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Article de revue

L’engagement au féminin : retour sur l’expérience scientifique de deux chercheures

Entretien avec Nancy L. Green et Mirjana Morokvasic, directrice de recherches au CNRS émérite

Pages 198 à 205

Notes

  • [1]
    Mirjana Morokvasic, « L’immigration féminine en France : état de la question », in L’année sociologique, vol. 26, 1976, pp. 563-575 ; Mirjana Morokvasic, « Émigration féminine et femmes immigrées : discussion de quelques tendances dans la recherche », in Pluriel, n° 36, 1983, pp. 20-51.
  • [2]
    Mirjana Morokvasic, « Les femmes yougoslaves en France et en RFA », in Hommes & Migrations, n° 915,15 novembre 1976 ; Mirjana Morokvasic (introduction et dir.), « Birds of passage are also women », in International Migration Review, vol. 18, n° 4, 1984, pp. 886-907.
  • [3]
    Marion F. Houstoun, Roger G. Kramer, Joan Mackin Barrett, « Female predominance of immigration to the United States since 1930: A first look », in International Migration Review, vol. 18, n° 4, 1984, pp. 908-963.
  • [4]
    Floya Anthias, Nira Yuval-Davis, « Contextualizing feminism: Gender, ethnic and class divisions », in Feminist Review, n° 15, 1983, p. 62-75 ; Mirjana Morokvasic, Emigration und Danach: Jugoslawische Frauen in Westeuropa (Emigration et après : les femmes yougoslaves en Europe de l’Ouest), Francfort-sur-le-Main, Stroemfeld/Roter Stern Verlag, 1987.
  • [5]
    La mise en place dès 1995-1996 du réseau et du séminaire universitaire autour du thème Rapports de sexe et stratégies différenciées des hommes et des femmes en migration.
  • [6]
    Les travaux d’Alain Tarrius et de son équipe notamment, source d’inspiration pour moi dans mes recherches sur les mobilités post-communistes ; également les recherches de Michel Peraldi.
  • [7]
    Mirjana Morokvasic, « Femmes et genre dans l’étude des migrations : un regard rétrospectif », in Les cahiers du Cedref, n° 16, 2008, pp. 33-56.
  • [8]
    Nancy L. Green, « L’émigration comme émancipation. Les femmes juives d’Europe de l’Est à Paris, 1881-1914 », in Pluriel, n° 27, 1981, pp. 51-59 ; Nancy L. Green, « La femme juive : formation et transformations », in Geneviève Fraisse, Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident. IV. Le XIXe siècle, Paris, Plon, 1991, pp. 215-229 ; Nancy L. Green, Du Sentier à la 7e Avenue. La confection et les immigrés, Paris-New York, 1880-1980, traduit par Pap Ndiaye, Paris, Seuil, 1998, chapitre 6.
  • [9]
    Nancy L. Green, « De l’immigré à l’immigrée ou la conceptualisation du peuplement », in Anne-Marie Sohn, Françoise Thélamon (dir.), L’Histoire sans les femmes est-elle possible ?, Paris, Perrin, 1998, pp. 129-136 ; Nancy L. Green, Repenser les migrations, Paris, PUF, 2002, chapitre 5.
  • [10]
    Nancy L. Green, « Quatre âges des études migratoires », in Clio, n° 51, 2020, pp. 185-206.
  • [11]
    Je pense à Annie Phizacklea, Floya Anthias entre autres avec qui j’ai collaboré sur des projets internationaux. Floya Anthias, Maria Kontos, Mirjana Morokvasic-Müller (dir.), Paradoxes of Integration Female Migrants in Europe, Dordrecht/Heidelberg/New York/Londres, Springer, 2013, p. 201.
  • [12]
    Paula E. Hyman, « Immigrant women and consumer protest: The New York City kosher meat boycott of 1902 », in American Jewish History, vol. 70, n° 1, 1980, pp. 91-105 ; Theresa Malkiel, Journal d’une gréviste, éd. par Françoise Basch, Paris, Payot, 1980 ; Nancy L. Green, Du Sentier à la 7e Avenue, op. cit., conclusion.
  • [13]
    Morokvasic, 1984, op. cit.
  • [14]
    Ici, il est question de femmes, mais cela concerne également tout contestataire de la définition hégémonique du genre (voir entre autres les travaux de Jules Falquet).
  • [15]
    Mirjana Morokvasic, « Émigration des femmes : suivre, fuir ou lutter », in Nouvelles questions féministes, n° 13, 1986, pp. 65-76.
  • [16]
    Mirjana Morokvasic, Emigration und Danach…, op. cit.
  • [17]
    Mirjana Morokvasic, « Garment production in a metropole of fashion: Small entreprise, immigrants and immigrant entrepreneurs », in Economic and Industrial Democracy, vol. 9, n° 1, 1988, pp. 83-97 ; Mirjana Morokvasic, « Immigrants in parisian garment industry », in Work, Employment and Society, vol. 1, n° 4, 1987, pp. 441-462 ; Mirjana Morokvasic, Annie Phizacklea, Hedwig Rudolph, « Small firms and minority groups: Contradictory trends in the french, german and british clothing industries », in International Sociology, vol. 1, n° 4, 1986, pp. 397-419.
  • [18]
    Mirana Morokvasic, Annie Phizacklea, Hedwig Rudolph, « Business on the ragged edge: Immigrants in garment industry, London, Paris and New York », in Roger Waldinger, Howard E. Aldrich, Robin Ward (dir.), Ethnic Entrepreneurs: Immigrant Business in Industrial Societies, New York, Sage Publications, 1990, pp. 157-177.
  • [19]
    Mirjana Morokvasic, « Roads to independence: Self-employed immigrants and minority women in five european states », in International Migration, vol. 29, n° 3, 1991, pp. 407-419.
  • [20]
    Mirjana Morokvasic, « “Settled in mobility”: Engendering post-wall migration in Europe », in Feminist Review, n° 77, 2004, pp. 7-25 ; Mirjana Morokvasic, Hedwig Rudolph (dir.), Bridging States and Markets: International Migrations of the Early Nineties, Berlin, Sigma, 1993 ; Mirjana Morokvasic, « La mobilité transnationale comme resource : le cas des migrants de l’Europe de l’Est », in Cultures et conflits, n° 33-34, 1999, pp. 105-122 ; Mirjana Morokvasic, Umut Erel, Kyoko Shinozaki (dir.), Crossing Borders and Shifting Boundaries: Gender on the Move, Opladen, Leske + Budrich, 2003 ; Sigrid Metz-Göckel, Mirjana Morokvasic, A Senganata Münst (dir.), Migration and Mobility in an Enlarged Europe: A Gender Perspective, Opladen/Farmington Hills, Barbara Budrich Publishers, 2008 ; Christine Catarino, Mirjana Morokvasic, « Femmes, genre, migrations et mobilités », in Revue européenne des migrations internationales, vol. 21, n° 1, 2005, pp. 7-27.
  • [21]
    Hyman, 1980, op. cit. ; Alice Kessler-Harris, « Organizing the unorganizable: Three jewish women and their union », in Milton Cantor, Bruce Laurie (dir.), Class, Sex, and the Woman Worker, Westport, Greenwood Press, 1977, pp. 144-165 ; Annie Phizacklea (dir.), One Way Ticket: Migration and Female Labour, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1983.
  • [22]
    Cahiers du genre, n° 51, 2012. Mon propre texte est intitulé Mirjana Morokvasic, « L’(in)visibilité continue », pp. 25-47.
  • [23]
    Mirjana Morokvasic (dir.), « Femmes & Migrations », in Hommes & Migrations, n° 1311, 2015.
  • [24]
  • [25]
    Madjiguéne Cissé, Parole de sans-papiers, Paris, La dispute, 1999. Publié également en Allemagne.
  • [26]
    Claire Cossée, Adelina Miranda, Nouria Ouali, Djaouida Séhili, Le genre au cœur des migrations, Paris, éd. Petra, 2012.
  • [27]
    Helen Schwenken, Rechtlos aber nicht ohne Stimme. Politische Mobilisierungenum um irreguläre Migration in die Eurpäische Union, Bielefeld, Transkript, 2005.
  • [28]
    Amrit Wilson, Finding A Voice: Asian Women in Britain, Londres, Virago Press, 1978. Nouvelle version publiée en 2018 par Daraja Press, Canada.
  • [29]
    Pour ne citer que quelques-unes : l’International Migration Review (2006), Feminist Review (2004), Asia and Pacific Migration Journal (2003), le recueil de Katie Willis et Brenda Yeoh (dir.), Gender and Migration, Edward Elgar, 2000 ; pour la France, les différents numéros des Cahiers du Cedref (2000, 2003, 2008) ou encore la Revue européenne des migrations internationales (2005), Migrations Sociétés (1997, 2005), Nouvelles questions féministes (2007), Cahiers du genre (2011), Hommes & Migrations (2015)…
  • [30]
    Kimberlé Crenshaw, « Demarginalizing the intersection of race and sex: A black feminist critique of antidiscrimination doctrine, feminist theory and antiracist politics », in University of Chicago Legal Forum, n° 1, 1989. URL : ‪http://chicagounbound.uchicago.edu/uclf/vol1989/iss1/8.‪
  • [31]
    Hélène Quashie, Ethnicités en miroir. Constructions sociales croisées de la blanchité et de l’africanité au prisme des mobilités touristiques et migratoires vers le Sénégal, Thèse de doctorat, Paris, EHESS, 2018 ; Nassima Mekaoui, thèse en cours à l’EHESS sur la domesticité féminine et masculine en Algérie pendant la période coloniale.
  • [32]
    Florence Lévy, Entre contraintes et interstices, l’évolution des projets migratoires dans l’espace transnational. Une ethnographie des migrants de Chine du Nord à Paris, Thèse de doctorat, Paris, EHESS, 2015.
  • [33]
    Florence Lévy, « Chiffonniers ou prostituées. L’investissement de l’espace public par les migrants de Chine du Nord », in Hommes & Migrations, n° 1311, 2015, pp. 73-80.
  • [34]
    Prune de Montvalon, « Les rapports de classe et de race. Les angles morts du traitement politique et institutionnel de la prostitution en France », in Hommes & Migrations, n° 1311, 2015, pp. 105-112 ; Prune de Montvalon, Les prostituées et leurs passeurs à l’épreuve des frontières. Négociations autour du passage vers le statut de victime, Thèse de doctorat en sociologie, Paris, Université Paris Diderot, 2018.
  • [35]
    Alain Tarrius, Lamia Missaoui, Fatima Quacha, Naissance d’un peuple européen nomade, Le Canet, éd. Trabucaire, 2020.

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Hommes & Migrations : Quelle est, selon vous, la place réservée aux femmes migrantes, immigrées ou d’origine étrangère dans les travaux de recherche sur les migrations internationales ? N’est-ce pas une double invisibilité – en tant que femme et immigrée – qui a longtemps prédominé dans les travaux universitaires ?
Mirjana Morokvasic : Les femmes ont toujours participé aux migrations, y compris dans des migrations dites « d’hommes seuls  ». Leur part dépendait des distances, des conditions faites aux femmes dans les pays de départ, des politiques des pays d’accueil, et de multiples autres facteurs sociaux ou individuels ; elle variait selon les groupes d’origine et leurs réseaux. Malgré cette pluralité de situations, cette vision globale de la migration comme phénomène exclusivement masculin s’est imposée partout, non seulement en France. Elle marginalisait ou invisibilisait des situations où les femmes étaient présentes, y compris sur le marché de travail et dans les luttes pour leurs droits. Par conséquent, la présence féminine, pourtant statistiquement avérée, s’est rarement traduite par une visibilité dans la recherche [1]. En effet, la problématique des femmes et du genre en migrations est longtemps restée doublement occultée, en marge à la fois des recherches sur les migrations et de celles sur les femmes, les rapports sociaux de sexe et le genre qui avaient évolué indépendamment, sans se croiser et sans se connaître.
Rétrospectivement, cette invisibilité des femmes immigrées n’est pas étonnante dans les recherches sur les migrations, qui elles aussi ont été tardives et marginalisées dans le monde académique, y compris dans d’autres domaines scientifiques. L’androcentrisme des sciences sociales, sous couvert d’universalisme, allait souvent de soi, de sorte que l’utilisation du concept de « migration  » sous-entendait la « migration des hommes  ».
Nancy L. Green : Oui, cette invisibilité des femmes dans l’histoire des migrations a été longtemps de mise. Mais ce n’est plus le cas grâce, entre autres, à Mirjana Morokvasic, à partir de son travail initial sur les femmes yougoslaves dans la confection à Paris (publié notamment dans Hommes & Migrations), puis sa coordination et introduction d’un numéro spécial de l’International Migration Review en 1984, qui a fait date [2]. La mise en visibilité des immigrées a pris son élan avec les mouvements féministes. Quand on cherche, on trouve, et le cas des États-Unis est particulièrement parlant : grâce aux questionnements des féministes dans les années 1970-1980, on a découvert l’importance des femmes immigrées et même leur prédominance dans les flux migratoires des années 1930 [3]. Cette « découverte  » des immigrées recouvre de multiples aspects de l’histoire de l’immigration tout court, qu’il s’agisse de secteurs importants de l’économie (textile, confection, domesticité) ou du rôle des femmes dans la formation et l’installation des communautés immigrées. En France, outre les travaux sociologiques comme ceux de Mirjana, les historiennes ont investi ce thème, notamment grâce au colloque « Histoire genre migration  » organisé en mars 2006 par Manuela Martini et Philippe Rygiel.

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H&M : Les mouvements féministes des années 1960-1970 ont-ils permis d’inscrire cette question des luttes des femmes immigrées dans l’agenda académique au moment où les travailleurs immigrés s’engagent dans la société française pour leurs droits ?
N. L. G. : L’histoire ouvrière, qui est montée en force dans ces années, a suscité rapidement, grâce aux mouvements féministes, le développement de la recherche d’une histoire des femmes, et notamment des activistes, immigrées ou non. Or, à cette époque en France, cette « demande sociale  » pour une histoire renouvelée croise justement la réalité sociale de l’immigration, avec une féminisation des flux migratoires qui démarre au milieu des années 1970. La suspension en 1974 de « l’immigration du travail  », qui souvent a été considérée comme une « immigration d’hommes  », sans forcément le prévoir, a favorisé le regroupement familial et l’arrivée de femmes et d’enfants dans le pays d’accueil. Actualité migratoire et enquêtes vont de pair en France alors que, dans le cas américain, on a observé ce décalage plus accusé entre histoire et historiographie.
M. M. : Or, dans les débats, les mesures politiques, les recherches féministes ou les luttes syndicales à l’époque des grands bouleversements sociaux des années 1960 et 1970, les femmes immigrées sont indicibles, impensables même, derrière « la femme universelle  ». Les mouvements féministes et, sauf exception, les recherches sur les femmes et sur les rapports sociaux de sexe ont longtemps ignoré la classe, et surtout la race et l’ethnicité. Pourtant, le questionnement féministe et l’essor des études sur la place des femmes dans la société sont justement devenus progressivement le principal moteur de la visibilisation des femmes immigrées dans la recherche et les débats politiques. Le regard condescendant, victimisant, cède peu à peu la place à la solidarité entre sœurs en lutte.
Aux États-Unis, le mouvement des Black Feminists surgit en réponse à l’invisibilité des femmes noires dans le mouvement féministe dominé par les femmes blanches de classe moyenne et pointe la spécificité de l’oppression des femmes noires. Lui succéderont la perspective de la triple ou multiple oppression ou encore la revendication de contextualiser, d’articuler les différents niveaux de domination [4]. La question de la peur de l’Autre, voire du racisme, dans le mouvement féministe et dans les recherches sur les femmes en Allemagne est posée avec force lors de la section Frauenforschung au sein de la Société allemande de sociologie en 1988, où l’abandon de l’eurocentrisme et la reconnaissance de la pluralité des expériences féminines sont présentés comme une question de « survie  » pour le mouvement. En France, où Françoise Gaspard se demande en 1996 « pourquoi avons-nous tant tardé ?  », il faudra attendre la fin des années 1990 pour qu’on commence à donner une place aux migrantes dans les débats et recherches féministes, notamment avec la mise en place du premier réseau Femmes en migration par Claude Zaidman et Anette Goldberg Salinas, institutionnalisant ainsi un champ de recherche en gestation depuis longtemps [5].
La mise en visibilité des femmes en migration a par ailleurs profité du renouvellement des perspectives théoriques, notamment avec la prise en compte des réseaux et des ménages comme facteur de premier plan dans l’explication des migrations. Cela a permis d’apprécier et de rendre visible le rôle des femmes dans le processus migratoire, qu’elles soient migrantes elles-mêmes ou non. Par ailleurs, la perspective transnationale et l’abandon de la vision statique des migrations mettent en évidence des formes différentes de mobilités et des situations où les femmes sont au premier plan ou motrices des mouvements, notamment après 1989 avec la complexification des flux migratoires post-communistes ou autres [6].
Partie des « silences  » comme dit Michelle Perrot, dans les années 1970 et 1980, une poignée de chercheuses en migrations, isolées, souhaitent « compenser  », corriger la myopie, commencent à redécouvrir les femmes, en France, en Allemagne, en Suisse et dans d’autres pays occidentaux. Les sortir de l’ombre, révéler leur présence, les rendre « sociologisables  » et montrer leur diversité, les identifier dans les statistiques et mettre l’accent sur leur participation économique était nécessaire pour rendre les femmes visibles dans un contexte où l’on s’intéressait surtout à la migration de travail et où les migrants n’étaient « légitimes  » qu’en tant que travailleurs, du moins avant 1974 [7].

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H&M : Vous êtes toutes les deux des femmes scientifiques d’origine étrangère. Est-ce que ce parcours personnel vous a incitées à aborder plus vite ou plus largement cette problématique du militantisme des femmes immigrées ? À partir de quel moment et pourquoi avez-vous commencé à vous intéresser à cette problématique ?
M. M. : La question des origines est intéressante à plusieurs titres. Plus j’y pense et plus elle m’ouvre des fenêtres sur ma vie et mes recherches. Me revient à l’esprit la question provocatrice d’un collègue : « Pourquoi voulez-vous avoir des origines ?  » lors d’un séminaire s’adressant à un auditoire de personnes d’origine étrangère disons bien intégrées. Pourtant, si cette France assimile bien, à chaque instant vos origines non françaises sont mentionnées : outre le 99 sur votre carte Vitale qui vous accompagne toute la vie, les questions telles que d’où venez-vous, d’où vient cet accent ou votre patronyme, se cumulent au silence qui s’installe face à l’utilisation d’une autre langue, peu reconnaissable pour un entourage francophone. Je suis née en Yougoslavie. Une réponse simple et satisfaisante jusqu’en 1992, qui est depuis lors suivie aux guichets de la poste, de la banque, de la mairie par la remarque suivante : « Mais ce pays n’existe pas.  » Depuis, je suis encore plus sensible aux questions d’origine et à l’expérience migratoire de toutes celles et ceux qui sont arbitrairement catégorisés ou assignés à de multiples cases relevant des « autres  ».
Certes, lorsqu’on cherche en sociologie à établir la confiance avec ses interlocutrices/interlocuteurs sur un terrain de recherche, la familiarité des langues et des origines facilite l’accessibilité et la communicabilité, sans passer par des traducteurs ou les chefs de famille alors qu’on souhaite parler aux femmes. Partager les mêmes origines aiguise la sensibilité dans la recherche qui devient un formidable processus d’apprentissage, d’inspiration, d’échange et de découverte. Enfin, en s’identifiant avec ses interlocuteurs, les non-dits, les sous-entendus nous parlent. On se voit soi-même sous un autre angle, avec une nouvelle perspective. Cette connivence d’origine et de langue se retrouve dans maints travaux, entre autres dans le Polish Peasant de Thomas et Znaniecki, dans les recherches sur les Portugais en France ou encore dans le travail fondamental d’Abdelmalek Sayad. Bien entendu, il n’est pas indispensable ou souhaitable d’être de la même origine que le groupe étudié, au contraire, cela peut même constituer un véritable obstacle dans la communication. D’ailleurs de beaux travaux sont réalisés par des chercheurs qui n’ont pas les mêmes origines que leurs interlocuteurs mais qui parlent leur langue et connaissent leur culture, comme Florence Lévy dans ses recherches sur la migration chinoise ou Kyoko Shinozaki ou Ruri Ito dans leurs recherches sur les Philippines en utilisant l’anglais partagé par tous.
N. L. G. : Je n’ai jamais réfléchi sur mon propre parcours scientifique dans ce sens. On ne devrait pas, heureusement, être femme et étrangère pour travailler sur les femmes étrangères. Certes, j’étais toujours imprégnée de la littérature américaine et anglaise sur ce sujet comme sur d’autres. Mais une remarque dans un compte rendu de mon premier livre portant sur les travailleurs immigrés juifs à la Belle Époque m’a beaucoup amusé : l’autrice m’avait félicitée d’avoir parlé des femmes, bien que je fus la première surprise d’un commentaire que je considérais, non sans un brin de culpabilité, comme non justifié. Certes, j’avais mentionné des femmes dans ce premier terrain, mais c’était loin d’être le focus principal de ces travaux. De même, dans mon travail sur l’industrie de la confection, où j’ai analysé la place des femmes dans ce secteur, c’était surtout pour montrer les fragilités de femmes (françaises) et d’immigrés (hommes) comme catégories exploitées dans un système du marché du travail marqué par une forte flexibilité et précarité [8]. C’est surtout en 1998 que je me suis mise à réfléchir sur la spécificité des femmes dans l’histoire des migrations, puis dans Repenser les migrations[9]. Aujourd’hui, on doit réfléchir aussi bien en histoire des femmes qu’en histoire du genre, voire en histoire de la sexualité dont une très riche bibliographie se développe concernant l’histoire du contrôle étatique contre les « déviances  » (prostitution, homosexualité…) et les réponses militantes [10].
M. M. : Mes premiers travaux portaient effectivement sur les Yougoslaves. Puis mes terrains se sont diversifiés et internationalisés et le profil de mes interlocuteurs et interlocutrices s’est élargi. Le fait d’être d’origine étrangère comme eux me facilitait la tâche (par exemple sur les femmes philippines au Japon), et suffisait à gagner la confiance et établir la communication. Le fait de venir d’un pays socialiste où l’égalité hommes-femmes était institutionnalisée, d’être imprégnée de l’idéologie égalitaire était crucial dans la construction de ma problématique, dans l’analyse des entretiens. Dans ma recherche, j’ai découvert le décalage entre cette idéologie égalitaire et le vécu de mes interlocutrices. Par ailleurs, la mise en perspective des études sur les Yougoslaves par rapport à d’autres travaux de référence en migration m’a permis de voir l’androcentrisme qui allait de soi à l’époque. Si mes interlocutrices me paraissaient à l’opposé des représentations des femmes immigrées en général car elles ne subissaient pas la migration mais migraient souvent seules, travaillaient, affichaient une liberté sexuelle, ce décalage m’a permis d’interroger cette vision stéréotypée des immigrées dans leur ensemble. Certes, beaucoup d’entre nous [11] ont en cours de route inscrit le genre au cœur des recherches sur les migrations après avoir été « myopes  » sur cette dimension (en anglais on dit gender blind). Avant même d’avoir utilisé ce terme, je m’étais vite rendue compte que l’étude de la migration ne pouvait se faire sans y intégrer les femmes et différents rapports sociaux. Rétrospectivement, mes origines m’ont aidée à voir la migration comme un phénomène genré et à déplacer ensuite le regard sur d’autres femmes migrantes au travail qu’habituellement la sociologie des migrations ne voyait pas (« elles ne travaillent pas, elles font des ménages  », écrivait-on à l’époque).
N. L. G. (en riant) : Je dois ajouter que mes sujets de recherche ont beau avoir découlé peut-être de mes origines, mais je ne me suis pas identifiée outre mesure à mes sujets, m’intéressant plus aux classes sociales et, venue d’un milieu de la petite classe moyenne, n’étant ni travailleur immigré juif, ni homme d’affaires ou comtesse américaine !
M. M. : Il s’agit en effet et surtout du positionnement par rapport à son sujet (d’où parle-t-on ?) qui dans certains cas conduit ou non à l’identification avec ses interlocuteurs/interlocutrices…

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H&M : S’intéresser à la question des femmes engagées, est-ce porter un autre regard sur les migrations féminines et sur le rôle des femmes dans les sociétés d’accueil et d’origine (pour certaines d’entre elles) ? Quels sont vos travaux qui portent sur cette thématique ?
N. L. G. : Intégrer les femmes dans l’histoire des migrations touche à tous les sujets : les marchés du travail ; les politiques migratoires qui, sans le dire, favorisent hommes ou femmes selon les périodes ; les questions de culture, de communauté et d’intégration… Les immigrées ont pu être révélatrices des rapports de force inégaux au sein des communautés comme au sein des ateliers. En 1902, les femmes juives ont mené un boycott de la viande cachère contre les bouchers juifs pour protester contre la hausse du prix à New York. Juives et Italiennes étaient ensemble aux premiers rangs dans la grande grève des femmes dans la confection à New York en 1909 contre leurs patrons juifs et italiens, tandis qu’en 1982 les Chinoises ont battu le pavé de New York pour les mêmes raisons [12]. Dans chaque cas, il s’agit de dénoncer les conditions de travail dans un contexte d’exploitation intra-communautaire doublé par des rapports inégaux entre hommes et femmes au sein du métier.
M. M. : Les efforts pionniers et parcimonieux des années 1970 et 1980, et parmi eux notre recueil Women in Migration et son texte introductif « Birds of Passage are also women [13]  » (1984), avaient surtout pour but, de sortir les femmes de l’ombre et de révéler leur présence comme protagonistes véritables des migrations, de montrer leur diversité et la pluralité de leurs expériences en déconstruisant les stéréotypes qui les enfermaient dans la figure d’altérité (« inadaptées à la société moderne, victimes et demandeuses d’assistance  »). Comme les femmes sont encore, dans de nombreuses régions du monde, associées à l’immobilité et à la passivité, celles qui partent, plus souvent seules qu’avant – célibataires ou non –, sont, par l’acte même de migrer, susceptibles de bousculer l’ordre établi et de subir la stigmatisation morale et ses effets. Par son caractère intrinsèquement transgressif, la migration est pour les femmes [14] à la fois une fuite et une lutte [15], lutte qui se poursuivra pendant leur vie de migrantes [16]. Mes recherches comparatives sur l’emploi des immigrés dans le secteur de l’habillement [17], ou encore sur la mobilité et la sortie du salariat, notamment des femmes réduites souvent à la « fonction ressource  » dans des travaux sur les entreprises familiales ethniques, ont donné à voir diverses stratégies d’autonomisation des femmes [18] par la mise à son compte et la création d’entreprises [19], ou encore par leur « installation dans la mobilité  » et le recours à leur « savoir-circuler  » particulier [20].

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H&M : Quels sont les ouvrages de référence, selon vous, pour étudier les croisements entre migration, genre et militantisme ? Les travaux sont-ils plutôt développés aux États-Unis ou dans d’autres pays européens qu’en France où le débat a tendance à homogénéiser l’immigration ?
N. L. G. : Trois autrices étaient précoces et primordiales pour moi à cet égard. Alice Kessler-Harris a publié un article en 1977 qui posait justement la question du comment se mettre en grève et contre qui dans le contexte de l’industrie de la confection à New York. Les immigrées juives étaient à la fois liées, mais bien distinctes, des travailleuses sociales de la bourgeoisie juive, elles se mettaient en grève contre leurs patrons (juifs, hommes), parfois en tension avec leurs alliés de classe, les syndicalistes hommes (juifs). Paula Hyman a débusqué le boycott des juives contre les bouchers juifs, et Annie Phizacklea était et continue d’être une référence importante concernant l’étude des femmes, du travail et des migrations dans une perspective critique et militante [21].
M. M. : Les Cahiers du genre, « Migrantes et mobilisés  » est une référence [22] en ce qui concerne la France, l’article d’Hélène-Yvonne Meynaud en particulier. Bien entendu, notre dossier consacré à « Femmes & Migrations  » dans la revue Hommes & Migrations[23]. Je pense également aux documents réunis par Claudie Lesselier [24] et au livre de la porte-parole des sans-papières, Madjiguène Cissé [25]. La publication Le genre au cœur des migrations coordonné par un groupe de jeunes chercheures [26] ouvre de nouvelles pistes de recherche, notamment sur les luttes. En langue allemande, il faut signaler le travail pionnier d’Helen Schwenken [27] qui s’appuie sur une thèse de doctorat portant sur l’organisation des femmes travailleuses domestiques au sein d’un réseau transnational et regroupe les femmes et les hommes d’origines nationales dans divers pays européens. Je souhaite mentionner le livre d’Amrit Wilson dont j’ai beaucoup appris lors de mon séjour de recherche à l’université de Sussex à la fin des années 1970. C’est une des premières publications qui parlent des femmes de sous-continent indien en Grande-Bretagne et de leurs luttes. Publié pour la première fois en 1978, puis 40 ans après dans une version revue et complétée [28], ce livre explore les relations familiales, l’expérience de politiques racistes et sexistes (tests de virginité) et parle du militantisme au travail et de certaines luttes, par exemple la grève de Grunwick en 1976-1978. La nouvelle édition est complétée par un chapitre de réflexions des jeunes femmes de la seconde génération sur le livre, où elles décrivent, outre leurs conditions de vie, leurs propres luttes pour les droits et contre le racisme d’aujourd’hui.

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H&M : Parmi les jeunes chercheur·e·s, trouvez-vous que cette problématique est davantage prise en compte et sur quels types de militantisme portent leurs travaux aujourd’hui ?
M. M. : Les questions de la migration et des immigré·e·s ne sont plus en marge des sciences sociales ou confinées aux seules préoccupations politiques et associatives locales. Les publications sur les femmes, le genre et les migrations de numéros spéciaux de revues [29], de thèses de doctorat, séminaires, colloques, écoles doctorales constituent désormais un corpus de connaissances foisonnant. Ces questions sont inscrites à l’agenda universitaire national, européen et international, notamment, gender mainstreaming oblige, au niveau des grands organismes internationaux. D’autant que, majoritaires dans certains flux, elles sont vues comme les principales sources de devises envoyées au pays. Considérés comme plus fiables que les hommes, leurs envois s’orientent davantage vers l’éducation ou la santé de leurs proches que vers la consommation.
N. L. G. : La présence des femmes, le rôle du genre et de la sexualité dans l’histoire des migrations sont aujourd’hui des données importantes qui impliquent une réflexion sur l’intersectionnalité des catégories et des expériences, telle qu’encouragée depuis 1989 par Kimberlé Crenshaw [30]. Depuis les années 1960, les femmes de couleur, les Black Feminists dont a parlé Mirjana, se sont levées pour demander que leur place soit reconnue dans l’historiographie de l’immigration comme dans d’autres domaines. Le triple handicap des immigrées en tant que femmes, pauvres et étrangers dont parlait Annie Phizacklea allait dans cette direction. Classe et communauté, classe et race ou classe et ethnicité doivent être pensées ensemble pour comprendre les intersections d’oppression et les possibilités d’engagements contre exploitations et injustices. En France, la thèse récente d’Hélène Quashie est remarquable dans ce sens. En étudiant les blanches au Sénégal – touristes, étudiantes et immigrées (entrepreneures qui s’y sont installées) –, elle interpelle les identités noires comme les identités blanches selon le prisme de couleur, de classe et de nationalité [31]. Si l’histoire du mouvement ouvrier n’est plus – hélas – à la mode, l’intersectionnalité permet de réfléchir sur les (difficiles) conditions possibles d’actions au croisement de la classe, de la race et de l’ethnicité. Analyser pour dénoncer le trafic international des femmes qui existent depuis plus d’un siècle et scruter les biais genrés dans les politiques d’asile sont autant de domaines de recherches sociologiques et anthropologiques aujourd’hui. En ce qui concerne le travail, « l’industrie  » du « care  » est devenue un nouveau champ important des recherches. Comme le travail à domicile autrefois, les lieux de ce travail largement domestique – quand ce n’est pas dans les institutions (Ehpad et hôpitaux) – sont éparpillés, et les aides-soignantes, gardes d’enfants et autres accompagnatrices sont seules face aux patronnes. Analyser leurs conditions de travail permet de comprendre les possibilités et les défis des luttes.
M. M. : Rappelons que la réflexion féministe sur l’importance de la prise en compte du positionnement des chercheures dans leur démarche et la production des « connaissances situées  » a été à la base de la critique de la catégorie universelle de « femme  », souvent portée par des chercheuses d’origine migrante. Ceci a permis de légitimer le recours à l’expérience propre et subjective dans la recherche. Cette nouvelle génération de chercheures aujourd’hui installées dans le monde académique pour certaines, issues de l’immigration ou non, continue à contribuer au renouvellement des questionnements dans le champ migrations, mobilités et genre et à son institutionnalisation dans l’académie. Les travaux de Florence Lévy et de Prune de Montvalon donnent à voir comment les immigrées luttent contre ou adoptent à leur profit les assignations qu’on leur impose. Car si on est peut-être loin du regard victimisant dans la recherche même, il perdure dans les politiques et services publics. En suivant Paola Tabet, Florence Lévy adopte le concept d’échanges économico-sexuels en l’appliquant à son analyse. Elle montre notamment comment est fait usage de la sexualité comme une des ressources possibles et efficaces en migration [32]. Dans son article publié dans Hommes & Migrations, elle examine les stratégies paradoxales des migrants de la Chine du Nord, prostituées et chiffonniers, confrontés au harcèlement policier pour les chasser de l’espace public. Pour contourner cette assignation à l’invisibilité qui leur interdit la rue, les prostituées adoptent les manifestations pour protester ou pour avoir une présence visible, en banalisant leur « look  ». Les chiffonniers jonglent avec le lieu et les horaires de présence pour réoccuper l’espace public [33].
Prenant appui sur l’observation participante en tant qu’intervenante sociale auprès des prostituées au sein de deux associations, Prune de Montvalon analyse les tactiques des prostitués pour se faire régulariser. Comment convaincre les associations (dont la fonction de « passeurs de frontières  » administratives vers la régularisation est analysée dans la thèse) qu’elles méritent de passer du statut de « sans-papières  » à celui de victimes reconnues et donc d’ayants droit ? Comment construire l’argumentaire de leur demande de régularisation ? Prune de Montvalon considère la prostitution comme un travail et montre que, si celle-ci n’est vue que sous le seul angle de la domination masculine, l’action publique ne peut que contribuer à rendre les prostituées encore plus dépendantes des services sociaux, ce qui conforte leur assignation à un statut de victime et à une citoyenneté subalterne, « où le statut des femmes dépend des attestations et de la parole que d’autres doivent porter en leur nom[34]  ». Enfin, la nouvelle publication d’Alain Tarrius et de son équipe [35], dans la continuité des travaux précédents qui mettent l’accent sur la migration et les mobilités plutôt que l’immigration, et notamment sur « l’initiative des migrants plus que la soumission des immigrants  », porte également sur les familles, les transmigrations intergénérationnelles et les initiatives féminines, avec les recherches notamment de Fatima Qacha, Chadia Arab, Nacima Moujoud, Alain Tarrius, Lamia Missaoui et Manon Clarion Lask. Les pratiques transnationales de celles et ceux qui ont par ailleurs fait le pari de l’intégration montrent les atouts de la double présence et des appartenances multiples, et comment elles produisent la socialisation et les nouvelles citoyennetés.

Notes

  • [1]
    Mirjana Morokvasic, « L’immigration féminine en France : état de la question », in L’année sociologique, vol. 26, 1976, pp. 563-575 ; Mirjana Morokvasic, « Émigration féminine et femmes immigrées : discussion de quelques tendances dans la recherche », in Pluriel, n° 36, 1983, pp. 20-51.
  • [2]
    Mirjana Morokvasic, « Les femmes yougoslaves en France et en RFA », in Hommes & Migrations, n° 915,15 novembre 1976 ; Mirjana Morokvasic (introduction et dir.), « Birds of passage are also women », in International Migration Review, vol. 18, n° 4, 1984, pp. 886-907.
  • [3]
    Marion F. Houstoun, Roger G. Kramer, Joan Mackin Barrett, « Female predominance of immigration to the United States since 1930: A first look », in International Migration Review, vol. 18, n° 4, 1984, pp. 908-963.
  • [4]
    Floya Anthias, Nira Yuval-Davis, « Contextualizing feminism: Gender, ethnic and class divisions », in Feminist Review, n° 15, 1983, p. 62-75 ; Mirjana Morokvasic, Emigration und Danach: Jugoslawische Frauen in Westeuropa (Emigration et après : les femmes yougoslaves en Europe de l’Ouest), Francfort-sur-le-Main, Stroemfeld/Roter Stern Verlag, 1987.
  • [5]
    La mise en place dès 1995-1996 du réseau et du séminaire universitaire autour du thème Rapports de sexe et stratégies différenciées des hommes et des femmes en migration.
  • [6]
    Les travaux d’Alain Tarrius et de son équipe notamment, source d’inspiration pour moi dans mes recherches sur les mobilités post-communistes ; également les recherches de Michel Peraldi.
  • [7]
    Mirjana Morokvasic, « Femmes et genre dans l’étude des migrations : un regard rétrospectif », in Les cahiers du Cedref, n° 16, 2008, pp. 33-56.
  • [8]
    Nancy L. Green, « L’émigration comme émancipation. Les femmes juives d’Europe de l’Est à Paris, 1881-1914 », in Pluriel, n° 27, 1981, pp. 51-59 ; Nancy L. Green, « La femme juive : formation et transformations », in Geneviève Fraisse, Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident. IV. Le XIXe siècle, Paris, Plon, 1991, pp. 215-229 ; Nancy L. Green, Du Sentier à la 7e Avenue. La confection et les immigrés, Paris-New York, 1880-1980, traduit par Pap Ndiaye, Paris, Seuil, 1998, chapitre 6.
  • [9]
    Nancy L. Green, « De l’immigré à l’immigrée ou la conceptualisation du peuplement », in Anne-Marie Sohn, Françoise Thélamon (dir.), L’Histoire sans les femmes est-elle possible ?, Paris, Perrin, 1998, pp. 129-136 ; Nancy L. Green, Repenser les migrations, Paris, PUF, 2002, chapitre 5.
  • [10]
    Nancy L. Green, « Quatre âges des études migratoires », in Clio, n° 51, 2020, pp. 185-206.
  • [11]
    Je pense à Annie Phizacklea, Floya Anthias entre autres avec qui j’ai collaboré sur des projets internationaux. Floya Anthias, Maria Kontos, Mirjana Morokvasic-Müller (dir.), Paradoxes of Integration Female Migrants in Europe, Dordrecht/Heidelberg/New York/Londres, Springer, 2013, p. 201.
  • [12]
    Paula E. Hyman, « Immigrant women and consumer protest: The New York City kosher meat boycott of 1902 », in American Jewish History, vol. 70, n° 1, 1980, pp. 91-105 ; Theresa Malkiel, Journal d’une gréviste, éd. par Françoise Basch, Paris, Payot, 1980 ; Nancy L. Green, Du Sentier à la 7e Avenue, op. cit., conclusion.
  • [13]
    Morokvasic, 1984, op. cit.
  • [14]
    Ici, il est question de femmes, mais cela concerne également tout contestataire de la définition hégémonique du genre (voir entre autres les travaux de Jules Falquet).
  • [15]
    Mirjana Morokvasic, « Émigration des femmes : suivre, fuir ou lutter », in Nouvelles questions féministes, n° 13, 1986, pp. 65-76.
  • [16]
    Mirjana Morokvasic, Emigration und Danach…, op. cit.
  • [17]
    Mirjana Morokvasic, « Garment production in a metropole of fashion: Small entreprise, immigrants and immigrant entrepreneurs », in Economic and Industrial Democracy, vol. 9, n° 1, 1988, pp. 83-97 ; Mirjana Morokvasic, « Immigrants in parisian garment industry », in Work, Employment and Society, vol. 1, n° 4, 1987, pp. 441-462 ; Mirjana Morokvasic, Annie Phizacklea, Hedwig Rudolph, « Small firms and minority groups: Contradictory trends in the french, german and british clothing industries », in International Sociology, vol. 1, n° 4, 1986, pp. 397-419.
  • [18]
    Mirana Morokvasic, Annie Phizacklea, Hedwig Rudolph, « Business on the ragged edge: Immigrants in garment industry, London, Paris and New York », in Roger Waldinger, Howard E. Aldrich, Robin Ward (dir.), Ethnic Entrepreneurs: Immigrant Business in Industrial Societies, New York, Sage Publications, 1990, pp. 157-177.
  • [19]
    Mirjana Morokvasic, « Roads to independence: Self-employed immigrants and minority women in five european states », in International Migration, vol. 29, n° 3, 1991, pp. 407-419.
  • [20]
    Mirjana Morokvasic, « “Settled in mobility”: Engendering post-wall migration in Europe », in Feminist Review, n° 77, 2004, pp. 7-25 ; Mirjana Morokvasic, Hedwig Rudolph (dir.), Bridging States and Markets: International Migrations of the Early Nineties, Berlin, Sigma, 1993 ; Mirjana Morokvasic, « La mobilité transnationale comme resource : le cas des migrants de l’Europe de l’Est », in Cultures et conflits, n° 33-34, 1999, pp. 105-122 ; Mirjana Morokvasic, Umut Erel, Kyoko Shinozaki (dir.), Crossing Borders and Shifting Boundaries: Gender on the Move, Opladen, Leske + Budrich, 2003 ; Sigrid Metz-Göckel, Mirjana Morokvasic, A Senganata Münst (dir.), Migration and Mobility in an Enlarged Europe: A Gender Perspective, Opladen/Farmington Hills, Barbara Budrich Publishers, 2008 ; Christine Catarino, Mirjana Morokvasic, « Femmes, genre, migrations et mobilités », in Revue européenne des migrations internationales, vol. 21, n° 1, 2005, pp. 7-27.
  • [21]
    Hyman, 1980, op. cit. ; Alice Kessler-Harris, « Organizing the unorganizable: Three jewish women and their union », in Milton Cantor, Bruce Laurie (dir.), Class, Sex, and the Woman Worker, Westport, Greenwood Press, 1977, pp. 144-165 ; Annie Phizacklea (dir.), One Way Ticket: Migration and Female Labour, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1983.
  • [22]
    Cahiers du genre, n° 51, 2012. Mon propre texte est intitulé Mirjana Morokvasic, « L’(in)visibilité continue », pp. 25-47.
  • [23]
    Mirjana Morokvasic (dir.), « Femmes & Migrations », in Hommes & Migrations, n° 1311, 2015.
  • [24]
  • [25]
    Madjiguéne Cissé, Parole de sans-papiers, Paris, La dispute, 1999. Publié également en Allemagne.
  • [26]
    Claire Cossée, Adelina Miranda, Nouria Ouali, Djaouida Séhili, Le genre au cœur des migrations, Paris, éd. Petra, 2012.
  • [27]
    Helen Schwenken, Rechtlos aber nicht ohne Stimme. Politische Mobilisierungenum um irreguläre Migration in die Eurpäische Union, Bielefeld, Transkript, 2005.
  • [28]
    Amrit Wilson, Finding A Voice: Asian Women in Britain, Londres, Virago Press, 1978. Nouvelle version publiée en 2018 par Daraja Press, Canada.
  • [29]
    Pour ne citer que quelques-unes : l’International Migration Review (2006), Feminist Review (2004), Asia and Pacific Migration Journal (2003), le recueil de Katie Willis et Brenda Yeoh (dir.), Gender and Migration, Edward Elgar, 2000 ; pour la France, les différents numéros des Cahiers du Cedref (2000, 2003, 2008) ou encore la Revue européenne des migrations internationales (2005), Migrations Sociétés (1997, 2005), Nouvelles questions féministes (2007), Cahiers du genre (2011), Hommes & Migrations (2015)…
  • [30]
    Kimberlé Crenshaw, « Demarginalizing the intersection of race and sex: A black feminist critique of antidiscrimination doctrine, feminist theory and antiracist politics », in University of Chicago Legal Forum, n° 1, 1989. URL : ‪http://chicagounbound.uchicago.edu/uclf/vol1989/iss1/8.‪
  • [31]
    Hélène Quashie, Ethnicités en miroir. Constructions sociales croisées de la blanchité et de l’africanité au prisme des mobilités touristiques et migratoires vers le Sénégal, Thèse de doctorat, Paris, EHESS, 2018 ; Nassima Mekaoui, thèse en cours à l’EHESS sur la domesticité féminine et masculine en Algérie pendant la période coloniale.
  • [32]
    Florence Lévy, Entre contraintes et interstices, l’évolution des projets migratoires dans l’espace transnational. Une ethnographie des migrants de Chine du Nord à Paris, Thèse de doctorat, Paris, EHESS, 2015.
  • [33]
    Florence Lévy, « Chiffonniers ou prostituées. L’investissement de l’espace public par les migrants de Chine du Nord », in Hommes & Migrations, n° 1311, 2015, pp. 73-80.
  • [34]
    Prune de Montvalon, « Les rapports de classe et de race. Les angles morts du traitement politique et institutionnel de la prostitution en France », in Hommes & Migrations, n° 1311, 2015, pp. 105-112 ; Prune de Montvalon, Les prostituées et leurs passeurs à l’épreuve des frontières. Négociations autour du passage vers le statut de victime, Thèse de doctorat en sociologie, Paris, Université Paris Diderot, 2018.
  • [35]
    Alain Tarrius, Lamia Missaoui, Fatima Quacha, Naissance d’un peuple européen nomade, Le Canet, éd. Trabucaire, 2020.
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