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Pages 229 à 235

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Claudine Guerrier, 2017, Les enjeux de la société de contrôle à l’ère du numérique, Londres, ISTE Éditions, 278 p.

1Le recours aux nouvelles technologies qui garantissent la protection et la sécurité du citoyen instaure un climat de suspicion et d’oppression qui aboutit souvent à l’éradication des libertés. Dans la lignée de Jacques Ellul, Les enjeux de la société de contrôle à l’ère du numérique tente de démontrer comment les technologies du 21e siècle – interceptions, vidéosurveillance, procédés biométriques, scanner – instaurent progressivement une société de contrôle. Il s’agit de comprendre les enjeux reposant sur les différents acteurs (États, multinationales, citoyens) dans ce contexte où l’équilibre « sécurité/libertés » semble pencher en faveur de la sécurité. Cet ouvrage retrace l’évolution diachronique du dialogue ordre public/respect des droits fondamentaux en analysant le temps de la conciliation, du conflit puis du tout sécuritaire. Dans une approche empirique, il explore la thématique juridique, politique et idéologique à travers la jurisprudence sur la protection des droits de l’homme et des données à caractère personnel.

Pierre Barbaroux, Amel Attour, Eric Schenk, 2016, Gestion des connaissances et innovation. Interaction, collaboration, ouverture, Smart Innovation, Londres, ISTE Éditions, 132 p.

2Abordées comme deux notions intimement liées, la gestion des connaissances et la gestion de l’innovation connaissent un changement radical. L’extension géographique des marchés et l’intensification de la concurrence ont conduit les entreprises à expérimenter de nouvelles approches de l’innovation. Des formes d’organisation inédites ont émergé, selon lesquelles les entreprises collaborent avec divers intervenants afin de créer, d’absorber, d’intégrer et de protéger les connaissances. Gestion des connaissances et innovation analyse comment les pratiques de gestion des connaissances évoluent grâce à la mise en place de modèles d’innovation interactifs, collaboratifs et ouverts des entreprises. Il identifie d’abord les processus d’acquisition et d’assimilation des connaissances impliqués dans les différentes phases de l’innovation. Puis les typologies opérationnelles sont détaillées et expliquées afin de comprendre les capacités d’innovation des entreprises et leurs pratiques de gestion des connaissances. Enfin, l’ouvrage propose une étude des principales caractéristiques des quatre modèles d’innovation interactive : l’innovation ouverte, l’innovation par les utilisateurs, l’innovation avec les communautés et le crowdsourcing.

Pierre Mévellec, 2017, Les systèmes de coûts dans les organisations, Repères, Paris, La Découverte, 128 p.

3Longtemps cantonné au domaine industriel et à ses produits, le calcul de coûts touche aujourd’hui les services et tout ce qui fait l’objet de transaction, mais également tout ce qui peut faire l’objet d’une décision, que l’on soit à l’intérieur d’une organisation ou à l’extérieur, que l’on soit dans le domaine marchand ou non marchand. Mais la prolifération des méthodes de calcul de coûts, toutes qualifiées d’innovantes, pose un triple problème : que faut-il enseigner ? Comment faire de la recherche dans le domaine ? Comment choisir la méthode pertinente dans les organisations ? Cet ouvrage propose une approche radicalement nouvelle pour répondre à ces questions. Elle combine trois composantes : un méta-modèle des systèmes de coûts, une machine à calculer universelle et une matrice d’analyse de la pertinence. Pour l’auteur, le méta-modèle permet une analyse de tout système sur la base de six entités, facilitant la compréhension des nouveaux systèmes et tout particulièrement la mise en évidence de leurs « innovations ». La machine à calculer universelle permet d’enseigner le calcul de coûts en faisant abstraction de tout modèle spécifique. La matrice d’analyse de la pertinence, adaptable en fonction des priorités, permet d’évaluer les forces et les faiblesses des systèmes de coûts dans trois dimensions : la gestion des ressources, le dialogue avec l’environnement et l’orientation des comportements.

Marie-Josèphe Pollet-Villard, 2017, L’innovation dans les services. Cadre d’une analyse dynamique fondée sur les réseaux, Économie et Innovation, L’esprit économique, Paris, L’Harmattan, 108 p.

4Alors que les activités de services représentent près des deux tiers des emplois et du Produit intérieur brut de la plupart des pays, nous ne connaissons encore que très peu de choses sur leur dynamique en matière d’innovation. Les clients et les usagers sont au cœur des processus d’innovation de divers types de services. Mais, leur demande étant hétérogène, il est nécessaire de mettre en place un système de veille informationnelle pour apporter de réponses adaptées à leurs besoins et leurs désirs. Le processus de transformation du savoir-être du client, acteur central et lui-même support du service rendu, en un savoir-être reproductible est au cœur d’un nouveau modèle économique. D’où l’importance des réseaux entre offreurs et demandeurs de services. L’innovation non technologique existe. L’auteure montre, très justement, que les réseaux verticaux et horizontaux entre prestataires et usagers créent la dynamique du changement dans le mode de production de biens et de… services. Ils modifient aussi le mode de consommation par les effets de créativité et de redistribution que les services entraînent.

Pasquale Lubello, Alain Falque, Leïla Temri (dir.), 2017, Systèmes agroalimentaires en transition, Versailles, Quae, 184 p.

5Cet ouvrage traite de la transition des systèmes agricoles et alimentaires actuels vers des systèmes agricoles et alimentaires soutenables. Vers quel état futur le système agroalimentaire actuel pourrait-il ou devrait-il se diriger ? Par quel chemin, cette transition pourrait-elle ou devrait-elle s’opérer ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans cet ouvrage sur la transition vers des systèmes préservant la disponibilité en ressources, la garantie de l’offre en matières premières et l’état de l’environnement. Par transition, les auteurs entendent le passage – et les modalités du passage – de ces systèmes, de leur état insatisfaisant actuel vers leur état souhaitable futur. Cette question de la transition des systèmes agroalimentaires est déclinée sous l’angle de vue des diverses disciplines en sciences sociales (gestion, économie, sociologie, anthropologie et philosophie) appliquées à différents objets (agriculture, alimentation, filières). L’ouvrage est le fruit d’un travail collectif d’une équipe d’enseignants chercheurs du département Sciences économiques, sociales et de gestion de Montpellier SupAgro. Ils dressent un panorama critique des éléments de réponses susceptibles d’être apportés aux questions qui leur sont régulièrement posées (aussi bien par de futurs ingénieurs agronomes, que par divers acteurs du milieu professionnel pour des demandes d’expertise) tout en faisant le lien avec les différents courants théoriques qui les supportent.

Sylvia Becerra, Michèle Lalanne, Julien Weisbein (dir.), 2017, Faire face aux risques dans les sociétés contemporaines, Toulouse, Octarès, 280 p.

6Aujourd’hui les risques environnementaux et sanitaires sont omniprésents. Comment penser ces risques ? Comment les mettre en mots en dépit des incertitudes qui pèsent sur leur définition et le partage des connaissances à leur sujet ? Comment vivre avec des dangers inhérents aux environnements qui nous sont les plus familiers ? Pour répondre à ces questions, les contributeurs de cet ouvrage explorent les logiques et pratiques sociales par lesquelles les sociétés et les individus construisent leur rapport aux risques environnementaux. Des diverses contributions ici réunies, émergent trois configurations sociales du « Faire face » aux risques dans les sociétés contemporaines, ancrées dans l’ordinaire des mondes et dans la vie quotidienne des individus. En revisitant des risques plus ou moins bien prévus et mesurés, plus ou moins connus et renseignés (séismes, tsunamis, inondations, pollution intérieure, risques alimentaires, contaminants chimiques ou organiques, risques industriels, etc.) cet ouvrage contribue à une « sociologie du risque ordinaire ».

Patrick Pigeon, Julien Rebotier, 2017, Les politiques de prévention des désastres. Penser et agir dans l’imperfection, Londres, ISTE Éditions, 232 p.

7Au cours de l’histoire de l’humanité, les enjeux liés à la prévention des désastres n’ont jamais été aussi élevés qu’aujourd’hui. La multiplication des connaissances qui accompagne les efforts de recherche et d’action fait cependant ressortir un paradoxe apparent : en dépit de l’augmentation des recherches et des politiques de prévention les pertes humaines et les dommages ne diminuent pas autant que l’on pourrait l’espérer. En s’appuyant sur des exemples en Amérique latine, en Asie et en Europe, Les politiques de prévention des désastres présente ce paradoxe récurrent. Il expose les raisons pour lesquelles celui-ci est insatisfaisant et conditionné. Cette démarche permet de mieux comprendre les limites de la prévention des désastres et de suggérer ce qui pourrait être fait pour les repousser. Dans une approche alternative aux évaluations des politiques les plus classiques, cet ouvrage défend l’idée que les politiques de prévention des désastres sont nécessaires, tout autant que nécessairement limitées. C’est pourquoi il est fondamental de ne pas seulement en souligner les limites mais aussi d’en reconnaître les apports et d’identifier ce qui permettrait de les améliorer.

Marc Humbert (dir.), 2017, Reconstruction de la société. Analyses convivialistes, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 224 p.

8Les convivialistes pensent qu’il faut cesser de détricoter les liens sociaux et de détruire la nature et qu’il est grand temps de procéder à la reconstruction de la société. Les convivialistes partagent une certaine idée de la manière de fonctionner en société pour que chacun puisse s’y sentir bien tout en poursuivant, ensemble, le bien commun. Les analyses de la reconstruction de la société sont menées dans cet ouvrage, dans la perspective convivialiste, par des spécialistes reconnus dans leur domaine, de manière transdisciplinaire et ouverte à la délibération avec la société civique. Il y a dans ce livre des outils qui permettent de remettre en cause la pensée unique et sortir des sentiers tracés par le modèle néolibéral. L’ouvrage nourrit ainsi une réflexion dissidente et offre une référence pour construire et prendre le chemin de traverse qui mène à une société conviviale. Les questions philo-sociétales qu’il soulève sont, cependant, plus nombreuses que les utopies affirmées.

Andrea Colli, 2016, Une histoire des entreprises familiales 1850-2000, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 144 p.

9Dans cet ouvrage de synthèse, Andrea Colli étudie l’entreprise familiale dans une perspective historique et comparatiste. Il examine à travers le temps les relations qui existent dans les entreprises familiales et entre ces dernières dans des contextes politiques et institutionnels très divers. Il compare les performances des entreprises familiales avec celles d’autres modèles entrepreneuriaux et s’intéresse à l’impact de ces entreprises sur l’évolution du capitalisme industriel contemporain. Dans ce débat, il accorde une place essentielle aux raisons du succès ou du déclin des entreprises familiales, à leur évolution historique, aux formes successives qu’elles ont adoptées au cours du temps et à leur rôle dans la croissance des économies nationales. L’ouvrage dresse un bilan des recherches sur les entreprises familiales et resitue dans leur contexte économique, social, politique et institutionnel les stratégies, l’apport mais aussi l’échec et le déclin de ce modèle entrepreneurial.

Nathalie Droal, 2016, Emploi. Le Royaume-Uni, un modèle pour la France ?, Questions contemporaines, Paris, L’Harmattan, 145 p.

10Le faible taux de chômage (environ 5 %) au Royaume-Uni a été obtenu par une réduction drastique du nombre de fonctionnaires (800 000 emplois publics supprimés par David Cameron), qui a été contrebalancée par l’augmentation très importante du nombre d’emplois privés, d’environ 23 millions à 25 millions. Ceci alors que l’économie française affiche un taux de chômage de plus de 10 %. Pour l’auteure, il s’agit de véritables emplois, moins d’emplois précaires sous-payés, comme on peut fréquemment le lire dans les médias, car elle met tout particulièrement l’accent sur le dynamisme de la croissance économique britannique et la capacité à entreprendre des Britanniques. Le succès du Royaume-Uni résiderait dans sa capacité à réduire l’inactivité. D’un côté, les étudiants français font des études plus longues que leurs homologues britanniques, tandis que les Français prennent leur retraire trois ans plus tôt que les Britanniques. L’auteure ne tarit pas d’éloges sur le dynamisme entrepreneurial des Britanniques, qui contrairement aux Français, ont un projet de création d’entreprise, mais aussi le réalisent, contrairement aux milliers de Français qui ne sautent pas le pas. En 2014, le taux de pauvreté en France était d’environ 14 % (pour une définition de la pauvreté à 60 % du revenu médian), contre 16,1 % pour le Royaume-Uni selon Eurostat. Certes, le système n’est pas idéal et la bureaucratie y est très certainement très lourde, mais la lutte contre le chômage peut-elle exclusivement passer par la libéralisation tous azimuts de l’économie, dans les traces de Margaret Tatcher ?

Jean-Pierre Grimmeau, Benjamin Wayens, 2016, Les causes de la disparition des petits commerces (1945-2015), Courrier Hebdomadaire, CRISP, N° 2301-2302, 112 p.

11Ce numéro du Courrier Hebdomadaire du CRISP, le Centre de recherche et d’information socio-politiques, est un organisme indépendant belge (www.crisp.be). Ce numéro est consacré à la disparition des petits commerces en Belgique entre 1945 et 2015, soit une période très longue qui a été traversée par des changements structurels importants dans les pays industriels. Le nombre des petits commerces, dans ce pays, est passé et 370 000 en 1947 à environ 191 000 en 2015. Des éléments d’analyse sont ainsi mis en avant : la principale période de diminution du nombre de commerces après-guerre est antérieure à l’augmentation du nombre des super (et hyper) marchés, soit entre 1947 et 1961. Ce qui signifie qu’il s’agit bien d’une tendance historique lourde. Autre évolution notable : entre 1961 et 2015, la taille moyenne des commerces est passée de 38 à 228 m2. Cette évolution est telle que l’on constate aujourd’hui une saturation du marché. Les auteurs étudient avec minutie, non seulement le petit commerce, y compris sous forme de franchise, mais également l’évolution des super et hypermarchés, mais, d’une manière générale, ils posent la question de la saturation du commerce. Depuis 2000, le chiffre d’affaires par habitant dans le commerce de détail cesse d’augmenter, la croissance de l’emploi ralentit et le nombre de faillites d’entreprises croît. Ceci alors que le commerce électronique a fortement augmenté. La part de la population ayant effectué des achats par Internet au cours de 12 derniers mois est passée de 46 % en 2012 à 64 % en 2015, représentant une concurrence de plus en plus forte pour les centres de vente physiques. En bref, centrée sur la Belgique, cette étude très documentée, met en évidence des tendances que nombre de pays industrialisés connaissent et qui augurent de transformations majeures dans le moyen et long terme, tant sur le plan économique, social qu’urbain.

Gilles Sénécal, 2016, La société des acteurs. Les voix du monde vécu, Montréal, Liber, 196 p.

12Pour Gilles Sénécal, professeur au centre Urbanisation Culture Société de l’Institut National de la Recherche Scientifique (INRS, Québec), la société occidentale contemporaine se décline en plusieurs qualificatifs : globale, post-sociale, désenchantée, fragmentée. Mais en observant les faits, une nouvelle ère de participation, de contestation et d’opposition s’est ouverte au monde occidental. La société des acteurs est contemporaine du monde global. Elle réunit des acteurs disparates qui ont en commun de réagir aux mouvements, aux flux et aux contrôles des agents de la globalisation animée par des forces économiques et politiques juchées au-dessus des nations et qui exercent sur le monde local une pression continue. La société des acteurs est le cumul d’affirmations, de contestations et d’oppositions, dont les expressions les plus diverses atteignent l’espace public et le champ de l’action collective. Ces nouvelles formes d’action collective, l’auteur les regroupe sous le terme de « société des acteurs ». Elles sont incarnées par des individus mobilisés par des finalités qui les concernent directement, mais dont la portée est collective et les résultats potentiellement généralisables. En clair, la société des acteurs se constitue sur la critique des cadres institués et prend à contre-pied les élites et les experts patentés, les représentants et les porte-parole autoproclamés. Elle agit au nom des causes mal définies et en quête de légitimité. L’analyse présentée ici est particulièrement intrigante lorsque l’auteur s’intéresse aux voies qu’emprunte l’individu pour devenir un acteur social en construisant des situations au niveau du monde vécu pour agir face au monde global.


Date de mise en ligne : 15/05/2017

https://doi.org/10.3917/inno.053.0229

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