Hypothèses 2004/1 7

Couverture de HYP_031

Article de revue

Entre trésor sacré et vaisselle du prince

Le roi médiéval est-il un collectionneur ?

Pages 45 à 56

Notes

  • [*]
    Allocataire-moniteur en histoire médiévale à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, prépare une thèse sous la direction du professeur Claude Gauvard, intitulée Les Trésors du roi : reliques, joyaux archives et manuscrits (France, xiiie-xive siècles).
  • [1]
    G. von Habsburg, Trésors des princes d’Europe, Paris, 1997, p. 11.
  • [2]
    H. Trevor-Roper, Princes et artistes. Mécénat et idéologie dans quatre cours Habsbourg (1517-1633), Paris, 1991 (éd. original, 1991).
  • [3]
    T. Dacosta Kaufman, « From Treasury to Museum : The Collections of the Austrian Habsburgs », dans The origins of Museum : the Cabinet of Curiosities in sixteenth- and seventeenth-century Europe, O. Impey et A. MacGregor éd., Oxford, 1987, p. 137-285.
  • [4]
    J. von Schlösser, Die Kunst und Wunderkammern der Spätrenaissance, Leipzig, 1908. Il fut garde et conservateur des collections de 1889 à 1922.
  • [5]
    Pour une présentation d’ensemble, D. Gaborit-Chopin, « Les collections d’orfèvrerie des princes français au milieu du xive siècle d’après les comptes et inventaires », Hommage à Hubert Landais. Art, objets d’art, collections. Études sur l’art du Moyen Âge et de la Renaissance sur l’histoire du goût et des collections, Paris, 1987, p. 46-52 et R. W. Lightbown, Secular Goldsmith’s Work in medieval France. A history, Londres, 1978.
  • [6]
    Une nouvelle revue, spécifiquement consacrée à l’histoire des collections médiévales a vu le jour à Neufchâtel en Suisse en 2002 : Thesis. Cahier d’Histoire des Collections.
  • [7]
    Pour une présentation des principales problématiques que posent le trésor d’église : D. Alibert, « Le trésor d’église : de l’objet d’histoire à la source d’histoire », Sources, Travaux historiques, 1989, p. 41-44.
  • [8]
    Nolite thesaurizare vobis thesauros in terra, ubi erugo et tinea demolitur, ubi fures effodiunt et furantur, thesaurizate autem vobis thesauros in caelo, ubi neque erugo neque tinea demolitur et ubi fares non effodiunt nec furantur, ubi enim est thesaurus tuus ibi est cor tuum. Matthieu, VI, 19-21.
  • [9]
    F. Bougard, « Trésors et mobilia italiens du haut Moyen Âge », dans Les Trésors de sanctuaires, de l’Antiquité à l’époque romane, J.-P. Caillet éd., Paris, 1996, p. 161-197, ici p. 197.
  • [10]
    En dernier lieu, K. Pomian, Des saintes reliques à l’art moderne : Venise-Chicago, xiiie-xxe siècle, Paris, 2003, p. 333.
  • [11]
    Ibid., p. 7-8 et p. 333.
  • [12]
    E. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, t. III, L’Inventaire de la propriété. Églises et trésors des églises du commencement du viiie siècle à la fin du xie siècle, Lille, 1936, p. 157-179.
  • [13]
    D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l’hérésie, au judaïsme et à l’Islam 1000-1050, Paris, 1998, p. 211-217 et notamment p. 214.
  • [14]
    Lapidaires et « encylopédies » le soulignent à loisir. Ainsi par exemple, « Dieu a conservé les pierres après la chute d’Adam pour qu’elles soient sur terre en honneur et en bénédiction, et pour la médecine » : H. de Bingen, Physica, Patrologie latine, J.-P. Migne éd., t. 197, col. 1250.
  • [15]
    P. Buc, L’Ambiguïté du Livre. Prince, pouvoir et peuple dans les commentaires de la Bible à la fin du Moyen âge, Paris, 1994, p. 287-288.
  • [16]
    A. Shalem, Islam Christianized : Islamic portable Objects in the Medieval Church, Francfort-sur-le Main, 1998.
  • [17]
    Comme le suggère le tableau dressé par P. Riant, « Des dépouilles religieuses enlevées à Constantinople au xiiie siècle », Revue des Questions Historiques, 18 (1875), p. 1-214, ici p. 177-211.
  • [18]
    A. Ducellier, « Une mythologie urbaine : Constantinople vue d’Occident au Moyen Âge », Mélanges de l’École française de Rome. Époque médiévale, 96 (1984), p. 405-424.
  • [19]
    Voir la monumentale recension de plus de 500 mentions jusqu’à cette date, dans A. Frolow, La Relique de la Vraie croix. Recherches sur le développement d’un culte, Paris, 1961.
  • [20]
    Expression développée par J. Krynen, L’Empire du roi. Idées et croyances politiques (xiiie-xve siècles), Paris, 1993.
  • [21]
    Le Songe du Vergier, Édité d’après le manuscrit 19 C IV de la British Library, M. Schnerb-Lièvre éd., 2 vol., Paris, 1982 : t. I, p. 327.
  • [22]
    Sur l’exégèse du trésor du temple de Jérusalem, développée au xiie siècle à partir des traités de Bède le Vénérable : A. G. Holder, « New Treasures and Old in Bede’s De tabernaculo and De templo », Revue bénédictine, 1989, p. 237-249.
  • [23]
    A. A. Jordan, Visualizing Kingship in the Windows of the Sainte-Chapelle, Turnhout, 2002.
  • [24]
    C. Billot, « Les Saintes-Chapelles (xiiie-xvie siècles). Approche comparée de fondations dynastiques », Revue d’Histoire de l’Église de France, 191 (1987), p. 229-248 et id., Les Saintes Chapelles, Catalogue de l’exposition de la Conciergerie, octobre 1998-janvier 1999, Paris, 1998.
  • [25]
    BnF, ms. fr. 2705, édité par J. Labarte, Inventaire du mobilier de Charles V, roi de France, 2 vol., Paris, 1879. Les copies postérieures ont fait l’objet d’une édition, encore inédite à ce jour, dans une thèse de l’École nationale des chartes. Cf. P. Henwood, « Le trésor royal sous le règne de Charles VI (1380-1422). Études sur les inventaires, les orfèvres parisiens et les principaux artistes du roi », Positions des thèses de l’École nationale des chartes, 1978, p. 91-98.
  • [26]
    Le début du xve siècle est mieux loti, avec les inventaires du mobilier des ducs de Bourgogne, du duc Louis d’Orléans et celui de Jean de Berry. Pour une présentation systématique de la documentation conservée, voir R. W. Lightbown, op. cit. et A. Alexandre, « Les travaux d’art et les collections de Louis d’Orléans (1389-1407) », Positions des thèses de l’École nationale des chartes, 1999, p. 9-14.
  • [27]
    J. Labarte, Éd. cit., p. 1.
  • [28]
    M. Whiteley, « L’aménagement intérieur des résidences royales et princières à la fin du xive siècle et au début du xve siècle », Vincennes aux origines de l’État moderne. Actes du colloque scientifique de Vincennes (8, 9 et 10 juin 1994), J. Chapelot et É. Lalou éd., Paris, 1996, p. 299-304.
  • [29]
    R. Cazelles, « Les trésors de Charles V », Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 1980, p. 214-226.
  • [30]
    Comme l’inventaire des joyaux du dauphin, futur Charles V, en 1363, conservé par une copie du xviiie siècle : L’Inventaire du trésor du dauphin futur Charles V, 1363 : les débuts d’un grand collectionneur, D. Gaborit-Chopin éd., Paris, 1996.
  • [31]
    L. Delisle, Recherches sur la librairie de Charles V, 2 vol. et 1 vol. de pl., Paris, 1907, t. II, n° 1010, p. 167.
  • [32]
    V. Gontero, Parures d’or et de gemmes : l’orfèvrerie dans les romans antiques du xiie siècle, Aix-en-Provence, 2002.
  • [33]
    V. Gay, Glossaire archéologique du Moyen Âge et de la Renaissance, 2 vol., Paris, 1887-1928, t. II, p. 57.
  • [34]
    J. Labarte, op. cit., t. I, p. 93.
  • [35]
    Voir par exemple H. Krinsky, « Representations of the Temple of Jerusalem before 1500 », Journal of the Warburg and Courtauld Institute, 33 (1970), p. 1-19.
  • [36]
    F. Autrand, Jean de Berry. L’art et le pouvoir, Paris, 2000, p. 473.
  • [37]
    BnF, ms. fr. 21 445, cité par P. Henwood, dans « Administration et vie des collections d’orfèvrerie royale sous le règne de Charles VI (1380-1422) », Bibliothèque de l’École des chartes, 138 (1980), p. 179-215, p. 185.
  • [38]
    BnF, ms. Clairambault, 832.
  • [39]
    L. Marin, « Fragments d’Histoire de Musées », Cahiers du Musée national d’Art moderne, 17-18 (1986), p. 8-17.
English version
« Les collectionneurs, disparus avec l’Empire romain, ne réapparaîtront en Europe qu’avec le développement des États-nations et le réveil de la vie urbaine au xiiie siècle. En France, cette renaissance médiévale sera plus précoce et plus riche que nulle part ailleurs grâce à l’autorité capétienne » [1].

1L’empire, la ville et la famille : Géza von Habsbourg situe la formation médiévale de la figure moderne du collectionneur à l’intersection de ces trois composantes. Ancien directeur du département de l’Argenterie chez Christie’s, spécialiste reconnu des arts précieux et de l’orfèvrerie, il parle aussi au nom de ses ancêtres. Les Habsbourgs représentent sans conteste, avec les Valois et les Médicis, les mécènes les plus actifs de l’Europe renaissante [2]. Paris, Florence et Vienne, villes auxquelles s’ajoute le cas particulier de Venise, constituent les théâtres privilégiés de l’essor des musées modernes. Le modèle de la collection privée comme celui du musée public sont censés procéder d’un même terreau dynastique primitif, l’étroite confusion entre la famille et l’État en garantissant l’émergence. La longévité incomparable des titulaires de la couronne du Saint Empire, du xive siècle à l’orée du xxe siècle, se double d’une remarquable transmission du patrimoine artistique accumulé. Une chaîne ininterrompue relie les trésors des Habsbourgs aux collections des deux grands muséums de Vienne, dont les insignes impériaux forment le noyau majestueux [3]. Le pouvoir de légitimation des collections autrichiennes atteint l’histoire des collections elles-mêmes, dans la mesure où la première grande synthèse en la matière est due à Julius von Schlösser, tout à la fois dernier garde des collections impériales et premier conservateur du musée de la République autrichienne [4]. Les grandes institutions patrimoniales de France et d’Italie ne peuvent revendiquer une généalogie aussi fluide et transparente. Le schéma explicatif demeure cependant identique : la collection privée du prince s’est muée en musée public.

2Si les Valois remplissent pour la France un rôle fondateur analogue à celui des Habsbourgs pour les pays germaniques et pour l’Espagne, le nombre infime d’objets et d’œuvres conservés en restreignent la pertinence. Par le jeux des descendances et des alliances anglaises et bourguignonnes au xve siècle, puis florentines au xvie siècle, les héritiers des Capétiens ont pourtant tendance à se voir attribuer une position centrale dans la généalogie patrimoniale européenne. Charles V et ses frères Louis d’Anjou, Jean de Berry, et Philippe de Bourgogne, ainsi que ses fils Charles VI et Louis d’Orléans, sont depuis la fin du siècle dernier considérés comme les pères fondateurs d’une culture de la curiosité, qui préside à l’éclosion des cabinets et des studioli de la Renaissance [5]. Le collectionnisme congénital attribué au Valois converge en la personne de François Ier. Concurrent malheureux de son cousin Habsbourg pour le siège impérial, il est quant à lui le véritable créateur des timides jalons d’un État patrimonial, avec la création du dépôt légal des livres imprimés en 1527 et celle des Joyaux de la Couronne en 1532. Pour la première fois une distinction semble s’établir entre le bien public inaliénable et le mobilier attaché à la personne du prince.

3Communément associés dans une double et indissociable fondation, les trésors de la fin du Moyen Âge se trouvent ainsi en partie dépossédés de leur historicité propre. Il ne faut pas s’y tromper : si les trésors d’églises et les joyaux du prince constituent les prétextes d’une projection commode des catégories contemporaines du public et du privé, ils n’occupent pour finir qu’une position marginale et intermédiaire, celle des préfaces et des avant-propos, au sein de l’épopée du patrimoine occidental. Ici encore l’époque médiévale est une parenthèse, un moment d’appoint, en attendant les renaissances nécessaires des modèles antiques. Réinventant son rapport aux objets et à l’art, le monde moderne, par le biais de la terminologie, a bien choisi son parti : les temples de la culture contemporaines sont des museums, non des chambres du trésor.

4Le récit des origines du musée et de la collection ignore en définitive la signification relative des formes d’accumulation propre au monde médiéval [6]. Occupant une position rhétorique dans un discours de fondation, le trésor d’église est par trop fonctionnel et insuffisamment libéré de sa dimension sacerdotale, pour prétendre à une position originelle [7]. C’est bien à la possession des regalia du sacre que le trésor de Saint-Denis doit de former depuis le xixe siècle le cœur national des collections du Louvre. L’histoire des collections reste tributaire, coûte que coûte, de la mémoire de l’État royal. Le pouvoir d’accumuler constitue en effet un des attributs décisifs de l’autorité et de la majesté. La matérialisation de la puissance ainsi mise en œuvre inscrit irrémédiablement l’objet collection dans une histoire du pouvoir.

5La contribution présente se propose d’examiner les processus qui légitiment la faculté d’accumuler des princes de la fin du Moyen Âge, dans le cadre d’une économie chrétienne de la valeur. En inversant la représentation généalogique qui relie les trésors médiévaux aux musées contemporains, il s’agit donc de saisir les modalités par lesquelles les « collections » princières accomplissent la captation réussie d’une logique de thésaurisation nécessairement consacrée à Dieu. Elle n’équivaut pas pour autant à une déchristianisation de la valeur : la sécularisation des trésors divins renforce au contraire la sacralisation des biens du prince. Les inventaires comptables font surgir en effet au xive siècle un ensemble hétéroclite d’objets de valeurs – vaisselles, parures et bibelots en tout genre – qui réalisent autour du corps du prince la matérialisation soudaine d’une accumulation légitime. La sédentarisation partielle de mobilier curial et domestique dans les différentes résidences royales en constitue la manifestation la plus apparente mais peut-être pas la plus assurée. Destinés à alimenter une libéralité nécessaire, les trésors du roi irriguent les différents cercles aristocratiques et bureaucratiques qui entourent le prince et forment les assises de l’État. Instruments de régulation de la faveur, les objets ainsi rassemblés participent pleinement au régime de fidélités qui structure le pouvoir royal.

Portrait du roi en gardien des trésors célestes

6

« Ne vous amassez points de trésors sur la terre où la mite et le ver consument, où les voleurs percent et cambriolent. Mais amassez vous des trésors dans le ciel : là point de mite, ni de ver qui consument point de voleurs qui perforent et cambriolent. Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » [8]

7Le célèbre passage de l’évangile de Matthieu « […] sert d’antienne à l’hagiographie et aux préambules des préceptes ou des donations privées » [9], effectivement situées au cœur des circuits d’échanges économiques. La condamnation des thésaurisations terrestres suggérée par le texte souligne l’exiguïté du cadre légitime de l’accumulation défini par l’orthodoxie chrétienne. L’épisode du veau d’or constitue en la matière une sinistre menace. La concentration des richesses est destinée à célébrer la gloire de Dieu. Les sanctuaires, par le biais des offrandes, s’affirment donc, non seulement comme les seuls destinataires légitimes des biens matériels, mais plus encore comme le lieu même de la conversion des trésors terrestres en trésor céleste, c’est-à-dire en gage de salut. Les objets déposés ou offerts aux églises ont tous un lien avec la célébration du rituel de la messe et participent à l’ornement du mystère divin. Actualisant et démultipliant la figure du trésor du temple de Jérusalem, ils assurent « l’échange avec l’invisible » cher à Krzysztof Pomian, qui forme selon lui le fondement même de la collection [10]. Un tel « sacrifice » de la valeur matérielle n’est cependant pas synonyme d’une extraction, même temporaire, du « circuit des activités économiques » [11]. Le trésor de l’église garantit des prêts, valide des serments, et plus tard des contrats. Il nourrit d’autre part une redistribution de la matière précieuse, or ou argent, par la fonte et la refabrication permanente des objets [12]. Les reliques elles-mêmes aimantent les dons et les richesses et sont affectées par un mouvement perpétuel de translation, de fragmentation et de dispersion, qui structure le territoire de la Chrétienté. Le trésor ecclésiastique ne répond donc que très imparfaitement au second critère d’identification de la collection proposé par Pomian. L’opération qui consiste à alimenter les trésors des églises participe à une commutation des biens qui consiste à rendre à Dieu ce qui lui appartient [13]. L’or, apporté au Christ en offrande de reconnaissance par les mages, comme les pierres précieuses, sont des matériaux issus du jardin d’Éden [14] ; l’écriture elle-même, propriété divine par excellence, se trouve associée aux trésors par la présence en son sein des manuscrits et des chartes. La distance avec le modèle de la collection moderne atteint ici une forme de paroxysme : l’accumulation des objets ne fonde pas le droit de l’homme à posséder, mais rappelle sans cesse son expropriation primitive.

8Le système de thésaurisation organisé par l’institution ecclésiale s’affranchit progressivement des contraintes matérielles de l’offrande et de l’objet : il se monétarise. Au xiie siècle, le thesaurus ecclesiae désigne, selon Pierre le Chantre, l’ensemble des biens de l’Église [15], avant de garantir les fondements légitimes de la fiscalité pontificale au xiiie siècle. Cette dématérialisation relative des trésors d’église est cependant concomitante d’un renouvellement décisif de la masse d’objets qualifiants en circulation, par le biais des croisades et des échanges commerciaux avec l’Orient. Cet afflux d’objets nouveaux échappe en partie au contrôle de l’Église. Le dépeçage des « collections » fatimides, conséquent à la prise de pouvoir des Ayyubides à partir des années 1170, se laisse encore percevoir à travers le contenu de certains trésors d’églises, ainsi qu’a pu le montrer Avinoam Shalem [16]. Quelques décennies plus tard, la destination privilégiée des objets orientaux et byzantins a changé : les coffres et les chapelles des princes concurrencent les armoires des églises. Si les pillages issus de la quatrième croisade en 1204 ont profité aux églises et aux abbayes d’Occident, ce fut par l’intermédiaire des barons et des princes [17]. Le nouvel empereur Baudouin de Flandre récupéra les reliques les plus précieuses, conservées dans le palais impérial de Constantinople, soit l’ensemble de la panoplie des instruments de la Passion. Mises en gage par son fils auprès de la République de Venise, ces reliques insignes furent finalement achetées, sous les couverts d’une donation, par le roi de France, en deux livraisons en 1238 et 1241. Louis IX décide alors la construction d’un reliquaire monumental, à même de conserver et d’honorer la mémoire et l’histoire du Salut, dont il est désormais le garant : la Sainte-Chapelle du Palais de la Cité à Paris sera achevée pour le départ en croisade de 1248. Le trésor du monde avait donc changé de lieu et la translation des reliques sanctionnait la translatio imperii qu’imposait la chute de Constantinople [18].

9Jusqu’alors le versant occidental de la Chrétienté ne disposait que d’une vision fragmentaire et fragmentée des instruments de la Passion, ce qui explique la démultiplication impressionnante des morceaux de ces trésors inestimables dans les sanctuaires d’Occident avant le xiiie siècle [19]. Le corps du Christ, représenté par procuration par les attributs de son sacrifice, constitue, le bien céleste abandonné par Dieu dans le siècle le plus précieux et le plus abouti. Par cette formidable captation du trésor impérial, le roi capétien se place en position d’intercesseur privilégié auprès de la puissance divine. Les artisans de la propagande et de la « religion royale » [20] ont transformé cette position acquise en prédestination :

10

« Et devons tenir que si précieuses Reliques sont singulierment gardees, de la présence de Dieu et de sez Angues, comme le plus principal tresor lequel Dix ait laissié en ce siècle, après son très précieux corps ; duquel tresor il a esleü un singulier tresorier, c’est assavoir, le Tres Crestian Roy de France ; duquel Roy, comme de celluy qui est garde et tresorier de si precieulx tresor, Jhesuchrist puet dire les paroles d’une loy : Rex Franciae « magister sacrorum scriniorum, nostre libertatis benevolencia tribuenda, qui Nostre, quodam modo assistera, Majestati, videtur », Codice, De magistris sacrorum scriniorum, lege unica, libro duedocimo : le Roy de France est « maistre et garde de noz sains escrins, dezquels escrins nous donnons et eslargissons a ceulx qui il nous plait, et pour ce est il que il fait aucunement conpaingnie a Nostre Majesté » [21].

11Arc-boutée sur un passage détourné du Code de Justinien, l’argumentation d’Évrart de Trémaugon est sans appel : gardien des trésors célestes, le roi de France est l’administrateur – le trésorier – le plus légitime des trésors terrestres. Le corps du Christ consacré par les exégètes comme le nouveau Temple de la Nouvelle Alliance permet ainsi à Louis IX de recréer indirectement le modèle architectural du temple de Jérusalem, au cœur de l’espace du pouvoir royal [22]. Les vitraux de la Saint-Chapelle, et tout particulièrement celui consacré à l’histoire des reliques de la Passion, achèvent de dresser le portrait d’un Louis IX en nouveau Salomon, restaurateur du Temple et de la Loi [23]. Ses successeurs et descendants, de Philippe VI de Valois au Vivier-en-Brie jusqu’à Jean de Berry à Bourges ou Philippe de Bourgogne à Dijon, en passant par Charles V à Vincennes, ont pérennisé le modèle en fondant des répliques de la Sainte-Chapelle de Paris dans leurs résidences favorites [24]. La rhétorique politique des Valois, associant étroitement référents théologico-économiques et propagande architecturale, est ainsi parvenue à forger au xive siècle une forme légitime et autonome de thésaurisation sacrée, incorporée et figée dans l’espace domestique du pouvoir.

Les joyaux du roi, une collection encore nomade ?

12Perceptibles très ponctuellement au travers de rares listes ou fragments comptables depuis le règne de Philippe Auguste, les biens mobiliers du roi, y compris les insignes les plus conventionnels du pouvoir – couronnes ou anneaux, outre ceux destinés à la cérémonie du sacre et conservés dans le trésor de l’abbaye de Saint-Denis – ne sont pas saisissables dans leur totalité avant 1380. La disparition accidentelle des archives de la Chambre des comptes lors d’un incendie au xviiie siècle est responsable de cette situation archivistique si contrastée. L’inventaire de 1380 se présente sous la forme d’un beau registre, dont l’original n’a pas été conservé et qui semble bien être une œuvre d’apparat, qui vise à mettre en scène la richesse du prince. Elle présente l’avantage d’avoir été recopiée partiellement à quatre reprises sous le règne de Charles VI jusqu’en 1415, au gré des sorties, des acquisitions ou des changements de personnel [25]. Contemporain d’un inventaire conservé pour le duc Louis d’Anjou, ce dernier demeure le réfèrent principal d’une histoire des origines de la collection moderne, pour la France de la fin du Moyen Âge [26].

13Charles V avait en effet commandé, quelques mois avant sa mort, aux familiers de son hôtel, sous le contrôle des clercs de la Chambre des comptes, un inventaire systématique de la vaisselle et des objets mobiliers déposés dans les principales résidences royales du Bassin parisien. En voici le début du préambule :

14

« C’est l’inventoire general du roy Charles le Quint de tous les joyaulx qu’il avoit au jour qu’il fut commancé, tant d’or comme d’argent, c’est assavoir : couronnes, chappeaulx, vaisselle, joyaulx d’église et autres choses garnies de pierrerie ; et aussi joyaulx et vaisselle d’or et d’argent de plaine façon, estans es chateaul, hostelz et oratoires dudit seigneur, tant en ses chasteaulx de Meleun sur Seyne, du Boys de Vincennes, du Louvre, de Saint Germain en Laye, de ses hostels de Saint Pol à Paris, de Beaulté sur Marne, et autre part ; et aussi des joyaulx qui sont continuellement portez avecques luy ; et avec ce de toutes les chapelles, chambres de brodeure et tapisserie dudit seigneur […] » [27].

15L’inventaire rassemble plus de 3 900 articles. Il s’agit bien d’objets mobiliers de taille modeste et non de l’ensemble des meubles, contrairement à ce que la signification contemporaine du terme de mobilier pourrait laisser entendre. La variété des supports, du rubis brut au drap de soie en passant par la couronne orfévrée ou le manuscrit enluminé et le service de table en or ou en argent, empêche de considérer l’ensemble comme une « collection » unique. La logique de l’inventaire mêle ordonnancement topographique et regroupement systématique. Si les réserves du château de Melun et les coffres mobiles d’un roi encore nomade occupent près de la moitié de l’inventaire, les objets conservés dans les « études » et les chapelles de toutes les résidences sont regroupés sous une même catégorie. Le tableau suivant propose une évaluation approximative de la répartition des objets. Pour une meilleure lisibilité, les tissus n’ont pas été pris en compte dans le calcul de pourcentage.

Tableau 1

Répartition globale des « joyaux » dans les différentes résidences royales

Tableau 1
Lieu de dépôt Nombre articles % Melun 1500 50 % Coffres du roi 350 11 % Études du roi : Melun, Hôtel Saint-Pol, Louvre, Saint-Germain-en-Laye 400 12 % Chapelles et Oratoires du roi : Melun, Hôtel Saint-Pol, Louvre, Saint-Germain-en-Laye 350 11 % Étude du château de Vincennes 500 16 % Tissus, vêtements et tapisseries (hors liturgie) 800 ***

Répartition globale des « joyaux » dans les différentes résidences royales

16Cette distribution dessine les contours d’une cartographie hiérarchisée des dépôts royaux selon plusieurs critères. La nature du support, or ou argent, garni ou non de pierres précieuses, forme le premier facteur de répartition au sein de chaque dépôt, spécialement en ce qui concerne Melun, sans qu’il soit permis de dire si cette classification des métaux correspondait à l’ordre de rangement des pièces dans les armoires. Seuls les cinq grands coffres qui accompagnent le roi suivent l’ordre de leur contenu interne. Études et chapelles sont avoisinantes dans la plupart des cas [28]. L’étude de Vincennes se distingue très nettement des autres par la quantité des objets conservés. Pièces d’orfèvrerie, tableaux et gemmes anciennes se mêlent aux manuscrits d’étude comme aux instruments astronomiques. Cousin du studiolo des princes italiens, l’étude de Charles V évoque sans détour le modèle du cabinet de l’époque moderne. Elle demeure toutefois dans l’orbite de l’espace sacré de la chapelle. L’association entre étude et oratoire n’évoque pas seulement l’ampleur et l’application de la dévotion royale. Les objets propres à l’étude se situent effectivement dans le prolongement du mobilier et des livres liturgiques comme des reliquaires de la chapelle. La pièce consacrée au travail de méditation et d’apprentissage du roi s’inscrit dans la droite ligne du scriptorium. La sagesse du souverain repose sur une liturgie de la lecture et de l’observation. Le cabinet du prince est avant tout l’annexe du trésor de la chapelle.

17La collection que l’inventaire fait surgir est donc trompeuse : il ne s’agit pas du recensement du Trésor du roi, qui n’existe en tant qu’entité que sous l’espèce d’une caisse domaniale et fiscale, mais bien de la recension hétéroclite de divers dépôts de biens de valeurs dispersés. Tout au plus peut-on parler d’une série de collections emboîtées, le château de Melun faisant office davantage d’entrepôt pour la vaisselle liturgique et domestique du prince. Les cinq cents objets conservés sont tous en or : Melun est la réserve de métal précieux du roi, un lieu d’accumulation aveugle, ce qui concorde avec ce que l’on sait par ailleurs des « coffres du roi », également présents à Melun, mais entendus cette fois comme élément d’épargne et de thésaurisation monétaire [29]. Le terme de trésors, décliné au pluriel, désigne avant tout les lieux où se concentre la valeur sous toutes ses formes. La réunion d’inventaires multiples en un seul volume destiné à la représentation, réalise à elle seule la matérialisation systématique d’un patrimoine, jamais observée jusque-là. La présence de ce registre, ou plus vraisemblablement d’une recension antérieure analogue [30], parmi les volumes de la librairie du roi au Louvre, en accentue encore le caractère officiel et confère une solennité remarquable à l’ensemble, l’inventaire des pierres précieuses étant aussi très concrètement le miroir du pouvoir du prince [31]. La mise en scène littéraire de l’orfèvrerie, dans les romans antiques du xiie siècle par exemple, confirme la fonction spéculaire des joyaux [32]. Le terme générique de joyaux ou « jouels » lui-même [33], dérivé des jocali en latin, qui désigne les jouets autant que le plaisir qu’ils procurent, ancre les objets mobiliers du roi dans la jouissance contemplative de la possession et de la puissance.

18C’est donc le regard porté sur les joyaux, et au-delà sur celui qui les porte, qui constitue la raison ultime de l’accumulation royale. L’essentiel des pièces conservées est destinée à l’ornementation du corps du prince, y compris dans les réserves de Melun : les seize premiers feuillets de l’inventaire sont consacrés aux couronnes et diadèmes, ceintures, attaches, boucles et fermoirs « pour le corps du Roy ». Les parures personnelles (123 pièces) précèdent les reliquaires et les joyaux d’église (près de 130 pièces), eux-mêmes suivis par la liste de plus de 230 éléments de vaisselle. Les coffres contiennent quant à eux l’essentiel des pierres précieuses brutes, les bijoux et les vêtements de corps mais aussi les signets, c’est-à-dire les sceaux personnels du roi et toute une série d’objets-talismans, comme « la Pierre Saincte, qui ayde aux femmes a avoir enffant, laquelle est enchassée en or » ou encore « la pierre qui guérist de la goute, en laquelle est entaillé un roy et lettres en ébrieu » [34]. La quarantaine de camées, dont certains sont sans doute des intailles datant de l’époque romaine, est bien déposée dans les coffres, et non pas exposée dans une vitrine. Ces derniers sont par ailleurs tous montés sur des anneaux, ce qui laisse entendre là encore un usage ornemental. On peut remarquer également que la vaisselle qui accompagne le prince dans ses déplacements est essentiellement en argent.

19Entre thésaurisation brute du métal précieux et objets d’apparat d’un corps royal encore largement nomade, les joyaux du roi se rattachent très difficilement à la figure sédentaire et scénographique de la collection. Le roi ne collectionne pas vraiment encore : il est lui-même le support mouvant de la valeur. La gloire et l’honneur du corps royal demeure le ferment dominant de la logique d’accumulation. Le frontispice du manuscrit français 2705 représente précisément Charles VI en majesté, orné des regalia, siégeant sur un trône surmonté d’un dais, au pied duquel sont figuré deux lions. Le dais repose sur deux colonnes hélicoïdales jumelles, couronnées de chapiteaux décorés de lis et situées à l’avant du corps du roi. Les colonnes figurent peut-être Boaz et Yakin, les colonnes en bronze qui marquent l’entrée du temple de Salomon [35]. La présence des lions au pied du roi renforce encore cette hypothèse. Les ornements du corps du roi se trouvent ainsi rattachés à la trésorerie céleste du Temple. Lointainement associés aux trésors du nouveau Temple qu’est la Sainte-Chapelle, les joyaux du roi en propagent les vertus à travers l’ensemble de l’espace royal. Ils accompagnent et rendent possible la liturgie de l’autel comme celle de la table, qui forment les principaux temps rituels de la cour du roi.

20Subtilement reliés au trésor sacré, la vaisselle et les joyaux du prince participent en permanence aux rituels quotidiens qui gouvernent la vie du prince. Matérialisation d’un corps royal dédoublé, ces « collections » n’ont rien d’inutile. Libérés de l’inaliénabilité qui pèse sur les trésors consacrés « aux échanges avec l’invisible », ils sont pleinement engagés dans une « mise en beauté du pouvoir » [36], comme dans les actes de libéralité du roi, ainsi que l’écrit Charles VI dans une lettre de septembre 1391 :

21

« Et pour ceux, à l’aide de Dieu, nous avons intencion d’augmenter et croistre lesdits joyaux tant d’or comme d’argent pour nous en aydier si besoin en estoit et, avec ce, nous en pourrons prendre souventes fois aucuns pour donnez a ambassadeurs et messagers estrangers ou autres personnes ou autrement en faire nostre voulenté » [37].

22La fonctionnalité des joyaux se prolonge jusqu’au jour des obsèques. Le compte des obsèques du Louis X en 1316 est le plus ancien document conservé à ce sujet [38]. Jusqu’à Charles VI inclus, les joyaux sont en partie destinés à payer les frais des funérailles.

23Parce que le roi de France a su capter au xiiie siècle à son profit la faculté de thésauriser, en tant que principal serviteur de Dieu sur la terre, il dispose d’une série de collections, en gestation dans les études et les chapelles des résidences, en pleine affirmation pour le cas de la librairie royale du Louvre. Le Trésor des chartes, conservé au-dessus du trésor de reliques de la Sainte-Chapelle manifeste une forme d’accumulation, centrée sur l’organisation de la mémoire du royaume. Cette mutation décisive, qui engage le pouvoir sur la voie de la constitution patrimoniale, est probablement l’écho d’une « nouvelle représentation du passé, de l’au-delà, de l’ailleurs » [39], qui coïncide au xive siècle avec l’essor d’un « premier humanisme », philologique et historique, dans le sillage de Pétrarque. Et il suffira peut-être de dire que le terme de « collection » surgit dans la langue française en 1371, sous la plume de Nicole Oresme, à l’occasion de sa traduction de la Politique d’Aristote pour Charles V. Il est cependant encore difficile de considérer le roi médiéval comme un collectionneur. Si les joyaux accomplissent le dédoublement matériel du corps du prince, ils demeurent des pièces interchangeables, soumises au nomadisme d’un pouvoir en quête de reconnaissance et de fidélité. La sédentarisation définitive du souverain au xvie siècle garantira l’émergence de la figure du prince collectionneur.

Notes

  • [*]
    Allocataire-moniteur en histoire médiévale à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, prépare une thèse sous la direction du professeur Claude Gauvard, intitulée Les Trésors du roi : reliques, joyaux archives et manuscrits (France, xiiie-xive siècles).
  • [1]
    G. von Habsburg, Trésors des princes d’Europe, Paris, 1997, p. 11.
  • [2]
    H. Trevor-Roper, Princes et artistes. Mécénat et idéologie dans quatre cours Habsbourg (1517-1633), Paris, 1991 (éd. original, 1991).
  • [3]
    T. Dacosta Kaufman, « From Treasury to Museum : The Collections of the Austrian Habsburgs », dans The origins of Museum : the Cabinet of Curiosities in sixteenth- and seventeenth-century Europe, O. Impey et A. MacGregor éd., Oxford, 1987, p. 137-285.
  • [4]
    J. von Schlösser, Die Kunst und Wunderkammern der Spätrenaissance, Leipzig, 1908. Il fut garde et conservateur des collections de 1889 à 1922.
  • [5]
    Pour une présentation d’ensemble, D. Gaborit-Chopin, « Les collections d’orfèvrerie des princes français au milieu du xive siècle d’après les comptes et inventaires », Hommage à Hubert Landais. Art, objets d’art, collections. Études sur l’art du Moyen Âge et de la Renaissance sur l’histoire du goût et des collections, Paris, 1987, p. 46-52 et R. W. Lightbown, Secular Goldsmith’s Work in medieval France. A history, Londres, 1978.
  • [6]
    Une nouvelle revue, spécifiquement consacrée à l’histoire des collections médiévales a vu le jour à Neufchâtel en Suisse en 2002 : Thesis. Cahier d’Histoire des Collections.
  • [7]
    Pour une présentation des principales problématiques que posent le trésor d’église : D. Alibert, « Le trésor d’église : de l’objet d’histoire à la source d’histoire », Sources, Travaux historiques, 1989, p. 41-44.
  • [8]
    Nolite thesaurizare vobis thesauros in terra, ubi erugo et tinea demolitur, ubi fures effodiunt et furantur, thesaurizate autem vobis thesauros in caelo, ubi neque erugo neque tinea demolitur et ubi fares non effodiunt nec furantur, ubi enim est thesaurus tuus ibi est cor tuum. Matthieu, VI, 19-21.
  • [9]
    F. Bougard, « Trésors et mobilia italiens du haut Moyen Âge », dans Les Trésors de sanctuaires, de l’Antiquité à l’époque romane, J.-P. Caillet éd., Paris, 1996, p. 161-197, ici p. 197.
  • [10]
    En dernier lieu, K. Pomian, Des saintes reliques à l’art moderne : Venise-Chicago, xiiie-xxe siècle, Paris, 2003, p. 333.
  • [11]
    Ibid., p. 7-8 et p. 333.
  • [12]
    E. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, t. III, L’Inventaire de la propriété. Églises et trésors des églises du commencement du viiie siècle à la fin du xie siècle, Lille, 1936, p. 157-179.
  • [13]
    D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l’hérésie, au judaïsme et à l’Islam 1000-1050, Paris, 1998, p. 211-217 et notamment p. 214.
  • [14]
    Lapidaires et « encylopédies » le soulignent à loisir. Ainsi par exemple, « Dieu a conservé les pierres après la chute d’Adam pour qu’elles soient sur terre en honneur et en bénédiction, et pour la médecine » : H. de Bingen, Physica, Patrologie latine, J.-P. Migne éd., t. 197, col. 1250.
  • [15]
    P. Buc, L’Ambiguïté du Livre. Prince, pouvoir et peuple dans les commentaires de la Bible à la fin du Moyen âge, Paris, 1994, p. 287-288.
  • [16]
    A. Shalem, Islam Christianized : Islamic portable Objects in the Medieval Church, Francfort-sur-le Main, 1998.
  • [17]
    Comme le suggère le tableau dressé par P. Riant, « Des dépouilles religieuses enlevées à Constantinople au xiiie siècle », Revue des Questions Historiques, 18 (1875), p. 1-214, ici p. 177-211.
  • [18]
    A. Ducellier, « Une mythologie urbaine : Constantinople vue d’Occident au Moyen Âge », Mélanges de l’École française de Rome. Époque médiévale, 96 (1984), p. 405-424.
  • [19]
    Voir la monumentale recension de plus de 500 mentions jusqu’à cette date, dans A. Frolow, La Relique de la Vraie croix. Recherches sur le développement d’un culte, Paris, 1961.
  • [20]
    Expression développée par J. Krynen, L’Empire du roi. Idées et croyances politiques (xiiie-xve siècles), Paris, 1993.
  • [21]
    Le Songe du Vergier, Édité d’après le manuscrit 19 C IV de la British Library, M. Schnerb-Lièvre éd., 2 vol., Paris, 1982 : t. I, p. 327.
  • [22]
    Sur l’exégèse du trésor du temple de Jérusalem, développée au xiie siècle à partir des traités de Bède le Vénérable : A. G. Holder, « New Treasures and Old in Bede’s De tabernaculo and De templo », Revue bénédictine, 1989, p. 237-249.
  • [23]
    A. A. Jordan, Visualizing Kingship in the Windows of the Sainte-Chapelle, Turnhout, 2002.
  • [24]
    C. Billot, « Les Saintes-Chapelles (xiiie-xvie siècles). Approche comparée de fondations dynastiques », Revue d’Histoire de l’Église de France, 191 (1987), p. 229-248 et id., Les Saintes Chapelles, Catalogue de l’exposition de la Conciergerie, octobre 1998-janvier 1999, Paris, 1998.
  • [25]
    BnF, ms. fr. 2705, édité par J. Labarte, Inventaire du mobilier de Charles V, roi de France, 2 vol., Paris, 1879. Les copies postérieures ont fait l’objet d’une édition, encore inédite à ce jour, dans une thèse de l’École nationale des chartes. Cf. P. Henwood, « Le trésor royal sous le règne de Charles VI (1380-1422). Études sur les inventaires, les orfèvres parisiens et les principaux artistes du roi », Positions des thèses de l’École nationale des chartes, 1978, p. 91-98.
  • [26]
    Le début du xve siècle est mieux loti, avec les inventaires du mobilier des ducs de Bourgogne, du duc Louis d’Orléans et celui de Jean de Berry. Pour une présentation systématique de la documentation conservée, voir R. W. Lightbown, op. cit. et A. Alexandre, « Les travaux d’art et les collections de Louis d’Orléans (1389-1407) », Positions des thèses de l’École nationale des chartes, 1999, p. 9-14.
  • [27]
    J. Labarte, Éd. cit., p. 1.
  • [28]
    M. Whiteley, « L’aménagement intérieur des résidences royales et princières à la fin du xive siècle et au début du xve siècle », Vincennes aux origines de l’État moderne. Actes du colloque scientifique de Vincennes (8, 9 et 10 juin 1994), J. Chapelot et É. Lalou éd., Paris, 1996, p. 299-304.
  • [29]
    R. Cazelles, « Les trésors de Charles V », Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 1980, p. 214-226.
  • [30]
    Comme l’inventaire des joyaux du dauphin, futur Charles V, en 1363, conservé par une copie du xviiie siècle : L’Inventaire du trésor du dauphin futur Charles V, 1363 : les débuts d’un grand collectionneur, D. Gaborit-Chopin éd., Paris, 1996.
  • [31]
    L. Delisle, Recherches sur la librairie de Charles V, 2 vol. et 1 vol. de pl., Paris, 1907, t. II, n° 1010, p. 167.
  • [32]
    V. Gontero, Parures d’or et de gemmes : l’orfèvrerie dans les romans antiques du xiie siècle, Aix-en-Provence, 2002.
  • [33]
    V. Gay, Glossaire archéologique du Moyen Âge et de la Renaissance, 2 vol., Paris, 1887-1928, t. II, p. 57.
  • [34]
    J. Labarte, op. cit., t. I, p. 93.
  • [35]
    Voir par exemple H. Krinsky, « Representations of the Temple of Jerusalem before 1500 », Journal of the Warburg and Courtauld Institute, 33 (1970), p. 1-19.
  • [36]
    F. Autrand, Jean de Berry. L’art et le pouvoir, Paris, 2000, p. 473.
  • [37]
    BnF, ms. fr. 21 445, cité par P. Henwood, dans « Administration et vie des collections d’orfèvrerie royale sous le règne de Charles VI (1380-1422) », Bibliothèque de l’École des chartes, 138 (1980), p. 179-215, p. 185.
  • [38]
    BnF, ms. Clairambault, 832.
  • [39]
    L. Marin, « Fragments d’Histoire de Musées », Cahiers du Musée national d’Art moderne, 17-18 (1986), p. 8-17.
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