Notes
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[1]
Chargé de recherche et d’enseignement, service historique de la Défense.
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[2]
Indian Navy, The Genesis, http://indiannavy.nic.in/genesis.htm.
-
[3]
Dilawar, Jjattadur, Himalaya.
-
[4]
Gircars à Vishakapatnam. En 1950, la marine indienne dispose de neuf écoles dont communication, torpilles, électriciens, apprentis mécaniciens, lutte anti-sous-marine, commissariat.
-
[5]
CENTO : Central Treaty Organization menée par le Royaume-Uni ; SEATO : Southern Asia Treaty Organization menée par les États-Unis (NDLR).
-
[6]
L’URSS et l’Inde signent le 9 août 1971 le « Traité indo-soviétique de paix, d’amitié et de coopération » qui fait contrepoids au rapprochement sino-américain. Les opérations de l’armée pakistanaise contre les insurgés du Pakistan oriental ont commencé en mai 1971.
-
[7]
Sharad Pawar.
-
[8]
C. Subramaniam et K. Subrahmanyam.
-
[9]
The Indian SSN Project : An Open Literature Analysis, http://www.fas.org/nuke/guide/india/sub/ssn/part01.htm.
-
[10]
Indian Coast Guard History, http://indiancoastguard.nic.in
-
[11]
Bharat Rakshak, The Consortium of Indian Military Websites, http://www.bharat-rakshak.com
-
[12]
Ibid.
-
[13]
http://www.bharat-rakshak.com/NAVY/Vikramaditya.html
-
[14]
« India’s nuclear weapons program », http://nuclearweaponarchive.org ; Norris R.S. and Kristensen H.M. (2008), « Indian nuclear forces, 2008 » ; Bulletin of the Atomic Scientists, novenbre-décembre 2008.
-
[15]
Entretien avec le Dr Khakodkar, Times of India, 3 septembre 2009.
-
[16]
http://indiannavy.nic.in/vision.pdf
-
[17]
Conférence de presse à Visakhapatnam, Navy Day 2011, 3 décembre 2011.
-
[18]
Déclaration de l’amiral Sureesh Mehta, 2008.
-
[19]
« Navy Rs 3L cr plan to boost India’s naval might », Times of India, 25/9/11.
1 Septième flotte du monde en tonnage en 2012 après les marines américaine, russe, chinoise, britannique, japonaise et française, l’Indian Navy intrigue [Prezelin, 2012]. Longtemps enfermée dans un tête-à-tête avec la marine pakistanaise, était-elle pendant la guerre froide une auxiliaire de la marine soviétique derrière le paravent du non-alignement ? Cherche-t-elle aujourd’hui à dominer l’océan Indien – un espace de 4200 milles nautiques d’est en ouest et de 3700 milles nautiques du nord au sud – pour contrebalancer la présence des autres puissances et influencer les affaires des riverains ? Ou sert-elle de contrepoids et d’allié de revers aux États-Unis et au Japon face au développement de la puissance maritime chinoise ?
2 Depuis dix ans, la marine indienne lève le secret qui la caractérisait pour livrer au monde son histoire récente dans cinq ouvrages rédigés par les amiraux S. Singh [1986, 1992] et G.M. Hiranandani [2000, 2005, 2009] ainsi que sa vision et sa stratégie dans deux documents publiés par les amiraux A. Prakash [2006] et S. Mehta [2007]. S’appuyant sur ces sources et sur l’examen critique des matériels et des programmes de sa flotte, cet article tente de montrer les progrès et les possibilités d’une institution vieille de quatre cents ans, au service de la République indienne depuis six décennies.
Période anglaise (1612-1958)
Origines
3 L’Indian Navy trouve son origine dans l’action du capitaine Best de la compagnie anglaise des Indes orientales qui défait les Portugais en 1612 et maintient une flottille à Swally près de Surat dans le Gujarat pour repousser les pirates dans le golfe de Cambay. À partir de septembre 1668, cette flottille opère aussi à partir de l’île de Bombay, devenant huit ans plus tard la Bombay Marine. Elle combat Portugais, Néerlandais, Français, Marathes et Sindhis avant d’être engagée en 1824 dans la guerre de Birmanie. En 1830, la Bombay Marine devient Her Majesty’s Indian Navy. Elle croît avec la flottille de l’Indus et la première guerre de l’opium. Rebaptisée Bombay Marine en 1863, puis Her Majesty’s Indian Marine en 1877 et Royal Indian Marine en 1892, elle compte alors une cinquantaine d’unités réparties en deux divisions basées à Bombay et Calcutta. Durant la Grande Guerre, elle participe à des opérations de déminage au large de Bombay et d’Aden, transportant des troupes vers l’Irak, l’Égypte et l’Afrique de l’Est. En 1928, la Royal Indian Marine hisse le pavillon de la Royal Navy avant d’être redésignée Royal Indian Navy en 1934. Majoritairement composés de musulmans provenant pour 80% d’entre eux du Pendjab et du Konkan, les équipages sont formés dans six écoles de spécialité à Bombay et Karachi tandis que les officiers étudient en Grande-Bretagne [2].
4 Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l’Indian Navy comprend 114 officiers et 1732 matelots pour armer cinq corvettes, un chalutier, un bâtiment océanographique et un patrouilleur. Trente et une unités supplémentaires sont réquisitionnées comme dragueurs et patrouilleurs tandis que les chantiers de Calcutta et Bombay livrent six chalutiers et dragueurs renforcés par des unités transférées par l’Australie et la Grande-Bretagne. Au total, la Royal Indian Navy compte, en 1945, 30000 hommes et 117 petits bâtiments de combat. Un an plus tard, le 18 février 1946, soixante-dix-huit d’entre eux ainsi que vingt établissements à Bombay, Karachi et Calcutta se mutinent contre les conditions de vie et le racisme, contribuant à la décision du cabinet britannique de quitter l’Inde [Bhat, 2006].
Indépendance et premier plan décennal
5 Avec l’indépendance et la partition, le 14 août 1947, la Royal Indian Navy éclate. Au service du nouvel État musulman, la Royal Pakistan Navy doit assurer la protection d’une route maritime de 4000 km entre le Pakistan occidental et le Pakistan oriental. Londres continue à fournir les officiers aux deux forces navales qui demeurent neutres durant la première guerre fratricide. Trois des meilleures écoles (formation élémentaire, artillerie, radar [3]) situées à Karachi doivent être remplacées [4].
6 Après la proclamation de la République le 26 janvier 1950, l’Indian Navy reste subordonnée pendant encore huit ans à des amiraux britanniques (J.T. Hall, Edward Parry, Mark Pizey, Stephen Carlill). Armée par 1000 officiers et 10000 marins, elle comprend un croiseur, trois destroyers, quatre frégates, un bâtiment-école, un bâtiment hydrographique, dix dragueurs, quatre patrouilleurs et sept bâtiments amphibies. Le commandement anglais définit un premier plan décennal d’expansion recommandant l’acquisition de deux porte-avions, trois croiseurs, huit destroyers, quatre sous-marins qui seraient répartis en deux flottes, chacune centrée autour d’un porte-avions. Le plan ne se matérialise pas et l’Indian Navy doit se contenter en 1954 d’un programme de huit frégates (trois antiaériennes, cinq anti-sous-marines) et six dragueurs britanniques, complétés par un pétrolier ravitailleur acquis en Italie. La menace est alors représentée par le bloc sino-soviétique contre lequel l’Indian Navy apporterait son concours au Commonwealth [Singh, 1992, p. 466].
7 En 1954, le Pakistan rejoint les alliances anticommunistes CENTO et SEATO [5] alors que l’Inde amorce le mouvement des non-alignés en signant le 28 avril un accord de respect mutuel et de non-ingérence avec la Chine, alors alliée de l’URSS, l’adversaire désigné du Commonwealth. Face à la montée en puissance de la flotte pakistanaise financée par les États-Unis (un croiseur et six destroyers ex-anglais), l’Inde se dote d’un deuxième arsenal à Vishakhapatnam sur le golfe du Bengale et décide de conserver ses bâtiments anciens après l’arrivée des huit frégates construites en Angleterre. Toujours très faible, la part de la marine augmente dans le budget de la Défense, passant de 4 % (1950-1951) à 9 % (1956- 1957) puis à 12% (1959-1960).
8 En 1958, l’amiral R.D. Katari devient le premier Indien à commander la marine. Celle-ci vient de recevoir l’ex-porte-avions léger britannique Hercules refondu avec une piste oblique et une catapulte à vapeur, et rebaptisé Vikrant. Les essais en Méditerranée sont un succès et, en septembre 1961, le Vikrant célèbre son 1000e appontage sans accident avant de rallier Bombay. Futur commandant de la marine indienne, l’amiral Ram H. Tahiliani explique la dette de son pays envers l’officier instructeur désigné par la Royal Navy :
Quand vous commencez une nouvelle organisation, vous avez besoin de ceux qui ont l’expérience et pas seulement de la connaissance basée sur l’expérience des autres... Je ne peux pas imaginer que nous aurions pu mettre en œuvre le Vikrant sans l’aide de John Treacher... [il] essayait toujours de nous faire aller plus vite car, sur un porte-avions, plus vite vous décollez, plus vite vous appontez... plus vite le bâtiment termine la mission [Singh, 1992, p. 157].
Non-alignement et partenariat soviétique <BR />(1958-1991)
Humiliation et rédemption
10 Après le succès facile de l’opération « Vijay » [Singh, 1992, p. 320-357] contre la colonie portugaise de Goa, capturée en décembre 1961 avec le concours de l’Indian Navy, l’Indian Army subit une lourde défaite aux frontières face à l’armée populaire de libération (APL) en novembre 1962. Mais Mao Tsé-toung rappelle ses troupes et restitue leurs armes aux vaincus. Si les États-Unis dépêchent le porte-avions USS Enterprise pour signifier à Pékin de ne pas aller trop loin, le retrait chinois ménage plutôt un voisin que Mao voulait punir pour violer l’accord de 1954. En réaction, New Delhi porte son armée à 825000 hommes et son aviation à quarante-cinq escadrilles. La marine réclame en vain 130 unités mais son budget rechute à 4 % (1964-1965) alors que le Pakistan reçoit des États-Unis son premier sous-marin, le Ghazi [Singh, 1992, p. 92].
11 La réorganisation des forces indiennes conduit l’armée à transférer à la marine la responsabilité de la défense côtière et celle des îles Andaman et Nicobar face à l’Indonésie dont la flotte a reçu un important soutien soviétique. Le plan naval 1964-1969 tente de corriger la tendance en prévoyant l’acquisition de sous-marins et de frégates Leander produites au chantier Mazagon Dock de Bombay avec l’aide de l’Angleterre [Singh, 1992, p. 466]. Mais celle-ci refuse de transférer des sous-marins neufs et les conditions très favorables offertes par Moscou décident New Delhi à franchir le Rubicon au risque de s’aliéner Londres et ses propres officiers, très anticommunistes. L’Indian Navy destine le matériel commandé (d’abord cinq corvettes anti-sous-marines Petya II, quatre sous-marins Foxtrot, un bâtiment de soutien, deux bâtiments amphibies) à Vishakhapatnam pour défendre les îles Andaman et Nicobar face aux revendications de Jakarta [Singh, 1992, p. 457].
12 En mai-juin 1965, les infiltrations pakistanaises au Cachemire conduisent deux mois plus tard à une guerre que les deux capitales veulent d’abord limiter en n’attaquant pas le commerce et en n’engageant pas leurs flottes. L’indienne stationne dans le golfe du Bengale face à une Indonésie menaçante. « Éléphant blanc » en refonte, le Vikrant laisse son trop petit nombre d’avions « Alizé » à la surveillance. Rappelée à Bombay, la flotte n’empêche pas l’escadre pakistanaise de bombarder la ville côtière de Dwarka dans la nuit du 7 au 8 septembre 1965, en réponse à une offensive terrestre indienne. L’Indian Navy et son renseignement sont humiliés. Jusqu’au cessez-le-feu du 23 septembre, ils n’interceptent aucune unité ennemie. Sans ravitailleurs, les bâtiments ne durent pas à la mer [Singh, 1992, p. 439].
13 La paix revenue, le Pakistan commande trois sous-marins en France. Armés de torpilles à très longue portée, ils constituent le fer de lance d’une marine dont les forces de surface sont numériquement inférieures. L’Indian Navy doit donc privilégier la lutte anti-sous-marine. En 1969, la réception des premiers sous-marins Foxtrot soviétiques permet enfin aux Alizé et aux frégates de s’entraîner contre des plastrons. Favorisés par les conditions hydrologiques particulières des eaux indiennes, les sous-marins peuvent se cacher entre les couches de température que les sonars de coque ne pénètrent pas. L’Indian Navy doit acquérir des sonars remorqués ou trempés, qui, une fois immergés, pénètrent ces couches. En 1970, elle commande en Angleterre six hélicoptères Sea King dotés de sonars trempés et de torpilles. L’Égypte vient d’étonner le monde en coulant un destroyer israélien avec une vedette lance-missiles soviétique. Pour éviter un nouveau raid pakistanais contre ses côtes, l’Inde achète aussi huit vedettes lance-missiles à l’URSS qu’elle déploie à Bombay [Hiranandani, 2005, p. 21].
14 Jadis liée au trafic des épices, la présence navale étrangère en océan Indien se justifie désormais par la dépendance pétrolière. En 1967, l’Angleterre, qui tenait tous les accès de Singapour à Aden, se retire de l’est de Suez. Elle est remplacée par les États-Unis qui inquiètent New Delhi en louant la base britannique de Diego Garcia, à 1600 km de la pointe sud de l’Inde [Hiranandani, 2005, p. 10].
15 Les relations avec Karachi se dégradent. Pour mettre fin à l’« encerclement pakistanais », New Delhi soutient le mouvement insurrectionnel bengali au Pakistan oriental. En août 1971, des nageurs de combat rebelles formés par l’Indian Navy attaquent des bateaux pakistanais à Chittagong. Quand la guerre éclate en décembre, le Vikrant est limité à seize nœuds par ses chaudières. Une nouvelle inaction le condamnerait aux yeux du pouvoir politique. Son déploiement dans le golfe du Bengale, loin du gros de la marine pakistanaise, apparaît déjà à ses détracteurs comme une dérobade. L’objectif est pourtant de frapper les ports et les aérodromes du Pakistan oriental. Caché aux îles Andaman, il doit attendre la neutralisation du sous-marin Ghazi – coulé par ses propres mines – pour sortir. Son groupe aérien détruit alors une dizaine de navires marchands ainsi que les terrains d’aviation de Chittagong (4 au 10 décembre) tout en assurant le blocus. Trois jours plus tard, le Pakistan oriental capitule. Le Vikrant est réhabilité [Hiranandani, 2000, p. 140].
16 En mer d’Arabie, la marine indienne décide d’attaquer Karachi. Innovation tactique, répétée durant l’été derrière le rideau de la mousson, les frégates remorquent à grande vitesse les nouvelles vedettes lance-missiles OSA jusqu’à ce port. Le 4 décembre 1971, un OSA coule par surprise un destroyer et un dragueur, contraignant la flotte pakistanaise à rentrer s’abriter. Le 8 décembre, une seconde attaque des OSA contre Karachi incendie les dépôts de carburant et un pétrolier ravitailleur. Mais le lendemain, traquant un contact sous-marin obtenu par la goniométrie, la frégate indienne Kukhri est torpillée par le Hangor pakistanais qui échappe aux poursuites et regagne sa base. Dans le même temps, l’Indonésie déclare son soutien au Pakistan, envoyant deux sous-marins qui n’arriveront qu’après le cessez-le-feu du 16 décembre [Hiranandani, 2000, p. 185-210].
17 Si elle a su tirer le plus grand profit des vedettes lance-missiles, l’Inde ne maîtrise pas encore ses hélicoptères pour chasser les sous-marins [Hiranandani, 2000, p. 25]. Bruyant aux diesels lorsqu’ils rechargent leurs batteries au schnorchel, ils sont détectés par l’aviation mais parviennent toujours à fuir aux diesels-électriques. Les cinq Alizé ne suffisent pas et l’Indian Air Force transfère ses avions de patrouille maritime à l’Indian Navy dont le budget augmente de 50% [Hiranandani, 2000, p. 269-270].
Traumatisme de l’Enterprise et quête d’un sous-marin nucléaire
18 Le 10 décembre, six jours avant le cessez-le-feu, le président des États-Unis Richard Nixon envoie le porte-avions USS Enterprise et un groupe amphibie dans le golfe du Bengale, officiellement pour évacuer les ressortissants américains. Dans ses Mémoires, Henry Kissinger [2000], le secrétaire d’État des États-Unis, explique les vraies raisons du mouvement :
L’Union soviétique aurait pu retenir l’Inde. Elle a choisi de ne pas le faire. Elle a, en réalité, encouragé la guerre en signant un traité d’amitié [6], en apportant son soutien aux demandes de l’Inde, en livrant du matériel militaire et en promettant son veto au Conseil de sécurité contre des résolutions embarrassantes... Une inquiétude partagée face à la puissance soviétique ayant rapproché Pékin et Washington, une démonstration de notre faiblesse aurait sérieusement affecté notre nouvelle et fragile relation avec la Chine... Il n’était pas question de sauver le Pakistan oriental. Nixon et moi savions très bien que l’indépendance était inévitable et que la guerre n’était pas nécessaire pour l’obtenir. Nous luttions pour préserver l’intégrité du Pakistan occidental et nous estimions que le vrai but de l’Inde était sa désintégration...
20 De son côté, Anatoly Dobrynine, l’ambassadeur soviétique à Washington, se souvient :
... Le 10 décembre, le président Nixon nous a demandé de s’associer à lui pour exiger un cessez-le-feu complet [...] Pour faire monter la pression, Kissinger a déclaré [...] que les forces américaines avaient reçu l’ordre de se préparer à assister le Pakistan sous couvert d’un redéploiement tactique de ses forces navales comprenant l’envoi d’un porte-avions en océan Indien. En réponse, plusieurs bâtiments soviétiques ont fait route [Hiranandani, 2000, p. 157-170].
22 Le futur vice-amiral M.K. Roy, directeur du Renseignement naval indien, rapporte l’inquiétude du Premier ministre indien Indira Gandhi :
On m’a interrogé sur les capacités du groupe américain. J’ai conclu qu’il pourrait [...] gagner la supériorité aérienne au-dessus du Pakistan oriental tandis que les marines [...] porteraient assistance à l’armée pakistanaise. Mais cela paraissait peu probable... S’interposer entre la côte et les forces du blocus indien... Évacuer une division pakistanaise [...] [et] la transporter au Pakistan occidental pour renforcer leur armée sur le point d’être attaquée par l’Inde [Hiranandani, 2000, p. 157-170].
24 Deux groupes de bâtiments soviétiques pistent l’Enterprise, qui se retire le 8 janvier. Le Pakistan occidental est sauvé. Mais le mouvement de l’Enterprise décide New Delhi à se doter d’un sous-marin nucléaire d’attaque contre la répétition d’une telle intimidation. Le 15 novembre 1972, Indira Gandhi déclare au Parlement que la propulsion nucléaire est à l’étude pour un sous-marin (ATV, Advanced Technology Vessel). Coïncidant avec l’explosion de la première bombe atomique indienne en 1974, le directeur de la propulsion navale est chargé d’une étude de faisabilité d’un réacteur (Projet 932) alors qu’un marin a l’occasion de s’entraîner sur le réacteur d’instruction de la Royal Navy [Rai, 2010]. Président de la Commission de l’énergie atomique (AEC) et architecte de la première bombe nucléaire indienne, le Dr Homi Nusserwanji Sethna (1924-2010) ouvre le centre de recherche de Bombay (BARC) à l’Indian Navy [Rai, 2010].
Bâtiments hybrides
25 Profitant de la compétition entre l’Occident et l’URSS, l’Inde absorbe les technologies pour accélérer son programme d’« indigénisation ». Après les machines à vapeur et les canons anglais, l’Indian Navy intègre turbines à gaz, missiles, systèmes de guerre électroniques et torpilles soviétiques, sur cinq destroyers Kashin commandés en URSS. Les pensées technique et tactique progressent mais l’Indian Navy doit adapter le matériel aux tropiques et faire face à une crise de croissance. Comme l’explique l’amiral Hiranandani, la maîtrise des technologies apparaît plus importante que les traditions et le rythme des acquisitions sape le moral des forces. Le courant ne passe plus entre équipages et officiers. Chez ces derniers, l’état-major crée une division, vite ingérable, entre ceux affectés sur bâtiments d’origine britannique et ceux affectés sur bâtiments d’origine soviétique, et ce pour préserver la confiance de deux adversaires [Hiranandani, 2005, p. XIII].
26 En URSS, le comité d’État soviétique des essais étend son autorité aux bâtiments construits pour l’Inde. Conçu pour opérer dans des eaux froides, à faible salinité, le matériel soviétique doit être « tropicalisé » et les arsenaux adaptés à sa maintenance. Mais les Indiens n’ont pas accès aux chantiers soviétiques à l’exception de Vladivostok. Envoyés pour un an en Inde au titre du contrat de garantie et perçus comme des espions, les techniciens russes améliorent les équipements livrés en informant leurs entreprises des pannes liées à l’humidité et à la chaleur et aident à réaliser des interfaces pour les équipements occidentaux [Hiranandani, 2005, p. 125-129].
27 Au-delà des difficultés, les programmes permettent à de jeunes officiers talentueux d’imaginer les futurs matériels. Pour l’amiral Hiranandani, « les résultats dans les domaines de la conception des navires et de la production comme dans ceux de la recherche et du développement vont au-delà des espérances » [2005, p. XII]. Parmi ces succès, les sonars Apsoh puis Humvad adaptés aux eaux chaudes [Hiranandani, 2005, p. 175-180]. La maîtrise des nouveaux équipements permet d’installer des armements et des senseurs soviétiques plus performants sur des coques anglaises. Après avoir installé des missiles Styx sur la frégate Talwar, puis sur les Godavari (Projet 16) de construction locale, New Delhi établit un groupe de travail indo-soviétique sur les constructions navales pour réaliser les corvettes Kukhri (Projet 25), les destroyers Delhi (Projet 15) dérivés des Kashin et produire sous licence les patrouilleurs lance-missiles Projet 1241 Veer (Tarentul) [Hiranandani, 2005, p. XIV].
28 Contraintes à l’autosuffisance par la perestroïka, les entreprises soviétiques cessent brutalement de fournir des rechanges. L’Indian Navy doit fabriquer localement et trop cher des pièces détachées [Hiranandani, 2005, p. XIII].
La justification du besoin de porte-avions/porte-aéronefs
29 Après le refus des États-Unis de vendre des Skyhawk pour remplacer les vieux chasseurs à réaction du Vikrant sur une plate-forme trop petite pour des chasseurs conventionnels modernes, l’Inde choisit en 1979 de le transformer en porte-aéronefs et d’acquérir des Sea Harrier britanniques à décollage court. En mai 1986, l’Inde achète pour seulement 65 millions de livres le porte-aéronefs Hermes, vétéran des Malouines. Refondu à l’arsenal de Devonport, le bâtiment rebaptisé Viraat emportera douze Sea Harrier et sept hélicoptères (Sea King ou Kamov Ka-25). Pouvant projeter jusqu’à cinquante-deux aéronefs sur deux plates-formes, l’Inde affiche une « capacité océanique dissuasive », perçue à l’étranger comme une volonté de devenir le gendarme de l’océan Indien [Hiranandani, 2005, p. 88-89].
30 Mais l’âge des deux bâtiments impose de préparer leur remplacement. Pour ne pas entamer les réserves en devises, le gouvernement décide une construction en Inde. L’objectif est d’aligner trois porte-avions dans le premier tiers du XXIe siècle. D’anciens chefs militaires débattent dans la presse. Pour le vice-amiral Subimal Mukherjee, ces plates-formes sont dépassées car vulnérables :
Les porte-avions ont dominé les océans pendant la Seconde Guerre mondiale. Les développements de la technologie navale (sous-marins, armes de précision, avions à haute performance basés à terre) ont depuis lors fait pencher la balance du rapport entre l’attaque et la défense en défaveur du porte-avions. Ils conservent leur valeur pour des opérations du temps de paix comme les escales, le soutien aux populations en cas de catastrophe naturelle, le maintien de la paix, mais ils n’ont pas fait leurs preuves dans des opérations de guerre contre des menaces crédibles.
32 À l’inverse pour l’Air Commodore Jasjit Singh, l’avion reste « la meilleure défense contre la plate-forme qui va lancer un missile de croisière et le meilleur moyen d’assurer la protection antiaérienne ou anti-sous-marine d’une force navale ou de bâtiments marchands ». Ce héros de la guerre de 1971 note que l’immensité du sous-continent indien et l’éloignement des îles Andaman et Nicobar rendent l’établissement d’un réseau complet de bases aériennes et de surveillance beaucoup plus coûteux que la construction d’un porte-avions [Hiranandani, 2005, p. 194].
33 En 1988, New Delhi signe un contrat avec la France pour recevoir l’assistance technique de la DCN (Direction des constructions navales). Choisi pour ses infrastructures, le chantier de Cochin apparaît comme le seul site capable de construire un bâtiment d’environ 30000 tonnes, mais l’acier doit être commandé à l’étranger. En juillet 1991, le ministre de la Défense [7] gèle le programme en déclarant que l’Inde n’a pas besoin d’un troisième porte-avions.
34 À partir de 1977 et 1988, les vieux Super Constellation de patrouille maritime sont remplacés par des Il 38 Ilyushin et des Tu 142 Tupolev soviétiques. Parmi les nouveaux équipements, des sonars trempés anglais, des bouées acoustiques et des détecteurs d’anomalies magnétiques russes, des missiles air-air français et air-mer Sea Eagle anglais sur les Sea Harrier, des torpilles italiennes A244 sur les Sea King et des torpilles russes sur les hélicoptères Ka-25.
Triplement de la flotte sous-marine
35 En 1979, le futur premier ministre I.K. Shri Gurjal, alors ambassadeur à Moscou, est instruit par le ministre de la Défense [8] de rechercher le soutien du commandant en chef de la marine soviétique, l’amiral Serguei Gorshkov, pour aider à la réalisation d’un sous-marin nucléaire. L’ambassadeur souligne que l’Inde est entourée de détroits qu’elle ne contrôle pas et qu’elle doit acquérir des sous-marins nucléaires pour faire face aux sous-marins nucléaires chinois [Rai, 2010]. Trois ans plus tard, le maréchal Ogarkov, ministre de la Défense d’URSS, donne son aval. Deux équipages indiens sont invités à Vladivostok à bord du K-43, un sous-marin nucléaire du Projet 670 (Charlie II) dont les missiles anti-porte-avions ont été débarqués. Comme le rappelle son ministre de la Défense en décembre, l’Inde n’a pas l’intention de développer un sous-marin nucléaire lance-engins (SNLE). Elle recherche juste un instrument qui lui donnerait la supériorité dans le combat naval. Plate-forme de mouvement, le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) est incomparable au sous-marin diesel-électrique qui demeure une plate-forme de position.
36 Poursuivant la logique d’une double filière entre l’Est et l’Ouest, l’Inde choisit en 1981 la technologie occidentale pour ses nouveaux sous-marins diesels-électriques dont le design pourrait peut-être permettre l’adjonction d’un réacteur. L’Allemagne l’emporte sur la France, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède avec quatre Projet 209-1500 assemblés au chantier Mazagon Dock de Bombay. Le programme n’est pas poursuivi en raison des dépassements de coûts. Alors que la corrosion vieillit prématurément les Foxtrot réparés pour moitié en URSS et à Vishakhapatnam avec une assistance russe (1975-1992), New Delhi commande aussi en 1983 huit sous-marins conventionnels soviétiques Projet 877 Kilo, livrés entre 1986 et 1991. Mais c’est une société américaine qui est retenue en 1984 pour vendre à l’Inde un système de communications radio à très basse fréquence (VLF) pour ses forces sous-marines (Hiranandani, 2005, p. 118).
37 La multiplicité des compétences requises pour le projet de sous-marin nucléaire décide le gouvernement à élargir la base industrielle et technologique du projet en invitant entreprises publiques et privées à participer. Le projet ATV passe sous la coupe de l’Organisation de recherche et de développement de la Défense (DRDO), qui supervise Bharat Heavy Plates & Vessels à Vishakhapatnam, Larsen & Toubro à Hazira, Mazagon Dock, Bharat Heavy Electrical et Bharat Electronics à Bangalore, Walchandnagar Industries Ltd, le groupe Tata et les fabricants de pompes Khosla et Kirlosar [Rai, 2010].
38 Au départ, l’Inde pense pouvoir réaliser seule un réacteur compact qui devra supporter roulis, tangage et résister à des charges de profondeur. L’uranium enrichi est produit à Trombay. Le département de l’énergie atomique (DAE) peut s’appuyer sur un superordinateur national, le PARAM. Les essais doivent être effectués au centre d’essai du prototype (PTC) de Kalpakkam. Le BARC (Bhabha Atomic Research Centre) et les ingénieurs de la marine réalisent le circuit primaire et le générateur de vapeur. L’établissement naval de conception et de développement d’Hyderabad est responsable du circuit secondaire [9].
39 En 1985, New Delhi obtient de Moscou la location pour trois ans (1988-1991) du K-43, rebaptisé Chakra (« la roue »). Commandé par le capitaine de vaisseau Ravi Ganesh, le Chakra participe à tous les exercices majeurs mais connaît des fuites radioactives. Les plans fournis par l’URSS permettent d’envisager une copie à laquelle l’Inde adjoindrait son réacteur naval. En 1991, l’implosion de l’URSS met fin à la location du Chakra et paralyse les grands programmes en attente d’équipements soviétiques [Hiranandani, 2005, p. 121].
Valeur opérationnelle et politique
40 Si en 1991, avec deux porte-aéronefs et dix-huit sous-marins, l’Indian Navy semble dominer sa rivale pakistanaise, celle-ci met en œuvre, sur ses six sous-marins, sur trois de ses six destroyers et sur ses trois avions de patrouille maritime, des missiles américains Harpoon (130 km) dont la portée est supérieure aux Styx soviétiques (46 ou 84 km) et Sea Eagle anglais (15 km). La marine indienne ne paraît pas en mesure de contrôler les approches de Karachi. La valeur opérationnelle de l’Indian Navy souffre également de l’absence d’exercices avec les marines occidentales ou soviétique, et ce au nom du non-alignement.
41 New Delhi utilise l’instrument naval dans deux crises : l’opération « Cactus » et l’opération « Pawan ». Pendant trois ans, l’Indian Navy apporte son concours au contingent indien envoyé au Sri Lanka (1987-1988) pour tenter de pacifier le nord de l’île où s’affrontent Tamouls et Cinghalais. Les massacres de civils qui suivent cette intervention génèrent un sentiment anti-indien illustré par l’agression du Premier ministre Rajiv Gandhi par un cadet de marine cinghalais puis son assassinat par un « tigre » tamoul (mai 1991). Après son retrait, l’Indian Navy poursuit l’opération « Tasha » pour prévenir les mouvements entre le Sri Lanka et le Tamil Nadu dans le détroit de Palk. Les 2 et 3 novembre 1988, 300 à 500 Tamouls tentent un coup d’État aux Maldives. L’intervention des forces armées indiennes oblige les putschistes à prendre la fuite à bord d’un navire marchand qui est à son tour capturé par une frégate indienne, le 5, devant Colombo [Hiranandani, 2005, p. XVII].
42 En 1978, l’Inde se dote d’un service armé distinct de gardes-côtes, pour protéger les ressources des deux millions de kilomètres carrés de l’espace maritime qu’elle revendique (loi du 25 août 1976), lutter contre les trafics et la contrebande et soutenir la marine en temps de guerre [10].
La quête de la prééminence en océan Indien <BR />(1991-2012)
« Indigénisation » et dépendance
43 En 1994, l’Inde reprend la coopération navale avec Moscou qui exige désormais d’être payé en devises. La Russie livre les missiles Uran (SS-N-25) dont la portée (130 km) permet de contrer les Harpoon pakistanais et d’achever les trois destroyers Projet 15 (Delhi), les trois frégates Projet 16A (Bramaputhra) et les quatre corvettes Projet 25A (Kora) mises en service respectivement entre 1997 et 2005. Si la disparition de l’URSS explique les retards de ces programmes « indigènes », le fonctionnement de la DRDO est également critiqué. Le développement du missile antiaérien national Trishul est abandonné au profit du missile israélien Barak. La version navalisée du chasseur LCA (Light Combat Aircraft) tarde et l’hélicoptère ALH (Advanced Light Helicopter) livré en 2003 ne possède toujours pas de version anti-sous-marine [11].
44 En juin 1999, le Comité ministériel pour la sécurité – soucieux de recentrer la défense de l’Inde sur sa façade maritime – autorise la marine à poursuivre le projet du porte-avions Air Defense Ship élaboré par l’Indian Naval Design Organisation à partir de plans achetés en France puis d’une assistance italienne et russe. La désignation d’Air Defense Ship ménage l’armée de l’air en soulignant sa vocation antiaérienne pour protéger une force navale à la mer. Redésigné Indian Aircraft Carrier – IAC – en 2006 et baptisé Vikrant, le premier porte-avions « indigène » est mis sur cale à Cochin le 28 février 2009 pour une livraison vers 2015. Réalisé avec une assistance du bureau de conception russe Nevskoye et de l’italien Fincantieri, il déploiera une vingtaine de chasseurs Mig-29 et LCA [12].
45 Parallèlement, New Delhi achète en 2004 le porte-aéronefs russe Admiral Gorshkov (ex-Baku), au prix de sa transformation en porte-avions pour mettre en l’air 16 chasseurs Mig-29. Reportée à décembre 2012 après des réajustements financiers, la livraison, pour près de deux milliards de dollars, de l’ex-Gorshkov rebaptisé Vikramaditya, permettra à l’Indian Navy de retrouver un deuxième capital ship en attendant l’IAC, le porte-avions qui remplacera le Viraat [13]. Les capacités du Vikramaditya et du futur Vikrant resteront limitées à la défense aérienne.
46 Le projet d’un deuxième porte-avions de construction nationale déplaçant 65000 tonnes et doté de catapultes devra donner à l’Inde vers 2030 une vraie capacité de projection de forces.
47 En 1999, le Comité ministériel pour la sécurité approuve la construction sur trente ans de vingt-quatre sous-marins conventionnels, toujours sur deux filières : occidentale avec Armaris (devenu DCNS) sélectionné pour les six premières unités (Scorpène) à Mazagon Dock, et russe avec le Pr 677 Amour de Rubin pressenti pour être produit par la société Larsen & Toubro (L&T). Relancée, la compétition pour cette deuxième série de six unités oppose maintenant Rubin à DCNS, l’espagnol Navantia et l’allemand HDW.
48 Selon le plan de construction navale « indigène », sept destroyers Projet 15A/15B, dix frégates Projet 17/17A, douze corvettes Projet 28/28A et huit chasseurs de mines doivent être construits en Inde d’ici à 2022. Les chantiers d’État comme Mazagon Dock à Mumbai ou Garden Reach à Calcutta cherchent à augmenter leurs capacités de production en s’associant à des chantiers privés [Manoj, 2011].
49 En renouant avec la Russie, l’Inde finance une version du missile antinavires supersonique Onyx/Yakhont (SS-N-26), le Brahmos (290 km, mach 2,8). Armant trois destroyers Kashin refondus, il sera installé sur trois futurs destroyers Projet 15A (Kolkata) et dix frégates Projet 17A et Thalwar II (2012-2022). Exporté au Vietnam, le Brahmos peine à trouver des clients, Moscou préférant vendre directement son Yakhont. L’Inde acquiert aussi le missile de croisière naval russe Alfa/ Klub (SS-N-27) pour les six frégates Thalwar et Projet 17 (Shivalik). Sur les dix sous-marins conventionnels Kilo achetés par l’Inde en URSS (huit) puis en Russie (deux), six sont réputés avoir été refondus avec ce missile [Saunders, 2011, p. 324-325].
Priorité au SNLE, sous-marin nucléaire lanceur d’engins
50 Avec une série de cinq essais nucléaires conduits par l’Inde en 1998 à Pokhran, suivie peu après par six essais atomiques pakistanais, New Delhi et Islamabad affichent leur intention de doter leurs forces d’armes nucléaires.
51 En août 1999, New Delhi publie un projet de doctrine de « dissuasion nucléaire crédible minimale » qui réaffirme le « non-emploi en premier » et le caractère purement dissuasif des armes atomiques, « sur décision du Premier ministre ou de son (ses) successeur(s) désigné(s) ». Les sources ouvertes évaluent alors à 310 kg la quantité de plutonium militaire dont disposerait l’Inde en 1999, une quantité suffisante pour produire 65 armes (5 kg de plutonium par armes) [14]. L’ancien commandant en chef de la marine l’amiral Vishnu Bhagwat et le contre-amiral Raja Menon proposent d’installer le missile balistique Danush sur des patrouilleurs hauturiers pour assurer une dissuasion par intérim en attendant l’entrée en service d’un sous-marin stratégique [Menon, 2000, p. 227].
52 Maintenant dirigé par le vice-amiral Ganesh, ancien commandant du Chakra, le programme ATV privilégie la réalisation d’un véritable SNLE qui assurera à l’Inde une capacité de seconde frappe. Un chantier et un centre d’essais de la machinerie sont mis en place à Vishakhapatnam. Poursuivis avec une assistance russe [The Hindu, 2009], un réacteur à eau pressurisée est certifié opérationnel en septembre 2006 [15].
53 Sous la direction du scientifique Abdul Kalam, l’Inde développe une série de missiles balistiques dont le préfixe « K » rend hommage à ce futur président de la République (2002-2007). Version lancée par bâtiment de surface du missile à propergols liquides sol-sol Prithvi (« la terre »), le missile Prithvi III ou Danush (« arc »), portant à 350 km, équipe occasionnellement deux patrouilleurs hauturiers classe Sukanya [Saunders, 2011, p. 343]. Désigné K-15, le Sagarika (« vague ») est un missile à changement de milieu (tir sous-marin) semi-balistique à propergol solide, à deux étages, proche du Brahmos, et dont la portée de 750 km désigne le Pakistan.
54 En 2004, à Moscou, les ministres de la Défense indien et russe, Pranab Mukherjee et Serguei Ivanov, évoquent pour la première fois la coopération russo-indienne sur l’ATV. Le bureau Rubin semble partager la technologie du vieux SNLE Projet 667 Yankee auquel ressemble la première unité, l’INS Arihant, lancée le 26 juillet 2009 en présence du premier ministre Manmohan Singh. Deux sisterships sont en construction. Quatre tubes verticaux lancent douze missiles semi-balistiques K-15 Sagarika/Shourya (trois par tube) ou quatre missiles balistiques K-4 (2500 km) qui ne seront pas opérationnels avant une à deux décennies. Le K-15 aurait été testé six fois, dont trois fois à sa portée maximale de 750 km, qui reste trop faible. Pour frapper Karachi, l’Arihant devrait opérer en mer d’Arabie. Pour menacer Canton ou Pékin, l’Arihant devrait être déployé en mer de Chine méridionale ou en mer du Japon, une performance encore improbable mais qui pourrait expliquer l’intérêt de l’Indian Navy pour ces eaux. L’Inde accuse un retard d’une à deux décennies sur le programme actuel du missile stratégique naval chinois JL-2 d’une portée de 8000 km [Sheldon-Duplaix, 2012].
55 Un financement indien permet à Moscou de terminer la construction du sous-marin nucléaire d’attaque Pr 971 Akula Nerpa, loué pour dix ans à New Delhi à partir de janvier 2012. L’accord, tenu secret, prolonge celui indo-soviétique de 1987. Rebaptisé Chakra, cet Akula formera les équipages des SNLE et pourra inspirer des futurs SNA [Russia & India Report, 2011].
Encerclement et sortie du non-alignement
56 Perception réelle ou supposée, l’Inde voit dans le partenariat stratégique sino-pakistanais et dans les investissements chinois au Pakistan, au Bangladesh, au Sri Lanka et au Myanmar une stratégie d’encerclement. Le capitaine de frégate Probal Gosh explique que « la Chine ne considère pas l’océan Indien comme l’océan de l’Inde, ni même comme son théâtre stratégique alors qu’elle traite les mers de Chine orientale et méridionale comme des mers chinoises » [Vohra et Gosh, 2008]. Dans les faits, la Chine s’interdit de stationner des forces à l’étranger et n’en déploie que dans le cadre de l’ONU ou pour une contribution comme la lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden depuis décembre 2008, à laquelle l’Indian Navy participe également. En août 2011, la Chine aurait toutefois envoyé un bâtiment de surveillance dans le golfe du Bengale [Hindustan Times, 2011]. Regardée avec suspicion par New Delhi, cette présence pourrait annoncer l’établissement d’un point d’appui logistique. L’Indian Navy reconnaît avoir pisté le premier groupe naval chinois avec un sous-marin mais Pékin n’aura pas avant au moins deux décennies les moyens de contester la supériorité indienne ou américaine en océan Indien et de protéger ses routes maritimes dans l’hypothèse d’une guerre frontalière avec l’Inde [Duchatel et Sheldon-Duplaix, 2011].
57 L’Indian Navy définit en 2006 une vision dont deux objectifs sont de disposer de tout l’éventail de la puissance (pour des conflits de basse intensité, la guerre conventionnelle et l’exercice de la dissuasion nucléaire) et de privilégier la coopération maritime. Depuis 2005, elle dispose d’une troisième base opérationnelle à Karwar près de Goa pour désengorger Mumbai. Une quatrième sera construite au sud de Vishakapatnam. Cochin demeure une base d’entraînement [16].
58 Présentant les 74 millions de km2 de l’océan Indien comme sa zone d’opérations, l’Indian Navy distingue quatre zones d’intérêt : les points de passage obligés (Malacca, Lombok, Sonde, Six degrés, Neuf degrés, Bonne-Espérance, Ormuz, Bab-el-Mandeb, Suez), la zone de surveillance maritime, la zone économique exclusive et le territoire national. Depuis 2007, elle dispose d’une station d’écoute à Madagascar et de facilités à Oman et au Mozambique [Asia Times, 2006]. Opérant dans un espace où se produisent 70% des catastrophes naturelles, elle mène seule, lors du tsunami de 2004, les opérations de secours sur ses côtes (opérations « Madad », « Sea Waves ») et aide ses riverains (opérations « Castor » aux Maldives, « Rainbow » au Sri Lanka, « Gambhir » en Indonésie) [Sakhuja, 2005]. Participant à la lutte contre la piraterie, la marine indienne avait déployé en décembre 2011 vingt-six unités dans le golfe d’Aden pour escorter 1779 navires dont 1556 sous pavillons étrangers, prévenant trente-neuf attaques [Indian Navy, 2011a]. En 2006 et 2011, l’Indian Navy dépêche trois bâtiments au Liban (opération « Sukoon ») et en Libye pour évacuer 2500 et 150 nationaux [Indian Navy, 2011b].
59 Avec seize sous-marins, un porte-aéronefs, un transport d’assaut, vingt destroyers et frégates, quarante-cinq corvettes et patrouilleurs, quatre ravitailleurs et dix-huit bâtiments amphibies, la flotte indienne domine aujourd’hui la marine pakistanaise. Emportant sur ses bâtiments une centaine de missiles supersoniques – préavis d’une minute – contre huit en 2001, et près de 300 missiles subsoniques, l’Indian Navy compliquerait l’action de n’importe quelle flotte qui lui serait hostile. La désignation d’objectifs transhorizon de ces missiles peut être assurée par les neuf hélicoptères de guet aérien Ka-31 Helix B russes et par la dizaine d’avions de patrouille maritime, bientôt renforcés par douze P-8 Poseidon américains armés de missiles Harpoon. Les avions Il-38 May et Su-30 reçoivent aussi le Brahmos [Indian Navy, 2011b]. La marine pakistanaise tente de réagir, prévoyant de remplacer ou d’augmenter ses sous-marins (cinq), ses avions de patrouille (douze), ses frégates (dix) et d’acheter des missiles YJ-62 chinois [Saunders, 2011].
60 Outre des incertitudes sur le taux de disponibilité de ses forces, l’Indian Navy connaît des accidents embarrassants : perte de deux avions de patrouille maritime (2002), d’un patrouilleur lance-missiles (avril 2006) et d’une frégate (janvier 2011). Avec une centaine d’unités, les gardes-côtes montent en puissance. Mais les deux services doivent encore prouver qu’ils peuvent contrôler le littoral après l’infiltration maritime de terroristes à Mumbai en novembre 2008. La marine a commandé quatre-vingt-quinze vedettes rapides pour cette mission [17].
61 En 1991, New Delhi lance une politique orientale (Look East) destinée à contrer la présence chinoise et protéger son accès à Malacca où transite son pétrole (5 % importés de Brunei, de Malaisie et bientôt du Vietnam), de son charbon et de ses minerais en provenance d’Asie du Sud-Est [Haokip, 2011]. New Delhi investirait deux milliards de dollars dans l’archipel des Andaman et Nicobar, y établissant un commandement interarmées, des radars de surveillance et une piste pour gros porteurs et chasseurs-bombardiers [Gupta, 2011].
62 Avec l’effondrement de l’URSS, New Delhi noue une « amitié stratégique » avec les États-Unis qui débouche en 1999 sur un soutien américain durant la crise indo-pakistanaise de Kargil, contraignant Islamabad à retirer ses troupes de la zone où elles s’étaient infiltrées, puis en 2002, sur une médiation russo-américaine à la suite de l’attentat attribué au Pakistan contre le Parlement indien. Dans les deux cas, les forces armées des deux pays sont massées aux frontières et l’Indian Navy se déploie devant Karachi. Après le refroidissement consécutif aux essais atomiques de 1998, l’administration Bush accélère le rapprochement avec l’accord nucléaire de mars 2006, suivi par un encouragement aux ventes d’armes américaines à New Delhi, dont un transport d’assaut d’occasion [Vanaik, 2008].
63 Si les États-Unis continuent à s’appuyer sur l’allié stratégique pakistanais en Asie centrale, après les attentats du 11 septembre 2001, ils recherchent l’Inde pour contrer la Chine en Asie du Sud-Est et en océan Indien. Certains évoquent la perspective d’une OTAN asiatique réunissant les États-Unis, l’Inde, l’Australie, une partie des membres de l’ASEAN, la Corée du Sud et le Japon [Vanaik, 2008].
64 Auxiliaire tacite de Washington, Tokyo et Moscou face à la modernisation de la flotte chinoise, l’Indian Navy rattrape son retard opérationnel en multipliant les échanges. Depuis 1992, elle participe aux exercices Malabar qui réunissent d’abord les marines américaine, japonaise, australienne et singapourienne. Suspendus en 1998 après les essais nucléaires indiens, les exercices reprennent en 2002. En 2007, la Chine s’inquiète de cette quasi-alliance et New Delhi restreint les participants aux marines américaine et japonaise, Tokyo se retirant de l’édition 2011 après Fukushima. En septembre, le Premier ministre japonais Shinzo Abe confirme toutefois ce partenariat triangulaire [Indian Today, 2011], Tokyo et New Delhi annonçant peu après un premier exercice bilatéral pour 2012 [Daily Pioneer, 2011]. En 2009 et 2011, « Malabar » permet à l’Indian Navy de s’entraîner en mer du Japon et en mer de Chine méridionale.
65 Avec la France depuis 2001 et avec la Grande-Bretagne, l’Indian Navy conduit les exercices annuels Varuna et Konkan qui impliquent porte-avions et sous-marins nucléaires d’attaque. En 2000, la France avait été la première à renouer après les essais nucléaires de 1998 [New Kerala, 2011]. Depuis 2003, l’Indian Navy effectue parallèlement l’exercice « Indra » avec le partenaire stratégique russe et des manœuvres avec l’adversaire stratégique chinois. Outre les grandes puissances, la diplomatie navale indienne devient plus active. Elle rassemble tous les deux ans les marines de l’océan Indien (exercices Milan) et assiste ses riverains (exercices Slinex avec le Sri Lanka, patrouille de la ZEE de Maurice, aide au Mozambique, à Madagascar). À l’occasion d’escales, l’Indian Navy s’entraîne aussi avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, les Philippines, Singapour (Simbex), la Malaisie, l’Indonésie (Indonindo), des pays du Golfe (Qatar, Oman, Émirats arabes unis, Bahreïn, Koweït, Arabie saoudite) [The Hindu, 2007], le Brésil et l’Afrique du Sud (Ibsamar) [Hindustan Times, 2010] et les partenaires stratégiques israélien et vietnamien. Quittant Nha Trang en juillet 2011, un bâtiment amphibie indien aurait été interrogé sur sa route par une unité chinoise [ET Bureau, 2011].
Conclusion
66 Autrefois parent pauvre des forces armées, l’Indian Navy semble avoir persuadé le pouvoir politique de son importance pour une nation qui, comme la Chine, a perdu sa souveraineté par la mer, mais qui est restée longtemps figée dans la défense de sa frontière terrestre. Cherchant à devenir la « force prééminente » de l’océan Indien, l’Indian Navy annonce pour 2022 « une flotte de 160 bâtiments dont trois porte-avions, 60 unités de combat majeures... et 400 avions [qui] constitueront une force tridimensionnelle formidable avec un réseau de surveillance satellite démultipliant ses capacités [18] ». En septembre 2011, New Delhi évoque un plan de soixante milliards de dollars avec une augmentation des effectifs de 20 % pour développer la puissance navale du pays [19]. Dans la même période, les gardes-côtes devraient passer de 100 à 300 unités. Inspirée par le modèle russe après avoir suivi l’exemple anglais, l’Indian Navy privilégie le missile antinavire tiré en salve pour saturer les défenses d’un adversaire. Elle doit encore organiser ses moyens de désignation d’objectifs dont une couverture satellitaire. Le porte-aéronefs et de nouveau les porte-avions demeureront un outil de défense aérienne plus qu’un instrument de projection de forces. Priorité nationale, le SNLE deviendra opérationnel avant le milieu de la décennie mais attendra une à deux décennies le missile à longue portée qui assurera la capacité de seconde frappe contre la Chine.
ÉVOLUTION DES MARINES INDIENNE ET PAKISTANAISE 1951-2013 (Y COMPRIS GARDE-CÔTES ET DOUANES)
1951 | 1961 | 1971 | 1981 | 1991 | 2001 | 2013 | ||||||||
Inde | Pak. | Inde | Pak. | Inde | Pak. | Inde | Pak. | Inde | Pak. | Inde | Pak. | Inde | Pak. | |
Sous-marin nucléaire lance-engins | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | 0 + 1 | - |
Sous-marin nucléaire d’attaque | - | - | - | - | - | - | - | - | 1 | - | - | - | 1 | - |
Sous-marin conventionnel | - | - | - | - | 4 | 4 | 8 | 6 | 18 | 17 | 7 | 14 | 5 | |
Porte-avions (nombre d’avions/hélicoptères) | - | - | 1 | - | 1 (21) | - | 1 (15) | - | - | - | - | - | 1 (12/6) | - |
Porte-aéronefs (nombre VSTOL/hélicoptères) | - | - | - | - | - | - | - | - | 2 (10/10) | - | 1 (10/9) | - | 1 (10/7) | - |
Transport d’assaut (nombre d’hélicoptères) | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | 1 | - |
Croiseur | 1 | - | 2 | 1 | 2 | 1 | 1 | 1 | - | 1 | - | - | - | - |
Destroyer lance- missiles antinavires | - | - | - | - | - | - | 1 | - | 5 | 2 | 8 | - | 9 | - |
Destroyer | 3 | 3 | 4 | 6 | 3 | 5 | - | 6 | - | 4 | - | 1 | - | 1 |
Frégate lance- missiles antinavires | - | - | - | - | - | - | 2 | - | 4 | 4 | 4 | 3 | 13 | 6 |
Frégate | 5 | 3 | 11 | 3 | 14 | 2 | 9 | 1 | 7 | 6 | 5 | 3 | - | 4 |
Corvette lance- missiles antinavires | - | - | - | - | - | - | 3 | - | 3 | - | 9 | - | 8 | 1 |
Corvettes anti-sous-marins | 3 | - | 6 | 1 | 6 | - | 10 | - | 11 | - | 6 | - | 5 | - |
Patrouilleur lance-missiles antinavires | - | - | - | - | 8 | - | 14 | - | 14 | 8 | 13 | 5 | 12 | 6 |
Patrouilleur hauturier (OPV) | - | - | - | - | - | - | 2 | - | 13 | - | 18 | - | 21 | - |
Patrouilleur | 4 | - | 14 | 4 | 15 | 6 | 7 | 21 | 26 | 18 | 23 | 6 | 24 | 6 |
Vedette rapide | - | - | - | - | - | - | - | - | 24 | 25 | 23 | 15 | 110 + | 18 + |
Dragueur/chasseur | 9 | 6 | 9 | 7 | 11 | 8 | 14 | 7 | 22 | 3 | 18 | 3 | 8 | 3 |
Bâtiment de débarquement de chars | 1 | - | 1 | - | 5 | - | 6 | - | 10 | 6 | - | 5 | - | |
Engin de débarquement | 7 | - | 2 | - | 2 | - | 2 | - | 7 | 2 | 10 | - | 13 | 4 |
Pétrolier ravitailleur d’escadre | - | - | 1 | - | 1 | 1 | 3 | 1 | 2 | 2 | 3 | 2 | 4 | 2 |
ÉVOLUTION DES MARINES INDIENNE ET PAKISTANAISE 1951-2013 (Y COMPRIS GARDE-CÔTES ET DOUANES)
AUGMENTATION DES CAPACITÉS ANTINAVIRES (THÉORIQUES) DE LA FLOTTE INDIENNE (1991-2001-2012)
1991 | 2001 | 2012 | |
Missiles subsoniques embarqués/destroyers-frégates-corvettes | 59/15 | 164/21 | 190/22 |
Missiles subsoniques embarqués/patrouilleurs | 56/14 | 44/12 | 72/12 |
Total des missiles subsoniques embarqués/plates-formes | 115/29 | 208/33 | 262/34 |
Missiles supersoniques embarqués/destroyers-frégates-corvettes | - | 8/1 | 92/12 |
Missiles supersoniques embarqués/patrouilleurs | - | - | - |
Missiles supersoniques embarqués/sous-marins | - | - | 12/6 |
Total des missiles supersoniques embarqués/plates-formes | - | 8/1 | 104/18 |
Total des missiles antinavires embarqués/plates-formes | 115/29 | 216/34 | 366/52 |
AUGMENTATION DES CAPACITÉS ANTINAVIRES (THÉORIQUES) DE LA FLOTTE INDIENNE (1991-2001-2012)
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Notes
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[1]
Chargé de recherche et d’enseignement, service historique de la Défense.
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[2]
Indian Navy, The Genesis, http://indiannavy.nic.in/genesis.htm.
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[3]
Dilawar, Jjattadur, Himalaya.
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[4]
Gircars à Vishakapatnam. En 1950, la marine indienne dispose de neuf écoles dont communication, torpilles, électriciens, apprentis mécaniciens, lutte anti-sous-marine, commissariat.
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[5]
CENTO : Central Treaty Organization menée par le Royaume-Uni ; SEATO : Southern Asia Treaty Organization menée par les États-Unis (NDLR).
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[6]
L’URSS et l’Inde signent le 9 août 1971 le « Traité indo-soviétique de paix, d’amitié et de coopération » qui fait contrepoids au rapprochement sino-américain. Les opérations de l’armée pakistanaise contre les insurgés du Pakistan oriental ont commencé en mai 1971.
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[7]
Sharad Pawar.
-
[8]
C. Subramaniam et K. Subrahmanyam.
-
[9]
The Indian SSN Project : An Open Literature Analysis, http://www.fas.org/nuke/guide/india/sub/ssn/part01.htm.
-
[10]
Indian Coast Guard History, http://indiancoastguard.nic.in
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[11]
Bharat Rakshak, The Consortium of Indian Military Websites, http://www.bharat-rakshak.com
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[12]
Ibid.
-
[13]
http://www.bharat-rakshak.com/NAVY/Vikramaditya.html
-
[14]
« India’s nuclear weapons program », http://nuclearweaponarchive.org ; Norris R.S. and Kristensen H.M. (2008), « Indian nuclear forces, 2008 » ; Bulletin of the Atomic Scientists, novenbre-décembre 2008.
-
[15]
Entretien avec le Dr Khakodkar, Times of India, 3 septembre 2009.
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[16]
http://indiannavy.nic.in/vision.pdf
-
[17]
Conférence de presse à Visakhapatnam, Navy Day 2011, 3 décembre 2011.
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[18]
Déclaration de l’amiral Sureesh Mehta, 2008.
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[19]
« Navy Rs 3L cr plan to boost India’s naval might », Times of India, 25/9/11.