1L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) définit le tourisme comme « les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs ». Depuis plus d’une décennie, le tourisme est devenu l’une des activités économiques les plus porteuses au monde et cette croissance va se poursuivre dans les prochaines décennies. La France est le premier pays récepteur de touristes au monde (76,8 millions d’individus) ce qui représente 8,7 % des arrivées mondiales. Ainsi, la France occupe le troisième rang en termes de recettes du tourisme international (49,4 milliards de dollars) en 2009 (Organisation Mondiale du tourisme). En France, le poids des activités caractéristiques du tourisme (hôtellerie, restauration, agences de voyages/voyagistes) représente 2,1 % de l’ensemble de l’économie et 3 % de la valeur ajoutée en 2008 (DGCIS, 2011, p. 33). La part des emplois directs dus au tourisme est passée de 4,1 % de l’emploi privé en 1993 à 7 % en 2010. Au 31 décembre 2010, le tourisme compte 1 234 628 emplois salariés, soit 7,5 % des emplois salariés totaux dont 261 190 emplois salariés directs dans les activités principales (sans les guides interprètes dont les statistiques ne sont pas connues) et 973 438 emplois salariés indirects en France (métropole et DOM).
2D’après une étude récente réalisée par l’Institut Français du Tourisme, le nombre des emplois des non-salariés dans le secteur, comme par exemple les travailleurs indépendants, les chefs d’établissements ou les auto-entrepreneurs est estimé à 188 221 au quatrième trimestre 2010. Environ 20 % de l’emploi dans le secteur concerne les non-salariés, ce qui signifie que le tourisme implique une forte proportion d’entrepreneurs. Il s’agit souvent de micro-entreprises majoritairement dans le secteur de l’hôtellerie-restauration et les agences de voyages. En effet, 57 % des entreprises dans l’hôtellerie-restauration et 70 % des entreprises dans le secteur des agences de voyage et voyagistes ont entre 1 et 4 salariés au 31 décembre 2010 (Pôle emploi, 2010).
3Ces chiffres montrent que l’entrepreneuriat dans le secteur du tourisme est bien développé. Toutefois, les études économiques privilégient l’emploi et le marché du travail, tandis que ce secteur est soumis à des évolutions sociologiques, technologiques et environnementales extraordinairement complexes. Nous avons vu récemment, l’émergence de nouveaux marchés et produits liés aux évolutions technologiques ou les nouveaux défis sociologiques ou environnementaux. On parle de plus en plus d’éco-tourisme, d’e-tourisme, de m-tourisme, de tourisme responsable et solidaire, de tourisme ethnique, etc. tant de nouvelles tendances qui transforment le métier. Ainsi, le chiffre d’affaires du « e-tourisme » fut estimé par exemple à 15 % du marché global du tourisme en 2007 (Crola, 2009), sans parler de la réussite du concept de la Smartbox qui est devenu un cas d’école. Par ailleurs, les auto-entrepreneurs proposent des services novateurs comme :
- les gîtes ou les chambres d’hôtes,
- l’interprète ou l’accompagnateur des touristes afin de découvrir des monuments, des quartiers dans une ville, ou une région,
- l’organisateur de circuits touristiques personnalisés pour des groupes ou des familles.
4Et pourtant, peu de recherches existent sur l’innovation en tant que telle dans le secteur de tourisme notamment l’innovation non technologique. Yang et Wall (2008) confirment dans leur article que très peu de recherches existent sur l’entrepreneuriat dans le secteur du tourisme. Ils citent Russel et Faulkner (2004) qui déclarent que la plupart des recherches sur l’entrepreneuriat s’intéressent essentiellement aux nouvelles technologies industrielles en dépit des recherches dans le secteur des services bien que l’entrepreneuriat joue un rôle important dans le développement régional et national. Notre article a donc pour objectif d’apporter un éclairage sur l’entrepreneuriat dans le secteur du tourisme en France tout particulièrement sur la ville de Paris qui est la ville la plus visitée au monde (29 millions de visiteurs en 2012), et où le tourisme constitue 10 % du PIB régional et 500 000 emplois [1], au travers d’une revue de littérature et une recherche de terrain. En effet, nous n’élargissons pas notre recherche sur l’ensemble de l’Ile-de-France pour des raisons d’accès au terrain. Par ailleurs, nous écartons de cette recherche toutes les structures existantes en restauration-hôtellerie et autres services surtout les grandes structures. Nous nous intéressons particulièrement aux porteurs de projets innovants dans le secteur du tourisme. Ainsi, l’absence d’un corpus sur l’entrepreneuriat dans le secteur du tourisme nous oblige à considérer la revue de littérature en deux parties distinctes, la première présentera le lien entre l’entrepreneuriat et l’innovation de façon globale, la seconde partie traitera du lien entre l’innovation et le tourisme, nous présenterons par la suite la méthodologie de recherche et les résultats.
Entrepreneuriat et innovation
5L’innovation est un concept qui a été introduit par Schumpeter depuis le 20e siècle. En effet, Schumpeter définit l’entrepreneur comme « un homme dont les horizons économiques sont vastes et dont l’énergie est suffisante pour bousculer la propension à la routine et réaliser des innovations ».
6Dans Capitalisme, socialisme et démocratie (1942), Schumpeter explique que l’entrepreneur est le moteur de l’économie. Il enrichit le rentier qui a besoin de placer son argent et apporte innovations technologiques, produits et services nouveaux qui répondent aux besoins nouveaux jusqu’alors insoupçonnés de la société. En réalité le concept d’innovation ou de « mise en application de nouvelles possibilités dans le domaine économique » a été déjà proposé par Schumpeter en 1928 dans un article publié dans le dictionnaire des Sciences de l’État. Pour Schumpeter, la fonction d’entrepreneur s’effectue lors de l’exécution de 5 types d’activités différentes :
- production et mise en application de nouveaux produits ou de nouvelles qualités de produits,
- introduction de nouvelles méthodes de production,
- introduction de nouvelles formes d’organisation de l’industrie,
- conquête de nouveaux marchés,
- accès à de nouvelles sources d’approvisionnement.
7Depuis, plusieurs auteurs se sont intéressés à la définition de l’entrepreneur et ont introduit la notion de risque, de profit mais aussi de style managérial et ou d’attitude personnelle. De façon globale, nous retrouvons dans la définition du comportement entrepreneurial : le sens de l’initiative, l’innovateur, la prise de risque, et l’organisation et la réorganisation des mécanismes sociaux et économiques (Lordkipanidze, 2002). Morisson et al. (1999) déclarent même que l’entrepreneuriat est basé avant tout sur l’innovation. En effet, l’innovation est source de développement de nouveaux marchés, nouveaux consommateurs et nouveaux emplois, ce qui incite l’entreprise à renouveler son organisation, qui à son tour impacte les aspects sociaux ou économiques d’un secteur, d’une région ou d’une nation.
8D’après les mêmes auteurs (Morisson et al., 1999), l’entrepreneuriat pourrait être défini aussi d’après la finalité de l’entreprise, sa taille, sa structure managériale, et son cycle de vie. Plus récemment, Hall (2009) déclarent que le tourisme peut mener à l’innovation, soit au travers du comportement des entreprises soit grâce à l’intervention de l’Etat qui pousse certains secteurs à innover. Pour ces deux auteurs l’entrepreneuriat et l’innovation peuvent concerner le changement dans l’organisation du travail, le loisir, ou encore des sources exogènes à l’innovation comme la technologie.
9Les théories de l’innovation contemporaines sont largement basées sur les œuvres de J. Schumpeter. À l’origine, dans la Théorie de l’évolution économique (1935), Schumpeter considère que les petites entreprises sont la source principale du progrès technique et fait triompher l’entrepreneur héroïque comme le moteur de l’innovation. Plus tard, dans son œuvre Capitalisme, socialisme et démocratie (1942), il suggère qu’une relation positive entre l’innovation et le pouvoir du monopole prévaut et que les grandes entreprises sont proportionnellement plus innovantes que les petites. Dans notre article, nous souhaiterions prouver bien au contraire que dans le secteur du tourisme, les petites entreprises sont aussi innovantes que les grandes. Mais qu’en est-il de la définition de l’innovation ?
10L’innovation a été définie sous plusieurs angles depuis plusieurs années. Ainsi, pour la théorie néoclassique, la connaissance scientifique est un bien public et l’innovation technologique est considérée comme le « résidu » de la recherche publique, et le processus de l’innovation nécessite un investissement public dans la recherche et le développement, lesquels génèrent directement et automatiquement un progrès technique industriel, des gains de productivité et, en fin de chaîne, des réussites commerciales. Cette vue est illustrée dans le modèle linéaire de l’innovation qui considère que l’innovation comporte quatre phases successives. En effet, l’innovation commence par la recherche fondamentale, suivie par la recherche appliquée puis le développement et se termine avec la production et la diffusion.
11Mais dans les années 1980, les critiques du modèle linéaire de l’innovation augmentent. En effet, les observations montrent que l’innovation n’est pas un produit de l’exploitation directe par les grandes entreprises issue de la recherche fondamentale, mais qu’elle peut être générée à l’intérieur des entreprises sous l’influence d’événements extérieurs. Il s’agit donc d’un processus complexe où des acteurs variés interviennent.
12En 1986, Kline et Rosenberg proposent un modèle pionnier du processus de l’innovation : le modèle de « liaison en chaîne » (chain-linked model) repris par l’OCDE dans son manuel d’Oslo (1997). Selon ce modèle, l’innovation est conçue comme une interaction entre les éléments externes (le marché) et les ressources internes (la base de connaissances et les moyens) qui peuvent être divisés en un certain nombre de sous-processus. La progression de la chaîne de l’innovation, c’est-à-dire de la conception (design) au développement jusqu’à la production et la mise sur le marché, est un processus rétroactif entre toutes les étapes et parties influentes et il faut souvent revenir à des phases antérieures pour surmonter des difficultés. Ainsi, l’efficacité des liaisons entre les phases du processus d’innovation est un élément déterminant du succès (ou de l’échec) d’un projet d’innovation (OCDE, 1997).
13Par ailleurs, Stoneman (1995) distingue l’innovation de produit (la conception, l’introduction et la diffusion d’un nouveau produit) de celle de processus (le développement, l’introduction et la diffusion d’un nouveau processus de production). Aussi, il souligne le fait qu’un produit innovant d’une entreprise peut être utilisé dans un nouveau processus de production d’une autre entreprise. Christensen (1997) oppose les innovations radicales de celles dites incrémentales. L’innovation incrémentale concerne des améliorations des produits, des processus ou des services existants tandis que l’innovation radicale est une rupture des produits ou processus existants qui implique souvent la création de nouveaux marchés voire une nouvelle industrie. Cela dit, les recherches sur l’innovation sont depuis longtemps concentrées sur l’aspect technologique de l’innovation. Cependant, la R&D n’est pas l’innovation. L’innovation peut réaliser par l’adoption des technologies les améliorations incrémentales ou la nouvelle façon d’usage des connaissances existantes. Dans le modèle de liaison en chaîne, Kline et Rosenberg (1986) soulignent l’importance des inputs non R&D dans l’innovation et insistent sur le fait que l’innovation ne dépend pas uniquement du processus de l’invention liée à la R&D. Cette intention s’amplifie notamment avec la prise de conscience de l’innovation dans les services depuis les années 1980 (OCDE, 2006). De même, Malerba (2002) note que l’invention est une idée nouvelle ou une découverte scientifique qui n’est pas encore exploitée industriellement ou commercialement tandis que l’innovation transforme l’invention en produit ou processus de production et qui aboutit à une exploitation commerciale.
14Conscients de l’importance de l’innovation pour la survie et la croissance de l’entreprise, les différents acteurs concernés par l’innovation devaient unir leurs forces afin d’encourager, de développer et de soutenir la recherche et développement. Ainsi, dans les années 1980 et 1990, la notion de « système national de l’innovation » se développe. La première apparition écrite du concept de « système national de l’innovation » se trouve dans un article non-publié de 1982 de Christopher Freeman, intitulé Technological Infrastructure and International Competitiveness. Dans son article, Freeman (1987) souligne l’importance d’un rôle actif du gouvernement dans la promotion de l’infrastructure technologique et pas seulement de la recherche. Depuis, les économistes s’intéressent à la relation systématique entre la R&D des entreprises, les organismes de recherche – y compris les universités – et les politiques publiques. La définition de l’innovation est ainsi élargie à un processus cumulatif qui comprend non seulement les innovations radicales et incrémentales, mais également la diffusion, l’absorption et l’utilisation de l’innovation.
15Un système d’innovation pouvant être considéré comme « l’infrastructure institutionnelle de soutien de l’innovation au sein de la structure de production d’un lieu déterminé » (Asheim, Gertler 2005). L’approche systématique suggère que le processus de l’innovation résulte des interactions de divers agents (les entreprises, les centres de recherche, les hommes politiques, etc.). On peut ainsi distinguer le système national d’innovation et le système régional d’innovation ou le système sectoriel si cette approche est appliquée à un secteur économique (Malerba, Orsenigo, 1997).
16Coriat et Weinstein (2002) proposent, à côté de la dimension « institutionnelle » du système d’innovation, une approche « organisationnelle » à travers l’analyse du comportement d’innovation des entreprises individuelles. Cette lecture est considérée comme plus appropriée pour étudier l’innovation dans les services qui est traditionnellement plus liée au changement de comportement que technologique (Sundbo, 1998). Les études sur l’innovation dans les services suivent l’approche organisationnelle du comportement de l’innovation mais avec certaines différences de celle utilisée pour analyser les entreprises industrielles (Sundbo, 1998 ; Metcalfe, Miles, 2000 ; Coombs, Miles, 2000 ; Drejer, 2004 ; Howells, 2006).
Innovation et tourisme
17Le tourisme est depuis longtemps un sujet sociologique, géographique ou culturel. En France, les recherches sur le tourisme ont depuis longtemps été investies dans les disciplines telles que la géographie, ou la sociologie. En effet, à part les études géographiques, il n’existe que peu d’études qui se sont portées sur le tourisme malgré l’importance du pays et le poids du tourisme dans l’économie française (Paget et al., 2010). Ce n’est que depuis une décennie que l’innovation dans le secteur du tourisme devient un sujet de recherche en économie (Peters, Pikkemaat, 2006). À partir du milieu des années 1980, l’intensification de la compétition internationale pousse les entreprises du tourisme ainsi que les destinations touristiques à adopter une stratégie combinée d’optimisation des coûts et d’exploitation de nouveaux débouchés. La présence de concurrents locaux et internationaux entraînant des effets externes et des effets de réseaux façonne l’attractivité du territoire (Fabry, Zeghni, 2006). Le secteur du tourisme s’oriente de plus en plus vers l’innovation pour chercher de nouvelles forces (Ritchie, Crouch, 2000). Les études portent sur l’activité économique (Weiermair, 2006), sur l’apprentissage des connaissances, et sur le déterminant de l’espace de la production et la diffusion de connaissance (Alvarez, Gonzalez Morales, 2006), sur le cluster et l’innovation des produits (Nordin, 2003 ; Paget et al., 2010), ou sur l’entrepreneuriat et le tourisme durable.
18Cependant, si l’importance de l’innovation dans les services (Miles, 2004) et en particulier dans le secteur du tourisme est mise en évidence grâce à la recherche dans le domaine, les études sur l’innovation notamment les recherches empiriques sur le tourisme sont limitées à certains aspects (Hjalager, 2002). En effet, la littérature sur l’innovation dans le secteur du tourisme ne permet pas d’établir explicitement les principaux facteurs qui forcent les entreprises à innover. D’une manière implicite, on peut observer trois courants théoriques : i) l’approche schumpetérienne qui met l’accent sur la contribution des entrepreneurs dans la dynamique d’innovation ; ii) le paradigme technology-push/demand-pull qui attribue les forces de l’innovation aux conditions extérieures ; iii) l’approche du cluster ou du système d’innovation qui analyse les activités innovatrices des entreprises du tourisme dans une dynamique systémique (Hjalager, 2010). Cela dit, nous pouvons retenir deux dimensions de l’analyse dans l’innovation du tourisme :
1. L’innovation du tourisme est un phénomène de réseau où les acteurs du « cluster » du tourisme interagissent pour innover.
20Les activités touristiques sont enracinées par les « destinations » qui attirent des touristes pour capitaliser et valoriser des richesses (naturelle, patrimoine, culturelle, etc.). Une destination attractive implique plusieurs éléments repérables tant du côté de l’offre que de la demande. Dans un contexte international concurrentiel intensif, les acteurs du tourisme (entreprises, collectivités territoriales) doivent chercher une synergie pour renforcer leur compétitivité (Crouch, Ritchie, 1999). En effet, la démarche du cluster est particulièrement adaptée au secteur du tourisme qui est composé en majorité par des petites et moyennes entreprises dans des activités variées. Par exemple, Fabry (2009) pense que le cluster de tourisme relève d’une logique plus construite liée directement à la valorisation d’une destination et s’apparente à un « écosystème d’affaires ». De leur côté, Novelli et al. (2006) en étudiant le réseau des PME dans le Healthy Lifestyle Tourism Cluster du Sud-Est de l’Angleterre démontrent que le développement du cluster touristique n’est pas un processus simple et spontané dû à la nature des entreprises concernées, mais plutôt un processus très complexe qui résulte d’une forte collaboration entre les acteurs concernés. Paget et al. (2010) appliquent quant à eux le concept du « réseau de l’acteur » pour étudier comment les PME dans une destination touristique (les stations de ski à Grenoble) utilisent les ressources existantes pour créer un produit unique et innovant.
2. Les activités du tourisme sont à la fois très diversifiées et transversales. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, le secteur touristique a connu une transformation radicale ces dernières années. Céreq (2006) inclut dans les activités touristiques :
- organisation de voyages et réception de touristes : Organismes de tourisme, agences de voyages, guides interprètes,
- hébergement : Hôtels, camping,
- restauration : traditionnelle, rapide, collective,
- transports : Transport aérien, maritime, routier de voyageurs, urbain, taxi parisien, location de voitures, remontées mécaniques,
- loisirs : Activités récréatives, culturelles et artistiques, activités liées au sport, thermalisme et thalassothérapie, casinos, remontées mécaniques.
22Cela dit, le produit touristique est considéré comme la prestation d’une combinaison de services compliquée (Chiadmi et al., 2009). D’après Fraenkel et Iunius (2008), la plupart des produits touristiques sont souvent le résultat d’interactions non formalisées entre de multiples acteurs et donc ne sont intégrés ni verticalement ni horizontalement dans une organisation unique. De leur côté, Caccomo et Solonandrasana (2006) considèrent que la nature combinatoire du produit touristique se révèle à deux niveaux : D’une part, il combine des biens et des services privés avec des biens et des services publics (patrimoines et espaces naturels, infrastructures…) ; d’autre part, il se présente comme un ensemble composé de produits et services marchands (réservation, transport, hébergement, restauration, visites…).
23Cela dit, une des difficultés majeures dans l’étude de l’innovation dans le secteur du tourisme est la transversalité du tourisme qui englobe des secteurs de production ainsi que de services qui n’ont pas la même trajectoire d’innovation (Damanpour, 1996). Pour aborder la question de l’innovation dans les services, Djellal et Gallouj (2009) proposent une méthode composée de triples approches baptisée « ADS » (assimilation, différenciation, synthèse). L’approche d’assimilation étudie l’innovation dans les services notamment dans les services touristiques de la même manière que l’innovation dans les biens industriels ; l’approche par la différenciation suggère que les services dont les services touristiques doivent être traités d’une manière différente et spécifique de celle des biens industriels ; l’approche synthétique propose d’utiliser des méthodes intégrant à la fois des biens et des services pour analyser les services touristiques.
24De plus, les indicateurs de l’innovation développés pour mesurer l’innovation dans l’industrie ou le service à l’industrie ne sont pas adaptés au secteur du tourisme et donc ignorent un grand nombre des innovations cachées qui ont réellement lieu (Camisona, Monfort-Mir, 2012).
25Les innovations dans le secteur du tourisme impliquent des changements graduels et des améliorations incrémentales souvent non technologiques (Sundbo et al., 2007). En plus des innovations « classiques » de produit, de processus, organisationnelles ou managériales, le secteur du tourisme innove notamment dans la distribution ou dans le changement institutionnel (Hjalager, 1997). En appliquant la définition du manuel d’Oslo, Hall (2009) et Hjalager (2010) développent une typologie de l’innovation des entreprises du tourisme selon les quatre catégories suivantes :
- Innovation de produit ou de service : apparaît quand les changements peuvent être observés directement par les consommateurs quel que soit le produit/service. Par exemple, nous pouvons citer le concept de « Formule 1 » du groupe Accor qui propose un nouveau service à prix réduit sans compromettre la qualité (Hall, Williams, 2008) ou la diversification de l’hébergement touristique qui offre une expérience nouvelle aux touristes.
- Innovation de procédé : implique très souvent l’adaptation de nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) par les entreprises du tourisme. De nos jours, les touristes naviguent sur les sites web de voyages et interagissent, partagent leurs expériences, si bien qu’ils influencent directement la perception et les choix des autres utilisateurs et voyageurs potentiels. C’est pour cette raison que les destinations et les entreprises touristiques adoptent les technologies les plus avancées pour non seulement développer leurs activités sur Internet, mais aussi pour offrir aux utilisateurs une meilleure expérience ainsi que les outils nécessaires pour interagir avec l’offre et avec les autres utilisateurs.
- Innovation de commercialisation : ce sont les innovations dans le marketing comme la coproduction des marques dans le tourisme gastronomique (Hankinton, 2004) en conjuguant une marque d’un produit gastronomique (le vin par exemple) avec une destination. Une autre forme de l’innovation de commercialisation concerne les nouveaux canaux de distribution des produits touristiques comme la SmartBox qui rompt avec l’idée conventionnelle de distribution du produit touristique en proposant un nouveau service personnalisé.
- Innovation organisationnelle ou « institutionnelle » : telles que la franchise, la labellisation et la certification qui englobent une nouvelle structure collaborative/organisationnelle ou un nouveau cadre juridique (Hjalager, 1997). Cette catégorie d’innovation peut être notamment observée dans le domaine du tourisme social ou du tourisme durable où les autorités publiques ou les organisations non-gouvernementales mettent en place des pratiques respectant les objectifs sociaux et/ou environnementaux pour orienter les choix des consommateurs.
- En France, les études sur le poids du secteur du tourisme dans l’économie nationale ou territoriale mettent l’accent sur l’offre touristique (l’hôtellerie, la restauration, les loisirs, etc.), la promotion de la destination (territoire, transport, tourisme durable) ou sur l’emploi du secteur du tourisme. Les études sur les activités innovatrices des entreprises du tourisme se concentrent sur l’adaptation des TIC (Gallouj, Leroux, 2011) ou dans l’innovation organisationnelle dans les sites du sport d’hiver (Paget et al., 2010). Les quatre catégories de l’innovation que la Direction du Tourisme (2003) repère sont :
- la production, la gestion et la diffusion de contenus comme celle de la réalité augmentée ;
- les systèmes d’information mobiles notamment les services liés à l’usage du mobile (m-tourisme) ;
- les services aux clients pour la facilité et le confort, y compris les techniques de personnalisation, le calcul d’itinéraires complexes, la visualisation, etc.
- la logistique et les services du soutien aux entreprises notamment dans la logistique et le back office.
26Cependant, très peu de recherches traitent à ce jour de l’innovation des entreprises touristiques au sens propre. En effet, l’innovation dans le secteur du tourisme n’est pas analysée comme faisant partie du système d’innovation sectoriel ou régional/national. De même peu d’attention est portée sur les nouvelles activités qui ne sont pas traditionnellement considérées comme « du tourisme » mais qui sont en train d’émerger grâce à la grande mutation qui pousse le secteur du tourisme à s’ouvrir aux nouvelles activités transversales. D’ailleurs, les innovations non-technologiques ou celles de processus (des services) dans le secteur sont encore peu étudiées. Notre recherche a donc pour objectif de rajouter une pierre à l’édifice en apportant un éclairage sur la typologie d’entrepreneuriat dans le secteur du tourisme à Paris, ainsi que sur le rôle des instances publiques dans le développement de cet entrepreneuriat et l’innovation dans le secteur.
Methodologie
27Comme nous l’avons évoqué plus haut, très peu de recherches existent sur l’entrepreneuriat et l’innovation dans le secteur du tourisme, notamment en France. Notre recherche revêt donc un aspect exploratoire. Afin de compléter la littérature et évaluer le degré d’innovation dans le secteur, d’en analyser la typologie et les motivations sur le marché français, nous avons procédé en deux étapes : en premier lieu, nous avons exploité différentes bases de données en provenance de l’Insee, du Pôle Emploi /DARES, et de la Chambre de Commerce de Paris. Les résultats ainsi obtenus n’étant pas très précis et afin d’affiner notre recherche sur les entreprises innovantes dans le secteur du tourisme, nous avons sollicité en deuxième instance, le département en charge du tourisme à la Mairie de Paris et l’Office de Tourisme de Paris afin de vérifier auprès d’eux s’il existait une base de données qui recensait les entrepreneurs indépendants du secteur du tourisme. Malgré l’intérêt des deux parties pour notre recherche, nous n’avons pu obtenir ce que nous recherchions tout simplement car il n’existe pas de statistiques sur les indépendants du tourisme à Paris. Que ce soit l’Office de Tourisme et la Mairie de Paris, ils n’archivent que les données des grandes entreprises.
28Pour cette raison, le département du Tourisme de la Mairie de Paris, nous a permis de consulter les dossiers de demande d’aide financière de la part des indépendants du tourisme, à partir desquels nous avons pu constituer un fichier d’une trentaine de structures. Notre approche étant totalement exploratoire et afin de faciliter l’analyse, la première étape fut de contacter les différents individus afin de déterminer la typologie d’entrepreneuriat adoptée, le secteur, la taille et surtout si le projet était innovant. Ainsi, nous avons dû effectuer des entretiens téléphoniques d’une durée moyenne de 25 minutes auprès de toutes les personnes recensées. Seulement 3 individus ont refusé de répondre. Les thèmes de notre guide d’entretien concernaient notamment le type d’innovation adopté, la forme juridique de la structure, la date de création, le nombre d’employés, le secteur d’activités, la source de financement notamment aides publiques, les futures projets, le profil du dirigeant, et en cas d’échec aux raisons de cet échec. Pour la suite de notre recherche, nous entamerons une phase qualitative par le biais d’entretiens en face à face afin de connaître leurs motivations et surtout leurs degrés de compétitivité par rapport à leurs concurrents. Dans cet article, nous présenterons les résultats de la première phase de l’étude.
Resultats et discussion
29D’après l’INSEE/Sirene, sur l’ensemble des 18 009 établissements du tourisme [2] parisien, ayant moins de 1 salarié, 6 838 structures sont dans l’hébergement et l’hôtellerie, la restauration et les débits des boissons et les activités des agences de voyages, ce qui représente 42 % des établissements du tourisme (en 2010). D’autre part, selon l’INSEE/REE (Répertoire des Entreprises et des Établissements - Sirene), il y a eu 20 424 auto-entrepreneurs en 2011 dont 2 578 dans le Commerce, Transports, Hébergement et Restauration, contre 25 429 et 2 975 respectivement en 2010, ce qui représente une baisse de 20 % environ en nombre d’auto-entrepreneurs en 2011 mais de 13 % environ dans le secteur du commerce, transports, hébergements, et restauration. Alors que sur le plan national, la baisse s’élève à 18,6 % et 16 % environ. Ces chiffres démontrent que la création d’entreprises dans le secteur du tourisme n’a pas baissé dans la même proportion que la baisse du nombre d’entrepreneurs notamment de la ville de Paris.
30Cela dit, malgré leur intérêt statistique, ces chiffres ne représentent qu’un intérêt limité pour notre recherche, dans la mesure où notre objectif principal est la mesure du degré d’innovation dans les entreprises du tourisme et la détermination des profils des entrepreneurs dans le secteur du tourisme sur Paris. La base de données créée grâce aux archives de la Mairie de Paris nous a permis de mieux affiner les résultats. Ainsi, en ce qui concerne la forme d’entrepreneuriat envisagée, nous avons pu compter 8 associations offrant des services différents : une association de voyageurs ayant pour finalité l’échange d’expériences pour aider ou préparer les touristes pour leurs voyages, 3 associations culturelles qui organisent des visites thématiques culturelles comme par exemple visites d’architecture urbaine de Paris fondée par le centre Georges Pompidou, visites guidées par des artistes, ou encore l’organisation de découvertes de squats sur Paris et la région parisienne, et 4 associations dans le tourisme social et éthique pour accueillir les handicapés notamment.
31Par ailleurs, nous avons décompté 11 entrepreneurs dans des secteurs différents : 2 entrepreneurs dans les services de la restauration gastronomique (organisation de visites gastronomiques et de soirées), 3 entrepreneurs de services à la personne dont un pour la conciergerie de luxe (qui réalise 10 % du CA auprès des touristes), 5 entrepreneurs dans l’événementiel (manifestations culturelles et artistiques), et la Bourse de Paris qui a été transformée en centre de conférences. On compte aussi 11 tours opérateurs dans différents secteurs : éco-tourisme, service d’aide mobile (ramener des gens ivres à leur domicile par exemple), etc. Et finalement, nous avons une auberge de jeunesse à taille humaine (200 lits).
32Quant à la taille de ces structures, il s’agit pour la majorité de microstructures (un à deux individus), deux structures seulement comptent plus de 10 personnes.
33Comme nous le constatons, le paysage entrepreneurial du secteur du tourisme à Paris se compose essentiellement de micro-entreprises (73 %) et d’associations (27 % environ). L’innovation notamment en termes de services caractérise aussi bien les entrepreneurs que les associations. Cette innovation est plutôt une innovation dans l’offre et non technologique. On rencontre aussi des cas d’innovations institutionnelles représentées notamment par les associations mais aussi par le Centre de conférences de la Bourse de Paris qui offre désormais des services culturels ou touristiques. Cela dit, lors de notre étude, nous nous sommes intéressés au profil des entrepreneurs et nous avons constaté que les associations sont créées majoritairement par des femmes alors que les auto-entrepreneurs sont essentiellement des hommes. Par ailleurs, en ce qui concerne les aides publiques, ce sont essentiellement les associations qui en bénéficient. Les entrepreneurs non seulement n’en bénéficient pas mais ils ont déclaré que le manque de soutien public aurait été une des raisons de leurs échecs, à côté de la concurrence des acteurs traditionnels et le manque de maturité de projets. Nous sommes donc loin des systèmes d’innovation évoqués dans notre revue de littérature. Le tableau 1 synthétise nos résultats.
Synthèse des résultats
Synthèse des résultats
Conclusion
34Notre recherche démontre que l’entrepreneuriat dans le secteur du tourisme à Paris intra-muros rentre dans le cadre de la théorie de l’évolution économique puisque l’innovation est au cœur des différentes structures concernées. En effet, en dehors de l’hôtellerie et la restauration, l’offre réelle de tourisme sur la ville de Paris est basée sur l’innovation « produits » ou plus exactement « services ». L’innovation institutionnelle trouve sa place aussi grâce à la présence d’associations offrant des services à la personne ou des services culturels, sans oublier la Bourse de Paris qui se transforme en un lieu de conférences et de rencontres culturelles et artistiques. Nous pouvons donc en conclure que dans le secteur du tourisme sur la ville de Paris, l’innovation trouve sa place aussi bien auprès de micro-entreprises que d’associations, et que cette innovation ne nécessite pas beaucoup de moyens car il s’agit d’une innovation dans l’offre. Ce ne sont donc pas que les grandes entreprises qui sont susceptibles d’innover étant donné que dans ce cas il ne s’agit pas d’innovation technologique mais dans l’offre qui ne nécessite pas beaucoup de moyens financiers. Par ailleurs, les pouvoirs publics n’apportent pas leur aide aux auto-entrepreneurs mais plutôt aux associations, ce qui décourage les auto-entrepreneurs dans certaines situations.
35Les systèmes d’innovation ou même les clusters évoqués dans notre revue de littérature ne s’appliquent pas à notre cas d’étude. Cela dit, notre recherche possède une limite principale liée à l’échantillon étudié. En effet, il s’agit d’entrepreneurs qui ont effectué une demande de financement à la Mairie de Paris. Notre recherche ne comporte pas les entreprises ou associations qui œuvrent déjà dans le secteur du tourisme à Paris qui comme nous l’avions exposé dans notre méthodologie ne sont pas facilement accessibles. Par ailleurs, une recherche qualitative permettrait de mieux connaître les motivations de ces entrepreneurs pour l’innovation « produits » ou « institutionnelle » ainsi que mesurer le rôle des institutions publiques dans la réussite ou l’échec des créations d’entreprises ou d’associations dans le secteur d’autant plus que l’année 2013 a vu la création du premier Welcome City Lab du monde au cœur de Paris, un espace d’innovation dédié au tourisme, ayant pour ambition « d’anticiper le tourisme de demain » et pour objectif « que l’on parle de Paris non plus seulement comme de la capitale du tourisme mais comme la capitale de l’innovation touristique » (Welcome City Lab, 2013). Cette initiative démontre que la ville de Paris est consciente de ses atouts et du fait que le secteur du tourisme est un secteur porteur à condition d’encourager l’innovation et la création d’entreprises. Enfin, cette étude peut être reconduite dans d’autres régions ou villes de France afin de pouvoir détecter une différence d’implication par exemple de la part des pouvoirs publics selon la région concernée.
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Mots-clés éditeurs : entrepreneuriat, innovation, tourisme, Paris
Mise en ligne 18/04/2014
https://doi.org/10.3917/inno.044.0169