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Article de revue

Le Comité flamand de France (1853-1940), société savante ou mouvement régionaliste ?

Pages 59 à 73

Notes

  • [1]
    Solange de Coussemaker-van Robais, Le Comité flamand de France, une société savante frontalière et régionaliste 1853-1940, thèse d’histoire contemporaine sous la double tutelle des Universités Paris IV Sorbonne et KU Leuven, dirigée par les professeurs J.-P. Chaline et Tom Verschaffel, soutenue à Paris le 19 octobre 2010.
  • [2]
    Il est important de distinguer le flamand de France (langue populaire de la Flandre française proche de celle de la Flandre occidentale voisine) et le néerlandais, à la fois langue ancienne écrite des Pays-Bas et langue standard, dénommée ABN, commune à toute la Flandre belge qui s’élabore durant toute la période de l’étude à côté des dialectes des différentes parties de la région qui subsistent.
  • [3]
    Jean-Pierre Chaline, Sociabilité et érudition, les sociétés savantes en France aux XIXe et XXe siècles, Paris, Editions du CTHS, 1998.
  • [4]
    Les deux sociétés sont créées par les mêmes hommes, également membres de la Commission historique du Nord. Edmond de Coussemaker est président des deux en 1854.
  • [5]
    Philippe Vigier, « Régions et régionalisme en France au XIXe siècle », dans Régions et régionalisme en France du XVIIIesiècle à nos jours, Actes du colloque des 11 au 13 octobre 1974, publiés par Gras, Christian et Livet, Georges, PUF, 1977, p. 161-175.
  • [6]
    Benoît Mihail, Une Flandre à la française, l’identité régionale à l’épreuve du modèle républicain, Bruxelles, Editions Labor, 2006, p. 60.
  • [7]
    Sa carrière ne dure que très peu de temps, contrairement à celle de Coussemaker qui se poursuivra jusqu’à sa retraite à 68 ans.
  • [8]
    Stephan Gerson, The pride ofplace : local memories and political culture in nineteenth century France, Cornell University Press, 2003.
  • [9]
    Edmond de Coussemaker (recueillis par), Chants populaires des Flamands de France, édités à Gand en 1856, réédités en 1930 par les Annales du Comité flamand de France (t. XXXVII), en 1971 à New York. Rééditions anastatiques par Malegijs, Kemmel, 1976, 416 p. et 1987, Initiative prise à la suite du décret du 14 septembre 1852, signé par Hippolyte Fortoul, ministre de l’Instruction publique, qui ordonnait de procéder à la publication des chants populaires français.
  • [10]
    Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales, Europe XVIIIe siècle XXe siècle, Paris, Seuil, 1999.
  • [11]
    Edmond de Coussemaker, « Fondation et constitution du comité », Annales du Comité flamand de France, tome I, p. 7.
  • [12]
    Désiré Carnel à Paul Fredericq, cité par Michel Nuyttens, Camille Looten (1855-1941), priester, wetenschapsman en Frans-Vlaams regionalist, [Camille Looten... prêtre, scientifique et régionaliste flamand de France], thèse d’histoire soutenue à la KULeuven, 1978, p. 56.
  • [13]
    ABN : Algemeen Beschaafd Nederlands.
  • [14]
    Éric Defoort, Une châtelaine flamande, Marie-Thérèse Le Boucq de Ternas, 1873-1961, Dunkerque, Editions des Beffrois, 1985, 129 p. A partir des écrits de cette femme qui fut par la suite proche de Gantois, il dresse le portrait d’un milieu de notables déjà décrit par Marguerite Yourcenar dans ses Archives du Nord, très représenté dans le Comité flamand de France dans les dernières années du siècle.
  • [15]
    Le comité est composé de deux populations : les notables qui connaissent de plus en plus mal la langue populaire et les curés de village dont c’est la langue maternelle. Parmi ceux-ci, quelques-uns, comme le chanoine Looten et l’abbé Lemire, commencent à se démarquer et se préparent à prendre la direction du comité juste avant les conflits religieux de 1905 et de l’affaire Lemire qui va suivre.
  • [16]
    Le Gantois Paul Fredericq s’est vu refuser son plan de relance de la langue populaire en 1897.
  • [17]
    Jules Lemire (abbé), Le Cardinal Manning et son action sociale, Paris, Librairie Victor Le Coffre, 1894.
  • [18]
    Jean-Marie Mayeur, « Démocratie chrétienne et régionalisme », dans Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, op. cit., p. 445-460.
  • [19]
    Toutes les tendances idéologiques et religieuses s’affrontent. Il est à noter que jamais le comité n’a défendu le catéchisme en flamand (dans les années 1890), même si certains de ses membres, surtout des curés de village, se sont illustrés dans ce combat, soutenus par l’archevêque de Cambrai.
  • [20]
    René Rémond, Religion et société en Europe, Essai sur la sécularisation des sociétés européennes aux XIXe et XXe siècles (1789-1988), Paris, Le Seuil, 1998, p. 131.
  • [21]
    Benoît Mihail, Une Flandre à la française..., op. cit., p. 61.
  • [22]
    « Compte rendu de la séance du 9 janvier 1919 », Mémoires de la Société dunkerquoise, tome LX, 1923, p. XV.
  • [23]
    Les démêlés de l’abbé Lemire, député d’Hazebrouck pendant trente-cinq ans, avec son évêque, décrits par Jean-Marie Mayeur, ont profondément bouleversé la région.
  • [24]
    Chanoine Looten, « Le Comité flamand pendant la guerre », Bulletin du Comité flamand de France, n° 6, 1919-1921, p. 15.
  • [25]
    Ibid., p. 16.
  • [26]
    Benoît Mihail, Une Flandre à la française..., op. cit.
  • [27]
    « Compte rendu de la séance du 12 juin 1912 », Bulletin du Comité flamand de France, 1919-1921, t. 6, p. 7.
  • [28]
    Chanoine Looten, « Les Flandres françaises », Bulletin du Comité flamand, 1928-1932, tome 9, p. 98-99.
  • [29]
    Bourgmestre Wibaux, « Compte rendu de la séance du 30 mai 1922 à Tournai », Bulletin du Comité flamand de France, 1922-1924, t. 7, p. 14.
  • [30]
    Résumé de l’article de M. van Wickevoort Crommelin, « Un journaliste néerlandais en Flandre française », Bulletin du Comité flamand, 1928-1932, t. 9, p. 66.
  • [31]
    « Compte rendu de la séance du 26 février 1936 à Lille », op. cit., t. X, p. 440-441.
  • [32]
    Jean-Marie Mayeur, Un abbé démocrate, l’abbé Lemire, 1853-1928, Paris, Casterman-Religion et Sociétés, 1968.
  • [33]
    Chanoine Looten, « Le centenaire du Leeuw van Vlaanderen », Bulletin du Comité flamand de France, tome 11, 1937-1939, p. 203.
  • [34]
    Benoît Mihail, « Le mouvement flamand à la lumière de l’histoire culturelle », Revue du Nord, t. 87, n° 360-361, p. 642.
  • [35]
    Jean-Marie Mayeur, « Démocratie chrétienne et régionalisme », dans Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, op. cit., p. 449.
  • [36]
    Étienne Dejonghe, « Un mouvement séparatiste dans le Nord et le Pas-de-Calais sous l’occupation (1940-1944) : le Vlaamsch Verbond van Frankrijk », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1970, p. 52.
  • [37]
    Étienne Dejonghe, op. cit., p. 50-51.

1Cet article dont le cadre ne permettait pas une comparaison avec d’autres régions de France ni avec le Mouvement flamand belge a été rédigé à l’issue d’un travail de thèse réalisé sous une double tutelle, française et flamande-belge ; il a occasionné un important travail de recherche de sources sur un terrain peu exploré par l’historiographie, la Flandre française, mal connue, aussi bien des Belges que des Français. L’observation de cette ancienne terre espagnole devenue définitivement française lors de la signature du traité d’Utrecht en 1713, a été faite au travers d’une société savante particulière, le Comité flamand de France, créé vingt-trois ans après le Royaume de Belgique. Pour ses fondateurs, il s’agit en 1853 de la « Flandre flamingante » qui désigne la partie du département du Nord dans laquelle une partie de la population s’exprime en flamand, délimitée par la mer du Nord, la frontière belge, la Lys et l’Aa. Après la Première Guerre mondiale, soucieux de loyauté vis-à-vis du gouvernement français, les dirigeants élargiront leur regard vers la Flandre « wallonne » c’est-à-dire francophone (Douai, Cambrai etc.).

Fig. 1

La Flandre flamingante ou Westhoek (coin-ouest) français

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La Flandre flamingante ou Westhoek (coin-ouest) français

Internet www.ordmag.com/nord-pas-de-calais.

2Les nombreux Français et Belges qui sont allés voir le film à succès Bienvenue chez les Ch’tis ont pu admirer la paisible ville de Bergues dont on ne sait pas assez que Lamartine fut le député, joyau d’une des régions de France que l’on appelle aujourd’hui le Nord-Pas-de-Calais. En y mettant en scène le choc de la rencontre entre un homme du Midi et une population du Nord parlant le Ch’ti – alors qu’on est ici en terre flamande ! – le réalisateur Dany Boon savait-il qu’il reprenait un thème cher aux régionalistes des années trente du siècle dernier ? A fortiori peut-on douter qu’il ait jamais entendu parler du Comité flamand de France, créé en 1853, et qui a fait l’objet d’une thèse récente [1]. Les « pères fondateurs » de ce Comité voulaient que l’on n’oublie pas que, dans cette région, à Bergues plus qu’ailleurs, était encore parlée une langue très ancienne, le « flamand de France [2] », dialecte, patois, ou vraie langue selon le point de vue qu’adoptent les linguistes, très différent en tout cas du ch’ti, parent du picard, qui se parlait à l’époque plus au sud et plus à l’est. Des groupements de ce type avaient déjà été fondés dans cette région à la tradition érudite ancienne. La Révolution les avait dissous, mais on les voit réapparaître à l’époque de la Restauration puis de la création du Royaume de Belgique, dans les différentes villes du département du Nord, sans oublier leurs voisines belges de Bruges, Ypres, Courtrai... Ils se nomment « Société » ou « Académie », et sont, dans le Nord, surtout à Dunkerque, également héritiers des très anciennes « Chambres de rhétorique » encore existantes au milieu du XIXe siècle, particulièrement dans la Flandre maritime. Le qualificatif de « savantes » qui désigne ces sociétés est peut-être devenu un peu flou, voire caricatural. Tel n’était pas le cas au XIXe siècle. Jean-Pierre Chaline, dans son livre sur le sujet, les définit comme une « réunion d’hommes... qui mettent en commun leurs ressources en vue de faire progresser... la branche des connaissances humaines à laquelle ils se sont spécialement adonnés [3] ».

3Ici, le terme utilisé, celui de « Comité », désigne plus couramment la partie d’un groupe chargée d’une mission particulière. Ce Comité flamand visait de fait à compléter la tâche que s’était assignée, deux années auparavant, la Société dunkerquoise pour l’encouragement des arts, des lettres et les sciences, créée en 1851 [4]. Il devait, d’après ses statuts validés par le ministère de l’Instruction publique, s’occuper d’histoire locale en recherchant plus spécifiquement des documents en langue flamande. Désignant une société nouvelle, ce terme de Comité attire l’attention et laisse supposer que le premier groupement cherchant à promouvoir la langue flamande en France avait un caractère revendicatif, qu’il était « régionaliste [5] », bien avant l’apparition de ce mot.

4Mais que peut signifier ce qualificatif, dans un pays, la France, qui, au cours des cent quarante dernières années, a connu trois guerres, a été trois fois envahie, et qui enfin, malgré des crises, des déchirements sociaux, ne s’est pourtant jamais défait ? En 1853, ce concept est en gestation ; il ne passera dans l’usage courant qu’au moment de la création de la Fédération régionaliste de France en 1899, quarante-six ans après la création du Comité. Il désignera à partir de ce moment, selon l’historien belge Benoît Mihail, un phénomène pouvant prendre autant une forme réactionnaire que porteuse d’idées nouvelles et audacieuses [6], regroupant les partisans d’une décentralisation administrative, les adeptes d’un État fédéral et les innombrables érudits locaux que passionnent les curiosités folkloriques. À aucun moment, durant le XIXe siècle, il n’est synonyme en France de séparatisme.

5La question qui se pose ici est de savoir si le Comité flamand de France est une simple société savante ou un « mouvement régionaliste ». Pour y répondre, il est nécessaire de distinguer deux périodes. La première s’achève au moment de la loi de 1901 sur les associations et coïncide avec les présidences de deux notables érudits, le principal fondateur, Edmond de Coussemaker et, à partir de 1876, l’armateur dunkerquois Alexandre Bonvarlet. Le mot « régionaliste » ne fait alors qu’apparaître... La seconde période est plus complexe car elle coïncide avec la prise de pouvoir dans la société de prêtres professeurs aux Facultés catholiques de Lille, juste avant une guerre très meurtrière et l’éclosion d’organismes régionalistes volontiers revendicatifs. En effet, le Comité n’est plus le seul groupement français à s’intéresser à la langue et à la culture flamande. On assiste pendant l’entre-deux-guerres à la montée d’un régionalisme plus politique, sur fond de reconstruction dans cette région traversée par la ligne du front. Le Comité doit alors se positionner vis-à-vis du Mouvement flamand belge qui s’est politisé, et d’un mouvement français de plus en plus attiré par des dérives ethniques, le Vlaams Verbond van Frankrijk de l’abbé Gantois, tandis que le régionalisme prend des formes très variées, culturelle, linguistique, religieuse, architecturale, politique, ethnique.

6L’étude individuelle des fondateurs dunkerquois du Comité, en 1853, montre que, malgré un objectif commun, ils avaient des sensibilités différentes, certains plus revendicatifs que d’autres, tel Louis De Baecker (1814-1896) [7]. Magistrat, membre ou président de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères, il participe comme Coussemaker au mouvement des mémoires locales [8] ; inspecteur des monuments historiques du département du Nord et membre dunkerquois de la Commission historique du Nord, il est avec lui membre d’honneur de la Société d’émulation de Bruges et a créé une éphémère société savante à Bergues aux alentours de 1850.

7Coussemaker, lui, se signale d’abord, au début du règne de Louis-Philippe, par des compositions musicales ou des études sur la musique ancienne ; au moment de la création du Comité flamand, il travaille, près de vingt ans après Théodore de la Villemarqué en Bretagne, à la publication de son recueil de chants populaires [9], ce qui constitue partout la première étape d’une prise de conscience régionale, voire nationale [10]. Les publications de Louis De Baecker, baptisé très vite « ancien magistrat », démarrent dès 1843. Elles portent au premier chef sur la Flandre française, ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser aux Pays-Bas en général. Disciple des frères Grimm, il se spécialise encore dans l’étude de la langue et de la religion, à l’époque liées dans le même combat identitaire : tout comme Coussemaker mais d’une manière différente. Montrant qu’il peut collaborer avec le gouvernement français, Louis De Baecker répond à une de ses demandes et adresse en 1851 un rapport à M. le Ministre de l’Instruction publique et des Cultes sur l’histoire et l’état des lettres en Belgique et dans les Pays-Bas ; il y fait l’apologie de la langue néerlandaise dont il propose de développer l’enseignement en France. Il n’obtient pas l’appui espéré mais persévère dans son entreprise. Après plusieurs tentatives pour faire partager sa passion pour cette langue, en 1867, ayant quitté le Comité, il est admis à enseigner la culture néerlandaise à Paris.

8Chacun à sa manière, mais de façon complémentaire, les deux hommes, tous deux dotés d’une aussi forte personnalité, vont s’attacher à promouvoir l’histoire, la religion et la langue flamandes. On peut dire qu’ils ont ouvert une voie, qu’ils font partie de ceux qui ont donné à un mouvement purement culturel une impulsion qui les conduit à rejoindre la minorité gantoise des fondateurs du Mouvement flamand belge comme en témoignent ces quelques lignes des premières Annales de la société :

9

Ce n’est pas sans orgueil que le Comité a enregistré l’adhésion sympathique de savants, tels que MM. Jacob Grimm, J.-M. Firmenich, Franz Mone, Reichensperger, Hoffmann de Fallersleben, en Allemagne ; Alberdyngk Thym, en Hollande ; l’abbé De Ram, le baron de Saint-Genois, l’abbé Carton, le docteur Snellaert, Henri Conscience, P. Van Duyse, Edmond De Busscher, etc., en Belgique [11].

10On a très peu d’informations sur les rapports devenus difficiles entre les deux hommes au début des années 1860. Il semble que l’opposition entre un Coussemaker plus prudent, et un De Baecker plus militant, s’explique par les contraintes des gouvernements de l’époque qui contrôlaient de très près les sociétés savantes, et ne leur accordaient des subventions qu’en échange de rapports d’activité très précis. Jusqu’à la fin du siècle, il était impossible que le Comité flamand de France soit autre chose qu’une société savante regroupant des érudits soucieux de mémoire locale. Coussemaker avait le souci de rester dans le cadre autorisé par la loi et considérait surtout la langue comme un élément précieux du patrimoine de son peuple, au même titre que les vieux traités de chant grégorien, la plus ancienne forme d’expression musicale notée, retrouvés chez les antiquaires de la région. Pour le vice-président De Baecker, la langue est vivante, qu’elle soit flamande ou néerlandaise. Il est donc important de se battre pour qu’elle ne meure pas. Le rayonnement du Comité flamand qui, à cette époque, attire des personnalités prestigieuses venant de tout le monde germanique, vient sans doute de l’équilibre subtil entre les tendances de ces deux hommes, l’un officiellement à la tête de la barque, soucieux de conserver l’apparence d’une société savante, tandis que l’autre pouvait se permettre plus de liberté, entraînant à sa suite plusieurs des membres fondateurs, comme l’abbé Désiré Carnel qui, au milieu des années 1860, tenait une rubrique des Annales du Comité flamand dans laquelle il suivait l’évolution du Mouvement flamand belge. Dans les dernières années de sa vie, à la fin des années 1890, l’abbé relit son parcours et résume avec une certaine amertume son combat au sein du Comité flamand dont il est encore membre : « Je suis le dernier, Bonvarlet, Cortyl, tous des archéologues qui n’aiment pas notre langue pour elle. On peut bien dire Finis Flandria... Le flamand est mort... Je suis le dernier fossile qui sert de témoin d’un passé disparu [12]. »

11La période du dernier quart du siècle est une période de transition. Les « successeurs » vont parvenir à continuer l’œuvre du fondateur charismatique. Au début d’une Troisième République peu favorable à ces élites jugées trop conservatrices et catholiques, ils vont inventer une manière originale de se maintenir et de se situer par rapport à la question régionale. Sans adhérer au Mouvement flamand voisin, en restant totalement français, ils vont parvenir, en lien étroit avec leurs homologues de Flandre occidentale, à concilier pour un temps encore combat pour la langue traditionnelle et combat pour la religion catholique, au service d’une identité flamande idéalisée. Certains d’entre eux, dans la mouvance du poète Guido Gezelle, au nom d’un refus du progrès, militent pour la vieille langue traditionnelle ; d’autres au contraire, les moins nombreux, prenant conscience de ce qui commence à s’appeler « la question sociale », vont s’engager dans une voie conciliant l’amour pour la langue, d’autant plus fort qu’ils sont en train de la perdre, et l’adhésion à la République encouragée par le pape Léon XIII. Ils sonnent le glas de l’époque néogothique qui faisait l’apologie d’un Moyen Âge idéalisé. Le chanoine Looten, devenu vice-président en 1890 assisté par Eugène Cortyl, et l’abbé Lemire participeront pleinement à la fin de cet émouvant combat qui relève plus de la poésie que du réalisme. Ils auront dans le même temps le souci de promouvoir maîtrise du français, fidélité à la langue populaire qui se fige et respect du modèle républicain. Pendant ce temps, les Flamands belges font un autre choix et, sans oublier leurs dialectes, s’acheminent vers une unification de leur langue et de son orthographe autour du néerlandais des Pays-Bas, l’ABN [13].

12On s’interroge encore aujourd’hui pour savoir si, en 1900, le Comité peut être considéré, plus qu’une société savante, comme le premier mouvement régionaliste en Flandre française. La réponse dépend du sens que l’on donne à ce concept nouveau. En d’autres termes, la langue flamande et la religion catholique étaient-elles des instruments au service de la promotion d’une nouvelle identité flamande française, associant modernité, catholicisme et décentralisation ou, au contraire, les signes d’un repli identitaire, nostalgique d’un passé idéalisé ? L’historien belge Éric Defoort penche pour la deuxième interprétation [14]. L’étude des sources, particulièrement des Annales et Bulletins de la société, confirme cette interprétation mais elle permet aussi de donner à cette question une réponse plus nuancée. L’originalité du Comité flamand [15] à cette époque est qu’il doit se démarquer à la fois de Paris et de la Belgique. En faisant la promotion du vieux flamand de France, il affirme la particularité d’une région française qui ne suit pas le chemin de la standardisation de la langue emprunté par ses voisins belges. En ce sens, il est un mouvement régionaliste soucieux de décentralisation et de folklore.

13Quand le chanoine Looten prend la direction du Comité à la mort d’Alexandre Bonvarlet en 1899, il l’entraîne dans une autre voie, dissociant le combat pour la langue du combat pour la religion. Prêtre d’un tempérament plus porté vers l’étude que vers le combat politique, il emprunte la voie de la démocratie chrétienne, dans le sillage de celui qui est devenu l’abbé démocrate Jules Lemire, député d’Hazebrouck, d’un tempérament plus militant. Tous deux rallient la République et suivent les directives de Rerum Novarum. Ils vont contribuer à développer un régionalisme d’inspiration religieuse, se référant au modèle d’organisation des villes flamandes que connaissait Léon XIII, un temps nonce à Bruxelles tout en refusant les conseils des voisins de Belgique qui veulent les aider à relancer la langue populaire qui se fige [16]. On retrouve chez eux, dans les dernières années du Concordat, la nostalgie des guildes ou corporations et l’attachement à la religion et à la langue populaire, combattues par la Révolution, mais très présentes dans les anciens Pays-Bas. Ils s’intéressent également aux idées des premiers catholiques sociaux néerlandais ou anglais comme Schaepman et le cardinal Manning, anglican converti. L’abbé Lemire, dans la biographie qu’il a consacrée à ce dernier, évoque les idées du prélat anglais, convaincu qu’il faut rapprocher l’Église du peuple en séparant l’Église et l’État [17].

14Jean-Marie Mayeur complète cette idée en affirmant que « s’il est une famille politique qui, au long de son histoire, paraît avoir été attachée à l’idée régionale, c’est bien la démocratie chrétienne [18] », plus soucieuse d’organisation que de militance politique, attachée au refus de l’individualisme, d’un État omnipotent et anticlérical et soucieuse de reconstituer les corps intermédiaires, jugés nécessaires au bon fonctionnement de la société. Dans les années qui précèdent 1914, le Comité flamand de France devient un laboratoire d’idées contradictoires et manque d’exploser au moment de la crise moderniste et de l’affaire Lemire [19]. René Rémond éclaire la réflexion en affirmant que « les peuples de tradition catholique, que les vicissitudes de l’histoire ont assujettis à des dominations étrangères de confession schismatique ou hérétique, voient dans la fidélité au siège de Pierre un moyen de préserver leur identité nationale [20] ». Un important travail publié par Edmond de Coussemaker sur les guerres de religion illustre l’importance de ce thème.

15En ce début de siècle, c’est un régionalisme d’inspiration barrésienne, épousant les traditions flamande et républicaine, qui, d’après Benoît Mihail, se répand. Il évoque cet attachement au terroir qui, loin d’être fédéraliste et décentralisateur, s’inscrit dans la logique de la Troisième République visant, « plutôt qu’à nier la diversité française, à en inventer une nouvelle afin de renforcer son emprise [21] ».

16La Première Guerre mondiale bouleverse profondément la Flandre française déjà très affectée par les conflits religieux du début du siècle qui ont abouti à la scission de l’archevêché de Cambrai et à la création de celui de Lille en 1913 quelques mois avant le début des hostilités. Les bombardements transforment la région traversée par le front de l’Yser en champ de ruines. En 1919, M. de Saint-Léger qualifie cette zone de « désertique, saignante, pantelante, labourée d’obus [22] ». On se trouve devant une situation exceptionnelle pour un chercheur : le champ de son étude a totalement explosé. Les conflits d’avant 1914 avaient anéanti les repères idéologiques des membres de la société ; en quatre ans leur environnement matériel a volé en éclats ; leur souci principal était celui de la reconstruction, du maintien du niveau scientifique... et de l’indépendance par rapport à la Belgique.

17La guerre a dans le même temps renforcé l’union nationale et encouragé la proclamation d’un patriotisme français. Elle a permis d’atténuer le conflit entre l’Église et l’État, particulièrement violent dans l’environnement du Comité [23]. Le président Looten, lors de la séance de reprise du 12 juin 1919, commence par rendre hommage à l’héroïsme de l’abbé Lemire, le député-maire d’Hazebrouck réhabilité en 1916 après sa « suspense » prononcée deux ans plus tôt. Il célèbre en même temps l’héroïsme de l’armée française incarné par deux nouveaux membres d’honneur, le général Levi, gouverneur de Dunkerque et le maréchal Foch « à qui notre Flandre se glorifie d’avoir donné l’hospitalité sur les hauteurs de Cassel, de septembre 1914 jusqu’au printemps de 1915 [24] ». Il termine son discours par un pathétique et lyrique hymne à la grande et à la « petite patrie » que le joug allemand n’est pas arrivé à dissocier, n’hésitant pas à écrire : « Plus nous étions sevrés de la France, plus Elle nous était chère et sacrée [25]. »

18Après 1918, le Comité flamand adopte une stratégie pragmatique pour la poursuite de ses activités : constater les dégâts, repérer et interpréter les signes de renaissance, identifier les nouveaux enjeux et priorités qui se posent à la société, laquelle, fortement ébranlée par toutes ces pertes humaines et matérielles, doit redéfinir ses objectifs. Les préoccupations de la reconstruction, encadrée par des impératifs économiques très stricts, donnent naissance à un nouveau régionalisme de nature artistique, à dominante architecturale, partagé entre une tendance encore liée à l’héritage des sociétés savantes, et une autre en rupture avec ce schéma [26]. Le Comité invite tous ses membres, qu’ils vivent en Flandre wallonne ou flamingante, à recueillir pieusement les indices nécessaires à une reconstruction des bâtiments abîmés et incite à consulter ses Annales et Bulletins, notamment les « recueils épigraphiques de M. Bonvarlet, les notices de M.E. Théodore sur les églises de Flandre maritime, les albums dessinés par M. Dezitter, mines inépuisables de renseignements [27] ». Constatant le déclin inéluctable de la langue flamande dans les villages, il encourage, comme à ses débuts, la collecte de vieux noms flamands. Un membre belge, Karel De Flou, dans la lignée des Coussemaker, Gezelle, De Bo, recense les noms de lieux d’origine flamande, dans le but de publier un dictionnaire.

19L’année de son jubilé, le président Looten, soucieux de rassurer les autorités inquiètes, fait à Bailleul une apologie d’un Comité de mille membres, essentiellement soucieux de mise en valeur du patrimoine régional.

20

Est-il dans ce mouvement question de séparatisme ou d’autonomie ? Pas le moins du monde. Ceux qui lui imputent une telle pensée sont des hommes à courtes vues et à préjugés tendancieux, qui méconnaissent le sens et la portée du régionalisme... La politique n’a rien à voir céans. Vouloir que la « petite patrie » conserve son originalité, n’est-ce point aimer et servir la « grande patrie » en multipliant ses richesses [28] ?

21Certains voisins belges renchérissent dans l’appel au patriotisme. En 1922, le bourgmestre de Tournai, accueillant les membres de la société, rend hommage à la France, « mère commune de tous ces enfants qui lui vinrent successivement mais qu’elle réunit tous dans un amour égal [29] ». Il souligne la particularité des « chers voisins du Nord », de la Flandre française, la région la plus peuplée et la plus laborieuse de toute la France, qui ne suit plus le même chemin que la Belgique. Dans le même Bulletin, un journaliste néerlandais, M. van Wickevoort, affirme que la séparation de la Flandre en trois morceaux est inéluctable, que l’exemple de la Belgique a rendu prudent, voire même ombrageux, le Gouvernement français. Il appuie les propos du chanoine Looten en écrivant que « le séparatisme est une folie. La Flandre française, dans sa partie flamandophone et francophone, appartient à la France depuis le traité de Nimègue [30] ». Le Comité, étendant son recrutement vers la partie francophone de la Flandre, restera dans la même ligne jusqu’à la Seconde guerre mondiale, comme en témoigne, le 26 février 1936, l’adjoint au maire de Lille, M. Favières qui rend hommage « aux sentiments de pieuse spiritualité qui animent ses membres mainteneurs de traditions séculaires [31] ».

22On ne peut étudier le Comité durant cette très riche période de l’entre-deux-guerres sans évoquer l’environnement dans lequel il évolue. La Première guerre mondiale a donné naissance à divers courants régionalistes. De nombreuses initiatives fleurissent durant ces années, la plus connue étant, au début des années 1920, celle de l’Union des Cercles flamands de France, devenus le Vlaams Verbond van Frankrijk, sous la direction de l’abbé Gantois. Ce mouvement se développe au moment de la création de revues comme Le Beffroi de Flandre, revue régionaliste de Flandre française, le Mercure de Flandre de Valentin Bresle..., ou d’associations régionalistes comme Les Amis de Lille. L’objectif n’est pas ici de les recenser mais de répondre à la question concernant le Comité flamand de France et son orientation. On se contentera donc d’étudier l’évolution des relations, jugées par certains ambiguës, entre deux organisations, le Comité flamand et le Vlaams Verbond et leurs présidents, qui recrutent dans les mêmes cercles et ont un souci linguistique apparemment commun.

23Un jeune séminariste de vingt ans a réuni, au début des années 1920, les Cercles d’études flamandes destinés aux séminaristes du diocèse de Lille. Jean-Marie Gantois (1904-1968), fils d’un médecin de Watten formé aux Facultés catholiques de Lille, rencontre le président Looten, dont il va devenir proche, en 1923 grâce à l’historien Émile Coornaert. Le prêtre vieillissant admire le dynamisme et l’intelligence du jeune séminariste, mis au service de la promotion de la langue populaire qu’il a apprise au séminaire. Cette proximité va mettre à rude épreuve le discernement du vieux maître. Quand, sur son lit de mort en 1928, son « grand ami de jeunesse » Lemire [32] le met en garde contre les « rêveries et agitations » du jeune abbé qui aurait besoin d’être bridé, Looten n’a pas encore ouvert les yeux sur les ambiguïtés de celui que Charles-Brun nomme déjà le « carillonnant abbé ». Comme Lemire, le président du Comité flamand est indiscutablement attaché à la « grande patrie » française, ce qui n’est pas le cas de Jean-Marie Gantois qui rêve de « grands Pays-Bas » s’étendant jusqu’à la Somme. Les deux vieux prêtres ont été unis dans le combat qui a mené à la Séparation de l’Église et de l’État, alors qu’ils avaient moins de 50 ans. Nés légitimistes, ils ont effectué ensemble leur métamorphose politique avant de se rallier à la République. L’un a exercé son action dans l’enseignement, l’autre dans la politique ; même s’ils ont lancé des appels pour défendre la langue flamande qui décline inexorablement, leur action est restée modérée, indépendante et complémentaire à la fois de leur action politique ou enseignante, dans le respect de leur état de prêtre ; c’est pour cette raison que Looten, tout en présidant le Comité flamand, a pu encourager l’action des Cercles flamands devenus Vlaams Verbond van Frankrijk dont il a accepté un temps d’être le président d’honneur, soucieux d’y orienter les jeunes plus militants. Faut-il suivre ceux qui affirment, comme Éric Defoort, que le chanoine est de plus en plus désillusionné par le fait qu’il ne réussit pas à rendre une certaine combativité flamande à l’organisation qu’il préside ? Il semble que l’attitude de Looten soit en pleine cohérence avec la stratégie d’expansion du Comité vers la Flandre wallonne, définie lors de la séance du 12 juin 1919. Il estime qu’une société savante n’est pas une plate-forme de lutte linguistique et son souci premier est l’élévation du niveau scientifique des études publiées dans ses Annales et Bulletins. Il souhaite mener le combat linguistique à partir d’autres structures, spécialisées dans ce domaine ; en cela il agit en professeur de littérature comparée qui adopte une stratégie. Il estime qu’il convient aussi de mener cette affaire d’une manière différente des voisins belges qui lui ont donné un caractère politique. Évoquant l’œuvre d’Henri Conscience et son prolongement dans le Mouvement flamand belge, il souligne que ce dernier « pécha parfois par excès, surtout lorsque la question linguistique passa du domaine littéraire sur le terrain politique [33] » qui doit rester étranger aux préoccupations du Comité flamand.

24Ouvrant les yeux pendant les années qui précèdent la Seconde guerre sur l’évolution de Gantois qui, de plus en plus clairement, fait du combat linguistique un combat politique, au mépris de sa condition de prêtre, Looten prend ses distances avec discernement et finit par rompre avec le Vlaams Verbond. L’historien belge Benoît Mihail souligne que le jeune abbé appartient à une génération très influencée à la fois par les idées de Maurras et par le modèle allemand. « Chez lui, la fascination du monde germanique et la haine du régime en place conduisent à une attitude plus radicale, c’est-à-dire au mépris pur et simple de l’identité française [34]. » Avec le recul, on se demande comment les deux prêtres ont pu collaborer. Jean-Marie Mayeur explique que « les deux “sœurs ennemies”, la Démocratie chrétienne et l’Action française... professaient une même philosophie sociale organiciste et étaient deux rameaux du même traditionalisme [35] » imprégné par la nostalgie de l’organisation politique du Moyen Âge, les seconds ne gardant de la religion que son cadre.

25Les Cercles flamands de France regroupaient au départ des séminaristes préoccupés de rester proches de leurs ouailles grâce à la maîtrise de la langue populaire ; ils élargissent la base de leur recrutement en 1926, tandis qu’ils deviennent le Vlaams Verbond van Frankrijk. Visant une décléricalisation de façade, Gantois se met en retrait apparent et laisse la présidence de son mouvement à un laïc tout en continuant à l’orienter. Il semble adopter la même stratégie que Looten qui, au Comité, ne relie plus combat pour la langue et combat pour la religion. C’est en effet comme doyen des Lettres que ce dernier crée la chaire de néerlandais aux Facultés catholiques de Lille en 1928, et non comme président du Comité flamand. Le jeune mouvement attire de plus en plus de membres du Comité qui voient les deux entreprises comme plus complémentaires que concurrentes. La réalité est autre et va être dévoilée à partir de 1940 : il apparaît a posteriori que Gantois n’agit que par tactique tandis que Looten est un enseignant, animé par une foi profonde et un réel amour pour sa langue maternelle. Les démêlés de Lemire avec son évêque sont restés dans les mémoires, particulièrement celle du vieux chanoine qui en fut le premier témoin. On peut aussi évoquer le mouvement breton et l’abbé Jean-Marie Perrot, un de ses principaux leaders, proche de Gantois ; le Breton met en garde le Flamand contre la confusion entre action catholique et action flamande risquant d’indisposer l’évêque de Lille le cardinal Liénart, celui qui le fera plus tard choisir entre son sacerdoce et son action politique. Dépassant ces ambiguïtés, Étienne Dejonghe énonce clairement la différence entre le Verbond et le Comité flamand, qui va devenir de plus en plus criante et visible à partir de 1940 :

26

Le Vlaamsch Verbond van Frankrijk s’efforça alors de maintenir en vie les anciennes passions et de les utiliser à ses propres fins... Mais, alors que le vieux courant régionaliste et clérical était profondément loyaliste et attaché de toutes ses fibres à la grande patrie, lui, poursuivait insidieusement ses buts séparatistes [36].

27Cette période de foisonnement idéologique sur fond de ruine et de reconstruction peut être relue en termes anthropologiques, comme l’a été celle de l’époque post-révolutionnaire cent ans plus tôt. Dans ces moments mouvementés, il est logique qu’une certaine frange de la population soit tentée par le repli identitaire, le nationalisme et la xénophobie, que quelques prêtres aient le souci d’épurer la foi chrétienne, tandis que l’un ou l’autre se laisse influencer par des opinions venues du pays avec lequel la mère patrie est en guerre, dont la stratégie est précisément de semer la zizanie, de diviser pour mieux régner.

28Comment le Comité s’est-il positionné face à cette menace ? Même s’il a pu, jusqu’aux premières années du siècle, ressembler à un lieu de repli identitaire, il s’est toujours doté de présidents qui ont su garder le cap d’une société savante, soucieuse du patrimoine historique et linguistique, et ainsi aider ses membres à transcender les blocages, désarrois et nostalgies inhérents au passage à la modernité. Le chanoine Looten, tout en respectant les positions plus traditionnelles et en conservant son poste de professeur aux Facultés catholiques de Lille, a su imposer habilement un régionalisme culturel et artistique et, ainsi, empêcher le Comité de se fourvoyer dans des voies sans issue qui auraient nui à sa pérennité. Même si ses positions ont parfois été marquées par l’ambiguïté, il a su à temps prendre ses distances avec le fondateur du Vlaams Verbond van Frankrijk contre lequel l’abbé Lemire l’avait mis en garde dès 1928. Après sa mort en 1941, c’est un autre prêtre-professeur des Facultés catholiques de Lille, qui permettra au Comité flamand de reprendre ses activités au sortir de la guerre, avant de fêter son centenaire sous la présidence d’un autre ecclésiastique reconnu pour son attitude exemplaire durant la guerre.

29On peut affirmer que le Comité durant toute son histoire a été parfois tenté de se soumettre à des influences risquant de nuire à sa pérennité par un régionalisme passant du folklore à la politique. Que dire de l’affaire Gantois ? Est-elle, comme l’écrit Étienne Dejonghe, une « excroissance minuscule et inattendue du vieux courant régionaliste et clérical [qui] restait vivace [et dont] les curés de campagne [qui se retrouvaient aussi au Comité flamand] formaient les troupes de choc, tandis que les Facultés catholiques... leur fournissaient les cadres [37] ? ». Il semble que la personnalité de l’abbé Gantois ait été pour beaucoup dans le succès éphémère du Vlaams Verbond qui n’a pas survécu à la Seconde guerre mondiale. Ce mouvement a trouvé un terrain favorable dans une région déstabilisée par les deux guerres mondiales, dans laquelle le combat régional a pu devenir un lieu de dérive (surtout en Belgique), sous l’influence de l’Allemagne, quand le politique inspiré par des considérations ethniques a surpassé le religieux... Le chanoine Looten, fidèle à son passé de professeur et doyen des Facultés catholiques de Lille, témoin prudent de l’évolution de la Flandre belge, avait déjà pris les distances nécessaires pour éviter à son Comité de se fourvoyer dans cette voie sans issue.

Ouvrages publiés en néerlandais ou écrits par des belges

Instruments de travail

30Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, Lannoo, Tielt, 1998, 3 vol., 3 800 p.

31LIPPINOIS J.-P., « Tijdschriften uit Frans-Vlaanderen (1860-1960) » [ « Périodiques de Flandre française »], XII, in Nederlandse Volkskundige Bibliografie, Systematische Registers op Tijdschriften. Reekswerken en Gelegenheidsuitgaven [Registres systématiques des périodiques...], Antwerpen, Centrum voor Studie en Documentatie, 1976, 371 p.

32NUYTTENS Michel, Inventaris van het archief van de Franse Nederlanden, Brussel, Bibliotheek Katholieke Universiteit Leuven – Campus Kortrijk, 1995, 39 p.

33GUBIN, Éliane et al., Dictionnaire des femmes belges, XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Racine, 2006, 456 p.

Travaux universitaires

34NUYTTENS Michel, Camille Looten (1855-1941), priester, wetenschapsman en Frans-Vlaams regionalist [Camille Looten Looten... prêtre, scientifique et régionaliste flamand de France], Verhandeling aangeboden tot het behalen van het doctoraat in de wijsbegeerte en letteren, afdeling Moderne Geschiedenis, 1978, 245 p. Promotor Lode Wils.

35WITHOECK Arseen, Proeve tot typologie van de Belgische leden van het Comité flamand de France, 1853- 1914 [Essai de typologie des membres belges du Comité flamand de France...], Licentiaatsverhandeling, Rijksuniversiteit Gent, Faculteit van Letteren et Wijsbegeerte, 1984-1985. Promotor : Dr R. van Eenoo.

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Date de mise en ligne : 16/01/2013

https://doi.org/10.3917/hes.124.0059

Notes

  • [1]
    Solange de Coussemaker-van Robais, Le Comité flamand de France, une société savante frontalière et régionaliste 1853-1940, thèse d’histoire contemporaine sous la double tutelle des Universités Paris IV Sorbonne et KU Leuven, dirigée par les professeurs J.-P. Chaline et Tom Verschaffel, soutenue à Paris le 19 octobre 2010.
  • [2]
    Il est important de distinguer le flamand de France (langue populaire de la Flandre française proche de celle de la Flandre occidentale voisine) et le néerlandais, à la fois langue ancienne écrite des Pays-Bas et langue standard, dénommée ABN, commune à toute la Flandre belge qui s’élabore durant toute la période de l’étude à côté des dialectes des différentes parties de la région qui subsistent.
  • [3]
    Jean-Pierre Chaline, Sociabilité et érudition, les sociétés savantes en France aux XIXe et XXe siècles, Paris, Editions du CTHS, 1998.
  • [4]
    Les deux sociétés sont créées par les mêmes hommes, également membres de la Commission historique du Nord. Edmond de Coussemaker est président des deux en 1854.
  • [5]
    Philippe Vigier, « Régions et régionalisme en France au XIXe siècle », dans Régions et régionalisme en France du XVIIIesiècle à nos jours, Actes du colloque des 11 au 13 octobre 1974, publiés par Gras, Christian et Livet, Georges, PUF, 1977, p. 161-175.
  • [6]
    Benoît Mihail, Une Flandre à la française, l’identité régionale à l’épreuve du modèle républicain, Bruxelles, Editions Labor, 2006, p. 60.
  • [7]
    Sa carrière ne dure que très peu de temps, contrairement à celle de Coussemaker qui se poursuivra jusqu’à sa retraite à 68 ans.
  • [8]
    Stephan Gerson, The pride ofplace : local memories and political culture in nineteenth century France, Cornell University Press, 2003.
  • [9]
    Edmond de Coussemaker (recueillis par), Chants populaires des Flamands de France, édités à Gand en 1856, réédités en 1930 par les Annales du Comité flamand de France (t. XXXVII), en 1971 à New York. Rééditions anastatiques par Malegijs, Kemmel, 1976, 416 p. et 1987, Initiative prise à la suite du décret du 14 septembre 1852, signé par Hippolyte Fortoul, ministre de l’Instruction publique, qui ordonnait de procéder à la publication des chants populaires français.
  • [10]
    Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales, Europe XVIIIe siècle XXe siècle, Paris, Seuil, 1999.
  • [11]
    Edmond de Coussemaker, « Fondation et constitution du comité », Annales du Comité flamand de France, tome I, p. 7.
  • [12]
    Désiré Carnel à Paul Fredericq, cité par Michel Nuyttens, Camille Looten (1855-1941), priester, wetenschapsman en Frans-Vlaams regionalist, [Camille Looten... prêtre, scientifique et régionaliste flamand de France], thèse d’histoire soutenue à la KULeuven, 1978, p. 56.
  • [13]
    ABN : Algemeen Beschaafd Nederlands.
  • [14]
    Éric Defoort, Une châtelaine flamande, Marie-Thérèse Le Boucq de Ternas, 1873-1961, Dunkerque, Editions des Beffrois, 1985, 129 p. A partir des écrits de cette femme qui fut par la suite proche de Gantois, il dresse le portrait d’un milieu de notables déjà décrit par Marguerite Yourcenar dans ses Archives du Nord, très représenté dans le Comité flamand de France dans les dernières années du siècle.
  • [15]
    Le comité est composé de deux populations : les notables qui connaissent de plus en plus mal la langue populaire et les curés de village dont c’est la langue maternelle. Parmi ceux-ci, quelques-uns, comme le chanoine Looten et l’abbé Lemire, commencent à se démarquer et se préparent à prendre la direction du comité juste avant les conflits religieux de 1905 et de l’affaire Lemire qui va suivre.
  • [16]
    Le Gantois Paul Fredericq s’est vu refuser son plan de relance de la langue populaire en 1897.
  • [17]
    Jules Lemire (abbé), Le Cardinal Manning et son action sociale, Paris, Librairie Victor Le Coffre, 1894.
  • [18]
    Jean-Marie Mayeur, « Démocratie chrétienne et régionalisme », dans Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, op. cit., p. 445-460.
  • [19]
    Toutes les tendances idéologiques et religieuses s’affrontent. Il est à noter que jamais le comité n’a défendu le catéchisme en flamand (dans les années 1890), même si certains de ses membres, surtout des curés de village, se sont illustrés dans ce combat, soutenus par l’archevêque de Cambrai.
  • [20]
    René Rémond, Religion et société en Europe, Essai sur la sécularisation des sociétés européennes aux XIXe et XXe siècles (1789-1988), Paris, Le Seuil, 1998, p. 131.
  • [21]
    Benoît Mihail, Une Flandre à la française..., op. cit., p. 61.
  • [22]
    « Compte rendu de la séance du 9 janvier 1919 », Mémoires de la Société dunkerquoise, tome LX, 1923, p. XV.
  • [23]
    Les démêlés de l’abbé Lemire, député d’Hazebrouck pendant trente-cinq ans, avec son évêque, décrits par Jean-Marie Mayeur, ont profondément bouleversé la région.
  • [24]
    Chanoine Looten, « Le Comité flamand pendant la guerre », Bulletin du Comité flamand de France, n° 6, 1919-1921, p. 15.
  • [25]
    Ibid., p. 16.
  • [26]
    Benoît Mihail, Une Flandre à la française..., op. cit.
  • [27]
    « Compte rendu de la séance du 12 juin 1912 », Bulletin du Comité flamand de France, 1919-1921, t. 6, p. 7.
  • [28]
    Chanoine Looten, « Les Flandres françaises », Bulletin du Comité flamand, 1928-1932, tome 9, p. 98-99.
  • [29]
    Bourgmestre Wibaux, « Compte rendu de la séance du 30 mai 1922 à Tournai », Bulletin du Comité flamand de France, 1922-1924, t. 7, p. 14.
  • [30]
    Résumé de l’article de M. van Wickevoort Crommelin, « Un journaliste néerlandais en Flandre française », Bulletin du Comité flamand, 1928-1932, t. 9, p. 66.
  • [31]
    « Compte rendu de la séance du 26 février 1936 à Lille », op. cit., t. X, p. 440-441.
  • [32]
    Jean-Marie Mayeur, Un abbé démocrate, l’abbé Lemire, 1853-1928, Paris, Casterman-Religion et Sociétés, 1968.
  • [33]
    Chanoine Looten, « Le centenaire du Leeuw van Vlaanderen », Bulletin du Comité flamand de France, tome 11, 1937-1939, p. 203.
  • [34]
    Benoît Mihail, « Le mouvement flamand à la lumière de l’histoire culturelle », Revue du Nord, t. 87, n° 360-361, p. 642.
  • [35]
    Jean-Marie Mayeur, « Démocratie chrétienne et régionalisme », dans Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, op. cit., p. 449.
  • [36]
    Étienne Dejonghe, « Un mouvement séparatiste dans le Nord et le Pas-de-Calais sous l’occupation (1940-1944) : le Vlaamsch Verbond van Frankrijk », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1970, p. 52.
  • [37]
    Étienne Dejonghe, op. cit., p. 50-51.

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