Notes
-
[1]
Annuaire statistique de la ville de Zurich 2009.
-
[2]
Pour 2060 la population de plus de 65 ans passera de 25 à 43 personnes pour 100 individus alors que les besoins en personnel soignant augmenteront, entre autres, pour assurer des soins palliatifs à cette population vieillissante.
-
[3]
Loi sur l’assurance maladie : art 32.
-
[4]
Les savoirs scientifiques peuvent résulter de méthodologies diverses (quantitatives, qualitatives, mixtes) répondant aux critères de rigueur attendus.
-
[5]
Article 397 lettres A à F du Code civil.
-
[6]
Société suisse de médecine et de soins palliatifs.
-
[7]
Qualité de vie, soulagement de la souffrance, globalité, dignité, autodétermination, interdisciplinarité, confort.
-
[8]
Voir annexe 1.
-
[9]
Voir annexe 2.
-
[10]
Voir annexe 3.
-
[11]
Voir annexe 4.
-
[12]
Concept d’origine anglo-saxonne apparu en force en France au début 2000.
-
[13]
Avoir une attention particulière portée à une personne vivant une situation particulière, dont la maladie, en vue de l’aider pour contribuer à son bien-être et promouvoir sa santé.
-
[14]
Porte sur les identités professionnelles et de la division du travail.
-
[15]
La recherche-action vise la transformation de la réalité et simultanément la production de connaissances scientifiques.
-
[16]
Promoting Action on Research Implementation in Health Services.
-
[17]
Le modèle de diffusion d’Evidence-based Nursing est appelé PARIHS 7. Rycroft-Malone J, Seers K, Titchen A, Harvey G, Kitson A, McCormack B. What counts as evidence in evidence-based practice ? J Adv Nurs2004;47:81-90. (Rycroft-Malone, et al., 2004) a pour but l’intégration d’une pratique basée sur les preuves dans les institutions de soins. Il met en évidence une adéquation et une relation dynamique entre les éléments d’evidence (les résultats scientifiques, savoirs d’expérience et savoirs ou préférences des bénéficiaires de soins), du contexte (environnement dans lequel des personnes reçoivent des soins ou dans lequel des résultats de recherche sont utilisés. L’environnement est influencé par différents facteurs d’ordre culturels, économiques, psychosociaux, politiques et organisationnels.). Les derniers éléments sont la facilitation (ce qui est mis en place pour aider un individu ou un groupe dans l’intégration dans la pratique d’une innovation), concept-clé du modèle. Ce modèle oblige à une approche holistique, met en évidence l’importance d’un consensus des différents acteurs ce qui augmente la compatibilité de l’innovation à son contexte, son acceptabilité et son potentiel de généralisation.
Introduction
1Ces dernières décennies ont été marquées par un déplacement de la fin de vie du domicile vers les institutions de soins et par la professionnalisation des pratiques entourant la mort. En Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS) plus de 60 000 personnes décèdent chaque année dont 75% dans un hôpital ou en établissement pour personnes âgées.
2Il n’y a pas de données nationales quant à la répartition des lieux de décès, mais une étude zurichoise1 montre qu’environ 1/3 de ceux-ci interviennent en milieu hospitalier, moins de la moitié en établissement médico-social et seulement 18% à domicile. Malgré les efforts des autorités à maintenir la personne âgée chez elle, il est peu probable de voir un déplacement des décès vers ce lieu de vie. Divers facteurs participent à ce constat, entre autres : l’éclatement de la structure familiale, de l’isolement des personnes âgées (dont une majorité de femmes) et du souhait d’être soigné à la maison, mais pas nécessairement d’y mourir. Par conséquent, il est fort probable que les institutions hospitalières et non hospitalières seront les lieux où les enjeux liés au passage des soins curatifs aux soins palliatifs resteront les plus fréquents.
3L’allongement de la vie constaté dans les pays occidentaux tend à rendre plus difficiles les derniers mois des personnes très âgées. Elles sont aujourd’hui trois fois plus nombreuses à être atteintes d’au moins quatre maladies chroniques dans leur dernière période de vie. Cela nécessite une approche globale correspondant à des prestations de soins palliatifs. Cette comorbidité est un facteur important de complexification de soins lors de l’accompagnement en fin de vie.
4L’augmentation démographique projetée par l’OFS2 et l’inversion de la pyramide des âges indiquent qu’il est urgent d’intégrer une culture de soins palliatifs dans les divers lieux de soins.
5Le concept de soins palliatifs postule que plus l’échéance de la mort est proche plus l’intensité des soins palliatifs est forte, mais la réalité démontre que le moment du passage des soins curatifs vers des soins palliatifs est difficile à cerner. Diverses études [1, 2] basées sur les trajectoires de maladies spécifiques où les capacités à réaliser des activités de la vie quotidienne permettent de mieux comprendre les oscillations entre curatif et palliatif durant les derniers mois de vie. Un certain nombre d’études montrent que les recommandations faites par diverses associations de soins palliatifs et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), d’étendre les prestations de soins palliatifs à tous les patients qui le nécessitent (indépendamment du diagnostic posé) ne sont pas toujours appliquées aux patients atteints d’autres pathologies que le cancer.[3] A partir de ces considérations, il devient donc difficile de déterminer à quel moment il faudrait envisager une posture strictement palliative car ni les pathologies ni le nombre d’activités de la vie quotidienne ne sont des éléments suffisamment prédictifs. D’autre part, la transition est tributaire de nombreux autres facteurs propres au patient et à leur entourage, mais aussi aux professionnels qui les accompagnent.
6Cela rend évident que le moment du passage vers des soins palliatifs ne peut se déterminer avec précision.
7Il serait plutôt un mouvement oscillatoire, progressif, dans un continuum temporel dans lequel se mélangent à la fois des interventions à visée curative et palliative à des degrés variables selon la progression de l’état de santé du patient.
8La société occidentale actuelle se caractérise par des exigences de qualité. Dans le domaine de la médecine, cela se traduit par une exigence de soins probants (LAMal3).[4] Dans la tradition médicale, les soins probants sont habituellement des prestations dont les résultats ont été vérifiés au travers d’études cliniques randomisées et contrôlées. Pour les soins infirmiers, cette approche paradigmatique a été questionnée. Une définition plus systémique des situations de soins est proposée.[5, 65, 6] Ainsi Rycroft-Malone et al. [7] précisent que, dans une pratique de type « evidence-based nursing» (EBN), le choix des prestations de soins résulte d’une prise de décisions qui se réfère à différents paramètres : les ressources et besoins du patient, le savoir d’expérience, les savoirs scientifiques4 actualisés et les ressources du contexte. Ces diverses approches peuvent engendrer des attitudes contradictoires lors de la prise de décisions.
9Les dispositions du Code civil5 obligent les professionnels à intégrer le patient dans le processus de décision. Cependant, nous nous questionnons au sujet du respect de l’autonomie des patients capables de discernement lors de la prise de décisions.
10L’idée que les soins palliatifs sont des pratiques réservées exclusivement à la toute dernière période de la vie est aujourd’hui un concept dépassé. Plusieurs auteurs ont démontré l’intime interdépendance entre qualité de vie et traitement. L’OMS comme Palliative CH6 relèvent dans leurs définitions la nécessité de faire coexister l’approche palliative et curative à des degrés variables et cela indépendamment de la composante temporelle.
11L’intégration des valeurs des soins palliatifs7 commence à s’instaurer dans les divers secteurs de soins en Suisse. Cependant, ce modèle s’intègre plus difficilement dans les hôpitaux de soins aigus, car les professionnels s’accordent à considérer encore ce lieu comme inapproprié et impersonnel pour accompagner les personnes jusqu’à la mort.[8] Une des raisons est que les valeurs des soins palliatifs questionnent celles de la médecine curative et redessinent l’approche du patient et les pratiques soignantes. Par conséquent, on peut se demander dans quelle mesure le contexte de soins influence les décisions prises, les soins et les traitements prodigués.
12Les soins palliatifs figurent dans la loi fédérale sur les professions médicales universitaires depuis seulement 2006 sous la forme de compétences à acquérir, en formation initiale et en formation «postgrade ». Sous l’égide de la Conférence des recteurs des hautes écoles spécialisées de Suisse (KFH), les compétences ont été revues pour les professions de la santé des Hautes écoles spécialisées (HES). A cette occasion, il est précisé, au chapitre des compétences génériques, que les professionnels possèdent les connaissances scientifiques requises pour les soins palliatifs. Il appartient aux écoles de mettre en place un dispositif dans leur programme-cadre afin de développer cette compétence. Aujourd’hui, il est reconnu aux écoles en soins infirmiers une offre importante dans ce domaine dans le cadre de la formation continue. Il est cependant difficile d’avoir une traçabilité précise des cours spécifiques donnés dans la formation initiale.
13Pour l’avenir, nous pouvons donc espérer un meilleur ancrage de la pratique palliative chez les soignants afin d’assurer une transition réfléchie et individualisée vers des soins palliatifs pour toutes personnes soignées qui le nécessitent.
14Aujourd’hui, le financement du système de santé repose essentiellement sur la discipline médicale favorisant une pratique orientée à partir de l’approche biomédicale. Le contact et la compréhension des personnes soignées sont donc imprégnés par ces paramètres et influencent les décisions prises en équipe. Par conséquent, nous nous demandons dans quelle mesure cela peut réduire ou limiter les pratiques palliatives durant la période précédent la mort. Est-ce que ces conditions créent à l’intérieur d’un même groupe professionnel et entre les catégories professionnelles des conflits susceptibles d’interférer sur la qualité des prestations ?
15Lors de l’accompagnement de personnes en fin de vie, les professionnels impliqués sont très régulièrement confrontés à choisir entre une posture curative et/ou palliative. La population dont le déclin se prolonge est composée majoritairement de personnes très âgées. Chez celles-ci, le risque d’une altération de la capacité de discernement et la présence d’un réseau social limité rendent les prises de décisions complexes. L’étude Bilsen, menée en 2002 dans six pays européens dont la Suisse, est à ce titre intéressante. Elle mentionne que les décisions médicales de fin de vie ayant pour « .. .effet éventuel ou certain d’abréger la vie » [9] sont fréquentes et que le patient et sa famille ne sont pas toujours impliqués dans le processus de prise de décisions, alors que les autres soignants ne sont pas toujours consultés.
16L’interdisciplinarité vise l’utilisation des connaissances de différentes disciplines susceptibles de répondre au mieux à une problématique posée par le patient. Généralement, dans le contexte de la santé, cette conception est encore trop peu présente à cause de la méconnaissance des spécificités et compétences de chacun. Souvent, la transition vers une approche palliative est retardée par manque de concertation entre les divers partenaires ou parce qu’il n’y a pas toujours unanimité dans l’analyse des situations. Le patient peut alors se sentir tiraillé entre différentes propositions.
17Par conséquent, nous pouvons nous demander : quel est l’impact sur la qualité de vie des patients si à partir d’une même situation des professionnels de disciplines différentes agissent dans des perspectives contraires ? Pourquoi ces professionnels sont-ils parfois amenés à porter un jugement clinique contradictoire et quels sont les facteurs qui les influencent ?
18Une meilleure compréhension de ce qui rassemble ou divise les professionnels, en particulier les médecins et les infirmières, lors de l’accompagnement des personnes en fin de vie, permettrait d’améliorer la cohérence lorsqu’il s’agit de décider du choix des prestations proposées aux patients pour une transition vers des soins palliatifs.
Méthodologie
19Pour connaître l’état de la science sur ces questions, nous avons réalisé une recherche de littérature systématique principalement dans les banques de données et sites internet suivants :
Cinahl, cochrane, pubmed, elsevier, nursing research, nursing research quarterly, revues Pflege et ARSI, site de l’ASSM, articles et ouvrages divers.
20Nous avons retenu les articles rédigés en français, allemand et anglais se référant aux mots clés ou leurs synonymes suivants : palliation ; prise de décisions ; chronicité ; personne âgée ; interdisciplinarité ; soins infirmiers.
21Nous avons retenu tous les types d’articles, que ce soit un éditorial d’une revue scientifique, un rapport de recherche qualitative, quantitative et mixte ou une revue de littérature. Il s’agissait en effet d’établir l’état des connaissances ou des questionnements concernant le sujet.
22Les résultats ont été ensuite analysés et triés par thèmes.
Résultats
23Soixante-six articles ont été analysés et résumés puis classés par thèmes et sous-thèmes. Pour ce faire, nous avons repris comme thèmes principaux les facteurs auxquels il convient de se référer dans une pratique de type EBN.
24Pour rappel, l’approche EBN implique que la décision se réfère à l’« evidence » et au « contexte ». Par « evidence », il faut comprendre la meilleure combinaison de savoirs issus de recherches scientifiques, de l’expérience professionnelle des soignants et du choix du patient. Il s’agit de tenir également compte de données locales, telles que les informations données par le dossier de soins.[7]
25Le contexte est influencé par des facteurs d’ordre culturel, économique, psychosocial, politique et organisationnel. Ceci se répercute bien évidemment sur les besoins et ressources du contexte dont il s’agit de tenir compte lors des prises de décisions.
26Nous regroupons ici les facteurs influençant les prises de décisions lors d’un long déclin de la personne âgée dans la phase de transition des soins curatifs vers des soins palliatifs en les classant selon les thèmes « evidence », «contexte » et ce qui apparaît comme facteurs facilitant une prise de décisions de qualité.
27Nous présentons les résultats en trois chapitres :
- influence de l’« evidence » lors des prises de décisions dans les phases de transition curatives palliatives ;
- influence du « contexte » lors des prises de décisions dans les phases de transition curatives palliatives ;
- facteurs favorisant des prises de décisions se référant aux différents aspects de l’« evidence » ainsi qu’aux ressources et besoins du contexte.
28Nous nous sommes abstenus de classer les résultats selon les méthodologies utilisées, nous contentant de nommer la méthode utilisée dans les tableaux regroupant les auteurs et thèmes abordés (tableaux 1 à 4).
Influence de l’« evidence » lors des prises de décisions dans les phases de transition curatives-palliatives
29L’« evidence » se décline en savoir scientifique, savoir d’expérience et savoir du patient. Nous présentons donc les résultats en les groupant en deux parties : les savoirs professionnels (scientifiques et d’expérience) et le savoir du patient (besoins, ressources, données locales le concernant).
Les savoirs professionnels
30Les éléments de la littérature nous donnent quelques éclairages sur l’influence du savoir professionnel se référant à la science ou à l’expérience professionnelle (tableau 1).8
Le passage du curatif au palliatif est une zone floue
31La transition de soins curatifs à des soins palliatifs est une zone floue. Il est donc difficile de s’y référer avec précision et rigueur scientifiques.
32Van Kleffens et al. relèvent les difficultés concernant les choix thérapeutiques liées à ce qu’ils nomment « zone grise ».[10] Ils identifient plusieurs aspects.
33Le fait qu’un même traitement peut être administré de façon curative ou palliative contribue à provoquer la confusion sur la notion des soins palliatifs et à rendre cette transition floue. La référence à une notion claire des soins palliatifs et aux buts du traitement (guérir ou soulager et améliorer la qualité de vie) est cruciale lors des processus de prises de décisions concernant les options thérapeutiques. Le cas échéant, on risque d’induire la confusion chez les patients. Les auteurs proposent de ce fait de ne parler de traitement palliatif que lorsque celui-ci a une visée de prolonger la vie.
34Le pronostic incertain n’aide pas non plus les médecins à se situer clairement dans une visée curative ou palliative.
35Un autre aspect révélateur de cette zone grise est illustré par Lee et al. [11] qui relèvent des incohérences dans l’usage de certaines médications lors de la phase de transition. Les auteurs relèvent l’importance, dans les situations de fin de vie, de se questionner sur l’indication à maintenir certaines médications. Stopper ou continuer d’administrer des traitements devenus inadéquats n’est pas sans conséquence et nécessite une analyse sérieuse. Les auteurs proposent de baser les décisions sur une évidence clinique à défaut d’une évidence scientifique. Ils dénoncent des pratiques diverses et invitent médecins et pharmaciens à parvenir à un consensus afin d’améliorer la qualité de vie dans ces situations.
36Un autre flou scientifique est amené par la présence simultanée de plusieurs pathologies, impliquant des prises de décisions se référant à des savoirs différents, parfois en contradiction, notamment dans les situations où les patients sont atteints de différentes pathologies.
37Ansell et al. relèvent que 40% des patients ont plus de 80 ans et souffrent de comorbidités. Ces comorbi-dités s’accompagnent de difficultés qui sont souvent présentes dans les trajectoires du long déclin.[12]
38Les comorbidités impliquent souvent l’intervention de plusieurs spécialistes. Dans ce cas, il n’est pas rare que les décisions soient prises dans le domaine de la maladie dominante et non dans une approche systémique de la situation.
39Les évolutions diverses des pathologies, variant de très aiguës chez de très jeunes personnes à chroniques chez des personnes très âgées, rendent les prises de décisions complexes. Les auteurs constatent que plus la situation est aiguë et le patient jeune, plus nombreux sont les décès qui se passent en soins aigus sans offre de soins palliatifs intégrés. Plus le temps entre le diagnostic et le décès est court, moins sont prises des décisions optant pour des soins palliatifs et des décisions de non-réanimation.
40Ces différentes raisons rendent la décision d’un passage curatif-palliatif très complexe notamment dans les situations nécessitant une collaboration entre centres spécialisés et soins palliatifs.
De l’importance de la recherche pour développer de nouveaux savoirs nécessaires pour des prises de décisions se référant à l’évidence scientifique
41Le besoin de réaliser des recherches afin d’améliorer la qualité de santé et de vie est identifié tant au niveau médical qu’infirmier dans différentes études.
42Thompson note l’importance de développer des soins probants en général et particulièrement pour les soins infirmiers.[13] En effet, l’évolution du rôle infirmier implique une prise de responsabilité dans le jugement clinique. L’intuition seule, souvent présente dans les soins, ne suffit pas pour vérifier l’efficience des soins proposés et ne correspond pas aux exigences actuelles pour une prise de décisions de qualité se référant aux connaissances scientifiques, à l’expertise, aux besoins et valeurs du patient et ressources contextuelles. Il s’agit donc de développer la recherche et le recours aux résultats de recherches dans le domaine des soins infirmiers.
43Ce point de vue est reconnu par le milieu de la recherche en sciences infirmières. En Suisse, un agenda de la recherche a été défini pour les dix ans à venir.[14] Dans le domaine des soins à la personne âgée et en fin de vie, les propositions de thématiques de recherche concernent entre autres : la chronicité, la palliation, la continuité et la qualité des prestations, la prise en considération de l’autonomie des patients, des situations de vie, des valeurs, de la qualité de vie lors de prises de décisions ainsi que le développement de recherches avec des approches multidisciplinaires.
44La recherche en fin de vie rencontre cependant un certain nombre de problèmes éthiques, ce qui rend une pratique probante difficile.
45White et al. [15] ont étudié comment se positionnaient les patients et leur famille face à la recherche en fin de vie. Les résultats montrent que les patients et les familles sont ouverts à cette démarche, qui donne ainsi un sens à leur vie, pour autant que les patients n’en souffrent pas.
46Par ailleurs Perkins et al. ont exploré quels types de savoirs étaient à développer en partant du point de vue des patients soignés dans des hospices.[i6] Ils ont ainsi pu identifier des besoins de recherches pour des sujets divers : les soins dans des situations d’urgence, le contrôle de la douleur et ce qui aide les médecins à comprendre ce que les patients disent. Les priorités changent en fonction du genre, de l’âge, des lieux de soins institutionnels ou extra-institutionnels. Les patients de plus de 65 ans ajoutent deux priorités à explorer : les visites à leur domicile et les thérapies complémentaires.
47La particularité et l’intérêt des soins palliatifs dans certaines situations restreintes restent à explorer et divulguer. Hum et al. relatent que la population de Singapour connaît très peu les soins palliatifs offerts en hospice et leur intérêt.[17]
48Le et al. [18] décrivent qu’en Australie, dans un service accueillant des patients avec un accident vas-culaire cérébral (AVC), seuls 20% de ceux-ci ont bénéficié d’une consultation de soins palliatifs. Ils relèvent l’importance d’explorer ce qui est particulier aux AVC en lien avec les soins palliatifs pour expliquer ce résultat.
L’influence des paradigmes dans les prises de décisions impliquant plusieurs professionnels
49Shaban [19], après avoir réalisé une revue de littérature, relève que les modèles et/ ou théories guidant le jugement clinique sont divers et poursuivent des buts différents. Ces modèles et théories se réfèrent à des paradigmes différents et émanent souvent de professions différentes.
50McGrath et al. [20] abordent la question de la prise de décisions dans l’équipe interdisciplinaire sous un aspect éthique. La littérature fait le constat d’une dichotomie. Celle-ci est induite par la nécessité de centrer les soins en soins palliatifs sur le patient et sa famille et en médecine plus généralement sur la maladie. Cela pose la question de ce que les collaborateurs de l’équipe interdisciplinaire et les patients ressentent comme étant éthique et quels problèmes éthiques appellent quelles stratégies.
51La question se pose particulièrement dans les services de soins aigus, puisque les personnes âgées meurent souvent à l’hôpital.
52L’étude montre que les soignants procurent les soins en se référant surtout aux besoins du patient et de sa famille.
53Un désaccord apparaît fréquemment entre les décisions médicales et les perceptions des infirmières. Il est le fruit du conflit soulevé par le devoir de traiter versus de soulager les souffrances et améliorer la qualité de vie. Des tensions interprofessionnelles apparaissent, alors même que les patients, non concernés par ces dilemmes, relèvent une bonne cohérence d’équipe.
54Les infirmières relèvent un manque de formation à la communication et à l’évaluation des aspects concernant la qualité de vie chez les médecins.
55L’influence paradigmatique est également relevée par Schnell et al. [21] Ces auteurs ont exploré comment se prennent les décisions et particulièrement si médecins et infirmières perçoivent des tensions entre vouloir le bien et favoriser l’autonomie en fin de vie. Il en résulte que médecins et infirmières pensent que les deux principes ne se contredisent pas forcément. Les deux groupes professionnels disent l’importance de les respecter, sans préciser cependant ce que représentent ces principes pour eux et comment ils s’articulent. Dans la réalité cependant, ce positionnement ne se révèle pas aussi net, la vérification de la volonté du patient et de l’actualité de directives anticipées ne se fait pas systématiquement. La critique d’un risque de paternalisme est également absente.
56Les savoirs d’expérience et personnels des soignants influencent leurs décisions. Ces savoirs sont influencés par les paradigmes anciens (paternalisme) et nouveaux (autonomie du patient). Les professionnels disent aussi que si les patients ne peuvent s’exprimer, les prises de décisions doivent être prises prioritairement et par ordre dégressif par conjoint, proches, médecin, soignants, autres (avocat, ecclésiastique, tribunal).
Objectivité versus subjectivité dans les prises de décisions
57Hanley et al. [22] pensent que l’improvisation dans les soins infirmiers permet de répondre aux besoins changeants du patient en interaction constante avec l’environnement. Ce savoir mobilisé par l’infirmière experte est cependant peu validé ou visible dans la littérature, ce qui ne facilite pas la diffusion de pratiques probantes dans ces situations complexes.
58Au travers d’une enquête ethnographie sur la médecine du travail, Dodier [23] démontre que le recours au savoir d’expertise clinique ou une approche basée sur la sollicitude peuvent viser des buts différents, voire opposés. Le traitement des plaintes du patient dans l’approche clinique se situe entre deux pôles : l’expertise et la sollicitude. Ces deux pôles peuvent conduire à des traitements opposés de la souffrance. L’expertise médicale se réfère à l’anatomie clinique (rend l’intérieur du corps transparent) et instaure un partage entre objectivité et subjectivité. Elle confère une grande portée au jugement médical. La subjectivité du patient est appréciée à l’aune de cette objectivité médicale. A l’inverse, dans la sollicitude clinique, la demande de l’individu est considérée comme subjective. Ainsi, l’individu est partagé en deux : une part publique « objective » exposée aux jugements et une part opaque « subjective » qui appartient à l’individu seul. La sollicitude clinique est une démarche professionnelle spécifique au médecin pour l’approche de la plainte du patient.
59Hamers et al. [24] relèvent que les buts des professionnels ne sont pas forcément les mêmes et que cela peut se répercuter également sur la façon de prendre les décisions. Ce qui diffère d’une profession à l’autre n’est pas tant le processus de décision que son but et ses références théoriques. Celui des soins infirmiers est principalement le « care ».
60Deux modèles sont décrits pour la prise de décisions dans le domaine des soins infirmiers : la méthode de résolution de problème et l’intuition. Tous deux recourent aux savoirs d’expérience et aux connaissances. De ce fait, l’expert serait plus compétent que le débutant, puisque son savoir d’expérience est plus important. L’intuition est un jugement clinique non rationnel : la mobilisation des savoirs se fait automatiquement. L’intuition pose le problème que l’on ne sait pas à quoi elle se réfère. Il s’ensuit que la qualité des soins dépend de la personne qui les procure, de ses connaissances, de son expérience, de ses valeurs personnelles. De ce fait, le jugement clinique basé sur l’intuition doit être questionné.
L’influence des valeurs et de la culture
61Les ressources limitées et les valeurs des acteurs sont des aspects interférant dans les prises de décisions interdisciplinaires.
62Dans une étude ayant pour but de comprendre les besoins des personnes en fin de vie, Schleinich et al. [25] relèvent un manque d’échanges de savoirs interdisciplinaires : le sens de la réhabilitation n’est pas toujours compris dans la phase terminale. Elle a pour but de garder les capacités fonctionnelles et a de ce fait un effet antidépresseur. Cependant, les besoins des patients varient, et les valeurs dans les équipes interdisciplinaires ne sont pas toujours concordantes. Les résultats montrent l’intérêt de la physiothérapie et de l’ergothérapie en soins palliatifs par rapport au soutien du patient pour le maintien de ses capacités et à l’espoir donné par ce maintien de capacités.
63Zikmund-Fischer et al. [26] nous montrent également que les décisions sont différentes selon les valeurs en jeux. Il semblerait que les choix thérapeutiques (curatif ou palliatif) diffèrent si nous les faisons pour nous-mêmes ou pour d’autres. Lorsque par exemple le choix est réalisé pour autrui, le choix de la chimiothérapie est plus fréquent pour le patient jeune qu’âgé, alors que l’âge n’influence pas le choix lorsque celui-ci est fait pour soi-même (prédominance de chimiothérapie prolongeant la vie). Quelques variables telles que valeurs de vie, croyance au pouvoir de guérison du personnel de la santé, expérience de vie renforcent plus ou moins ce constat.
64Une étude réalisée par Carmel et al. [27] montre l’influence du statut professionnel, des références professionnelles, des valeurs religieuses et culturelles des acteurs dans les choix préférentiels des médecins et infirmières dans les situations de fin de vie.
65Kaufmann et al. [28], au travers d’une étude qualitative ethnographique dans un contexte de soins à des patients souffrant d’insuffisance rénale, décrivent ce qui influence les médecins dans leurs prises de décision. Ils relèvent que différents traitements curatifs deviennent routiniers, même chez des personnes très âgées, lorsque les procédures sont moins dangereuses et invasives. Ils observent également une augmentation du nombre de spécialistes intervenant chez tout patient. Parfois, une intervention en amène une autre. La remise en question est rare a posteriori.
66L’influence des médecins sur les patients est grande. Ces propos sont argumentés par des descriptions de situations dans différents domaines :
- en cardiologie 20/28 patients disent qu’ils n’ont pas eu à choisir le début du traitement proposé comme meilleure issue par les médecins, 10/28 se rappellent avoir fait des choix en étant influencés fortement par les médecins et seulement 8/28 ont participé activement au choix ;
- en dialyse 41/43 patients n’ont pas choisi la dialyse, cela s’est fait. La première dialyse est souvent réalisée en urgence et l’arrêt de la dialyse est peu discuté comme possibilité de choix. Le don de rein pose un problème éthique que ce soit en l’acceptant ou en le refusant.
67Les rares choix que font les patients vont dans le sens d’offrir une qualité de vie. Seule une minorité exprime qu’elle veut ou pourrait vouloir arrêter un traitement, lorsque les effets négatifs deviennent plus importants que les bénéfices.
68Ces éléments montrent que l’usage et les standards l’emportent sur de réelles prises de décisions. Ceci renforce l’espoir et la confiance dans la technologie. La dialyse rénale, difficile à vivre, peut cependant amener l’individu à faire un choix en fonction d’une meilleure qualité de vie.
69La responsabilité médicale d’évaluer les risques des traitements fait que le choix thérapeutique est souvent porté par les médecins.
70Ainsi, les habitudes du contexte de soins ont également un impact sur les choix curatifs ou palliatifs. C’est ce que décrivent Willard et al. [29] En service de soins aigus, les options se situent surtout au niveau curatif plutôt que palliatif et ce même lorsque les préférences de soins de confort et de mourir à la maison sont clairement exprimées par le patient. Les causes possibles pour cette façon de faire sont les routines liées aux institutions, la perception négative des soins palliatifs et le fait que les directives anticipées sont souvent absentes ou non réactualisées, voire remises en question. Les auteurs relèvent qu’agir en offrant des traitements permet d’éviter d’affronter la question de la mort et des discours chargés d’émotions. Un autre facteur est également lié au côté incertain et subjectif de l’évolution de la maladie. Ces résultats montrent l’importance de développer des stratégies permettant la prise de décision partagée entre professionnels-patient-famille en tenant compte de la globalité de la situation vécue et pas seulement des aspects biologiques.
71Cependant Hallenbeck [30] est d’avis que la communication entre patient en fin de vie et médecin peut être affectée par un décalage culturel, ce qui a un impact sur les choix thérapeutiques. Il donne un éclairage anthropologique qui permet de comprendre ce décalage au travers des notions de « contexte élevé » et « contexte bas ». La communication qui se réfère à un « contexte bas », est spécialisée, précise et se situe au niveau du détail à traiter, de la tâche à exécuter. Le médecin se situe souvent à ce niveau. La communication se référant à un « contexte élevé » est complexe, inclut les différents paramètres de l’environnement vécu et concerne en particulier les patients en fin de vie. Les concepts « contexte élevé ou bas », dans nos références plus ou moins conscientes, influencent la communication dite interculturelle. Les notions d’espace, de temps, sont perçues différemment par les acteurs. Un décalage entre ces niveaux a des répercussions négatives sur les soins et la relation de soins.
L’influence des émotions dans la prise de décisions
72Weiner et al. [31] mettent en évidence au travers d’une revue de littérature que l’incitation à une prise de décisions commune patient-médecin est difficile et rarement satisfaisante alors qu’elle est essentielle en particulier dans les soins en fin de vie.
73Trois types de difficultés sont mis en évidence : les émotions des médecins dans ces situations de fin de vie, des opinions s’opposant à une telle démarche et le manque de compétences. Il est de ce fait important de se former à prendre conscience de ses émotions et apprendre à les gérer, à prendre conscience de ses opinions et les vérifier, à développer des compétences dans la communication permettant le partage de décision.
74Sand et al. [32] relèvent quant à eux l’impact émotionnel de la proximité de la mort sur la communication et la relation thérapeutique. La solitude vécue par l’approche de la mort est renforcée par la difficulté de parler de ce vécu, d’être informé de la réalité et du pronostic de vie restant. La mort proche isole, la réalité à vivre et les références changent et rendent la communication difficile tant pour les patients que les professionnels. Un accompagnement de la personne dans sa globalité par une équipe interdisciplinaire est à souhaiter.
Les savoirs du patient et le dossier de soins
75L’importance de tenir compte de la réalité du patient dans les prises de décisions est une conséquence du droit à l’autonomie du patient. D’autre part, les propositions thérapeutiques et de soins sont plus efficientes lorsqu’elles tiennent compte de la particularité de chaque situation et découlent d’une décision partagée avec le patient.
76Ces résultats abordent plusieurs thèmes (tableau 2).9
Facteurs influençant les décisions partagées entre professionnels et patients
77Un certain nombre de difficultés font obstacle à une prise de décisions partagée et éclairée.
78Clover et al. [33] ont observé les interactions infirmières-patients. Comme il est attendu des infirmières qu’elles occupent un rôle central pour aider les prises de décisions des patients concernant les soins et qu’il y a peu d’informations concernant les interactions infirmières-patients en soins palliatifs, cette étude a questionné les patients pour voir comment ils percevaient l’impact de ces interactions sur leurs prises de décisions.
79Les résultats montrent que les patients en soins palliatifs adoptent souvent une attitude passive et s’engagent peu dans des décisions importantes pour des raisons variées :
- les patients reportent les décisions soit parce qu’ils attendent d’avoir plus d’informations, ou parce que la décision est trop difficile à prendre à ce moment-là ou parce qu’ils ne souhaitent pas se confronter à l’issue qui les attend. Ils ressentent un sentiment d’impuissance à poser des questions sur ce qui va se passer et les infirmières n’ont apparemment pas perçu que des questions restaient sans réponses ;
- les patients acceptent ce que les professionnels proposent car ils les considèrent comme étant experts et se sentent démunis à l’hôpital. Les infirmières ne valorisent pas l’expertise du patient en lui montrant que ce sont eux qui peuvent apporter la meilleure compréhension de ce qu’ils vivent. Elles ne les incitent pas non plus à prendre une place plus participative dans les soins ;
- les patients acceptent les propositions des soignants et participent activement aux soins. Ils obéissent ;
- les patients se soumettent au pouvoir des infirmières ;
- les patients ne rapportent pas souvent avoir vraiment négocié les soins ;
- parfois les patients se montrent résolus dans leur demande. Ils ne cherchent pas de consensus. Pour eux, c’est une façon de reprendre le pouvoir. Obtenir gain de cause, même pour quelque chose en apparence d’anodin, donne le sentiment de pouvoir décider.
80Un besoin d’enseignement thérapeutique est aussi démontré. Il devrait permettre au patient de prendre une place plus active dans les soins en formant les infirmières pour que de vraies négociations puissent s’établir avec le patient concernant leurs soins.
81Il s’agit de favoriser la prise de conscience du pouvoir qu’ils ont sur les patients et de soutenir l’« empowerment » de ceux-ci.
82Rehbock [34] aborde la notion de pouvoir lié au savoir. Selon l’auteur, le développement scientifique de la médecine a placé la relation médecin-patient dans un rapport asymétrique lié au pouvoir du savoir scientifique.
83Par ailleurs, il est difficile d’être dans une relation favorisant l’autonomie du patient alors que l’on a pouvoir de décision. Cela nécessite une approche globale de la personne (et non de l’objet malade), des capacités de communication et de compréhension de la situation vécue.
84Les directives anticipées ne sont de ce fait pas une garantie pour respecter la volonté du patient. Il faudrait pouvoir anticiper le contexte dans lequel la décision devra être prise, ce qui n’est évidemment pas possible. D’autre part, le patient n’est pas toujours en mesure de ratifier les directives anticipées. Dans ce cas, le professionnel ne peut que supposer ce que pourrait être la décision du patient (présomption de volonté) avec le risque de projeter ses propres valeurs sur le patient.
85Temkin-Greener et al. [35] obtiennent des résultats semblables. Leur recherche montre que même dans des lieux prônant la prise de décisions se référant aux volontés du patient, les décisions prises par les patients varient de façon importante selon les dire des professionnels qui les ont accompagnés. Les valeurs et compétences de ces professionnels en seraient majoritairement la cause. De ce fait, il faudrait améliorer les informations données aux patients et à leur famille et renforcer la formation des équipes interdisciplinaires.
86Baskin et al. [36] relèvent, comme première difficulté, les capacités du patient à participer à la décision. Ils constatent qu’environ 50% des patients souffrant de capacités cognitives réduites (par exemple de type Alzheimer) n’ont pas de personne de référence suffisamment capable de discernement. Ceci met en lumière la difficulté d’inclure ces patients ou leur famille dans les prises de décisions.
87Bruera et al. [37] se demandent si les perceptions des médecins concernant le souhait de participer à la décision clinique corroborent avec le souhait des patients. Ils concluent que même dans des unités telles que les soins palliatifs le souhait du patient d’une prise de décisions partagée est sous-estimée.
88McCaughan [38] constate également que la participation à la prise de décisions est variable. Il la situe dans un continuum de ne pas inclure du tout le patient à l’inclure complètement dans les prises de décisions. Il incite à une communication plus professionnelle afin d’apprécier le degré d’intérêt et la possibilité des patients à participer aux prises de décisions.
89Stapleton [39] met en évidence un certain nombre de difficultés qui rendent la prise de décisions partagée, en particulier lorsqu’il s’agit de décisions à prendre pour la fin de vie (traitements, réanimation, personne de référence) chez les personnes âgées souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
90Une amélioration est nécessaire dans ce domaine parce que la qualité de vie est souvent fortement diminuée et que les patients souffrant de BPCO se retrouvent souvent aux soins intensifs. La décision de recourir aux soins palliatifs se fait plus difficilement dans ce contexte. La présence fréquente de démence dans ce groupe de patients conduit souvent à sous-estimer leur souffrance.
91Le fait de pouvoir établir la communication avec le patient facilite au médecin l’accès à la décision du patient d’être réanimé. Inversement, lorsque cette communication ne peut être établie la décision devient très difficile.
92Plusieurs aspects contribuent à une communication insuffisante :
- la difficulté d’établir un pronostic précis dans les situations de BPCO ;
- la difficulté des patients de parler de mort lorsqu’ils souhaitent rester vivants ;
- la difficulté des médecins de trouver le temps et le ton pour aborder le sujet ;
- la dépression des patients qui les rend passifs et les pousse plutôt à choisir de ne pas être réanimés, choix souvent remis en question lorsque la dépression est traitée (selon une étude 16/17 auraient changé d’avis après traitement de la dépression) ;
- les représentants thérapeutiques qui ne sont pas souvent connus, ce qui pose un problème lorsque les patients se trouvent en incapacité de communiquer et que les directives anticipées manquent ;
- la difficulté de parler de la mort dans notre société en général ;
- le sentiment d’échec ressenti par beaucoup de médecins à la mort du patient ;
- l’inconfort de parler de la mort qui aboutit à des messages ambivalents et rend difficile une décision éclairée.
93Kaldjian et al. [40] ont mis en évidence, au travers d’une revue de littérature, l’importance de cibler les buts potentiels des patients afin de faciliter la prise de décisions partagée concernant les traitements à mettre en place en fin de vie. Ils classent ces buts en six catégories : 1) guérir ; 2) vivre plus longtemps ; 3) améliorer ou maintenir des fonctions, qualité de vie ; 4) être bien ; 5) réaliser des buts de vie (préparer sa mort, rester à la maison, renforcer des liens, réaliser un but particulier et personnel, besoins spirituels) et 6) soutien pour la famille, soignants.
94L’introduction des buts aussi bien dans les entretiens patients/familles/médecins que dans les directives anticipées facilite des prises de décisions adaptées à la situation.
Les informations du dossier de soins
95Les informations du dossier de soins sont des observations écrites importantes auxquelles les professionnels peuvent se référer.
96Travis et al. [41] décrivent que les équipes dans les soins de longue durée identifient la mort proche au travers de symptômes aussi bien physiques que psychologiques pour passer de soins curatifs vers des soins palliatifs. Ils réévaluent régulièrement l’intérêt ou la futilité des traitements. Ceci permet un lent passage vers les soins palliatifs. Parfois, selon les équipes ou les situations particulières, la non-reconnaissance d’évolution et l’absence d’informations écrites ont pour effet l’introduction trop tardive des soins palliatifs.
97Daaleman et al. [42] ont exploré la problématique des directives anticipées. A l’origine de leur étude, il y a l’évolution démographique et le nombre de décès susceptibles d’augmenter dans les lieux de soins de long séjour et le constat décrit dans la littérature qu’il n’y a pas forcément concordance entre les directives anticipées et les décisions de traitement prolongeant la vie (y compris la réanimation).
98Au vu de l’importance d’une concordance des vues entre familles et soignants et se référant au constat qu’il n’y a pas forcément concordance entre les directives anticipées et les décisions de traitement prolongeant la vie, Daaleman et al. [42] ont exploré la problématique des directives anticipées, la planification anticipée des soins pour fin de vie (ACP), le rapport entre résidants, famille et l’organisation des soins. Les auteurs constatent que les ACP sont davantage présents qu’ils ne l’avaient prévu. Ils notent cependant une prévalence moins importante chez les non-blancs, les personnes sans assurance, lorsque la famille est très présente et le décès non prévisible.
99Kaasalainen et al. [43] décrivent que la gestion de la douleur est inadéquate chez des personnes âgées vivant dans des lieux de soins de longue durée, avec des capacités cognitives diminuées ou restreintes.
100L’évaluation de la douleur est difficile aussi bien pour les médecins que les autres soignants. Lorsque celle-ci est possible, la responsabilité du choix d’interventions est attribuée au médecin alors même que les infirmières pourraient introduire un soin ne nécessitant pas d’ordre médical (massage, positionnement).
101L’évaluation de la douleur est rendue difficile par le fait que les patients ne veulent pas se plaindre, qu’ils estiment que c’est normal de souffrir ou ne peuvent pas s’exprimer clairement.
102Le diagnostic différentiel entre la douleur ou d’autres causes est difficile en cas de démence.
103Médecins comme infirmières redoutent de recourir aux opioïdes, si ce n’est lors de soins palliatifs, par crainte notamment des effets secondaires, ce qui provoque une tendance à sous-traiter la douleur.
104Les médecins peu présents dans ce type d’institution sont tributaires des infirmières pour l’évaluation de la douleur. Leurs prescriptions sont plus efficientes lorsqu’il y a confiance dans l’infirmière. Cette confiance dépend du discours clair de l’infirmière, de son analyse et argumentation de la situation vécue du patient.
105Médecins comme infirmières sont d’accord qu’il est important d’adapter le traitement de la douleur à la situation particulière.
106Influence du « contexte » lors des prises de décisions dans les phases de transition curatives-palliatives
107Parmi les éléments à prendre en considération lors de prises de décisions se référant aux critères de la pratique EBN en plus de l’« evidence », il y a le contexte, ses ressources et ses besoins. Divers aspects du contexte influencent les prises de décisions. Nous avons regroupé les résultats par thèmes (tableau 3).10
Influences de la formation professionnelle
108Bruhe et al. [44] ont réalisé une revue de littérature mettant en évidence un changement de paradigme dans la profession et la formation d’infirmières qui influence la façon dont sont prises les décisions. Les auteurs font référence à l’émergence de nouveaux conflits entre soignants depuis la tertiarisation de la formation. Ils identifient trois modes de pensée à l’origine de ces conflits qui induisent trois façons d’être soignant. Ces trois modes se réfèrent à l’évolution dans le temps de la profession d’infirmière. Ils expliquent que des incompréhensions, des difficultés de communications, des conflits peuvent naître chez les soignants, notamment parce qu’ils ne sont pas conscients de cette évolution et des paradigmes différents auxquels ils se réfèrent.
109Les auteurs identifient le mode caritatif, minoritaire, mais influençant encore les modes de pensée. Le mode caritatif se réfère au savoir personnel de chacun pour soigner.
110Le mode métier, majoritaire, se réfère à un savoir d’expérience, transmis au travers de modèles se référant à des protocoles non scientifiques.
111Le mode professionnel, émergeant avec la tertiari-sation des formations est minoritaire. Il se réfère au savoir scientifique, au savoir d’expérience et à l’approche herméneutique de chaque situation de soins. Ce mode répond aux exigences légales de qualité.
112Ce troisième mode annonce un changement de paradigme dans les professions soignantes.
113Rady et al. [45], percevant un manque d’offre dans les unités de soins palliatifs aux soins intensifs, ont exploré si les patients hospitalisés et décédés durant leur séjour avaient été informés de choix thérapeutiques et s’ils avaient reçu des soins palliatifs. Les résultats montrent que les patients décédés aux soins intensifs n’avaient généralement pas eu ce genre d’information quoique les données cliniques aient pu laisser entrevoir une mort relativement proche et une qualité de vie diminuée. En comparant les résultats avec d’autres services, il s’avère que ceci est surtout lié aux hôpitaux universitaires et à la prise en charge par des médecins jeunes et inexpérimentés, insuffisamment formés pour ces situations.
Influence d’aspects économiques sur les prises de décisions
114Meier et al. [46] se réfèrent à l’évaluation d’un projet de case management couplé aux évaluations en soins palliatifs et démontrent que des soins efficients peuvent être offerts aux patients en fin de vie, même s’ils ne sont pas hospitalisés.
115Konetzka et al. [47] explorent, au travers d’une revue de littérature, comment réduire les hospitalisations coûteuses et souvent accompagnées de complications pour les personnes âgées vivant en institution de longue durée. Il en résulte une liste de propositions : améliorer la qualité des équipes de soins, offrir des soins spécifiques à domicile plutôt que d’hospitaliser, éviter des hospitalisations liées à des intérêts financiers (assurance, etc.). Il apparaît qu’il y a moins d’hospitalisations lorsque l’institution de longue durée offre des soins palliatifs.
116Grabowski et al. [48] relèvent que les compétences des infirmières facilitent des décisions partagées dans le cadre des établissements médico-sociaux (EMS) concernant un besoin d’hospitalisation. Au travers d’une revue de littérature recherchant les indices qui permettent de prédire les hospitalisations de résidants d’EMS, les auteurs découvrent que la décision d’hospitalisation est en principe partagée avec le résidant. Sa volonté n’est cependant pas toujours connue et les directives anticipées n’ont pas un effet significatif. La présence de personnel infirmier de qualité semble jouer un rôle, de même que les incitations financières et la santé du patient : les patients souffrant de troubles cognitifs ou jouissant de soins palliatifs en EMS sont plutôt moins souvent hospitalisés.
Influences de l’organisation institutionnelle et de sa hiérarchie sur les prises de décisions
117Foley [8] a réalisé des observations de type ethnographique dans un hôpital universitaire suisse. Elle constate que l’arrivée des soins palliatifs (équipe mobile) dans les services aigus d’un hôpital universitaire provoque des positions défensives chez les professionnels de première ligne. Il y a confrontation entre la mission de guérison, spécifique à ce type de service et celle du soulagement de la souffrance sans lutter contre la progression des affections revendiquée par l’équipe mobile. Les valeurs portées par les soins palliatifs interrogent celles de la pratique curative. Un dilemme est observé chez les soignants quant à l’utilisation de la morphine aux dosages recommandés dans la dernière période de vie. L’auteure s’interroge sur le risque d’assimilation de la médecine palliative par l’institution hospitalière et ainsi de perdre ses spécificités.
118Kesselring [49] aborde le sujet de l’interdisciplinarité et relève le rapport hiérarchique entre infirmières et médecins. Elle le relie en particulier à la reconnaissance différente de ces professions et à leurs responsabilités différentes.
119Evoquant l’évolution dans le temps, elle souligne qu’actuellement l’infirmière ressent avoir surtout une responsabilité envers le patient et sa famille plutôt qu’envers le médecin. L’interprofessionnalité suggère des rapports égaux des professions qui visent un même but. L’interdisciplinarité exige également la capacité de communiquer, de prendre des décisions ensemble, d’abandonner les schémas hiérarchiques et de porter ensemble la responsabilité des décisions prises ensemble.
120Se référant à différentes recherches, Kesselring relève les bénéfices d’un réel travail interdisciplinaire tant au niveau de l’intérêt au travail des professionnels que des résultats de soins.
121Kentish-Barnes [50] a réalisé des observations participatives sur une période de quatre ans dans des services de soins intensifs en France et en Angleterre. Elle relève notamment que les relations de pouvoir et la reconnaissance professionnelle interfèrent de manière variable dans les prises de décisions. Elle souligne l’influence des responsables médicaux dans cette dynamique et la tendance (y compris chez les infirmières) d’exclure d’autres professionnels (éthiciens, experts en soins palliatifs) et les familles.
122Lemieux-Charles et al. [51] ont réalisé une revue de littérature pour étudier l’efficience du travail en équipe au travers des dimensions de contexte, structure, processus et résultats. Ils relèvent que peu d’études questionnent les différences de pouvoir et leur impact sur la résolution de problèmes et prise de décisions.
123Colon-Emeric et al. [52] démontrent l’influence de l’organisation d’une institution sur les modes de communication et les prises de décisions. Les auteurs ont comparé les effets des modes de communication médecins - infirmières dans deux institutions fonctionnant l’une de façon verticale (top-down) et l’autre de façon horizontale. Le mode horizontal facilite la diversité des regards et l’échange interdisciplinaire permettant des prises de décisions plus proches des besoins complexes. Ce fonctionnement est davantage lié à une absence d’organisation et a pour effet secondaire de ne pas inclure systématiquement des regards d’experts. L’organisation verticale résout ce problème, favorise le gain de temps, mais exclut le regard multiple de l’équipe interdisciplinaire. Il y a perte d’informations car la base ne participe pas aux décisions.
124Chen et al. [53] dénoncent la complexité du système de santé. Il souligne l’importance de centrer les soins sur le patient et de l’informer de façon à ce qu’il puisse réellement prendre ses décisions. Il affirme que le système de santé actuel est complexe ce qui provoque un sentiment d’impuissance chez le patient. Il n’est pas chez lui dans ce système et ceci le fragilise.
Facteurs facilitant les prises de décisions se référant aux différents aspects de l’« evidence » ainsi qu’aux ressources et besoins du contexte
125La littérature relève un certain nombre de facteurs influençant ou pouvant influencer favorablement les prises de décisions partagées. Nous avons repris ces éléments dans le tableau 4.11
La formation comme élément facilitateur
126Un aspect plusieurs fois cité comme facilitant les prises de décisions est la formation à la communication. Cela vaut pour les médecins comme pour les infirmières.
127Curtis et al. [54] proposent différentes interventions afin d’améliorer la communication des médecins avec les patients en fin de vie. Il s’agit de la formation des médecins concernant les soins en fin de vie, de conseils pour les questions en lien avec la fin de vie. Ils proposent également des changements dans le système de santé, de façon à ce que plus de temps soit disponible pour communiquer sur ces points avec les patients.
128Lynn et al. [55] ont réalisé une revue de littérature dans le but d’évaluer l’impact d’un projet de formation nommé « Support ». Cette formation à la communication a été offerte aux équipes dans le but d’améliorer la compréhension chez les patients de leur chance de survie dans les six mois à venir et d’améliorer la récolte de données concernant les souhaits, les expériences et la compréhension des patients et familles. La formation « Support » n’ayant que partiellement permis d’obtenir les résultats escomptés, les auteurs proposent de ne pas remettre en question le concept de formation, mais de questionner la façon dont elle est menée.
129Alexander et al. [56] ont proposé et évalué une formation très courte de deux jours aux Etats-Unis. Cette proposition fait suite au constat décrit dans la littérature que les médecins-assistants manquent de compétences dans la communication avec les patients en fin de vie concernant l’annonce de mauvaises nouvelles, la gestion des émotions ou la mise en évidence de préférences des patients. Cette proposition se réfère également au fait qu’une formation à la communication dans un cours de longue durée a amené des améliorations en Europe. Les résultats démontrent une amélioration au niveau de l’annonce de mauvaises nouvelles ou en cas d’incidents émotionnels. La mise en évidence des préférences des patients montre des résultats contradictoires : très significatifs concernant l’expression de préférences, mais pas probants concernant les propositions de directives anticipées ou une discussion plus générale et moins ciblée.
130La formation proposée pour les infirmières se situe au niveau de la pensée critique.
131Muller-Staub et al. [57,58] identifient un besoin de formation de niveau tertiaire et particulièrement pour développer la pensée critique et la pensée divergente. Au travers d’une revue de littérature, ces auteurs précisent ce qu’implique la décision clinique pour l’infirmier et l’infirmière.
132La décision clinique est complexe, car elle se réfère à l’approche globale de la personne dans son vécu de santé. Elle nécessite une pensée critique et devrait se réaliser en lien avec la démarche de soins. La décision clinique comprend trois aspects : jugement clinique, décision thérapeutique et décision éthique. La pensée critique est caractérisée par trois capacités : la fluidité (savoir intégrer beaucoup d’informations), la flexibilité (savoir gérer beaucoup d’informations), l’élaboration (savoir traiter l’information et en déduire plusieurs implications). La décision clinique nécessite une pensée divergente (élaborer plusieurs hypothèses) et une pensée convergente (synthétiser pour poser un diagnostic).
133Poser un diagnostic infirmier nécessite un savoir-être (compétences interpersonnelles, empathies, donner confiance), un savoir-faire (expérience professionnelle) et des savoirs ou des savoirs professionnels multiples. Au vu de la complexité de la démarche, il est nécessaire de valider le diagnostic par des tiers et de les comparer aux résultats décrits par la littérature.
134Le diagnostic infirmier et la décision clinique, concernant les réactions humaines aux problèmes de santé, sont du ressort et de la responsabilité infirmière. Müller-Staub et al. ont évalué une expérience de formation à la prise de décisions cliniques (groupes de quinze personnes, se réunissant une dizaine de fois en an, études de cas). L’expérience a duré cinq ans. Les résultats montrent :
- une meilleure compréhension des situations, du problème du patient, un diagnostic posé plus précis et des interventions plus pertinentes et efficientes ;
- une meilleure identification des activités de soins ;
- une conscience accrue des rapports interpersonnels soignant-patient.
Modèles et instruments, facilitateurs de la prise de décisions
135Buckingham et al. [59], au travers d’une revue de la littérature, identifient les modèles de référence susceptibles d’aider à la prise de décisions et proposent le modèle de la classification, de façon à mieux valoriser les prises de décisions en soins infirmiers. Ce modèle a pour avantage d’être compris par l’équipe interdisciplinaire et n’omet pas la formulation de diagnostics différentiels contrairement aux modèles qui se réfèrent davantage à l’intuition. Cette approche plus rationnelle, identique à la procédure médicale, incluant la formulation d’hypothèses et leur vérification, prenant en compte tous les paramètres (personne, santé, environnement, soins) portant sur des aspects propres aux soins infirmiers, permettrait une amélioration des prises de décisions interdisciplinaires. Cette démarche cognitive est exigeante et chronophage.
136Just [60] étudie l’intérêt de se référer à un modèle pour les décisions éthiques. L’auteur réalise une analyse de cas en référence à un modèle d’origine médicale et un autre d’origine infirmière. Il observe que cela n’amène pas de changements substantiels même si ces modèles se réfèrent à des paramètres différents. Par contre, l’utilisation d’un modèle commun facilite la prise de décisions.
137Dy [61] réalise une revue de littérature dans le but d’identifier les différents instruments susceptibles d’aider à la prise de décisions. Les résultats montrent qu’il existe un grand nombre d’instruments que l’on peut répartir en plusieurs groupes :
- ceux qui évaluent si et dans quelle mesure les patients souhaitent partager les décisions avec les médecins ;
- ceux qui apprécient les informations données et les processus de communications médecins-patients-familles ;
- ceux qui considèrent d’autres aspects de la prise de décisions au travers notamment d’échelles multidimensionnelles (capacité d’auto-soins, aspects sociaux, adhérence aux décisions...).
Aspects organisationnels comme facilitateurs lors de la prise de décisions
138Ragsdale et al. [62] soulignent l’impact favorable d’une organisation de petite taille sur la prise de décisions par le patient. Afin de répondre aux besoins de qualité de vie des résidants en établissement médico-social (EMS) de nouveaux modèles ont été testés. Ce sont de petites unités s’approchant de ce que fut le chez-soi et où la prise de décisions est partagée avec les résidants. Le système se caractérise par une hiérarchie horizontale. Les résultats comparés à des EMS traditionnels, ces petites unités sont meilleures en général, notamment pour la qualité de vie ressentie par les résidants et pour la diminution du « turnover » des soignants.
Soutien et accompagnement
139Hunt et al. [63] relèvent que l’hospice est une aide pour soutenir les familles lorsqu’elles soignent une personne en fin de vie à la maison. L’offre attendue et appréciée des familles se situe cependant surtout au niveau de la suppléance dans les soins plutôt que d’une aide à la décision et d’un soutien spirituel.
140Partant de l’hypothèse que la spiritualité est une aide importante pour gérer sa fin de vie et prendre des décisions, Wallace et al. [64] ont exploré comment les infirmières peuvent favoriser la vie spirituelle des résidants en EMS. Les résultats confirment l’importance du soutien spirituel dans cette phase de vie et proposent, par exemple, de favoriser une vie religieuse, des rencontres avec des aumôniers, mais également d’offrir du temps, de l’attention, de la gentillesse, de la présence et du respect.
141Steinhauser et al. [65] ont eux aussi exploré comment la spiritualité peut être prise en considération par les médecins. Ils la définissent comme « être en paix », la relient aux émotions et précisent que la spiritualité peut être d’ordre religieux ou non. Parmi les facteurs démographiques, seul l’âge semble être une variable indépendante significative. Il est proposé aux médecins de poser des questions du type « êtes-vous en paix ? », question qui permet d’ouvrir sur les aspects de la spiritualité au sens large, faciliter une prise de décisions prenant en compte ce facteur, identifier et les choix et les ressources du patient.
142O’Conner [66] se réfère à la revue de littérature pour dire qu’une pratique favorisant l’aide à la décision chez les patients apporte des résultats concluants, en particulier une meilleure connaissance des options thérapeutiques, une diminution de conflits décisionnels, une participation plus active à la décision sans augmentation de l’anxiété.
143Knauft et al. [67] décrivent que seulement un tiers des patients ont eu une discussion avec leur médecin concernant des options thérapeutiques en cas de péjoration de la santé. Dans ce cas, la qualité de l’entretien a été appréciée comme étant très bonne. Il s’agit dès lors d’encourager à ce type d’entretien, par exemple en proposant la collaboration avec un intervenant clinique non médecin. Une relation dans la durée facilite ce type de rapport, ce qui peut être difficile dans un site universitaire avec le roulement de personnel et les séjours courts.
144Deux autres barrières sont identifiées chez le patient : son souhait de penser à la vie plutôt que penser à la mort et la crainte de perdre son médecin selon ses choix thérapeutiques. Ces aspects montrent l’importance d’une communication de qualité. Ceci est renforcé par les dires des patients qui ont eu un entretien et perçoivent moins d’obstacles que ceux qui n’en ont pas eu.
145Roberts et al. [68] ont vérifié auprès des soignants naturels de patients avec des troubles cognitifs si l’accompagnement par une infirmière sur six mois pour la résolution de problèmes est aidant. Les résultats sont significatifs chez les soignants naturels avec peu de ressources en « coping » au départ de l’intervention, mais il reste peu de résultats un an après l’intervention.
146Jeste et al. [69] décrivent qu’il est possible d’obtenir un consentement éclairé de patients âgés schizo-phréniques au travers d’une information adaptée.
147Brandburg [70] s’est intéressé à la phase de transition que représente l’entrée en EMS. Ces résultats peuvent éclairer ce que peut être le rôle infirmier dans une phase de transition. Brandburg constate :
- le rôle infirmier est d’aider à vivre la transition ;
- la transition est marquée par une première réaction émotionnelle, par des facteurs d’influence (environnement, histoire de vie, valeurs personnelles, circonstances de l’admission, etc.), par le besoin d’ajustement à la nouvelle situation (créer des liens, réflexion, nouveau cadre, orientation vers le futur, recherche de sens) suivi de l’acceptation de la situation ;
- le modèle de transition des sciences infirmières peut guider les soignants pour développer des interventions de coping aidant les résidants dans cette phase de transition.
Synthèse et discussion
148Pour offrir des soins de qualité, l’approche EBN implique que la décision se réfère à l’« evidence » qui comprend les savoirs scientifiques actualisés, le savoir d’expérience et celui du patient ainsi que les ressources et besoins du contexte.
149L’analyse de la revue littérature démontre que les prises de décisions sont influencées par tous ces facteurs. Cependant, la majorité des recherches s’est intéressée à l’influence d’un seul paramètre, quelques-unes en ont intégré deux. Par conséquent, l’étude fragmentée des facteurs d’influence sur le processus de décision apporte une lecture partielle sur ce processus. Plus précisément, elle ne permet pas de comprendre dans quelle mesure ces facteurs s’influencent réciproquement. La complexité des décisions dans le contexte d’incertitude de la fin de vie exige l’étude simultanée de tous les paramètres d’influence.
150La transition de soins curatifs à des soins palliatifs est progressive. C’est une zone d’ombre dans laquelle cohabitent des pratiques curatives et palliatives. Le recours au pronostic est décisif tout au long du processus pathologique. Mais, lorsque les limites thérapeutiques curatives sont atteintes, il contribue à une prise de conscience de celles-ci tout en apportant des indications pour l’anticipation de la mort. Le pronostic est cependant incertain et ne facilite pas la décision pour déterminer la posture à adopter. Le recours à des thérapies identiques à la fois pour guérir et pallier l’inconfort contribue au doute des soignants et des soignés. Davantage de rigueur scientifique du point de vue médical semble être nécessaire durant la transition. Il s’agit de questionner les traitements à conserver en phase palliative lorsqu’ils ont été introduits dans la phase curative. Chez la personne âgée, la situation est particulièrement complexe, surtout lors de présence de plusieurs pathologies, aiguës et chroniques, guérissables ou incurables. Dans l’incertitude, la tendance de se référer à la maladie dominante semble influencer les décisions.
151Les savoirs biomédicaux, qui considèrent l’être humain comme la somme des parties qui le composent afin de mieux l’étudier et d’en dégager des lois universelles, sont essentiels dans le traitement de la maladie. Cependant, ils ne peuvent être les seuls déterminants en particulier lorsqu’il s’agit de décider d’une transition vers des soins palliatifs. A l’épreuve de la réalité du patient et à l’imminence de sa mort, s’installent l’incertitude et le flou qui nécessitent une approche globale de l’être humain. L’amalgame entre curatif et palliatif est fréquent du fait de lacomorbidité et du fractionnement des interventions de divers spécialistes. La posture qui consiste à considérer la maladie et non l’individu contribue à brouiller le message. Le mouvement oncologique qui se réfère à la notion soins de support1 [71] cherche à humaniser les pratiques. La composante relative à la qualité de la vie est ici décrite comme faisant partie intégrante de toutes les interventions indépendamment de la proximité de la mort. Mino parle de la médecine de l’incurable qui vise la lutte contre l’inconfort et le soutien à la vie. Cette médecine dépasse le contrôle des symptômes et rassemble tous les gestes préventifs ou actifs pour permettre au patient de ne pas souffrir.[72] Rossi définit « l’accompagnement » par « ...la nécessité d’aider une personne confrontée à des épreuves intenses et marquantes comme peuvent l’être la maladie et la mort, présentes ou à venir ».[73] Celui-ci implique la création de lien social spécifique qui nécessite une interrogation et un partage constant entre tous les acteurs, patient y compris. Ces besoins de clarification nous rappellent certaines limites difficiles à établir entre « cure » et le « care », dans le sens que tout traitement ne doit pas négliger, à des degrés variables, de « prendre soin »2 de la personne au sens de Hesbeen [74]. C’est probablement ce que nous rappelle le mouvement des soins palliatifs qui a pris naissance en partie pour apporter une réponse adaptée lors d’acharnement thérapeutique. Dès lors, il s’agirait de questionner pourquoi la pratique palliative se met en place seulement dès l’imminence de la mort ou lors d’un haut niveau d’inconfort physique, alors qu’il est essentiel d’intégrer dans tous actes de soins et de traitements des conditions respectant la qualité de vie, le confort, le soulagement, la globalité, la dignité et l’autodétermination.
152La revue de littérature montre l’importance d’une prise en charge globale en adéquation avec la réalité de l’instant présent du patient. Ces caractéristiques sont fondamentales dans les diverses définitions de soins palliatifs. Elles permettent donc de répondre de manière éclairée et argumentée au soulagement de la souffrance totale, entre autres, lors de complications en fin de vie. Cette approche rejoint en de nombreux points les notions de totalité et de simultanéité développées par les sciences infirmières. En effet, depuis les années 1970, les théories de soins infirmiers s’appuient sur quatre concepts centraux qualifiés de métaparadigmes. Il s’agit de la personne (individu, famille, groupe), de la santé, de l’environnement, et des soins. Deux paradigmes marquent aujourd’hui la discipline infirmière. L’un désigné « ...intégration (ou de la totalité) qui aborde l’être humain de manière systémique en insistant sur l’in-terrelation de ses dimensions biopsychosociales » et l’autre de « .la transformation (ou de la simultanéité), inspiré du courant existentialiste, voit en la personne un être unique et singulier porteur de ressources et capable de choix qui vont influencer sa trajectoire de vie et de santé ».[75] Faire référence à ce modèle comme aide à la décision pour une transition vers des soins palliatifs favorise une lecture très ouverte de la réalité de la personne tout en considérant le moment présent comme essentiel et primordial.
153La résolution de problèmes et l’intuition sont décrites comme des démarches intellectuelles mobilisées par les infirmières lors de l’analyse. Toutes les deux font appel à des connaissances et des savoirs d’expérience qui semblent être une composante importante chez tous les professionnels lors de la prise de décisions. Or, les savoirs d’expérience de chaque professionnel sont imprégnés par des paradigmes, des théories et des valeurs propres à leur profession, mais aussi par des composantes émotionnelles propres à chaque individu. Prises sans concertation entre les divers professionnels, les décisions peuvent ainsi être différentes et parfois contradictoires. En caricaturant, nous pourrions dire que celles des professions médicales sont prioritairement centrées sur la maladie alors que les professions soignantes et psychosociales sont d’abord centrées sur la personne. Cette manière de procéder dans un contexte où le pouvoir médical est dominant, nous pouvons peut-être mieux comprendre l’origine de certaines tensions au sein des équipes exprimées surtout par les infirmières. Or, plutôt que d’opposer ces deux approches, nous sommes d’avis qu’elles sont complémentaires et essentielles à une meilleure compréhension de l’individu confronté aux limites de sa guérison. Il est cependant essentiel qu’elles puissent être partagées ouvertement en intégrant la position du patient et/ou des proches, pour faire émerger des décisions adaptées.
154Le partage de la décision dans le contexte des soins aigus semble insuffisamment pratiqué entre les professionnels de disciplines différentes et/ou avec des professionnels spécialisés externes aux équipes de première ligne. La participation du patient et/ou de ses proches n’est pas toujours réalisée aux motifs que leurs capacités cognitives et leur volonté ne le permettent pas toujours. Les professionnels contribuent également à cette situation, par l’exclusion du patient lors du processus de décision. Le manque de formation des professionnels et l’organisation du contexte dans lequel se prennent les décisions n’incitent pas à ce partage. Par ailleurs, l’impact de la maladie fragilise la personne alors que l’environnement dans lequel elle est soignée l’impressionne et la contraint. Cela a pour conséquence de réduire sa capacité d’investissement pour les décisions le concernant. Si nous sommes d’avis que le patient et ses proches sont centraux lors de la prise de décisions, nous nous questionnons aussi sur l’impact psychique qu’elle peut induire chez ceux-ci. Dès lors il s’agit d’accompagner le patient afin qu’il accepte à son rythme une transition vers des soins palliatifs.
155Dans ce contexte il appartient aux soignants de s’adapter en permanence à la fragilité et aux incertitudes des patients. Cet ajustement nécessite donc de trouver le meilleur équilibre entre scientificité et humanité. L’accompagnement demande à respecter les rythmes et les capacités individuelles, d’assurer tout au long du processus une qualité relationnelle, écoute et compréhension face aux doutes et hésitations, mais également précision et clarté de l’information.
Conclusion
156La perspective dans laquelle s’inscrit l’agir des professionnels au chevet de la personne âgée vivant un long déclin peut différer selon les personnes. Si l’intérêt du patient reste l’élément central, l’intention des divers professionnels diffère ou se complète. Les facteurs qui interfèrent sur le processus de décision sont complexes et divers. Ils sont pour la plupart relatifs à la sphère professionnelle ou au phénomène de la mort alors que d’autres sont inhérents au système de santé.
157Les finalités contradictoires des soins curatifs et des soins palliatifs rendent la transition difficile. Sur la base de nos recherches, quelques propositions pouvant faciliter les prises de décisions sont esquissées ci-dessous.
158Il s’agirait d’une part de mieux comprendre les processus de décision en étudiant les interactions des facteurs multiples lors du processus de décision et de suggérer un modèle de formation interprofes-sionnelle14 en soins palliatifs.
159La revue de littérature relève le manque de données scientifiques pour mieux comprendre la phase de transition et la prise de décisions. Un développement de la recherche semble donc nécessaire bien que celle-ci, dans le contexte de la fin de vie, soulève un certain nombre de questions d’ordre éthique et de faisabilité. Cependant, le désir des patients et de leurs proches de participer à des études scientifiques est un facteur important pour le développement de la recherche en soins palliatifs. En contribuant à la recherche, les patients souhaitent aussi donner du sens à leur vie et au vécu de leur maladie sans que cela induise des souffrances supplémentaires. Les caractéristiques de la « recherche-action »15 permettraient de répondre en partie à ce besoin. En effet, la spécificité de cette méthodologie vise à rapprocher recherches et pratiques soignantes et ainsi les modifier. Celle-ci conçoit les besoins sociaux comme une production sociale que les chercheurs concourent à mettre en œuvre au travers d’une démarche spécifique. En intervenant directement avec l’ensemble des acteurs concernés pour ensuite évaluer les effets de l’intervention, cette approche favorise la production de résultats dans le respect de la population visée.
160Les recherches étudiant simultanément l’ensemble des facteurs d’influence devraient être priorisées pour mieux comprendre les processus en jeu lors de la transition vers des soins palliatifs. Une analyse au travers du « PARIHS16 model 17 » semble très adaptée à l’exploration de ces processus. En effet, ce modèle, qui oblige à une approche holistique tout en permettant de mettre en évidence les consensus des différents acteurs, répond au mieux aux caractéristiques complexes et dynamiques des situations évoluant vers la fin de vie. Il s’agirait d’apprécier, entre autres, le niveau d’accord entre l’évidence scientifique avérée, le consensus professionnel, le contexte et le respect des besoins du patient par l’observation et l’analyse de la prise de décisions.
161En s’inspirant des modèles de formation développés, entre autres, au Canada, une des clés pour l’amélioration des collaborations interprofessionnelles consiste à introduire des espaces de formation communs lors de la formation initiale et « postgrade ». Cette conception déjà établie dans certaines formations « postgrade » en soins palliatifs peine encore à se concrétiser en Suisse. Les causes n’ont jamais vraiment été étudiées, alors que la conception des soins palliatifs est adaptée à cette dynamique. En effet, de nombreuses activités cliniques sont communes aux professionnels constituant l’équipe soignante. Ainsi, un enseignement en école et en clinique visant cette hétérogénéité aurait sans aucun doute l’avantage de renforcer une culture commune et de favoriser une meilleure compréhension des spécificités de chacune des professions.
162Ainsi, les postures scientifiques spécifiques viendraient s’enrichir mutuellement. Elles auraient l’avantage par exemple, d’améliorer les compétences relationnelles des médecins et de développer la pensée critique et divergente des infirmières. Ou alors, les compétences en spiritualité des théologiens sensibiliseraient les professionnels de la santé à l’importance de cette dimension pour l’équilibre des patients tout en comprenant mieux les approches biomédicales. Des formations intra-muros réunissant l’ensemble des professionnels iraient dans le même sens.
163Dans le contexte difficile de la fin de vie, explorer les méandres de la prise de décisions pour mieux comprendre les processus doit nous permettre de tendre vers plus d’objectivité et de rigueur. Les nombreux paramètres qui interagissent dans ces processus impliquent le développement de recherches en interdisciplinarité et en intégrant les patients. Il appartient donc aux professionnels de changer leurs perspectives et de développer des outils pour l’aide à la décision.
Annexe 1 – Tableau de synthèse 1 : Facteurs influençant les prises de décisions : les savoirs professionnels.
Thèmes | Auteurs | Description, synthèse |
---|---|---|
Zone grise | (van Kleffens, et al., 2004) Etude qualitative | Zone grise : le même traitement peut avoir une visée curative ou palliative et le pronostic n’est pas toujours très clair |
(Lee, et al., 2007) Editorial | Questionner sur l’indication de maintenir certaines médications en fin de vie. Consensus nécessaire entre médecins et pharmaciens | |
(Ansell, et al., 2007) Etude quantitative | Complexité des comorbidités : décisions selon la maladie dominante, l’évolution (aiguë chronique) et l’âge pour offrir des soins palliatifs ou non | |
Recherches nécessitées pour nouveaux savoirs | (Thompson, 2001) Avis d’expert | L’évolution du rôle infirmier. L’intuition dans les soins ne suffit pas : recherche et utilisation des résultats de recherche à développer |
(Imhof, et al., 2008) Revue de littérature | Priorités de thématiques de recherche concernant : chronicité, palliation, continuité des prestations, qualité des prestations, autonomie des patients lors de prises de décisions, recherches multidisciplinaires, prises en considération des situations de vie, des valeurs, de la qualité de vie lors de prises de décisions | |
(White, et al., 2008) Recherche quantitative | Ethique et recherche en fin de vie : patient et famille sont ouverts à cette démarche, qui donne ainsi un sens à leur vie pour autant qu’ils n’en souffrent pas | |
(Perkins, et al., 2008) Recherche quantitative | Points de vue des patients concernant les priorités de recherche : soins d’urgence, contrôle de la douleur, comprendre ce que les patients disent, visites à leur domicile et thérapies complémentaires | |
(Hum, et al., 2006) Editorial | Soins palliatifs offerts en hospice et leur intérêt peu connu par la population | |
(Le, et al., 2008) Editorial | Proposition insuffisante de soins palliatifs à des patients avec accident vasculaire cérébral (AVC). Reste à explorer ce qui est particulier aux AVC en lien avec les soins palliatifs | |
Influences paradigmatiques | (Shaban, 2005) Revue de littérature | Les théories et paradigmes différents selon les professions |
(McGrath & Henderson, 2008) Recherche qualitative phénoménologique | Dichotomie entre une nécessité en soins palliatifs de soins centrés sur patient et famille et les besoins d’une médecine centrée sur la maladie Manque de formation à la communication et à l’évaluation des aspects concernant la qualité de vie chez les médecins | |
(Schnell, et al., 2009) Recherche quantitative | Vouloir le bien et favoriser l’autonomie en fin de vie ne sont théoriquement pas antinomiques selon médecins et infirmières. Leurs prises de position dans l’action ne sont pas aussi nettes : vérification systématique et critique d’un risque de paternalisme manquent souvent. Le savoir d’expérience et personnel des soignants influence leurs décisions | |
Objectivité versus subjectivité | (Hanley & Fenton, 2007) Avis d’experts | L’improvisation dans les soins infirmiers permet de répondre aux besoins changeants du patient en interaction constante avec l’environnement. Savoir peu validé et/ou visible dans la littérature |
(Dodier, 1993) Recherche qualitative : enquête ethnographie | Le traitement des plaintes de la personne dans l’approche clinique se fait entre deux pôles : l’expertise et la sollicitude qui peuvent conduire à des traitements opposés des expressions de la souffrance (approche objective et subjective) | |
(Hamers, et al., 1994) Revue de littérature | Deux modèles sont décrits concernant la prise de décisions en SI : la méthode de résolution de problème et l’intuition. Tous deux recourent aux savoirs d’expérience et aux connaissances | |
Valeurs et culture | (Schleinich, et al., 2008) Etude quantitative | Le sens de la réhabilitation n’est pas toujours compris dans la phase terminale : garder les capacités fonctionnelles, effet antidépresseur. Valeurs dans les équipes interdisciplinaires pas toujours concordantes |
(Zikmund-Fisher, et al., 2008) Recherche quantitative randomisée | Les choix thérapeutiques (curatif ou palliatif) diffèrent si nous les faisons pour nous-mêmes ou pour d’autres (option curative plus présente pour soi-même). Quelques variables telles que valeurs de vie, croyance au pouvoir de guérison du personnel de la santé, expérience de vie renforcent plus ou moins ce constat | |
Valeurs et culture (suite) | (Carmel, et al., 2007) Etude quantitative | Influence du statut professionnel, des références professionnelles, des valeurs religieuses et culturelles des acteurs concernant les choix préférentiels des médecins et infirmières dans les situations de fin de vie |
(Kaufman, et al., 2006) Etude qualitative ethnographique | Les médecins relèvent trois facteurs influençant leur pensée et leur influence sur les patients : routine, développement technique et spécialisation. Une intervention en amène une autre, la remise en question est rare a posteriori. L’usage et les standards l’emportent sur de réelles prises de décisions renforçant l’espoir et la confiance dans la technologie. Le choix est souvent porté par les médecins dont c’est la responsabilité d’évaluer les risques | |
(Willard & Luker, 2006) Recherche qualitative, grounded theory | En soins aigus, les options se situent surtout au niveau curatif plutôt que palliatif. Causes : les routines liées aux institutions, la perception négative des soins palliatifs et l’absence ou non de la prise en considération des directives anticipées, les mécanismes de défense face à la mort. Nécessité de développer des stratégies permettant la prise de décisions partagée professionnels-patient-famille en tenant compte de la globalité de la situation | |
(Hallenbeck, 2006) Avis d’expert | La communication patient-médecin, particulièrement chez la personne très malade et en fin de vie peut être rendue difficile à cause d’un décalage culturel. Un éclairage anthropologique permet de comprendre ce décalage qui a des répercussions négatives sur les soins et la relation de soins | |
Emotions | (Weiner & Cole, 2004) Revue de littérature | L’incitation à une prise de décisions commune patient-médecin est difficile. Trois types de difficultés : les émotions des médecins, des opinions s’opposant à une telle démarche et le manque de compétences. Importance de se former à prendre conscience de ses émotions et apprendre à les gérer, à prendre conscience de ses opinions et les vérifier, à développer des compétences dans la communication permettant le partage de décisions |
(Sand & Strang, 2006) Recherche qualitative, phénoménologie | La solitude vécue par la proximité de la mort et communication rendue difficile par des changements de références. Un accompagnement de la personne dans sa globalité par une équipe interdisciplinaire est à souhaiter |
Annexe 2 – Tableau de synthèse 2 : Facteurs influençant les prises de décisions : les savoirs relatifs au patient.
Thèmes | Auteurs | Description, synthèse |
---|---|---|
Décision partagée | (Clover, et al., 2004) Recherche qualitative, grounded theory adaptée | Les patients en soins palliatifs adoptent souvent une attitude passive et s’engagent peu dans des décisions importantes pour des raisons variées (sentiment d’impuissance, se remettent à l’expertise ou pouvoir des infirmières) Besoin d’enseignement thérapeutique afin de favoriser l’empower-ment des patients |
(Rehbock, 2005) Article reprenant conférence | Relation asymétrique médecin-patient liée au pouvoir du savoir scientifique Limites des directives anticipées et risque de projeter nos valeurs sur le patient | |
(Temkin-Greener, et al., 2005) Recherche mixte | Même dans des lieux prônant la prise de décisions se référant aux volontés du patient, les décisions prises par les patients varient de façon importante selon les professionnels qui les ont accompagnés. Les valeurs et compétences des professionnels en seraient majoritairement la cause. De ce fait, il faudrait améliorer les informations données à patient et famille et renforcer la formation des équipes interdisciplinaires | |
(Baskin, et al., 1998) RCT | Obstacle : patients souffrant de capacités cognitives réduites | |
(Bruera, et al., 2001) Recherche prospective | Obstacle : sous-estimation par le médecin du souhait du patient d’une prise de décisions partagée | |
(McCaughan, 2007) Recherche ethnographique | Constat : l’invitation à participer à la prise de décisions est variable Proposition : communication plus professionnelle et compétente pour apprécier le degré d’intérêt et de possibilité des patients à participer aux prises de décisions | |
(Stapleton & Curtis, 2007) Avis d’expert | Les décisions à prendre pour la fin de vie (traitements, réanimation, personne de référence) chez les personnes âgées souffrant de bronchopneumopathie chronique obsctructive (BPCO) Difficultés : démence, pronostic incertain dans les situations de pneumopathie chronique obsructive (PCO), difficulté de parler de mort (patients et professionnels), dépression, absence de répondants thérapeutiques et de directives anticipées, ambivalence | |
(Kaldjian, et al., 2009) Revue de littérature | Ressource : introduction des buts aussi bien dans les entretiens patients/familles/médecins que dans les directives anticipées pour faciliter des prises de décisions adaptées à la situation particulière | |
(Travis, et al., 2005) Recherche qualitative | Importance de l’observation de symptômes annonciateurs de la fin de vie pour passer de soins curatifs vers des soins palliatifs | |
Informations du dossier de soins | (Daaleman, et al., 2009) Recherche quantitative | La prévalence de ACP (planification des soins pour fin de vie anticipés) plus présente que prévu. Prévalence moins importante chez les non-blancs, sans assurance, famille très présente, décès non prévisible |
(Kaasalainen, et al., 2007) Recherche qualitative, théorie ancrée | Gestion de la douleur inadéquate chez les personnes âgées, difficultés identifiées : capacités cognitives, la responsabilité du choix d’interventions est attribuée au médecin et les infirmières restent en retrait, les patients ne veulent pas se plaindre ou estiment que c’est normal de souffrir ou ne peuvent s’exprimer clairement, diagnostic différentiel difficile en cas de démence, crainte des effets secondaires des opioïdes, ce qui provoque une tendance à sous-traiter la douleur, manque de clarté de l’analyse et argumentation de l’infirmière, médecin tributaire de l’infirmière |
Annexe 3 – Tableau de synthèse 3 : Facteurs influençant les prises de décisions liés au « contexte ».
Thèmes | Auteurs | Description, synthèse |
---|---|---|
Formation professionnelle | (Bruhe, et al., 2004) Revue de littérature | Emergence de nouveaux conflits entre soignants depuis la tertia-risation de la formation. Cause : trois modes de pensée et trois façons d’être soignant liés à l’évolution dans le temps de la profession infirmière : le mode caritatif, le mode métier et le mode professionnel. Ce troisième mode annonce un changement de paradigme |
(Rady & Johnson, 2004) Recherche quantitative | Dans les hôpitaux universitaires avec des jeunes médecins inexpérimentés, la proposition de soins palliatifs est insuffisamment proposée, malgré la mort imminente | |
Economie | (Meier, et al., 2004) Randomised controlled trial (RCT) | Case management couplée et évaluations en soins palliatifs démontrent que des soins efficients peuvent être offerts aux patients en fin de vie non hospitalisés |
(Konetzka, et al., 2008) Revue de littérature | Propositions pour réduire les hospitalisations de longues durées coûteuses et souvent accompagnées de complications pour les personnes âgées vivant en institution : améliorer la qualité des équipes de soins, offrir des soins spécifiques à domicile plutôt que d’hospitaliser, éviter des hospitalisations liées à des intérêts financiers (assurance, etc.) Il apparaît qu’il y a moins d’hospitalisations lorsque l’institution offre des soins palliatifs | |
(Grabowski, et al., 2008) Revue de littérature | Recherche d’indices permettant de prédire les hospitalisations de résidants d’EMS : la présence de personnel infirmier de qualité semble jouer un rôle, de même que les incitations financières. Les patients souffrant de troubles cognitifs ou jouissant de soins palliatifs sont plutôt moins souvent hospitalisés | |
Organisation institutionnelle Hiérarchie | (Foley, 2010) Recherche qualitative : observation de type participatif | L’arrivée des soins palliatifs, dans les services aigus d’un hôpital universitaire sous l’influence d’une équipe mobile de soins palliatifs (EMSP), provoque des positions défensives chez les professionnels de 1re ligne : confrontation des missions et technologies visant à guérir ou accompagner à la mort |
(Kesselring, 2005) Editorial | Le rapport hiérarchique entre infirmières et médecins est lié à la reconnaissance différente de ces professions et aux responsabilités différentes L’interprofessionnalité suggère des rapports égaux des professions qui visent un même but, la capacité de communiquer, prendre des décisions ensemble ; abandonner les schémas hiérarchiques et porter ensemble la responsabilité des décisions prises ensemble | |
[50] (Kentish-Barnes, 2008) Recherche qualitative : observation de type participatif par immersion | Les relations de pouvoir, les rapports hiérarchiques, la reconnaissance professionnelle, les objectifs des uns et des autres ainsi que les valeurs et les expériences passées sont des facteurs qui interfèrent dans les prises de décisions. Influence des responsables médicaux dans cette dynamique et une tendance (y compris chez les infirmières) d’exclure les tiers (éthiciens, experts en soins palliatifs) et notamment les familles | |
(Lemieux-Charles & McGuire, 2006) Revue de littérature | Efficience du travail en équipe au travers des dimensions de contexte, structure, processus et résultats. Peu de résultats étudiant les différences de pouvoir et l’impact sur la résolution de problèmes et prises de décisions | |
(Colon-Emeric, et al., 2006) Recherche quantitative | Effets des modes de communication médecins - infirmières selon l’organisation et la hiérarchie. Le mode d’organisation horizontal facilite la diversité des regards et l’échange interdisciplinaire, mais a pour effet secondaire de ne pas inclure systématiquement des regards d’experts. L’organisation verticale résout ce problème, favorise le gain de temps, mais exclut le regard multiple de l’équipe interdisciplinaire. Il y a perte d’informations, la base ne participe pas aux décisions | |
(Chen, 2009) Avis d’expert | La complexité du système de soins fragilise le patient et lui donne un sentiment d’impuissance |
Annexe 4 – Tableau de synthèse 4 : Facteurs facilitant les prises de décisions se référant aux différents aspects de l’« évidence » ainsi qu’au « contexte ».
Thèmes | Auteurs | Description, synthèse |
---|---|---|
Formation | (Curtis, et al., 2000) Recherche quantitative | Propositions d’intervention pour améliorer la communication : formation des médecins concernant les soins en fin de vie, conseils pour les questions en lien avec la fin de vie et temps disponible pour communiquer |
(Lynn, et al., 2000) Revue de littérature | La formation à la communication est un concept à conserver, la façon dont cela est mené reste à questionner | |
(Alexander, et al., 2006) Recherche quasi-expérimentale | Proposition de formation courte pour les médecins-assistants : amélioration au niveau de l’annonce de mauvaises nouvelles ou à des incidents émotionnels. Les patients apprécient de pouvoir exprimer leurs préférences, moins les propositions de directives anticipées, ou discussions plus générales | |
(Muller-Staub, 2006) Revue de littérature | Formation des infirmières à la pensée critique et pensée divergente Besoin de formation de niveau tertiaire chez les infirmières | |
(Muller-Staub & Stuker-Studer, 2006) Recherche qualitative | Une formation à la prise de décisions clinique (groupes de quinze personnes, se réunissant une dizaine de fois en 1 Vfe an, études de cas) démontre : une meilleure compréhension des situations, problème du patient, un diagnostic posé plus précis et des interventions plus pertinentes et efficientes, une meilleure identification des activités de soins et une conscience accrue des rapports interpersonnels soignant-patient | |
Modèles et instruments | (Buckingham & Adams, 2000) Revue de littérature | Les auteurs proposent de définir un modèle, celui de la classification pour les prises de décisions, de façon à mieux valoriser les prises de décisions en soins infirmiers |
(Just, 2001) Etude de cas | La décision éthique peut se référer à un modèle. L’analyse de cas en référence à un modèle d’origine médicale et un autre d’origine infirmière n’amène pas de changements substantiels quoique se référant à des paramètres différents | |
(Dy, 2007) Revue de littérature | Les résultats montrent qu’il existe un grand nombre d’instruments que l’on peut répartir en plusieurs groupes (souhait des patients de partager les décisions, informations et processus de communications, échelles multidimensionnelles) | |
Organisation | (Ragsdale & McDougall, 2008) Recherche quasi-expérimentale | Les EMS organisés sous forme de petites unités, avec une hiérarchie horizontale, facilitent une prise de décisions partagée avec les résidants |
(H. Temkin-Greener, Cai, Katz, Zhao, & Mukamel, 2009) Recherche quantitative | Bien que le travail en équipe permette une meilleure qualité d’offre en soins il est peu présent en EMS. L’étude n’a pas permis d’avoir l’explication de la raison de ce manque de collaboration en équipe | |
Soutien et accompagnement | (Hunt Raleigh, et al., 2006) Recherche quantitative | L’hospice est surtout perçu comme une aide pour soutenir les familles au niveau de la suppléance dans les soins plutôt qu’une aide à la décision et d’un soutien spirituel |
(Wallace & O’Shea, 2007) Recherche quantitative | La spiritualité est une aide importante pour gérer sa fin de vie et prendre des décisions. Les infirmières peuvent favoriser une vie religieuse, des rencontres avec aumôniers, offrir temps, attention, gentillesse, présence et respect | |
(Steinhauser, et al., 2006) Recherche quantitative | La spiritualité peut être un facteur influençant la prise de décisions et est à prendre en considération par les médecins. Des questions du type « êtes-vous en paix ? » facilitent une prise de décisions prenant en compte ce facteur, identifier les choix, les ressources | |
(O’Connor, et al., 1999) Revue de littérature | L’aide à la décision chez les patients apporte une meilleure connaissance des options thérapeutiques, une diminution de conflits décisionnels, une participation plus active à la décision sans augmentation de l’anxiété | |
(Knauft, et al., 2005) Etude prospective transverse | Les obstacles à la prise de décisions : courts séjours en hôpital universitaire, l’envie de penser à la vie plutôt qu’à la mort et la crainte de perdre son médecin selon les choix thérapeutiques | |
(Roberts, et al., 1999) RCT | Bénéfices d’un accompagnement pour la résolution de problème donné par une infirmière pour les soignants naturels de patients avec troubles cognitifs | |
(Jeste, et al., 2003) Description | Il est possible d’obtenir un consentement éclairé de patients âgés schizophréniques au travers d’une information adaptée | |
(Brandburg, 2007) Revue de littérature | Pistes pour l’infirmière pour faciliter la phase de transition chez le patient |
Bibliographie
Bibliographie
- Gill TM, Gahbauer EA, Han L, Allore HG. Trajectories of disability in the last year of life. N Engl J Med 2010;362:1173-80.
- Murray SA, Kendall M, Boyd K, Sheikh A. Illness trajectories and palliative care. BMJ 2005;330:1007-11.
- Gardiner C. Soins palliatifs pour les maladies non cancéreuses. Revue de la Société suise de médecine et de soins palliatifs : palliative CH 2010; 2:5-9.
- Baartmans P, Geng V. Qualität nach Mass. Entwicklung und Einführung von Qualitätsstandards im Gesundheitswesen. Berne:Huber H editor 2000.
- Goulet C, Lampron A, Morin D, Héon M. La pratique basée sur les résultats probants, Partie 1 : Origine, définitions, critiques, obstacles, avantages et impact. Partie 2 : Les étapes du processus. Rech Soins Infirm 2004;76:12-29.
- Ingersoll GL. Evidence-based Nursing : what it is and what it isn’t. Nurs Outlook 2000;48:151-2.
- Rycroft-Malone J, Seers K, Titchen A, et al. What counts as evidence in evidence-based practice ? J Adv Nurs 2004;47:81-90.
- Foley RA. Du curatif au palliatif : confrontation et renouvellement des pratiques hospitalières face à la fin de vie. Revue Internationale de Soins Palliatifs 2010;25:30-5.
- Bilsen J, Cohen J, Deliens L. La fin de vie en Europe : le point sur les pratiques médicales. Population et Société 2007;430:1-4.
- Van Kleffens T, Van Baarsen B, Hoekman K, Van Leeuwen E. Clarifying the term « palliative » in clinical oncology. Eur J Cancer Care (Engl) 2004; 13:263-71.
- Lee SP, Bain KT, Maio V. Appropriate discontinuation of medications at the end of life : A need to establish consensus criteria. Am J Med Qual 2007;22:393-4.
- Ansell P, Howell D, Garry A, et al. What determines referral of UK patients with haematological malignancies to palliative care services ? An exploratory study using hospital records. Palliat Med 2007;21:487-92.
- Thompson C. Clinical decision making in nursing:Theoretical perspectives and their relevance to practice-a response to Jean Harbison. J Adv Nurs (JAN Forum). 2001;35:134-7.
- Imhof L, Naef R, Mahrer-Imhof R. Swiss research agenda for gerontological nursing. Pflege 2008;21:435-51.
- White C, Gilshenan K, Hardy J. A survey of the views of palliative care healthcare professionals towards referring cancer patients to participate in randomized controlled trials in palliative care. Support Care Cancer 2008;16:1397-405.
- Perkins P, Booth S, Vowler SL, Barclay S. What are patients’ priorities for palliative care research ? - a questionnaire study. Palliat Med 2008; 22:7-12.
- Hum AY, Tan AS, Goh CR, Ju CA. Hospice awareness in Singapore. Palliat Med 2006;20:221.
- Le BH, Pisasale M, Watt J. Palliative care in stroke. Palliat Med 2008; 22:95-6.
- Shaban RZ. Theories of clinical judgment and decision-making : A review of the theoreticla literature. Journal of Emergency Primary Health Care 2005;3.
- McGrath P, Henderson D. Resolving end-of-life ethical concerns : Important palliative care practice development issues for acute medicine in Australia. Am J Hosp Palliat Care 2008;25:215-22.
- Schnell MW, Schulz C, Dunger C, Moller M. Relevance and modification of autonomy and care at the end of life. Results of a survey by means of a vignette-study. Pflege 2009;22:119-28.
- Hanley MA, Fenton MV. Exploring improvisation in nursing. J Holist Nurs 2007;25:126-33.
- Dodier N. L’expertise médicale. Paris : Métailié ed., 1993.
- Hamers JP, Huijer Abu-Saad H, Halfens RJ. Diagnostic process and decision making in nursing : A literature review. J Prof Nurs 1994;10:154-63.
- Schleinich MA, Warren S, Nekolaichuk C, Kaasa T, Watanabe S. Palliative care rehabilitation survey : A pilot study of patients’ priorities for rehabilitation goals. Palliat Med 2008;22:822-30.
- Zikmund-Fisher BJ, Lacey HP, Fagerlin A. The potential impact of decision role and patient age on end-of-life treatment decision making. J Med Ethics 2008;34:327-31.
- Carmel S, Werner P, Ziedenberg H. Physicians’ and nurses’ preferences in using life-sustaining treatments. Nurs Ethics 2007;14:665-74.
- Kaufman SR, Shim JK, Russ AJ. Old age, life extension, and the character of medical choice. J Gerontol B Psychol Sci Soc Sci 2006;61: S175-84.
- Willard C, Luker K. Challenges to end of life care in the acute hospital setting. Palliat Med 2006;20:611-5.
- Hallenbeck J. High context illness and dying in a low context medical world. Am J Hosp Palliat Care 2006;23:113-8.
- Weiner JS, Cole SA. Three principles to improve clinician communication for advance care planning:Overcoming emotional, cognitive, and skill barriers. J Palliat Med 2004;7:817-29.
- Sand L, Strang P. Existential loneliness in a palliative home care setting. J Palliat Med 2006;9:1376-87.
- Clover A, Browne J, McErlain P, Vandenberg B. Patient approaches to clinical conversations in the palliative care setting. J Adv Nurs 2004;48: 333-41.
- Rehbock T. Respect for autonomy of « incompetent » patients ? - the ethical problem of advanced directives. Pflege 2005;18:381-8.
- Temkin-Greener H, Gross DL, Mukamel DB. Advance care planning in a frail older population. Patient versus program influences. Res Aging 2005;27:659-91.
- Baskin SA, Morris J, Ahronheim JC, Meier DE, Morrison RS. Barriers to obtaining consent in dementia research : Implications for surrogate decision-making. J Am Geriatr Soc 1998;46:287-90.
- Bruera E, Sweeney C, Calder K, Palmer L, Benisch-Tolley S. Patient preferences versus physician perceptions of treatment decisions in cancer care. J Clin Oncol 2001;19:2883-5.
- McCaughan D. Community nurse behaviours related to patient involvement in decision making varied on a continuum of non-involving to involving. Evid Based Nurs 2007;10:30.
- Stapleton RD, Curtis JR. End-of-life considerations in older patients who have lung disease. Clin Chest Med 2007;28:801-11, vii.
- Kaldjian LC, Curtis Ae, Shinkunas LA, Cannon KT. Goals of care toward the end of life : A structured literature review. Am J Hosp Palliat Med 2009;25:501-11.
- Travis SS, Moore S, Larsen PD, Turner M. Clinical indicators of treatment futility and imminent terminal decline as discussed by multidisciplinary teams in long-term care. Am J Hosp Palliat Care 2005;22:204-10.
- Daaleman TP, Williams CS, Preisser JS, Sloane PD, Biola H, Zimmerman S. Advance care planning in nursing homes and assisted living communities. J Am Med Dir Assoc 2009;10:243-51.
- Kaasalainen S, Coker E, Dolovich L, et al. Pain management decision making among long-term care physicians and nurses. West J Nurs Res 2007;29:5 61-80;discussion 81-8.
- Bruhe R, Rottlander R, Theis S. Thought styles in nursing. Pflege 2004; 17:306-11.
- Rady MY, Johnson DJ. Admission to intensive care unit at the end-of-life : Is it an informed decision ? Palliat Med 2004;18:705-11.
- Meier DE, Thar W, Jordan A, Goldhirsch SL, Siu A, Morrison RS. Integrating case management and palliative care. J Palliat Med 2004;7:19-34.
- Konetzka RT, Spector W, Limcangco MR. Reducing hospitalizations from long-term care settings. Med Care Res Rev 2008;65:40-66.
- Grabowski DC, Stewart KA, Broderick SM, Coots LA. Predictors of nursing home hospitalization : A review of the literature. Med Care Res Rev 2008;65:3-39.
- Kesselring A. Interprofessional collaboration between medicine and nursing. Pflege 2005;18:143-5.
- Kentish-Barnes N. Mourir à l’hôpital. Paris : Seuil ed., 2008.
- Lemieux-Charles L, McGuire WL. What do we know about health care team effectiveness ? A review of the literature. Med Care Res Rev 2006; 63:263-300.
- Colon-Emeric CS, Ammarell N, Bailey D, et al. Patterns of medical and nursing staff communication in nursing homes : Implications and insights from complexity science. Qual Health Res 2006;16:173-88.
- Chen PW. Letting the patient call the shots. The New York Times. 2009.
- Curtis JR, Patrick DL, Caldwell ES, Collier AC. Why don’t patients and physicians talk about end-of-life care ? Barriers to communication for patients with acquired immunodeficiency syndrome and their primary care clinicians. Arch Intern Med 2000;160:1690-6.
- Lynn J, De Vries KO, Arkes HR, et al. Ineffectiveness of the SUPPORT intervention : Review of explanations. J Am Geriatr Soc 2000;48(Suppl.5): S206-13.
- Alexander SC, Keitz SA, Sloane R, Tulsky JA. A controlled trial of a short course to improve residents’ communication with patients at the end of life. Acad Med 2006;81:1008-12.
- Muller-Staub M. Clinical decision making and critical thinking in the nursing diagnostic process. Pflege 2006;19:275-9.
- Muller-Staub M, Stuker-Studer U. Clinical decision making : Fostering critical thinking in the nursing diagnostic process through case studies. Pflege 2006;19:281-6.
- Buckingham CD, Adams A. Classifying clinical decision making : Interpreting nursing intuition, heuristics and medical diagnosis. J Adv Nurs 2000;32:990-8.
- Just A. Ethical decision models in nursing and medicine. Pflege 2001; 14:309-15.
- Dy SM. Instruments for evaluating shared medical decision making : A structured literature review. Med Care Res Rev 2007;64:623-49.
- Ragsdale V McDougall GJ. The changing face of long-term care : Looking at the past decade. Issues Ment Health Nurs 2008;29:992-1001.
- Hunt Raleigh ED, Hoey Robinson J, et al. Family caregiver perception of hospice support. J Hosp Palliat Nurs 2006;8:25-33.
- Wallace M, O’Shea E. Perceptions of spirituality and spiritual care among older nursing home residents at the end of life. Holist Nurs Pract 2007; 21:285-9;quiz 90-1.
- Steinhauser KE, Voils CI, Clipp EC, et al. « Are you at peace ?» : One item to probe spiritual concerns at the end of life. Arch Intern Med 2006; 166:101-5.
- O’Connor AM, Rostom A, Fiset V et al. Decision aids for patients facing health treatment or screening decisions : Systematic review. BMJ 1999; 319:731-4.
- Knauft E, Nielsen EL, Engelberg RA, Patrick DL, Curtis JR. Barriers and facilitators to end-of-life care communication for patients with COPD. Chest 2005;127:2188-96.
- Roberts J, Browne G, Milne C, et al. Problem-solving counseling for caregivers of the cognitively impaired:Effective for whom ? Nurs Res 1999;48:162-72.
- Jeste DV Dunn LB, Palmer BW, et al. A collaborative model for research on decisional capacity and informed consent in older patients with schizophrenia : Bioethics unit of a geriatric psychiatry intervention research center. Psychopharmacology (Berl) 2003;171:68-74.
- Brandburg GL. Making the transition to nursing home life : A framework to help older adults adapt to the long-term care environment. J Gerontol Nurs 2007;33:50-6.
- Aubry R, d’Hérouville D, Dayde MC, Hirsch G. Soins palliatifs et soins de support. Oncologie 2005:1-6.
- Mino JC. Pour une médecine de l’incurable. Etudes 2008;4086:753-64.
- Rossi I. Culture palliative : pour anticiper et accueillir la mort. Revue Internationale de Soins Palliatifs 2010;1:37-43.
- Hesbeen W. Prendre soin à l’hôpital : inscrire le soin infirmier dans une perspective soignante. Paris:Masson ed., 1997.
- Debout C. Théories de soins infirmiers, un retour sur l’histoire. Soins 2008;724.
Notes
-
[1]
Annuaire statistique de la ville de Zurich 2009.
-
[2]
Pour 2060 la population de plus de 65 ans passera de 25 à 43 personnes pour 100 individus alors que les besoins en personnel soignant augmenteront, entre autres, pour assurer des soins palliatifs à cette population vieillissante.
-
[3]
Loi sur l’assurance maladie : art 32.
-
[4]
Les savoirs scientifiques peuvent résulter de méthodologies diverses (quantitatives, qualitatives, mixtes) répondant aux critères de rigueur attendus.
-
[5]
Article 397 lettres A à F du Code civil.
-
[6]
Société suisse de médecine et de soins palliatifs.
-
[7]
Qualité de vie, soulagement de la souffrance, globalité, dignité, autodétermination, interdisciplinarité, confort.
-
[8]
Voir annexe 1.
-
[9]
Voir annexe 2.
-
[10]
Voir annexe 3.
-
[11]
Voir annexe 4.
-
[12]
Concept d’origine anglo-saxonne apparu en force en France au début 2000.
-
[13]
Avoir une attention particulière portée à une personne vivant une situation particulière, dont la maladie, en vue de l’aider pour contribuer à son bien-être et promouvoir sa santé.
-
[14]
Porte sur les identités professionnelles et de la division du travail.
-
[15]
La recherche-action vise la transformation de la réalité et simultanément la production de connaissances scientifiques.
-
[16]
Promoting Action on Research Implementation in Health Services.
-
[17]
Le modèle de diffusion d’Evidence-based Nursing est appelé PARIHS 7. Rycroft-Malone J, Seers K, Titchen A, Harvey G, Kitson A, McCormack B. What counts as evidence in evidence-based practice ? J Adv Nurs2004;47:81-90. (Rycroft-Malone, et al., 2004) a pour but l’intégration d’une pratique basée sur les preuves dans les institutions de soins. Il met en évidence une adéquation et une relation dynamique entre les éléments d’evidence (les résultats scientifiques, savoirs d’expérience et savoirs ou préférences des bénéficiaires de soins), du contexte (environnement dans lequel des personnes reçoivent des soins ou dans lequel des résultats de recherche sont utilisés. L’environnement est influencé par différents facteurs d’ordre culturels, économiques, psychosociaux, politiques et organisationnels.). Les derniers éléments sont la facilitation (ce qui est mis en place pour aider un individu ou un groupe dans l’intégration dans la pratique d’une innovation), concept-clé du modèle. Ce modèle oblige à une approche holistique, met en évidence l’importance d’un consensus des différents acteurs ce qui augmente la compatibilité de l’innovation à son contexte, son acceptabilité et son potentiel de généralisation.