Notes
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[1]
Chercheur en géographie tropicale, Centre d’études africaines.
-
[2]
Maurice compte une forte communauté d’origine indienne venue après l’abolition de l’esclavage et une minorité chinoise qui expliquent que le pays entretient d’étroites relations avec ces deux puissances émergentes.
-
[3]
Nom attribué à Maurice au cours de la période française.
-
[4]
Premiers occupants, les Hollandais lui avait donné ce nom en l’honneur de Maurice de Nassau, prince d’Orange qui succéda à son père Guillaume d’Orange-Nassau dit le Taciturne.
-
[5]
Elles leur furent restituées après l’indépendance (1976), les États-Unis renonçant à leurs droits militaires.
-
[6]
Terme créole désignant les insulaires.
-
[7]
Quelques familles furent acheminées aux Seychelles.
-
[8]
La population originaire des Chagos est estimée aujourd’hui à 5000 personnes. La plupart vit à Maurice, le reste aux Seychelles et à Londres.
-
[9]
Maurice se refuse à en reconnaître l’existence.
-
[10]
Des Chagossiens effectuèrent un bref voyage dans l’archipel à l’exception de Diégo Garcia trois mois auparavant. Ils en profitèrent pour réparer les tombes de leurs ancêtres et ramener quelques objets autrefois laissés sur place.
1 Depuis le début de l’année 2010, les relations entre la Grande-Bretagne et la république de Maurice sont tendues. Le différend n’est pas nouveau puisqu’il porte sur l’archipel des Chagos que les deux pays se disputent depuis l’indépendance de Maurice acquise le 12 mars 1968. Trois ans auparavant (8 novembre 1965), la Grande-Bretagne l’avait détaché des autres îles du pays (Rodrigues, Agalega et Saint Brandon) pour le rattacher aux Territoires britanniques de l’océan Indien (BIOT) car la perfide Albion en avait bien perçu l’intérêt stratégique. Elle entendait en effet le conserver dans son giron et mettre à disposition de l’armée américaine l’île principale, Diégo Garcia. Les États-Unis désiraient en faire une importante base dans l’océan Indien où ils n’avaient aucun point d’appui militaire. Depuis lors, Maurice en demande inlassablement la restitution, ce que les Britanniques refusent obstinément en dépit de leur condamnation par de nombreuses instances internationales (Union africaine, Organisation des Nations unies, etc.) et même londoniennes, auxquelles s’ajoutent les pressions de l’Inde et de la Chine [2] qui soutiennent Maurice dans sa démarche, dénonçant une décolonisation inachevée. Au fil des ans, l’étau se resserre, mais la Grande-Bretagne s’efforce de gagner du temps par toutes sortes de subterfuges.
Un archipel français puis britannique
2 Découvert par des marins portugais au XVe siècle, l’archipel des Chagos est situé dans l’océan Indien (cf. carte) à l’extrême sud des Maldives et à plus de deux mille kilomètres au nord-est de l’île Maurice. Il est composé de soixante-quatre îles couvrant une superficie totale de 60 km2. En 1766, alors que les Français occupaient l’Isle de France [3] qui servait d’escale aux navires de la Compagnie des Indes, le gouverneur, le vicomte de Souillac, ordonna à un navire de l’amirauté de s’emparer de Diégo Garcia, île de l’archipel la plus proche de Maurice. Des colons français mirent en valeur les terres qui leur avaient été concédées en faisant travailler des esclaves africains et malgaches comme dans les autres îles des Mascareignes. Ces terres étaient constituées de cocoteraies ; le coprah (amandes de cocos décortiquées) qui en était extrait servait à produire de l’huile après broyage dans un moulin. Destinée à approvisionner l’île Maurice, cette exploitation du coprah s’avérait assez lucrative [Lassemillante, 1988, p. 83-88].
3 Au début du XIXe siècle, la France et la Grande-Bretagne étaient en guerre. Dans l’océan Indien, l’enjeu était le contrôle de la route des Indes que les Britanniques voulaient sécuriser en mettant fin aux attaques des corsaires français emmenés par Surcouf qui pillaient leurs navires de commerce depuis l’Isle de France. Ils s’emparèrent successivement de l’île Rodrigues, de l’île Bourbon (la Réunion), de l’Isle de France (novembre 1810) qu’ils rebaptisèrent Mauritius [4] et de l’archipel des Chagos. Les Mascareignes passaient donc sous la tutelle britannique, l’île Bourbon étant rendue à la France en 1815 comme le stipulait le traité de paix de Paris du 18 mai 1814.
Le détachement de Maurice
4 En offrant de nouveaux débouchés au Royaume-Uni et dans leur colonie indienne, les Britanniques firent de Maurice, alors tournée vers la mer, une colonie de plantations qui engendra une nouvelle classe, celle des planteurs sucriers qui remplaça celle des négociants et des marins au long cours. Par contre, ils délaissèrent l’archipel des Chagos qui ne présentait aucun intérêt économique, si bien que les Chagossiens vécurent en autarcie pendant plus d’un siècle et demi (1810- 1965), exploitant le coprah pour le compte de compagnies mauriciennes, qui, une fois l’esclavage aboli, leur fournit de faibles salaires et des rations hebdomadaires de riz, de lentilles et d’huile. La pêche et le jardin de case complétaient leurs maigres ressources. Seul le bateau qui venait de Port-Louis deux fois par an rompait la monotonie de leur quotidien.
LES CHAGOS DANS L’OCÉAN INDIEN
Tropique du Canceur
OMAN INDE MYANMAR
Golfe
M E R du
Bengale
D ' O M A N
YÉMEN
Laquedives Andaman
SRI LANKA
MALDIVES
SOMALIE
2 000 km
2700 km
ÉquateurSEYCHELLES 3200 km
N
O
D
N
I
3300km
Sumatra
Archipel des Chagos
(ROYAUME-UNI) ÉS Java
COMORES 2350km IE
Mayotte 5200 km
MADAGASCAR ArchipeldesChagos Récif
MAURICE (ROYAUME-UNI) Colvocoresses
Banc Récif
Speakers
TropiqueduCapricorLnaeRéunion PerosBanhos ÎlesBSleanlohemimon vers
OCÉAN ÎleNelsonsBancVictory l‘Australie
I N D I E N
Îles Eagle Three
Brothers Banc
Île Danger
Great Chagos
Îles Egmont Banc
©Cartographie AFDEC
Banc Cauvin
Pitt
Diego Garcia
Réserve marine
protégée
Banc Banc
Basemilitaireaméricaine Ganges Wight
Banc
1000 km Centurion
100 km
LES CHAGOS DANS L’OCÉAN INDIEN
5 Ce n’est qu’au cours des années 1960 que les Britanniques perçurent l’intérêt de l’archipel. Dans un contexte de guerre froide, sa situation géographique devenait stratégique au moment où les États-Unis et la Grande-Bretagne s’alliaient pour contrecarrer l’influence soviétique dans l’océan Indien. À cette époque, l’URSS bénéficiait de bases militaires au Mozambique et en Somalie (Berbera) alors que les Anglais perdaient un certain nombre de points d’appui, dont celui d’Aden. Lors de la conférence de Londres (septembre 1965), le Premier ministre Harold Wilson persuada son homologue mauricien, sir Seewoosagur Ramgoolam, de renoncer à l’archipel des Chagos en échange de l’indépendance de son pays et d’une compensation financière de trois millions de livres sterling. Londres disait vouloir en faire un centre régional de communications maritimes. Séduite par la perspective d’une prochaine indépendance, la délégation mauricienne protesta mollement avant d’accepter tout en décidant de garder l’accord secret. La Grande-Bretagne créa alors les Territoires britanniques de l’océan Indien qui regroupaient l’archipel des Chagos et trois îles (Farquhar, Aldabra et Desroches) détachées des Seychelles [5]. Un an plus tard, les Anglais signèrent un traité avec les États-Unis leur louant l’archipel pour une période de cinquante ans (le bail expire en 2016). En contrepartie, ils auraient obtenu un important rabais (8,5 millions de dollars) sur l’achat de fusées Polaris (1966) et une indemnité de 11,5 millions de dollars en dédommagement des frais engagés pour faciliter leur installation.
L’exode
6 Les Américains ne voulaient pas de la présence d’autochtones pour des raisons de sécurité et de discrétion. Aussi les Britanniques dépeuplèrent-ils progressivement l’archipel en évacuant sa population (environ 1500 personnes) qui résidait principalement à Diégo Garcia, Peros Banhos et dans les îles Salomon. Ces Chagossiens étaient des descendants d’esclaves, des métis d’Africains et de Blancs généralement français, des personnes venues y travailler sous contrat après l’abolition de l’esclavage. Selon le journal mauricien Le Militant (20 octobre 1975) :
8 Le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté s’engagea néanmoins à verser une indemnité financière à ces « îlois [6] » qu’il déportait à Maurice contre leur volonté [7]. À leur arrivée à Port-Louis, ils furent logés dans les bidonvilles de la capitale (cité La Cure et Roche Bois) où, ignorés des autorités, ils vécurent dans la misère. Le gouvernement mauricien ne leur porta guère secours et envisagea plutôt de les installer sur l’île d’Agalega, estimant qu’ils pourraient y trouver des conditions de vie proches de celles qu’ils avaient connues dans l’archipel. Ceux-ci refusèrent une telle éventualité, souhaitant retourner chez eux. Quant à la somme de trois millions de livres promise par Londres, elle aurait été versée dès mars 1966, mais elle fut utilisée pour financer divers projets et non l’installation des Chagossiens comme prévu [Grégoire, 2005, p. 151-159].
9 L’ouverture de la base américaine eut lieu en mars 1973. Cinq ans plus tard, la piste d’atterrissage fut allongée pour accueillir des bombardiers B 52 et la magnifique baie naturelle de Diégo Garcia aménagée pour recevoir des porte-avions et des sous-marins nucléaires. Enfin, les entrepôts de combustibles et de stockage d’armes ont été agrandis. Depuis lors, Diégo Garcia joue un rôle essentiel dans le dispositif militaire des États-Unis. L’île fut utilisée lors du conflit irakien, de la guerre en Afghanistan (cf. carte) et plus récemment au cours d’actions menées au Yémen : des hommes suspectés d’appartenir à Al-Qaida y auraient été internés et peut-être même torturés avant d’être acheminés sur la base cubaine de Guantanamo.
Quel retour ?
10 Se voyant reproché son silence lors de l’exil des Chagossiens et de les avoir sacrifiés contre l’indépendance de Maurice, sir Seewoosagur Ramgoolam revint sur l’accord conclu avec la Grande-Bretagne. Sous la pression de ses adversaires politiques avec à leur tête le MMM (Mouvement militant mauricien) de Paul Béranger, il revendiqua, le 2 avril 1976, la restitution de l’archipel et de nouvelles compensations financières. En 1978, les Chagossiens reçurent 17000 roupies d’indemnités par famille (soit à l’époque l’équivalent d’une vingtaine d’euros) pour faciliter leur insertion à Maurice. En 1982, Londres, qui désirait calmer le jeu, versa trois mille livres à l’État mauricien pour chaque Chagossien déporté entre 1965 et 1973, année où le dernier bateau quitta Diégo Garcia.
11 De leur côté, les Chagossiens réclamaient des indemnités supplémentaires, l’octroi de terres, de logements, de bétail et l’accès aux soins et à l’éducation pour leurs enfants. Lors de manifestations, d’occupations de lieux publics, de défilés devant la Haute commission britannique de Port-Louis ou de grèves de la faim [8], ils exigeaient de la Grande-Bretagne leur réinstallation dans l’archipel. Dans leur combat, ils bénéficiaient du soutien du député travailliste Jeremy Corbyn qui fit plusieurs voyages à Maurice pour se rendre compte de leurs misérables conditions de vie. Maintes fois, il intervint à la Chambre des communes pour défendre leur cause et dénoncer leur triste sort. Toutefois, le mouvement chagossien est divisé, Olivier Bancoult, dirigeant du Chagos Refugees Group, s’opposant à Fernand Mandarin, ancien ouvrier du coprah à Peros Banhos et président du Chagossiens Social Committee. Leur seul point d’accord concerne le droit des Chagossiens à vivre dans leurs îles, ce que Londres refuse avançant qu’une réinstallation n’est de toute manière pas possible car les conditions de vie dans l’archipel y sont devenues très précaires étant donné la faiblesse des ressources locales et l’absence d’infrastructures, notamment sanitaires. À cela, tous deux répondent que la vie aux Chagos ne serait pas plus périlleuse que celle que connaissent les habitants d’îles analogues comme Agalega ou Saint Brandon. S’ils sont partisans d’un retour, Olivier Bancoult prône pour que cela se fasse dans le cadre des BIOT [9] alors que Fernand Mandarin demande la restitution de l’archipel à la république de Maurice. Ils divergent donc sur un point fondamental, la question de la souveraineté qui doit être britannique pour le premier, mauricienne pour le second. Ce profond désaccord donne lieu à deux actions distinctes : l’une juridique menée par le Chagos Refugees Group qui a choisi de poursuivre le gouvernement britannique à travers ses propres juridictions. En cela il bénéficie du soutien d’un lobby d’avocats londoniens, de personnalités et d’hommes d’affaires qui ont des visées d’exploitation touristique de l’archipel ; l’autre, par l’État mauricien appuyé par le Chagossiens Social Committee qui privilégie la voie des organisations internationales et des négociations entre États.
Le combat juridique du Chagos Refugees Group
12 Olivier Bancoult a saisi la Haute cour de justice de Londres qui décréta (novembre 2000) que le dépeuplement de l’archipel avait été opéré en toute illégalité et en violation de la Charte des Nations unies concernant la décolonisation. Plus encore, la Haute cour autorisa les Chagossiens à retourner dans certaines îles à l’exception de Diégo Garcia pour des raisons militaires : ce jugement marque un tournant dans la lutte des Chagossiens, qui reprirent espoir. En février 2002, les Anglais se rendirent compte que, après la création des BIOT et l’indépendance de Maurice, les îlois étaient, de fait, des sujets de Sa Gracieuse Majesté. Ils leur accordèrent la nationalité britannique, ce qui les autorisait à émigrer en Angleterre. Fernand Mandarin, qui veut être citoyen mauricien et non britannique, appela ses partisans à n’entreprendre aucune démarche en ce sens.
13 En juin 2004, le gouvernement de Tony Blair revint sur la décision de la Haute cour en promulguant deux décrets de la reine (Orders in Council) interdisant aux Chagossiens de se rendre dans l’archipel, droit qui leur avait pourtant été auparavant reconnu. Saisie par le Chagos Refugees Group, la Haute cour désavoua ces deux décrets en lui donnant de nouveau raison (mai 2006) [10]. Ce jugement fut confirmé un an plus tard, le gouvernement britannique ayant fait appel. Mécontent, celui-ci porta l’affaire devant une instance suprême, les Law Lords, pour un ultime avis qui lui fut, cette fois-ci, curieusement favorable (octobre 2008). Décidé à faire triompher le droit, cette manœuvre ne découragea pas Olivier Bancoult qui s’adressa à la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg dont le jugement est prochainement attendu. Il risque fort de lui être favorable, l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme stipule que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ».
Les initiatives politiques du gouvernement mauricien
14 Le gouvernement mauricien, soutenu par le Chagossiens Social Committee, n’est pas resté inactif. Après la promulgation des deux décrets de la reine, il menaça de porter le contentieux devant la Cour internationale de justice de La Haye. Pour bloquer une telle initiative, le gouvernement de Tony Blair prit des mesures d’exception. Bill Rammel, ministre des Affaires étrangères et du Commonwealth, fit adopter par la Chambre des communes un amendement (5 juillet 2004) à la déclaration de Londres du 1er janvier 1969 relative à la saisine de la juridiction de la Cour internationale de justice. Cet amendement interdit à tout État membre ou ancien membre du Commonwealth d’engager des poursuites judiciaires contre le gouvernement britannique, tout différend devant se régler au sein du Commonwealth et non devant une autre juridiction. Les Mauriciens ont dénoncé ce brutal changement de législation destiné à leur empêcher de porter l’affaire devant la Cour internationale de justice, même en cas de sortie du Commonwealth. Pour Londres, l’enjeu est important car la Cour de La Haye donnera sans doute raison à Maurice, le démembrement de tout territoire colonial avant l’indépendance étant contraire aux résolutions des Nations unies.
15 La dernière mesure des Britanniques fait l’unanimité contre elle, opposition et gouvernement ainsi que les deux mouvements chagossiens s’unissant pour la repousser ave force. Pour conforter sa présence dans l’archipel, le Foreign and Commonwealth Office (FCO) annonça en novembre 2009 qu’il projetait d’y créer une réserve marine (Marine Protected Area) qui serait l’une des plus vastes au monde. Les Mauriciens n’ont pas apprécié ce trait d’humour et virent plutôt là une nouvelle ruse : comment peut-on créer une zone protégée autour d’une base militaire qui abrite de l’armement nucléaire ? Le gouvernement mauricien a exigé l’arrêt immédiat du projet qui, de plus, occulte l’existence d’autochtones autrefois déportés. En outre, il a procédé au gel des discussions bilatérales dont la troisième réunion devait se tenir en janvier 2010 avec à l’ordre du jour la prochaine visite des Chagossiens dans l’archipel et l’examen des droits de pêche (la zone est très poissonneuse). Par ailleurs, il a pris contact avec Greenpeace et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) afin qu’ils désapprouvent l’initiative britannique. En cela, il est soutenu par quelques sympathisants en Angleterre même. Enfin, le Premier ministre Navim Ramgoolam, fils de sir Seewoosagur « père de la nation », a sollicité une rencontre avec le président Barack Obama, sa secrétaire d’État Hillary Clinton et Michael Gates, secrétaire d’État américain à la Défense pour discuter du contentieux, ce que refusait le président George Bush. Il entend obtenir d’eux la restitution des soixante-trois îlots non utilisés par l’armée américaine pour y réinstaller les Chagossiens et leur proposer de laisser de côté Diégo Garcia qui accueille leur base.
Conclusion
16 La décolonisation de l’archipel des Chagos empoisonne les relations anglo-mauriciennes depuis près de quarante ans. Face à l’intransigeance britannique, le gouvernement mauricien ne désarme pas alors que le pays fêtera, cette année, le bicentenaire du débarquement anglais. Mais les forces en présence sont disproportionnées : comment la république de Maurice, micro-État insulaire, peut-elle obtenir gain de cause face à deux des plus grandes puissances de la planète ? Margaret Thatcher, qui avait énergiquement fait intervenir la Royal Navy lorsque les Argentins tentèrent de récupérer les îles Malouines (1982) dont ils revendiquent la souveraineté, l’a clairement dit un jour à son homologue mauricien : « L’île de Diégo Garcia sera rendue à Maurice lorsqu’elle ne sera plus utile en tant que base. [...] Il n’y a aucune limite dans le temps. » Les juridictions internationales démentiront-elles ces propos et contraindront-elles la Grande-Bretagne à se retirer ? On peut en douter car Diégo Garcia est idéalement placé pour cela en cette période de lutte contre le terrorisme islamique.
Bibliographie
Bibliographie
- CHAN LOW J. (2002), « La Grande-Bretagne et la décolonisation inachevée de l’île Maurice », Revue historique des Mascareignes, 4e année, n° 4, p. 269-292.
- GRÉGOIRE E. (2005), « L’archipel convoité : les Chagos », Politique africaine n° 97, p. 151-159.
- LASSEMILLANTE H. (1998), « L’esclavage aux Chagos pendant les dix-huitième et dix-neuvième siècles », in L’Esclavage et ses séquelles : Mémoire et vécu d’hier et d’aujourd’hui, textes réunis par J.-C. Cangy, J. Chan Low et M. Paroomal, université de Maurice, Port-Louis, p. 83-88.
Notes
-
[1]
Chercheur en géographie tropicale, Centre d’études africaines.
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[2]
Maurice compte une forte communauté d’origine indienne venue après l’abolition de l’esclavage et une minorité chinoise qui expliquent que le pays entretient d’étroites relations avec ces deux puissances émergentes.
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[3]
Nom attribué à Maurice au cours de la période française.
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[4]
Premiers occupants, les Hollandais lui avait donné ce nom en l’honneur de Maurice de Nassau, prince d’Orange qui succéda à son père Guillaume d’Orange-Nassau dit le Taciturne.
-
[5]
Elles leur furent restituées après l’indépendance (1976), les États-Unis renonçant à leurs droits militaires.
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[6]
Terme créole désignant les insulaires.
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[7]
Quelques familles furent acheminées aux Seychelles.
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[8]
La population originaire des Chagos est estimée aujourd’hui à 5000 personnes. La plupart vit à Maurice, le reste aux Seychelles et à Londres.
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[9]
Maurice se refuse à en reconnaître l’existence.
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[10]
Des Chagossiens effectuèrent un bref voyage dans l’archipel à l’exception de Diégo Garcia trois mois auparavant. Ils en profitèrent pour réparer les tombes de leurs ancêtres et ramener quelques objets autrefois laissés sur place.