Notes
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[1]
AEMO : Action éducative en milieu ouvert, AED : Aide éducative à domicile, DVS : Direction de la vie sociale, PJJ : Protection judiciaire de la jeunesse.
-
[2]
Libre adhésion, non-institutionnalisation des pratiques, non-mandat et respect de l’anonymat.
-
[3]
D. Le Breton, Cultures adolescentes, Entre turbulence et construction de soi, Éditions Autrement, Paris, 2008, p. 166.
-
[4]
H. de Luze, L’ethnométhodologie, Paris, Loris Talmart, 1997, p. 16.
-
[5]
Pour ce qui relève de la rigidité des schémas cognitivo-comportementaux dans les perceptions philosophico-religieuse, voir l’ouvrage d’Emmanuel Levinas, Altérité et transcendance, Editions Fata Morgana, 1995, p. 62-63.
-
[6]
J’utilise le mot « radicalité » dans le sens clinique du terme, en prenant en compte la complexité des mécanismes de construction identitaire des jeunes, qui pour la majorité ne réalise pas forcément l’impact de leur revendication culturo-religieuses à partir de positionnement extrême. Il est important de comprendre que ce que l’on entend par radicalisation d’un côté (affiliation à une entité terroriste), est perçue de l’autre coté comme l’expression d’une identité politique mal formalisée par ces mêmes jeunes.
-
[7]
E. Levinas, op. cit, p.108-119.
-
[8]
F. Khosrokhavar, Radicalisation, La Maison des sciences de l’homme, 2014, p. 90.
-
[9]
A. Esquerre, La manipulation mentale, Sociologie des sectes en France, Fayard, p. 117.
-
[10]
Ibid, p. 99.
-
[11]
G. Herreros, Pour une sociologie d’intervention, Ères, p. 61.
-
[12]
F. Khosrokhavar, op. cit, p. 8.
-
[13]
Liam jeune homme suivi dans le cadre de la prévention spécialisée de Saint-Étienne.
-
[14]
Il ne s’agit pas d’une interview prévue et réalisée dans le cadre d’une recherche précise. Liam est un jeune homme de 20 ans, originaire du secteur Nord-Ouest de SaintÉtienne et habitant le quartier de Bergson. La rencontre informelle s’est déroulée lors d’un temps de rue, le lundi 12 janvier 2016, quelques mois après les attentats de janvier et novembre 2015.
-
[15]
H. de Luze, l’ethnométhodologie, Paris, Loris Talmart, 1997, p. 17.
-
[16]
J. Cottraux, Les thérapies comportementales et cognitives, Paris, Masson, 2004, p. 91.
-
[17]
Ibid, p. 4-5.
-
[18]
F. Khosrokhavar, Radicalisation, La Maison des sciences de l’homme, 2014, p. 8.
-
[19]
J’utilise cette terminologie « agencéité religieuse » en référence au processus par lequel toute manifestation culturo-religieuse musulmane serait synonyme d’exagération par la vêture, les comportements ainsi que les verbalisations selon les grilles de lectures occidentalisés, modernisés, qu’elles soient professionnelles et personnelles.
-
[20]
E. Goffman, Stigmate, les usages sociaux des handicaps, Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun », 1975, p. 12.
-
[21]
D. Le Breton, Une brève histoire de l’adolescence, Edition J.-C. Béhar, 2013, p.126-129.
-
[22]
J. Beckers, « Le travailleur social et sa pratique », Déviance et Société, Genève, 1979, vol. 3, n° 3, p. 265-278 : Site internet Persée
-
[23]
A. Bertho, « L’État, miroir de la haine », Le temps des émeutes, Bayard, Montrouge, 2009, p. 166.
-
[24]
M. Cohen-emerique, J. Hohl, « Menace à l’identité chez les professionnels en situation interculturelle », in C. Sabatier, H. Malewska-Peyre, (dir.), Identité, altérité et acculturation, L’Harmattan, Paris, 2002, p. 200-201.
-
[25]
Ce terme « démarche existentielle » est employé ici en référence à l’histoire du film réalisé par Jean-Pierre Sinapi, Camping à la ferme (2005).
-
[26]
W. Wilkinson, Déconstruction de la Déconstruction : Lacan, Latour et la passe de trois Derrida, Foucault, Deleuze en perspective, Édition Seine-Thaames-Spree, Caen, 2014, p.484.
-
[27]
Fatih, jeune homme suivi dans le cadre de la prévention spécialisée de Saint-Étienne.
-
[28]
Voir notamment le numéro du Lien social du 03/09/2015 [http://www.lien-social.com/IMG/arton4628.jpg?1445527364] : « Prévention de la radicalisation. Quelle place pour le travailleur social ».
-
[29]
Cette remarque fait référence à des expériences professionnelles collectives et individuelles, réalisées et menées sur plusieurs actions éducatives (séjours, sorties et chantiers), en France comme à l’étranger, en qualité d’éducateur spécialisé par les équipes d’une association dont les missions sont soumises à la protection de l’enfance et à la prévention de la délinquance.
-
[30]
O. Roy, La peur de l’Islam, Édition de l’Aube, 2015, p. 10.
-
[31]
Rappelons que l’entré territoire, concept complexe par son approche de déconstruction du lien relationnel, reste une pratique où les jeunes se fondent dans un fonctionnement traditionnellement ancré sur des principes qui réarticulent par une déstructuration l’accompagnement social en prévention spécialisé et ce avec l’adhésion du jeune.
-
[32]
Y. Amrani, S. Beaud, Pays de malheur ! « Un jeune de cité écrit à un sociologue », Edition La Découverte, Paris, 2004, p.198-202.
-
[33]
Sur l’importance et l’impact des mécanismes de construction identitaire chez les adolescents, voir la revue Adolescence & Médecine de juin-juillet 2015 – vol. 4 – n° 9 : L’entretien du docteur Nora Bouaziz, pédopsychiatre, psychiatre trans-culturelle en direction de Sadek Sellam, historien de l’islam contemporain, insiste sur les manifestations culturo-religieuses enjeu d’une adolescence permettant pour certains d’y trouver un moyen d’échapper aux obligations et traditions familiales, afin de se construire leurs propres espaces interactionnels. Une forme d’émancipation sous couvert d’éléments confessionnels.
-
[34]
Voici quelques exemples constatés lors d’accompagnement éducatif (refus de travailler sur des démarches d’insertion professionnelle au prétexte que tous les patrons sont racistes, généralisation et positionnement de victimisation) ; autre exemple (lors d’un séjour éducatif, impossibilité d’acheter de la viande hallal, lors du diner un jeune refuse de manger les légumes, le poisson ainsi que le dessert, il se justifie en expliquant qu’il n’a aucune confiance dans la manière dont le repas a été préparé. La nuit qui suit le diner, le même jeune s’est levé très tard pour manger le même repas à l’abri des regards : personnalisation et incapacité de prendre de la hauteur, positionnement enfantin « boudeur ».
-
[35]
Véronique Le Goaziou, Rapport d’étude Prévention spécialisée et prévention de la délinquance : liens, obstacles et enjeux, Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux, octobre 2013, p. 16-27 (https://www.addap13.org/archives/IMG/pdf/Addap_rapport_final-2.pdf)
-
[36]
L’action éducative en milieu ouvert, l’aide éducative à domicile, les structures d’internat, l’aide sociale à l’enfance, la protection judiciaire de la jeunesse, etc.
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[37]
Cette analyse se fonde et s’appuie sur une expérience personnelle de dix années où la prévention spécialisée fut solliciter, sur le développement de plusieurs actions et dispositifs, dans le cadre des diagnostiques de territoire en vue d’une évaluation des besoins territoriaux, le développement d’un dispositif basé sur le thème du décrochage scolaire, les thèmes de la médiation et de la radicalisation sont aussi au cœur de l’expertise développée en prévention spécialisée.
-
[38]
Nordine, jeune homme suivi dans le cadre de la prévention spécialisée de Saint-Étienne.
1Faut-il voir autrement la prévention spécialisée ? Suite à l’émergence du phénomène dit de radicalisation, les ouvrages respectifs d’Olivier Roy et de Farhad Kosrokhavar mettent en évidence les représentations franco-centrées rattachées aux manifestations culturo-religieuses des pratiques musulmanes. Voilà pourquoi la prévention spécialisée fait ainsi figure d’épouvantail dans la structuration de ces accompagnements. Cette pratique atypique la rend satellitaire de toutes les autres organisations de l’action sociale basées sur des interventions classiques de la protection de l’enfance.
Introduction
2La prévention spécialisée a beaucoup souffert d’un manque de reconnaissance dans le domaine de l’action sociale en qualité de pratique à part entière de la protection de l’enfance. Cette absence de reconnaissance est probablement encore plus flagrante, lors de comparaisons avec d’autres branches annoncées comme expertes de l’accompagnement des usagers (AEMO, AED, DVS, PJJ, etc.) [1]. La prévention spécialisée se définit par son approche territoriale et ses principes [2] qui la caractérisent comme étant une pratique informelle de l’entrée en relation avec les jeunes. Il est bien entendu que cette intervention trouve tout son sens dans un travail organisé en réseau avec les partenaires institutionnels et associatifs qui composent le territoire des équipes. Cette intervention spécifique par la déstructuration de son approche va en direction d’une tranche d’âge assez large, les 12/25 ans. Les objectifs d’accompagnement individuel se bâtissent avec le jeune lui-même, en fonction de sa situation et de sa capacité à s’investir avec les éducateurs de rue.
3Cependant, ce statut de sous-pratique ne facilite pas la réflexion sur la richesse et l’expertise de cette intervention dans le phénomène de marginalisation des jeunes. En effet, ce n’est pas une dépense obligatoire des départements et de plus, ses propriétés et ses temporalités ne lui apportent pas la visibilité souhaitée, car la tendance en prévention spécialisée est à privilégier le qualitatif plus que le quantitatif. Il est donc nécessaire de continuer à mettre en œuvre des outils dont la simplicité d’action a une réelle adaptabilité avec les usagers.
4Nous souhaitons ici, notamment par l’utilisation de diverses sources scientifiques (anthropologie, sociologie, philosophie, histoire etc.), montrer tout l’intérêt de cette pratique pour mobiliser plusieurs champs épistémologiques. Ce sont la sociologie pour une sensibilisation des territoires, l’anthropologie pour une prise en compte d’une dimension comparatiste entre plusieurs groupes qui composent les quartiers sensibles, la psychologie dans la prise en compte clinique de l’accompagnement individuel et collectif, la philosophie et l’histoire pour une mise en perspective critique des perceptions et représentations qui émergent sur ces territoires. Cette transdisciplinarité est essentielle dans la compréhension de ces terrains d’action qui ne sont pas figés dans des carcans interventionnistes institutionnalisés traditionnels. L’emploi de ces différents champs permet d’appréhender la complexité de la prévention spécialisée et de constater ainsi la richesse et l’utilité de sauvegarder l’une des rares pratiques qui permet à l’usager de ne pas se définir à partir d’un dispositif d’accompagnement qui peut parfois l’enfermer dans ces radicalités. Le jeune se saisit de la prévention spécialisée parfois de manière assez brutale, mais cette pratique dans ses caractéristiques peut dans la relation l’empêcher de tomber dans un fonctionnement marginal dont l’extrémité peut parfois se définir dans ce que l’on nomme le processus de radicalisation.
De la revendication identitaire à la radicalisation
5Dans la nécessité de questionner la place et l’impact de la prévention spécialisée face au processus de radicalisation, il me semble tout de suite nécessaire d’introduire le concept de l’intervention territoriale. Il n’y a pas d’intervention sans légitimité. Il s’agit donc d’examiner quel type d’intervention sociale est en œuvre dans l’identification à laquelle les jeunes sont enclins. Le processus de marginalisation dérive et se formalise parfois dans la notion de radicalisation.
6L’arrêté du 4 juillet 1972, qui se détermine contre toute marginalisation par la prévention spécialisée, se trouve confronté à une autre forme de désocialisation qui procède d’un isolement avéré, celle du repli identitaire culturo-religieux auquel certains jeunes sont sujets [3]. D’ailleurs, les éducateurs insistent sur la spécificité de ce processus [4] cognitif limitée et conditionnée [5] qui tend à cristalliser les radicalités [6] des adolescents pour en faire émerger un état d’esprit moralisant qui se dissocie de tout lien relationnel pouvant se construire dans l’altérité [7]. En effet, cette volonté morale de certains jeunes, parfois fragiles psychologiquement [8], d’être amenés à penser que l’apprentissage maladroit d’une doctrine [9], peut être une vérité parce qu’elle est inculquée dans la réalité d’une situation de vie précaire où l’isolement idéologique apparaît parfois comme la seule solution d’existence. Voilà pourquoi, cet apprentissage dogmatique de la connaissance ne peut qu’entrer en tension avec les valeurs communes républicaines et multiculturelles telles qu’elles se symbolisent dans notre société. Ceci afin d’amener les jeunes en voie de marginalisation à opérer un changement entre les revendications identitaires classiques d’une part, pour muter en un positionnement idéologique radicalisant d’autre part. Cette quête identitaire, non pas de la vérité absolue mais plutôt de l’apaisement d’une souffrance et d’un mal-être continu, où exister, c’est être une valeur ajoutée (négative ou positive) dans une société, fait office d’existence, au sein même du groupe d’identification [10].
7Il ne faudrait pas se cristalliser sur le vocabulaire : radicalisation et marginalisation. En apparence, il s’agit de mesurer deux notions distinctes et à la fois liées à un processus d’identification, celui des radicalités de la jeunesse comme expression d’un mal-être associé à la rencontre et l’expérience d’une doctrine dont le jeune n’est pas à l’initiative [11]. Nous pouvons déplorer que, dans ces perceptions philosophico-religieuses, le jeune semble faire de ces radicalités l’assemblement et l’axe principal d’une marginalisation dogmatique. Ainsi, on peut parler de radicalités et pas simplement de radicalisation à propos de certains jeunes tenant des discours idéologiques alimentés par plusieurs canaux de communication [12] (Internet et rencontres physiques sur les quartiers).
8D’ailleurs Liam [13], un adolescent, explique sa perception de l’évolution du monde par les propos suivants [14] :
« La vérité, c’est que ce qui se passe en Irak et en Syrie, c’est la faute de la France et des Américains, ils sont allés là-bas, ils ont fait tomber Saddam et maintenant ils récoltent ce qu’ils ont semé. Ils disent n’importe quoi ; en Syrie la majorité des combattants ne sont pas des terroristes comme on veut nous le faire croire dans les médias. [D’un ton plus serein] les tours du World Trade Center et tout ce qui se passe maintenant, c’est avant tout un complot contre les musulmans ».
10Voilà pourquoi, concernant les discours maladroits de ces mêmes « jeunes de quartier », incitant parfois dans la forme à une compréhension des actes terroristes de ces mouvements fanatiques (EI, DAESH, etc.), il faut néanmoins éviter d’en rester à une généralisation [15] trop stricte des positionnements identitaires de ces adolescents. Ils font montre d’une très grande rigidité morale en dissociant par certains marqueurs identitaires leur volonté de s’affirmer dans une identité politique.
11Lorsqu’ils sont amenés à exprimer leur opinion, ces jeunes font part de leur positionnement face aux événements dramatiques de l’année 2015. Toujours selon Liam :
« C’est vrai que ce qui s’est passé au Bataclan c’est une honte, on ne tue pas des gens comme ça. En plus il y avait parmi les victimes des Blacks, des Arabes, même la cousine du joueur de foot Lassana Diarra, qui était musulmane, a été tuée par ces mecs ; par contre Charlie Hebdo ils ont cherché ce qui leur est arrivé à force de s’acharner sur l’islam, les caricatures du prophète Mahomet, tout ceci est inadmissible. »
13Ces représentations sont intéressantes à observer afin de connaître les schémas [16] cognitifs qui façonnent le processus de marginalisation pour lequel seule la pratique en prévention spécialisée aborde les contours parfois rugueux. Cette intervention peut permettre d’appréhender ces rigidités qui peuvent à certains moments s’opérer en une démarche chronique, donc pathologique. Il est ainsi déroutant de constater que l’ensemble des radicalités de l’adolescent aboutissent parfois à une pensée unique idéologique et fanatisante donc pathologique.
F. Khosrokhavar, Radicalisation, La Maison des sciences de l’homme, 2014
F. Khosrokhavar, Radicalisation, La Maison des sciences de l’homme, 2014
14Par conséquent, l’ensemble de ces religiosités adolescentes est mis en évidence par un schéma interactionnel [17] avec d’une part, le positionnement dogmatique du jeune à la recherche d’une vérité et, d’autre part, celui de la relation d’accompagnement mise en place par les éducateurs de rue. En effet, aussi troublant que cela puisse paraître, cette recherche de repères dans cette relation d’accompagnement conduirait le jeune à mettre à distance cette vérité en tentant de travailler la mise en perspective critique de sa quête de connaissance. C’est parfois une démarche philosophique dans l’acceptation de l’altérité de ce que l’autre nous apporte en termes de différence et d’opposition.
La prévention spécialisée entre radicalités et théorisation d’une radicalisation
15Il paraît raisonnable de prévenir de la distinction trop rapide entre prévention de la délinquance et prévention de la radicalisation. Ceci afin d’échanger sur les fondements de la pratique de la prévention spécialisée pour comprendre l’importance de cette approche dans le processus de radicalisation. Si l’on s’autorise de définir la radicalisation [18] comme celui d’un fonctionnement rigide de croyances dogmatiques formalisé par la possibilité d’un passage à l’acte terroriste, dans le but de refuser l’illégitimité d’une autorité, alors, il est incotestable que la prévention spécialisée est à ce jour l’une des seules alternatives territoriales d’accompagnement social du jeune en voie de marginalisation idéologique. Le politologue Olivier Roy et le sociologue Farhard Khosrokhavar font la distinction entre la radicalisation de l’islam et une islamisation de la radicalisation. Cette pensée collective sociétale actuelle veut donner une forme d’agencéité religieuse [19] à la radicalisation comme si elle était un fondement de l’islam. D’ailleurs, c’est dans cet espace d’identification [20] que les radicalités identitaires des jeunes transitent. Ceci dans le but de s’approprier une identité religieuse de proximité construite parfois maladroitement et perçue par l’opinion comme une idéologie dogmatique. Cette démarche de repli sur soi peut parfois accélérer le processus de radicalisation.
16Toutefois, le non-basculement dans le processus de radicalisation se symbolise automatiquement dans des postures en lien direct avec certaines expériences de vie et de rencontres. Cela nécessite que les éducateurs de rue, comme facteurs et modèles d’identification [21], soient portés par une intervention spécifique (prévention spécialisée) qui leur permette de se situer dans des échanges informels et déstructurés vis-à-vis des usagers rencontrés dans la rue.
17La prévention spécialisée, dans l’entrée en relation, s’appuie traditionnellement sur ces principes qui la structurent (la libre adhésion, le non-mandat, la non-institutionnalisation des pratiques et le respect de l’anonymat), c’est-à-dire une pratique peu palpable pour les jeunes et des actions personnalisées qui s’adaptent à la complexité de chaque usager. Ainsi, on doit à juste titre maintenir l’articulation de cette pratique [22] dans l’entre-deux de l’identité du jeune, qui est égaré entre ces radicalités et le basculement dans un processus de radicalisation.
18Le paradoxe de cette intervention est de pouvoir s’appuyer sur les radicalités comme éléments relationnels pour des éducateurs de rue, car elles permettent au jeune de se révéler. Ce lien relationnel est une forme d’adhésion à la prévention spécialisée et permet de mettre en exergue les croyances des adolescents auxquelles les éducateurs doivent impérativement répondre par une présence constante sur les territoires. Effectivement, il est incontestable que les mouvements de pensée des jeunes ont pris de l’ampleur vis-à-vis de la perception qu’ils ont de la laïcité et de l’identité française [23]. Ils les ressentent comme une soumission de leur histoire personnelle et familiale à la République. Ce positionnement [24] est une revendication forte, destinée à donner de l’importance à leur identité, c’est-à-dire à leur propre histoire comme démarche existentielle [25], en réponse à une situation de précarité qui est une véritable impasse pour eux.
19On perçoit de temps à autre que, dans leur identité [26], le vocable « Français », qui devrait les définir comme tout un chacun, est souvent mal considéré par eux-mêmes. Les jeunes lui préfèrent celui de leur origine, celui d’une histoire transmise par les parents dont ils revendiquent et parfois réinventent la genèse. Bien souvent, ils se prétendent de cette autre identité, de ces croyances auxquelles ils ne connaissent généralement pas grand-chose et ils tiennent souvent ce type de propos. Fatih [27] :
« En France, on a l’impression de ne pas être chez nous, et puis la vérité c’est que je me sens plus Algérien que Français, mon pays c’est l’Algérie. De toute façon, on te le fait bien remarquer ; pour les Français, arabes ou musulmans c’est pareil, arrêtez de nous prendre pour des sauvages avec l’islam. Ouais, c’est ma religion et ma femme sera comme je l’entends et portera le foulard et alors qu’est-ce que ça peut faire ».
21Ce n’est pas simplement l’origine de leur histoire personnelle, parfois complexe, ou de leur apparetenance à une culture orientale souvent dévalorisée par les composantes de leur identité française, qu’ils ont des difficultés à se retrouver, à se projeter dans cette analogie. C’est davantage lié à une partie de leur identité qui fait référence à une norme morale de par son principe de laïcité. C’est pourquoi, il est raisonnable de rappeler l’importance de l’affrontement intellectuel [28] que présente le jeune entre son histoire ou plutôt celles de ses parents ou grands-parents, et son identité actuelle de jeune Français obstruée par ses radicalités.
22Selon Nathalie, une éducatrice spécialisée rencontrée à Saint-Étienne, le vendredi 16 octobre 2015 :
« La plupart des jeunes que l’on accompagne, sont issus de deuxième et troisième générations, ils ne parlent pas l’arabe et ne sont jamais allés dans le pays d’origine de leurs parents et grands-parents. Pourtant, même s’ils se revendiquent d’une autre origine, ils ne peuvent renoncer à leur état de bons petits franchouillards [29] que l’on constate notamment lors d’un séjour éducatif au Maroc au cours duquel ils partent en quête d’une vraie boulangerie et d’un bon camembert. Lors de ce séjour, ils étaient habillés selon la tradition arabo-musulmane. Ils se sont retrouvés en total décalage avec les collégiens marocains qui, eux, étaient vêtus de mini-jupe et de débardeur pour les filles et de jeans taille basse et coupe de cheveux à la mode pour les garçons. Les jeunes Marocains les ont perçus comme des touristes français. Cela s’est révélé très intéressant quand on a repris cela avec eux. L’objectif pour mon collègue et moi-même était de leur démontrer les bienfaits d’une double culture. Nous avons donc pointé leurs contradictions notamment lorsqu’ils revendiquent l’histoire de leurs parents et qu’ils refusent leur appartenance à la culture française. C’est aussi leur propre histoire au même titre que l’histoire de leurs parents ».
24Ce positionnement paradoxal s’exprime souvent sur le plan identitaire afin de contrecarrer l’acharnement médiatique permanent, dispensé sous forme de message laïcisant visant une partie de la communauté française de confession musulmane [30].
25Voilà pourquoi la prévention spécialisée est mieux armée que n’importe quelle pratique de l’action sociale. En effet, sa spécificité ne désigne ni la particularité, ni l’ensemble des incohérences du jeune dans l’expression de ces radicalités. Les éducateurs dans le cadre des accompagnements œuvrent avec lui sur la compréhension et l’adaptation de ses revendications identitaires marginalisantes. Il s’agit d’une approche dont l’intervention territoriale [31] apporte un sens dans la relation, à savoir la recherche et le développement d’un esprit critique pour le jeune face à ses composantes identitaires culturo-religieuses. En outre, l’expression des radicalités est une figure de ruse du jeune, afin de manifester ce qui est en conflit chez lui, à savoir son appartenance à l’identité française [32]. Alors que le refus de cette identité française relève parfois d’une problématique adolescente [33] en collusion avec d’autres questionnements (crise familiale, sexualité etc.), les radicalités du jeune apparaissent donc comme des éléments d’autojustification afin d’imposer un positionnement immature [34]. La prévention spécialisée est parfois pour ces adolescents le seul espace d’expression pour tenter d’éviter le passage à l’acte irréfléchi et irrémédiable. Mais cette approche a aussi ses propres limites. C’est le cas des éducateurs de rue qui sont confrontés à des situations profondément ancrées dans un processus de radicalisation construit et marqué intellectuellement en amont d’une doctrine.
26Cette comparaison improbable et paradoxale, entre la prévention spécialisée s’appuyant sur des éléments (libre adhésion, non-institutionnalisation des pratiques, non-mandat et respect de l’anonymat) qui ne structurent pas son intervention selon les schémas classiques de la protection de l’enfance et un processus de radicalisation apparaissant dans des zones d’ombre et qui puise dans un certain nombre d’éléments idéologiques par des éléments théologiques (corpus verbaux et écrits), amène ces deux conceptions interactionnelles à se situer dans une logique de confrontation et de construction d’un lien relationnel. Malgré tout, les éducateurs de rue ont l’avantage de pointer les contradictions idéologiques [35] des jeunes dans le cadre d’actions formelles et informelles où postures et pratiques s’ajustent le temps d’une rencontre. Mais parfois cette pratique semble être limitée par des temporalités courtes par rapport au processus d’endoctrinement faisant son œuvre dans l’esprit du jeune, notamment par l’émergence de dogmes ; celle-ci relève donc essentiellement de l’observation et des réactions de l’éducateur à ce moment précis. Voilà pourquoi, l’intransigeance de l’éducateur rend parfois impossible la relation, comme si, face à l’autorité, le jeune, enfermé dans un processus radicalisant, refuse toutes les autres perceptions de la société.
La prévention spécialisée comme intervention comportementale de la radicalisation
27On ne peut accepter certains positionnements discriminatoires vis-à-vis de n’importe quelle manifestation religieuse ou culturelle. Pour exemple, les tensions entre jeunes et parfois entre éducateurs et jeunes nous invitent à réfléchir à l’évolution de la prévention spécialisée comme approche comportementale dans la complexité des quartiers d’où émergent certaines pensées radicales.
28Bien que la prévention spécialisée comporte toutes les caractéristiques d’une pratique comportementale à la différence d’autres modes d’interventions sociales [36], on doit néanmoins noter la spécificité frappante de la relation amenée par celle-ci. En effet, celle-ci se construit essentiellement dans des rencontres informelles avec les jeunes en référence au principe de libre adhésion. Il s’agit d’adopter la bonne distance relationnelle de communication, non seulement par rapport à la particularité des revendications identitaires, mais aussi dans le cadre d’une intervention territoriale où tout cet ensemble, pris en considération, apporte une forme de légitimité aux professionnels.
29Les éléments qui structurent l’intervention en prévention spécialisée mettent à distance des modèles d’approche et d’accompagnement classique de l’action sociale. Depuis quelque temps, l’expertise relationnelle de la prévention centre naturellement celle-ci sur le développement de dispositifs spécifiques d’intervention [37]. Et de fait, cette pratique inaugure une nouvelle forme d’intervention par la transversalité des éducateurs de prévention sur des missions expérimentales. L’utilisation de cette intervention comme approche comportementale en direction d’une jeunesse en quête d’identité se formalise par des temps de rue, des permanences et un ensemble d’actions personnalisées. Cette intervention s’opère en fonction des évolutions et mutations culturelles et sociales des quartiers sensibles.
30Depuis plus d’un demi-siècle, la prévention spécialisée doit faire face à l’exagération des positionnements identitaires des jeunes. Ces positionnements sont perçus comme étant l’émergence d’une problématique intemporelle autonome, qui s’est affranchie d’une dépendance à l’égard des autorités juridico-administratives et parfois familiales dans le cadre du processus de radicalisation.
Illustrations de Frédéric Rullière, éducateur et artiste pseudonyme GEK
Illustrations de Frédéric Rullière, éducateur et artiste pseudonyme GEK
« Nos parents ont fait quelques erreurs dans l’application de la religion, on ne peut pas les changer, ils sont plus attachés à leurs traditions, donc forcément ceci a des répercussions dans leur pratique religieuse ».
33Voilà pourquoi, cette pratique dispose de vraies possibilités d’avenir dans la mesure où elle ne reste pas figée dans un carcan interventionniste institutionnalisé (le mandat) car l’accompagnement social est en adaptation constante (la non-institutionnalisation des pratiques) de la situation de chaque jeune suivi par les éducateurs de rue.
34Il est vraisemblable que dans sa mise en perspective critique des radicalités des jeunes, la prévention spécialisée est épargnée par la rigidité administrative d’autres interventions sociales. Voilà pourquoi les associations de prévention spécialisée réfléchissent au futur de cette intervention et sont prêtes à reconnaître qu’elle est un véritable vecteur de modernité de l’action sociale, évoluant avec les réalités actuelles de notre société en adaptant une pratique territoriale efficiente.
35En comparaison avec d’autres modes d’intervention qui maintiennent les usagers dans un lien relationnel artificiel, on peut définir la prévention spécialisée comme l’intervention éducative qui sort l’usager de l’action sociale. Est-ce le début d’une nouvelle forme d’action sociale comme dynamique d’intervention éducative qui se doit d’être sans cesse en expérimentation ? En résumé, ce n’est aucunement la fin de la prévention spécialisée comme intervention contemplative d’une libre adhésion, mais plutôt le processus d’une pratique éducative en avance sur son temps car dynamique et mobilisatrice des potentialités des jeunes issus de quartiers sensibles.
36En ce sens, la prévention spécialisée conserve dans ses dispositions la rencontre informelle sans artifices. Cette intervention peut, en effet, devenir l’approche relationnelle sociale la plus adaptée, dans la rencontre complexe des identifications des usagers, dans leur pratique culturelle et dans leur croyance religieuse.
Notes
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[1]
AEMO : Action éducative en milieu ouvert, AED : Aide éducative à domicile, DVS : Direction de la vie sociale, PJJ : Protection judiciaire de la jeunesse.
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[2]
Libre adhésion, non-institutionnalisation des pratiques, non-mandat et respect de l’anonymat.
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[3]
D. Le Breton, Cultures adolescentes, Entre turbulence et construction de soi, Éditions Autrement, Paris, 2008, p. 166.
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[4]
H. de Luze, L’ethnométhodologie, Paris, Loris Talmart, 1997, p. 16.
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[5]
Pour ce qui relève de la rigidité des schémas cognitivo-comportementaux dans les perceptions philosophico-religieuse, voir l’ouvrage d’Emmanuel Levinas, Altérité et transcendance, Editions Fata Morgana, 1995, p. 62-63.
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[6]
J’utilise le mot « radicalité » dans le sens clinique du terme, en prenant en compte la complexité des mécanismes de construction identitaire des jeunes, qui pour la majorité ne réalise pas forcément l’impact de leur revendication culturo-religieuses à partir de positionnement extrême. Il est important de comprendre que ce que l’on entend par radicalisation d’un côté (affiliation à une entité terroriste), est perçue de l’autre coté comme l’expression d’une identité politique mal formalisée par ces mêmes jeunes.
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[7]
E. Levinas, op. cit, p.108-119.
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[8]
F. Khosrokhavar, Radicalisation, La Maison des sciences de l’homme, 2014, p. 90.
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[9]
A. Esquerre, La manipulation mentale, Sociologie des sectes en France, Fayard, p. 117.
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[10]
Ibid, p. 99.
-
[11]
G. Herreros, Pour une sociologie d’intervention, Ères, p. 61.
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[12]
F. Khosrokhavar, op. cit, p. 8.
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[13]
Liam jeune homme suivi dans le cadre de la prévention spécialisée de Saint-Étienne.
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[14]
Il ne s’agit pas d’une interview prévue et réalisée dans le cadre d’une recherche précise. Liam est un jeune homme de 20 ans, originaire du secteur Nord-Ouest de SaintÉtienne et habitant le quartier de Bergson. La rencontre informelle s’est déroulée lors d’un temps de rue, le lundi 12 janvier 2016, quelques mois après les attentats de janvier et novembre 2015.
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[15]
H. de Luze, l’ethnométhodologie, Paris, Loris Talmart, 1997, p. 17.
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[16]
J. Cottraux, Les thérapies comportementales et cognitives, Paris, Masson, 2004, p. 91.
-
[17]
Ibid, p. 4-5.
-
[18]
F. Khosrokhavar, Radicalisation, La Maison des sciences de l’homme, 2014, p. 8.
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[19]
J’utilise cette terminologie « agencéité religieuse » en référence au processus par lequel toute manifestation culturo-religieuse musulmane serait synonyme d’exagération par la vêture, les comportements ainsi que les verbalisations selon les grilles de lectures occidentalisés, modernisés, qu’elles soient professionnelles et personnelles.
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[20]
E. Goffman, Stigmate, les usages sociaux des handicaps, Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun », 1975, p. 12.
-
[21]
D. Le Breton, Une brève histoire de l’adolescence, Edition J.-C. Béhar, 2013, p.126-129.
-
[22]
J. Beckers, « Le travailleur social et sa pratique », Déviance et Société, Genève, 1979, vol. 3, n° 3, p. 265-278 : Site internet Persée
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[23]
A. Bertho, « L’État, miroir de la haine », Le temps des émeutes, Bayard, Montrouge, 2009, p. 166.
-
[24]
M. Cohen-emerique, J. Hohl, « Menace à l’identité chez les professionnels en situation interculturelle », in C. Sabatier, H. Malewska-Peyre, (dir.), Identité, altérité et acculturation, L’Harmattan, Paris, 2002, p. 200-201.
-
[25]
Ce terme « démarche existentielle » est employé ici en référence à l’histoire du film réalisé par Jean-Pierre Sinapi, Camping à la ferme (2005).
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[26]
W. Wilkinson, Déconstruction de la Déconstruction : Lacan, Latour et la passe de trois Derrida, Foucault, Deleuze en perspective, Édition Seine-Thaames-Spree, Caen, 2014, p.484.
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[27]
Fatih, jeune homme suivi dans le cadre de la prévention spécialisée de Saint-Étienne.
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[28]
Voir notamment le numéro du Lien social du 03/09/2015 [http://www.lien-social.com/IMG/arton4628.jpg?1445527364] : « Prévention de la radicalisation. Quelle place pour le travailleur social ».
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[29]
Cette remarque fait référence à des expériences professionnelles collectives et individuelles, réalisées et menées sur plusieurs actions éducatives (séjours, sorties et chantiers), en France comme à l’étranger, en qualité d’éducateur spécialisé par les équipes d’une association dont les missions sont soumises à la protection de l’enfance et à la prévention de la délinquance.
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[30]
O. Roy, La peur de l’Islam, Édition de l’Aube, 2015, p. 10.
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[31]
Rappelons que l’entré territoire, concept complexe par son approche de déconstruction du lien relationnel, reste une pratique où les jeunes se fondent dans un fonctionnement traditionnellement ancré sur des principes qui réarticulent par une déstructuration l’accompagnement social en prévention spécialisé et ce avec l’adhésion du jeune.
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[32]
Y. Amrani, S. Beaud, Pays de malheur ! « Un jeune de cité écrit à un sociologue », Edition La Découverte, Paris, 2004, p.198-202.
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[33]
Sur l’importance et l’impact des mécanismes de construction identitaire chez les adolescents, voir la revue Adolescence & Médecine de juin-juillet 2015 – vol. 4 – n° 9 : L’entretien du docteur Nora Bouaziz, pédopsychiatre, psychiatre trans-culturelle en direction de Sadek Sellam, historien de l’islam contemporain, insiste sur les manifestations culturo-religieuses enjeu d’une adolescence permettant pour certains d’y trouver un moyen d’échapper aux obligations et traditions familiales, afin de se construire leurs propres espaces interactionnels. Une forme d’émancipation sous couvert d’éléments confessionnels.
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[34]
Voici quelques exemples constatés lors d’accompagnement éducatif (refus de travailler sur des démarches d’insertion professionnelle au prétexte que tous les patrons sont racistes, généralisation et positionnement de victimisation) ; autre exemple (lors d’un séjour éducatif, impossibilité d’acheter de la viande hallal, lors du diner un jeune refuse de manger les légumes, le poisson ainsi que le dessert, il se justifie en expliquant qu’il n’a aucune confiance dans la manière dont le repas a été préparé. La nuit qui suit le diner, le même jeune s’est levé très tard pour manger le même repas à l’abri des regards : personnalisation et incapacité de prendre de la hauteur, positionnement enfantin « boudeur ».
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[35]
Véronique Le Goaziou, Rapport d’étude Prévention spécialisée et prévention de la délinquance : liens, obstacles et enjeux, Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux, octobre 2013, p. 16-27 (https://www.addap13.org/archives/IMG/pdf/Addap_rapport_final-2.pdf)
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[36]
L’action éducative en milieu ouvert, l’aide éducative à domicile, les structures d’internat, l’aide sociale à l’enfance, la protection judiciaire de la jeunesse, etc.
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[37]
Cette analyse se fonde et s’appuie sur une expérience personnelle de dix années où la prévention spécialisée fut solliciter, sur le développement de plusieurs actions et dispositifs, dans le cadre des diagnostiques de territoire en vue d’une évaluation des besoins territoriaux, le développement d’un dispositif basé sur le thème du décrochage scolaire, les thèmes de la médiation et de la radicalisation sont aussi au cœur de l’expertise développée en prévention spécialisée.
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[38]
Nordine, jeune homme suivi dans le cadre de la prévention spécialisée de Saint-Étienne.