de plusieurs ouvrages sur la résilience [18] pour animer une formation de 3 jours sur la résilience pour le groupe de recherche. À noter que c’était la première fois que l’EPSM Lille métropole, (Armentières) acceptait de financer une formation pour un groupe intégrant des utilisateurs de ses services.

4Pour Jacques Lecomte, la résilience se définit comme un processus non linéaire par lequel une personne ayant vécu un traumatisme va pouvoir mener une vie satisfaisante [18]. Ce concept s’attache à qualifier les ressources qu’une personne a su mobiliser pour rebondir face à l’adversité [8]. Boris Cyrulnik [6] a introduit la notion de tuteur de résilience pour désigner une personne souvent citée comme centrale dans le parcours des personnes. Mais, pour Claude Ethuin [10], il n’en est pas toujours ainsi : « Pour nous, usagers, la notion de tuteur évoque en premier lieu la mesure de protection juridique, qui n’est pas toujours bien vécue. Par ailleurs, dans plusieurs témoignages, comme dans ma propre histoire par exemple, une personne qui a elle-même vécu des chocs dans sa vie peut jouer un rôle très important pour les autres. La résonance entre les expériences vécues pour faire face aux traumatismes crée un lien très particulier entre les gens » [10].

5Il n’est alors plus question d’une relation symétrique où une personne plus solide vient en aide à une autre, soit-disant plus faible, mais d’une relation d’entraide où le lien se fait sur un pied d’égalité. C’est ainsi que le terme de « co-facilitateur de résilience » a été choisi pour désigner ces deux personnes dont la mise en commun des forces et des faiblesses permet l’émergence de la résilience.

Trois niveaux pour entrer dans le cycle de la déstigmatisation

Au niveau individuel

6Nous avons invité les usagers à venir témoigner auprès du groupe de recherche pour comprendre ce qui les avait aidés et ce qui les avait, au contraire, freinés dans leur parcours de résilience.

7Les premiers éléments soulignés étaient souvent des ressentis négatifs que les personnes n’avaient pas eu la possibilité d’exprimer. Géraldine témoigne par exemple : « Toutes les personnes que je rencontrais me regardaient comme une malade : mon médecin, mon pharmacien, mon infirmière. J’avais mon appartement thérapeutique, mes repas thérapeutiques, mes activités thérapeutiques, une belle vie de malade quoi ! » Les usagers du groupe sont en tout cas tombés d’accord sur le fait que, en plus de souffrir de leur trouble psychique, ils souffraient d’énormes préjugés de la société et parfois même du regard des soignants. Pour Claude Ethuin [9] : « Le personnel soignant dans son rôle ne doit pas ajouter de la souffrance dans la maladie afin d’éviter les angoisses ou les chocs émotionnels […] pratiquer des abus de pouvoir, d’autorité sur des patients adultes me paraît intolérable. […] Il ne faut pas dériver par des mesures d’astreinte, de contentions, des humiliations devenant des moyens de dissuasions abusifs. J’ai subi ces désagréments ».

8Puis, au fil du temps, les personnes qui ont été importantes ont été identifiées par les usagers : « une infirmière qui a cru en moi », « un éducateur qui m’a remis sur les rails », « ma famille qui est restée présente et accueillante ». Edouard Février de l’Unafam (Union nationale des amis et familles de malades psychiques) évoquait pour sa part la souffrance et l’incompréhension des parents par rapport aux manifestations de la maladie qui pouvaient être souvent mieux comprise par des personnes ayant vécu les mêmes difficultés.

9Nous avons pu constater que le fait de donner une valeur à ces témoignages créait une synchronie dans le groupe et donnait un élan nouveau. « C’était la première fois qu’on nous demandait d’apporter quelque chose de nous qui pouvait aider » disait par exemple Isabelle. Or c’est la base de l’échange social d’échanger un don contre un contre-don. Notre système a très vite fait d’enfermer quelqu’un dans un rôle d’assisté et de l’exclure ainsi de cette dynamique. Qui aimerait, en effet, être qualifié par des termes comme inadéquats, chroniques ou inadaptés sociaux ? Une personne interrogée lors d’une campagne de déstigmatisation menée par l’association l’Autre regard à Rennes exprimait ainsi son ressenti : « Chaque fait, chaque geste, était toujours suspecté d’être l’expression de la maladie ».

10Pour Roy Muise [20], pair-aidant spécialiste au Canada, le fait de ne pas recevoir de message négatif est plus important, dans le processus de rétablissement, que le fait de recevoir des messages positifs. Comme le dit Dominique, responsable d’un groupe d’entraide mutuelle : « Aider les autres est parfois une façon de s’aider soi-même, plus accessible dans un premier temps ». En effet, nous pensons que la parole des usagers, fondée sur une connaissance « expérientielle », doit être prise en compte à sa juste valeur. Les usagers, reconnus comme des experts d’expérience, peuvent alors prendre la place qui leur revient dans la recherche et la formation en santé mentale et apporter leur contribution à la transformation des services [17].

Au niveau groupal

11« Que de temps perdu ! » a été une phrase souvent entendue de la part des usagers en découvrant les possibilités nouvelles s’ouvrant à eux. En effet, nous avons réalisé des visites d’étude avec un groupe, toujours composé en majorité d’usagers, dans différentes associations d’usagers en France, en Belgique et au Canada.

12Ces voyages ont permis de faire mûrir le désir et la réflexion sur la façon de mettre en place des organisations d’usagers.

13Le lien entre ce que nous avons appris de la résilience et les groupes d’entraide mutuelle s’est fait de lui-même ; nous avons pu notamment expérimenter que l’acceptation inconditionnelle, considérée par Jacques Lecomte [18] comme un élément primordial dans la résilience, se faisait naturellement entre pairs ayant vécu des expériences similaires.

14Nous pensons pouvoir considérer les groupes d’entraide mutuelle (GEM) comme de véritables espaces d’activation de la résilience. En effet, ce type d’organisation est propice à ce que les personnes mobilisent et développent leurs ressources personnelles. Grâce à des créations de projets par et pour les usagers, ces derniers se donnent un cadre éco-organisationnel [4] avec des valeurs qui leur sont propres.

15Le fait d’être reconnu comme faisant parti d’un groupe renforce l’estime de soi. Les usagers se sentent plus forts et ont l’opportunité de parler d’autre chose que de la maladie ; les conséquences de la maladie, si elles se manifestent, sont comprises et acceptées sans jugement, les liens se font différemment que dans une structure thérapeutique, tout le monde est sur le même pied d’égalité. On part d’abord de ce dont les gens ont envie et de ce qu’ils savent faire. Le but premier est de favoriser le bien-être de la personne. En effet, il a été également noté que, le plus souvent, deux personnes en situation de grande souffrance ont plutôt tendance à s’enfoncer au lieu de s’aider.

16Cependant, dans un contexte favorable, des personnes, même très fragiles, peuvent s’entraider car elles sont soutenues et dynamisées par le groupe. Geneviève témoigne : « Au GEM, on m’a appelé par mon prénom, on s’est intéressé à moi, à ce que je pouvais donner. Je savais faire des choses, mais on ne me les avait jamais demandées ». D’emblée, la personne est qualifiée par le groupe, chacun peut être sensible au problème de l’autre sans jamais l’y réduire. Quelque chose de nouveau va pouvoir émerger.

17Le Docteur Paumelle, qui a été l’un des premiers à « dépsychiatriser » des clubs, faisait remarquer que le simple fait de faire appel à des animateurs socioculturels extérieurs à la psychiatrie amenait des comportements nouveaux. Par contre, lorsqu’il a été nécessaire d’employer des membres de l’équipe soignante pour aider au fonctionnement du club, les patients se sont remis à produire des comportements pathologiques.

18Cependant, l’erreur serait de confondre les GEM avec les lieux thérapeutiques. Il nous paraît essentiel, dans une démarche de psychiatrie citoyenne, de différencier deux notions pour lesquels les Anglais utilisent deux mots distincts ! To cure qui veux dire « soigner » et to take care qui se traduit « prendre soin » [4]. Par exemple, si je vais faire du golf avec mes amis, cela me fait du bien et pourtant je n’y vais pas pour me soigner. Je suis dans le care, je prends soin de moi en faisant des choses qui me font du bien. Le « prendre soin » n’est pas tourné vers la guérison mais vers le bien-être. Par ailleurs, si le fait de prendre soin de quelqu’un a bien évidemment des effets thérapeutiques, ce n’est pas forcément son but premier. De nombreux témoignages d’usagers montrent combien le fait de fréquenter un GEM les aide dans leur processus de rétablissement. Marie-Christine Thibaut dit même avec humour : « Le GEM c’est mon médicament ! ».

Au niveau sociétal

19Les GEM permettent aux usagers de prendre une place dans la société en tant qu’adhérents d’une association loi 1901 [11, 12, 17]. Ce faisant, « ils entrent dans le bal de la cité » en y assumant un rôle établi et reconnu. Ainsi, l’association Nord Mentalités a été agréée en 2007 par le préfet du Nord-Pas-de-Calais en ce qui concerne la représentation des usagers en santé mentale dans les instances hospitalières et de santé publique. De ce fait, l’ensemble des citoyens, dont les élus en charge des questions sanitaires et sociales, ont un accès direct aux représentants des usagers. C’est l’esprit de la loi du 4 mars 2002 qui vise à permettre aux usagers concernés directement par un problème médical d’être partie prenante dans les politiques de santé.

20Que ce soit en tant que représentant des usagers, en tant que chercheur expert d’expérience ou en tant qu’adhérents d’un GEM, les usagers reprennent une place de citoyen à part entière dans la société. Ensemble, ils adressent un message fort : « nous sommes capables de nous en sortir et de nous entraider ».

21Ce processus va tendre à inverser le cycle de la stigmatisation aux trois niveaux (figure 1). Les personnes vivant avec un trouble psychique permettent ainsi d’entrer dans un processus win win win trois fois gagnants au niveau du citoyen, au niveau d’une communauté de projet et au niveau de la société [22, 27].

Figure 1

Inverser le cycle de la stigmatisation

Figure 1

Inverser le cycle de la stigmatisation

Les quatre libérations de la psychiatrie moderne

22Le mot liberté vient du latin liberi, liberorum désignant aussi les enfants qui appartenaient à une famille par opposition aux esclaves. Par ailleurs, la même racine fr se retrouve dans les mots libre et ami, en anglais dans free et friend, en allemand dans frei et freund. Cette racine commune vient du vieil anglais freond qui signifie être en faveur de quelqu’un, avoir un lien privilégié avec quelqu’un [5].

23Étymologiquement « être libre », c’est donc « être relié », relié à une famille si l’on se réfère à l’étymologie latine et à des amis si l’on se réfère à l’étymologie anglo-saxonne. À l’inverse, l’absence de liberté est marquée par des liens, mais il s’agit là de ceux de l’esclave ou de ceux plus contemporains du patient contenu. Le mouvement de libération va donc de pair avec le fait de passer d’un état où je suis lié à un état où je suis relié. Libérer quelqu’un sans qu’il soit suffisamment relié serait donc prendre un risque démesuré. Dans cette optique, il est possible de relire l’histoire de la psychiatrie moderne à travers quatre grandes libérations :

  • la libération des corps des fous grâce à Pinel et Pussin fin XVIIIe qui, en enlevant leurs chaînes, en fait des aliénés au nom de valeurs humanistes [23] ;
  • la libération (partielle) de l’esprit des aliénés grâce à la découverte des neuroleptiques dans les années 1950, qui en fait des malades mentaux au nom des neurosciences ;
  • la libération des murs malades mentaux grâce au mouvement antipsychiatrique et à celui de la psychiatrie institutionnelle qui ont inspiré la mise en place de la politique de secteur dans les années 1970. Les malades mentaux deviennent alors des usagers au nom de la continuité des soins [2] ;
  • la libération de la parole des usagers par le mouvement de la psychiatrie citoyenne qui, depuis les années 2000 en France, sous l’impulsion de l’alliance des quatre partenaires soignants-usagers-familles-élus, leur donne une reconnaissance en tant que citoyens à part entière au nom des droits de l’homme [6].
Un des moments fort a été l’année 2001 déclaré par l’OMS, année mondiale de la santé mentale avec le thème « Non à l’exclusion, oui aux soins ». L’année suivante, J.-L. Roelandt remettait au ministère de la Santé un rapport de mission [22, 24] réalisé en partenariat avec l’Unafam et la Fnapsy, La place des usagers et le travail de partenariat dans la cité. Cette reconnaissance nouvelle des associations allait inspirer la loi du 4 mars 2002 apportant de réelles avancées concernant les droits des usagers. Selon Bernard Jolivet, ce mouvement, qui constitue la quatrième révolution contemporaine en psychiatrie, consiste à apprendre de ceux qui jusqu’alors étaient dans la position mutique de l’assisté, mais également à s’ouvrir sur le citoyen lambda qui a son mot à dire dans la cité sur le système de santé mis en place en psychiatrie. Un tournant essentiel est pris en 2005 avec la loi du 11 février instituant notamment les GEM qui constituent, à notre sens, un grand pas en avant dans la psychiatrie citoyenne. En effet, depuis lors, ces associations se sont développées partout en France et la présence des usagers dans les instances décisionnelles, dans la recherche ou dans les congrès, même si elle est encore trop faible, progresse doucement. Il nous paraît important que les usagers-adhérents des GEM puissent se former et prendre leur place dans des rencontres autrefois réservés aux seuls professionnels. Cette libération citoyenne a, au moins, une vingtaine d’années d’avance outre-Atlantique où des programmes innovants ont prouvé, comme nous allons le voir, leur efficacité.

Les pairs-aidants : une révolution copernicienne en psychiatrie

24Standing ovation ! Roy Muise vient de terminer son allocution au congrès de l’AQRP (Association québécoise de réadaptation psychosociale) [20], les 1 000 personnes, dont 350 usagers, sont debout, enthousiastes. Un participant ose : « Si vous continuez comme cela, vous aller changer le monde ! » Roy de répondre : « J’en suis bien incapable, par contre si j’arrive à changer une personne et qu’elle-même change une autre personne, alors peut-être qu’ensemble nous allons changer le monde ! »

25Formé au Département des ressources humaines de Georgie aux Etats-Unis, Roy Muise est embauché par la Self Help Connection, une organisation d’usagers financée par le ministère de la Santé canadien, en tant que pair-aidant spécialiste (certified peer support). Une de ses idées fortes est de croire que le rétablissement est toujours possible, quelle que soit la gravité des troubles. L’espoir est au centre de cette dynamique qui met l’accent sur la possibilité de retrouver un sens positif à sa vie. Ce langage nouveau insuffle un enthousiasme communicatif et ouvre le champ des possibles pour les usagers [14].

26Les pairs-aidants [4] pour les usagers en santé mentale sont des usagers qui accompagnent d’autres usagers dans cette optique, notamment à partir de leur propre expérience de rétablissement. Dans un numéro spécial de la revue Le Partenaire [13], Daniel Gélinas, psycho-éducateur et agent de recherche en psychiatrie sociale à Montréal, rappelle que le mouvement des pairs-aidants commence aux Etats-Unis sous l’impulsion des mouvements d’usagers. En effet, dès 1978, Judi Chamberlin lançait, dans un ouvrage ayant pour titre On your own [5], un appel à ses pairs pour qu’ils se rassemblent pour mettre en place leurs propres services. Un important réseau d’entraide mutuelle s’organise alors aux Etats-Unis réclamant une mise en place de systèmes plus proches des besoins des usagers et la reconnaissance au niveau politique de l’apport des usagers à travers l’entraide mutuelle. La philosophie de ce cadre de référence promeut une dynamique d’empowerment, ce que le J.-L. Roelandt traduit par la réappropriation citoyenne de sa destinée [15], pour sortir de la dépendance, de l’invalidité et de la chronicité trop souvent associées au statut de patient.

Tenir compte des expériences étrangères pour éviter les écueils

27Entre 1986 et 1988, dans le Colorado, dans le cadre du programme Denver [13], des soignants faisant du suivi extrahospitalier forment et intègrent 15 usagers comme intervenants dans leur équipe en tant qu’auxiliaires. Toute l’énergie est alors mise sur la formation des usagers mais l’intégration est mal préparée. Ces derniers décrivent de nombreuses difficultés, dont l’absence de description des taches et une mise à l’écart des usagers qui ne se sont pas sentis reconnus.

28Entre 1991 et 1993, dans le Michigan, le projet Wins [13] consistait à embaucher une vingtaine d’usagers formés en tant que spécialiste de l’entraide entre pairs, en particulier en ce qui concerne l’accompagnement vers l’emploi. Ces derniers avaient pour mission de faire le lien entre les différents organismes pouvant venir en aide aux usagers dans leurs démarches. Ils se situaient comme des « amis conseillers » (conselor-friend), offrant une assistance pour aider les usagers à résoudre leurs différents problèmes.

29Les interviews d’évaluation du projet relatent un bénéfice personnel important au niveau de la confiance en soi chez ceux qui y ont participé. Cependant, les critiques principales émanent de la stigmatisation persistante des usagers dans les milieux de soins. Ceux-ci se sont en effet sentis mal acceptés et parfois dénigrés dans leur rôle par les professionnels. En effet, ils ne bénéficiaient alors que d’un statut d’auxiliaire et donc étaient rémunérés à un niveau de revenu inférieur pour un travail identique à celui des professionnels.

30Ces deux expériences mettent en évidence la nécessité de préparer les équipes, ce qui entraîne des changements organisationnels au sein des services. En effet, si les équipes de soins en santé mentale on fait l’expérience de la pluridisciplinarité en intégrant des travailleurs sociaux, des intervenants artistiques ou des familles d’accueil, il s’agit encore d’autre chose que d’intégrer des usagers eux-mêmes en tant qu’intervenant.

31Le projet Share Pennsylvannie 1995 [26] est une recherche expérimentale rigoureuse qui a visé, pendant 2 ans, à comparer deux équipes de 4 personnes, l’une composée exclusivement d’usagers, l’autre exclusivement de professionnels. Les usagers embauchés devaient répondre à trois critères :

  • avoir reçu un diagnostic défini dans le DSM III ;
  • avoir été hospitalisé au moins 14 jours ou être passé par les urgences psychiatriques au moins 5 fois sur une période d’un an ;
  • bénéficier d’un suivi par une équipe de santé mentale.
L’enquête a révélé qu’il n’y avait pas de différence en ce qui concernait le nombre de contacts établis mais qu’il y avait plus de contacts directs établis à domicile avec les usagers. Par ailleurs, Solomon constatait chez les usagers :
  • une habileté remarquable pour aider les personnes à adhérer à leur traitement ;
  • une aide conséquente dans la restauration d’une identité positive des personnes ;
  • une diminution de la stigmatisation au sein des équipes soignantes.
Au bout de 2 ans l’étude ne retrouve pas de différence significative entre les évolutions des personnes suivies par les deux équipes. Solomon et Draine concluent que les usagers peuvent être considérés comme des partenaires égaux et être embauchés en tant qu’intervenants à part entière. Par ailleurs, il n’a pas été retrouvé davantage de signes de stress ou de détresse psychologique chez les usagers que chez les soignants. Les auteurs insistent sur la nécessité de la non-confusion des rôles : l’usager pair-aidant amène une expertise différente liée à l’expérience de la maladie et du rétablissement. En ce sens, il peut apporter à ses partenaires une vision et une approche différente de la personne en souffrance psychique. Le rôle des pairs-aidants est d’aider des usagers à identifier leurs problèmes et à reprendre le contrôle de leur vie en s’appuyant sur leur force. Le travail avec les professionnels doit se faire avec un grand respect mutuel des compétences de chacun et non dans l’opposition des approches. La complémentarité soignant - pair-aidant peut alors se révéler fructueuse pour les personnes.

État actuel des programmes de pairs-aidants outre-Atlantique

32L’École du bien-être social de l’université du Kansas a mis en place une formation de 45 heures de cours plus 128 heures de stages supervisés donnant accès à un diplôme de spécialiste certifié de l’entraide mutuelle entre pairs. Cette formation s’adresse à des usagers ayant obtenu un niveau d’études secondaires et pouvant justifier d’au moins 2 ans d’expérience au sein de groupes d’entraide. Elle est dispensée par des usagers-formateurs et par des médecins et des travailleurs sociaux. Elle comprend des éléments de droit des usagers, des connaissances de base concernant l’entraide mutuelle, des informations concernant l’organisation des services et les partenariats.

33Les Etats les plus avancés sont la Georgie et la Caroline du Sud où le gouvernement fédéral finance des programmes qui ont permis l’embauche, en 2005, de 350 pairs-aidants travaillant pour moitié dans les centres d’entraide mutuelle et l’autre au sein des équipes de suivi intensif dans le milieu. Les barèmes de rémunération sont les mêmes que ceux des autres employés, en fonction de l’ancienneté. Il s’agit donc d’un nouveau profil de travailleur au sein du système de soin reconnu au même titre que les autres en fonction de sa spécificité.

34Au Canada, en Ontario en 2000, 30 % des équipes de suivi communautaire avaient embauché au moins un pair-aidant. Le premier travailleur pair-aidant a été embauché au Québec en 2005. Le plan d’action ministériel 2005-2010, dénommé « La force des liens » [19], préconise l’embauche d’intervenants pairs-aidants dans 30 % des équipes de suivi intensif et d’intensité variable [14].

Action

35Au retour du Canada nous avons convenu d’élaborer une définition du rétablissement en santé mentale qui rend compte de la dimension positive que recouvre le terme anglais recovery qui n’apparaît pas forcément dans la traduction du mot rétablissement [21].

36Selon nous [16] : « Le rétablissement est la reconquête de territoires perdus à la suite d’un problème de santé mentale et la découverte de ressources personnelles, souvent insoupçonnées, ouvrant de nouveaux horizons ».

37De retour du Canada, nous avons décidé de mettre en place une recherche-action pairs-aidants dans le cadre du programme de recherche du CCOMS (Lille, France). Stéphanie Roucou intégrait alors l’équipe de recherche du CCOMS (Lille France) en tant que chercheur associée et experte d’expérience. Elle choisissait comme thème pour son mémoire de master I d’éducation à la santé sur le thème : La reconnaissance de l’usager en santé mentale : la création d’une formation de pair-aidant [25].

38Lors de l’une des journées de recherche, Antoine Lazarus, professeur de santé publique à l’université de Bobigny, nous a invités à travailler par groupe sur le thème : À partir de votre expérience, que pourriez-vous attendre d’intervenants pairs-aidants ? Voici en résumé les commentaires de chacun des groupes.

Pour le groupe des usagers

39Les pairs-aidants pourraient nous écouter sans jugement d’un point de vue médical ou social, parler d’égal à égal, avec nos mots (sans rapport hiérarchique, ni grandes théories…) et avoir un regard différent de celui du psychiatre. Ils pourraient être des personnes de confiance qui joueraient le rôle de médiateur entre les soignants et nous, introduire plus de souplesse, prendre vraiment le temps de mieux nous connaître. Ils pourraient nous aider à retrouver un sens à notre vie.

Pour le groupe des soignants

40Les pairs-aidants pourraient apporter un regard complémentaire du nôtre sur la personne soignée. Ils pourraient participer à la démarche de soin et à l’orientation de la décision au même titre que les autres personnes ressources, apporter une compétence supplémentaire concernant l’expérience et de la gestion de la maladie. Ils pourraient nous aider à mieux adapter nos interventions aux besoins réels des usagers.

Pour le groupe des responsables d’associations d’usagers

41Les pairs-aidants existent déjà au sein des GEM, mais de façon informelle. Si cela devient un travail, le risque est de perdre la gratuité de l’entraide. Si les pairs-aidants existent, ils ne doivent pas être institutionnalisés, phagocytés par l’hôpital, ils doivent rester indépendants. Ils doivent être à l’intérieur des associations d’usagers tels que les GEM, ils transmettent leur savoir faire. Les pairs-aidants devraient travailler en concertation avec les soignants mais ne pas être affectés à une structure ou à un secteur.

42Pour M.-C. Thibaut [27] : « Le fait de devenir pair-aidant peut être une façon de rebondir et de se donner un nouvel objectif professionnel, surtout quand le travail d’avant ne correspond plus à nos possibilités ou à nos attentes. Cela peut constituer un élément important dans la consolidation de notre processus de rétablissement. »

43A. Lazarus, insiste sur la différence entre le système culturel français et le système anglo-saxon en ce sens qu’il y a chez nous beaucoup plus d’aide médicosociale organisée par des structures étatiques. Par ailleurs, il faut savoir qu’une personne différente qui intègre un système organisé va très vite avoir tendance à adopter les règles propres du système. Pour que les pairs-aidants apportent réellement quelque chose de nouveau, il faut qu’ils soient complètement libres d’inventer leur style d’intervention et de construire des valeurs qui leur soient propres. Pourquoi ne pas imaginer par exemple, des pairs-aidants certifiés salariés qui coordonnent une équipe de pairs-aidants bénévoles ?

44Pour le bureau de la Fnapsy [12] : « cette réflexion menée par le CCOMS sur la notion de pairs-aidants a retenu toute notre attention. Cette idée doit être menée à son rythme (le rythme des usagers en santé mentale est assez lent) et bien étudiée pour éviter que cette belle idée ne soit, par précipitation, mal engagée et que les dérives, ne viennent annuler toute avancée. En effet rien n’est plus fragile que l’équilibre d’une personne en souffrance psychique, et tout espoir donné pour un travail valorisant et payé, qui serait mal accompagné, apporterait les effets contraires à ceux escomptés. Car se relever, pour toute personne en souffrance psychique, est plus difficile […] Il est nécessaire de mener cette réflexion avec un véritable cahier des charges, à temps partiel […]. Toute personne employée devrait bénéficier d’un suivi, d’un accompagnement ».

45Dans ce sens, un des écueils à éviter est d’imaginer que les usagers pourraient un jour remplacer les professionnels. Dans l’idée de la psychiatrie citoyenne, chacun a son rôle à jouer à part entière. Ce qui aidera une personne n’est pas forcément ce qui en aidera une autre. Dans l’alliance entre les professionnels, les usagers, les familles et les élus, si chacun reconnaît son insuffisance, dans le bon sens du terme (le contraire de la suffisance), l’appui des autres partenaires lui devient nécessaire pour mener son action à bien.

46Ensemble, nous avons organisé une formation de 2 jours avec Roy Muise dans le cadre de cette recherche qui a rassemblé 70 personnes, dont 50 usagers et 20 soignants.

47Une table ronde européenne a permis de découvrir différentes expériences innovantes comme les STaR (support time and recovery) workers qui sont des usagers intervenant dans les équipes ACT (Assertive Community Treatment) à Colchester en Angleterre [11], un projet de maison communautaire pairs-aidants en Belgique piloté par l’association l’Autre lieu, l’association Vriendendiensten : le service d’amis à Amsterdam en Hollande ou encore le projet Coop1Services à Rennes.

Conclusion

48L’expérience que nous avons vécue dans le cadre de ce groupe de recherche nous a appris que le partenariat soignants-usagers-familles-élus était possible et souvent bien plus fructueux que l’action isolée. La mise en commun d’expériences vécues nous a permis d’élaborer le concept de co-facilitateurs de résilience qui recouvre les personnes fragilisées par un trouble psychique dont l’émulation commune stimule les ressources internes.

49Par ailleurs, nous avons pu constater que, lorsque les usagers mobilisent leurs ressources individuelles ou collectives, des réalisations nouvelles et inattendues peuvent émerger comme les GEM qui, depuis qu’ils ont été créés, ont déjà renversé beaucoup de scepticisme.

50De nouvelles voies de recherche ont été explorées, comme la possibilité de développer en France des formations pour que les usagers de devenir pair-aidant, ce qui leur offrirait une nouvelle façon de rebondir après la maladie psychique et créerait un autre type de partenariat entre usagers et professionnels. L’objectif que nous avons en commun est d’élargir le champ des possibles en santé mentale pour que les personnes fragilisées par un trouble psychique puissent ne jamais perdre de vue l’espoir qui est au cœur du processus de rétablissement.

51Le travail en partenariat nous semble aujourd’hui devenu incontournable dans une pratique moderne et citoyenne de la psychiatrie. En effet, la complémentarité des points de vue des quatre partenaires nous semble pouvoir permettre de répondre de façon plus pertinente, et donc plus efficace, à la complexité des difficultés rencontrées par les personnes en souffrance psychique. Cependant, le poids des représentations dans l’histoire des institutions et le cloisonnement des secteurs d’activités professionnelles restent toujours des freins puissants aux changements des pratiques en santé mentale.

Bibliographie

Références

  • 1
    Aristote. Politique. Tome 2-3, livre VIII. Paris : Les Belles Lettres, 2003.
  • 2
    Baillon G. Un avenir pour la psychiatrie française ? 2003, www.serpsy.org/actualites/baillon_accoyer.html.
  • 3
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Mots-clés éditeurs : pairs-aidants, espoir, groupe d'entraide mutuelle, rétablissement, citoyenneté, résilience

Date de mise en ligne : 07/02/2014.

https://doi.org/10.1684/ipe.2007.0259

Notes

  • [1]
    Praticien attaché en santé mentale, EPSM Lille métropole, secteur 59G21, chargé de mission au Centre collaborateur de l’OMS (Lille, France) pour la recherche et la formation en santé mentale <ccoms@epsm-lille-metropole.fr>
  • [2]
    Président de l’association Nord Mentalités, agréée par la Préfecture de la région Nord-Pas-de-Calais, affiliée Fnapsy (Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie), agréée par le ministère de la Santé, groupe d’entraide mutuelle
  • [3]
    Présidente de l’association Amitié et Partage, affiliée Fnapsy, agréée par le ministère de la Santé, groupe d’entraide mutuelle, administratrice de la Fnapsy
  • [4]
    Principe selon lequel tout être vivant est en capacité de puiser en lui-même et dans son environnement l’énergie dont il a besoin pour créer de l’organisation adaptée à son bon développement.
  • [5]
    Freond, prp.of freogan : to favor, to love. www.etymonline.com/index.php?term=friend.
  • [6]
    En effet, selon Aristote [1], le propre de l’humain est d’être un vivant politique, c’est-à-dire d’abord habitant d’une cité, mais cela ne suffit pas. L’habitant devient citoyen dès lors qu’il est doué d’une parole reconnue au sein de cette cité, c’est-à-dire lorsqu’il participe à la conversation politique. C’est alors qu’il fait preuve de la raison. Pour le philosophe Alain Boyer [3], dans une vision aristotélicienne du monde, être citoyen reviendrait donc à faire preuve de raison.
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