1Les auteurs se livrent à une présentation synthétique de l’enjeu politique de l’anthropologie culturelle et à une analyse de ses utilités dans l’interprétation de la crise politique et sociale contemporaine.
2Cet ouvrage se propose de ré-ouvrir un débat sur l’histoire de la notion de culture en sciences sociales. Et, ensuite, montrer comment la notion de « différentialisme culturel » est une manière de justifier certaines attitudes politiques actuelles.
3Si l’idée de culture est difficile a appréhender, nous devons reconnaître que le mot s’est imposé au point d’attribuer à un groupement humain une façon de penser et d’agir communes qui les différencient des autres groupes. D’où le concept de différentiation culturelle. D’une façon générale, on propose un modèle de la dignité et l’égalité de chaque culture. On entrevoit ainsi la pente qui a conduit à prôner un relativisme culturel et ses conséquences pragmatiques.
4Non sans logique, une polémique s’est étendue au domaine des attitudes politiques qui s’insurgent contre l’universalisme abstrait de la culture proposé par la modernité. Rien d’étonnant que cette interprétation politique traverse l’espace politique actuel de la droite à la gauche.
5La question culturelle est donc un enjeu politique explicatif de la situation actuelle. De fait, l’activité culturelle définirait l’homme plus que sa nature biologique, étant donné que l’homme est le plus sensible des animaux aux conditionnement environnemental.
6D’où une certaine heuristique à l’encontre du cosmopolitisme: les individus de cultures différentes vivent dans des univers particuliers. Ainsi, ce relativisme limite l’ambition épistémologique des sciences de l’homme, et la portée politique du projet universaliste des modernes.
7Cette attitude différentialiste justifie le discours qui, au nom de la culture propre (remplaçant subtilement l’ancienne connotation de race), interdit tout mélange sous prétexte de lutte identitaire. Ainsi dans un contexte anxiogène de chômage de masse, et de manque d’avenir, les discours identitaires nourrissent les demandes d’une autorité forte et de mesures nationalistes dures.
8Peut-on s’étonner de la montée soutenue du Front national ?
9Ce livre fait un constat utile. La parole d’Herder résonne encore « La culture des hommes n’est pas la culture européenne, elle est la manifestation particulière relative à l’espace et au temps dans lesquels se situe chaque peuple ».
10Le débat est loin d’être clos. La question critique d’une alternative politique reste sans réponse concrète. Le retour à la tradition ne semble pas envisageable dans une culture républicaine moderne. Or la volonté universaliste ne réussie pas à faire l’union des toutes les cultures éparses.