Notes
-
[1]
Andrew Crockett, « Marrying the Micro- and Macroprudential Dimensions of Financial Stability », BIS Speeches, 21 septembre 2000 ; Malcom D. Knight, « Marrying the Micro and Macroprudential Dimensions of Financial Stability : Six Years On », BIS Speeches, octobre 2006.
-
[2]
Banque des règlements internationaux, Recent Innovations in International Banking, rapport rédigé par un groupe d’étude mis sur pied par les banques centrales du Groupe des Dix (rapport Cross), Bâle, 1986, p. 2.
-
[3]
Charles P. Kindleberger, Manias, Panics and Crashes : A History of Financial Crises, New York, Basic Books, 1978.
-
[4]
Alexandre Lamfalussy, Central Banks and Financial Stability, 2e Pierre Werner Lecture, Luxembourg, Banque centrale de Luxembourg, 2004, p. 11. C’est là une critique à peine voilée de la politique monétaire américaine. Dans Financial Crisis in Emerging Markets. An Essay on Financial Globalisation and Fragility, New Haven, Yale University Press, 2000, p. 136-138, Alexandre Lamfalussy critique également l’asymétrie de la politique monétaire américaine en 1987 et 1998.
-
[5]
Alexandre Lamfalussy, Monetary Policy and Systematic Risk Prevention – Challenges ahead for Central Banks, The Bank of Greece Zolotas Lecture, Athènes, 29 septembre 2006, p. 12.
-
[6]
Il est intéressant de noter que la crise est suivie d’un vif débat sur la question de savoir si l’on aurait pu la prévoir : cf., Carlos F. Diaz-Alejandro, « Latin American debt : I don’t think we are in Kansas anymore », Brookings Papers on Economic Activity, n° 2, 1984, p. 335-403. Pour une analyse de la crise de la dette en Amérique latine : Rudiger Dornbusch, Dollar, Debts and Deficits, Cambridge, MIT Press, 1986.
-
[7]
Ivo Maes, « The spread of Keynesian economics : a comparison of the Belgian and Italian experiences (1945-1970) », Journal of the History of Economic Thought, vol. 30, n° 2, 2008, p. 491-509.
-
[8]
Léon H. Dupriez, Des mouvements économiques généraux, 2 vol., Louvain, IRES, 1947.
-
[9]
Ivo Maes, « The young Lamfalussy : an empirical and policy-oriented growth theorist », Revue de la Banque/Bank- en Financiewezen, juillet, n° 5, 2009, p. 286-300.
-
[10]
Alexandre Lamfalussy, Investment and Growth in Mature Economies. The Case of Belgium, Londres, Macmillan, 1961.
-
[11]
Alexandre Lamfalussy, The United Kingdom and the Six. An Essay on Economic Growth in Western Europe, Londres, Macmillan, 1963.
-
[12]
Aujourd’hui encore, Lamfalussy est toujours considéré comme l’un des principaux partisans de l’approche keynésienne de la croissance tirée par les exportations. Voir Nicholas Crafts et Gianni Toniolo, « Postwar growth : an overview », in Nicholas Crafts et Gianni Toniolo (éd.), Economic Growth in Europe since 1945, Cambridge, CUP, 1996, p. 1-37, p. 12.
-
[13]
Un des problèmes auxquels étaient confrontées les banques privées était les différents outils de contrôle quantitatif utilisés par les autorités monétaires.
-
[14]
Alexandre Lamfalussy, The Euro-Bond Market : Problems ans Prospects, Conférence destinée à l’Institute of Bankers, Londres, 20 février 1968, NBBA, C. 414/16.
-
[15]
Alexandre Lamfalussy, Les Marchés financiers en Europe. Essai d’interprétation économique, Paris, PUF, 1968a. S’agissant du fonctionnement des systèmes monétaire et financier, Lamfalussy est intellectuellement très proche du rapport Radcliffe, soulignant les similarités entre la monnaie et les autres actifs financiers, par opposition aux positions monétaristes, cf. Alexandre Lamfalussy, « Money Substitutes and Monetary Policy », The Banker, janvier, vol. CXI, n° 419, 1961, p. 44-50.
-
[16]
L’effondrement du système de Bretton Woods marque un tournant dans l’environnement des institutions financières, ce qui implique une hausse significative des risques de change et des opérations d’arbitrage. À cette époque, les positions de change ne font pas l’objet d’une réglementation prudentielle spécifique en Belgique. Après l’annonce par la Banque de Bruxelles de ses pertes de change, celle-ci reçoit d’une banque allemande un fax disant « Bienvenue au club » in Jean-Marie Moitroux, Een bank in de Geschiedenis, Bruxelles, BBL, 1995, p. 217.
-
[17]
Toutefois, ces facilités n’ont pas été utilisées (PV CD n° 3479/19 du 26 novembre 1974, archives de la Banque nationale de Belgique (BNB)). La BRI fut étroitement liée au dénouement des positions de change (PV CD n° 3460/14 du 15 octobre 1974, archives de la BNB).
-
[18]
Commission des Communautés européennes, Le développement d’un marché européen des capitaux, Rapport Segré, Bruxelles, 1966. Lamfalussy a joué un rôle essentiel au sein du comité. Claudio Segré, le président du comité, appelait Lamfalussy « mon trésor » (interview de Segré, 12 juin 2007).
-
[19]
Gianni Toniolo (en coll. Piet Clement), Central Bank Cooperation at the Bank for International Settlements, 1930-1973, Cambridge, Cambridge University Press, 2005.
-
[20]
Le système bancaire international et les euromarchés sont également les thèmes des premières études de la BRI : Helmut Mayer, « Credit and Liquidity Creation in the International Banking Sector », BIS Economic Papers, n° 1, novembre 1979 ; Helmut Mayer, « Credit and Liquidity Creation in the International Banking Sector », BIS Economic Papers, n° 1, novembre 1979. Pour une analyse des euromarchés : Robert Barry Johnston, The Economics of the Euro-Market, History, Theory and Policy, Londres, Macmillan, 1983.
-
[21]
Gianni Toniolo (en coll. Piet Clement), Central Bank Cooperation..., op. cit., p. 466.
-
[22]
Pour les questions liées à la Bundesbank : Günter Francke, « The Bundesbank and the Markets », in Fifty Years of the Deutsche Mark, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 259.
-
[23]
Charles Goodhart, « The Bank of England 1970-2000 », in Ranald Michie et Philip Williamson (éd.), The British Government and the City of London in the Twentieth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 368. Voir également Forrest Capie, The Bank of England. 1950s to 1979, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.
-
[24]
Note relative à la réunion du Comité permanent des euromonnaies tenue le 8 décembre 1975, Archives de la Banque des règlements Internationaux (BISA) 7.15 (1), G10 D22.
-
[25]
Claudio Borio et Gianni Toniolo, « One Hundred and Thirthy Years of Central Bank Cooperation : A BIS Perspective », in Claudio Borio, Gianni Toniolo et Piet Clement (éd.), Past and Future of Central Bank Cooperation, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 63.
-
[26]
Il y a dans ce domaine une certaine concurrence entre la BRI et d’autres institutions internationales, en particulier le FMI (cf. Dealtry, The ECSC’s meeting of 9 December 1974, BISA, 7.15 (1) G10 D.22).
-
[27]
Lamfalussy évoque à présent avec un soupçon de nostalgie la crise de la dette mexicaine, compte tenu du manque de transparence dont souffre la crise du crédit actuelle. Entretien du 5 mai 2009.
-
[28]
Ivo Maes, Half a century of European Financial Integration. From the Rome Treaty to the 21st century, Avant-propos de Ph. Maystadt, Bruxelles, Fonds Mercator, 2007.
-
[29]
Piet Clement, « Introduction : Past and Future of Central Bank Cooperation », in Claudio Borio, Gianni Toniolo et Piet Clement (éd.), op. cit., p. 6.
-
[30]
Il est ultérieurement rebaptisé « Comité (de Bâle) sur le contrôle bancaire (CCB) ».
-
[31]
Claudio Borio et Gianni Toniolo, op. cit., p. 61.
-
[32]
Il n’a alors pas quarante ans. Alexandre Lamfalussy, The Role of Monetary Gold over the Next Ten Years, The Per Jacobsson Foundation, 1969.
-
[33]
On dit aussi que Lamfalussy a un don pour deviner les nouvelles tendances. Par exemple, Peter Norman note que Lamfalussy « est le premier à identifier les problèmes et à proposer une solution » : Peter Norman, Plumbers and Visionaries. Securities Settlement and Europe’s Financial Market, Chichester, John Wiley & Sons, 2007, p. 95.
-
[34]
Cf. Alexandre Lamfalussy, Will improved Reporting Requirements lead to a Safer Euromarket ? 1er décembre 1976, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 2.
-
[35]
Cela implique également qu’avec ses crédits conditionnels, le FMI ne joue qu’un rôle mineur dans le financement des déficits courants. Il s’agit de l’une des rares questions faisant l’unanimité au sein de la CPEM durant l’été 1978 : « Le Comité reconnaît à l’unanimité de ses membres qu’il est souhaitable que les crédits conditionnels du FMI jouent à l’avenir un rôle plus important que jusqu’à présent dans le financement des balances de paiements » (Larre, Comité permanent des euro-monnaies : Rapport du président sur les problèmes de politique économique liés à l’expansion du marché des euro-monnaies et des prêts bancaires internationaux depuis l’augmentation des prix du pétrole, 3 août 1978, Archives de la Banca d’Italia, Rome (BdIA), Studi-Pratt. 785/31).
-
[36]
Cf. Alexandre Lamfalussy, La Centralisation des Risques Bancaires, 9 décembre 1976, Luxembourg, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 5. En outre, comme l’observent Eichengreen et Lindert, l’histoire de l’Amérique latine est jalonnée de crises de la dette : « Non seulement les faillites sont récurrentes, mais les pays en défaut ont tendance à être les mêmes, génération après génération ». Voir Barry Eichengreen et Peter H. Lindert, « Overview », in Barry Eichengreen et Peter H. Lindert (éd.), The International Debt Crisis in Historical Perspective, Cambridge, MIT Press, 1989, p. 1-11, p. 4.
-
[37]
Alexandre Lamfalussy, The Future of the Euro-Currency Market, Conference Board Europe, 14 décembre 1978, Bruxelles, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 4.
-
[38]
Emminger, président de la Bundesbank, critique l’analyse de la BRI : « On peut regretter toutefois les critiques qui ont été exprimées à l’égard du déficit américain par la BRI dans son dernier rapport annuel », procès-verbal de la 113e réunion du Comité des gouverneurs de la CEE, 12 juillet 1977, p. 3, NBBA.
-
[39]
Alexandre Lamfalussy, The Role of the private Banking System in International Financing, Remarques relatives à l’International Banking Conference « Lending Policies and Practices", 19 janvier 1978, New York, BdIA, Carte Baffi 209.
-
[40]
BISA, 7.18 (25), LAM30/F77 p. 56-59.
-
[41]
Tout comme il s’en inquiétera durant la première décennie du XXIe siècle. Cf. Alexandre Lamfalussy, « Monetary Policy and Systematic Risk Prevention – Challenges ahead for Central Banks », The Bank of Greece Zolotas Lecture, Athènes, 29 septembre 2006.
-
[42]
Cf. Alexandre Lamfalussy, « International Bank Lending since 1973 », International Monetary Conference, Londres, 20 juin 1979, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 4.
-
[43]
Alexandre Lamfalussy, The Role of Banks in Balance-of-Payments Financing, 14 au 14 mai 1981, Vienne, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 7. Les euromarchés sont le thème de la réunion des économistes des banques centrales tenue à la BRI en 1981. Un article de Jeffrey Shafer aborde la théorie du prêteur en dernier ressort sur les marchés bancaires internationaux : Jeffrey R. Shafer, « The theory of a lender of last resort in international banking markets », Recent developments in the economic analysis of the Euro-markets, Bâle, Banque des Règlements internationaux, septembre 1982.
-
[44]
Une proposition de création d’une centrale des risques internationale a été rejetée en 1965. Voir Gianni Toniolo (with the cooperation of Piet Clement), op. cit., Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p. 469.
-
[45]
Note de Lamfalussy, Some remarks on the Memorandum on The Euro-currency market and regulations of international financial flows, 9 July 1976, BISA 7.18 (15), LAM 27/F72. La création d’une centrale des risques est également un sujet de discussion au niveau de la CEE (Procès-verbal du Comité des gouverneurs des banques centrales des États membres de la Communauté économique européenne, 13 juillet 1976, p. 4, Archives de la BNB).
-
[46]
Notamment W. Schoellkopf de Chase Manhattan New York, BISA 7.18 (15), LAM 27/F72.
-
[47]
Ancien professeur de l’université de Columbia, Burns est un spécialiste de l’analyse du cycle conjoncturel et a été responsable du National Bureau of Economic Research. Axilrod note qu’il s’est avant tout illustré par ses compilations et son analyse pertinente des statistiques et des indicateurs relatifs au cycle conjoncturel américain. D’après les discussions qu’il tient avec Burns après son arrivée à la Réserve fédérale, ce dernier ne semble pas beaucoup recourir aux analyses théoriques de l’économie, qu’il s’agisse de l’approche keynésienne ou monétariste, pour expliquer les cycles : Stephen Axilrod, Inside the Fed, Cambridge, MIT Press, 2006, p. 59.
-
[48]
Les banques américaines sont particulièrement exposées à l’endettement des pays d’Amérique latine : Alexandre Lamfalussy, Financial Crisis in Emerging Markets. An Essay on Financial Globalisation and Fragility, New Haven, Yale University Press, 2000, p. 14.
-
[49]
Suggested list of information to be requested by lending banks from, or with respect to, the external financial situation of the country of residence of foreign borrowers, BISA, 7.18 (12) DEA2.
-
[50]
BIS Checklist, BISA, 7.18 (2) DEA2, p. 2.
-
[51]
Dealtry, Note on the meeting about information to be requested by banks from prospective borrowers in the international credit markets, 18 juin 1977, BISA, 7.18 (12), DEA2.
-
[52]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[53]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[54]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[55]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[56]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[57]
Axilrod décrit Wallich comme l’un des « gouverneurs de la Fed les plus déterminés à lutter contre l’inflation » : Stephen Axilrod, Inside the Fed, Cambridge, MIT Press, 2006, p. 73.
-
[58]
Lettre adressée à Lamfalussy, 22 juillet 1977, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[59]
Report on the supervision of country risk in bank lending, BS/79/17e, BISA Banking Supervision, 1979/9.
-
[60]
Pour un compte rendu de la Fed, cf. Stephen Axilrod, op. cit.
-
[61]
Note, Le contrôle du marché des euromonnaies, BNB, 6 mars 1980, Archives de la BNB, C.416/1.
-
[62]
Note, Fin des travaux des Groupes Lamfalussy et Axilrod, 20 février 1980, Archives de la BNB, C.416/17.
-
[63]
Selon le compte rendu des représentants de la Banque nationale de Belgique, notes du 29 juin 1979, du 20 février et du 6 mars 1980, Archives de la BNB, C.416/6.
-
[64]
À l’époque, les agrégats monétaires constituent l’objectif intermédiaire de la politique monétaire des États-Unis.
-
[65]
Conformément à son opinion selon laquelle la croissance soutenue des prêts internationaux est liée à la présence d’un marché d’emprunteurs et à la politique monétaire laxiste menée par les États-Unis.
-
[66]
Comme l’écrit Rey, « Une autre difficulté est née de l’insistance du Président pour ne pas traiter les réserves obligatoires comme un chapitre en soi parmi les techniques de contrôle du marché des Euromonnaies, mais bien comme l’un des éléments de disparité concurrentielle entre marché intérieur et extérieur, qu’il pourrait être souhaitable d’éliminer » (Note, Fin des travaux des Groupes Lamfalussy et Axilrod, 20 février 1980, Archives de la BNB, C.416/17).
-
[67]
La Banque d’Angleterre est moins enthousiaste. Dans une note datée du 26 mars 1979 et intitulée « Some comments on the FRB’s discussion paper “A preliminary proposal for a reserve requirement on euro-currency deposits” », elle est assez critique. Outre un certain nombre de questions pratiques, elle fait état d’une différence fondamentale d’approche en ce qui concerne les euromarchés : « À la Banque d’Angleterre, nous avons tendance à nous concentrer sur les questions prudentielles. » Elle poursuit : « Nous sommes d’avis que les avantages prudentiels ne sont pas importants, et qu’ils pourraient être moins nombreux que les risques prudentiels » (Archives de la Banca d’Italia, Carte Baffi, 209/4).
-
[68]
Télex du 8 juin 1979, Archives de la BNB, C.416/6.
-
[69]
Archives de la BRI, 7.18 (15) LAM25/F66. Londres étant un centre important pour les euromarchés, la Banque d’Angleterre suit étroitement les développements bancaires internationaux (cf. par exemple les articles publiés régulièrement dans le Quarterly Bulletin de la Banque d’Angleterre). De plus, après la crise bancaire des années 1973-1974, elle est légalement chargée de la surveillance bancaire, en vertu du Banking Act de 1979 (W.P. Cooke, « The Role of the Banking Supervisor », Quarterly Bulletin, Bank of England, vol. 22, n° 4, décembre 1982, p. 547). Ceci éveille évidemment son intérêt pour les questions de surveillance. Toutefois, Goodhart fait remarquer qu’au début, la surveillance elle-même était une activité très pratique, qui « ne tenait pas compte de l’apport théorique » des économistes. En outre, les contacts entre le département en charge de la surveillance et les autres départements sont restés assez limités. Voir Charles Goodhart, « A Central Bank Economist », in Paul Mizen (éd.), Central Banking, Monetary Theory and Practice, vol. 1, Chelterham, Edward Elgar, 2003, p. 13-62, p. 33.
-
[70]
Archives de la BRI, 7.18 (15), LAM25/F66. Dans le rapport intermédiaire du président publié le 8 février 1980, Lamfalussy utilise l’expression « surveillance macroéconomique ».
-
[71]
Ibid., p. 12.
-
[72]
Rapport d’avancement du président sur les activités du Working Party on Possible Approaches to Constraining the Growth of International Bank Lending, 28 novembre 1979, Archives de la BRI, 7.18 (15), LAM25/F67.
-
[73]
Comité sur les pratiques et réglementations de contrôle bancaire, Rapport sur l’utilisation de certaines mesures prudentielles pour freiner la croissance des prêts bancaires internationaux, février 1980, Archives de la BRI, 7.18 (15), LAM25/F67.
-
[74]
Toutefois, il poursuit : « Parallèlement, il est reconnu que des problèmes de nature macroprudentielle pourraient apparaître, qui ne sont pas nécessairement faciles à identifier au niveau des banques individuelles, auxquels le superviseur devrait prêter attention. En examinant les questions posées par le Groupe Lamfalussy, le Comité n’a pas cherché à émettre un jugement collectif sur la question de savoir si de tels problèmes se posaient à l’heure actuelle ».
-
[75]
Les « problèmes de conflit » ne sont pas précisés dans le rapport du Comité Cooke.
-
[76]
Il indique également que « plusieurs membres du Groupe » sont partisans de mesures prudentielles afin de réduire les prêts bancaires internationaux.
-
[77]
Axilrod n’est pas très satisfait de la manière dont le Groupe Lamfalussy a traité le rapport de son Groupe. Comme il le dira plus tard : « Quoi qu’il en soit, le Groupe Lamfalussy a ignoré les plans du sous-groupe et s’est contenté d’émettre des exhortations prudentielles et de collecter des données, ce qui lui a permis d’éluder les questions controversées », in Stephen Axilrod, Inside the Fed, Cambridge, MIT Press, 2006, p. 89.
-
[78]
Le problème a déjà fait l’objet d’intenses discussions au sein du CPEM durant le printemps et l’été de 1978, cf. la note de Larre « Comité permanent des euromonnaies : Rapport du président sur les problèmes de politique économique liés à l’expansion du marché des euromonnaies et des prêts bancaires internationaux depuis l’augmentation des prix du pétrole » du 3 août 1978, BdIA, Studi-Pratt. 785/31.
-
[79]
Possible uses of banking supervisory instruments for controlling the expansion of international bank credit (Utilisations possibles d’instruments de surveillance bancaire en vue de contrôler l’expansion des prêts bancaires internationaux), 31 octobre 1978, BISA, 1.3a (3) F Vol. 2.
-
[80]
Note du président, BS/79/10, BISA, Banking Supervision 1979/9.
-
[81]
Interview, Lamfalussy, 5 mai 2009.
1 En raison de la crise financière, les travaux de la Banque des règlements internationaux (BRI), en particulier son analyse des questions de stabilité financière, suscite un regain d’intérêt. À cet égard, la BRI adopte une approche large, qui allie les dimensions microprudentielles et macroprudentielles de la stabilité financière [1]. C’est d’abord dans le rapport Cross sur les innovations introduites dans les affaires bancaires mondiales que l’approche macroprudentielle de la BRI se retrouve au premier plan. Celui-ci définit le domaine macroprudentiel comme « la sécurité ainsi que la solidité du système financier dans son ensemble et du système de paiements [2] ».
2 Les causes de l’actuelle crise financière font toujours l’objet de vifs débats au sein de la communauté des économistes. Globalement, trois éléments ont contribué à la crise : (1) une économie capitaliste de marché se singularise intrinsèquement par des cycles d’envolée et de chute des marchés, dans lesquels des phases d’optimisme et de pessimisme alimentent un cycle du crédit [3] ; (2) dans nombre de cas, une « innovation » est à l’origine des phases d’optimisme et de pessimisme, comme la « bulle Internet », qui éclate en mars 2000 ; dans la crise actuelle, l’innovation financière, en particulier la titrisation, se trouve au cœur du cycle ; (3) vers 2005, un excès de liquidité engendre une accélération de l’érosion de la sensibilisation au risque, une baisse des primes de risque, une erreur d’évaluation des actifs et une hausse de l’endettement. Certains estiment que cet excès de liquidité est dû à la souplesse des politiques monétaires menées notamment aux États-Unis, et au déficit extérieur courant américain. La question est controversée.
3 Alexandre Lamfalussy est l’un des Cassandre qui souligne la fragilité du système financier et met en garde contre une crise potentielle. En 2004, il fait remarquer que les innovations financières ne peuvent préserver le système d’un effondrement des prix des actifs ; elles peuvent tout au plus redistribuer les pertes éventuelles. De plus, il souligne que les banques centrales doivent se préoccuper des bulles des prix des actifs, leur éclatement pouvant créer un environnement propice à une crise systémique : « Si une banque centrale ne tente pas de décourager l’“exubérance irrationnelle”, il est fort possible qu’elle tombe dans le piège des réactions asymétriques de la politique, conjugué aux implications en termes d’aléa moral [4]. » En 2006, il attire l’attention sur un excès de liquidité à l’échelle mondiale : selon lui, il s’agit d’un terrain propice aux bulles des prix des actifs qui fait chuter les primes de risque à des niveaux historiquement bas. Il conclut en affirmant que « l’excès de liquidité représente un véritable danger, bien que non quantifiable, pour la stabilité de notre système financier [5] ».
4 La crise de la dette en Amérique latine, qui éclate en août 1982, est la première crise financière mondiale de l’après-guerre. Les responsables de la BRI, en particulier Alexandre Lamfalussy, jouent un rôle important dans la gestion de celle-ci, notamment en fournissant des « crédits-relais » (avant que les prêts de stabilisation du FMI ne puissent être accordés). En outre, les statistiques de la BRI sont particulièrement utiles pour les autorités afin d’identifier rapidement les banques impliquées dans les crises d’endettement et les montants de leurs crédits.
5 Le présent article décrit les efforts consentis par la BRI durant la seconde moitié des années 1970 pour prévenir la crise de la dette [6]. Il montre qu’Alexandre Lamfalussy, qui travaille à la BRI de 1976 à 1993, joue un rôle crucial à cet égard. En outre, les discussions sur la hausse des niveaux d’endettement sont déterminantes dans la façon d’aborder la stabilité financière adoptée par l’institution. Même l’approche macroprudentielle est déjà bien perceptible dans les travaux d’un groupe de travail présidé par Lamfalussy en 1979 et 1980.
6 Dans une section consacrée aux raisons pour lesquelles Lamfalussy s’avère particulièrement sensible à la fragilité financière, nous passerons en revue sa formation universitaire et son expérience de banquier. Nous présenterons ensuite la Banque des règlements internationaux et son rôle, qui évolue au cours des années 1970, avant de rappeler les tenants et aboutissants de la crise de la dette en Amérique latine : nous discuterons de l’accumulation de la dette et des différentes initiatives destinées à limiter les prêts, en nous intéressant tout particulièrement à l’action de Lamfalussy.
La formation universitaire et l’expérience de banquier de Lamfalussy
7 Alexandre Lamfalussy naît le 26 avril 1929 à Kapuvar, en Hongrie. Il débute ses études d’économie à l’école polytechnique de Budapest. En janvier 1949, il parvient à fuir la Hongrie et se réfugie en Belgique, où il poursuit ses études à l’Université catholique de Louvain.
8 À cette époque, Louvain est l’un des hauts lieux de l’économie dans le monde francophone. Sa figure dominante est Léon-H. Dupriez, éminent spécialiste de l’analyse des cycles conjoncturels [7]. L’approche de Dupriez se caractérise par deux éléments. Premièrement, il base son analyse sur de nombreuses enquêtes empiriques en s’attachant aux méthodes statistiques descriptives, ainsi qu’aux graphiques et aux tableaux. Deuxièmement, il n’est pas favorable à l’économie keynésienne. Les modèles, l’économétrie et les comptes nationaux le laissent réticent. À ses yeux, il est essentiel que la théorie économique se fonde sur les décisions économiques individuelles [8].
9 Lamfalussy devient l’assistant de Dupriez, tout en adoptant des positions plus keynésiennes [9]. Alors que son mentor n’approuve pas l’élaboration formelle de modèles, Lamfalussy considère cette approche comme un moyen d’expliciter le modèle que l’on utilise. Il est aussi favorable à une planification gouvernementale et aux interventions de l’État dans l’économie. Néanmoins, au fil du temps, il partage de plus en plus les positions de Dupriez, notamment l’idée que les cycles doivent être atténués sans être supprimés. En outre, il adoptera dans ses travaux l’approche défendue par Dupriez consistant à baser l’analyse économique sur des enquêtes empiriques.
10 Lamfalussy fait, à Oxford, un doctorat sur l’investissement et la croissance dans la Belgique de l’après-guerre, sous la supervision de Philip Andrews – Sir John Hicks en est l’examinateur principal. Par la suite, sous l’influence de Robert Triffin, il acquiert une expérience américaine à Yale.
11 Dans Investment and Growth in Mature Economies. The Case of Belgium [10], Lamfalussy approfondit la théorie de la croissance et de l’investissement, tout en se concentrant sur la faible croissance de l’industrie belge. Dans The United Kingdom and the Six. An Essay on Economic Growth in Western Europe [11], il souligne l’importance de cercles vertueux ou vicieux. Ainsi, une croissance plus soutenue des exportations favorise une augmentation des investissements, ce qui renforce la productivité et les investissements et, partant, les exportations. Ses analyses s’inscrivent dans la tradition keynésienne. Selon lui, la présence des cercles vicieux et vertueux montre que l’économie de marché n’est ni stable ni autocorrectrice [12].
12 Au cours de l’été 1955, Lamfalussy revient en Belgique après deux années passées à Oxford et commence à travailler à la Banque de Bruxelles, la deuxième banque belge. Il débute comme économiste dans le département des Études et devient le conseiller économique de la banque en 1962. De 1965 à 1970, il est directeur général et, de 1971 à 1975, président du conseil d’administration.
13 Comme banquier privé, Lamfalussy développe une expertise des marchés financiers. Il travaille à la Banque de Bruxelles durant les années 1950 et 1960, période particulièrement florissante pour le secteur bancaire en Belgique, notamment pour la Banque de Bruxelles [13]. Au début des années 1960, il se voit attribuer des responsabilités dans le domaine de la gestion des investissements. Il participe à la création de quelques-uns des organismes de placement collectif en valeurs mobilières que la Banque de Bruxelles introduit sur le marché belge. Il joue également un rôle dans le domaine de l’investissement international, domaine alors émergent. Ainsi, en juillet 1963, il représente la Banque de Bruxelles lors de la signature de l’accord de souscription afférent à l’émission de la première euro-obligation – une obligation de 15 millions de dollars en faveur d’Autostrade. Il devient un spécialiste du marché des euro-obligations – il donne une conférence à l’Institute of Bankers à Londres sur ce thème [14] et rédige un livre sur les marchés financiers européens [15].
14 Néanmoins, en 1974, alors que Lamfalussy est à la tête de la Banque de Bruxelles, des traders prennent d’importantes positions de change non couvertes, qui entraînent de lourdes pertes [16]. Il est ainsi confronté pour la première fois à la gestion d’une crise financière. La Banque nationale de Belgique crée alors des facilités spéciales d’escompte et de crédit en faveur de la Banque de Bruxelles [17]. À la fin de 1975, Lamfalussy démissionne. Cet épisode influence, bien entendu, considérablement son approche du système financier : les risques et la fragilité financière seront désormais, pour lui, des sujets de préoccupation majeurs.
15 Dans les années 1960, Alexandre Lamfalussy est également membre de plusieurs comités d’étude du système financier. Entre 1963 et 1965, il est membre du comité Segré, mis en place par la Commission européenne, qui se penche sur l’intégration des marchés des capitaux au sein de la CEE [18].
La BRI dans les années 1970
16 Créée en 1930, la Banque des règlements internationaux est chargée de mettre en œuvre les réparations de guerre imposées à l’Allemagne, et sert de forum de coopération entre les banques centrales. La BRI offre aux banques centrales trois services principaux : des travaux de recherche dans le domaine des paiements internationaux et du contrôle prudentiel, un lieu de réunions régulières et discrètes, et un bras financier, particulièrement important sur le marché de l’or.
17 Dans l’après-guerre, la BRI est l’un des principaux centres de coopération monétaire internationale. À ce titre, elle contribue à la longévité et au succès du système de Bretton Woods [19]. Dans les années 1960, les banques centrales s’intéressent de plus en plus à la croissance du marché des euromonnaies et à son incidence sur la création de liquidités internationales [20]. Ainsi, afin de contrôler les marchés bancaires internationaux, le Comité permanent des euromonnaies (CPEM) est mis en place en avril 1971. Le mode d’approche des euromarchés présente toutefois de substantielles différences d’une banque centrale à l’autre [21]. La plupart des banques centrales d’Europe continentale, et en particulier la Bundesbank, estiment que les euromarchés compliquent leur tâche. Elles leur reprochent de générer des flux de capitaux qui entravent leurs opérations de politique monétaire et rend plus difficile le contrôle des banques [22]. Elles plaident en faveur de réglementations strictes et de l’imposition de réserves obligatoires. D’autres banques centrales, en particulier la Banque d’Angleterre, soutiennent les euromarchés et rejettent les contrôles. Comme l’observe Goodhart, « le marché des eurodollars se développe et prospère à Londres à partir des années 1960. [...] La Banque tient à favoriser ces évolutions, qui la placent au cœur du système financier international [23] ».
18 Le choc pétrolier de 1973 a d’importantes répercussions sur l’activité bancaire internationale. Avec le recyclage des pétrodollars, l’intérêt passe des marchés des euromonnaies traditionnels aux prêts en eurodollars aux pays en voie de développement qui croissent très rapidement. Lors de la réunion du Comité permanent des euromonnaies de décembre 1975, Kit McMahon (Banque d’Angleterre) note que les inquiétudes grandissent « en ce qui concerne l’endettement [...] d’un grand nombre de pays non industrialisés, le rôle que le marché des euromonnaies joue depuis l’émergence de l’excédent de pétrole et les répercussions éventuelles de ces facteurs au cours de l’année à venir. Plusieurs institutions internationales – le FMI, la BIRD, l’OCDE, et même la CEE – s’intéressent de plus en plus à ce marché [24] ».
19 L’amélioration des statistiques sur les euromonnaies devient un dossier important pour le Comité permanent. La BRI élargit son champ d’analyse en suivant non seulement le marché des euromonnaies, mais aussi les autres prêts bancaires internationaux. Des statistiques sont publiées à partir de 1974. En 1978, elles sont complétées par des informations sur la structure par échéance des risques. Ainsi, au milieu des années 1970, la BRI améliore la couverture de ses statistiques bancaires internationales afin de mettre en lumière l’exposition croissante des banques aux pays en voie de développement [25]. Le Comité permanent des euromonnaies joue ainsi un rôle essentiel dans le développement des statistiques financières et bancaires internationales [26]. Pendant la crise de la dette latino-américaine, en 1982–1983, les statistiques de la BRI s’avèrent précieuses pour les autorités politiques : elles les aident à identifier rapidement les banques impliquées dans la crise et l’encours de leurs crédits [27].
20 L’effondrement du système de Bretton Woods, au début des années 1970, contribue à une révision des objectifs de la coopération entre les banques centrales. Celle-ci s’accompagne d’un changement plus général, le système financier étant de moins en moins dirigé par les pouvoirs publics et de plus en plus par le marché [28]. En raison des taux de change flottants, de la mobilité croissante des capitaux et de la libéralisation financière, aux niveaux national et international, la coopération ne porte plus tant sur la stabilité monétaire que sur la stabilité financière [29]. L’effondrement fort médiatisé de certaines banques, comme Herstatt et Franklin National, contribue à focaliser la coopération entre banques centrales sur le renforcement de la réglementation prudentielle internationale et des systèmes de paiement et de règlement. En décembre 1974, les gouverneurs de banque centrale des pays du G10 créent le Comité des règles et pratiques de contrôle bancaire [30]. En 1975, celui-ci met au point un « Concordat » partageant les responsabilités du contrôle transfrontalier entre les autorités des membres [31]. Cet accord sera suivi d’un guide de bonnes pratiques, et de normes dans tous les domaines de la réglementation et du contrôle bancaires. Ainsi, un accord conclu à Bâle en juillet 1988 établit des normes minimales en matière de fonds propres.
21 En janvier 1976, Alexandre Lamfalussy entre à la Banque des règlements internationaux comme conseiller économique et chef du département monétaire et économique. Il est directeur général adjoint de 1981 à 1985 et directeur général de mai 1985 à fin 1993.
22 À première vue, le choix de Lamfalussy comme conseiller économique peut sembler étonnant étant donné qu’il n’a encore jamais été actif dans une banque centrale ou une administration. Il est cependant un éminent professeur d’université, bien introduit dans la finance internationale. Ainsi par exemple, il donne en 1969 la sixième conférence de la fondation Per Jacobsson [32]. En outre, son expérience de banquier lui donne une connaissance approfondie des marchés financiers, précieuse pour une banque centrale.
23 À cet égard, le profil de Lamfalussy est différent de celui de Milton Gilbert, son prédécesseur. Cet Américain, a débuté sa carrière dans le domaine des comptes nationaux, et a été actif à l’OECE à Paris. Il a principalement consacré ses recherches à l’économie réelle et au système monétaire international. Le rapport annuel 1975-1976 de la BRI, le premier publié sous la direction de Lamfalussy, diffère des rapports antérieurs. Il contient par exemple un nouveau chapitre intitulé « Marchés du crédit et des capitaux ». Par ailleurs, Lamfalussy axe l’analyse sur des thèmes et des tendances plus généraux, comme la récession et la reprise, ou l’inflation et la politique monétaire, ce qui contraste avec l’approche par pays qui prévalait du temps de Gilbert [33].
la dette de l’amérique Latine
24 Durant les années qu’il passe à la BRI, Lamfalussy est très actif dans le Comité permanent des euromonnaies. Il en devient d’ailleurs le président. Comme on l’a dit, au milieu des années 1970, avec le recyclage des pétrodollars, l’attention passe des marchés des euromonnaies traditionnels aux prêts en eurodollars aux pays en développement. Dans un premier temps, ce recyclage est très profitable à l’économie mondiale : « Les organisations officielles auraient été incapables de prêter de tels montants aussi vite [34]. » Il augmente cependant le risque-pays [35].
25 Les données relatives à la dette révèlent que l’endettement de certains pays s’est fort accru, le plus souvent à court terme, ce qui est annonciateur de crise. Dans des discours qu’il prononce en 1976, Lamfalussy attire l’attention sur les risques encourus : « De mes trois premiers points – le développement continu (des crédits), l’extension des risques à un grand nombre de pays et le changement dans la nature des crédits –, je retiens la conclusion que le problème des risques devient urgent [36]. »
26 En 1976 et en 1977, le déficit du compte-courant de plusieurs pays d’Amérique latine se réduit, essentiellement grâce à des politiques d’ajustement et au redressement de l’économie mondiale. Toutefois, en 1978, face à un marché d’emprunteurs, les politiques d’ajustement sont abandonnées et les déficits se creusent à nouveau sensiblement. En effet, un tel marché est trop tentant pour les pays d’Amérique latine. Comme le remarque Lamfalussy, « la croissance, alimentée par l’offre, des crédits bancaires internationaux entraîne un rétrécissement des marges bancaires – qui reviennent aux niveaux antérieurs à la faillite d’Herstatt –, le rallongement de la durée des prêts bancaires et l’augmentation du volume des prêts syndiqués individuels [37] ». Pour Lamfalussy, le marché d’emprunteurs qui « injecte des liquidités dans le système financier international » est essentiellement dû à la souplesse des politiques monétaires et au déficit du compte-courant américain [38].
27 Lamfalussy met également en garde contre le danger de dépendre des marchés financiers et contre un soudain arrêt des prêts :
« En principe, les organisations officielles sont mieux armées que les banques pour accorder des prêts conditionnels [...]. Il n’y a guère d’exemples de prêts conditionnels réussis émanant du système bancaire privé et, en l’absence de programme d’ajustement progressif négocié au préalable, le seul moyen dont disposent les banques privées pour mettre en œuvre des politiques d’ajustement intérieur, c’est de cesser les prêts. Cela s’est produit dans certains cas ; et, lorsque cela s’est produit, c’est arrivé de façon assez abrupte. L’ajustement progressif, sous la pression sagement dosée des prêts conditionnels du FMI, serait clairement préférable à ce traitement draconien [39]. »
29 Dans une contribution à un rapport pour la Commission trilatérale de mars 1979 intitulée Major Payments Imbalances and International Financial Stability [40], Lamfalussy présente une nouvelle analyse des prêts bancaires internationaux. Il établit une distinction entre les premières années qui suivent le choc pétrolier et les suivantes. Il affirme que, de la fin de 1973 à la mi–1976, les prêts bancaires internationaux sont extrêmement bénéfiques et « anti-déflationnistes », puisqu’ils ne donnent pas lieu à une augmentation nette des réserves internationales. Toutefois, de la mi–1976 à la fin de 1978, le profil des déséquilibres extérieurs change, et on observe une érosion du surplus de l’OPEP et un important déficit du compte-courant américain, « une hausse substantielle de la liquidité internationale nette en dollars offrant trop de liquidité de la mauvaise catégorie » (souligné par l’auteur).
30 Une caractéristique de l’analyse que présente alors Lamfalussy est qu’il place les problèmes liés à l’endettement dans leur contexte macroéconomique, en étant particulièrement attentif à l’interaction entre déséquilibres mondiaux et dynamique de la dette. Il s’inquiète moins des conséquences inflationnistes de ces déséquilibres que de leurs effets sur la stabilité financière [41].
31 Au cours des années suivantes, Lamfalussy continue de souligner les implications possibles du marché d’emprunteurs pour la stabilité financière. Il fait valoir que l’augmentation de la transformation d’échéances pourrait « poser des problèmes spécifiques au niveau des prêts que les banques accordent dans des devises pour lesquelles elles ne disposent pas d’une base de dépôts intérieure étendue, contrairement aux banques de détail [42] ». Il s’inquiète en outre du caractère adéquat des positions en capitaux du système bancaire : « Sur certains pays, les créances de banques et même de systèmes bancaires ont atteint des niveaux trop élevés par rapport à leurs fonds propres [43]. »
Les initiatives visant à réduire l’endettement
32 En qualité de conseiller économique de la BRI, Lamfalussy promeut des initiatives destinées à modérer l’octroi de prêts à l’échelle mondiale. La présente section en décrit quatre : la création d’une centrale des risques à la BRI, le questionnaire de Burns, un groupe de travail présidé par Lamfalussy sur les moyens de juguler l’expansion des crédits bancaires au niveau mondial, et une réunion conjointe du Comité permanent des euromonnaies et du Comité des contrôleurs bancaires.
La centrale des risques
33 Lorsque Lamfalussy arrive à la BRI en 1976, il (re)lance l’idée de créer une centrale des risques au sein de l’institution [44]. Sa proposition prévoit que les quarante ou cinquante plus grandes banques commerciales transmettent directement à la BRI des informations concernant leurs créances sur chaque État. Ces informations doivent être réparties sur quatre ou cinq grandes catégories économiques et présenter une structure d’échéances étendue [45]. Lamfalussy consulte des banques commerciales concernant la faisabilité de ce projet [46]. Il fait valoir que celui-ci permettrait de disposer d’une bien meilleure image de la situation d’endettement que les données disponibles. Cette démarche illustre son approche pragmatique : il cherche à obtenir les informations essentielles pour comprendre en profondeur le problème de l’endettement. Le projet contient également un élément clé de son approche macroprudentielle : se concentrer sur les acteurs d’importance systémique afin de mieux cerner la situation macroéconomique. Ce projet n’aboutit pas.
Le questionnaire de Burns
34 En 1977, le président de la Réserve fédérale, Arthur Burns, propose de dresser un questionnaire destiné aux banques octroyant des prêts aux emprunteurs souverains [47]. L’idée est de demander aux banques de prendre en compte les indicateurs économiques pertinents avant de prendre des décisions en matière de crédit [48].
35 Le questionnaire de Burns comporte deux pages de questions destinées à obtenir des informations concernant la dette extérieure à long terme des États et les engagements et les avoirs extérieurs à long terme [49]. Lamfalussy est un des principaux rédacteurs du questionnaire [50]. Avec le concours de Michael Dealtry, l’un de ses collaborateurs, et de chaque banque centrale, il prend aussi contact avec cinquante-sept banques internationales afin de déterminer dans quelle mesure elles sont disposées à prendre part à ce projet.
36 Lors de la mise au point du questionnaire, plusieurs banques centrales formulent des observations. Ainsi, Leonhard Gleske (Bundesbank) fait observer qu’« il sait déjà que ses grandes banques disposent d’excellents systèmes d’information sur la situation des pays dans lesquels elles octroient des crédits et qu’il craint que toutes les informations requises dans le projet de questionnaire n’apportent pas plus d’informations que celles dont les banques disposent déjà. En revanche, d’autres banques n’étant pas aussi bien informées, l’idée du questionnaire permettrait d’améliorer les informations à la disposition de l’ensemble du système bancaire ». Pierre Languetin (Banque nationale suisse) fait remarquer qu’il « n’est pas certain de saisir le but de ce questionnaire. A-t-il pour objectif d’enseigner aux banques le métier de banquier ? Selon lui, les responsables du projet ont autant à apprendre des banques qu’à leur enseigner. Ce dont les banques ont réellement besoin est de connaître les perspectives en termes de stabilité politique des pays emprunteurs [51] ».
37 Dans le rapport final destiné aux gouverneurs, Lamfalussy et Dealtry décrivent d’abord sommairement le défi face auquel se trouvent les banques centrales :
« Aussi longtemps que perdurera la configuration actuelle de la balance des paiements mondiale, il semble probable que les activités des banques avec l’étranger continueront à augmenter plus rapidement que l’ensemble de leurs opérations. De plus, au cours des deux dernières années de stagnation de la demande intérieure de crédits dans le monde industrialisé, on a pu observer une concurrence croissante entre banques concernant leurs activités avec l’étranger et, par conséquent, une tendance à un certain relâchement des critères d’octroi des crédits. Les autorités sont dès lors contraintes de veiller à ce que les banques continuent à contribuer significativement à répondre aux besoins de financement des pays présentant une balance des paiements déficitaire, et ce en se fondant sur le maximum d’informations possible concernant les situations des emprunteurs et sans entraver le bon fonctionnement du processus d’ajustement international [52]. »
39 S’agissant du questionnaire, le rapport fait observer que les banques ont réservé un accueil favorable à l’idée d’améliorer les informations relatives à l’endettement et que plusieurs d’entre elles ont salué l’amélioration récente des données :
« L’écrasante majorité des banques consultées souhaitent une amélioration et une actualisation des informations concernant l’endettement extérieur des pays dans lesquels elles octroient des prêts au gouvernement, aux institutions du secteur public ou aux entreprises privées. En particulier, les informations relatives à l’endettement du secteur privé sont souvent insuffisantes, voire inexistantes. Parallèlement, plusieurs banques soulignent les avancées réalisées ces dernières années en ce qui concerne les informations disponibles, en particulier concernant l’endettement du secteur public [53]. »
41 Cependant, Lamfalussy découvre aussi que les banques n’ont pas toutes connaissance des statistiques de la BRI, outil pourtant essentiel pour appréhender leurs risques de crédit : « Il semblerait que les banques ne soient pas toutes informées des statistiques trimestrielles relatives au crédit bancaire international publiées par la BRI [54]. »
42 Comme le fait remarquer le rapport, la proposition de questionnaire suscite une grande diversité de réactions auprès des banques. Toutefois, certaines des plus grandes se montrent sceptiques et réticentes : « L’idée du président Burns suscite une multitude de réactions. Une poignée de banques, dont la majorité des plus grandes, mais pas toutes, y sont fermement opposées [55]. »
43 D’une manière générale, les banques témoignent de peu d’enthousiasme pour le questionnaire de Burns. La raison principale de leur réticence est leur crainte de perdre des activités lucratives au profit de concurrents déloyaux :
« La plus grande difficulté réside, de loin, dans le degré de concurrence qui règne entre les banques en ce qui concerne les activités avec l’étranger. Presque toutes les banques consultées partagent ce point de vue. Elles doutent que leurs concurrents nationaux immédiats soient disposés à renoncer aux avantages dont ils pourraient bénéficier s’ils omettaient de soumettre ce questionnaire aux candidats. De plus, elles sont réticentes à utiliser le questionnaire car elles pensent que leurs concurrentes étrangères refuseront d’en faire autant (elles ne citent pas toujours les mêmes pays) [56]. »
45 Les banques centrales se consultent sur la nécessité de conférer à ce questionnaire un caractère obligatoire. Henry Wallich [57], membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, s’oppose fermement à cette éventualité :
« Il semble important d’insister sur le concept de volontarisme. Il serait utile que toutes les parties impliquées reconnaissent que cette nouvelle initiative de la BRI de nature à améliorer le processus d’extension du crédit à l’échelle internationale ne portera ses fruits que si les États répondent volontairement aux recommandations formulées ou si les institutions bancaires prennent l’initiative d’exiger des États les informations visées par les recommandations. [...] Il importe de souligner que ce type d’activités de surveillance demeurera du ressort des autorités bancaires de chaque pays [58]. »
47 Au cours des discussions qui suivent, l’idée d’un questionnaire est peu à peu abandonnée. Cependant, les gouverneurs invitent la BRI à publier un nouveau Manual on statistics compiled by international organisations on countries’ external indebtedness (Manuel portant sur les statistiques compilées par les organisations internationales concernant l’endettement extérieur des pays) et à consentir davantage d’efforts dans le but d’améliorer les statistiques. Comme l’observe le Comité des contrôleurs bancaires :
« D’après le manuel, les statistiques concernant l’endettement international sont, dans l’état actuel des choses, insatisfaisantes puisqu’elles présentent bon nombre de lacunes ou de chevauchements. Or, le Comité attache une grande importance à la deuxième mission que les gouverneurs du Groupe des Dix ont confiée à la BRI dans ce domaine, à savoir compiler, en collaboration avec les autres institutions impliquées, des statistiques intégrées et plus exhaustives concernant l’endettement extérieur des pays [59]. »
Le Groupe Lamfalussy
49 Quelques années plus tard, le Système fédéral de réserve présidé alors par Bill Miller suggère la constitution de réserves obligatoires sur les dépôts en euromonnaies. Cette proposition reçoit un accueil mitigé de la part des autres gouverneurs de banque centrale [60]. Au terme des discussions, les gouverneurs du G10 conviennent, en mai 1979, d’examiner comment mieux « contrôler » le marché des euromonnaies [61]. Les gouverneurs décident d’instituer trois groupes d’étude :
- le Groupe Larre (présidé par René Larre, directeur général de la BRI), chargé d’identifier les domaines dans lesquels les activités de prêts internationaux sont source d’inquiétude ;
- le Groupe Lamfalussy (appelé officiellement le Working Party on Possible Approaches to Constraining the Growth of International Bank Lending), qui a pour mission d’examiner les différentes approches possibles en vue de freiner la croissance des prêts bancaires internationaux ;
- le Groupe Axilrod (présidé par Steve Axilrod du Système fédéral de réserve), qui étudie comment constituer, sur une base consolidée, des réserves obligatoires sur les dépôts en euromonnaies.
51 Ces groupes sont hiérarchisés : le Groupe Larre discute des problèmes clés de politique économique et le Groupe Lamfalussy des techniques possibles ; le Groupe Axilrod est un sous-groupe du Groupe Lamfalussy.
52 Des désaccords entre les banques centrales apparaissent également dans le Groupe Lamfalussy. Comme le fait remarquer Jean-Jacques Rey, un des participants belges, « le rapport du Groupe Lamfalussy a été particulièrement laborieux à mettre au point en raison de profondes divergences de vues [62] ». Les oppositions au sein du Groupe Lamfalussy, surtout entre Lamfalussy et Axilrod de la Fed, portent essentiellement sur [63] : (1) le mandat du groupe, Lamfalussy insistant sur une approche visant à contrôler les prêts bancaires internationaux, alors que la Fed prône le contrôle de la liquidité internationale [64] ; (2) le rôle des politiques monétaires nationales dans le contrôle des euromarchés, Lamfalussy mettant l’accent sur la politique monétaire nationale [65], tandis que la Fed et la Bundesbank défendent un système permanent et uniforme de contrôle international fondé sur les réserves obligatoires ; (3) la nature des réserves obligatoires, perçues par Lamfalussy comme un des éléments de disparité entre les réglementations officielles de l’activité bancaire nationale et internationale, lequel pourrait être éliminé [66], alors que la Fed et la Bundesbank les considèrent comme une technique permettant de contrôler le marché des euromonnaies [67].
53 Dans son invitation adressée au Groupe, Lamfalussy propose d’étudier quatre approches principales en vue de freiner la croissance des prêts bancaires internationaux : harmoniser les conditions de concurrence entre les prêts bancaires en euromonnaies et en monnaie nationale, instituer des contrôles directs sur la croissance des prêts bancaires internationaux, se servir des politiques monétaires nationales et adopter des mesures prudentielles [68].
54 L’opportunité de recourir à des mesures prudentielles pour limiter les prêts bancaires internationaux est largement débattue lors de la première réunion du Groupe, le 19 juin 1979. Axilrod est sceptique, alors que l’idée est défendue par Lamfalussy et Mc Mahon de la Banque d’Angleterre.
55 Les discussions se poursuivent lors de la deuxième réunion du Groupe, le 7 novembre 1979, sur la base d’une note de la Banque d’Angleterre intitulée « The use of prudential measures in the international banking markets [69] ».
56 Cette note met résolument en avant le concept de contrôle macroprudentiel. Elle soutient que l’aspect microprudentiel de la surveillance bancaire doit être placé dans une perspective plus large. Elle définit l’approche macroprudentielle comme portant sur des problèmes « ayant trait au marché dans son ensemble et non à une banque individuelle, ces problèmes pouvant ne pas apparaître clairement au niveau microprudentiel ». Elle donne trois exemples de problèmes macroprudentiels pour illustrer que le point de vue microprudentiel peut ne prendre pleinement en compte la vision macroprudentielle plus large :
- la croissance du marché. Alors que la croissance des activités d’une banque peut sembler parfaitement acceptable d’un point de vue microprudentiel, le taux de croissance global des prêts internationaux peut comporter des risques. Ainsi, les banques peuvent formuler des hypothèses optimistes quant au processus d’ajustement des pays confrontés à un déficit de la balance des paiements ;
- la perception du risque. Les créances irrécouvrables ayant été peu nombreuses au cours des dernières années, le document indique que « pour les banques, le risque souverain est faible et peut-être même en recul » ;
- la perception de la liquidité. Les banques doivent faire face aux risques de taux d’intérêt et aux risques de financement. La note estime que les banques considèrent probablement le risque de taux d’intérêt comme le principal risque, du moins à court terme. Ainsi, ces dernières pourraient être « trop complaisantes » face aux risques de financement.
58 Le concept de surveillance macroprudentielle est par ailleurs très présent dans le rapport final du Groupe Lamfalussy, publié le 29 février 1980 [70]. L’expression « surveillance macroprudentielle » est utilisée à six reprises, dont trois dans la conclusion. Ainsi, le rapport Lamfalussy insiste sur la nécessité d’une « surveillance efficace du système bancaire international, d’un point de vue tant microprudentiel que macroprudentiel [71] ». Cette recommandation s’explique surtout par un accroissement des risques auxquels les banques sont confrontées après le deuxième choc pétrolier en 1979, en raison du recyclage des nouveaux surplus de l’OPEP.
59 La note de la Banque d’Angleterre analyse cinq ensembles de mesures prudentielles destinées à freiner la croissance des prêts bancaires internationaux : le contrôle de l’exposition des banques au taux de change, le contrôle de l’exposition des banques au risque pays, les ratios de fonds propres, la transformation des échéances et le contrôle des « entrées » de nouveaux intervenants sur le marché. La note est relativement favorable à l’utilisation de mesures prudentielles. Elle conclut qu’elles « peuvent constituer une approche utile afin d’assurer une croissance saine des marchés des prêts bancaires internationaux. Elles pourraient en outre freiner, quoique modestement, cette croissance ».
60 Cette note fait l’objet d’intenses discussions au sein du Groupe Lamfalussy. Il est finalement décidé de consulter le Comité sur les pratiques et réglementations de contrôle bancaire (présidé par Peter Cooke de la Banque d’Angleterre) pour savoir si certaines de ces mesures prudentielles posent un problème technique [72]. Un questionnaire portant sur la faisabilité de l’utilisation de provisions comptables spéciales pour les prêts involontairement rééchelonnés et sur le recours aux ratios de fonds propres est envoyé au Comité Cooke.
61 Ce Comité n’est pas très partisan d’une approche macroprudentielle [73]. Dans son rapport, il part du principe que « les superviseurs ne devraient pas imposer aux banques dont ils sont responsables des mesures qui ne sont pas justifiées d’un point de vue prudentiel [74] ». Il rejette les propositions du Groupe Lamfalussy visant à utiliser des mesures prudentielles pour freiner la croissance des prêts bancaires internationaux, et ce non seulement pour des raisons techniques, mais aussi en raison d’un manque de justification prudentielle et même d’un conflit possible entre les objectifs macroéconomiques et les préoccupations prudentielles. Les deux mesures prudentielles proposées « seraient techniquement difficiles à mettre en œuvre au niveau national et, à la lumière de l’expérience acquise, difficiles à justifier d’un point de vue prudentiel. Élément plus important encore, elles créeraient des problèmes de conflit entre les objectifs macroéconomiques et prudentiels [75] ; et aucune des deux ne semble pouvoir freiner les prêts bancaires internationaux de façon plus efficace que le contrôle prudentiel des banques individuelles exercé sur une base consolidée ».
62 Dans son rapport final, le Groupe Lamfalussy met en avant trois éléments : la nécessité d’une surveillance efficace du système bancaire international ; la réduction des inégalités en termes de conditions de concurrence entre l’activité bancaire nationale et internationale ; le contrôle des évolutions bancaires internationales [76]. À cet égard, le rapport plaide en faveur du raccourcissement du délai d’obtention des statistiques rapportées à la BRI et de l’amélioration de la qualité de celles-ci [77]. Sur la base des rapports, les gouverneurs du G10 décident, en avril 1980, de confier officiellement au Comité permanent des euromonnaies la mission de suivre les développements bancaires internationaux.
Réunion conjointe du CPEM et du CCB
63 Pendant les travaux des groupes de travail, le Comité permanent des euromonnaies et le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire tiennent une réunion conjointe sur l’utilisation de mesures prudentielles pour contrôler l’expansion des prêts bancaires internationaux. Il s’agit d’une initiative, approuvée par les gouverneurs, du Comité permanent des euromonnaies, dont Lamfalussy est devenu le président [78]. Dans une note qu’il a préparée pour cette réunion conjointe, Lamfalussy fait remarquer que « les membres du Comité permanent des euromonnaies [...] sont inquiets en ce qui concerne les problèmes prudentiels rencontrés dans les opérations bancaires internationales. De plus, certains membres estiment que certains problèmes relèvent à la fois de la macroéconomie et du domaine prudentiel. C’est pourquoi ils suggèrent, et les gouverneurs approuvent lors de la réunion de septembre à Bâle, qu’un groupe conjoint de représentants du Comité permanent des euromonnaies et du Comité Cooke [...] examine s’il existe des domaines dans lesquels l’utilisation de mesures prudentielles peut être étendue à la sphère macroéconomique pour contrôler l’expansion des prêts bancaires internationaux. Ils devraient tenter de présenter un point de vue commun dans ce cadre [79] ». La note fait observer que l’objectif n’est « pas de tenter de mettre fin à la croissance des prêts bancaires internationaux mais de veiller à ce qu’ils s’effectuent sur une base saine et soutenable ».
64 La réunion conjointe a lieu le 15 novembre 1979. Trois mesures de contrôle bancaire y sont notamment envisagées pour contrôler la croissance des prêts bancaires internationaux : imposer des limites 1) sur la partie internationale globale des bilans des banques, 2) aux crédits accordés par les banques aux pays étrangers et à leurs résidents, 3) à la transformation des échéances dans les opérations bancaires internationales. Ces mesures sont rejetées durant la réunion. Comme le mentionne Peter Cooke, président du CCB, il est « conclu lors de la réunion que des limites uniformes, même imposées au niveau national à chaque opération bancaire internationale, ne sont ni désirables ni possibles. Des limites nationales ne sont pas considérées non plus comme un instrument acceptable de contrôle de la croissance globale des prêts bancaires internationaux, même si l’on reconnaît à nouveau qu’il est important de mieux informer les banques sur l’endettement des pays. Il est généralement admis que la transformation des échéances mérite une attention particulière et que la priorité dans ce cadre est d’obtenir de meilleures informations [80] ».
65 Le groupe Lamfalussy et la réunion conjointe constituent des forums permettant à la communauté des banques centrales – et en particulier au Comité sur le contrôle bancaire et au Comité permanent des euromonnaies – de discuter des questions prudentielles [81]. Cet échange de vues s’avère difficile : le Comité sur le contrôle bancaire adopte généralement un point de vue microprudentiel – son objectif principal est de vérifier le respect des règles prudentielles par les banques –, tandis que le Comité des euromonnaies élabore une approche macroprudentielle – il attire l’attention sur la croissance de la dette de certains pays. Le Comité sur le contrôle bancaire estime que les risques associés à ces crédits sont dérisoires : il s’agit selon lui de crédits à court terme (obligations à taux variable) qui peuvent être retirés rapidement s’il y a le moindre danger. Ce point de vue est quelque peu naïf : un retrait généralisé entraînerait un effondrement du système. Pour Lamfalussy, cet aspect est révélateur : il prend conscience de la nécessité de combiner surveillance microprudentielle et contrôle macroprudentiel, et de l’importance du rôle des banques centrales à cet égard.
Conclusion
66 Durant l’après-guerre, la Banque des règlements internationaux est un des principaux centres de coopération monétaire internationale. Au cours des années 1960, les banques centrales sont de plus en plus préoccupées par la croissance du marché des euromonnaies et son incidence sur la liquidité internationale. En avril 1971, elles créent le Comité permanent des euromonnaies pour suivre les marchés internationaux. Après le choc pétrolier de 1973, le phénomène du recyclage des pétrodollars amène ce Comité à élargir son champ d’investigation : outre les marchés traditionnels des euromonnaies, il se met à suivre les prêts en eurodollars accordés aux pays en développement.
67 Au début des années 1970, l’effondrement du système de Bretton Woods amène les banques centrales à modifier leurs objectifs au niveau international. Avec des taux de change flottants, la mobilité croissante du capital et la libéralisation financière, leur coopération ne porte plus tant sur la stabilité monétaire que sur la stabilité financière. La faillite de banques telles que Herstatt et Franklin National renforce cette tendance. Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire est créé en décembre 1974.
68 Les banquiers centraux adoptent des approches très diverses vis-à-vis des euromarchés. Les divergences portent tant sur la nature du risque qu’ils entraînent – inflation ou déstabilisation des marchés financiers – que sur le type de contrôle à privilégier – supervision des institutions financières ou surveillance macroéconomique.
69 Plusieurs banques centrales européennes, en particulier la Bundesbank, estiment que les euromarchés entravent leurs opérations de politique monétaire. Elles leur reprochent de générer des flux de capitaux considérables pouvant avoir un effet inflationniste. Elles plaident donc en faveur d’une réglementation sévère et de l’introduction de réserves obligatoires. D’autres banques centrales, en particulier la Banque d’Angleterre, rejettent l’idée de contrôler les euromarchés. L’attitude de la Réserve fédérale est ambivalente : elle dépend des personnes et des circonstances (situation des banques américaines, préoccupations relatives à la politique monétaire, etc.).
70 Le second sujet de divergence concerne le contrôle prudentiel. Ainsi, le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire adopte généralement un point de vue microprudentiel – il se préoccupe du respect par les banques de la réglementation prudentielle –, tandis que le Comité permanent des euromonnaies a une approche essentiellement macroprudentielle : il attire l’attention sur la dette croissante de certains pays et sur les risques que cela entraîne pour le système financier.
71 Lamfalussy adopte cette dernière approche : il souligne les risques que représentent les euromarchés pour la stabilité financière. Dès la seconde moitié des années 1970, il met en garde contre l’accumulation de la dette de l’Amérique latine. Il montre aussi qu’un marché d’emprunteurs s’est développé à la faveur de politiques monétaires peu contraignantes et grâce au déficit courant des États-Unis, source majeure de liquidités pour le système financier international. Ainsi, une caractéristique de l’approche de Lamfalussy est qu’il place les problèmes liés à l’endettement dans leur contexte macroéconomique, en accordant une attention particulière à l’interaction entre déséquilibres mondiaux et dynamique de la dette. Il s’inquiète moins des conséquences inflationnistes de ces déséquilibres que de leurs effets sur la stabilité financière. Cette position restera la sienne durant la première décennie du XXIe siècle.
72 Il participe aussi aux efforts de la BRI visant à ralentir la croissance des crédits internationaux. En 1976, il propose de créer un « bureau des risques » afin de rassembler des informations cruciales sur un petit nombre de banques systémiques. Il joue également un rôle majeur dans l’élaboration de la check-list de Burns. En outre, il plaide en faveur de l’utilisation d’instruments prudentiels (ratios de fonds propres, etc.) pour ralentir la croissance des crédits. Cette idée est toutefois rejetée par le Comité sur le contrôle bancaire.
73 Le présent article montre que, durant les années 1970, l’évolution de la dette de l’Amérique latine inquiète bel et bien les banques centrales. Ayant des analyses et des objectifs divergents, les responsables prennent pourtant peu d’initiatives pour en ralentir la croissance. Une pierre d’achoppement majeure est que chaque pays cherche avant tout à préserver la position concurrentielle des banques implantées sur son territoire. Ce problème sera récurrent dans les négociations internationales, notamment celles qui mèneront à l’accord de Bâle sur les fonds propres de 1988.
74 S’ils n’aboutissent pas, les efforts de la BRI visant à prévenir la crise de la dette n’en sont pas pour autant vains. Ainsi, ses statistiques permettent aux responsables d’identifier rapidement les banques impliquées dans la crise de la dette de l’Amérique latine, et le montant de leurs crédits. La seconde moitié des années 1970 est également cruciale pour l’élaboration du point de vue de la BRI sur la stabilité financière, centré sur les déséquilibres et la croissance des dettes. L’approche macroprudentielle est ce qui distingue les travaux du Groupe présidé par Lamfalussy en 1979-1980.
Notes
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[1]
Andrew Crockett, « Marrying the Micro- and Macroprudential Dimensions of Financial Stability », BIS Speeches, 21 septembre 2000 ; Malcom D. Knight, « Marrying the Micro and Macroprudential Dimensions of Financial Stability : Six Years On », BIS Speeches, octobre 2006.
-
[2]
Banque des règlements internationaux, Recent Innovations in International Banking, rapport rédigé par un groupe d’étude mis sur pied par les banques centrales du Groupe des Dix (rapport Cross), Bâle, 1986, p. 2.
-
[3]
Charles P. Kindleberger, Manias, Panics and Crashes : A History of Financial Crises, New York, Basic Books, 1978.
-
[4]
Alexandre Lamfalussy, Central Banks and Financial Stability, 2e Pierre Werner Lecture, Luxembourg, Banque centrale de Luxembourg, 2004, p. 11. C’est là une critique à peine voilée de la politique monétaire américaine. Dans Financial Crisis in Emerging Markets. An Essay on Financial Globalisation and Fragility, New Haven, Yale University Press, 2000, p. 136-138, Alexandre Lamfalussy critique également l’asymétrie de la politique monétaire américaine en 1987 et 1998.
-
[5]
Alexandre Lamfalussy, Monetary Policy and Systematic Risk Prevention – Challenges ahead for Central Banks, The Bank of Greece Zolotas Lecture, Athènes, 29 septembre 2006, p. 12.
-
[6]
Il est intéressant de noter que la crise est suivie d’un vif débat sur la question de savoir si l’on aurait pu la prévoir : cf., Carlos F. Diaz-Alejandro, « Latin American debt : I don’t think we are in Kansas anymore », Brookings Papers on Economic Activity, n° 2, 1984, p. 335-403. Pour une analyse de la crise de la dette en Amérique latine : Rudiger Dornbusch, Dollar, Debts and Deficits, Cambridge, MIT Press, 1986.
-
[7]
Ivo Maes, « The spread of Keynesian economics : a comparison of the Belgian and Italian experiences (1945-1970) », Journal of the History of Economic Thought, vol. 30, n° 2, 2008, p. 491-509.
-
[8]
Léon H. Dupriez, Des mouvements économiques généraux, 2 vol., Louvain, IRES, 1947.
-
[9]
Ivo Maes, « The young Lamfalussy : an empirical and policy-oriented growth theorist », Revue de la Banque/Bank- en Financiewezen, juillet, n° 5, 2009, p. 286-300.
-
[10]
Alexandre Lamfalussy, Investment and Growth in Mature Economies. The Case of Belgium, Londres, Macmillan, 1961.
-
[11]
Alexandre Lamfalussy, The United Kingdom and the Six. An Essay on Economic Growth in Western Europe, Londres, Macmillan, 1963.
-
[12]
Aujourd’hui encore, Lamfalussy est toujours considéré comme l’un des principaux partisans de l’approche keynésienne de la croissance tirée par les exportations. Voir Nicholas Crafts et Gianni Toniolo, « Postwar growth : an overview », in Nicholas Crafts et Gianni Toniolo (éd.), Economic Growth in Europe since 1945, Cambridge, CUP, 1996, p. 1-37, p. 12.
-
[13]
Un des problèmes auxquels étaient confrontées les banques privées était les différents outils de contrôle quantitatif utilisés par les autorités monétaires.
-
[14]
Alexandre Lamfalussy, The Euro-Bond Market : Problems ans Prospects, Conférence destinée à l’Institute of Bankers, Londres, 20 février 1968, NBBA, C. 414/16.
-
[15]
Alexandre Lamfalussy, Les Marchés financiers en Europe. Essai d’interprétation économique, Paris, PUF, 1968a. S’agissant du fonctionnement des systèmes monétaire et financier, Lamfalussy est intellectuellement très proche du rapport Radcliffe, soulignant les similarités entre la monnaie et les autres actifs financiers, par opposition aux positions monétaristes, cf. Alexandre Lamfalussy, « Money Substitutes and Monetary Policy », The Banker, janvier, vol. CXI, n° 419, 1961, p. 44-50.
-
[16]
L’effondrement du système de Bretton Woods marque un tournant dans l’environnement des institutions financières, ce qui implique une hausse significative des risques de change et des opérations d’arbitrage. À cette époque, les positions de change ne font pas l’objet d’une réglementation prudentielle spécifique en Belgique. Après l’annonce par la Banque de Bruxelles de ses pertes de change, celle-ci reçoit d’une banque allemande un fax disant « Bienvenue au club » in Jean-Marie Moitroux, Een bank in de Geschiedenis, Bruxelles, BBL, 1995, p. 217.
-
[17]
Toutefois, ces facilités n’ont pas été utilisées (PV CD n° 3479/19 du 26 novembre 1974, archives de la Banque nationale de Belgique (BNB)). La BRI fut étroitement liée au dénouement des positions de change (PV CD n° 3460/14 du 15 octobre 1974, archives de la BNB).
-
[18]
Commission des Communautés européennes, Le développement d’un marché européen des capitaux, Rapport Segré, Bruxelles, 1966. Lamfalussy a joué un rôle essentiel au sein du comité. Claudio Segré, le président du comité, appelait Lamfalussy « mon trésor » (interview de Segré, 12 juin 2007).
-
[19]
Gianni Toniolo (en coll. Piet Clement), Central Bank Cooperation at the Bank for International Settlements, 1930-1973, Cambridge, Cambridge University Press, 2005.
-
[20]
Le système bancaire international et les euromarchés sont également les thèmes des premières études de la BRI : Helmut Mayer, « Credit and Liquidity Creation in the International Banking Sector », BIS Economic Papers, n° 1, novembre 1979 ; Helmut Mayer, « Credit and Liquidity Creation in the International Banking Sector », BIS Economic Papers, n° 1, novembre 1979. Pour une analyse des euromarchés : Robert Barry Johnston, The Economics of the Euro-Market, History, Theory and Policy, Londres, Macmillan, 1983.
-
[21]
Gianni Toniolo (en coll. Piet Clement), Central Bank Cooperation..., op. cit., p. 466.
-
[22]
Pour les questions liées à la Bundesbank : Günter Francke, « The Bundesbank and the Markets », in Fifty Years of the Deutsche Mark, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 259.
-
[23]
Charles Goodhart, « The Bank of England 1970-2000 », in Ranald Michie et Philip Williamson (éd.), The British Government and the City of London in the Twentieth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 368. Voir également Forrest Capie, The Bank of England. 1950s to 1979, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.
-
[24]
Note relative à la réunion du Comité permanent des euromonnaies tenue le 8 décembre 1975, Archives de la Banque des règlements Internationaux (BISA) 7.15 (1), G10 D22.
-
[25]
Claudio Borio et Gianni Toniolo, « One Hundred and Thirthy Years of Central Bank Cooperation : A BIS Perspective », in Claudio Borio, Gianni Toniolo et Piet Clement (éd.), Past and Future of Central Bank Cooperation, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 63.
-
[26]
Il y a dans ce domaine une certaine concurrence entre la BRI et d’autres institutions internationales, en particulier le FMI (cf. Dealtry, The ECSC’s meeting of 9 December 1974, BISA, 7.15 (1) G10 D.22).
-
[27]
Lamfalussy évoque à présent avec un soupçon de nostalgie la crise de la dette mexicaine, compte tenu du manque de transparence dont souffre la crise du crédit actuelle. Entretien du 5 mai 2009.
-
[28]
Ivo Maes, Half a century of European Financial Integration. From the Rome Treaty to the 21st century, Avant-propos de Ph. Maystadt, Bruxelles, Fonds Mercator, 2007.
-
[29]
Piet Clement, « Introduction : Past and Future of Central Bank Cooperation », in Claudio Borio, Gianni Toniolo et Piet Clement (éd.), op. cit., p. 6.
-
[30]
Il est ultérieurement rebaptisé « Comité (de Bâle) sur le contrôle bancaire (CCB) ».
-
[31]
Claudio Borio et Gianni Toniolo, op. cit., p. 61.
-
[32]
Il n’a alors pas quarante ans. Alexandre Lamfalussy, The Role of Monetary Gold over the Next Ten Years, The Per Jacobsson Foundation, 1969.
-
[33]
On dit aussi que Lamfalussy a un don pour deviner les nouvelles tendances. Par exemple, Peter Norman note que Lamfalussy « est le premier à identifier les problèmes et à proposer une solution » : Peter Norman, Plumbers and Visionaries. Securities Settlement and Europe’s Financial Market, Chichester, John Wiley & Sons, 2007, p. 95.
-
[34]
Cf. Alexandre Lamfalussy, Will improved Reporting Requirements lead to a Safer Euromarket ? 1er décembre 1976, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 2.
-
[35]
Cela implique également qu’avec ses crédits conditionnels, le FMI ne joue qu’un rôle mineur dans le financement des déficits courants. Il s’agit de l’une des rares questions faisant l’unanimité au sein de la CPEM durant l’été 1978 : « Le Comité reconnaît à l’unanimité de ses membres qu’il est souhaitable que les crédits conditionnels du FMI jouent à l’avenir un rôle plus important que jusqu’à présent dans le financement des balances de paiements » (Larre, Comité permanent des euro-monnaies : Rapport du président sur les problèmes de politique économique liés à l’expansion du marché des euro-monnaies et des prêts bancaires internationaux depuis l’augmentation des prix du pétrole, 3 août 1978, Archives de la Banca d’Italia, Rome (BdIA), Studi-Pratt. 785/31).
-
[36]
Cf. Alexandre Lamfalussy, La Centralisation des Risques Bancaires, 9 décembre 1976, Luxembourg, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 5. En outre, comme l’observent Eichengreen et Lindert, l’histoire de l’Amérique latine est jalonnée de crises de la dette : « Non seulement les faillites sont récurrentes, mais les pays en défaut ont tendance à être les mêmes, génération après génération ». Voir Barry Eichengreen et Peter H. Lindert, « Overview », in Barry Eichengreen et Peter H. Lindert (éd.), The International Debt Crisis in Historical Perspective, Cambridge, MIT Press, 1989, p. 1-11, p. 4.
-
[37]
Alexandre Lamfalussy, The Future of the Euro-Currency Market, Conference Board Europe, 14 décembre 1978, Bruxelles, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 4.
-
[38]
Emminger, président de la Bundesbank, critique l’analyse de la BRI : « On peut regretter toutefois les critiques qui ont été exprimées à l’égard du déficit américain par la BRI dans son dernier rapport annuel », procès-verbal de la 113e réunion du Comité des gouverneurs de la CEE, 12 juillet 1977, p. 3, NBBA.
-
[39]
Alexandre Lamfalussy, The Role of the private Banking System in International Financing, Remarques relatives à l’International Banking Conference « Lending Policies and Practices", 19 janvier 1978, New York, BdIA, Carte Baffi 209.
-
[40]
BISA, 7.18 (25), LAM30/F77 p. 56-59.
-
[41]
Tout comme il s’en inquiétera durant la première décennie du XXIe siècle. Cf. Alexandre Lamfalussy, « Monetary Policy and Systematic Risk Prevention – Challenges ahead for Central Banks », The Bank of Greece Zolotas Lecture, Athènes, 29 septembre 2006.
-
[42]
Cf. Alexandre Lamfalussy, « International Bank Lending since 1973 », International Monetary Conference, Londres, 20 juin 1979, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 4.
-
[43]
Alexandre Lamfalussy, The Role of Banks in Balance-of-Payments Financing, 14 au 14 mai 1981, Vienne, BISA, file 7.17 – Speeches, p. 7. Les euromarchés sont le thème de la réunion des économistes des banques centrales tenue à la BRI en 1981. Un article de Jeffrey Shafer aborde la théorie du prêteur en dernier ressort sur les marchés bancaires internationaux : Jeffrey R. Shafer, « The theory of a lender of last resort in international banking markets », Recent developments in the economic analysis of the Euro-markets, Bâle, Banque des Règlements internationaux, septembre 1982.
-
[44]
Une proposition de création d’une centrale des risques internationale a été rejetée en 1965. Voir Gianni Toniolo (with the cooperation of Piet Clement), op. cit., Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p. 469.
-
[45]
Note de Lamfalussy, Some remarks on the Memorandum on The Euro-currency market and regulations of international financial flows, 9 July 1976, BISA 7.18 (15), LAM 27/F72. La création d’une centrale des risques est également un sujet de discussion au niveau de la CEE (Procès-verbal du Comité des gouverneurs des banques centrales des États membres de la Communauté économique européenne, 13 juillet 1976, p. 4, Archives de la BNB).
-
[46]
Notamment W. Schoellkopf de Chase Manhattan New York, BISA 7.18 (15), LAM 27/F72.
-
[47]
Ancien professeur de l’université de Columbia, Burns est un spécialiste de l’analyse du cycle conjoncturel et a été responsable du National Bureau of Economic Research. Axilrod note qu’il s’est avant tout illustré par ses compilations et son analyse pertinente des statistiques et des indicateurs relatifs au cycle conjoncturel américain. D’après les discussions qu’il tient avec Burns après son arrivée à la Réserve fédérale, ce dernier ne semble pas beaucoup recourir aux analyses théoriques de l’économie, qu’il s’agisse de l’approche keynésienne ou monétariste, pour expliquer les cycles : Stephen Axilrod, Inside the Fed, Cambridge, MIT Press, 2006, p. 59.
-
[48]
Les banques américaines sont particulièrement exposées à l’endettement des pays d’Amérique latine : Alexandre Lamfalussy, Financial Crisis in Emerging Markets. An Essay on Financial Globalisation and Fragility, New Haven, Yale University Press, 2000, p. 14.
-
[49]
Suggested list of information to be requested by lending banks from, or with respect to, the external financial situation of the country of residence of foreign borrowers, BISA, 7.18 (12) DEA2.
-
[50]
BIS Checklist, BISA, 7.18 (2) DEA2, p. 2.
-
[51]
Dealtry, Note on the meeting about information to be requested by banks from prospective borrowers in the international credit markets, 18 juin 1977, BISA, 7.18 (12), DEA2.
-
[52]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[53]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[54]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[55]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[56]
Report to the Governors on the reactions of commercial banks in Group-of-Ten countries and Switzerland to Chairman Burns’ proposed checklist, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[57]
Axilrod décrit Wallich comme l’un des « gouverneurs de la Fed les plus déterminés à lutter contre l’inflation » : Stephen Axilrod, Inside the Fed, Cambridge, MIT Press, 2006, p. 73.
-
[58]
Lettre adressée à Lamfalussy, 22 juillet 1977, BISA 7.18 (12) DEA2.
-
[59]
Report on the supervision of country risk in bank lending, BS/79/17e, BISA Banking Supervision, 1979/9.
-
[60]
Pour un compte rendu de la Fed, cf. Stephen Axilrod, op. cit.
-
[61]
Note, Le contrôle du marché des euromonnaies, BNB, 6 mars 1980, Archives de la BNB, C.416/1.
-
[62]
Note, Fin des travaux des Groupes Lamfalussy et Axilrod, 20 février 1980, Archives de la BNB, C.416/17.
-
[63]
Selon le compte rendu des représentants de la Banque nationale de Belgique, notes du 29 juin 1979, du 20 février et du 6 mars 1980, Archives de la BNB, C.416/6.
-
[64]
À l’époque, les agrégats monétaires constituent l’objectif intermédiaire de la politique monétaire des États-Unis.
-
[65]
Conformément à son opinion selon laquelle la croissance soutenue des prêts internationaux est liée à la présence d’un marché d’emprunteurs et à la politique monétaire laxiste menée par les États-Unis.
-
[66]
Comme l’écrit Rey, « Une autre difficulté est née de l’insistance du Président pour ne pas traiter les réserves obligatoires comme un chapitre en soi parmi les techniques de contrôle du marché des Euromonnaies, mais bien comme l’un des éléments de disparité concurrentielle entre marché intérieur et extérieur, qu’il pourrait être souhaitable d’éliminer » (Note, Fin des travaux des Groupes Lamfalussy et Axilrod, 20 février 1980, Archives de la BNB, C.416/17).
-
[67]
La Banque d’Angleterre est moins enthousiaste. Dans une note datée du 26 mars 1979 et intitulée « Some comments on the FRB’s discussion paper “A preliminary proposal for a reserve requirement on euro-currency deposits” », elle est assez critique. Outre un certain nombre de questions pratiques, elle fait état d’une différence fondamentale d’approche en ce qui concerne les euromarchés : « À la Banque d’Angleterre, nous avons tendance à nous concentrer sur les questions prudentielles. » Elle poursuit : « Nous sommes d’avis que les avantages prudentiels ne sont pas importants, et qu’ils pourraient être moins nombreux que les risques prudentiels » (Archives de la Banca d’Italia, Carte Baffi, 209/4).
-
[68]
Télex du 8 juin 1979, Archives de la BNB, C.416/6.
-
[69]
Archives de la BRI, 7.18 (15) LAM25/F66. Londres étant un centre important pour les euromarchés, la Banque d’Angleterre suit étroitement les développements bancaires internationaux (cf. par exemple les articles publiés régulièrement dans le Quarterly Bulletin de la Banque d’Angleterre). De plus, après la crise bancaire des années 1973-1974, elle est légalement chargée de la surveillance bancaire, en vertu du Banking Act de 1979 (W.P. Cooke, « The Role of the Banking Supervisor », Quarterly Bulletin, Bank of England, vol. 22, n° 4, décembre 1982, p. 547). Ceci éveille évidemment son intérêt pour les questions de surveillance. Toutefois, Goodhart fait remarquer qu’au début, la surveillance elle-même était une activité très pratique, qui « ne tenait pas compte de l’apport théorique » des économistes. En outre, les contacts entre le département en charge de la surveillance et les autres départements sont restés assez limités. Voir Charles Goodhart, « A Central Bank Economist », in Paul Mizen (éd.), Central Banking, Monetary Theory and Practice, vol. 1, Chelterham, Edward Elgar, 2003, p. 13-62, p. 33.
-
[70]
Archives de la BRI, 7.18 (15), LAM25/F66. Dans le rapport intermédiaire du président publié le 8 février 1980, Lamfalussy utilise l’expression « surveillance macroéconomique ».
-
[71]
Ibid., p. 12.
-
[72]
Rapport d’avancement du président sur les activités du Working Party on Possible Approaches to Constraining the Growth of International Bank Lending, 28 novembre 1979, Archives de la BRI, 7.18 (15), LAM25/F67.
-
[73]
Comité sur les pratiques et réglementations de contrôle bancaire, Rapport sur l’utilisation de certaines mesures prudentielles pour freiner la croissance des prêts bancaires internationaux, février 1980, Archives de la BRI, 7.18 (15), LAM25/F67.
-
[74]
Toutefois, il poursuit : « Parallèlement, il est reconnu que des problèmes de nature macroprudentielle pourraient apparaître, qui ne sont pas nécessairement faciles à identifier au niveau des banques individuelles, auxquels le superviseur devrait prêter attention. En examinant les questions posées par le Groupe Lamfalussy, le Comité n’a pas cherché à émettre un jugement collectif sur la question de savoir si de tels problèmes se posaient à l’heure actuelle ».
-
[75]
Les « problèmes de conflit » ne sont pas précisés dans le rapport du Comité Cooke.
-
[76]
Il indique également que « plusieurs membres du Groupe » sont partisans de mesures prudentielles afin de réduire les prêts bancaires internationaux.
-
[77]
Axilrod n’est pas très satisfait de la manière dont le Groupe Lamfalussy a traité le rapport de son Groupe. Comme il le dira plus tard : « Quoi qu’il en soit, le Groupe Lamfalussy a ignoré les plans du sous-groupe et s’est contenté d’émettre des exhortations prudentielles et de collecter des données, ce qui lui a permis d’éluder les questions controversées », in Stephen Axilrod, Inside the Fed, Cambridge, MIT Press, 2006, p. 89.
-
[78]
Le problème a déjà fait l’objet d’intenses discussions au sein du CPEM durant le printemps et l’été de 1978, cf. la note de Larre « Comité permanent des euromonnaies : Rapport du président sur les problèmes de politique économique liés à l’expansion du marché des euromonnaies et des prêts bancaires internationaux depuis l’augmentation des prix du pétrole » du 3 août 1978, BdIA, Studi-Pratt. 785/31.
-
[79]
Possible uses of banking supervisory instruments for controlling the expansion of international bank credit (Utilisations possibles d’instruments de surveillance bancaire en vue de contrôler l’expansion des prêts bancaires internationaux), 31 octobre 1978, BISA, 1.3a (3) F Vol. 2.
-
[80]
Note du président, BS/79/10, BISA, Banking Supervision 1979/9.
-
[81]
Interview, Lamfalussy, 5 mai 2009.