Notes
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[1]
Professeur de Sciences Economiques - CERSES, Université Paris Descartes - johanna.etner@parisdescartes.fr
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[2]
Il est généralement admis que les individus n’aiment pas le risque et peuvent préférer un gain relativement certain à un gain beaucoup plus élevé mais aléatoire.
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[3]
Pour une revue de la littérature, voir Camerer et Weber (1992).
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[4]
Voir par exemple Viscusi (1991), Lundborg and Lindgren (2004) dans le cas des fumeurs et Ménard et al. (2007) dans le cas des risques de santé environnementale.
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[5]
Browne et Hoyt (2000) mettent en évidence une corrélation élevée entre le nombre de contrats souscrits dans un Etat durant une année et le niveau des pertes enregistré dans cet Etat l’année précédente. Dans le même ordre d’idée, Kunreuther (1996) note que si 34 % des californiens pensaient inutile toute assurance contre les tremblements de terre, ils n’étaient plus que 5 % à être de cet avis après le séisme de 1989.
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[6]
Voir l’article de Cohen et Tallon (2000) pour une description plus formelle des modèles.
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[7]
Il s’agit de l’axiome d’indépendance qui suppose que si un individu est indifférent entre deux situations risquées, A et B. Il doit être indifférent entre la situation qui lui permet d’atteindre soit A, soit une troisième situation C et la situation qui lui permet d’atteindre soit B, soit la troisième situation C.
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[8]
Voir Etner, Jeleva et Tallon (2010) pour une revue de la littérature.
1L’expérience récente de la « pandémie » grippale A/H1N1 illustre un certain écart entre les choix politiques d’informations, de communication et de prévention et l’attitude adoptée par les individus. Comment peut-on comprendre l’échec relatif de la campagne de vaccination ? Ce type de questions nous interroge quant aux perceptions individuelles, collectives ou politiques des risques. En fait, les progrès scientifiques ont permis à nos sociétés de gérer voire d’éliminer un certain nombre de risques. Des maladies ont disparu de nos sociétés modernes, nous sommes a priori mieux armés face à certaines catastrophes naturelles, ... Pourtant, nos sociétés n’ont jamais été aussi anxieuses quant aux risques qui subsistent et quant aux risques futurs mal connus. Le sentiment de vivre aujourd’hui dans un monde plus dangereux qu’il ne l’était autrefois est relativement courant (Slovic, 1987, Beck, 1999, 2001). De nombreux auteurs ont d’ailleurs caractérisé notre société actuelle comme une société du risque (Beck, 1992). Il est intéressant de constater à quel point nos sociétés cherchent à atteindre le plus haut niveau de sécurité. Ainsi, les individus vont rechercher par tous les moyens possibles de gestion des risques, que ce soit à un niveau individuel ou collectif, d’atteindre une situation utopique de risque nul. Or, le développement économique et industriel s’accompagne généralement de la production de dangers. Paradoxalement, si les technologies et la science permettent d’éliminer un certain nombre de risques et d’apporter plus de confort aux individus, elles sont aujourd’hui elles-mêmes porteuses de risques. Le développement des nouvelles technologies d’information permet certes une plus grande diffusion des connaissances, mais conduit également à diffuser et amplifier les craintes individuelles face à ce que l’on a appelé les « nouveaux risques » (attaques terroristes, catastrophes naturelles, effets sur la santé des nanoparticules, production d’OGM, ...).
2Le risque est habituellement défini comme la réalisation incertaine d’un événement occasionnant des pertes. Il est caractérisé par des probabilités associées à des dangers particuliers. L’évaluation objective des risques passe donc par la connaissance des probabilités et la détermination des conséquences possibles. Néanmoins, les comportements humains ne s’alignent pas toujours sur les risques «objectifs », c’est-à-dire sur l’éventualité réelle des accidents. En effet, nombreux individus acceptent de courir des risques de probabilité relativement élevée tout en refusant de s’exposer à d’autres, bien moins vraisemblables. On observe par exemple, des individus qui refusent de prendre l’avion par peur alors que la probabilité d’un accident aérien est extrêmement faible, mais qui conduisent après avoir consommé de l’alcool. La perception du risque par la population peut ainsi différer du calcul scientifique et les attitudes qui en découlent peuvent être jugées irrationnelles.
3L’expression « perception des risques » peut désigner à la fois les opinions, les attitudes, les jugements ou les évaluations que les individus, groupes, organisations ou sociétés se font à l’égard des sources de risques, des probabilités et des conséquences qui leur sont associées. Les spécialistes du phénomène ont cherché à connaître comment et sur quelles bases les risques sont déterminés et sont acceptés, ou non, par la population.
4Depuis une trentaine d’années, de nombreux travaux en économie et psychologie ont porté sur la perception des risques et sa relation avec la prise de décision. Ce développement est notamment attribuable à l’émergence de préoccupations sociales importantes entourant certaines technologies, l’utilisation des produits industriels et leurs conséquences sur la santé, l’environnement présent et futur. L’émergence de ces risques nouveaux pour la population a remis fortement en cause l’image positive et la confiance générale dont bénéficiait le développement scientifique et technologique.
5Dans cet article, nous passons en revue les comportements des individus face aux situations incertaines et leurs représentations dans une approche économique. Nous soulignons, plus particulièrement, les spécificités des risques émergents et nous montrons qu’il n’existe pas de consensus sur le modèle de représentation des préférences en situation d’incertitude à utiliser, mais que le modèle retenu dépend des caractéristiques des situations et des comportements qui en découlent. Ce problème soulève notamment la question de la détermination des politiques optimales de gestion des risques comme dans le cas de la grippe A/H1N1. La connaissance de la diversité des modèles et des approches doit nous permettre de mieux comprendre la pertinence des politiques de prévention des risques notamment sanitaires et environnementaux.
6Nous expliquons, dans une première section, en quoi les comportements en présence d’incertitude sont multiples et dépendent d’une grande variété de facteurs. Dans une deuxième section, nous présentons les principales représentations des préférences utilisées dans le milieu scientifique. Nous illustrons notre propos en étudiant deux problèmes liés : les comportements individuels face au risque sur la qualité environnementale future et face à un risque de santé. Enfin, la section trois contient une discussion conclusive.
1 – Perception des risques et comportements individuels
7Bien que l’introduction de l’incertitude dans l’analyse des comportements des agents économiques soit ancienne, un véritable bouleversement s’est opéré au cours des trente dernières années. De nombreux travaux en économie portant sur la perception des risques et sa relation avec la prise de décision ont notamment montré que la notion couramment admise d’aversion au risque [2] était loin d’être suffisante pour expliquer les comportements individuels. Par exemple, l’aversion au risque ne permet pas d’expliquer la demande d’assurance complète dans le cas où il existe des frais de gestion (Mossin (1968)). Dans le domaine de la santé, Dionne et Eeckhoudt (1985) montrent qu’un individu manifestant plus d’aversion au risque investira toujours plus en activités d’auto-assurance mais pas nécessairement plus en prévention.
8En outre, les comportements individuels ne sont pas les mêmes, et doivent donc être étudiés différemment, selon qu’il s’agit d’une situation risquée au sens de Knight (1921) ou d’incertitude. Suivant Knight (1921), l’incertitude probabilisée (communément appelée risque) regroupe les situations dans lesquelles il est possible d’associer des probabilités (objectives) aux événements tandis que l’incertitude non-probabilisée regroupe celles où l’information disponible est insuffisante pour la construction de telles probabilités. Or, les risques de catastrophes naturelles, les maladies infectieuses, la sécurité alimentaire ou le terrorisme font référence à des risques non avérés, mal connus. Si l’aversion pour le risque est une hypothèse couramment acceptée, les études sur l’appréhension des incertitudes ne sont pas unanimes sur la manière dont les individus apprécient ces situations. Raiffa (1961) considère qu’un décideur rationnel ne doit pas être averse à l’incertain. Cependant, Yates et Zukowski (1976), Curley et Yates (1985) montrent que les individus n’aiment généralement pas les situations d’incertitude. Dans le cas d’une ignorance totale (aucune information), Cohen, Jaffray, et Said (1985) obtiennent une grande variété de comportements. Les différentes études [3] montrent que l’aversion à l’incertitude est plus pertinente dans le cas des gains que des pertes. Enfin, Cohen, Tallon et Vergnaud (2009) ne trouvent pas de relation entre l’aversion pour le risque et l’aversion vis-à-vis de l’incertitude. Les deux comportements apparaissent bien distincts.
9Les études économiques des comportements en situation d’incertitude s’appuient notamment sur d’importantes contributions de la sociologie, de l’anthropologie et de la psychologie. Les études sociologiques (Douglas, 1989, Short, 1984) et anthropologiques (Douglas et Wildavsky, 1983) ont établi des liens entre la perception et l’acceptation du risque et des facteurs sociaux et culturels. Mais, ce sont surtout les recherches psychologiques sur la perception du risque qui ont été marquantes. Depuis les travaux de Slovic et al. (1982 et 1985) et de Fischhoff et al. (1978), deux grandes familles de facteurs ont été mises en évidence : l’appréhension du risque (dread risk) et sa connaissance. L’hypothèse principale est que le risque est purement subjectif et qu’il est influencé par une multitude de facteurs (irréversibilité, caractère volontaire, immédiateté, …). Les facteurs permettant la compréhension de la perception des risques et notamment les risques émergents, comme les catastrophes naturelles ou les épidémies liées au changement climatique, peuvent être regroupés en trois catégories (i) les caractéristiques propres des individus, (ii) les processus sociaux et (iii) les mécanismes cognitifs.
Caractéristiques propres des individus
10De nombreuses études ont montré des différences de perception du risque et de comportements entre, d’une part, les hommes et les femmes, et d’autre part, les populations jeunes et âgées (voir Finucane et al. 2000, Flynn, et al. 1994). D’une façon générale, les femmes ont plus fréquemment que les hommes tendance à juger les risques comme « très élevés » et donc à prendre moins de risque que les hommes [4]. Lundborg et Andersson (2008) montrent que les jeunes prennent plus de risque et cela quel que soit le genre. Aussi, dans le cas d’une politique ciblée vers les populations jeunes, la différence entre femmes et hommes n’est plus pertinente. Plusieurs explications ont été proposées afin d’expliquer pourquoi les femmes perçoivent les risques plus élevés qu’ils ne le sont objectivement. Une des raisons suggère que les femmes sont moins informées que les hommes. Cette explication a été rejetée par Barke et al. (1997) et Slovic et al. (1997) qui montrent que dans la population scientifique, cette différence perdure. Une autre explication tient à la place traditionnelle des femmes dans la société et à une préoccupation plus importante de la santé (Steger et Witt, 1989). Enfin, Borghans et al. (2009) montrent que face à une faible incertitude (information importante), les hommes et les femmes agissent de la même manière. Mais, s’il y a peu d’information, les femmes ont plus d’aversion vis-à-vis de ces situations incertaines que les hommes. Cette différence entre les hommes et les femmes est cruciale dans le cas des campagnes de prévention santé chez les enfants. En effet, il est observé un rôle prédominant des femmes dans l’éducation des enfants et notamment dans l’éducation alimentaire. A cela, s’ajoute le rôle non négligeable du niveau d’éducation des femmes et de leur statut socioprofessionnel. Les autres caractéristiques pertinentes dans l’explication de la perception de risque sont le niveau d’éducation, la localisation ou encore le fait que le risque soit volontaire ou non. Ainsi, les fumeurs peuvent sousestimer le risque de décès associé à leur pratique (Viscusi 1990, 1991, 1992). Le récent baromètre santé – environnement (2007) souligne que près de la moitié des personnes estiment avoir au cours de leur vie « un risque plutôt élevé » de développer un cancer du fait de leur environnement et près d’une sur trois craint un risque élevé d’être affecté par une maladie cardiaque ou une nouvelle épidémie. L’impuissance relative face à ces risques peut expliquer cet excès de pessimisme. La possibilité ou non d’influencer les événements risqués est donc un facteur explicatif essentiel. Ainsi, Heath et Tversky (1991) montrent que lorsque les individus n’ont pas ou peu d’information sur les risques, mais qu’ils se sentent compétents dans le domaine, ils peuvent même apprécier cette situation incertaine.
Processus sociaux
11Le rôle de l’information véhiculée par les médias, des institutions politiques ou des groupes sociaux influents est déterminant dans la compréhension des comportements de la population vis-à-vis des risques. Combs et Slovic (1979) et Slovic et al. (1982) ont montré que si les individus ont peu d’information directe à partir de leur expérience propre sur les risques, ils ont tendance à les surévaluer. En outre, plus les risques ont été médiatisés, plus les individus ont tendance à les surestimer. Cahuzac et al (2007) étudient les effets de l’alerte non fondée à la listéria concernant un camembert au lait cru en 1999. Cette annonce a eu pour effet une baisse des ventes importante (30 à 40 %) pendant près de 3 mois alors que, deux semaines après l’alerte, suite à une contre-expertise, la presse démentait toute contamination des produits. Si les facteurs influençant la perception du risque environnemental sont, entre autres, la médiatisation qui entourent ces risques (Auliciems et Burton, 1971, Slovic, 1987), il apparaît que les consommateurs aient réagi moins vite à l’information positive qu’à l’information négative (Liu et al, 1998).
12En outre, l’influence des informations sur la perception des risques dépend étroitement de la crédibilité que les individus leur accordent. La provenance multiple et parfois divergente des informations relatives aux risques (scientifiques, politiques, médias) et l’effritement de la confiance envers les institutions les décrédibilisent en tant que source d’information. Dans ce contexte, où l’arrivée d’information ne permet pas d’éclairer le débat public, les individus peuvent adopter des comportements extrêmes. Dans le cas des risques sanitaires, cette situation peut amener les individus à ne pas investir en prévention voire à adopter des comportements à risque. Rappelons nous que lors de la campagne de vaccination contre le virus de la grippe A/H1N1 en 2009, des discours et préconisations opposés étaient présentés par les médias et la campagne de vaccination connut un relatif échec. Enfin, la distorsion de l’information prend toute sa dimension lorsqu’un événement catastrophique survient. L’apparition de cet événement peut influencer la perception de risque de différentes façons selon l’histoire de la population. D’un côté, il y a l’idée que la foudre ne peut retomber deux fois au même endroit et de l’autre, une prise de conscience de l’existence même de la foudre (Denis, 1998, montre qu’un événement peut être considéré comme peu probable s’il est présent à la mémoire).
Biais cognitifs
13Les risques émergents, caractérisés par une fréquence d’événements relativement rare et des pertes très importantes, ont fait l’objet de nombreuses études empiriques ou expérimentales. Schulze et al. (1986), McClelland et al. (1993), Schade et al. (2004) révèlent l’existence d’une importante dichotomie dans les perceptions et les comportements des individus face à ce type de risque. Les individus ont soit tendance à ignorer et à traiter comme nulles les faibles probabilités, ce qui revient à nier l’existence de ce risque, soit au contraire à les surévaluer, c’est-à-dire à amplifier la possibilité d’une catastrophe. De plus, s’agissant d’événements importants mais rares, l’expérience passée de l’individu vis-à-vis du risque semble jouer un rôle significatif dans la façon dont il imagine la possibilité de survenance de ces risques. Des études menées aux États-Unis montrent par exemple que face au risque d’inondation, la demande d’assurance des ménages américains est très faible, alors même que les achats d’assurance contre ces risques sont subventionnés par des programmes publics. Par ailleurs, on observe fréquemment une surestimation de la survenance de sinistres pour des risques plus standard, comme les risques liés à l’habitation [5]. Tversky et Kahneman (1974) ont mis en évidence deux biais principaux : le biais de disponibilité et l’hypothèse de «superstition du turfiste» (gambler’s fallacy). Le biais de disponibilité résulte d’une heuristique employée par les individus afin de simplifier l’évaluation de la vraisemblance d’un événement aléatoire. Les individus considèrent que l’événement est d’autant plus probable qu’ils peuvent se le remémorer facilement. Ce biais conduit donc à des comportements extrêmes avec une surestimation des probabilités des événements vécus dans un passé récent et une sous-estimation des probabilités des événements n’ayant pas été observés récemment. À l’opposé, la survenance d’un risque après une succession de périodes favorables modifie radicalement l’attitude des individus. Ces derniers prennent conscience que le risque jugé improbable auparavant devient possible voire imminent. Le fait que le risque ne soit pas encore reproduit semble accroître la probabilité qu’il survienne à nouveau dans un avenir proche. Ce type de comportement correspond à l’hypothèse de « superstition du turfiste ». De manière similaire, un phénomène d’oubli et de rejet de l’existence du risque apparaissent quelque temps après une catastrophe. Les psychologues ont noté l’existence d’autres biais cognitifs pouvant expliquer les comportements et notamment la perception du risque. L’heuristique de représentativité (Kahneman et Tversky, 1981) correspond au fait que les individus construisent leur jugement en se fondant sur la ressemblance entre l’événement perçu et un événement connu. Les individus peuvent également préférer des situations qui confirment les croyances passées (heuristique d’ancrage/ajustement présentée par Tversky et Kahneman, 1974). Ainsi, de nouvelles informations sont jugées pertinentes lorsqu’elles sont en accord avec des croyances passées. Concernant les comportements des individus face au risque environnemental et à leur capacité d’adaptation, plusieurs études ont montré que le contexte local et l’expérience jouaient un rôle important dans la perception des risques environnementaux (Bickerstaff et Walker, 2001). Par ailleurs, on retrouve les biais systématiques identifiés par la science cognitive (Bickerstaff et Walker, 2001).
2 – Vers une prise en compte des perceptions de risque dans les représentations des préférences
14Les développements récents de la théorie de la décision dans l’incertain ont permis de progresser dans le traitement formel des situations d’incertitude, en accordant un rôle plus important aux croyances, principalement dans les situations où les agents ignorent les probabilités véritables des états de la nature. Par leur capacité à englober une gamme très large de comportements dans l’incertain, ces modèles sont un outil particulièrement adapté pour l’analyse des comportements face à des risques mal connus.
15Le modèle de décision dans l’incertain qui sert de référence en économie est le modèle d’espérance d’utilité de von Neumann et Morgenstern (1944). Ce modèle cherche à représenter les décisions prises à partir d’une distribution de probabilités donnée. Cette modélisation a deux principales implications qui font sa puissance et expliquent son succès : d’une part elle conduit à une séparation entre croyances et conséquences, et d’autre part, elle gomme toute différence entre le traitement formel des situations de risque (incertitude probabilisée) et des situations d’incertitude (non probabilisée).
16Cependant, le modèle d’espérance d’utilité a été remis en cause par des études expérimentales dont les premières ont été effectuées par Allais (1953), en univers risqué, et Ellsberg (1961), en univers incertain. Différents auteurs ont alors proposé de nouvelles représentations des préférences. Afin de mieux comprendre l’intuition de ces modèles, nous reviendrons sur la distinction entre le risque et l’incertain [6].
Environnement risqué
17Depuis Allais (1953), le modèle d’espérance d’utilité a été remis en cause par de nombreuses expériences (Kahneman et Tversky, 1979, MacCrimmon et Larsson, 1979). Le modèle de von Neumann et Morgenstern repose notamment sur une hypothèse non validée par les études empiriques. Cette hypothèse suggère que le choix entre deux situations ne devrait pas être influencé par des facteurs communs [7]. Au-delà de ces résultats expérimentaux, une limite théorique importante du modèle d’espérance d’utilité est qu’il n’est pas possible de distinguer ce qui relève de l’attitude vis-à-vis du risque et ce qui relève de l’attitude dans un environnement certain. En situation certaine, il est couramment admis que l’augmentation de la satisfaction suite à un accroissement de la richesse diminue à mesure que la richesse s’accumule. Le plaisir retiré de chaque nouvelle gorgée de bière est inférieur au plaisir retiré de la précédente gorgée. Cette propriété n’a a priori aucun lien avec le fait d’aimer ou pas les situations risquées. Malheureusement, le modèle standard de von Neuman et Morgenster ne permet pas de représenter un individu satisfaisant la propriété précédente qui aurait du goût pour le risque.
18Le modèle d’utilité dépendante du rang généralise le modèle d’espérance d’utilité et permet de répondre à certains paradoxes expérimentaux. Il a été introduit par Quiggin (1982) et a été développé notamment par Wakker (1994) et Chateauneuf (1999). L’idée centrale de ce modèle repose sur le fait que le poids accordé à une décision par un individu peut dépendre du résultat lui-même et de la façon dont sont ordonnées les conséquences dans les différentes situations futures possibles. Ce modèle permet de prendre en compte la surestimation de la probabilité d’accident nucléaire ou la sous-estimation de la possibilité d’inondation. Sont alors introduites les notions de pessimisme et d’optimisme qui viennent enrichir la caractérisation des comportements. Un individu pessimiste surestime les probabilités des événements défavorables et sous-estime les probabilités des événements favorables.
19Plus généralement, l’étude des attitudes des agents en présence d’incertitude permet une meilleure compréhension des comportements vis-àvis de la qualité environnementale. En présence de risque, le consentement à payer pour une politique environnementale active dépend étroitement du degré d’aversion pour le risque (Eeckhoudt et Hammitt, 2004) et de la perception de ces risques par la population (Cameron, 2005). Néanmoins, l’utilisation des récentes représentations des préférences dans le risque pour analyser les choix individuels face à un risque environnemental est peu fréquente. Or, considérant une dégradation potentielle globale sur laquelle porte un risque, alors que tous les individus peuvent avoir la même information provenant d’organismes compétents, ils peuvent percevoir le risque de différentes manières. Lorsqu’un individu choisit de participer à l’amélioration de la qualité environnementale (tri des déchets, association de protection environnementale, dons, …), plusieurs éléments doivent être pris en compte : le niveau de richesse de l’individu, l’état de la qualité environnementale présente, et la perception du risque de dégradation de l’environnement. Ce dernier élément, souvent négligé au détriment de la richesse, prend toute son importance lorsque les individus ont tendance à surestimer le risque encouru. Etner, Jouvet et Jeleva (2010) montrent que les individus vont se préoccuper d’autant plus de leur environnement qu’ils ont une perception du risque pessimiste. Aussi, l’effet richesse ne suffit pas à expliquer les comportements des agents face à la qualité de l’environnement. Des agents riches peuvent ne pas s’occuper de l’environnement du fait d’un optimisme important et des individus moins riches, mais plus pessimistes, peuvent chercher à l’améliorer. Ainsi, une société constituée majoritairement d’individus pessimistes peut plus facilement impulser une politique environnementale active. Reste la question de la perception des risques des autorités publiques : les gouvernants doivent-ils refléter les attitudes et perceptions de la population ou ont-ils leur propre perception ? Etner et al. (2007) étudient les deux possibilités. Salanié et Treich (2009) pose le problème de l’impact des perceptions de risque sur la gestion globale des risques par les autorités publiques. Ils sont également conduits à distinguer le cas d’une instance reproduisant les préférences des individus et le cas d’une instance publique avec ses propres préférences indépendantes de celles de la population.
20Dans le cas des risques sanitaires, comme le soulignent Slovic (2000) et Andersson et Lundborg (2007), la perception du risque de santé (ou de décès) peut différer totalement du risque objectif. Les différences, comme nous l’avons évoqué précédemment, tiennent notamment à l’âge, au sexe, ou même à l’état de santé des individus. Cette diversité quant à la perception du risque de santé et ses implications sur les comportements de prévention n’est encore que peu étudiée. La majorité des études sur les comportements individuels face à des risques de santé utilise la représentation standard des préférences à la von Neuman et Morgenstern et ne tient pas compte d’une possible perception des risques différente du risque objectif. Ces études couvrent un champ d’investigation relativement large qui va de l’étude du lien entre la prévention et la demande d’assurance (voir Zweifel et al., 2009) à l’étude de la valeur statistique de la vie. Or, Etner et Jeleva (2010a, 2010b) soulignent l’importance de la perception de risque dans les choix de prévention en santé. Dans le cas où les individus ont la possibilité d’obtenir de l’information, il n’est pas garanti qu’ils la souhaitent. Trois catégories d’individus doivent être distinguées : les pessimistes, les optimistes et les fatalistes (ou insensibles aux variations de probabilités). Les pessimistes surestiment la probabilité de maladie et peuvent alors réagir de façon disproportionnée en choisissant d’investir beaucoup en prévention. Le phénomène inverse apparaît dans le cas d’individus optimistes. Quant aux fatalistes, qu’ils soient pessimistes ou optimistes, ils ne croient pas à la pertinence des mesures de prévention et décident de ne pas se prémunir (refus des vaccinations par exemple).
21En dépit de l’intérêt de ces représentations des préférences dans le risque, une quantification objective du risque est parfois délicate. Les situations d’incertitude paraissent alors plus appropriées pour étudier les questions environnementales et sanitaires.
Environnement incertain
22En univers incertain, l’approche classique consiste à réduire un problème de décision dans l’incertain à un problème de décision dans le risque (Savage, 1954). L’idée est que les individus prennent leurs décisions en fonction non pas de probabilités objectives mais subjectives. Cependant, comme Ellsberg (1961) le souligne, il existe des situations incertaines qui ne peuvent être traitées comme des situations risquées dans la mesure où les individus ne peuvent pas toujours attribuer des probabilités subjectives aux événements. Quelle est la probabilité de survenance d’une attaque terroriste visant la tour Montparnasse à Paris ? À la suite d’Ellsberg, les études expérimentales mettent en évidence d’une part une relation entre croyances et conséquences et d’autre part une préférence pour les situations de risque par rapport aux situations d’incertitude non probabilisée. Dans l’incertain total, c’est-à-dire dans le cas où les individus n’ont aucune information objective, le modèle le plus couramment utilisé est le modèle d’espérance d’utilité à la Choquet proposé par Schmeidler (1989). Les croyances des agents peuvent être représentées par un ensemble de distributions de probabilité. L’évaluation de la situation risquée par un individu se fait alors en utilisant une des distributions, choisie en fonction des conséquences de la décision et de la plus ou moins grande aversion à l’incertitude de l’individu. Les probabilités perçues (les croyances) par les individus dépendent alors des résultats des décisions correspondantes et peuvent être différentes des probabilités objectives des événements.
23Gilboa et Schmeidler (1989) ont développé un modèle dans lequel les individus évaluent les décisions en utilisant un critère maximum par rapport à un ensemble croyances subjectives. L’idée est que les individus évaluent chaque décision en observant d’abord la pire conséquence possible associée à cette décision. Puis, ils choisissent la décision qui entraîne le meilleur résultat si le pire doit arriver. Bien que ce résultat ait souvent été rejeté en invoquant une aversion envers l’incertitude trop extrême, il peut être utilisé dans le cadre du principe de précaution concernant notamment les politiques environnementales (Bouglet et al. (2006)). Dans un tout autre contexte, ce modèle permet d’expliquer les décisions managériales réglementaires (normes, interdictions) de protection des employés ou des riverains d’un site industriel présentant des risques d’accident grave. Une généralisation de ce modèle a été proposée par Ghirardato, Maccheroni et Marinacci (2004). Dans leur formulation, il est possible de prendre en compte tout un échantillon d’attitudes vis-à-vis de l’incertain. Dans le cadre des risques émergents, nous pouvons considérer que la population peut avoir accès à certaines informations objectives. Aussi, les individus ne sont plus dans un cadre d’incertain total mais partiel dans la mesure où ils peuvent obtenir de l’information objective. Les modèles de Jaffray (1989) et de Gadjos et al. (2008) généralisent le modèle d’espérance d’utilité aux cas où l’information disponible est représentable par un ensemble de distributions de probabilité. L’avantage de ces représentations des préférences vient du fait qu’elle permet d’obtenir des résultats où apparaissent explicitement aussi bien l’information objective que l’attitude vis-à-vis de l’incertitude et l’attitude vis-à-vis de la richesse. Enfin, Klibanoff et al. (2005) proposent une représentation des préférences qui permet de séparer l’aversion pour le risque et l’aversion à l’incertitude. Aussi, il est possible de prendre en compte des individus avec des aversions au risque identiques, mais qui diffèrent par leur appréhension de l’incertain.
24Cette richesse des modélisations peut laisser le lecteur perplexe [8]. En effet, il n’y a pas a priori de modèle parfaitement dominant puisqu’ils donnent des éclairages indépendants mais pas nécessairement contradictoires sur des problèmes particuliers. Le choix peut alors se faire en deux étapes. Premièrement, il s’agit de bien identifier le type d’information dont disposent les individus. Deuxièmement, il s’agit de choisir le modèle en fonction du type d’information. Le risque lié à l’utilisation des nanotechnologies paraissant peu probabilisable, il semble naturel de considérer un modèle où l’incertain est total pour représenter les comportements des individus face à ce risque. En revanche, le risque sanitaire lié à la pollution atmosphérique pouvant être estimé avec une marge d’erreur acceptable, les modèles avec information partielle semblent plus pertinents. Il n’existe cependant que peu d’études empiriques et d’applications de ces récents modèles de représentation des préférences dans l’incertain. Viscusi et al. (1991) ou Viscusi et Magat (1992) s’intéressent à un risque de maladie (comme le cancer) provenant d’une exposition à la pollution. L’incertain provient d’un manque d’information sur les effets de l’environnement sur la santé. Ces travaux mettent en évidence une aversion à l’incertitude (ou ambiguité) par les individus. Par ailleurs, Treich (2010) utilise le modèle de Klibanoff et al. (2005) pour montrer que la valeur statistique de la vie augmente avec l’aversion à l’ambiguité. En considérant le même modèle, Snow (2010) montre que la valeur de l’information augmente avec l’incertitude et l’aversion à l’incertitude.
Conclusion
25L’évolution rapide de nos sociétés en termes de technologies et d’information pose la question de la gestion des risques qui les accompagnent. Les individus peuvent adopter des comportements multiples face à ces risques peu ou mal connus. La théorie économique nous enseigne que les individus prennent leurs décisions en toute rationalité. Cependant, plusieurs études empiriques ou expérimentales remettent en cause l’hypothèse de rationalité en situation d’incertitude et notamment face à des risques peu connus. Les décisions des individus en situation d’incertitude peuvent alors s’éloigner de celles préconisées par les experts et par les autorités dirigeantes qu’elles soient publiques ou privées. La prise en compte des perceptions des risques devient cruciale pour mieux comprendre les différends entre les experts et la population, ainsi que les réponses des individus aux stratégies, notamment de prévention, mises en place par les autorités publiques ou les entreprises. Elle permet sans doute de mieux adapter les messages de prévention au public visé.
26Nous avons, dans cet article, mis l’accent sur les politiques de prévention des risques sanitaires et environnementaux. Le risque de maladie en lien avec la pollution devient un des défis non seulement des politiques publiques mais également des entreprises polluantes. La mise en place de politiques d’incitations à davantage de prévention nécessite alors non seulement de bien identifier les risques de santé mais également de prendre en compte la façon dont les risques sont perçus par la population.
27Se pose alors le problème de la perception des risques des décideurs publics ou privés. Dans le cas d’une politique environnementale ou de santé publique, les autorités publiques peuvent alors être soit plus pessimistes soit plus optimistes que la moyenne de la population. Dans le cas d’un plus grand pessimisme ou d’un plus grand optimisme des autorités, les mesures peuvent paraître excessives et incompréhensibles pour la population. Il devient plus délicat de faire accepter des mesures de politique économique à la population. Le débat sur les avantages et la sécurité des organismes génétiquement modifiés continue. Faut-il réellement les craindre ? Certains prétendent que les hommes se sont nourris de cultures vivrières modifiées depuis le début de l’agriculture. D’autres considèrent que les incertitudes quant aux effets des OGM sont un frein à leur exploitation. Les réactions notamment collectives à la décision européenne de mars 2010 d’autorisation de la mise en culture d’une variété de pomme de terre génétiquement modifiée (Amflora) ont été relativement vives.
28Dans certains cas, les décisions publiques peuvent même aller à l’encontre des décisions individuelles. La polémique suite à la tempête Xynthia en 2010 autour de la réglementation des terrains constructibles dans les zones inondables en est un exemple. Enfin, un aspect à ne pas négliger est l’évolution possible des perceptions des risques dans le temps. Cette évolution peut avoir des origines multiples comme l’évolution de l’état de santé, de la qualité environnementale ou l’arrivée de nouvelles informations. Ainsi, les individus peuvent modifier leur comportement au cours du temps et décider, par exemple, de ne plus investir dans la prévention jugeant qu’elle n’a pas été suffisamment efficace. Dans ce cas, une politique visant à inciter les individus à faire davantage de prévention (régime alimentaire, vaccinations) peut s’avérer stérile.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : modèles de décision, incertain, perception du risque, risque
Mise en ligne 01/11/2011
https://doi.org/10.3917/hume.301.0013Notes
-
[1]
Professeur de Sciences Economiques - CERSES, Université Paris Descartes - johanna.etner@parisdescartes.fr
-
[2]
Il est généralement admis que les individus n’aiment pas le risque et peuvent préférer un gain relativement certain à un gain beaucoup plus élevé mais aléatoire.
-
[3]
Pour une revue de la littérature, voir Camerer et Weber (1992).
-
[4]
Voir par exemple Viscusi (1991), Lundborg and Lindgren (2004) dans le cas des fumeurs et Ménard et al. (2007) dans le cas des risques de santé environnementale.
-
[5]
Browne et Hoyt (2000) mettent en évidence une corrélation élevée entre le nombre de contrats souscrits dans un Etat durant une année et le niveau des pertes enregistré dans cet Etat l’année précédente. Dans le même ordre d’idée, Kunreuther (1996) note que si 34 % des californiens pensaient inutile toute assurance contre les tremblements de terre, ils n’étaient plus que 5 % à être de cet avis après le séisme de 1989.
-
[6]
Voir l’article de Cohen et Tallon (2000) pour une description plus formelle des modèles.
-
[7]
Il s’agit de l’axiome d’indépendance qui suppose que si un individu est indifférent entre deux situations risquées, A et B. Il doit être indifférent entre la situation qui lui permet d’atteindre soit A, soit une troisième situation C et la situation qui lui permet d’atteindre soit B, soit la troisième situation C.
-
[8]
Voir Etner, Jeleva et Tallon (2010) pour une revue de la littérature.