Couverture de HES_182

Article de revue

Des alternatives économiques à l’économie alternative : une histoire de l’ALDEA (1976-1989)

Pages 88 à 104

Notes

  • [1]
    Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le Nouvel Esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999, p. 83.
  • [2]
    La notion de « nouveaux mouvements sociaux » a été forgée dès la fin des années 1960 par Alain Touraine et son équipe pour qualifier l’extension des luttes sociales de l’entreprise à la société tout entière : Alain Touraine, La société post-industrielle, Paris, Denoël, 1969, 315p.
  • [3]
    Corinne Gendron, « Émergence de nouveaux mouvements sociaux économiques », Pour, n° 172, décembre 1981, p. 179.
  • [4]
    Danièle Léger et Bertrand Hervieu, Le retour à la nature : « au fond de la forêt… l’État », Paris, Seuil, 1979, 234 p.
  • [5]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, Paris, L’harmattan, 1989, 382 p.
  • [6]
    Philippe Bregeon, « Histoire du réseau de “l’insertion par l’activité économique” », dans Philippe Bregeon, À quoi servent les professionnels de l’insertion ?, Paris L’Harmattan, 2008, p. 4-9.
  • [7]
    Bernard Ème, « Une histoire de l’insertion par l’économique », Alternatives économiques Poche, n° 30, septembre 2007.
  • [8]
    Frank Georgi, « Construire l’autogestion », dans Frank Georgi (dir.), Autogestion : la dernière utopie ?, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 11-28.
  • [9]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 31-35.
  • [10]
    Éric Macé, « Des entreprises alternatives à l’économie alternative ? », Travail, n° 15, mars 1988, p. 14-15.
  • [11]
    Philippe Outrequin, Anne Potier et Patrice Sauvage, Les entreprises alternatives, Paris, Syros/ALDEA, 1986, p. 32.
  • [12]
    Michel Pigenet et Danielle Tartakowsky (dir.), Histoire des mouvements sociaux en France de 1814 à nos jours, Paris, La découverte, 2014, 800p. ; Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel (dir.), À la gauche du Christ. Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Paris, Seuil, 2012, 614 p.
  • [13]
    Laurent Quéro, « L’“utopie communautaire” », in Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective, 1962-1981, Paris, La découverte, 2008, p. 528-533.
  • [14]
    Roger Garaudy (1913-2012) est un philosophe, ancien résistant, parlementaire et théoricien du Parti Communiste Français, dont il est exclu en 1970 après son ralliement aux thèses autogestionnaires et sa critique du totalitarisme. Converti au catholicisme, il se rapproche des écologistes dans les années 1970 et lance en 1976 Le projet espérance, un livre-manifeste où il élabore un projet de contre-société. Dénonçant l’individualisme bourgeois tout autant que la lutte des classes, il en appelle à un nouveau « bloc historique » alliant ouvriers, ingénieurs, techniciens et cadres autour de communautés autogérées.
  • [15]
    René Macaire (1916-1993) est un ancien cadre de l’industrie, devenu psychologue scolaire après une reconversion professionnelle. Catholique, influencé par Gandhi, il crée avec sa femme un Groupe d’éveil à la non-violence en 1970 à Poitiers. Il participe aux Réseaux Espérance, écrit de nombreux articles dans leur revue et publie quelques ouvrages de philosophie.
  • [16]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 131-132.
  • [17]
    François Taconnet, « Identité et dialogue : éditorial à trois voix », Réseaux Espérance, n° 1, avril 1979, p. 2-3.
  • [18]
    « L’intuition réseau », Réseaux Espérance, n° 2, juillet 1979.
  • [19]
    « 26 et 27 avril : rencontre réseaux Picardie », Réseaux Espérance, n° 5 juin 1980, p. 55.
  • [20]
    Ibid., p. 76.
  • [21]
    Les éco-entreprises sont de petites unités de production ou de service où se pratique l’autogestion. « Réseaux éco-entreprises », Réseaux Espérance, n° 5, juin 1980, p. 66-68.
  • [22]
    La communauté de Taizé est une communauté monastique chrétienne œcuménique fondée sur l’idée de réconciliation entre les chrétiens et entre les hommes. Créée à Taizé (Saône-et-Loire) en 1940 par le frère Roger, elle accueille de nombreux jeunes hommes qui viennent y vivre une vie de prières et de célibat dans le respect des préceptes de l’Évangile.
  • [23]
    Patrice Sauvage, « Dix ans de cheminement en mutance », Réseaux Espérance, n° 28, été 1986, p. 25.
  • [24]
    Ibid.
  • [25]
    Ce centre, fondé en 1977 par Henri Hartung (1921-1988), transmet l’enseignement du gourou indien Ramana Maharshi (1879-1950).
  • [26]
    Patrice Sauvage, « Dix ans de cheminement en mutance », op.cit., p. 27.
  • [27]
    Denis Pelletier, « Catholiques français de gauche et d’extrême gauche à l’épreuve du "moment 68" », Histoire@Politique, [en ligne], n° 30, septembre-décembre 2016, www.histoire-politique.fr
  • [28]
    Robert Franck, « 68 après 68 : de la contestation du passé à la crise de l’avenir », dans Philippe Artières Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective, 1962-1981, Paris, La découverte, 2008, p. 773-778.
  • [29]
    Sabine Rousseau, « Les cathos de gauche : l’engagement dans les luttes politiques », dans Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective, 1962-1981, Paris, La découverte, 2008, p. 634-641.
  • [30]
    Grégory Barrau, Le Mai 68 des catholiques, Paris, Éd. de l’atelier, 1998, p. 67-83.
  • [31]
    René Macaire, « Les “réseaux” de l’économie », Réseaux Espérance, n° 12, mai 1982, p. 7-8.
  • [32]
    « Réseaux éco-entreprises », Réseaux Espérance, n° 8, mars 1981, p. 55-56.
  • [33]
    « ALDEA », Réseaux Espérance, n° 10, septembre 1981, p. 39-41.
  • [34]
    Archives des Cigales d’Île-de-France [désormais Arch. Cigales IDF], « Historique de l’ALDEA (1980-1989), 1er février 1989.
  • [35]
    Sur les débuts de l’ALDEA, cf. : Arch. Cigales IDF, « Le point sur l’ALDEA », avril 1982, 22 p.
  • [36]
    Ibid., p. 16.
  • [37]
    Jacqueline Lorthiois, « Économie alternative », dans Jean-Louis Laville et Antonio David Cattani (dir.), Dictionnaire de l’autre économie, Paris, Folio, 2006, p. 191-192.
  • [38]
    Arch. Cigales IDF, « Rapport du groupe de travail “économie alternative” », 1982, p. 1.
  • [39]
    Ibidem.
  • [40]
    Ibidem.
  • [41]
    Ibidem.
  • [42]
    ALDEA « Manifeste pour une autre économie », dans Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 137.
  • [43]
    Toutes ces causes sont souvent portées par des militants chrétiens. Il n’est donc pas étonnant de les retrouver dans le Manifeste de l’ALDEA.
  • [44]
    ALDEA, « Manifeste pour une autre économie », op.cit.
  • [45]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 138.
  • [46]
    Jean-Marie Donégani, « L’appartenance au catholicisme français : point de vue sociologique », Revue française de science politique, avril 1984, p. 225-226.
  • [47]
    Christian Pierret (1946-) est un militant de Vie nouvelle (une association d’éducation populaire dans la mouvance personnaliste) et passé par le Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste du courant chevènementiste au Parti socialiste,
  • [48]
    Christian Pierre, « Une nouvelle laïcité est nécessaire », Autrement, n° 8, 1977, p. 151.
  • [49]
    Patrice Sauvage, « Vers la démocratie économique », La revue de l’économie sociale, n° 20, 1990, p. 8.
  • [50]
    Philippe Outrequin, Anne Potier et Patrice Sauvage, Les entreprises alternatives, op.cit., 175 p.
  • [51]
    Philippe Outrequin (dir.), « L’économie alternative : une réponse à la crise ? », Recherche effectuée pour le Commissariat Général au Plan, juillet 1984, 241 p.
  • [52]
    Philippe Outrequin, Anne Potier et Patrice Sauvage, op.cit., p. 5-6.
  • [53]
    Ibid., p. 25.
  • [54]
    Arch. Cigales IDF, « Statuts de l’ALDEA », 23 juin 1984.
  • [55]
    Arch. Cigales IDF, « Procès verbal d’une séance du Groupe de travail sur les structures financières de l’ALDEA », 11 juin 1983.
  • [56]
    Pascale-Dominique RUSSO, Les CIGALES : notre épargne, levier pour entreprendre autrement, Gap, Yves Michel, 2007, p. 24.
  • [57]
    Arch. Cigales IDF, « Convention portant création de la Cigale du Château d’Eau ».
  • [58]
    Pascale-Dominique Russo et Régis Verley, Les Cigales : des clubs locaux d’épargnants solidaires pour investir autrement, Paris/Lausanne et Pantin, Fondation pour le Progrès de l’Homme (FPH) et Fédération des Cigales, 1995, p. 125.
  • [59]
    Arch. Cigales IDF, « Programme de formation mis au point par l’ALDEA : “Autogérer son épargne pour changer l’économie” », 14 juin 1983.
  • [60]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 134.
  • [61]
    François Jonot, « Garrigue : fer de lance du capital-risque alternatif », ALDEA Journal, n° 11, septembre-octobre 1985, p. 13-14.
  • [62]
    Bruno Frère insiste sur l’importance dans l’imaginaire alternatif d’Ardelaine, comme de la société anonyme de participation ouvrière (Sapo) de construction de maisons en bois Ambiance bois. Bruno Frère, Le Nouvel Esprit solidaire, Paris, Declée de Brouwer, 2009, p. 281-289.
  • [63]
    Éric Larpin, Garrigue, une utopie concrète, Pantin, Le Temps des cerises, 2005, p. 27-28.
  • [64]
    Arch. Cigales IDF, « Statuts de l’ALDEA », 23 juin 1984.
  • [65]
    Les boutiques de gestion, lieux d’accueil, d’information, de conseil, de documentation, de formation et de suivi des projets par des experts-militants partageant leurs savoir-faire avec des publics attirés par la création d’auto-emplois, sont elles aussi nées au sein de la nébuleuse alternative, la revue Autrement étant à l’initiative de la première d’entre elles en 1980 à Paris.
  • [66]
    Arch. Cigales IDF, « Statuts de l’ALDEA », 23 juin 1984.
  • [67]
    À faire : pour une économie alternative, « Cherche argent intelligent pour entreprise créative », n° 1, novembre-décembre 1982, 15 p.
  • [68]
    « Bonnes feuilles de l’alternative », ALDEA Journal, n° 6, novembre-décembre 1984, p. 3.
  • [69]
    Il est l’auteur d’une thèse : Philippe Outrequin, Le contenu énergétique : un concept nouveau pour le calcul économique, Thèse de 3e cycle en sciences économiques, sous la dir. de Claude Fourgeaud, Paris, Paris 1, 1979, 372 p.
  • [70]
    Philippe Outrequin (dir.), « L’économie alternative : une réponse à la crise ? », op.cit., 241 p.
  • [71]
    Ibid., p. 52-65.
  • [72]
    Philippe Outrequin, Anne Potier et Patrice Sauvage, Les entreprises alternatives, op.cit., 175 p.
  • [73]
    Ingmar Granstedt (1946-) est un socio-économiste français d’origine suédoise, catholique, s’inscrivant dans une perspective illichienne pour aborder la question industrielle. Il est en particulier l’auteur de : L’impasse industrielle, Paris, Seuil, 1980, 248 p. Arch. Cigales IDF, « Compte rendu d’un CA de l’ALDEA », 19 septembre 1985.
  • [74]
    Ingmar Granstedt, « Partage du travail, pluriactivité et organisation de l’environnement local », ALDEA Journal, n° 13, janvier-février-mars 1986, p. 14.
  • [75]
    « Partage du travail, pluri-activité et organisation de l’environnement local », ALDEA Journal, n° 17, décembre 1986, p. 3.
  • [76]
    Gaston Jouffroy est un sociologue des entreprises, docteur en psychologie sociale de l’EHESS avec une thèse soutenue en 1985, sous la direction de Paul-Henry Chombart de Lauwe, sur Autorité et pouvoir dans les institutions.
  • [77]
    Daniel Mothé est un ouvrier chez Renault, syndicaliste CFDT, animateur de « Socialisme ou Barbarie », promoteur de l’autogestion, et auteur de plusieurs ouvrages, dont par exemple : Journal d’un ouvrier : 1956-1958, Paris, Minuit, 1959, 176p. ; L’autogestion au goutte-à-goutte, Paris, Centurion, 1980, 190p. ; L’utopie du temps libre, Paris, Esprit, 1997, 108 p. Arch. Cigales IDF, « Compte rendu d’un CA de l’ALDEA », 20 juin 1987.
  • [78]
    « Expérimentations », ALDEA Journal, septembre 1988, p. 2.
  • [79]
    Ingmar Granstedt, interviewé par Jean-Pierre Lancry, « Travailler moins, travailler tous, travailler autrement », Collectif, n° 4, janvier 1988, p. 24.
  • [80]
    Véronique Kessler, « La dette du Tiers Monde : 1970-1990 », Revue d’économie financière, n° 14, 1990, p. 157-199.
  • [81]
    Arch. Cigales IDF, « L’autre Sommet économique 1989 : États Généraux pour la démocratie économique », 1988.
  • [82]
    La première réunion préparatoire, qui se tient à Paris le 8 octobre 1988, rassemble, outre l’ALDEA, des associations de lutte contre le chômage (Solidarités nouvelles face au chômage – SNC –, Mouvement national des chômeurs – MNCP –, Comité chrétien de solidarité avec les chômeurs – CCSC), de lutte contre la pauvreté (ATD Quart-Monde), d’éducation populaire (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale – ADELS) et de solidarité internationale (Medicus Mundi, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale – CEDETIM), ainsi que des représentants des Verts.
  • [83]
    Arch. Cigales IDF, « Compte rendu de la réunion de concertation : projet TOES/France 89 », 8 octobre 1988.
  • [84]
    Le CEDETIM, appartenant à la galaxie de la « deuxième gauche », est façonné par Mai 68. Passé de la coopération rouge à l’anti-impérialisme français puis au tiers-mondisme, il s’oriente dans les années 1980 vers la solidarité internationale avant de prendre part à la naissance du mouvement alternondialiste. Abderrahim Zerouali, « Le Cedetim, de la “coopération rouge” à l’altermondialisme », in Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective, 1962-1981, Paris, La découverte, 2008, p. 259-265.
  • [85]
    C’est une association fondée à Rome en 1976 par Lelio Basso, avocat et homme politique socialiste italien à l’origine de la création en 1979 du Tribunal Permanent des Peuples, un tribunal d’opinion qui examine les cas de violation des droits des peuples et dont la Ligue relaie les sentences aux Nations Unies où elle est reconnue comme ONG à caractère consultatif par le Conseil économique et social et par l’UNESCO. Cf. CEDETIM, LIDIP et CEDIDELP, Hommage à Léo Matarasso : séminaire sur le droit des peuples, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 59-61.
  • [86]
    Arch. Cigales IDF, « TOES 89 : préparation du Sommet TOES : une nouvelle donne ! », date inconnue mais vraisemblablement printemps 1989.
  • [87]
    « Appel pour un autre Sommet économique », L’Autre, n° 2, janvier 1989, p. 2.
  • [88]
    Éric Agrikoliansky, Olivier Fillieule et Nonna Mayer, « Du tiers-mondisme à l’altermondialisme : genèse(s) d’une nouvelle cause », dans Éric Agrikoliansky, Olivier Fillieule et Nonna Mayer, L’altermondialisme en France : la longue histoire d’une nouvelle cause, Paris, Flammarion, 2004, p. 43.
  • [89]
    Arch. Cigales IDF, « États-Généraux pour une démocratie économique : programme », 1989.
  • [90]
    Arch. Cigales IDF, « Programme du TOES 89 ». TOES 89/ALDEA, « Forum des initiatives », La revue de l’économie sociale, n° 20, t.2, 1990, 206 p.
  • [91]
    TOES 89/ALDEA, « Vers la démocratie économique », La revue de l’économie sociale, n° 20, 1990, t.1, 230 p.
  • [92]
    Patrice Sauvage, « Vers la démocratie économique », La revue de l’économie sociale, n° 20, t.1, 1990, p. 7-8.
  • [93]
    Bruno Frère, Le nouvel esprit solidaire, op.cit., p. 253.
  • [94]
    Arch. Cigales IDF, « États-Généraux pour une démocratie économique : programme », 1989.
  • [95]
    Annoncé lors du TOES 89, l’Office de Veille sur les Initiatives de Démocratie Économique (OVIDE) vise à la création d’un réseau international des acteurs de la démocratie économique.
  • [96]
    Solidarité-Emploi est une association créée en 1985 par les écologistes Jacques et Aline Archimbaud, après qu’un accord de l’Unedic a décidé de réduire l’indemnisation des chômeurs plutôt que d’augmenter les niveaux de cotisation. Elle imagine des cagnottes dans lesquelles des militants sont invités à verser un pourcentage de leurs revenus pour aider les chômeurs à créer leur emploi d’utilité sociale.
  • [97]
    André Gueslin, L’invention de l’économie sociale : le xixe siècle français, Paris, Economica, 1987, 340 p.
  • [98]
    Timothée Duverger, L’économie sociale et solidaire. Une histoire de la société civile en France et en Europe de 1968 à nos jours (préface de Benoit Hamon), Lormont, Le Bord de l’Eau, 2016, 414 p.
  • [99]
    Karl Polanyi, Conrad M. Arensberg et Harry W.Pearson, Commerce et marché dans les premiers empires. Sur la diversité des économies, Lormont, Le Bord de l’Eau, 2017, 460p.

1 There is no alternative. TINA. Le slogan de Margaret Thatcher est connu. Symbole de la « pensée unique », il se veut performatif. L’énoncer, c’est le réaliser. Et l’effondrement des régimes communistes au tournant des années 1990 a en effet tendu à réduire l’horizon d’attente d’un autre monde.

2 Pourtant, malgré cette hégémonie du néolibéralisme marquée par la révolution conservatrice des années 1980, les désirs d’autrement ne sont pas éteints. Ils puisent notamment dans la « critique artiste [1] » de Mai 68 qui porte l’utopie autogestionnaire à son zénith. Au syndicalisme traditionnel s’ajoute l’émergence de « nouveaux mouvements sociaux » antinucléaires, féministes, régionalistes, etc., mais aussi économiques [2]. Corinne Gendron estime de la sorte que « non contents de s’insérer, puis de transformer les processus politiques institutionnels, ces mouvements s’approprient un champ qui leur était autrefois étranger, l’économie, pour l’instrumentaliser et le redéfinir en fonction de leurs valeurs, de leur éthique et de leurs objectifs de transformation sociale [3]. »

3 Les initiatives se multiplient dans le creuset autogestionnaire de Mai 68 pour « changer la vie », à distance de l’État. L’alternative se conjugue au pluriel. D’un côté, il y a les « alternatifs des campagnes » avec les nombreux « retours à la terre » de petits bourgeois citadins qui aspirent à former des communautés libertaires, mais dont la plupart connaissent l’échec du fait de leur marginalité. Seuls parviennent à s’installer durablement ceux qui s’insèrent dans les sociétés locales, en devenant agriculteurs ou artisans, travailleurs sociaux ou animateurs [4]. De l’autre, il y a les « alternatifs des villes » qui inventent de nouveaux styles de vie en agissant sur l’habitat, la santé, l’alimentation, les déchets, l’énergie, l’éducation, etc., sans négliger le secteur de la communication pour diffuser ces nouvelles normes [5]. Enfin, à partir des années 1970, critiquant les formes d’assistance promues par le travail social et l’État social, des travailleurs sociaux gagnés par l’aspiration autogestionnaire développent des entreprises alternatives d’insertion, très vite soutenues par les politiques d’insertion [6] et alimentées par les militants de gauche déçus de 1981 qui souhaitent reconvertir leur engagement [7].

4 Si la notion d’autogestion, thème identitaire de la gauche non communiste, s’épuise à la fin des années 1970, en raison de l’effondrement du mythe du modèle titiste et du ralliement du Parti communiste français, [8] elle est remplacée par celle d’alternative, qui se trouve renforcée par les désillusions suscitées par la gauche au pouvoir. Cette dernière n’est cependant pas dépourvue d’ambiguïté. L’alternative peut en effet être interprétée, soit, dans sa version forte héritée du sens anglais, comme une solution de remplacement, soit dans sa version faible plus pragmatique, comme une simple différence [9].

5 Le développement de ces créativités pose rapidement la question de l’institutionnalisation de l’économie alternative, c’est-à-dire de la transition des alternatives économiques à l’économie alternative [10]. Une agence, issue de la mouvance chrétienne, est créée dès 1981 qui assure l’amorce d’une construction de ce nouveau mouvement social économique : l’Agence de liaison pour le développement de l’économie alternative (ALDEA). Il est difficile de quantifier la population alternative, son périmètre étant incertain, mais une étude l’évalue à environ 20 000 emplois pour 3 000 à 4 000 entreprises [11]. Si l’économie alternative a un poids marginal, elle n’en reste pas moins une composante importante du mouvement social. Elle participe ainsi de l’économie sociale et solidaire à laquelle elle confère sa dimension éthique à travers notamment l’insertion et la finance solidaire. Elle concourt aussi à l’émergence de l’altermondialisme et de l’écologisme en France. Écrire l’histoire de l’ALDEA, c’est donc, à la fois, rétablir le rôle de l’économie sociale et solidaire dans l’histoire des mouvements sociaux, mais aussi rappeler que le mouvement des chrétiens de gauche a généré des pratiques économiques spécifiques, toutes choses aujourd’hui occultées dans l’historiographie [12].

6 Notre étude s’intéressera, à la fois, à sa structuration, de ses origines à la mise en exergue de l’économie alternative comme concept fédérateur, et à ses actions, d’abord comme agence de développement – son cœur de métier –, mais aussi en matière de recherche-action autour de la pluri-activité ou de participation à la naissance du mouvement altermondialiste. Pour ce faire, nous utiliserons les archives privées d’un des anciens dirigeants de l’ALDEA, Jean-Paul Gautier, qui sont conservées au siège de l’association territoriale des Cigales d’Île-de-France, situé à Pantin. Celles-ci seront complétées de différentes sources imprimées, des revues et des ouvrages émanant de l’ALDEA ou des personnes et des organisations qui gravitent autour.

La structuration des entreprises alternatives

La matrice des Réseaux Espérance

7 L’utopie communautaire sert de terreau à l’économie alternative, dans le prolongement des nouveaux mouvements sociaux des années 1968 [13]. Des réseaux et des groupes Espérance sont constitués dans les années 1970 à la double source de la pensée de Roger Garaudy [14], formulée dans le Projet Espérance de 1976 et L’Appel aux Vivants de 1979, et de René Macaire [15], auteur du texte ronéotypé « L’intuition réseau », qui trouve un écho chez des groupes communautaires non violents, souvent catholiques. Regroupant environ 500 personnes, [16] ils mutualisent en 1979 leurs moyens autour d’une nouvelle revue : Réseaux Espérance.

8 Leurs deux mots-clés, signalés par Dominique Allan Michaud, sont la « mutance » et le réseau, tous deux développés par le philosophe René Macaire. La « mutance » oppose aux valeurs de l’individualisme et de la société de consommation la communauté et la spiritualité (religieuse ou non). Quant au réseau, il vise à relier les mutants, c’est-à-dire ceux engagés dans une transformation de leur mode de vie, à l’intérieur ou à l’extérieur du système. Cette stratégie est précisée par François Taconnet :

9

« Dans cette création [des Réseaux Espérance], un point apparaît essentiel : le lien entre mutants de “l’extérieur” et mutants de “l’intérieur”. Voici le souhait que je formule : que les mutants de l’extérieur essaient de tisser les bases de structures différentes où les autres puissent les rejoindre, sans quoi ils sont condamnés à la marginalité sans fin ; quant aux mutants de l’intérieur qu’ils aient la Force d’inciter ceux qu’ils côtoient, dans les structures sociales pesantes, à transformer leurs rapports et à reprendre leur liberté de conscience et de création [17]. »

10 Le but est d’inventer de nouveaux styles de vie fondés sur cinq principes d’action : la non-violence, l’autogestion, l’écologisme, la communauté et la plénitude [18].

11 Les Réseaux Espérance ne sont pas qu’un club d’idées, ils visent aussi à l’action. Le réseau Picardie est ainsi à l’origine de la création de l’association « Le champ d’oseille » en avril 1980, qui a pour but d’ « aider ses membres dans la réalisation d’actions et de projets alternatifs » par « l’entraide financière » [19], souvent dans la perspective de l’écologisme [20]. Surtout, lors d’une rencontre le 11 mai 1980 à la Haie-Grouée, les Réseaux Espérance initient un projet de création d’organisme d’aide aux éco-entreprises [21].

12 Il est porté par Patrice Sauvage. Cet énarque du ministère des Finances, joue ainsi le rôle de passeur entre la nébuleuse chrétienne des Réseaux Espérance et l’institutionnalisation de l’économie alternative. Brièvement engagé au Parti socialiste, qui le déçoit, et passé par la communauté œcuménique de Taizé [22], il rejoint les groupes Espérance en 1976. Il indique que « c’est à partir de l’appel de Roger Garaudy [qu’il entame], avec [sa] femme, le chemin vers la mutance [23]. » Le jeune énarque veut « une action différente de la militance politique, et d’abord vivre une certaine cohérence entre [son] être, [son] faire, [son] dire, [son] avoir. Vivre autre chose que ce que [vivent ses] collègues du Ministère [24]. » A posteriori, après un passage au Centre de Rencontres Spirituelles et de Méditation de Fleurier en Suisse [25], il précise que « l’essentiel […] n’est pas de réaliser telle ou telle action, d’être dans la situation la plus cohérente du point de vue d’une doctrine, mais de chercher notre réalisation spirituelle, d’être de plus en plus conforme au plan de Dieu sur nous, mais d’abord au plan intérieur[26] ».

13 Pour Patrice Sauvage, qui oscille entre les communautés spirituelles et les communautés alternatives, la spiritualité est le principal ressort de l’engagement dans l’économie alternative. La transformation de l’homme précède celle de la société. Il participe en cela du mouvement plus large des catholiques de gauche qui, dans le prolongement du concile Vatican II, promoteur de l’œcuménisme et de la fin de la messe en latin, et de l’épiphanie de Mai 68, apporte sa dimension éthique à la recomposition de la gauche enclenchée par le cycle d’Épinay [27]. Cet engagement au sein de la « deuxième gauche » est attesté, par exemple, par sa participation à la mise en œuvre du revenu minimum d’insertion (RMI) créé par Michel Rocard, dont il est notamment rapporteur général de l’évaluation en 1990, ou sa présidence en 1993 de l’association Démocratie et spiritualité, qu’il fonde aux côtés de Jean-Baptiste de Foucauld, haut fonctionnaire du ministère des Finances comme lui et proche de Jacques Delors.

La création de l’ALDEA

14 Ces travaux aboutissent le 31 janvier 1981 à la création de l’Agence de Liaison pour le Développement des Entreprises Alternatives, dont l’acronyme, ALDEA, signifie « petit village » en espagnol, ce qui traduit l’idéologie du Small is beautiful sous-tendant ces organisations. Parallèlement à la victoire présidentielle de François Mitterrand, elle offre une autre voie d’action « ici et maintenant » à la stratégie de conquête du pouvoir. Située de la sorte sur le terrain économique plutôt que politique, elle s’inscrit dans le sillage de Mai 68, qui inaugure une crise de l’avenir [28]. La plupart de ses militants y ont d’ailleurs été socialisés [29], au moment où l’Église était traversée par un « radicalisme évangélique [30]. » Les entreprises alternatives opèrent ainsi une « jonction de l’économique et de l’éthique [31]. »

15 Si l’économie alternative ne se réduit pas à l’ALDEA, cette agence en constitue la première tentative, très imparfaite, d’agrégation. Le projet des Réseaux Espérance ne vise initialement qu’à créer un outil structurant, mais très vite celui-ci amorce un début de structuration, conformément à l’intention de faire converger mutants de l’intérieur et mutants de l’extérieur. Si la filiation est maintenue, elle se distend, l’objectif d’ouverture prévalant pour « “fédérer” des types d’éco-entreprises fondées sur d’autres valeurs ». Les champs d’oseille y trouvent donc naturellement leur place, mais sans imposer une vision univoque de l’alternative [32], tandis qu’au début appel est fait aux Réseaux pour une contribution technique, financière et/ou militante [33].

16 L’ALDEA a pour mission principale de rapprocher les Alternatifs, entrepreneurs et épargnants, pour financer des activités différentes et aider au montage des projets. Dans sa première phase, entre septembre 1981 et mars 1982, elle articule son action autour de trois axes :

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  • ­ La recherche de partenariats pour le montage des projets et le financement et d’un réseau de solidarité. Parmi les réseaux identifiés, on retrouve principalement l’économie sociale (Crédit coopératif, Fondation d’Économie Sociale – FONDES –, etc.), la « deuxième gauche » (CFDT, Vie Nouvelle, etc.) et la nébuleuse non-violente (Amis de l’Arche, etc.).
  • ­ La recherche de dispositifs adaptés dans un premier temps à la forme associative pour les apports financiers, les modalités d’intervention de l’ALDEA et sa décentralisation ; cela en attendant de décider de lui donner un statut juridique plus adapté à ses activités.
  • ­ La mise en œuvre d’une première expérimentation autour de « Soudo-réparation », un atelier de soudure vendu par son propriétaire partant à la retraite à un jeune entrepreneur souhaitant le transformer en coopérative de réparation. Le soutien de l’ALDEA est décisif sur le montage financier du projet.

18 Une deuxième phase consiste à installer l’ALDEA dont l’objet est de « mettre en place un réseau de solidarité pour le développement de nouveaux rapports économiques ». Patrice Sauvage se met en disponibilité deux ans pour animer le projet [34]. Dans le paysage des institutions financières, l’ALDEA cherche une troisième voie, entre celles soutenant « l’esprit d’entreprise tous azimuts » (France Initiative, etc.) et celles développant l’économie sociale (FONDES, Institut de développement de l’économie sociale – IDES –, etc.) dont la plupart des organisations n’ont « rien d’alternatif ». Les statuts de l’économie sociale ne sont pas considérés comme une garantie suffisante, il convient de se concentrer davantage sur le « souffle » qui anime les entreprises. Une triple solidarité est visée : entre entrepreneurs et épargnants, entre entrepreneurs et entre praticiens et chercheurs. En plus du volet financier, l’ALDEA se dote d’une boutique de gestion pour aider au montage de projet et d’une cellule d’information et de réflexion éditrice d’un bulletin de liaison, intitulé d’abord brièvement À faire puis ALDEA journal, pour informer, suivre les projets et penser l’économie alternative [35].

19 Ces premiers tâtonnements font dévier la trajectoire de l’ALDEA, sans toutefois en changer l’orientation fondamentale ; ce qui se traduit dans sa dénomination. Si l’acronyme demeure, il ne s’agit plus de développer les entreprises alternatives mais bien l’économie alternative, car le but dépasse la simple expérimentation, il est d’inventer un modèle économique viable. L’ALDEA devient ainsi l’Agence de Liaison pour le Développement de l’Économie Alternative [36].

La bannière de l’économie alternative

20 Comme Jacqueline Lorthiois le remarque, l’économie alternative s’inscrit dans « une culture orale, fondée sur le “faire” : quelques travaux de chercheurs, des témoignages de praticiens, des articles de revues, textes de congrès, quelques actes de colloques… présentent des expériences, mais non une théorisation de ces pratiques [37]. » Aussi la définition de l’économie alternative est-elle l’œuvre de praticiens, parfois accompagnés d’universitaires, dans une démarche de recherche-action. Dès les débuts de l’ALDEA, effort est fait pour donner un peu d’épaisseur au mot économie alternative. Un groupe de travail produit ainsi un rapport qui en énonce le projet :

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« La base de notre projet est la construction d’une nouvelle économie, alternative au mode de production existant caractérisé par le productivisme et fondé sur la centralisation et la concentration et, plus généralement, au mode de vie dominant. Cette nouvelle économie doit s’insérer dans un projet global, multidimensionnel de l’activité humaine, en prenant en compte tous les aspects non-économiques de l’activité économique stricto sensu (c’est-à-dire : la marchandise, l’homo œconomicus, le salariat) [38]. »

22 L’économie alternative est à la fois écologique et autogestionnaire. Fidèle à sa filiation soixante-huitarde et aux nouveaux mouvements sociaux des années 1970, elle aborde la transformation sociale par la dédifférenciation des sphères du travail et du « hors travail ». Sans réduire l’économie alternative à une définition stricte, les membres de l’ALDEA retiennent quatre critères non exclusifs par la caractériser : la viabilité, l’autonomie, l’autogestion et la solidarité [39].

23 L’économie alternative a donc pour but de répondre à la fois à la « crise économique » de l’État social et de la société de consommation et à une « crise de civilisation » qui réduit la personne à un simple homo œconomicus[40]. Ainsi « le mouvement des entreprises alternatives ne fait[-il] que matérialiser sur ce plan l’aspiration d’individus qui cherchent à devenir pleinement hommes, ce qui en dernière analyse constitue le facteur déterminant d’un changement social réel [41]. » Dans la veine du personnalisme, l’économie alternative recherche dans un même élan l’épanouissement de la personne et à la transformation de la société.

24 Le « Manifeste pour une autre économie » de 1984 prolonge cette intention en appelant à « imaginer un monde où chacun retrouve la liberté de conduire son destin et participe à l’économie de son environnement [42]. » Si le mot autogestion, galvaudé et passé de mode, y disparaît, l’idée est partout bien présente. La question du sens est posée dans la démarche alternative qui œuvre à remplir le vide existentiel de la civilisation matérialiste occidentale. Un vocabulaire chrétien parsème ce texte où se mêlent les luttes tiers-mondistes, écologiques et non-violentes [43] : dogme, foi, vertus, etc. L’argent, le Veau d’or symbole du matérialisme, est condamné à plusieurs reprises. La référence chrétienne contribue à expliquer l’attention prioritaire portée par l’ALDEA à la finance alternative : « L’argent n’est pas le maître, mais l’instrument », est-il écrit [44]. L’être et le partage sont valorisés à l’opposé de l’avoir et de l’égoïsme.

25 Enfin, le Manifeste ne s’exonère pas d’une certaine mystique alternative, qui repose sur la communauté inscrite dans la nature : « Le travail [est] le moyen de se développer en contribuant à la vie du groupe en harmonie avec les forces de la nature [45]. » L’ALDEA, dont les militants proviennent des Réseaux Espérance, à l’image de Patrice Sauvage, poursuit le projet espérance. La matrice idéologique garaudienne s’y retrouve confondue avec un engagement existentiel qui inscrit l’homme dans un ordre cosmogonique harmonieux.

26 Ce discours alternatif répond d’un christianisme « pneumocentrique », qui se rattache à la figure de l’Esprit-Saint. Ce courant affirme le primat de l’être dans des mouvements spirituels, des groupes de prières ou des couvents contemplatifs et, plus largement, dans des communautés de base, souvent appartenant au mouvement écologique [46]. C’est pourquoi le militantisme économique est préféré au militantisme politique, le second apparaissant comme un facteur de divisions là où le premier favorise l’unité des communautés. Plutôt que l’horizon de la conquête du pouvoir, les chrétiens adoptent ce que Christian Pierre, pseudonyme de Christian Pierret, [47] nomme une stratégie de « contagion des exemples [48] », c’est-à-dire de diffusion-imitation des pratiques d’une minorité nomique, comme le signale Patrice Sauvage quand il affirme par exemple qu’« il ne s’agit pas de créer, à côté, une contre-société dite "alternative", mais bien de faire pénétrer les valeurs de la démocratie dans l’ENSEMBLE du champ économique [49]. »

27 Cette exigence éthique, ce souci du faire, se retrouvent dans l’ouvrage de référence sur Les entreprises alternatives publié en 1986 [50]. L’économie alternative y refuse clairement l’épreuve de la théorisation pour se concentrer sur les réalisations pratiques. C’est d’ailleurs ce qui explique le changement de titre entre le rapport de 1984 remis au Commissariat Général au Plan et ce livre qui en est issu. À l’origine il était en effet question non des « entreprises » mais de « l’économie alternative [51]. » C’est une affirmation du primat de la pratique sur la théorie.

28 Cette orientation a pour corollaire l’adoption d’une version faible de la définition de l’alternative. En la situant du côté de la différence plutôt que du remplacement, le mouvement s’empêche de monter en généralité, donc d’imaginer une transformation sociale d’ampleur [52]. L’économie alternative est ainsi présentée comme un changement des modes de vie, qui repose donc davantage sur une éthique que sur une politique : c’est « une démarche : vivre et expérimenter une autre façon de travailler, de produire, de consommer [53]. »

L’ALDEA en pratique

Une agence de développement

29 Les statuts de 1984 de l’ALDEA lui assignent de « participer à la création et au développement d’entreprises [54]. » Le camp alternatif n’a de cesse de proposer de changer son rapport à l’argent, nerf de la guerre économique. Pour cela, il invente de nouveaux outils financiers. L’ALDEA est ainsi à l’origine de la création des CIGALES (clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire). Les statuts de la première Cigale du Château-d’Eau, créée le 14 juillet 1983 à Paris, sont ainsi élaborés par le groupe de travail « structures financières » de l’ALDEA [55], composé de polytechniciens et de centraliens [56].

30 La Cigale détourne les clubs d’investissement classiques pour investir sur les personnes plutôt qu’en bourse. L’idée appartient à l’un des administrateurs de l’ALDEA, Jean-Paul Gautier, un centralien ancien administrateur d’une caisse de crédit mutuel. Composée d’un maximum de 20 personnes physiques adhérentes de l’ALDEA, la Cigale a pour objet « la constitution et la gestion d’un portefeuille de placement » collectif pour connecter une épargne de proximité avec les besoins financiers de petites entreprises. Elle fonctionne comme une structure décentralisée appliquant un régime de démocratie directe garanti par l’Assemblée générale [57]. La « Charte des Cigales pour une épargne solidaire » de 1983 en fixe les principes pour promouvoir une citoyenneté économique : autre mode de gestion de l’épargne, proximité, autre utilisation du capital, priorité aux entreprises d’utilité sociale [58]. Outre une sensibilisation à l’économie alternative et aux circuits financiers, ainsi qu’une formation technique, les Cigaliers bénéficient d’une « aide à la réflexion et à la remise en cause personnelle. » D’inspiration chrétienne, cette disposition précise le projet alternatif qui vise à « [réconcilier] l’entreprise et l’argent avec l’idéologie et l’éthique [59]. » La Fédération des Cigales est créée le 18 octobre 1984, avant de s’autonomiser de l’ALDEA en 1987. En 1988, on dénombre 145 Cigales, dont 100 actives, plus 30 en cours de création ; ce qui représente un réseau d’environ 1 500 personnes aidant 65 entreprises [60].

31 Le mode de financement des Cigales induit cependant plusieurs limites : croissance des sommes investies, accueil de capitaux extérieurs et rachat des parts des Cigales à l’issue d’un cycle de cinq ans. Aussi l’ALDEA, profitant d’une loi du 11 juillet 1985 instituant les sociétés de capital-risque, détourne-t-elle la finalité libérale de ce nouvel outil pour créer le 12 juillet 1985, sous forme coopérative, Garrigue, du nom des végétations provençales où se nichent les cigales [61]. Dotée d’un capital initial de 250 000,00 F, collectant des fonds auprès de personnes physiques ou morales (Fondation pour le progrès de l’homme, Institut de développement de l’économie sociale, France active), Garrigue vise à renforcer, à la hauteur de la moitié de leur capital, l’action des Cigales, en les encourageant à se regrouper pour financer les projets. Ardelaine, une coopérative de production de laine naturelle en Ardèche créée en 1982, symbole alternatif [62], fait partie des premières entreprises à être financées en recevant 89 000,00 F à son capital dès 1986 [63].

32 En plus de ces outils financiers, l’ALDEA se propose d’apporter un accompagnement technique aux entreprises alternatives [64]. La boutique de gestion de l’ALDEA ayant fait long feu, même si l’agence reste associée au Comité de Liaison des Boutiques de Gestion (CLBG) [65], les intervenants de l’ALDEA – au nombre d’une douzaine – ne s’occupent pas du montage des projets, laissant cette tâche surtout aux boutiques de gestion, mais aussi à l’Agence nationale pour la création d’entreprise (ANCE) et aux chambres de commerce. Ils en étudient la viabilité économique, aident les porteurs de projets pour le montage financier et la recherche de financements bancaires et publics, et parfois pour réaliser une étude de marché, rechercher des locaux, etc. Les projets soutenus sont soumis au réseau d’investisseurs de l’ALDEA, à charge pour les intervenants d’assurer le suivi des entreprises aidées [66].

33 Enfin, l’ALDEA se préoccupe également très tôt de communiquer autour des alternatives. Le premier numéro d’un journal, À faire, dont le titre traduit l’impératif d’action, est ainsi publié dès novembre 1982, alors même que la première phase expérimentale de l’agence n’est pas achevée [67]. Du fait de dissensions internes entre mutants de l’intérieur et mutants de l’extérieur sur leurs conceptions de l’alternative, il est cependant rapidement arrêté puis transformé en un ALDEA Journal : le journal des entreprises alternatives, prenant davantage l’allure d’un bulletin d’informations plutôt que d’un authentique journal alternatif. Destiné tant aux acteurs qu’à leurs soutiens, il traite aussi bien des pratiques alternatives que des réflexions théoriques qu’elles font naître et s’ouvre aux annonces et aux informations pratiques pour donner plus de corps à la mission de liaison inter-alternatives de l’ALDEA.

Une mission de recherche-action de l’ALDEA

34 Enfin, l’activité de l’ALDEA se déploie autour d’un troisième axe : la recherche-action. Fin 1982, le Commissariat Général du Plan accepte de financer une offre d’étude de l’ALDEA sur le thème : « L’économie alternative : une réponse à la crise [68] ? » Achevée en juillet 1984, celle-ci est réalisée par Philippe Outrequin, économiste spécialiste des questions énergétiques [69] et chercheur à l’Institut de Sciences Mathématiques et Économiques Appliquées (ISMEA), avec la collaboration d’Anne Guérin, chargée d’étude de l’ALDEA [70]. Cette recherche conduit au repérage de plus de 300 entreprises alternatives en janvier-avril 1983, constituant un fichier dénommé ALTER, dans lequel est puisé un échantillon représentatif de 50 d’entre elles [71]. Le rapport – le seul – sur les entreprises alternatives offre bien sûr une analyse pluridimensionnelle (création, mode d’organisation, environnement socio-économique, efficacité économique) des entreprises alternatives, intégrant des monographies, mais aussi une approche sectorielle, une réflexion sur les enjeux de l’alternative pour répondre à la crise et une mise en perspective comparatiste avec des expériences étrangères (RFA, Espagne, Québec). Ce rapport est finalement publié en 1986 par les éditions Syros [72].

35 Les pouvoirs publics financent d’autres recherches de l’ALDEA. À titre d’exemple, la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR) lui en confie une nouvelle en 1985 sur le thème : « Partage du travail, pluriactivité et organisation de l’environnement local ». L’ALDEA constitue alors une équipe autour d’Ingmar Granstedt [73] pour étudier les nouvelles formes prises par le travail dans une société duale, partagée entre l’emploi stable pour les plus qualifiés et l’emploi précaire et le chômage pour les moins qualifiés, ce que critique l’ensemble des courants de gauche. Des salariés en temps partiel, subi ou choisi, exercent des activités complémentaires à leur emploi principal pour accroître leurs ressources, soit de l’autoproduction, soit des activités marchandes. Il s’agit d’identifier, au plus près du terrain, les freins à la pluriactivité dus à l’environnement local, dans le but de les lever [74]. Le rapport de 384 pages, rendu en 1986, en conclut à « la nécessité de modifier la perception sociale dont les pluri-actifs pâtissent » du fait de leur remise en cause de la valeur travail. Il préconise donc, dans le cadre de l’aménagement du territoire, de valoriser une pluriactivité qui concourt au partage du travail et au développement local [75].

36 Une recherche-expérimentation est ensuite lancée en 1987 à Montbéliard par deux des auteurs du rapport, Ingmar Granstedt et Gaston Jouffroy [76], ainsi que des chercheurs du Centre de Recherche et d’Information sur la Démocratie et l’Autonomie (CRIDA), Jean-Louis Laville et Daniel Mothé [77]. Mais celle-ci avorte début 1988, en raison de « la détérioration considérable du climat social local », pour être finalement déplacée vers un autre site à Évreux en partenariat avec une association, le Centre de développement des innovations économiques et sociales (CEDIES) [78].

37 De ces expérimentations, Ingmar Granstedt tire plusieurs conclusions pour faciliter le développement de la pluri-activité : assouplir les temps partiels, décloisonner les régimes de protection sociale, créer des points d’information sur la pluri-activité et adapter le cadre de vie (mutualisation de biens mobiliers et immobiliers, garde d’enfants, etc.). Il reconnaît néanmoins que la modération salariale est un obstacle difficilement surmontable à ce compromis social sans un soutien des corps intermédiaires (syndicats, partis, associations) [79].

38 L’ALDEA combine ainsi des modes d’intervention pluriels. Outre la création d’outils financiers innovants (Cigales, Garrigue), elle propose ses services aux entreprises alternatives dans trois directions : appui technique au montage financier de projets, communication à travers la publication d’un journal et recherche-action, notamment pour des acteurs publics. Si elle ne résume pas à elle seule la mouvance alternative, l’ALDEA, par son action multiforme au service de son développement, se situe tout de même à l’intersection des réseaux qui la composent.

Le TOES 89

39 Cette position centrale de l’ALDEA dans la nébuleuse alternative la conduit à participer activement aux prémices de l’altermondialisme. Le premier contre-Sommet au G7, The Alternative Economic Summit (TOES), est en effet organisé dès 1984 à Londres suite à la crise de la dette des pays en voie de développement (PVD) déclenchée en 1982 par le défaut de paiement du Mexique [80]. Le succès du premier TOES est tel – il rassemble 170 personnes venant de 16 pays différents – que de nouvelles conférences sont organisées à Londres en 1985, 1986 et 1987, puis à Toronto en 1988. L’ALDEA est chargée d’organiser à Paris le contre-sommet du G7 prévu au mois de juillet 1989 pendant les festivités du Bicentenaire de la Révolution française [81].

40 La manifestation est ainsi préparée dès le dernier trimestre 1988 par l’ALDEA, ainsi que des réseaux de la « deuxième gauche », des trotskystes et des écologistes. [82] On retrouve dans le comité d’organisation des représentants d’associations de lutte contre le chômage, de lutte contre la pauvreté d’éducation populaire et de solidarité internationale. Les Verts y sont le seul parti politique représenté [83]. S’il est d’abord convenu d’orienter le contre-sommet sur la notion de démocratie économique, il est finalement décidé d’organiser une foule d’initiative, toutes estampillées TOES 89, plutôt qu’une manifestation unique. En particulier, en plus du forum sur la démocratie économique, le groupe de travail « Tiers-Monde », animé par les associations de solidarité internationale AGIR ICI et le CEDETIM [84], projette d’organiser, en lien avec la Ligue Internationale pour le Droit et la Liberté des Peuples (LIDLP) [85] un « Sommet des 7 pays parmi les plus pauvres [86]. » Le discours alternatif s’élargit alors à la critique du développement, dont témoigne la publication du journal L’Autre où paraît un « Appel pour un autre Sommet économique » qui, dans le contexte du bicentenaire de la Révolution, fait une analogie entre le tiers-état national et le tiers-monde international [87].

41 Un grand défilé rassemble 15 000 personnes le 8 juillet, qui scandent le slogan « Ça suffat comme ci » réclamant l’annulation de la dette du tiers-monde, avant d’assister à un concert géant de Renaud et Johnny Clegg réunissant 100 000 personnes place de la Bastille [88]. Il est suivi du Contre-sommet les 15 et 16 juillet entre la Mutualité et Jussieu. Les ateliers du 15 juillet réunissent des économistes, des ONG et des témoins pour opérer une convergence des luttes : tiers-mondisme, économie alternative, critique du travail salarié, citoyenneté, éducation, écologisme, pacifisme, féminisme, etc. Signe néanmoins de l’influence croissante du tiers-mondisme, le « Sommet des sept peuples parmi les plus pauvres » se hisse à une place équivalente à celle des États-Généraux et du Forum de la démocratie économique.

42 Les États-Généraux de la démocratie économique, pilotés par l’ALDEA, se déroulent le 15 juillet [89]. Les différentes contributions des quatre tables rondes explorent la démocratie économique en cherchant à hybrider l’économie avec des logiques extra-économiques. Celles-ci sont de deux ordres, qui correspondent à la double signification de la démocratie. D’une part, il y a la démocratie comme liberté, appliquée à la sphère politique, autour en particulier des mots d’ordre de participation et d’autogestion. D’autre part, il y a la démocratie comme égalité, appliquée à la sphère sociale, qui se décline plutôt autour de la problématique de l’insertion. Il s’agit ainsi d’articuler l’économique soit au politique, soit au social, mais dans les deux cas de la réencastrer pour ne pas laisser libre cours à la rationalité du profit et au contraire la recentrer sur l’homme. Par ailleurs, les États-Généraux, axés sur la théorie, sont complétés d’un Forum en vue d’échanger des expériences sur les pratiques alternatives françaises bien sûr, mais aussi allemandes, italiennes, africaines, québécoises, états-uniennes, néo-calédoniennes, belges, japonaises, espagnoles, etc. [90].

43 Les actes enrichis des États-Généraux sont publiés en 1990 dans la Revue de l’économie sociale[91]. Patrice Sauvage introduit le dossier et clarifie les enjeux de la démocratie économique à l’heure où, comme il s’en réjouit, les démocraties populaires s’effondrent :

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« Cette espèce d’unanimisme sur la démocratie occidentale nous laisse aussi insatisfaits : la démocratie s’est certes approfondie et consolidée formellement dans nos pays, mais qu’en est-il réellement, pour reprendre la vieille distinction de Marx ? Peut-on parler de démocratie réelle si l’économie, non contente d’imposer ses lois à tout le champ social et, au-delà, à la démocratie politique, génère d’un côté la concentration de la richesse et du pouvoir, de l’autre l’exclusion des hommes et la désertification des territoires ? Bref, peut-on parler de la démocratie politique sans démocratie économique, sans “gouvernement de l’économie par le peuple” ? N’est-il pas temps de franchir une étape dans la démocratie en la faisant pénétrer dans le champ économique [92] ? »

45 Les États-Généraux de la démocratie économique actualisent ainsi l’ancienne revendication consistant à faire descendre la République dans l’atelier. Parallèlement au déclin des régimes communistes, l’économie alternative, fille de l’utopie autogestionnaire, se positionne comme l’héritière du socialisme associationniste.

46 Plus à développer qu’à structurer, l’économie alternative opte pour une stratégie du faire et pour des formes réseaux, d’abord embryonnaires, plutôt que des structures hiérarchisées ; ce qui induit une certaine fragilité tenant à une professionnalisation et à une coordination insuffisantes. Le développement d’initiatives socio-économiques générant une « citoyenneté économique » en est donc l’axe prioritaire ; il peut être mis en œuvre directement, mais l’est le plus souvent indirectement, par l’information, l’étude, le financement ou l’accompagnement des projets dans les différents temps de leur cycle de vie, à travers toute une série de dispositifs.

47 La notion d’économie alternative reste cependant handicapée par sa culture orale, sa diversité – que ne peut compenser sa faiblesse structurelle – et son pragmatisme qui a pour corollaire le refus des systèmes idéologiques. L’empirisme des praticiens n’est que partiellement contrebalancé à partir de la moitié des années 1980 par les travaux d’intellectuels comme Guy Roustang et Ingmar Granstedt, qui l’enrichissent d’une dimension macro-économique.

48 Une recomposition du champ alternatif s’opère à la fin des années 1980. Elle est d’abord rendue possible par le glissement idéologique de l’ALDEA. Les travaux de Bruno Frère signalent « une recrudescence de l’intérêt pour la question sociale [93]. » Le TOES fait ainsi émerger le nouveau concept d’ « économie solidaire [94] » et l’ALDEA est refondée en 1992 dans un Réseau de l’ économie alternative et solidaire (REAS), dans lequel se retrouvent également Garrigue, OVIDE [95] et Solidarité-Emploi [96], une Association nationale des correspondants locaux (ANCL) créée pour lui donner un ancrage local, ainsi que des membres associés comme la Confédération paysanne, le Mouvement rural de jeunesse chrétienne, associations de jeunes, etc.

49 Au cours des années 1990, la notion d’alternative s’efface peu à peu du syntagme, sans doute en raison de la disparition de la grande alternative communiste. Sauf quelques survivances, comme l’Agence provençale pour une économie alternative et solidaire (APEAS), seule l’économie solidaire perdure, ce dont témoigne l’existence d’un secrétariat d’État à l’économie solidaire de 2000 à 2002 dans le Gouvernement de Lionel Jospin. Depuis les années 2000, le rapprochement entre l’économie sociale historique [97] et l’économie solidaire a permis de stabiliser l’appellation d’économie sociale et solidaire, reconnue par la création en 2012 d’un ministère délégué à l’Économie sociale et solidaire confié à Benoît Hamon [98].

50 L’économie alternative apparaît ainsi comme l’une des sources méconnues de l’économie sociale et solidaire, une source chrétienne, qui a interrogé tant l’éthique que les fins du projet de l’économie sociale historique. En tant que nouveau mouvement social économique, elle a mis en œuvre, dans le prolongement de Mai 68, de nouvelles pratiques économiques visant à réconcilier les classes sociales, les cadres supérieurs et les exclus. Son histoire témoigne de la diversité des formes d’économie qui coexistent dans une même société et contribue à dénaturaliser l’économie. [99]

Notes

  • [1]
    Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le Nouvel Esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999, p. 83.
  • [2]
    La notion de « nouveaux mouvements sociaux » a été forgée dès la fin des années 1960 par Alain Touraine et son équipe pour qualifier l’extension des luttes sociales de l’entreprise à la société tout entière : Alain Touraine, La société post-industrielle, Paris, Denoël, 1969, 315p.
  • [3]
    Corinne Gendron, « Émergence de nouveaux mouvements sociaux économiques », Pour, n° 172, décembre 1981, p. 179.
  • [4]
    Danièle Léger et Bertrand Hervieu, Le retour à la nature : « au fond de la forêt… l’État », Paris, Seuil, 1979, 234 p.
  • [5]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, Paris, L’harmattan, 1989, 382 p.
  • [6]
    Philippe Bregeon, « Histoire du réseau de “l’insertion par l’activité économique” », dans Philippe Bregeon, À quoi servent les professionnels de l’insertion ?, Paris L’Harmattan, 2008, p. 4-9.
  • [7]
    Bernard Ème, « Une histoire de l’insertion par l’économique », Alternatives économiques Poche, n° 30, septembre 2007.
  • [8]
    Frank Georgi, « Construire l’autogestion », dans Frank Georgi (dir.), Autogestion : la dernière utopie ?, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 11-28.
  • [9]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 31-35.
  • [10]
    Éric Macé, « Des entreprises alternatives à l’économie alternative ? », Travail, n° 15, mars 1988, p. 14-15.
  • [11]
    Philippe Outrequin, Anne Potier et Patrice Sauvage, Les entreprises alternatives, Paris, Syros/ALDEA, 1986, p. 32.
  • [12]
    Michel Pigenet et Danielle Tartakowsky (dir.), Histoire des mouvements sociaux en France de 1814 à nos jours, Paris, La découverte, 2014, 800p. ; Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel (dir.), À la gauche du Christ. Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Paris, Seuil, 2012, 614 p.
  • [13]
    Laurent Quéro, « L’“utopie communautaire” », in Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective, 1962-1981, Paris, La découverte, 2008, p. 528-533.
  • [14]
    Roger Garaudy (1913-2012) est un philosophe, ancien résistant, parlementaire et théoricien du Parti Communiste Français, dont il est exclu en 1970 après son ralliement aux thèses autogestionnaires et sa critique du totalitarisme. Converti au catholicisme, il se rapproche des écologistes dans les années 1970 et lance en 1976 Le projet espérance, un livre-manifeste où il élabore un projet de contre-société. Dénonçant l’individualisme bourgeois tout autant que la lutte des classes, il en appelle à un nouveau « bloc historique » alliant ouvriers, ingénieurs, techniciens et cadres autour de communautés autogérées.
  • [15]
    René Macaire (1916-1993) est un ancien cadre de l’industrie, devenu psychologue scolaire après une reconversion professionnelle. Catholique, influencé par Gandhi, il crée avec sa femme un Groupe d’éveil à la non-violence en 1970 à Poitiers. Il participe aux Réseaux Espérance, écrit de nombreux articles dans leur revue et publie quelques ouvrages de philosophie.
  • [16]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 131-132.
  • [17]
    François Taconnet, « Identité et dialogue : éditorial à trois voix », Réseaux Espérance, n° 1, avril 1979, p. 2-3.
  • [18]
    « L’intuition réseau », Réseaux Espérance, n° 2, juillet 1979.
  • [19]
    « 26 et 27 avril : rencontre réseaux Picardie », Réseaux Espérance, n° 5 juin 1980, p. 55.
  • [20]
    Ibid., p. 76.
  • [21]
    Les éco-entreprises sont de petites unités de production ou de service où se pratique l’autogestion. « Réseaux éco-entreprises », Réseaux Espérance, n° 5, juin 1980, p. 66-68.
  • [22]
    La communauté de Taizé est une communauté monastique chrétienne œcuménique fondée sur l’idée de réconciliation entre les chrétiens et entre les hommes. Créée à Taizé (Saône-et-Loire) en 1940 par le frère Roger, elle accueille de nombreux jeunes hommes qui viennent y vivre une vie de prières et de célibat dans le respect des préceptes de l’Évangile.
  • [23]
    Patrice Sauvage, « Dix ans de cheminement en mutance », Réseaux Espérance, n° 28, été 1986, p. 25.
  • [24]
    Ibid.
  • [25]
    Ce centre, fondé en 1977 par Henri Hartung (1921-1988), transmet l’enseignement du gourou indien Ramana Maharshi (1879-1950).
  • [26]
    Patrice Sauvage, « Dix ans de cheminement en mutance », op.cit., p. 27.
  • [27]
    Denis Pelletier, « Catholiques français de gauche et d’extrême gauche à l’épreuve du "moment 68" », Histoire@Politique, [en ligne], n° 30, septembre-décembre 2016, www.histoire-politique.fr
  • [28]
    Robert Franck, « 68 après 68 : de la contestation du passé à la crise de l’avenir », dans Philippe Artières Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective, 1962-1981, Paris, La découverte, 2008, p. 773-778.
  • [29]
    Sabine Rousseau, « Les cathos de gauche : l’engagement dans les luttes politiques », dans Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective, 1962-1981, Paris, La découverte, 2008, p. 634-641.
  • [30]
    Grégory Barrau, Le Mai 68 des catholiques, Paris, Éd. de l’atelier, 1998, p. 67-83.
  • [31]
    René Macaire, « Les “réseaux” de l’économie », Réseaux Espérance, n° 12, mai 1982, p. 7-8.
  • [32]
    « Réseaux éco-entreprises », Réseaux Espérance, n° 8, mars 1981, p. 55-56.
  • [33]
    « ALDEA », Réseaux Espérance, n° 10, septembre 1981, p. 39-41.
  • [34]
    Archives des Cigales d’Île-de-France [désormais Arch. Cigales IDF], « Historique de l’ALDEA (1980-1989), 1er février 1989.
  • [35]
    Sur les débuts de l’ALDEA, cf. : Arch. Cigales IDF, « Le point sur l’ALDEA », avril 1982, 22 p.
  • [36]
    Ibid., p. 16.
  • [37]
    Jacqueline Lorthiois, « Économie alternative », dans Jean-Louis Laville et Antonio David Cattani (dir.), Dictionnaire de l’autre économie, Paris, Folio, 2006, p. 191-192.
  • [38]
    Arch. Cigales IDF, « Rapport du groupe de travail “économie alternative” », 1982, p. 1.
  • [39]
    Ibidem.
  • [40]
    Ibidem.
  • [41]
    Ibidem.
  • [42]
    ALDEA « Manifeste pour une autre économie », dans Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 137.
  • [43]
    Toutes ces causes sont souvent portées par des militants chrétiens. Il n’est donc pas étonnant de les retrouver dans le Manifeste de l’ALDEA.
  • [44]
    ALDEA, « Manifeste pour une autre économie », op.cit.
  • [45]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 138.
  • [46]
    Jean-Marie Donégani, « L’appartenance au catholicisme français : point de vue sociologique », Revue française de science politique, avril 1984, p. 225-226.
  • [47]
    Christian Pierret (1946-) est un militant de Vie nouvelle (une association d’éducation populaire dans la mouvance personnaliste) et passé par le Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste du courant chevènementiste au Parti socialiste,
  • [48]
    Christian Pierre, « Une nouvelle laïcité est nécessaire », Autrement, n° 8, 1977, p. 151.
  • [49]
    Patrice Sauvage, « Vers la démocratie économique », La revue de l’économie sociale, n° 20, 1990, p. 8.
  • [50]
    Philippe Outrequin, Anne Potier et Patrice Sauvage, Les entreprises alternatives, op.cit., 175 p.
  • [51]
    Philippe Outrequin (dir.), « L’économie alternative : une réponse à la crise ? », Recherche effectuée pour le Commissariat Général au Plan, juillet 1984, 241 p.
  • [52]
    Philippe Outrequin, Anne Potier et Patrice Sauvage, op.cit., p. 5-6.
  • [53]
    Ibid., p. 25.
  • [54]
    Arch. Cigales IDF, « Statuts de l’ALDEA », 23 juin 1984.
  • [55]
    Arch. Cigales IDF, « Procès verbal d’une séance du Groupe de travail sur les structures financières de l’ALDEA », 11 juin 1983.
  • [56]
    Pascale-Dominique RUSSO, Les CIGALES : notre épargne, levier pour entreprendre autrement, Gap, Yves Michel, 2007, p. 24.
  • [57]
    Arch. Cigales IDF, « Convention portant création de la Cigale du Château d’Eau ».
  • [58]
    Pascale-Dominique Russo et Régis Verley, Les Cigales : des clubs locaux d’épargnants solidaires pour investir autrement, Paris/Lausanne et Pantin, Fondation pour le Progrès de l’Homme (FPH) et Fédération des Cigales, 1995, p. 125.
  • [59]
    Arch. Cigales IDF, « Programme de formation mis au point par l’ALDEA : “Autogérer son épargne pour changer l’économie” », 14 juin 1983.
  • [60]
    Dominique Allan Michaud, L’avenir de la société alternative : les idées 1968-1990…, op.cit., p. 134.
  • [61]
    François Jonot, « Garrigue : fer de lance du capital-risque alternatif », ALDEA Journal, n° 11, septembre-octobre 1985, p. 13-14.
  • [62]
    Bruno Frère insiste sur l’importance dans l’imaginaire alternatif d’Ardelaine, comme de la société anonyme de participation ouvrière (Sapo) de construction de maisons en bois Ambiance bois. Bruno Frère, Le Nouvel Esprit solidaire, Paris, Declée de Brouwer, 2009, p. 281-289.
  • [63]
    Éric Larpin, Garrigue, une utopie concrète, Pantin, Le Temps des cerises, 2005, p. 27-28.
  • [64]
    Arch. Cigales IDF, « Statuts de l’ALDEA », 23 juin 1984.
  • [65]
    Les boutiques de gestion, lieux d’accueil, d’information, de conseil, de documentation, de formation et de suivi des projets par des experts-militants partageant leurs savoir-faire avec des publics attirés par la création d’auto-emplois, sont elles aussi nées au sein de la nébuleuse alternative, la revue Autrement étant à l’initiative de la première d’entre elles en 1980 à Paris.
  • [66]
    Arch. Cigales IDF, « Statuts de l’ALDEA », 23 juin 1984.
  • [67]
    À faire : pour une économie alternative, « Cherche argent intelligent pour entreprise créative », n° 1, novembre-décembre 1982, 15 p.
  • [68]
    « Bonnes feuilles de l’alternative », ALDEA Journal, n° 6, novembre-décembre 1984, p. 3.
  • [69]
    Il est l’auteur d’une thèse : Philippe Outrequin, Le contenu énergétique : un concept nouveau pour le calcul économique, Thèse de 3e cycle en sciences économiques, sous la dir. de Claude Fourgeaud, Paris, Paris 1, 1979, 372 p.
  • [70]
    Philippe Outrequin (dir.), « L’économie alternative : une réponse à la crise ? », op.cit., 241 p.
  • [71]
    Ibid., p. 52-65.
  • [72]
    Philippe Outrequin, Anne Potier et Patrice Sauvage, Les entreprises alternatives, op.cit., 175 p.
  • [73]
    Ingmar Granstedt (1946-) est un socio-économiste français d’origine suédoise, catholique, s’inscrivant dans une perspective illichienne pour aborder la question industrielle. Il est en particulier l’auteur de : L’impasse industrielle, Paris, Seuil, 1980, 248 p. Arch. Cigales IDF, « Compte rendu d’un CA de l’ALDEA », 19 septembre 1985.
  • [74]
    Ingmar Granstedt, « Partage du travail, pluriactivité et organisation de l’environnement local », ALDEA Journal, n° 13, janvier-février-mars 1986, p. 14.
  • [75]
    « Partage du travail, pluri-activité et organisation de l’environnement local », ALDEA Journal, n° 17, décembre 1986, p. 3.
  • [76]
    Gaston Jouffroy est un sociologue des entreprises, docteur en psychologie sociale de l’EHESS avec une thèse soutenue en 1985, sous la direction de Paul-Henry Chombart de Lauwe, sur Autorité et pouvoir dans les institutions.
  • [77]
    Daniel Mothé est un ouvrier chez Renault, syndicaliste CFDT, animateur de « Socialisme ou Barbarie », promoteur de l’autogestion, et auteur de plusieurs ouvrages, dont par exemple : Journal d’un ouvrier : 1956-1958, Paris, Minuit, 1959, 176p. ; L’autogestion au goutte-à-goutte, Paris, Centurion, 1980, 190p. ; L’utopie du temps libre, Paris, Esprit, 1997, 108 p. Arch. Cigales IDF, « Compte rendu d’un CA de l’ALDEA », 20 juin 1987.
  • [78]
    « Expérimentations », ALDEA Journal, septembre 1988, p. 2.
  • [79]
    Ingmar Granstedt, interviewé par Jean-Pierre Lancry, « Travailler moins, travailler tous, travailler autrement », Collectif, n° 4, janvier 1988, p. 24.
  • [80]
    Véronique Kessler, « La dette du Tiers Monde : 1970-1990 », Revue d’économie financière, n° 14, 1990, p. 157-199.
  • [81]
    Arch. Cigales IDF, « L’autre Sommet économique 1989 : États Généraux pour la démocratie économique », 1988.
  • [82]
    La première réunion préparatoire, qui se tient à Paris le 8 octobre 1988, rassemble, outre l’ALDEA, des associations de lutte contre le chômage (Solidarités nouvelles face au chômage – SNC –, Mouvement national des chômeurs – MNCP –, Comité chrétien de solidarité avec les chômeurs – CCSC), de lutte contre la pauvreté (ATD Quart-Monde), d’éducation populaire (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale – ADELS) et de solidarité internationale (Medicus Mundi, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale – CEDETIM), ainsi que des représentants des Verts.
  • [83]
    Arch. Cigales IDF, « Compte rendu de la réunion de concertation : projet TOES/France 89 », 8 octobre 1988.
  • [84]
    Le CEDETIM, appartenant à la galaxie de la « deuxième gauche », est façonné par Mai 68. Passé de la coopération rouge à l’anti-impérialisme français puis au tiers-mondisme, il s’oriente dans les années 1980 vers la solidarité internationale avant de prendre part à la naissance du mouvement alternondialiste. Abderrahim Zerouali, « Le Cedetim, de la “coopération rouge” à l’altermondialisme », in Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective, 1962-1981, Paris, La découverte, 2008, p. 259-265.
  • [85]
    C’est une association fondée à Rome en 1976 par Lelio Basso, avocat et homme politique socialiste italien à l’origine de la création en 1979 du Tribunal Permanent des Peuples, un tribunal d’opinion qui examine les cas de violation des droits des peuples et dont la Ligue relaie les sentences aux Nations Unies où elle est reconnue comme ONG à caractère consultatif par le Conseil économique et social et par l’UNESCO. Cf. CEDETIM, LIDIP et CEDIDELP, Hommage à Léo Matarasso : séminaire sur le droit des peuples, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 59-61.
  • [86]
    Arch. Cigales IDF, « TOES 89 : préparation du Sommet TOES : une nouvelle donne ! », date inconnue mais vraisemblablement printemps 1989.
  • [87]
    « Appel pour un autre Sommet économique », L’Autre, n° 2, janvier 1989, p. 2.
  • [88]
    Éric Agrikoliansky, Olivier Fillieule et Nonna Mayer, « Du tiers-mondisme à l’altermondialisme : genèse(s) d’une nouvelle cause », dans Éric Agrikoliansky, Olivier Fillieule et Nonna Mayer, L’altermondialisme en France : la longue histoire d’une nouvelle cause, Paris, Flammarion, 2004, p. 43.
  • [89]
    Arch. Cigales IDF, « États-Généraux pour une démocratie économique : programme », 1989.
  • [90]
    Arch. Cigales IDF, « Programme du TOES 89 ». TOES 89/ALDEA, « Forum des initiatives », La revue de l’économie sociale, n° 20, t.2, 1990, 206 p.
  • [91]
    TOES 89/ALDEA, « Vers la démocratie économique », La revue de l’économie sociale, n° 20, 1990, t.1, 230 p.
  • [92]
    Patrice Sauvage, « Vers la démocratie économique », La revue de l’économie sociale, n° 20, t.1, 1990, p. 7-8.
  • [93]
    Bruno Frère, Le nouvel esprit solidaire, op.cit., p. 253.
  • [94]
    Arch. Cigales IDF, « États-Généraux pour une démocratie économique : programme », 1989.
  • [95]
    Annoncé lors du TOES 89, l’Office de Veille sur les Initiatives de Démocratie Économique (OVIDE) vise à la création d’un réseau international des acteurs de la démocratie économique.
  • [96]
    Solidarité-Emploi est une association créée en 1985 par les écologistes Jacques et Aline Archimbaud, après qu’un accord de l’Unedic a décidé de réduire l’indemnisation des chômeurs plutôt que d’augmenter les niveaux de cotisation. Elle imagine des cagnottes dans lesquelles des militants sont invités à verser un pourcentage de leurs revenus pour aider les chômeurs à créer leur emploi d’utilité sociale.
  • [97]
    André Gueslin, L’invention de l’économie sociale : le xixe siècle français, Paris, Economica, 1987, 340 p.
  • [98]
    Timothée Duverger, L’économie sociale et solidaire. Une histoire de la société civile en France et en Europe de 1968 à nos jours (préface de Benoit Hamon), Lormont, Le Bord de l’Eau, 2016, 414 p.
  • [99]
    Karl Polanyi, Conrad M. Arensberg et Harry W.Pearson, Commerce et marché dans les premiers empires. Sur la diversité des économies, Lormont, Le Bord de l’Eau, 2017, 460p.
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