Couverture de HMC_019

Article de revue

Une histoire du christianisme en Indonésie ; Chronique d'un parcours éditorial

Pages 13 à 25

Notes

  • [1]
    Eddy Du Perron, Le pays d’origine, roman, traduit du néerlandais (Het land van herkomst, 1935) par Philippe Noble, Paris, Gallimard, 1980. Recension exhaustive par Gilbert Hamonic in: Archipel, vol. 23, 1982, p. 220­223.
  • [2]
    Jan Sihar Aritonang & Karel Steenbrink (eds.), A History of Christianity in Indonesia, Leyde, Brill, 2008 (Studies in Christian Mission, 35).
  • [3]
    La bibliographie indonésienne de Verkuyl est impressionnante. Elle a été décrite avec faveur par un théologien indonésien, P.D. Latuihamallo, «De betekenis voor de theologie in Indonesië van de in het Indonesisch geschreven boeken van Verkuyl», in: Zending op weg naar de toekomst. Essays aangeboden aan prof.dr. J. Verkuyl, Kampen, Kok, 1978, p. 21­32. Je n’ai pas connu les grands professeurs qui ont tant marqué la missiologie, Hendrik Kraemer (1888­1965), Johan Herman. Bavinck (1895­1964) et Hans (Johannes Christiaan) Hoekendijk (1912­1975).
  • [4]
    Cf. Marc Spindler, «Algemene inleiding», in: Th. Van den End, J. A. B. Jongeneel, M.R. Spindler (red.), Indonesische geloofsbelijdenissen, Leiden/ Utrecht, IIMO, 1986, p. 3­10; Marc Spindler, «L’histoire des martyrs malgaches vue d’Indonésie», in: Sandra Evers & Marc Spindler (eds.), Cultures de Madagascar: Flux et reflux des influences (…), Leiden, International Institute for Asian Studies, 1995, p. 193­206.
  • [5]
    J’ajoute encore deux facteurs d’ambiance. L’IIMO occupait à l’époque le premier étage de la maison de Snouck Hurgronje, le célèbre orientaliste néerlandais, ancien haut fonctionnaire en Indonésie puis professeur à l’université de Leyde, qui fut le directeur de thèse de Hendrik Kraemer en 1921. Mon bureau avait été, dit­on, la chambre à coucher du professeur! Et au deuxième étage le Bureau des Études Indonésiennes, un laboratoire de recherche dirigé par des indonésianistes che­ vronnés, accueillait sans cesse des chercheurs indonésiens en stage ou en visite.
  • [6]
    Karel Steenbrink, Catholics in Indonesia 1808-1942. A documented history, Vol.1. A modest recovery 1808-1903, Leiden, KITLVPress, 2003; Karel Steenbrink, Catholics in Indonesia 1808-1942. A documented history, Vol.2. The spectacular growth of a self-confident minority, 1903-1942, Leiden, KITLV Press, 2007. Un troisième volume est en préparation.
  • [7]
    Cf. Marc Spindler, «Les métamorphoses de l’histoire missionnaire aux Pays­Bas (1972­ 2006)», Histoire et missions chrétiennes, Vol.1/1, 2007, p. 63­79.
  • [8]
    Cf. Marc Spindler, «De periodisering van de kerkgeschiedenis en de opkomst van het niet­westerse christendom», in: J. de Mooij & I. Smit (eds.), Balans van een eeuw. Wendingen in de historiografie van het christendom 1901-2001, Heerenveen, Groen, 2002, p. 121­129.
  • [9]
    Dans sa recension de notre livre, Rémy Madinier rappelle innocemment que «l’histoire du christianisme en Indonésie n’est pas, loin de là, un champ vierge» et il prend comme exemples quelques synthèses historiques déjà dûment citées par Jan Aritonang et Karel Steenbrink, de Sierk Coolsma (1901) à Martinus Muskens et Fridolin Ukur (1970­1980) dans l’introduction de notre ouvrage, p. viii. L’originalité de notreprojet éditorial n’est pas mise en valeur.Cf.RémyMadinier, «Christianisme en Indonésie», Archipel 81, 2011, p. 236.
  • [10]
    Theodor Müller-Krüger, Der Protestantismus in Indonesien. Geschichte und Gestalt, Stuttgart, Evangelisches Verlagswerk, 1968. Version allemande de l’ouvrage indonésien du même auteur: Sedjarah Geredja di Indonesia, Jakarta, Badan Penerbit Kristen, 2e édition, 1966. (Orthographe indonésienne de l’époque!)
  • [11]
    Thomas Van den End, Ragi Carita. Sejarah Gereja di Indonesia, Jakarta, BPK Gunung Mulia, 2 vols., 1980­1989.
  • [12]
    Martinus Muskens (ed.), Sejarah Gereja Katolik Indonesia, 4 vols., Jakarta, MAWI, 1972­1974. [MAWI = Conférence des évêques d’Indonésie]
  • [13]
    Adolf Heuken (dir.), Ensiklopedi gereja, 5 vols., Jakarta, Yayasan Cipta Loka Caraka, 1991­1995. Un des volumes s’intitule Sejarah Gereja Indonesia. Voir aussi son livre Be my witness on the end of the earth. The Catholic Church in Indonesia before the 19th century, Jakarta, Cipta Loka Caraka, 2002, dont s’inspirent les chapitres 3 et 4 de notre livre.
  • [14]
    Parmi les travaux de Fridolin Ukur, le plus accessible pour les lecteurs occidentaux est peut­être sa brillante présentation de l’histoire des Églises indonésiennes: Fridolin Ukur, «A Brief History of the Churches in Indonesia», CTC Bulletin, Vol.3, nr.2, August 1982, p. 3­11. [CTC = Commission on Theological Concerns of the Christian Conference of Asia]. C’est lui qui mena à bien en collaboration avec Frank Cooley une vaste enquête historique réalisée par les Églises elles­mêmes. Quatorze volumes colligés par Ukur et Cooley sont parus sous le titre Benih yang Tumbuh, suivis par un panorama national rédigé par Fridolin Ukur et Frank Cooley, Jerih dan Juang. Laporan nasional survai menyeluruh gereja di Indonesia, Jakarta, LPS DGI, 1979, xvi + 759 pages. [LPS = Lembaga Penelitian dan Studi; DGI = Dewan Gereja­Gereja di Indonesia, Conseil des Églises en Indonésie] Cet énorme annuaire couvre toutes les Églises chrétiennes.
figure im1

1Le pays d’origine: ce clin d’œil à Eddy Du Perron [1] voudrait faire sentir la double origine d’un projet éditorial qui a trouvé son achèvement en 2008 lorsqu’est paru chez Brill à Leyde le volume de plus de mille pages intitulé A History of Christianity in Indonesia[2]. Comme Eddy Du Perron et d’autres écrivains néerlandais et indonésiens, les vingt­six auteurs de cette somme historique oscillent entre deux «patries», l’archipel immense, «Nusantara», et les petits Pays­Bas qui en furent les maîtres contestés et finalement rejetés. Deux pôles ont orienté l’entreprise, deux ports d’attache, l’Indonésie et la Hollande, ont été les bases nourricières du projet éditorial et les garanties de son ambition académique.

figure im2
Charles Edgar (Eddy) Du Perron (né à Meester Cornelis en Indonésie, 2 novembre 1899 – mort à Bergen (Hollande­ Septentrionale), 14 mai 1940) est un poète et écrivain néerlandais. Edgar du Perron est né et a grandi aux Indes néerlandaises, où il commence sa carrière de journaliste et écrivain. Il descendait d’une famille française, patricienne, résidant aux Indes néerlandaises et originaire de la Réunion.
(Wikipedia.)

Les personnes-ressources

2Des deux côtés une pépinière d’historiens et de chercheurs chevronnés était prête à ouvrir la porte des trésors de connaissances accumulées depuis des années, mais dispersées dans nombre de périodiques et de monographies érudites.

3Les multiples universités privées et publiques d’Indonésie possèdent des maîtres confirmés et des chercheurs nombreux dans le domaine de l’histoire religieuse. Des thèses d’histoire ont été soutenues sur place et à l’extérieur, et il faut rappeler que beaucoup d’étudiants indonésiens ont pu se former dans les universités néerlandaises, allemandes, canadiennes ou américaines, nouant ainsi des liens avec les chercheurs étrangers. Le professeur Jan Sihar Aritonang, maître reconnu de l’histoire des Églises indonésiennes, a été en stage, entre autres à l’université de Leyde en 1986 où il a participé à un cours que je donnais à l’époque. C’est lui qui a dirigé le projet en étroite collaboration avec mon collègue et ami Karel Steenbrink.

4Les Pays­Bas portent la marque de l’Indonésie dans de nombreux domaines, par exemple dans celui de la gastronomie. Le plat national hollandais, le célèbre rijsttafel, est en réalité indonésien et se déguste de préférence dans les grands restaurants indonésiens comme le Garoeda et le Tampat Senang de La Haye! Dans les universités néerlandaises, beaucoup de professeurs sont parfaitement à l’aise dans l’une ou l’autre des langues indonésiennes. J’ai été moi­même professeur de missiologie et d’œcuménisme aux Pays­Bas (1974­1995), et je peux témoigner que presque tous mes collègues dans ma discipline avaient un pied en Indonésie. Je fais mémoire du missiologue Jo Verkuyl (1908­2001), de l’université libre réformée d’Amsterdam, auteur de multiples ouvrages en indonésien et en néerlandais, défenseur de l’identité indonésienne mais aussi de la liberté religieuse [3]. Je retrouvais la même familarité avec l’Indonésie chez mes collègues Bert Hoedemaker (Groningue), Anton Honig, Anne Wind et Pieter Holtrop (tous trois de Kampen), Tom Van den End (Apeldoorn), Jan Jongeneel (Utrecht), Alle Hoekema (Amsterdam), entre autres. Je nomme surtout Karel Steenbrink, mon collègue à l’iimo (Institut interuniversaire de recherche missiologique et œcuménique, Leyde et Utrecht), pour lequel l’Indonésie est une seconde patrie. C’est lui qui a sumonter et animer toute une équipe internationale pour mener à bien le grand projet éditorial dont il est ici question. Pour moi qui n’ai jamais mis le pied en Indonésie, cette atmosphère indonésianiste m’a imbibé au point que je me suis aventuré sur les pistes de la recherche indonésienne [4] et que je prends le risque de présenter ce dossier sur l’histoire du christianisme en Indonésie [5]!

figure im3
Marc Spindler

Les infrastructures du projet

5Notre projet éditorial a bénéficié d’infrastructures solides dont je dirai quelques mots. La logistique a été fournie par l’iimo (Interuniversitair instituut voor missiologie en oecumenica) à Utrecht, pour la mise à disposition du personnel scientifique et administratif nécessaire à la recherche, au secrétariat et aux communications nationales et internationales, sans oublier l’existence de bibliothèques universitaires et privées spécialisées et de plusieurs fonds d’archives. C’est à l’iimo que le projet a pris forme et s’est concrétisé.

6L’implantation universaire publique (Utrecht étant une université d’État) a certainement facilité l’obtention de subventions publiques permettant d’inviter des chercheurs étrangers venant d’Indonésie ou d’autres pays pour participer à des sessions de recherche et de concertation entre les différents auteurs des chapitres du livre en chantier. Comme toujours le système du cofinancement, souhaité par tous les donateurs potentiels, a bien fonctionné, et d’autres fondations ont soutenu le projet.

figure im4
Rectorat de l’Université d’Utrecht. Fondée le 26 mars 1636, cette université est l’une des plus prestigieuses d’Europe. Elle accueille aujourd’hui 30 000 étudiants.
figure im5
Logo de l’Université d’Utrecht avec sa devise: Sol Iustitiae Illustra Nos, «Soleil de la justice, éclaire­nous».

7En arrière­plan, l’existence de prestigieuses maisons d’édition était une sécurité pour assurer la réussite complète du projet. On connaît le célèbre kitlv (Koninklijk Instituut voor Taal-, Land- en Volken Kunde) [Institut de recherche sur l’Asie du Sud­Est et la Caraïbe] dont les presses ont édité de nombreux ouvrages sur l’Indonésie. Ce sont les presses du kitlv qui ont publié récemment les anthologies d’archives catholiques indonésiennes préparées et expliquées par Karel Steenbrink [6]. Et Leyde est aussi le siège historique des éditions Brill vouées à l’érudition académique de haut niveau dans le domaine des lettres et sciences humaines. Parmi les nombreuses collections gérées par les éditions Brill, la collection Studies in Christian Mission, que j’avais fondée en 1990 et dont j’étais encore le directeur en 2008, devait être le véhicule rêvé et durable pour faire passer du privé au public les connaissances rassemblées sous le titre A History of Christianity in Indonesia.

La feuille de route

8J’ai montré dans le premier numéro de cette revue comment l’intérêt scientifique pour l’histoire des missions s’est développé aux Pays­Bas, dans un esprit de renouvellement et un souci œcuménique. Les problèmes de l’aide au développement d’une part, la recherche de relations adultes et en somme démocratiques entre Églises du Nord et du Sud d’autre part, ayant peu à peu perdu leur priorité, ont laissé un créneau pour les études historiques [7].

Les deux créneaux de la recherche historique sur les missions

9Cet intérêt historique a suivi deux voies différentes. L’extinction des vocations missionnaires dans les Églises historiques, combinée avec l’expulsion des missionnaires étrangers ou les restrictions drastiques appliquées par plusieurs pays pour l’octroi de visas et de permis de séjour, a conduit les chercheurs à recueillir et analyser «la mémoire missionnaire», autrement dit les souvenirs des agents masculins et féminins des missions étrangères. Ces recherches ont porté leurs fruits sous forme de revues, de biographies et d’autobiographies, d’anthologies et de synthèses critiques.

10L’autre piste de recherche s’est dirigée vers l’histoire des nouvelles Églises qui sont nées par l’effort commun des agents autochtones et des missionnaires venus d’ailleurs (pas toujours du monde atlantique!), sans discrimination raciale ni préférence nationale. Cette histoire ecclésiastique élargie prend sa place, difficilement, dans la périodisation de la matière historique [8].

11C’est sous cette rubrique que le projet d’histoire du christianisme en Indonésie a pris corps. Cette nouvelle perspective impliquait l’inventaire critique des monographies et des synthèses confessionnelles existantes en vue d’un dépassement œcuménique. Il existe en effet un corpus abondant en langue indonésienne et en langue néerlandaise consacré à l’histoire de telle ou telle société ou congrégation missionnaire ou encore de l’Église catholique dans son ensemble ou des Églises protestantes en général [9].

La recherche d’un plan: analyse des études antérieures

12Comment ces histoires confessionnelles étaient­elles construites? Pour répondre à cette question, une étude préliminaire fut entreprise. Les synthèses les plus significatives furent retenues comme éléments de comparaison. La première est en allemand, les trois autres sont en indonésien.

13Dans son histoire du protestantisme en Indonésie [10], Müller­Krüger distingue trois périodes: le régime portugais jusqu’en 1605, le régime de la Voc (Compagnie des Indes Orientales) qui s’écoule de 1605 à 1799, et le régime hollandais de 1800 à 1942. L’auteur quitte l’ordre historique dans cette dernière partie pour adopter un plan géographique avec des chapitres sur les zones de forte présence chrétienne (Moluques, Minahasa, Timor, ainsi que les cadres de l’Église réformée officielle à Batavia), puis les autres grandes îles sont passées en revue: les îles de l’Est, Kalimantan, Java, Sumatra. En conclusion, les progrès de l’œcuménisme protestant sont mis en lumière, et en annexe, les protestants réfractaires à l’idée œcuménique sont décrits, et une dernière petite annexe de huit pages donne une esquisse du catholicisme indonésien. Cet ouvrage montre la difficulté de concilier une approche chronologique uniforme et une approche géographique paradoxalement plus respectueuse des étapes très différenciées de l’action missionnaire et de l’ecclésiogénèse.

figure im6
À Amsterdam, le bâtiment principal, de la Voc (en néerlandais: Vereenigde Oost-Indische Compagnie, littéralement «Compagnie unie des Indes Orientales»).

14Thomas van den End commence son manuel d’histoire de l’Église par une description des contextes religieux évolutifs rencontrés au fil des siècles par le christianisme [11]. L’époque portugaise (1540­1605) est celle de la première implantation chrétienne stable dans l’archipel qui ne constitue pas encore une unité politique. Les chapitres suivants sont consacrés aux destinées du christianisme et du protestantisme réformé en particulier sous le régime de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (Voc), puis à l’arrivée des grandes sociétés missionnaires protestantes de 1800 à 1860.

figure im7
Cathédrale catholique Sainte­Marie à Jakarta.

15La comparaison des différents modèles a montré la nécessité de placer l’histoire du christianisme dans son contexte historique, lui­même sujet à des fluctuations parfois dramatiques. Il n’était donc pas question de créer un portail unique sous la forme d’un chapitre introductif général. Au contraire chaque chapitre serait enrichi de signalements sur les flux du contexte dans la période étudiée. Il fallait aussi prendre en compte les diversités régionales, linguistiques autant qu’ethniques, avant qu’elles ne soient soumises à l’idéal d’unité nationale pour l’ensemble de l’archipel, l’un des cinq piliers de l’idéologie politique du Pancasila définie en 1945. Dans tous les modèles consultés, le plan géographique s’est imposé à côté du plan chronologique. Le nouveau projet a suivi cette voie également.

16Trois chapitres démontrent ensuite les imbrications contrastées de la politique coloniale néerlandasie et des politiques missionnaires de 1870 à 1940. Dans ce contexte général, les développements régionaux sont très divers, notamment en fonction de l’enraciment ethnique de certaines Églises, la diversité étant de plus en plus accentuée par l’entrée en scène de nouvelles spiritualités missionnaires, pentecôtistes, biblicistes («évangéliques»), adventistes. Les chapitres conclusifs examinent la courte période d’occupation japonaise (1942­1945) qui a profondément bouleversé les missions et les Églises locales. En tout cas pour le protestantisme, les années d’après­guerre ont vu l’essor et l’institutionnalisation du mouvement œcuménique indonésien.

17L’ouvrage collectif dirigé par le père Martinus Muskens sous le titre Histoire de l’Église catholique en Indonésie a une structure très claire et calquée sur l’évolution des institutions catholiques [12]. Quatre grandes parties se présentent: le temps des pionniers (env. 645­1600) aux Moluques et aux Célèbes, à Sumatra, Bornéo et Bali; le temps des préfets et vicaires apostoliques (1807­1923); le catholicisme des régions (1900­ 1972); considérations sur la place des catholiques dans l’Indonésie moderne.

18Enfin le père Adolf Heuken, historien très actif jusqu’à ce jour, a publié sous le même titre: Histoire de l’Église catholique en Indonésie, qui s’articule en six parties: contacts épisodiques (du viie au xiiie siècle); essor rapide dans les îles de l’Est de l’archipel au xvie et xviie siècle; la mise à l’ombre du catholicisme sous le régime de la Voc; la recherche de «terres fertiles» dans l’ensemble de l’archipel au xixe siècle; la mise en place des Églises particulières (en d’autres termes: de diocèses de plein exercice) au xxe siècle; la vie de l’Église catholique d’Indonésie (1970­1992) [13].

Plan définitif

19Les débats et les ébauches ainsi esquissés ont finalement abouti au plan suivant, qui a été réalisé dans l’ouvrage publié:

20Première partie: Les prémices jusqu’en 1800

21Le christianisme dans l’Indonésie précoloniale

221. 1530­1670 Islam et christianisme en concurrence?

232. Conversions au catholicisme dans les Moluques, au Minahasa et à Sangihe­Talmaud (1523­1677)

243. La mission des Dominicains à Solor et Timor (1562­1800)

254. L’arrivée du protestantisme et la consolidation du christianisme dans les Moluques (1605­1800)

26Deuxième partie: 1800-2005

27Perspectives chronologiques et régionales

286. 1800­2005: Vue synthétique à l’échelle nationale

297. Christianisme ancien et nouveau dans les îles du Sud­Est

308. Le christianisme en Papouasie

319. Le christianisme moluquais au xixe et xxe siècle entre Agama Ambon et Islam

3210. Le christianisme mis au centre de la culture et de la société au Minahasa

3311. Le christianisme au centre et au Sud des Célèbes

3412. Kalimantan, partie indonésienne de Bornéo

3513. Contrastes aigus à Sumatra

3614. Le christianisme dans la culture et la société de Java

3715. Un petit troupeau à Bali

38Troisième partie: Questions d’intérêt national

39La pensée théologique des chrétiens indonésiens 1850-2000

4016. Le mouvement œcuménique en Indonésie et le Conseil National des Églises

4117. La montée spectaculaire de la mouvance évangélique et pentecôtiste

4218. Les communautés chinoises chrétiennes en Indonésie

4319. L’art chrétien en Indonésie

4420. Les médias chrétiens

45Bibliographie générale et index

Les auteurs

46Vingt­six auteurs ont travaillé à la rédaction du livre. Plusieurs chapitres ont été écrits à quatre mains ou plus. Il faut noter la participation d’un historien indonésien musulman, le professeur Azyumardi Azra, de l’Uni­ versité Islamique de Jakarta (chapitre 2). Les autres auteurs sont catho­ liques ou protestants, la plupart d’entre eux au service de leur Église.

47Voici la liste des auteurs:

Jan Sihar Aritonang, JakartaThomas van den End, Apeldoorn
Azyumardi Azra, JakartaAdolf Heuken, Jakarta
Richard M. Daulay, JakartaAlle Hoekema, Amsterdam
Evert Hoogerwerf, UtrechtJohn M. Prior, Maumere
Rainy Hutabarat, JakartaSimon Rae, Dunedin/ Invercargill, Nouvelle Zélande
Uwe Hummel, Wuppertal
At Ipenburg, Abepura/ MaastrichtKoernia Atje Soejana, Bekasi
Eduard Jebarus, LarantukaYusak Soleiman, Université de Leyde
Christiaan G. F. de Jong,Makassar/ UtrechtKarel Steenbrink, Utrecht
Kees de Jong, YogyakartaBudi Subanar, Yogyakarta
Chris de Jong, Jakarta/ WinterswijkRaimundus I. Made Sudhiarsa, Malang
Eddy Kristianto, JakartaMesakh Tapilatu, Ambon
Volker Küster, KampenFrederik Djara Wellem, Kupang
Arnold F. Parengkuan, Tomohon

48Et j’ajouterai Pauline (Paule) Steenbrink­Maas, Utrecht, qui a composé la bibliographie générale et l’index. Tous les chapitres sont munis d’une bibliographie spéciale qui n’est pas reprise dans la bibliographie générale.

49On a beaucoup regretté que le professeur Fridolin Ukur, doyen des historiens indonésiens, ne puisse pas continuer sa participation au projet [14]. Il est décédé en 2003. Il était présent à la consultation des experts de juin 2000 à Utrecht.

Le journal de bord

50La feuille de route a été adoptée en 1998 à la suite d’échanges et de contacts entre Karel Steenbrink, Jan Aritonang (Jakarta), Hasto Rosariyanto (Yogyakarta), Chris Hartono (de passage à Utrecht), Pieter Holtrop et Tom Van den End. Pour assurer le lien avec les auteurs pressentis et leur rappeler les échéances (!), Karel Steenbrink entreprit la publication d’un journal de bord, The Newsletter of the HCI (History of Christianity in Indonesia project) dont le premier numéro parut en septembre 1998 et le numéro 13, le dernier, en 2005.

51Ce bulletin donnait des nouvelles des uns et des autres, publiait les ébauches des chapitres promis, et annonçait la parution de publications utiles. Ainsi le n°1 publie les bonnes pages d’une étude de Karel Steenbrink sur la pénétration des grandes religions en Indonésie avant 1800, pages que l’on retrouve aussi en partie dans l’article de la présente revue sous sa signature. Le n° 2 pose le problème d’une histoire œcuménique à partir des projets historiographiques déjà très avancés en Amérique Latine et en Inde, et encore en gestation en Afrique. L’exemple de l’histoire œcuménique du christianisme à Madagascar, réalisée en 1992, n’est pas prise en compte. Mais les nouvelles perspectives d’une histoire de l’Église au féminin sont dûment signalées. Le n° 3 publie une étude de Jan Aritonang sur les effets de l’occupation japonaise sur l’organisation des Églises indonésiennes en voie d’autonomie, étude reprise et précisée dans le volume définitif. Le n° 4 donne à Tom Van den End l’occasion de faire le point sur le xixe siècle et de mettre à disposition toute la bibliographie de son manuel d’histoire ecclésiastique Ragi Carita, déjà cité. Le n° 5 donne le programme de la consultation d’experts convoquée à Utrecht du 19 au 23 juin 2000. Dix­sept participants sont attendus en provenance d’Indonésie, de Nouvelle Zélande, d’Allemagne, des États­Unis et des Pays­Bas. Les interventions préfigurent les grands axes du projet et essaient de résoudre la tension entre une approche «nationale» et une approche «régionale». Cette consultation permettra de répartir les tâches d’écriture de façon définitive et de fixer un calendrier, la fin du projet étant envisagée pour 2002. Le n° 6 est le compte rendu de la consultation. Le n° 7 rappelle le schéma directeur et revient sur la question d’une approche géographique qui risque de faire éclater le cadre chronologique. Le n° 8 paru en janvier 2002 est placé sous le signe de l’épouvantable 11 septembre 2001 qui force à réfléchir sur l’islam. On salue la parution du Dictionary of Asian Christianity sous la direction de Scott Sunquist. Le n° 9 s’interroge sur l’attentat de Bali le 12 octobre 2002 et fait le compte rendu de dissertations récentes. Le n° 10 donne des nouvelles de l’avancement du projet, qui prend du retard, et publie un article nécrologique sur le professeur Fridolin Ukur. Le n° 11 constate que le quart des textes promis manque encore à l’appel. Jan Aritonang et Karel Steenbrink s’engagent à prendre le relais et à compléter le manuscrit pour juillet 2005. Le n° 12 daté de mai 2004 donne une dernière série de conseils typographiques destinés à obtenir un manuscrit anglais imprimable. Le n° 13 expose le débat sur la mission de l’Église, entre la position attestataire du père Muskens, et la position contestaire du romancier­ poète catholique Mangunwijaya (1929­1999).

52En fait, lectures et relectures vont se poursuivre encore, avec un passage obligé chez les lecteurs des éditions Brill à Leyde, attentifs à l’harmonisation des chapitres issus de plumes différentes et soucieuses de la qualité de la langue anglaise, qui n’est pas la langue maternelle de la grande majorité des auteurs. En ma qualité de dernier lecteur et directeur de la collection Studies in Christian Mission, je suis finalement très satisfait de l’édition extrêmement soignée qui a été réalisée, comme c’est la règle chez Brill. Le volume est sorti de presse en 2008, dix ans après sa conception!

Notes

  • [1]
    Eddy Du Perron, Le pays d’origine, roman, traduit du néerlandais (Het land van herkomst, 1935) par Philippe Noble, Paris, Gallimard, 1980. Recension exhaustive par Gilbert Hamonic in: Archipel, vol. 23, 1982, p. 220­223.
  • [2]
    Jan Sihar Aritonang & Karel Steenbrink (eds.), A History of Christianity in Indonesia, Leyde, Brill, 2008 (Studies in Christian Mission, 35).
  • [3]
    La bibliographie indonésienne de Verkuyl est impressionnante. Elle a été décrite avec faveur par un théologien indonésien, P.D. Latuihamallo, «De betekenis voor de theologie in Indonesië van de in het Indonesisch geschreven boeken van Verkuyl», in: Zending op weg naar de toekomst. Essays aangeboden aan prof.dr. J. Verkuyl, Kampen, Kok, 1978, p. 21­32. Je n’ai pas connu les grands professeurs qui ont tant marqué la missiologie, Hendrik Kraemer (1888­1965), Johan Herman. Bavinck (1895­1964) et Hans (Johannes Christiaan) Hoekendijk (1912­1975).
  • [4]
    Cf. Marc Spindler, «Algemene inleiding», in: Th. Van den End, J. A. B. Jongeneel, M.R. Spindler (red.), Indonesische geloofsbelijdenissen, Leiden/ Utrecht, IIMO, 1986, p. 3­10; Marc Spindler, «L’histoire des martyrs malgaches vue d’Indonésie», in: Sandra Evers & Marc Spindler (eds.), Cultures de Madagascar: Flux et reflux des influences (…), Leiden, International Institute for Asian Studies, 1995, p. 193­206.
  • [5]
    J’ajoute encore deux facteurs d’ambiance. L’IIMO occupait à l’époque le premier étage de la maison de Snouck Hurgronje, le célèbre orientaliste néerlandais, ancien haut fonctionnaire en Indonésie puis professeur à l’université de Leyde, qui fut le directeur de thèse de Hendrik Kraemer en 1921. Mon bureau avait été, dit­on, la chambre à coucher du professeur! Et au deuxième étage le Bureau des Études Indonésiennes, un laboratoire de recherche dirigé par des indonésianistes che­ vronnés, accueillait sans cesse des chercheurs indonésiens en stage ou en visite.
  • [6]
    Karel Steenbrink, Catholics in Indonesia 1808-1942. A documented history, Vol.1. A modest recovery 1808-1903, Leiden, KITLVPress, 2003; Karel Steenbrink, Catholics in Indonesia 1808-1942. A documented history, Vol.2. The spectacular growth of a self-confident minority, 1903-1942, Leiden, KITLV Press, 2007. Un troisième volume est en préparation.
  • [7]
    Cf. Marc Spindler, «Les métamorphoses de l’histoire missionnaire aux Pays­Bas (1972­ 2006)», Histoire et missions chrétiennes, Vol.1/1, 2007, p. 63­79.
  • [8]
    Cf. Marc Spindler, «De periodisering van de kerkgeschiedenis en de opkomst van het niet­westerse christendom», in: J. de Mooij & I. Smit (eds.), Balans van een eeuw. Wendingen in de historiografie van het christendom 1901-2001, Heerenveen, Groen, 2002, p. 121­129.
  • [9]
    Dans sa recension de notre livre, Rémy Madinier rappelle innocemment que «l’histoire du christianisme en Indonésie n’est pas, loin de là, un champ vierge» et il prend comme exemples quelques synthèses historiques déjà dûment citées par Jan Aritonang et Karel Steenbrink, de Sierk Coolsma (1901) à Martinus Muskens et Fridolin Ukur (1970­1980) dans l’introduction de notre ouvrage, p. viii. L’originalité de notreprojet éditorial n’est pas mise en valeur.Cf.RémyMadinier, «Christianisme en Indonésie», Archipel 81, 2011, p. 236.
  • [10]
    Theodor Müller-Krüger, Der Protestantismus in Indonesien. Geschichte und Gestalt, Stuttgart, Evangelisches Verlagswerk, 1968. Version allemande de l’ouvrage indonésien du même auteur: Sedjarah Geredja di Indonesia, Jakarta, Badan Penerbit Kristen, 2e édition, 1966. (Orthographe indonésienne de l’époque!)
  • [11]
    Thomas Van den End, Ragi Carita. Sejarah Gereja di Indonesia, Jakarta, BPK Gunung Mulia, 2 vols., 1980­1989.
  • [12]
    Martinus Muskens (ed.), Sejarah Gereja Katolik Indonesia, 4 vols., Jakarta, MAWI, 1972­1974. [MAWI = Conférence des évêques d’Indonésie]
  • [13]
    Adolf Heuken (dir.), Ensiklopedi gereja, 5 vols., Jakarta, Yayasan Cipta Loka Caraka, 1991­1995. Un des volumes s’intitule Sejarah Gereja Indonesia. Voir aussi son livre Be my witness on the end of the earth. The Catholic Church in Indonesia before the 19th century, Jakarta, Cipta Loka Caraka, 2002, dont s’inspirent les chapitres 3 et 4 de notre livre.
  • [14]
    Parmi les travaux de Fridolin Ukur, le plus accessible pour les lecteurs occidentaux est peut­être sa brillante présentation de l’histoire des Églises indonésiennes: Fridolin Ukur, «A Brief History of the Churches in Indonesia», CTC Bulletin, Vol.3, nr.2, August 1982, p. 3­11. [CTC = Commission on Theological Concerns of the Christian Conference of Asia]. C’est lui qui mena à bien en collaboration avec Frank Cooley une vaste enquête historique réalisée par les Églises elles­mêmes. Quatorze volumes colligés par Ukur et Cooley sont parus sous le titre Benih yang Tumbuh, suivis par un panorama national rédigé par Fridolin Ukur et Frank Cooley, Jerih dan Juang. Laporan nasional survai menyeluruh gereja di Indonesia, Jakarta, LPS DGI, 1979, xvi + 759 pages. [LPS = Lembaga Penelitian dan Studi; DGI = Dewan Gereja­Gereja di Indonesia, Conseil des Églises en Indonésie] Cet énorme annuaire couvre toutes les Églises chrétiennes.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.9.168

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions