Notes
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[1]
Éditée après le décès de l’auteur : Joseph Michel, Missionnaires bretons d’outre-mer xixe-xxe siècles, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1997, 295 p. (Préface de Jacques Gadille).
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[2]
« Il contemple le ciel ouvert : il en descendait un objet indéfinissable, une sorte de toile immense, qui, par quatre points, venait se poser sur la terre. » (Actes : 10,11.)
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[3]
Jean-Claude Baumont in Jean-Marie Mayeur (dir.), L’histoire religieuse de la France 19e-20e siècle. Problèmes et méthodes, Paris, Beauchesne, 1975, p. 137. Sa mise au point ne compte d’ailleurs que sept pages sur un total de 230.
-
[4]
Renault François, Le cardinal Lavigerie, Paris, Fayard, 1992, 698 p.
-
[5]
Perrot Claude Hélène, Les Sotho et les missionnaires européens au xixe siècle, préf. de Georges Balandier, Annales de l’Université d’Abidjan, 1970, Série F, t. 2, fasc. 1 (Dijon, Daronthère imprimerie, 1970), 172 p.
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[6]
Duboscq Guy et Latreille André (Préface de), Les réveils missionnaires en France au Moyen Âge à nous jours, Paris, Beauchesne, 1984, 423 p. On notera le délai de quatre ans entre le colloque et la publication des actes.
-
[7]
Je pense notamment à la thèse monumentale d’Élisabeth Dufourcq consacrée aux congrégations religieuses féminines hors d’Europe (1992) et à celle de Geneviève Nemo-Lecuir sur l’évolution des congrégations missionnaires féminines au Sénégal (1995). Cf. la liste des thèses à la suite de l’article.
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[8]
Renault François, Lavigerie, l’esclavage africain et l’Europe, 1868-1892, Paris, De Boccard, 1971, 2 t.
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[9]
Coulon Paul, François Libermann (1802-1852) : Relecture historique et théologique de l’itinéraire d’un fondateur missionnaire, Thèse conjointe en Histoire des religions, Anthropologie religieuse (Sorbonne-Paris IV, Thèse nouveau régime) et en Théologie (Institut catholique de Paris), 2001. Ce doctorat porte sur un ensemble de contributions scientifiques.
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[10]
Comby Jean, Deux mille ans d’évangélisation, Paris, Desclée, 1992, 327 p.
-
[11]
Comby Jean (dir.), Diffusion et acculturation du christianisme (xixe-xxe siècle). Vingt-cinq ans de recherches missiologiques par le CREDIC, Paris, Karthala, 2005, 690 p.
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[12]
Ibid., p. 681.
-
[13]
La liste des principales thèses, en particulier celles dont nous citons l’auteur dans le texte, figure en annexe.
-
[14]
Nous laissons de côté l’Amérique bien qu’elle ait été l’objet de thèses importantes.
-
[15]
Hübsch Bruno (dir.), Madagascar et le christianisme : histoire œcuménique, Agence de coopération culturelle et technique, Karthala et éd. Ambozontany Analamahitsy, 1993, 518 p. ; Bruno Hübsch & Daniel Ralibera (dir.), I Madagasikara sy ny fivavahana kristianina : Tantara iraisan’ny Fiangonana, Analamahitsy, Antananarivo, éd. Ambozontany, 1992, 518 p.
-
[16]
Colson Didier, L’Église à l’Île Maurice. Une Église en Île de France (1640-1895), Thèse de 3e cycle, Paris IV, 1983.
-
[17]
Il n’est pas le seul (cf. à la fin de notre article la bibliographie) mais sa recherche a pu se développer dans le temps grâce à son statut universitaire. On trouvera dans la partie « Lectures » de ce numéro un compte rendu de la soutenance de Philippe Delisle en vue de son habilitation à diriger des recherches. Le texte de Philippe Delisle pour cette habilitation a été publié : Catholicisme, esclavage et acculturation dans la Caraïbe francophone et en Guyane au xixe siècle, Matoury (Guyane), Ibis Rouge Éditions, 2006, 103 p.
-
[18]
Une France en Méditerranée. Écoles, langue et culture françaises xixe-xxe siècles, sous la direction de Patrick Cabanel, Paris, Creaphis, 2006, 444 p.
-
[19]
Duteil Jean-Pierre, Le rôle des jésuites en Chine et au Dai-Viet, de la mort de François-Xavier à la dissolution de la compagnie de Jésus : 1552-1773, Thèse nouveau régime, Paris I, 1993, publiée sous le titre : Le mandat du ciel. Le rôle des jésuites en Chine, Paris, éditions Arguments, 1994.
-
[20]
Dharampal Gita, Étude sur le rôle des missionnaires européens dans la formation première des idées sur l’Inde, thèse de 3e cycle, Paris III, 1980. On trouvera une liste des travaux universitaires dans Renouveaux religieux en Asie, Textes réunis par Catherine Clémentin-Ojha, EFEO, 199, p. 243-246.
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[21]
La thèse de Jean-Marie Julia sur l’abbé Monchanin n’a malheureusement pas eu d’effet d’entraînement. L’action des missionnaires est soulignée par Laurent Burel, Le contact protocolonial franco-vietnamien en Centre et Nord Vietnam (1856-1883), Paris VII, 1997.
-
[22]
Lenoble-Bart Annie, Afrique nouvelle. Un hebdomadaire catholique dans l’Histoire 1947-1987, Bordeaux, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1996, 313 p.
-
[23]
On trouvera, dans la partie « Lectures » de ce numéro, le compte rendu de la soutenance de thèse de Flavien Nkay Malu.
-
[24]
Cette voie doit beaucoup aux travaux pionniers des historiens belges, en particulier de Jean Pirotte.
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[25]
Coulon Paul et Brasseur Paule (dir.), Libermann 1802-1852. Une pensée et une mystique missionnaires, Paris, Cerf, 1988, 938 p.
-
[26]
Heullant-Donat Isabelle, Missions impossibles. Essai sur les franciscains et leurs martyrs xiii-xiv e siècles, Recherche inédite en vue de l’habilitation à diriger des Recherches, Université Lumière-Lyon 2, 2006.
-
[27]
Histoire du christianisme (Des origines à nos jours), Tome XIV, Laplanche François (dir.), Anamnèsis, Paris, Desclée, 2000, 750 p.
-
[28]
Bosch David, Dynamique de la mission chrétienne. Histoire et avenir des modèles missionnaires, Paris/Karthala, Lomé/Haho, Genève/Labor et Fides, 1995, 774 p.
1Comment suggérer le chemin parcouru depuis le milieu des années cinquante dans l’étude des missions et des missionnaires ? Un sondage sur un site internet nous a semblé une bonne manière d’en prendre conscience. Il suffit pour cela de se rendre sur le serveur de l’agence bibliographique de l’enseignement supérieur (abes) et de relever les thèses qui comportent la mention missionnaire ou mission.
2Environ soixante-dix titres relèvent sans ambiguïté de la thèse universitaire. La plus ancienne, soutenue à Lyon en 1942 par Guillaume de Vaumas, a longtemps fait figure d’ouvrage fondateur et d’exception : L’éveil missionnaire de la France : d’Henri IV à la fondation du Séminaire des Missions étrangères. Elle est suivie en 1946 d’un second travail bien connu, soutenu à Rennes en 1946 par le spiritain Joseph Michel, L’activité missionnaire de la Bretagne de 1800 à 1940 [1]. La liste reste ensuite vierge jusqu’à 1966. Elle comporte seulement deux thèses soutenues en 1966 et 1967, deux en 1970 et 1973, une en 1971 et 1977. Les résultats changent radicalement à partir de l’année 1979 avec une quinzaine de titres jusqu’à la fin des années 1980 et une vingtaine pour la décennie suivante.
3Le bilan à partir de l’entrée mission est plus difficile à établir. On trouve dans les années de l’entre-deux-guerres des travaux qui comportent le terme mission mais ils sont consacrés à l’étude des représentants en mission envoyés par la République au temps de la Révolution. Puis il faut attendre 1966 pour lire le mot mission dans le titre de la thèse EPHE de Catherine Coquery-Vidrovitch, consacrée à… Brazza, et 1968 pour trouver la thèse de troisième cycle de Marc Michel consacrée à la mission… Marchand. C’est finalement en 1979 que Wencelsas Mvogo soutient dans l’université française la première thèse faisant explicitement référence à la mission catholique : La mission de l’Église catholique au Cameroun en général et chez les Betis en particulier de 1890 à 1961. On observera cependant qu’il a trouvé l’hospitalité à Strasbourg dans le département « Sciences des Religions ». Par la suite, un nombre important de thèses affiche le mot mission mais le terme s’applique de plus en plus souvent à une mission séculière (humanitaire, médicale, scientifique). L’extension hors du champ religieux signale d’emblée la nécessité de ne plus isoler la mission religieuse d’autres formes de mission.
L’entrée de la mission dans l’espace universitaire
4Ces observations, bien que superficielles, nous mettent sur la voie de la première mutation intervenue en cinquante ans, la plus importante de notre point de vue. La mission est devenue en France un objet d’étude pour les historiens universitaires, avec tous les effets et déplacements que cela suppose dans la manière de l’aborder et de l’étudier.
5Il existe en effet une tradition ancienne d’histoire des missions qui relève de la narration, de la chronique, du récit des actes missionnaires. Elle donne dans les années de l’entre deux guerres et de l’immédiat après-guerre plusieurs « histoires des missions catholiques » dont l’expression la plus achevée est l’Histoire universelle des missions catholiques en quatre volumes sous la direction de Mgr S. Delacroix. Le dernier volume, publié en 1958, illustre la modernité du projet dans le soin apporté à la présentation (cartes, photos, croquis), la rigueur des données fournies et le recours à des spécialistes issus de différents pays. Mais la perspective dans laquelle elle se place reste de l’ordre de la démonstration et s’inscrit dans la conviction d’une histoire sainte dont l’Église catholique connaît le sens et la fin. Comme l’écrit le cardinal Feltin, archevêque de Paris, dans la préface du volume : « L’histoire des missions – c’est son grand bienfait – nous fait voir comment l’assiste invisiblement, d’étape en étape, la présence dont Jésus-Christ, son fondateur, lui a fait la promesse, avant d’envoyer ses disciples témoigner de lui à Jérusalem, en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
6Les grandes périodes de l’histoire sont d’ailleurs divisées en aires géographiques dans lesquelles le lecteur assiste au déploiement progressif du catholicisme, sans masquer les reculs et les échecs, mais avec la certitude qu’ils sont passagers. L’arrière-plan de la guerre froide, qui risque à tout moment de dégénérer en conflit nucléaire, les persécutions en Chine, les menaces que font peser certains mouvements de décolonisation poussent à trouver dans l’histoire des raisons d’espérer et des moyens d’échapper à la pression du contexte immédiat. D’une certaine manière l’histoire donne aux acteurs de la mission catholique l’assurance d’être dans le vrai malgré les apparences. L’histoire est le lieu de vérification des textes fondateurs de la congrégation Propaganda fide en 1622, ce que suggère Mgr Celso Costantini, secrétaire de la congrégation, dans la préface du premier volume. L’histoire des missions nous fait assister à la réunion progressive par la papauté des quatre coins de la nappe que Pierre a vue à Joppé [2], vision qui symbolise, selon la constitution Inscrutabili de 1622, la mission confiée au pape de réunir toute l’humanité au sein de l’Église catholique romaine.
7La première condition à remplir pour entrer dans l’âge universitaire était de renoncer à une telle téléologie pour accepter de regarder l’histoire des missions comme un objet parmi d’autres. L’opération était rendue difficile par les conditions qui entouraient la décolonisation et portaient à polémiquer plutôt qu’à observer les faits. A une histoire édifiante ou catéchétique risquait de succéder une contre-histoire militante et démystificatrice qui n’était finalement que l’envers de la première. On pourrait citer ici une série de travaux qui ont été à leur manière une autre histoire sainte, celle de la marche irrésistible des peuples vers la liberté et le progrès, et pour lesquels la mission était uniquement la légitimation idéologique et le bras civilisateur de la colonisation. Sans doute inévitable, parce qu’elle permettait de s’émanciper de la tradition des lettres édifiantes et de rompre avec toute apologétique, cette nouvelle instrumentalisation de l’histoire n’a finalement pas fourni de travaux durables et fondateurs.
8La voie qui s’est révélée la plus féconde en France a eu pour centre névralgique un lieu et un homme. C’est à Lyon, au cours des années 1970, que s’ébauche un réseau dont la tête est Jacques Gadille, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de la ville. Au moment où l’histoire religieuse a le vent en poupe, commence à occuper des positions solides grâce à des centres de recherche reconnus par le CNRS et l’Université, Jacques Gadille va consacrer l’essentiel de ses efforts à la prise en compte, au sein de l’histoire religieuse, de la dimension missionnaire. Il accueille et encourage les jeunes chercheurs, français ou francophones, qui s’engagent dans un chantier peu porteur en terme de notoriété et de carrière. Cet engagement d’un historien reconnu est d’autant plus important que l’état des lieux n’incline pas à l’optimisme. Jean-Claude Baumont, assistant d’Histoire à l’université de Lyon, engagé dans une thèse d’État sur l’Œuvre de la propagation de la foi, est chargé en 1975 par Jean-Marie Mayeur de faire le point sur la recherche en histoire des missions. Il établit un constat qui en dit long : « L’histoire des missions reste un secteur largement marginal par rapport à l’histoire religieuse de la France et par rapport à l’histoire générale. N’est-il pas significatif de voir dans la plupart des histoires de l’Église les missions religieuses dans un chapitre à part, sans lien avec les autres aspects de la vie religieuse, comme si elles ne constituaient qu’une activité supplémentaire et isolée [3]. »
9La bibliographie de 475 titres qui figure à la fin de l’ouvrage est tout aussi révélatrice. La mission y figure au titre des Histoires des missions évoquées plus haut, des travaux de Georges Goyau, une exception pour sa génération, de quelques biographies de fondateurs de sociétés missionnaires comme celle consacrée à Mgr Mazenod par Jean Leflon (trois volumes publiés de 1957 à 1965) [4]. Les travaux proprement universitaires, publiés dans un cadre universitaire, sont très rares : une étude sur les Lazaristes en Éthiopie (Chete Aleme), l’étude consacrée aux Sotho de Claude-Hélène Perrot [5] (1970), un article de Françoise Raison sur le catholicisme malgache (1970), la thèse de Louis Wei Tsing-Sing sur la politique missionnaire de la France en Chine (1957).
10Pourtant, c’est bien la décennie 1970 qui est décisive pour l’intégration des missions dans l’histoire religieuse universitaire. Et c’est au terme de celle-ci que se tient à Lyon le premier colloque universitaire d’histoire suivi d’une publication des actes [6]. Ce changement de climat intellectuel n’est pas le fruit du hasard mais d’une conjoncture favorable. On le doit d’abord à l’état d’esprit qui commence à se diffuser au sein des congrégations missionnaires et qui est sans doute un des effets du climat postconciliaire. Le choc de la décolonisation surmonté, et la solidité des Églises nées de la mission vérifiée, les congrégations missionnaires masculines détentrices des fonds documentaires les plus importants amorcent une ouverture aux chercheurs dont on mesure mal aujourd’hui la révolution culturelle qu’elle supposait. Dans un moment où fleurissaient les écrits mettant en cause les conséquences de la mission et où la critique marxiste dominait le paysage universitaire, on pouvait craindre un repli frileux. Engagé en 1975 dans une thèse de troisième cycle sur l’histoire religieuse de la Réunion, j’ai expérimenté qu’il existait bien alors une inquiétude parmi ces archivistes voyant débarquer chez eux la génération de mai 1968. Et les condamnations abruptes des missionnaires qui émaillaient certaines thèses, à partir d’une lecture rapide et sélective des archives, avaient de quoi alimenter leur inquiétude. Pourtant ces archivistes qui, en France avec la congrégation des spiritains, les lazaristes, les Missions étrangères de Paris, à Rome avec les missions africaines de Lyon, les pères blancs, les jésuites, ont néanmoins choisi l’ouverture ont joué un rôle majeur dans la genèse d’une historiographie universitaire. On peut seulement regretter que les congrégations féminines aient manifesté une résistance provisoire qui retardera l’éclosion simultanée d’une histoire missionnaire au féminin en réservant les archives à quelques… historiennes [7].
11Si l’histoire n’existe pas sans archives, il lui faut évidemment des historiens. La décennie 1970 a, là aussi, était décisive en permettant de dépasser les clivages venus du contexte immédiat. On le sait, l’idée missionnaire connaît au cours des années 1970 une crise profonde qui se traduit dans la jeunesse étudiante par sa dévalorisation rapide. Spontanément associée à la domination coloniale, version Hergé ou marxiste, et peut-être encore davantage assimilée aux prétentions de l’Occident à imposer sa civilisation au prix de la destruction de celle des autres, la mission est perçue comme un anachronisme malfaisant. Il était donc a priori improbable de voir surgir des vocations laïques d’historiens de la mission.
12Pourtant ces pronostics allaient être démentis par une autre donnée. On assiste en effet au même moment au développement de la coopération française avec les jeunes États. Elle se traduit par l’envoi, surtout en Afrique et à Madagascar, de jeunes enseignants, dont un bon nombre avaient une formation en histoire, au titre du service militaire ou de la coopération civile. Sans doute conviendrait-il ici de faire une enquête précise sur l’itinéraire des chercheurs engagés dans l’étude de ces aires culturelles autour des années 1970. Des conversations informelles laissent néanmoins deviner la révélation que fut pour ces jeunes enseignants la découverte d’autres sociétés où le rôle des missions était trop évident pour qu’on l’ignore. Sans doute le regard qu’ils portaient était souvent très critique, et leurs interrogations nombreuses face aux essais missionnaires de construction de chrétienté si contraire à leurs propres modèles de sociétés laïcisées. Mais cela ne pouvait les empêcher de reconnaître l’importance du fait missionnaire. Et cette expérience allait marquer durablement beaucoup d’entre eux. Qu’ils reviennent en France à la fin de leur contrat ou poursuivent leur séjour durant plusieurs années, ils auront en commun la volonté d’appliquer aux réalités religieuses de l’outre-mer les approches, les méthodes, les outils que leur fournissait la recherche universitaire. D’abord à travers des mémoires, puis des thèses de troisième cycle, enfin des thèses d’État, conformément à la hiérarchie du temps, une génération d’historiens de la mission, ou prenant en compte la mission, émergeait, hors de l’espace ecclésiastique et congréganiste.
13On assiste alors à un véritable transfert dans l’écriture de l’histoire missionnaire. Désormais la légitimité scientifique est donnée par l’Université. Les historiens de la mission appartenant à des congrégations religieuses n’ont pas disparu. Mais ils acceptent de se conformer aux normes et aux règles de l’histoire académique, mènent leurs recherches sous la direction de professeurs d’université ou de directeurs du CNRS, préparent et soutiennent des doctorats, intègrent la communauté universitaire quand bien même ils la trouvent parfois encombrée de prénotions anti-missionnaires quelque peu primaires. Les thèses de François Renault sur Lavigerie [8] et la lutte antiesclavagiste, de Joseph-Roger de Benoist sur Église et pouvoir colonial au Soudan français, le doctorat de Paul Coulon sur Libermann [9], sont les exemples les plus connus de cette petite révolution. Ces clercs entrés en histoire universitaire ont produit des thèses ou des ouvrages de vulgarisation de grande qualité (ainsi Bruno Hübsch pour Madagascar, ou Jean Comby [10] à Lyon). Ils jouent un rôle considérable dans le décloisonnement voulu par Jacques Gadille. Ils assurent en effet la communication entre les historiens laïcs et les archives des sociétés missionnaires et contribuent à faire reculer les préventions des uns et des autres.
14La convergence de facteurs favorables à un décollage de l’histoire des missions n’aurait peut-être pas débouché sur une synergie sans la création du CREDIC en 1979 à Lyon, autour de Jacques Gadille, de Jean Comby et quelques autres. Son histoire en a été faite récemment et il est inutile d’y revenir [11]. Cette modeste association eut en effet l’idée féconde de s’attaquer à l’histoire des missions… en faisant l’économie du terme mission dont l’usage aurait alors fait fuir la quasi-totalité des historiens laïcs. En déplaçant l’approche du côté de l’acculturation et de l’inculturation, le CREDIC invitait les chercheurs à aller jusqu’au bout d’une émancipation intellectuelle nécessaire. Mais c’était aussi le préalable indispensable à la réappropriation de l’objet missionnaire, en dehors de toute lecture prédéterminée par une adhésion confessionnelle, non pas par incompatibilité de principe entre rigueur scientifique et option religieuse du chercheur, mais pour permettre de penser autrement l’expérience missionnaire. Et il convient ici de souligner l’importance qu’a eue ce réseau pour encourager les chercheurs, maintenir la flamme et surtout ouvrir systématiquement la recherche à toutes les approches et à tous les questionnements. Réunir, même pour une courte session, d’anciens missionnaires et des historiens critiques, par-delà les engagements militants et les clivages idéologiques, n’allait pas de soi. Comme le met en évidence l’ouvrage publié pour le vingt-cinquième anniversaire [12], la liste des thèmes abordés dans les colloques d’été, et publiés, suffit à démontrer le chemin parcouru par l’histoire des missions à partir des années 1980.
15Ajoutons enfin que l’histoire a besoin de visibilité pour exister et que la question récurrente des travaux scientifiques reste celle de leur édition. Or l’émergence de l’histoire des missions a bénéficié dans le même moment de la fondation des éditions Karthala qui marquent elles aussi un tournant. Même si l’objectif est beaucoup plus large, Robert Ageneau savait l’importance du facteur religieux et lui accorda d’emblée une place de choix parmi ses publications. Il accueillit ainsi de multiples travaux universitaires qui purent accéder aux rayons des libraires et figurent désormais sur des catalogues. La proportion des bonnes thèses d’histoire religieuse et missionnaire qui ont trouvé un débouché éditorial a même de quoi rendre jaloux les chercheurs engagés sur le front de l’histoire économique et sociale. Et la perspective d’atteindre un public plus vaste que celui réuni le jour de la soutenance d’un doctorat constitue un stimulant incontestable. Karthala accepta aussi de se faire le diffuseur de la revue d’histoire Mémoire Spiritaine, dont Jacques Gadille fait le bilan des douze ans de parution (1995-2006) dans ce numéro et qui ne disparaît que pour être reprise par le même éditeur dans une perspective plus large, sous le titre – que vous avez sous les yeux – d’Histoire & Missions Chrétiennes.
Le temps de la récolte
16Imposer au lecteur un tableau systématique des travaux qui arrivent à terme depuis les années 1980 serait peu utile et fastidieux [13]. C’est pourquoi nous avons choisi de regrouper les résultats obtenus en France et de dégager quelques tendances. La première entrée est géographique et permet de repérer les zones bien étudiées et celles qui sont délaissées. La seconde est thématique et met en évidence les types d’approches qui ont été privilégiés par les chercheurs dans l’étude du fait missionnaire. L’une et l’autre ont en commun la volonté d’aborder l’histoire des missions dans le cadre d’une histoire globale qui fait de la mission un élément essentiel de l’histoire coloniale et post-coloniale.
Petite géographie de l’histoire des missions
17L’espace qui a été l’objet de la majorité des recherches universitaires correspond pour l’essentiel à celui de l’ancien domaine colonial français et de congrégations missionnaires en majorité françaises [14]. Rien de surprenant à cela d’autant que ce sont aussi les pays dans lesquels la coopération s’est déployée, favorisant à la fois l’investissement d’historiens français dans l’étude des pays où ils étaient en poste et l’investissement de chercheurs autochtones initiés à la recherche par les premiers. Madagascar apparaît particulièrement bien traitée, avec une succession remarquable de travaux universitaires à partir de 1970, au point qu’une synthèse a pu être proposée sous la direction de Bruno Hübsch [15] dès 1993. Rédigé par des chercheurs malgaches et étrangers, protestants et catholiques, coédité à Madagascar et en France, en malgache et en français, aidé par l’Agence de coopération culturelle, l’ouvrage symbolise l’ambition d’une histoire scientifique supranationale et supraconfessionnelle.
18À la périphérie de Madagascar, les Mascareignes sont aujourd’hui des îles bien documentées. La présence d’une université à la Réunion a permis un rapide développement des travaux à partir du début des années 1980 sous l’impulsion de Prosper Ève. Le caractère universitaire est moins affirmé à Maurice, où la thèse de Didier Colson [16] n’a pas eu les effets espérés. Mais les données réunies par des érudits et ecclésiastiques locaux constituent une base solide pour des approches davantage problématisées qui seront discutées dans un prochain colloque à Saint-Denis de la Réunion (mai 2007).
19Si l’on se porte du côté de l’Afrique, le Cameroun y constitue le territoire le mieux étudié pour des raisons assez proches de celles observées à Madagascar. Dans un premier temps, au moins dans les ouvrages historiques, l’approche politique et l’étude de l’action missionnaire dominent par rapport à l’approche anthropologique. Les thèses récentes dessinent un renversement de la tendance au profit des réactions autochtones à la mission et de l’étude des modes d’africanisation du christianisme. Les autres pays de la zone n’ont pas bénéficié d’une égale attention. Le Centre-Afrique, le Congo Brazzaville et le Gabon disposent cependant depuis quelques années de thèses d’un grand intérêt. De son côté l’Afrique occidentale, où l’action missionnaire, moins productive en nombre de conversions, a joué un rôle majeur dans les changements sociaux et culturels, a été l’objet d’une thèse d’État (Joseph-Roger de Benoist) et de plusieurs thèses qui ont porté sur le Burkina Faso, le Mali, le Dahomey (Bénin) et le Sénégal mais les conditions matérielles semblent freiner le développement des études.
20Au final l’Afrique attend la synthèse qui prendra en compte l’ensemble de ces travaux. L’opération a été amorcée dans les tomes 11, 12 et 13 de l’Histoire du christianisme publiés sous la direction de Jacques Gadille et Jean-Marie Mayeur pour la période contemporaine. Mais le retard reste sensible en comparaison des histoires du christianisme africain anglophones (Hastings, Baur).
21Parfois l’activité planifiée d’un chercheur permet à une région de trouver en quelques années la place qui lui manquait. C’est ainsi que l’histoire du catholicisme dans les Caraïbes est aujourd’hui méthodiquement explorée, principalement grâce aux travaux de Philippe Delisle, depuis sa thèse de troisième cycle jusqu’à son habilitation à diriger des recherches [17]. Ses ouvrages font aussi la démonstration que les séquelles d’un passé tragique marqué par l’esclavage doivent être assumées. De cette manière l’historien, même si ce n’est pas son premier objectif, contribue à la construction critique des identités, au risque de devoir affronter parfois les effets de la confrontation entre demande de mémoire et offre d’histoire.
22Aux frontières de l’Europe la Méditerranée orientale a fait récemment l’objet d’un important colloque qui a permis de faire le point sur les travaux réalisés [18]. Il a confirmé que le Proche-Orient est devenu un espace privilégié grâce à des thèses remarquables consacrées aux jésuites du Liban (Chantal Verdeil) et à l’activité d’autres congrégations (Christiane Babot, Jérôme Bocquet). Il a aussi rappelé que la mission en tant que diffusion d’un message universel a cessé d’être une spécificité chrétienne après la fondation de la Mission laïque à Paris en 1902. Cette dernière trouve dans l’Empire ottoman son principal champ d’intervention, à côté des écoles des congrégations, des missions protestantes et de l’Alliance israélite universelle.
23L’aire Pacifique ne pouvait être ignorée car elle est peut-être celle qui a été le plus profondément transformée par les missions catholiques ou protestantes. Ces îles ont constitué un lieu d’expérimentation idéal pour la construction des sociétés chrétiennes dont rêvaient les missionnaires. Comme les îles créoles elles sont un révélateur exceptionnel. Frédéric Angleviel pour Wallis et Futuna, Claire Laux avec l’étude des théocraties des mers du sud, ont donné à la recherche, initiée par des religieux maristes, un caractère universitaire qui devrait se développer grâce à l’activité des universités françaises locales.
24Ce rapide bilan révèle aussi des lacunes. Les missions asiatiques restent trop peu étudiées, surtout si l’on pense à leur poids démographique. Quelques thèses ont cependant ouvert la voie au renouvellement et à l’élargissement des connaissances. C’est Alain Forest qui a inauguré une nouvelle historiographie en 1997 avec sa thèse d’État consacrée aux missionnaires du Tonkin et du Siam aux xviie et xviiie siècles. Dans le cadre moins ambitieux des « nouvelles thèses », les travaux ont longtemps privilégié l’action des jésuites à l’époque moderne (Duteil [19]) avant que le champ ne s’élargisse à l’école catholique dans la République chinoise (Martine Raibaud) et, tout récemment, au rôle des jésuites à Taïwan (Alexandre Chen). L’étude des immenses territoires délégués aux MEP, pourtant facilitée par un fonds d’archives accessible parfaitement classé, se limite pour l’heure à l’espace tibétain (Laurent Deshayes) en attendant l’achèvement d’une thèse prometteuse consacrée au collège de Penjang. L’Inde est pratiquement délaissée en dehors d’incursions ponctuelles par ailleurs remarquables [20]. L’ouverture de l’ancienne Indochine, en particulier du Vietnam, laisse espérer de prochaines initiatives en vue de lancer une étude méthodique du christianisme dans ces pays [21].
Nouvelles approches
25Si l’histoire doit prendre en compte les demandes identitaires, car chaque peuple a plus que jamais besoin de se définir et se situer dans un espace mondialisé, si les histoires particulières des Églises locales sont nécessaires pour construire la communauté des croyants et réfléchir à la place du christianisme dans la nation depuis son introduction par les missions, l’histoire des missions ne peut subordonner ses objectifs aux attentes des nations et des Églises. Elle participe d’une histoire beaucoup plus vaste qui concerne la société dans son ensemble. C’est pourquoi les travaux universitaires s’appliquent à articuler la connaissance des faits missionnaires avec l’interprétation des effets de la mission sous l’angle politique, économique, social et culturel. Certaines études de cas auxquelles nous avons fait référence plus haut ont choisi de privilégier la dimension politique, par exemple les relations entre Église et pouvoir colonial (Joseph-Roger de Benoist). Beaucoup s’interrogent sur le rôle des missions dans l’introduction de la modernité occidentale, par exemple à travers la presse (Annie Bart [22]). Une tendance lourde tend à donner la priorité à la réception du christianisme d’un point de vue social et culturel.
Priorité au croisement de l’Histoire et de l’Anthropologie
26Les thèses soutenues par des chercheurs issus des pays de mission sont particulièrement marquées par la volonté de comprendre ce qui passe du point de vue des structures sociales et mentales des populations touchées par la mission. Il en résulte un double déplacement. L’histoire des missions doit désormais beaucoup à l’anthropologie et passe du côté des destinataires pour comprendre comment ils ont reçu ou refusé l’offre missionnaire, ce qu’ils ont repris à leur compte et ce qu’ils ont transformé.
27L’entreprise était difficile parce qu’elle suppose de réunir des sources fiables. Les enquêtes orales ne fournissent pas la réponse à toutes les questions posées et les archives conservées ne témoignent qu’indirectement de la réception autochtone et de l’action des « auxiliaires indigènes ». La reconstruction des mécanismes d’appropriation est conduite à procéder par analogie avec des situations contemporaines, étudiées par des anthropologues, au risque d’anachronismes. Néanmoins des travaux fondateurs ont démontré la possibilité de mobiliser les outils et les concepts de l’anthropologie pour aller au cœur de l’action des missions et des réactions qu’elles suscitent. Dès 1979 le Canadien Lucien Laverdière avait déplacé le point de vue classique en s’interrogeant sur la perception de la mission et des missionnaires par les populations évangélisées. Mais l’entrée par les représentations a ses limites et ne permet pas d’aller au cœur des contacts concrets, au quotidien, pour reconstituer et interpréter les logiques qui sont mises en mouvement. Il faut donc que l’historien soit capable d’exploiter des sources multiples et surtout de les lire autrement. La grande thèse de Françoise Raison-Jourde est à nos yeux l’exemple le plus abouti en ce sens et elle doit servir de référence, même si elle donne, pour des raisons évidentes, la première place aux missions protestantes. Elle montre comment les archives disponibles – manuscrits, imprimés, chants, iconographie –, permettent de reconstituer la trajectoire sociale (deuxième partie) et la trajectoire culturelle (troisième partie) du christianisme à Madagascar.
28De nombreux travaux confirment la fécondité du croisement de l’histoire et de l’anthropologie. Il s’est imposé dans l’étude des sociétés créoles, aux Mascareignes, dans les Antilles, au Brésil, là où le catholicisme joue manifestement un rôle moteur qui reste à approfondir. Il apparaît spontanément comme une nécessité urgente aux chercheurs issus des anciens pays de mission qui ont eux-mêmes vécu la tension entre tradition et modernité chrétienne et européenne. Il n’est donc plus envisageable aujourd’hui d’aborder l’action missionnaire sans s’interroger sur la culture des populations christianisées pour comprendre leurs réactions à la mission. Ce travail d’investigation, que les missionnaires faisaient empiriquement dans leurs rapports et leur correspondance (et dont les anthropologues se servent largement) suppose de connaître les recherches des ethnologues à propos de l’acculturation. Je pense, par exemple, aux travaux de Jean Benoist sur les sociétés créoles, Jean-François Baré sur le Pacifique, René Bureau, Philippe Laburthe-Tolra et André Mary sur l’Afrique subsaharienne. De manière tout à fait arbitraire, on peut citer comme exemple de mise en œuvre récente et réussie de cette lecture historique et anthropologique la thèse soutenue en 2006 par le Congolais (Congo Kinshasa) Flavien Nkay Malu, La chèvre et la croix [23]. Elle innove en faisant de la lecture anthropologique, non pas un préalable (la description de la tradition censée ouvrir une thèse d’histoire comme élément du contexte) mais un second volet, tout autant historique que celui consacré au travail missionnaire, parce qu’elle observe la réaction autochtone, inséparable de l’action missionnaire. Cette solution présente l’avantage de ne pas figer la tradition des ancêtres dans un passé immobile mais de la montrer à un moment décisif, en train de négocier avec l’irruption des missionnaires et de la colonisation. L’exercice est évidemment délicat car il suppose que le chercheur possède une double compétence. Mais il est la seule manière de compenser le déséquilibre de sources qui, massivement produites par les missionnaires, ont longtemps laissé penser que le missionnaire est le seul ou le principal acteur de la transformation. Toutes les thèses récentes soulignent au contraire que son efficacité est dépendante de relais autochtones : chefs, instituteurs, interprètes, catéchistes ; sans compter la part encore trop peu étudiée des femmes, missionnaires ou indigènes, dans le processus de christianisation. C’est finalement la meilleure manière d’entrer dans les mécanismes de l’appropriation autochtone.
La construction des représentations missionnaires
29Le filon anthropologique peut aussi se décliner du point de vue de la culture des missionnaires et des sociétés qui les envoient. L’étude des représentations missionnaires de l’autre, à travers les périodiques et les correspondances [24], a débouché sur une série de travaux de qualité depuis la thèse de Bernard Salvaing en 1980. L’utilisation conjuguée du texte et de l’image, comme l’a pratiquée Frédéric Garan pour la Chine, montre la complexité et l’évolution des représentations diffusées par les milieux missionnaires, bien loin de la vulgate à laquelle certains veulent réduire la vision européenne en s’appuyant sur les zoos humains et les villages indigènes donnés lamentablement en spectacle dans les expositions coloniales. Laurick Zerbini montre de son côté, avec une patience qui commence à porter ses fruits, que les missionnaires ont aussi joué un rôle considérable dans la construction des musées ethnographiques, la perception des arts, qualifiés maladroitement de primitifs, puis de premiers, et elle attire notre attention sur ces musées missionnaires menacés de disparition.
30La représentation ne se comprend finalement qu’en examinant le discours produit par le contact des hommes et des cultures. Elle n’est jamais monolithique et figée mais interactive comme le démontre Oissila Saaïdia quand elle compare la vision réciproque de l’autre religion par des missionnaires catholiques et des intellectuels musulmans sunnites.
Diversité nécessaire des approches
31Le courant dominant qui porte les historiens de la mission vers l’histoire culturelle ne doit cependant pas leur faire oublier l’importance d’autres approches inspirées des sciences politiques et de la sociologie. Les combinaisons possibles sont nombreuses. La thèse que Yannick Essertel a consacrée aux missionnaires lyonnais apparaît relativement isolée dans notre panorama. Elle se distingue pourtant nettement du travail du père Joseph Michel par sa méthode et ses perspectives. Elle illustre la possibilité de renouveler des approches classiques grâce à de nouveaux questionnements et aux outils statistiques que fournit l’informatique.
32Le recours à la sociologie aboutit parfois à adopter des lectures en rupture avec l’historiographie. La mission peut s’étudier comme une entreprise religieuse qui tente d’occuper un marché concurrentiel. La déréglementation de ce marché, dès lors qu’il est ouvert à toutes les offres religieuses, nous rend aujourd’hui sensible à cette dimension. Le constater ne signifie pas forcément évacuer la spécificité de la mission chrétienne mais proposer une autre entrée qui met à jour une part de cette histoire. La démonstration en a été faite par la thèse de Giuseppe Buffon consacrée aux franciscains et à la custodie de Terre Sainte.
Propositions
33L’histoire des missions comporte le risque d’isoler les études de cas du système missionnaire global dans lequel elles s’inscrivent. Le caractère institutionnel, systémique, qui paraît aux jeunes chercheurs très austère, semble actuellement délaissé, ou abandonné aux défenseurs de la mémoire des sociétés missionnaires. Prendre pour point de départ d’une recherche scientifique une société missionnaire semble pourtant une voie qui mérite d’être à nouveau explorée, par exemple en exploitant les modèles de la sociologie. Mais elle implique, à notre sens, d’être combinée avec une approche interne qui explore la pensée et la spiritualité congréganiste, approche dont Paul Coulon et Paule Brasseur avaient donné l’exemple en 1988 avec le gros ouvrage collectif Libermann, une pensée et une mystique missionnaires [25]. La difficulté réside ensuite dans l’articulation de la mécanique institutionnelle avec le point de vue des acteurs. La solution nous semble résider dans la mise en évidence des modèles qui permettent à un moment donné de traduire dans les faits une théologie et une spiritualité. Car ces modèles ne cessent d’évoluer avec la société et la culture de leur temps. La mission n’est pas hors de la modernité mais bien une dimension de celle-ci, parmi beaucoup d’autres. L’analyse des situations missionnaires a d’ailleurs mis en évidence que l’opposition modernité/christianisme, censée caractériser l’époque contemporaine, occulte à quel point le catholicisme est étroitement lié à cette modernité, y compris quand il la combat. Ce n’est pas un hasard si le milieu du xixe siècle, l’époque de Libermann et de Lavigerie, fut celle où la mission comme aventure personnelle (Mgr de Solages à Madagascar) laissa la place à l’aventure planifiée sous l’autorité romaine au sein d’une congrégation. L’utopie s’incarnait pour devenir efficace. Mais en négociant avec le réel, c’est-à-dire la colonisation, elle court désormais les risques de concessions et de dérive inhérents à une telle négociation. C’est pourquoi on doit souhaiter que des travaux, individuels ou collectifs, s’attaquent aussi à l’étude méthodique des sociétés missionnaires pour comprendre comment elles s’adaptent à de nouvelles demandes sociales et contribuent à inventer de nouvelles réponses. Plusieurs colloques récents organisés par les spiritains ou les assomptionnistes ont jeté les jalons de ces histoires particulières. Il leur faut maintenant entrer dans un cadre général qui en propose une interprétation d’ensemble. Des colloques et des ouvrages collectifs commencent à mettre en perspective historique les modèles missionnaires successifs, leur contestation, leur réinvention, leur sécularisation partielle, depuis les missions jésuites du xvie siècle aux missions humanitaires des French doctors. Une synthèse permettrait sans doute de réintégrer définitivement la dimension missionnaire, non seulement dans l’histoire religieuse du christianisme, mais dans celle de la culture européenne. Elle constitue une entrée privilégiée pour comprendre le rapport de l’homme occidental à l’autre, pour ne pas le réduire à une représentation négative, pour explorer comment cette expérience a aussi été une manière de nouer des liens et d’entreprendre la critique des certitudes acquises, fut-ce au prix d’une mauvaise conscience et d’actes de repentance dont on peut discuter la signification. L’idée missionnaire, dont une recherche en histoire médiévale vient de montrer l’émergence, sans qu’elle puisse encore s’affirmer tout à fait, du xiiie au xve siècle, est sans aucun doute intimement liée à l’histoire de la culture européenne [26].
34Parallèlement à son inscription dans l’histoire culturelle « globale » de l’Europe (et de l’Amérique du nord), l’histoire des missions catholiques doit aussi assumer son caractère… catholique et en tirer les conséquences. Les missions catholiques, depuis 1622 et la fondation de la Propagande, constituent un système triangulaire dont la compréhension passe par la prise en compte de ses trois dimensions : action de sociétés missionnaires – sur un territoire délimité – sous l’autorité de la papauté. L’intérêt des premiers historiens, membres de sociétés missionnaires, s’est porté spontanément sur leurs instituts, pour en faire la promotion plutôt que l’analyse scientifique. Il s’est focalisé ensuite sur l’expérience du terrain missionnaire et la formation des Églises qui s’y sont développées. Les chercheurs ont éprouvé davantage de difficultés à se placer au centre du système, c’est-à-dire à intégrer le rôle de Rome. Sans doute faut-il y voir, pour partie, une tradition intellectuelle française qui sous-estime l’importance du centre romain, le perçoit avant tout comme un juge qui légifère ou qui sanctionne. Beaucoup d’études de cas passent ainsi sous silence le rapport à Rome qui m’est pourtant apparu essentiel dans la mission catholique. La papauté, à travers la Propaganda fide, assure la régulation du système, dispose d’une autorité réelle, même si elle n’est pas absolue. Elle n’a presque jamais l’initiative mais presque toujours le dernier mot parce qu’elle est la seule source de légitimité. Elle n’est pas immobile et sa doctrine missionnaire épouse les évolutions de la base tout en s’appuyant sur le socle des fameuses instructions de 1659. Mais observer la mission à partir de Rome, c’est aussi comprendre comment se joue le lien entre mission et politique, notamment dans les relations complexes entre la Propagande et la Secrétairerie d’État, et comment le catholicisme gère son internationalisation progressive. L’enjeu historiographique est donc majeur. L’ouverture des archives vaticanes pour l’entre-deux-guerres devrait stimuler des recherches qui prolongeront, compléteront, discuteront mes conclusions fondées sur le pontificat de Léon XIII. Le pontificat de Pie XI, marqué par une série d’initiatives missionnaires décisives, mérite manifestement qu’on y regarde de plus près pour comprendre l’évolution après la deuxième guerre mondiale. L’ouverture actuelle des archives du Vatican est un appel à s’y plonger.
Conclusion : 1975-2007, d’un bilan l’autre
35Le bilan qu’on peut établir en 2007, comparé à celui que dressait Jean-Claude Baumont en 1975, montre combien, en une génération, l’histoire des missions a changé de statut. À lire le dernier tome de l’Histoire du christianisme [27], on voit même qu’elle tend à devenir centrale, reflétant en cela le déplacement du centre de gravité du catholicisme vers les Églises issues de la mission. Mais cet intérêt pour l’histoire des missions déborde largement le cadre de l’histoire confessionnelle et du seul catholicisme. Elle constitue une donnée indispensable pour analyser la construction des nations issues de la décolonisation, leur évolution politique, leur structure sociale. Elle est un poste d’observation sans équivalent, parce que documenté sur les réalités du terrain au quotidien, pour étudier les contacts et les affrontements entre culture européenne et cultures des pays de mission. Parce qu’elle est un miroir grossissant, elle est un détour nécessaire pour analyser l’évolution de cette culture européenne qui balance entre prétention à l’universalisme et critique de ses ambitions, entre volonté de puissance et volonté de comprendre. À condition de ne pas oublier qu’un miroir est aussi déformant.
36Maintenant bien installée dans l’histoire universitaire, en particulier grâce aux universités de Paris et Lyon, l’avenir de l’histoire des missions devrait incliner à l’optimisme. Néanmoins il ne faut pas sous-estimer sa fragilité. Elle exige pour les années à venir l’internationalisation de la recherche et une généralisation du travail en réseau. Mais cela suppose que le passage des frontières, pour participer aux colloques et consulter les fonds d’archives européens, ne soit pas une course d’obstacles épuisante et décourageante pour les chercheurs non-européens. Cette histoire a en outre besoin de synthèses, certes provisoires, mais indispensables car elles permettent d’atteindre un public plus vaste et se susciter des vocations de chercheur. Or la réforme des thèses a favorisé le développement de recherches ciblées et limitées qui attendent d’être intégrées dans une perspective d’ensemble.
37En somme la richesse des données disponibles rend possible une réflexion systématique sur l’histoire de la mission, de son invention, de ses mutations, de ses mises en œuvre, de ses héritages qui serait le pendant historique de la synthèse théologique de David Bosch : Dynamique de la mission chrétienne [28].
Bibliographie
Choix de thèses d’Histoire contemporaine soutenues dans les Universités françaises depuis 1980
Pour les travaux universitaires entre 1960 et 1980, on se reportera à :
- Comby Jean, Gadille Jacques, Prudhomme Claude, Bibliographie d’Histoire religieuse contemporaine. Acculturation du christianisme hors d’Europe, Lyon III, 1981.
- Angleviel Frédéric, Wallis et Futuna 1801-1888. Contacts, évangélisations, inculturations, Thèse nouveau régime, Montpellier III, 1989, 965 p.
- Babot Christiane, Les missions jésuites et assomptionnistes en Anatolie à la fin de l’Empire ottoman et au début de la République turque, Thèse nouveau régime, Strasbourg 2, 2000, 514 p.
- Benoist Joseph-Roger, Les Relations entre l’administration coloniale et les missions catholiques au Soudan français et en Haute-Volta de 1885 à 1945, Thèse d’État, Paris VII, 1985, publiée par Karthala en 1987 sous le titre Église et pouvoir colonial au Soudan français. Administrateurs et missionnaires dans la boucle du Niger (1885-1945).
- Bocquet Jérôme, Le collège Saint-Vincent des pères lazaristes de Damas : l’enseignement français en Syrie (1864-1967), Thèse nouveau régime, Paris I, 2002, 3 vol.
- Delisle Philippe, Renouveau missionnaire et société esclavagiste. La Martinique 1815-1848, Thèse nouveau régime, Lyon 3, 1995, publiée par Publisud en 1997.
- Deshayes Laurent, La mission du Tibet 1846-1952 : des pionniers, des prêtres, des Français entre Chine et Tibet, Thèse nouveau régime, Nantes, 2001, 2 vol.
- Drevet Richard, Laïques de France et missions catholiques au xixe siècle : L’œuvre de la Propagation de la Foi, origines et développement lyonnais (1822-1922), Thèse nouveau régime, Université Lumière Lyon 2, 2002.
- Dufourcq Élisabeth, Une forme de l’expansion française : Les congrégations religieuses féminines hors d’Europe de Richelieu à nos jours. Histoire naturelle d’une diaspora, Thèse IEP, 1993, 6 vol., publiée sous ce titre par Librairie de l’Inde, 1993, 4 vol.
- Essono Mezui Hervé, Église catholique, vie politique et démocratisation au Gabon (1945-1995), Thèse nouveau régime, Université Lumière Lyon 2, 2006.
- Forest Alain, Les missions françaises au Tonkin et au Siam (xvie-xviie siècles). Analyse comparée d’un relatif succès et d’un échec, Thèse d’État, Paris VII, 1997, publiée en trois volumes à L’Harmattan, 1998.
- Fouellefak Kana épouse Dongmo Célestine Colette, Le christianisme occidental à l’épreuve des valeurs religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamileke au Cameroun (1906-1995), Thèse nouveau régime, Université Lumière Lyon 2, 2005.
- Garan Frédéric, Itinéraires photographiques, de la Chine aux « Missions catholiques » (1880-1940), Thèse nouveau régime, Université Lumière Lyon 2, 1999.
- Ilboudo Jean, Le christianisme du Moogo, 1899-1949. L’ébranlement des structures : un point de vue indigène, Thèse 3e cycle, Lyon II, 1985, 363 p.
- Julia Jean-Marie, L’œuvre missionnaire de l’abbé Jules Monchanin en Inde 1938-1957, Thèse 3e Cycle, Lyon III, 1983, 634 p.
- Laux Claire, Les théocraties missionnaires en Polynésie durant le premier xixe siècle, Thèse nouveau régime, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 1998, 2 vol., publiée aux éditions L’Harmattan, 2000, 382 p.
- Lenoble-Bart Annie, La Presse au Rwanda : production, diffusion et lecture depuis le début du siècle, Thèse de 3e cycle, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3, 1982, 2 vol., 412 p.
- Lupo Pietro, Contribution à l’histoire du catholicisme à Madagascar à la fin du xixe siècle. L’Église confiée aux laïcs d’après l’histoire-journal de Paul Rafiringa, 1894-1895, Thèse 3e cycle, Paris I, 1981, publiée par les éditions du CNRS en 1990.
- M’Berio Albert, Identité culturelle et enseignement catholique en Centrafrique 1930-1978, Thèse de 3e cycle, Lyon III, 1982, 512 p.
- Mouyoula Prosper, Crises et mutations politiques au Congo-Brazzaville. Radioscopie et interprétation d’une histoire complexe (1946-1996), Thèse nouveau régime, Université Lumière Lyon 2, 2004.
- Muhemu Sibao Sitone Matthieu, Naissance et croissance d’une Église locale (1896/97 – 1996) – Le cas du diocèse de Butembo-Beni au Congo Kinshasa (RDC), Thèse nouveau régime, Université Lumière Lyon 2, 2006
- Nemo-Lecuir Geneviève, Femmes et vocation missionnaire, permanence des congrégations au Sénégal de 1919 à 1960 : adaptation ou mutation ? Impact et insertion. Thèse nouveau régime, Paris I, 1995, 978 p.
- Nkay Malu Flavien, La Croix et la chèvre : les missionnaires de Scheut et les Jésuites chez les Ding orientaux de la République Démocratique du Congo (1885-1933), Thèse nouveau régime, Université Lumière Lyon 2, 2006.
- Ouassongo Olivier, Mgr Augouard et les missions catholiques du Congo français de 1878 à 1921, Thèse nouveau régime, Université de Provence, 2002, 494 p.
- Prudhomme Claude, La Réunion 1815-1871, un essai de chrétienté, Thèse de 3e cycle, Lyon III, 1980. Publiée en partie sous le titre : Histoire religieuse de la Réunion, Paris, Karthala, 1984, 369 p.
- Prudhomme Claude, Stratégie missionnaire du Saint-Siège sous le pontificat de Léon XIII. Centralisation romaine et défis culturels, Thèse d’État, Lyon III, 1989, 2 vol., publiée (sauf un chapitre) sous ce titre par l’École française de Rome, Diffusion De Boccard, 1994, 621 p.
- Raibaud Martine, L’enseignement catholique en Chine sous la République de 1912 à 1949, Thèse nouveau régime, Paris VII, 1997.
- Raison-Jourde Françoise, Construction nationale, identité chrétienne et modernité. Le premier e siècle malgache, Doctorat d’État, Lyon III, 1989, 1 385 p., publiée sous le titre : Bible et pouvoir à Madagascar auxixe siècle. Invention d’une identité chrétienne et construction de l’État, Paris, Karthala, 1991, 840 p.
- Ratongavao Charles Raymond, D’une Église missionnaire à une Église locale : l’épiscopat de Mgr Xavier Thoyer de 1936 à 1962 : Fianarantsoa-Madagascar, Thèse d’Histoire et théologie, Lyon III et Facultés catholiques de Lyon, 1993, 457 p.
- Roussé-Grosseau Christiane, Méthodes d’évangélisation et modèles culturels. Les missions africaines de Lyon au Dahomey 1861-1928, Thèse de 3ecycle, Lyon 2, 1989, 423 p., publiée sous le titre : Mission catholique et choc des modèles culturels en Afrique : l’exemple du Dahomey, 1861-1928, Paris, L’Harmattan, 1992, 390 p.
- Saaïdia Oissila, Catholiques et musulmans sunnites, Discours croisés, 1920-1950. Approche historique de l’altérité religieuse, Thèse nouveau régime, Université Lumière Lyon 2, 2001, publiée sous le titre : Clercs Catholiques et Oulémas Sunnites dans la première moitié du xxe siècle. Discours croisés, Paris, Geuthner, 2004, 462 p.
- Salvaing Bernard, L’image du noir chez les missionnaires et les voyageurs de la côte des esclaves du pays Yoruba 1841-1891, Thèse de 3e cycle, Paris VII, 1980, 566 p., publiée sous le titre : Les missionnaires à la rencontre de l’Afrique au xixe siècle, Paris, L’Harmattan, 1995, 344 p.
- Sene Diegane, Évolution et limites de la christianisation en pays Sérère : 1880-1995, Université Jean Moulin Lyon III, 1997, 662 p.
- Thibault Agnès, Rôle et action de l’Église catholique en Guadeloupe après l’abolition de l’esclavage (1848-1911), Thèse nouveau régime, Paris VII, 1994, 2 vol.
- Verdeil Chantal, Les jésuites de Syrie. Une mission auprès des chrétiens d’Orient au début des réformes ottomanes (1831-1864), Thèse nouveau régime, Paris IV, 2003, 613 p.
- Zerbini Laurick, Miroirs de l’Afrique noire ? 1860-1960. Expositions, villages, musées, Thèse nouveau régime d’histoire de l’art, Université Lumière-Lyon 2, 1998, 3 vol., 604 p.
Notes
-
[1]
Éditée après le décès de l’auteur : Joseph Michel, Missionnaires bretons d’outre-mer xixe-xxe siècles, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1997, 295 p. (Préface de Jacques Gadille).
-
[2]
« Il contemple le ciel ouvert : il en descendait un objet indéfinissable, une sorte de toile immense, qui, par quatre points, venait se poser sur la terre. » (Actes : 10,11.)
-
[3]
Jean-Claude Baumont in Jean-Marie Mayeur (dir.), L’histoire religieuse de la France 19e-20e siècle. Problèmes et méthodes, Paris, Beauchesne, 1975, p. 137. Sa mise au point ne compte d’ailleurs que sept pages sur un total de 230.
-
[4]
Renault François, Le cardinal Lavigerie, Paris, Fayard, 1992, 698 p.
-
[5]
Perrot Claude Hélène, Les Sotho et les missionnaires européens au xixe siècle, préf. de Georges Balandier, Annales de l’Université d’Abidjan, 1970, Série F, t. 2, fasc. 1 (Dijon, Daronthère imprimerie, 1970), 172 p.
-
[6]
Duboscq Guy et Latreille André (Préface de), Les réveils missionnaires en France au Moyen Âge à nous jours, Paris, Beauchesne, 1984, 423 p. On notera le délai de quatre ans entre le colloque et la publication des actes.
-
[7]
Je pense notamment à la thèse monumentale d’Élisabeth Dufourcq consacrée aux congrégations religieuses féminines hors d’Europe (1992) et à celle de Geneviève Nemo-Lecuir sur l’évolution des congrégations missionnaires féminines au Sénégal (1995). Cf. la liste des thèses à la suite de l’article.
-
[8]
Renault François, Lavigerie, l’esclavage africain et l’Europe, 1868-1892, Paris, De Boccard, 1971, 2 t.
-
[9]
Coulon Paul, François Libermann (1802-1852) : Relecture historique et théologique de l’itinéraire d’un fondateur missionnaire, Thèse conjointe en Histoire des religions, Anthropologie religieuse (Sorbonne-Paris IV, Thèse nouveau régime) et en Théologie (Institut catholique de Paris), 2001. Ce doctorat porte sur un ensemble de contributions scientifiques.
-
[10]
Comby Jean, Deux mille ans d’évangélisation, Paris, Desclée, 1992, 327 p.
-
[11]
Comby Jean (dir.), Diffusion et acculturation du christianisme (xixe-xxe siècle). Vingt-cinq ans de recherches missiologiques par le CREDIC, Paris, Karthala, 2005, 690 p.
-
[12]
Ibid., p. 681.
-
[13]
La liste des principales thèses, en particulier celles dont nous citons l’auteur dans le texte, figure en annexe.
-
[14]
Nous laissons de côté l’Amérique bien qu’elle ait été l’objet de thèses importantes.
-
[15]
Hübsch Bruno (dir.), Madagascar et le christianisme : histoire œcuménique, Agence de coopération culturelle et technique, Karthala et éd. Ambozontany Analamahitsy, 1993, 518 p. ; Bruno Hübsch & Daniel Ralibera (dir.), I Madagasikara sy ny fivavahana kristianina : Tantara iraisan’ny Fiangonana, Analamahitsy, Antananarivo, éd. Ambozontany, 1992, 518 p.
-
[16]
Colson Didier, L’Église à l’Île Maurice. Une Église en Île de France (1640-1895), Thèse de 3e cycle, Paris IV, 1983.
-
[17]
Il n’est pas le seul (cf. à la fin de notre article la bibliographie) mais sa recherche a pu se développer dans le temps grâce à son statut universitaire. On trouvera dans la partie « Lectures » de ce numéro un compte rendu de la soutenance de Philippe Delisle en vue de son habilitation à diriger des recherches. Le texte de Philippe Delisle pour cette habilitation a été publié : Catholicisme, esclavage et acculturation dans la Caraïbe francophone et en Guyane au xixe siècle, Matoury (Guyane), Ibis Rouge Éditions, 2006, 103 p.
-
[18]
Une France en Méditerranée. Écoles, langue et culture françaises xixe-xxe siècles, sous la direction de Patrick Cabanel, Paris, Creaphis, 2006, 444 p.
-
[19]
Duteil Jean-Pierre, Le rôle des jésuites en Chine et au Dai-Viet, de la mort de François-Xavier à la dissolution de la compagnie de Jésus : 1552-1773, Thèse nouveau régime, Paris I, 1993, publiée sous le titre : Le mandat du ciel. Le rôle des jésuites en Chine, Paris, éditions Arguments, 1994.
-
[20]
Dharampal Gita, Étude sur le rôle des missionnaires européens dans la formation première des idées sur l’Inde, thèse de 3e cycle, Paris III, 1980. On trouvera une liste des travaux universitaires dans Renouveaux religieux en Asie, Textes réunis par Catherine Clémentin-Ojha, EFEO, 199, p. 243-246.
-
[21]
La thèse de Jean-Marie Julia sur l’abbé Monchanin n’a malheureusement pas eu d’effet d’entraînement. L’action des missionnaires est soulignée par Laurent Burel, Le contact protocolonial franco-vietnamien en Centre et Nord Vietnam (1856-1883), Paris VII, 1997.
-
[22]
Lenoble-Bart Annie, Afrique nouvelle. Un hebdomadaire catholique dans l’Histoire 1947-1987, Bordeaux, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1996, 313 p.
-
[23]
On trouvera, dans la partie « Lectures » de ce numéro, le compte rendu de la soutenance de thèse de Flavien Nkay Malu.
-
[24]
Cette voie doit beaucoup aux travaux pionniers des historiens belges, en particulier de Jean Pirotte.
-
[25]
Coulon Paul et Brasseur Paule (dir.), Libermann 1802-1852. Une pensée et une mystique missionnaires, Paris, Cerf, 1988, 938 p.
-
[26]
Heullant-Donat Isabelle, Missions impossibles. Essai sur les franciscains et leurs martyrs xiii-xiv e siècles, Recherche inédite en vue de l’habilitation à diriger des Recherches, Université Lumière-Lyon 2, 2006.
-
[27]
Histoire du christianisme (Des origines à nos jours), Tome XIV, Laplanche François (dir.), Anamnèsis, Paris, Desclée, 2000, 750 p.
-
[28]
Bosch David, Dynamique de la mission chrétienne. Histoire et avenir des modèles missionnaires, Paris/Karthala, Lomé/Haho, Genève/Labor et Fides, 1995, 774 p.