1Mieux vaut éteindre sa télévision ou son ordinateur : à quoi bon se goinfrer de ce que pense Untel, de ce qu’a dit Machin et autres conversations de Bidule ? Laissons les opinions danser jusqu’à ce qu’elles s’endorment.
2Mieux vaut ouvrir un livre et, s’il est bien livre, commencer par nous poser un problème. Le monde se saoûle d’interrogations aussi niaises les unes que les autres, là où il faudrait des questions.
3Lesquelles ? En cette fin et ce début d’année où fleurissent d’ordinaire les nouvelles résolutions, pourquoi ne pas miser sur celle-ci : devons-nous vivre comme si l’avenir devait nous juger ou comme s’il ne devait pas nous juger ? Manière de revenir au pari de Pascal sur l’intérêt de faire comme si Dieu existait – mais cette fois pour revenir à l’histoire de l’humanité.
4Chantage à l’Apocalypse : sur fond de banquise ou de mégapole enfumée, on n’a jamais autant chanté notre Mort.
5Que ferons-nous donc des hommes, de leur vie en commun, de leur désir et de leur volonté de création ? On en oubliera donc ce que nous devons à ce qui nous unit ? On en négligera même notre langue, de plus en plus martyrisée ?
6Il va au moins falloir réapprendre à dire non : non au retour des fables métaphysiques, non à la violence qui s’exerce encore davantage sur une jeunesse pauvre d’avenir parce qu’épuisée de son passé.
7Non à la joie triste du pouvoir.