Notes
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[*]
Prépare une thèse à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, intitulée Les représentations et les expériences du bonheur en France entre 1945 et 1980, sous la direction de Christophe Charle.
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[1]
M. Foucault, L’Ordre du discours, Paris, 1971, p. 1.
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[2]
R. Alexandre, Les Mots qui restent : répertoire de citations françaises, expressions et formules proverbiales, avec une indication précise des sources, Paris, 1901.
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[3]
Cette citation de l’avant-propos de Paul Dupré (P. Dupré, Encyclopédie des citations, Paris, 1959 = P. Dupré) révèle cette procession devant les auteurs : « Après un premier travail et une première numérotation de l’ensemble, nous avons éprouvé le besoin de compléter notre choix notamment pour certains auteurs qui nous ont paru être insuffisamment représentés. », p. X ; je souligne.
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[4]
Dans le dictionnaire d’Émile Genest, dont une première édition date de 1923, La Fontaine est cité 647 fois (soit plus de 1/7 des citations du volume). Derrière lui viennent Molière, puis Racine. (É. Genest, Dictionnaire des citations françaises. Dictionnaire des phrases, vers, mots célèbres employés dans le langage courant avec précision de l’origine, Paris, 1954.) Dans les derniers dictionnaires de la période étudiée, c’est plutôt Victor Hugo qui est le plus cité, ainsi que dans le Dictionnaire des citations françaises, R. Carlier, P. Josserand et S. de Sacy dir, Paris, 1977 (= R. Carlier).
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[5]
F. Montreymaud et J. Matignon éd., Paris, 2003 (= F. Montreymaud).
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[6]
Nouveau Dictionnaire des citations françaises, P. Oster dir., Paris, 1970 (= P. Oster) ; J. Besançon, Les Murs ont la parole. Journal mural, mai 1968, Paris, 1968 ; M. Choury, 1871, les damnés de la terre, Paris, 1969.
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[7]
Quatrième de couverture de J. Pascal, Florilège de la culture française en 1400 citations, Paris, 1956 (= Pascal).
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[8]
Une quatrième de couverture mentionne à titre de réclame les autres ouvrages parus chez le même éditeur, parmi lesquels on trouve : Vaincre sa timidité ; Comment réussir ; Amour, sexualité et perversions ; Développez votre volonté, votre mémoire, votre attention. Dictionnaire encyclopédique des citations, J. Dissère éd., Paris, 1970 (= J. Dissère).
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[9]
J. Carnot, Au Service du bonheur. 150 pensées et maximes, Paris, 1972, p. 22.
-
[10]
Pour exemple, Jean-François Ducis, cité dans trois ouvrages : « Notre bonheur n’est qu’un malheur plus ou moins consolé. »
-
[11]
Euripide : « Bien fou qui n’aime pas à boire, car le vin nous remplit d’une voluptueuse ivresse… Le vin nous invite à la danse et nous fait oublier tous nos maux » (cf. P. Dupré).
-
[12]
Jean-Jacques Rousseau : « Je me levais avec le soleil et j’étais heureux : je me promenais et j’étais heureux […] Je parcourais les bois, les coteaux, j’errais dans les vallons, je lisais, j’étais oisif, je travaillais au jardin, je cueillais des fruits […] et le bonheur me suivait partout. ». Notamment cité dans L.-L. Grateloup, Dictionnaire philosophique de citations, Paris, 1979 (= L.-L. Grateloup).
-
[13]
Jean-Jacques Rousseau : « Le bonheur est un état trop constant et l’homme un être trop muable pour que l’un convienne à l’autre. » (Cf. L.-L. Grateloup.)
-
[14]
Gustave Flaubert : « Le bonheur est comme la vérole, pris trop tôt, il peut gâter complètement la constitution. » (Cf. R. Carlier.)
-
[15]
Sept occurrences sur les vingt-trois ouvrages.
-
[16]
Boris Vian tourne en dérision ce vertueux postulat : « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le bonheur de tous les hommes, c’est celui de chacun. » (Cf. R. Carlier.)
-
[17]
Émile Zola : « La science a-t-elle promis le bonheur ? Je ne le crois pas. Elle a promis la vérité, et la question est de savoir si l’on fera jamais du bonheur avec la vérité. » (Cf. P. Oster.)
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[18]
Cf. P. Dupré et J. Dissère.
-
[19]
Aristote, Éthique à Nicomaque, Paris, 1965.
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[20]
Le célèbre vers de Ronsard : « Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie », souvent cité.
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[21]
Pierre Louÿs, cf. J. Dissère.
-
[22]
Fontenelle, cité dans P. Dupré et R. Carlier.
-
[23]
F. Jullien, Nourrir sa vie : à l’écart du bonheur, Paris, 2005.
-
[24]
D. Huisman et A. Vergez, La Philosophie en 1500 citations, Paris, 1963 (ABC du bac) ; et R. Carlier.
-
[25]
H. Schoeck, L’Envie, une histoire du mal, Paris, 1995.
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[26]
Cf. P. Dupré et F. Montreynaud.
-
[27]
Pascal, Florilège…, op. cit. ; P. Delerm, La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, Paris, 1997.
-
[28]
Cf. L.-L. Grateloup.
-
[29]
R. Koselleck, Le Futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, 2000 (1re éd. 1979).
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[30]
Marguerite Yourcenar : « La philosophie épicurienne, ce lit étroit mais propre. » (Cf. R. Carlier) ; et Mihai Ralea : « L’épicurisme est souvent confondu avec le cynisme et l’hédonisme. Mais l’épicurisme est autre chose… C’est la philosophie d’une désillusion. Pour cette raison, on ne le trouvera jamais chez les jeunes, mais seulement chez les hommes d’un certain âge. » (Cf. F. Montreynaud.)
-
[31]
Pages roses du Petit Larousse, de la première édition de 1906 jusqu’à celle de 1968.
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[32]
La collection de dictionnaires dénommée Trésor de la langue française a d’ailleurs un titre révélateur.
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[33]
C’est sans doute ce qui fait dire à Claude Mauriac que « La citation, c’est le piège à con. » (Cité par A. Compagnon, La Seconde main ou le travail de la citation, Paris, 1979, p. 49.)
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[34]
A. Compagnon, La Seconde main…, op. cit.
-
[35]
Ouvrage de Paul Hatet, enseignant et directeur du centre de télé-enseignement de Lyon (Paris, 1999).
-
[36]
Expérience de Salomon Ash, citée dans Psychologie sociale, S. Moscovici dir., Paris, 1984, p. 28.
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[37]
Toute proportion gardée, le processus d’intériorisation des schèmes retenus est comparable à celui décrit par l’expérience de psychologie sociale réalisée à Stanford en 1971 sous la direction du Pr Zimbardo, au cours de laquelle un groupe d’étudiants volontaires est divisé en prisonniers et gardiens. Les conclusions montrent que geôliers et prisonniers adhérent rapidement aux rôles qu’ils sont censés incarner et aux représentations dont ces rôles procèdent.
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[38]
Z. Milshtein, Microcosme. Recueil de 26 citations d’auteurs célèbres, illustrées de gravures originales, Paris, 1965.
-
[39]
Si quelques citations de l’ouvrage sont peu connues, la plupart apparaissent dans d’autres recueils. Il est probable que l’auteur en a pris connaissance parce que d’autres les avaient citées.
-
[40]
O. Guerlac, Les Citations françaises. Recueil de passages célèbres, phrases familières mot historiques, Paris, 1961 (1re éd. 1931 ; 7e éd.). L’auteur explique son objectif dans l’avant-propos : « Ce qu’on a essayé d’établir, c’est le recueil des principales citations françaises, celles qui, citées une fois, dix fois ou cent mille fois, constituent le fonds commun de citations où ont puisé et puiseront les hommes cultivés de langue française. »
1Michel Foucault, dans L’Ordre du discours, affirmait vouloir se « glisser subrepticement » dans un flot de paroles qui l’aurait précédé. Mais il n’avait pas souhaité utiliser d’exergue, qui lui aurait permis de se fondre dans un énoncé répété et de débuter son discours sans le débuter : la citation est en effet cet opérateur magique qui évite l’insertion abrupte de l’auteur dans la page blanche, et les recueils sont des grimoires remplis de ces formules [1]. Il s’agit d’étudier les recueils de citations, qui constituent un type spécifique de compilation. Le terme de citation ne désigne ici ni la citation judiciaire ni la citation militaire, mais a le sens courant, tel que le définit le Littré : « passage emprunté à un auteur qui peut faire autorité ». Pour constituer un corpus cohérent, j’ai sélectionné l’ensemble des recueils généraux de citations publiés entre 1945 et 1980 en France, en excluant les compilations spécialisées (c’est-à-dire les recueils de citations de Mao Zedong ou de Saint-Augustin...), et obtenu un total de vingt-trois ouvrages. Dans ces recueils, j’ai saisi toutes les citations se rapportant au bonheur et à l’ensemble des termes du champ sémantique, réuni ces citations et élaboré une base de données de près de 1400 citations. J’ai également étudié les index et tables de matières pour envisager la place du bonheur dans l’ensemble de la sagesse compilée dans ces volumes.
2Le recueil de citations est un genre à part entière. Il émerge avec la patristique et les citations bibliques. Selon la base de données Opale de la Bibliothèque nationale de France, le recueil pédagogique prend naissance au xviiie siècle, mais le premier véritable dictionnaire de citations françaises est publié en 1901 [2]. Après la Seconde Guerre mondiale, le genre se développe, parallèlement à l’essor de l’édition en général et des usuels en particulier. Le compilateur n’a pas le statut d’artiste conféré à l’auteur. Artisans sans gloire, les compilateurs ne sont plus accusés de pillage, mais ils doivent justifier, dans les avant-propos, d’avoir commis un opus qui ne serait qu’une sorte de prêt-à-penser. Ils se légitiment alors soit en invoquant la fonction d’aide-mémoire de l’ouvrage, soit en évoquant l’auditoire visé, publicistes, rhéteurs ou étudiants.
3Il s’agit dans cet article d’analyser d’abord les processus par lesquels les compilateurs actualisent la sagesse ; ensuite, d’étudier ces schèmes relatifs à la vie heureuse ; enfin, de souligner que ceux-là sont voués à une nouvelle actualisation, de la part des lecteurs des recueils, auxquels sont transmises les citations.
4Parmi les recueils de citations réalisés entre 1945 et 1980, deux types doivent être mis en évidence. Le premier est un ouvrage, souvent lourd, qui prétend embrasser l’ensemble des locutions dignes d’être citées. Les compilateurs visent un horizon encyclopédique et leur pratique consiste en une moisson des meilleurs fruits de la littérature, afin d’offrir aux lecteurs un panorama exhaustif de ce qui peut légitimement être cité. C’est un ouvrage de commande, réalisé pour le marché, par des maisons d’édition qui souhaitent étoffer leur collection de dictionnaires et d’encyclopédies. Ouvrage souvent collectif où la mention des producteurs se fait discrète ; elle consiste seulement dans l’univers de référence qui gouverne la constitution du volume. Les compilations de ce type sont en effet de véritables processions : l’examen des index thématiques, les statistiques des auteurs cités et de la place accordée à telle ou telle mouvance littéraire le révèlent. La hiérarchie des thèmes est quasiment invariable : l’amour, la mort, Dieu, l’homme (sur la nature humaine), la femme (sur le genre) et la vie. Si l’amour est toujours le thème auquel se rapportent le plus de citations, l’ordre varie quelquefois, Dieu pouvant supplanter la mort. Le bonheur est systématiquement en bonne position, mais il n’est pas parmi les cinq premiers. Cette hiérarchie reflète une certaine conception de la sagesse, et la faveur dont jouissent certains courants littéraires ou auteurs est significative de l’univers de représentations des compilateurs. La part belle est faite au classicisme français, à la philosophie des Lumières ainsi qu’à la littérature romantique. Le recueil de citations n’est donc pas un genre novateur : au contraire de certains commentateurs qui, par leur glose, consacrent un texte, les compilateurs de citations ne consacrent que du consacré [3]. Le podium des auteurs confirme cette tendance, on y trouve : La Fontaine, Hugo et Voltaire (La Fontaine cèdera la première place à Victor Hugo après 1970) [4]. Viennent ensuite en bonne place : les auteurs dramatiques ou comiques classiques (Racine et Molière avant Corneille) ; les philosophes des Lumières (Rousseau, Diderot, Montesquieu) ; les poètes romantiques comme Musset. Enfin, il convient de remarquer la place importante des moralistes des xviie et xviiie siècles, tels que Vauvenargues, Florian, La Rochefoucauld et, a contrario, le faible nombre de citations attribuées aux romanciers du xixe siècle, tel que Balzac. La citation, phrase courte et incisive, s’accorde au style des moralistes, maîtres dans l’art de la maxime, bien plus qu’à celui des romanciers.
5Au demeurant, nos auteurs-compilateurs disposent d’une marge de liberté relativement faible, et répondent à un cahier des charges précis, qui leur assigne un certain nombre de stations au sein du Panthéon des auteurs et des courants littéraires. Le marché éditorial et la demande des lecteurs expliquent l’hystérésis des auteurs cités : l’acheteur risque d’être déçu par le produit, s’il ne trouve pas ce qu’il attend du dictionnaire, à savoir des réflexions sur les grands thèmes de la sagesse traditionnelle, des renvois aux grands courants littéraires, des citations d’auteurs qu’il connaît depuis l’école. Pour nuancer ce propos, il convient cependant de noter les quelques différences entre les diverses productions. On a déjà souligné l’évolution du centre de gravité des auteurs cités – du xviie siècle vers le xixe siècle –, remarquons également la relative variété des références selon les éditeurs et le public visé : un dictionnaire philosophique a une autre ambition qu’un Dictionnaire de citations du monde entier, qui a à cœur de flatter le penchant à l’exotisme du lecteur [5]. Les options politiques de l’éditeur et de son lectorat sont également déterminantes. Ainsi le Nouveau Dictionnaire de citations françaises, issu d’une collaboration entre Hachette et Tchou, qui publie par ailleurs des recueils de citations spécialisés (par exemple sur Mai 68 ou sur la Commune de Paris), préfère les auteurs du xxe siècle [6].
6Au sein de l’ensemble des recueils édités, la moitié environ se range dans cette première catégorie des dictionnaires encyclopédiques, dans laquelle on doit également placer les manuels à destination des scolaires, dans la mesure où ils aspirent à l’essentiel, si ce n’est à l’exhaustif, et présentent ce que les compilateurs estiment être les citations les plus importantes. Leur constitution obéit donc également à la procession décrite et la sélection est une forme de récolte.
7Le second type de recueil obéit à une autre logique. Les ouvrages ne sont plus collectifs, et l’inscription de l’auteur est plus manifeste, comme le montre cet extrait de la quatrième de couverture de l’un de ces recueils :
« Ce livre n’est pas un simple dictionnaire de citations énoncées en grand nombre les unes à la suite des autres. L’auteur a tenté un essai de formation morale basé sur la lecture des grands textes littéraires et philosophiques. » [7]
9Outre les avant-propos ou introductions, la présence de l’auteur s’affiche dans l’économie du volume. Si les citations des recueils du premier type sont présentées par ordre alphabétique ou – et c’est le cas le plus fréquent – par ordre chronologique des auteurs cités, celles du second type sont souvent ordonnées par thème, selon un découpage révélateur des préférences morales de l’auteur. Les ouvrages sont plus courts, et l’auteur a opéré une sélection significative. Si le premier type se rapporte à la moisson, le second procède plutôt du glanage. L’auteur nous livre sa vision du monde à travers des citations qui lui ont plu. On se rapproche du genre naissant du développement personnel [8]. Le compilateur abrite sa pensée sous l’autorité des auteurs cités, voire parfois invente, lorsqu’une citation vient à manquer. Ainsi procède le Dr Carnot dans Au Service du bonheur, où il cite les « paroles d’un jeune mourant à l’âge de 17 ans » : « Aimer LA vie, c’est facile, Aimer SA vie, c’est beaucoup plus difficile. » [9] On a peine à imaginer ce « jeune mourant » mettre des majuscules à ses dernières paroles ! Sans aller jusqu’à cette caricature, force est de constater la différence entre ce type d’ouvrage, et le premier type.
10Après avoir décrit le processus compilatoire, il s’agit désormais d’analyser le système de représentations du bonheur tel qu’il apparaît dans ces compilations. La forme des énoncés est éloquente, les formules normatives dominantes sont : « Le bonheur est… » ou « Le bonheur, c’est… ». Parmi celles-ci, il existe une forte proportion de définitions négatives, formées sur le modèle : « Le bonheur, ce n’est pas… ». Le bonheur étant un état qui peine à être défini, il consiste, pour toute une tradition morale, en une absence de malheur [10]. Il convient ensuite de distinguer les réflexions indiquant une voie, un chemin à emprunter pour accéder à la vie heureuse. Elles procèdent souvent d’une conception de la vertu [11]. Enfin, le troisième type d’énoncé, qui se trouve moins fréquemment, est constitué par des citations ayant trait à une expérience personnelle de l’auteur, qui vaut pour son exemplarité [12].
11Concernant le sens véhiculé par les citations, il est assez représentatif de l’histoire des différentes représentations du bonheur. C’est donc la diversité qui s’impose. Plusieurs constatent l’inhérente propension de la nature humaine à rechercher la vie heureuse, sur le modèle de Pascal : « Tous les hommes recherchent le bonheur, jusqu’à ceux qui vont se pendre. » De nombreux auteurs soulignent la fragilité de l’état de bonheur : l’être humain est incapable d’être heureux dans la durée [13]. La morale stoïcienne, selon laquelle l’idée du bonheur conduit à une aporie, et qui prône la recherche du moindre mal, est bien représentée. D’autres mettent en évidence la fluctuation des sentiments humains – joie et tristesse vont de pair –, l’homme étant une créature oscillante. Le bonheur, placé au firmament des valeurs humaines par Diderot (« il n’y a qu’un devoir, c’est d’être heureux »), est plus souvent dénigré : soit qu’il soit vain et qu’on lui préfère la gloire, soit qu’il soit contraire à la vertu. Deux discours vertueux s’opposent au bonheur : le discours chrétien traditionnel qui le repousse dans l’au-delà et considère la vie terrestre comme le temps de l’expiation ; et un certain discours médical, selon lequel le bonheur affaiblit la constitution et la volonté [14].
12Plusieurs citations interrogent la valeur du contentement individuel à l’aune de la satisfaction collective, celle de La Bruyère est la plus citée [15] : « Il y a une espèce de honte à être heureux à la vue de certaines misères. » Dans cette époque politisée, la morale soumet le bonheur de chacun à celui de tous, et la vertu conseille de faire le bonheur d’autrui [16]. Dans la veine de l’ordonnancement des valeurs, plus de cinquante citations construisent une opposition entre la vérité et le bonheur, et les hiérarchisent, le plus souvent en faveur de la vérité [17]. Le bonheur est pour les sots et la sentence de Jean Rostand tombe, citée par trois recueils : « Il n’y a pas de bonheur intelligent. » Il est tempéré par Sophocle : « Le savoir est de beaucoup la portion la plus considérable du bonheur. » [18] Si les valeurs bonheur et vérité sont donc souvent opposées, il est cependant possible de les concilier, la vérité pouvant conduire à un bonheur-sagesse.
13Ainsi les citations dessinent-elles une croisée des chemins menant à la vie heureuse dont il est intéressant de faire la synthèse, en nous gardant toutefois de présenter un beau et lisse schéma structuraliste à la mode des années 1960-1970. Deux lignes de force sont à souligner. La première reprend l’idée aristotélicienne du bonheur comme fin suprême des activités humaines et récompense de la vertu [19]. L’éthique et la politique, une vie dictée par des principes de sagesse et de modération, tels sont les moyens qui permettent d’accéder à cet état idéal. Ce pôle s’oppose au fameux carpe diem d’Horace, cité ou décliné par une variante dans tous les recueils [20]. La voie proposée consiste à « savoir tirer de l’instant toutes les joies qu’il peut donner » [21]. Celui qui recherche l’idéal de bonheur se condamne : « Un grand obstacle au bonheur, c’est de s’attendre à un trop grand bonheur. » [22] Le rôle dévolu à la volonté construit la seconde opposition structurante. La plupart des auteurs prônent la résignation volontaire : « Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a » écrit Bussy-Rabutin. L’idée connaît un grand nombre d’avatars plus ou moins brillants, dont certains doivent être rangés sous le label zen : ils invitent à ressentir l’harmonie de l’univers, à ne pas se soucier des événements et des stimuli extérieurs, à « pratiquer le non agir », bref, à se satisfaire du monde tel qu’il est [23]. À cette posture d’acceptation réplique vivement toute une tradition morale occidentale, également présente dans les recueils, quoique plus discrètement, qui valorise l’action, et fait résulter le bonheur de la réussite de l’homme aux prises avec le monde. Le philosophe Alain, professeur de philosophie au lycée Henri IV, qui a eu une importante influence sur les générations de khâgneux, est un représentant de ce courant. Il est cité vingt-deux fois dans les divers recueils et l’on retient de lui, outre la reprise de la morale kantienne sur le devoir de bonheur, la valorisation de l’action et du courage (« Il n’y a de bonheur possible pour personne sans le soutien du courage. » [24]). Ces deux courants constituent donc une structure polarisée dans l’univers du bonheur, avec d’un côté la thèse du contentement du monde et, de l’autre, celle de l’activité dans le monde, de laquelle découle la satisfaction.
14Arrêtons-nous désormais sur les recettes du bonheur. L’originalité y tient peu de place et les thèmes principaux rappellent les vœux de début d’année ou les horoscopes des magazines contemporains. L’amour est bien évidemment un ingrédient considéré comme essentiel, la santé ne focalise toutefois que rarement l’attention des compilateurs, et la question du travail est souvent évoquée. L’argent, bien entendu et comme chacun sait, ne fait pas le bonheur : « Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux », le vers de La Fontaine est l’un des plus cités. En revanche, j’ai été fort étonné de ne pas voir apparaître la phrase de Jules Renard, fort connue aujourd’hui : « Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le ! » Les citations se font gardiennes de la morale traditionnelle, refusant à l’argent le pouvoir de procurer la jouissance, critiquant invariablement l’envie que les pauvres peuvent ressentir au spectacle des riches. En ceci, elles sont bien différentes des lois somptuaires de certaines cités grecques, qui visaient à éviter que la jalousie ne se propage [25].
15Parmi les composants du bonheur, la question des plaisirs est d’importance. Le courant principal va plutôt à leur encontre, à l’instar d’Héraclite : « Si le bonheur était fait de jouissances corporelles, nous dirions les bœufs heureux, quand ils trouvent du pois chiche à manger. » [26] Toutefois, si certains compilateurs ont une préférence pour une morale qui les condamne, de nombreuses citations les légitiment, comme le montre l’examen de celles évoquant la jouissance physique : sur vingt-trois citations différentes liées à la question de la volupté, douze en donnent une image positive. De même, la lecture des recueils nous montre que Philipe Delerm n’a pas inventé la thématique des petits bonheurs. Ainsi, Séverine conseille de « savoir se faire des petits bonheurs avec la beauté d’un horizon, le parfum d’une rose, la grâce d’une passante, le rythme d’un chant, la fraîcheur d’une boisson, la tendresse d’un chien – et le rêve qui est l’évasion » [27]. Les recueils portent donc la trace de l’évolution de la norme sociale relative aux plaisirs.
16En outre, beaucoup insistent sur l’idée selon laquelle le bonheur est avant tout une construction de l’esprit, jugement réflexif par lequel le sujet perçoit sa vie, procès ironisé par ces mots de Stendhal : « Je devrais écrire ma vie, je saurai peut-être enfin, quand cela sera fini dans deux ou trois ans, ce que j’ai été, gai ou triste, homme d’esprit ou sot, homme de courage ou peureux, et enfin au total heureux ou malheureux. » [28] Au sujet de cette réflexivité, les compilateurs semblent d’accord avec Fontenelle : « Le plus grand secret du bonheur, c’est d’être bien avec soi », qui est cité à cinq reprises. Ici, il convient de remarquer combien cet énoncé converge avec les acquis de la psychologie, qui souligne l’importance de l’estime de soi dans le sentiment de contentement. Celle-ci est la condition sine qua non du bonheur.
17Telles sont les principales constellations de l’univers du bonheur présentées par les recueils. Or, pour conclure sur celui-ci, il convient de remarquer le décalage entre celles-ci et celles en circulation dans la société contemporaine des ouvrages produits. Ils constituent une actualisation de la sagesse passée et, par conséquent, conduisent le chercheur à valider l’idée de Reinhart Koselleck sur la contemporanéité du non-contemporain [29]. La réflexion autour de la présence/absence de la variété des philosophies antiques relatives au bonheur au sein de ces recueils est d’ailleurs probante. Les historiens de la philosophie antique s’accordent à reconnaître trois courants principaux : les hédonistes, les épicuriens et les stoïciens. Les premiers prônent la jouissance maximale, les seconds une arithmétique des peines et des plaisirs, et les troisièmes, le moindre mal et la résignation, la recherche du bonheur étant une peine perdue. Dans les recueils, les hédonistes sont ignorés, ce qui est convergent avec l’époque, qui ne les a pas redécouverts. Les stoïciens sont les plus représentés. Les épicuriens sont soit ignorés, soit vilipendés. On ne trouve que deux citations d’Épicure, qui ne sont pas vraiment représentatives de sa doctrine, et deux autres citations y faisant référence, dans des ouvrages édités à la fin de la période [30]. Jusqu’en 1968, les pages roses du Petit Larousse comportent une citation d’Horace faisant référence aux « porcs du troupeau d’Épicure » [31]. Il y a donc bien une évolution, mais elle est tardive par rapport aux avant-gardes littéraires.
18Désormais, il s’agit d’étudier la réception de ces compilations et leur usage. La spécificité de ce genre de compilations est qu’elles sont vouées à être à nouveau compilées. Ces volumes (souvent lourds, puisque le plus important rassemble plus de 16 000 citations) ne sont pas destinés à être lus de part en part, mais sont soit des usuels, soit des guides, et le lecteur doit y puiser des ressources. À ce sujet, les avant-propos sont explicites : l’usager, notamment étudiant, doit réaliser une compilation seconde et pratiquer un lire-écrire dans lequel il se saisit du savoir qui gît dans la compilation princeps. Les recueils sont des cavernes dont le sésame est la lecture [32]. C’est au lecteur de choisir, selon ses goûts, ses désirs et ses aspirations, mais il est guidé vers les pièces que le compilateur a sélectionnées, et qui, par le fait qu’elles sont accumulées dans un livre, acquièrent le statut de merveilles et suscitent l’adhésion. Il faut être un lecteur bien averti pour oser réfuter ces paroles choisies [33]. En définitive, les recueils se distinguent par cette faible cohésion des propos et le lecteur se saisit des citations qui lui plaisent, pour s’en servir de manière ornementale ou argumentative, dans son propre logos [34].
19Les manuels nous permettent de mieux cerner ce processus de réception, et particulièrement le Précis d’orthographe et de citations [35]. Le manuel est divisé en chapitres et l’ensemble donne une image des cours de morale dispensés dans la France des années 1960. À chaque chapitre correspondent une leçon d’orthographe et un passage édifiant. L’économie de la page maximise le potentiel d’influence de la citation, qui est écrite en rouge et en gros, se détache du reste du texte, et est assortie d’un court commentaire explicatif. Il est demandé à chaque élève d’apprendre les citations, et des pages blanches situées à la fin du manuel doivent servir à les inscrire (pour mieux les retenir). Toutes les quatre ou cinq leçons, on trouve une section « révisez vos citations » et un tableau pour mieux les apprendre. Or le processus d’apprentissage par cœur a des conséquences sur les croyances de l’apprenti. Les citations retenues constituent autant de nœuds dans son système de représentations, par rapport auxquels il va devoir se positionner. Ceci est particulièrement vrai par rapport au bonheur, pour lequel nous n’avons pas de références objectives et à propos duquel nous sommes dans un certain dénuement de savoir vérifié [36]. Les idées transmises ont donc plus d’influence, d’autant plus que la citation est un énoncé condensé, percutant et souvent normatif, qui cristallise l’attention. Si ce Précis se distingue des autres recueils dans la mesure où toutes les citations doivent être apprises, les autres manuels, par exemple ceux à destination des futurs bacheliers, exercent également une influence : les citations choisies par l’étudiant doivent être apprises par cœur pour être utilisées dans les copies. Cet usage renforce également l’adhésion, puisque l’élève doit organiser un discours émaillé de ces bons mots. Or les processus cognitifs à l’œuvre dans la dissertation contraignent l’individu à adhérer, tout au moins partiellement, à l’argumentaire qu’il déploie [37]. Le recueil de citations apparaît donc comme un outil de transmission efficace des savoirs et des croyances relatifs à la vie heureuse.
20Un dernier exemple relatif à l’utilisation des citations permet de mieux cerner la réception des compilations et la diffusion des représentations. Il s’agit d’un opuscule, bijou bibliographique intitulé Microcosme [38]. L’auteur, graveur et compilateur né en 1934, imprime les gravures qui illustrent les citations classées par ordre alphabétique, et livre son microcosme, de tonalité plutôt mélancolique – d’aucuns diraient adolescente. Il réalise soixante exemplaires de ce carnet, qu’il distribue, probablement à ses amis et dans un but non commercial. En plus de nous donner une image du plaisir de la délectation morbide, cet ouvrage est intéressant : son format bible, le nombre réduit de citations formant un monde, tout se passe comme s’il constituait pour son auteur une sorte de livre sacré, une référence en cas de détresse. Or il est constitué de citations glanées au cours des études et des lectures et permet donc d’envisager la diffusion, la réception et l’usage des citations [39]. S’il est rare d’éditer ainsi son carnet personnel, nombreux sont en revanche les intellectuels à en posséder un, progressivement enrichi. L’histoire des représentations gagnerait à utiliser ces carnets pour permettre une histoire de la domestication et de l’appropriation des idées. C’est d’ailleurs ce que tente en 1931 Othon Guerlac, qui ne s’intéresse pas à l’ensemble des bons mots de la littérature française, mais aux citations citées [40]. Si, avec les moyens d’un chercheur isolé avant l’ère informatique, la tâche était vouée à l’inachèvement, les techniques de numérisation textuelle contemporaine permettraient de la mener à bien, dans la mesure où nous pourrions déterminer un large corpus de textes où repérer les citations, et le traiter de manière automatisée. Ainsi pourrait-on faire avancer l’histoire de la réception qui, malgré les déclarations d’intention, reste trop souvent un vœu pieux.
Notes
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Prépare une thèse à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, intitulée Les représentations et les expériences du bonheur en France entre 1945 et 1980, sous la direction de Christophe Charle.
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M. Foucault, L’Ordre du discours, Paris, 1971, p. 1.
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[2]
R. Alexandre, Les Mots qui restent : répertoire de citations françaises, expressions et formules proverbiales, avec une indication précise des sources, Paris, 1901.
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[3]
Cette citation de l’avant-propos de Paul Dupré (P. Dupré, Encyclopédie des citations, Paris, 1959 = P. Dupré) révèle cette procession devant les auteurs : « Après un premier travail et une première numérotation de l’ensemble, nous avons éprouvé le besoin de compléter notre choix notamment pour certains auteurs qui nous ont paru être insuffisamment représentés. », p. X ; je souligne.
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[4]
Dans le dictionnaire d’Émile Genest, dont une première édition date de 1923, La Fontaine est cité 647 fois (soit plus de 1/7 des citations du volume). Derrière lui viennent Molière, puis Racine. (É. Genest, Dictionnaire des citations françaises. Dictionnaire des phrases, vers, mots célèbres employés dans le langage courant avec précision de l’origine, Paris, 1954.) Dans les derniers dictionnaires de la période étudiée, c’est plutôt Victor Hugo qui est le plus cité, ainsi que dans le Dictionnaire des citations françaises, R. Carlier, P. Josserand et S. de Sacy dir, Paris, 1977 (= R. Carlier).
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[5]
F. Montreymaud et J. Matignon éd., Paris, 2003 (= F. Montreymaud).
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[6]
Nouveau Dictionnaire des citations françaises, P. Oster dir., Paris, 1970 (= P. Oster) ; J. Besançon, Les Murs ont la parole. Journal mural, mai 1968, Paris, 1968 ; M. Choury, 1871, les damnés de la terre, Paris, 1969.
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[7]
Quatrième de couverture de J. Pascal, Florilège de la culture française en 1400 citations, Paris, 1956 (= Pascal).
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[8]
Une quatrième de couverture mentionne à titre de réclame les autres ouvrages parus chez le même éditeur, parmi lesquels on trouve : Vaincre sa timidité ; Comment réussir ; Amour, sexualité et perversions ; Développez votre volonté, votre mémoire, votre attention. Dictionnaire encyclopédique des citations, J. Dissère éd., Paris, 1970 (= J. Dissère).
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[9]
J. Carnot, Au Service du bonheur. 150 pensées et maximes, Paris, 1972, p. 22.
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[10]
Pour exemple, Jean-François Ducis, cité dans trois ouvrages : « Notre bonheur n’est qu’un malheur plus ou moins consolé. »
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[11]
Euripide : « Bien fou qui n’aime pas à boire, car le vin nous remplit d’une voluptueuse ivresse… Le vin nous invite à la danse et nous fait oublier tous nos maux » (cf. P. Dupré).
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[12]
Jean-Jacques Rousseau : « Je me levais avec le soleil et j’étais heureux : je me promenais et j’étais heureux […] Je parcourais les bois, les coteaux, j’errais dans les vallons, je lisais, j’étais oisif, je travaillais au jardin, je cueillais des fruits […] et le bonheur me suivait partout. ». Notamment cité dans L.-L. Grateloup, Dictionnaire philosophique de citations, Paris, 1979 (= L.-L. Grateloup).
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[13]
Jean-Jacques Rousseau : « Le bonheur est un état trop constant et l’homme un être trop muable pour que l’un convienne à l’autre. » (Cf. L.-L. Grateloup.)
-
[14]
Gustave Flaubert : « Le bonheur est comme la vérole, pris trop tôt, il peut gâter complètement la constitution. » (Cf. R. Carlier.)
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[15]
Sept occurrences sur les vingt-trois ouvrages.
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[16]
Boris Vian tourne en dérision ce vertueux postulat : « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le bonheur de tous les hommes, c’est celui de chacun. » (Cf. R. Carlier.)
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[17]
Émile Zola : « La science a-t-elle promis le bonheur ? Je ne le crois pas. Elle a promis la vérité, et la question est de savoir si l’on fera jamais du bonheur avec la vérité. » (Cf. P. Oster.)
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[18]
Cf. P. Dupré et J. Dissère.
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[19]
Aristote, Éthique à Nicomaque, Paris, 1965.
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[20]
Le célèbre vers de Ronsard : « Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie », souvent cité.
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[21]
Pierre Louÿs, cf. J. Dissère.
-
[22]
Fontenelle, cité dans P. Dupré et R. Carlier.
-
[23]
F. Jullien, Nourrir sa vie : à l’écart du bonheur, Paris, 2005.
-
[24]
D. Huisman et A. Vergez, La Philosophie en 1500 citations, Paris, 1963 (ABC du bac) ; et R. Carlier.
-
[25]
H. Schoeck, L’Envie, une histoire du mal, Paris, 1995.
-
[26]
Cf. P. Dupré et F. Montreynaud.
-
[27]
Pascal, Florilège…, op. cit. ; P. Delerm, La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, Paris, 1997.
-
[28]
Cf. L.-L. Grateloup.
-
[29]
R. Koselleck, Le Futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, 2000 (1re éd. 1979).
-
[30]
Marguerite Yourcenar : « La philosophie épicurienne, ce lit étroit mais propre. » (Cf. R. Carlier) ; et Mihai Ralea : « L’épicurisme est souvent confondu avec le cynisme et l’hédonisme. Mais l’épicurisme est autre chose… C’est la philosophie d’une désillusion. Pour cette raison, on ne le trouvera jamais chez les jeunes, mais seulement chez les hommes d’un certain âge. » (Cf. F. Montreynaud.)
-
[31]
Pages roses du Petit Larousse, de la première édition de 1906 jusqu’à celle de 1968.
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[32]
La collection de dictionnaires dénommée Trésor de la langue française a d’ailleurs un titre révélateur.
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[33]
C’est sans doute ce qui fait dire à Claude Mauriac que « La citation, c’est le piège à con. » (Cité par A. Compagnon, La Seconde main ou le travail de la citation, Paris, 1979, p. 49.)
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[34]
A. Compagnon, La Seconde main…, op. cit.
-
[35]
Ouvrage de Paul Hatet, enseignant et directeur du centre de télé-enseignement de Lyon (Paris, 1999).
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[36]
Expérience de Salomon Ash, citée dans Psychologie sociale, S. Moscovici dir., Paris, 1984, p. 28.
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[37]
Toute proportion gardée, le processus d’intériorisation des schèmes retenus est comparable à celui décrit par l’expérience de psychologie sociale réalisée à Stanford en 1971 sous la direction du Pr Zimbardo, au cours de laquelle un groupe d’étudiants volontaires est divisé en prisonniers et gardiens. Les conclusions montrent que geôliers et prisonniers adhérent rapidement aux rôles qu’ils sont censés incarner et aux représentations dont ces rôles procèdent.
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[38]
Z. Milshtein, Microcosme. Recueil de 26 citations d’auteurs célèbres, illustrées de gravures originales, Paris, 1965.
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[39]
Si quelques citations de l’ouvrage sont peu connues, la plupart apparaissent dans d’autres recueils. Il est probable que l’auteur en a pris connaissance parce que d’autres les avaient citées.
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[40]
O. Guerlac, Les Citations françaises. Recueil de passages célèbres, phrases familières mot historiques, Paris, 1961 (1re éd. 1931 ; 7e éd.). L’auteur explique son objectif dans l’avant-propos : « Ce qu’on a essayé d’établir, c’est le recueil des principales citations françaises, celles qui, citées une fois, dix fois ou cent mille fois, constituent le fonds commun de citations où ont puisé et puiseront les hommes cultivés de langue française. »