Une première approche : le Nordeste sucrier
1La marque du Brésil dans les échanges internationaux repose dès le début de la colonisation portugaise sur la production d’aliments. Les Portugais ont façonné l’espace littoral de la Mata en de grandes propriétés, dont les « surveil - lants » (propriétaires) étaient les « Senhores de Engenho » (engenho : « moulins à sucre ») responsables de la mise en place d’une stratégie de production de la canne à sucre à grande échelle, tournée vers le marché européen.
2C’est à partir de la Mata que le Nordeste du Brésil est peuplé. Des groupes de métis, intégrés dans la société coloniale portugaise, partent vers l’arrière-pays, occupant des territoires auparavant habités par des Indiens. Suivant les fleuves, chemins de pénétration anciens, ils s’établissent d’abord dans l’Agreste et ensuite dans le Sertão. Une autre logique d’occupation du territoire apparaît, complémentaire avec celle de la Mata : la production de produits régionaux à destination de cette dernière. La logique d’exploitation, survalorisant l’exploitation agricole pour l’exportation, empêche l’installation d’autres types de cultures dans cette région.
3Ainsi, ceux qui travaillent à la production de sucre doivent s’approvisionner à l’extérieur de leur région pour leur alimentation. Dans un premier temps, dans l’Agreste, région de transition entre la Mata et le Sertão, spécialisée dans la production de grains (riz, haricot et maïs), de manioc et de viande (et ses dérivés). Ensuite au Sertão, partant du Sud depuis Salvador (à partir du fleuve São Francisco puis progressant vers le Nord) et du Nord depuis Recife (suivant la ligne de côte et rentrant par le fleuve Jaguaribe).
4Cette occupation a été marquée par l’établissement des fazendas spécialisées dans l’élevage de bétail, ainsi que de grains et manioc pour la consommation interne. Reconnu depuis toujours par les Portugais comme une région semi-aride, le Nordeste est colonisé très lentement, d’abord dans les vallées humides, par l’élevage bovin conduit par le « vaqueiro », un vacher employé par le grand propriétaire des terres.
5Ces « vaqueiros » furent les premiers artisans du processus d’occupation et de colonisation du Sertão, dont l’économie se fonde sur la production de viande séchée destinée aux marchés de Salvador et Recife. Le succès de cette production incite les propriétaires des terres à prendre soin de leurs domaines en diversifiant le cadre social existant. Naît alors un système culturel qualifié par José Capistrano de Abreu de civilisation du cuir, car tous les outils viennent du bétail : « la porte de la cabane, le lit, la besace, le havresac, le pourpoint, le surrão, etc., la quasi-totalité des outils étaient confectionnés avec du cuir, dans une adaptation de techniques primitives et maladroites » [Abreu, 1960].
6Cette évolution se produit dans un cadre sociospatial marqué par une économie de subsistance de plus en plus dominante lorsqu’on s’éloigne des marchés consommateurs de bétail, notamment les foires du Pernambouc et Bahia. Le réseau urbain qui se structure privilégie le renforcement des centres situés soit aux croisements des voies de circulation des marchandises (axes de commerce), soit dans des lieux privilégiés par rapport aux zones portuaires.
7Selon Manuel Correia de Andrade, ces systèmes de production construisent un ensemble hétérogène, dans ses aspects à la fois physiques – des espaces humides d’un côté, semi-arides de l’autre –, mais aussi techniques et sociaux : d’une part, la culture de la canne à sucre basée sur le travail esclave et, d’autre part, l’élevage extensif basé sur le travail libre, ce qui engendre la production de types humains différenciés : le « Senhor de Engenho » et ses esclaves dans la Zona da Mata; le colonel et ses vachers dans le Sertão; les petits producteurs de l’Agreste [Andrade, 1964] (cf. carte1 ci-après).
8Le cadre d’hégémonie économique et politique (des élites de la Zona da Mata, les « Senhores de Engenho », par rapport aux élites du Sertão, les « Coroneis ») commence à basculer après la fin de la guerre de Sécession aux États-Unis. Cette guerre ayant empêché les Américains du Nord de fournir du coton aux Anglais, elle a permis l’entrée du Nordeste sur le marché international, avec un coton aux fibres longues très apprécié à Liverpool. Pour rendre le cadre plus complexe, la région du Nordeste voit naître une forte concurrence avec une autre région productrice de sucre, l’État de São Paulo. Dans le Centre-Sud, dès les années 1970, les subventions destinées à encourager la production d’alcool combustible font doubler la production dans les États de São Paulo, Minas Gerais, Rio de Janeiro et Espírito Santos, alors que le Nordeste, lui, stagne [Théry, 2005].
LES RÉGIONS GÉOGRAPHIQUES DU NORDESTE
LES RÉGIONS GÉOGRAPHIQUES DU NORDESTE
Une deuxième approche : le Nordeste du coton
9Cette transformation a été rendue possible grâce à une intense collaboration entre le rail et la navigation à vapeur, formant un réseau que Vidal de la Blache qualifie de mondial et qui « embrasse, en effet, sinon la totalité du globe, du moins une étendue assez grande pour que rien à peu près n’échappe à son étreinte. Sa puissance est faite d’accumulation de ses effets. C’est le résultat total de combinaisons multiples, accomplies dans des milieux différents, par le rail, la navigation maritime ou intérieure [...] » [Vidal de la Blache, 1922].
10Si jusqu’au XVIIe siècle on ne parle que de canne à sucre, le coton du Nordeste s’impose à partir du XIXe siècle. Dans la littérature de l’époque, très attachée à la géographie, deux types d’images sont véhiculés :
- La première, diffusée par Gilberto Freyre, décrit un Nordeste de la canne à sucre, centré sur la « Casa Grande » et la « Senzala ». Un espace où on voit, d’un côté, le « Senhor de Engenho » et sa famille, de l’autre, les employés et les esclaves des « Engenhos ». Une société née du travail esclave et qui façonne la nature avec une culture fondée sur le latifundium [Freyre, 1964].
- La seconde, celle du Nordeste du coton, du semi-aride, est l’autre Nordeste selon Djacir Menezes, celui du travail libre, où l’on voit, d’un côté, le propriétaire du latifundium (« Coronel ») et, de l’autre, les « vaqueiros » et les petits agriculteurs qui travaillent pour le premier en recevant une partie de la production. Une société qui a su surmonter les aléas climatiques, des hommes forts qui se sont bâtis « sur le terrain » contre un milieu âpre (le semi-aride) et ont laissé leur marque [Menezes, 1937].
11Au XXe siècle, l’image du Nordeste semi-aride s’impose par rapport à celle de la zone humide de la Mata. Le pouvoir économique et politique passe aux mains des oligarchies cotonnières du Nordeste et celles-ci savent employer des stratégies visant à capter l’attention nationale, principalement dans les moments de crise climatique que sont les sécheresses.
12L’installation de cette élite au pouvoir provient de la crise économique qui s’installe au XXe siècle dans la région. La canne à sucre comme le coton ont perdu leur prééminence. La concurrence interne dans le premier cas, les aléas climatiques dans le second, ainsi que les mouvements sociaux dans les milieux ruraux (Ligas Camponesas) rendent la situation de la région très difficile.
13Pour rester au pouvoir, l’oligarchie cotonnière et sucrière établit des alliances à l’échelle nationale avec d’autres élites, notamment celle du Sudeste. Son but est de maintenir le statu quo dans la région. Cette prise de pouvoir est à l’origine, d’après Francisco de Oliveira, du changement de l’image caractéristique de cette région [Oliveira, 1981].
14L’image du Nordeste que les récits de voyage de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle ont propagée est celle de l’opulence des « barons » du sucre, celle qui a inspiré la pseudo-sociologie nostalgique de Gilberto Freyre. Elle est remplacée peu à peu par celle des latifundia du Sertão, le Nordeste des « Coroneis »: une image rustique, pauvre, s’opposant à celle des salons et des soirées du Nordeste de la canne à sucre. C’est en ce sens qu’est né le Nordeste des sécheresses : « un territoire condamné à la souffrance et à la pauvreté par une nature difficile à domestiquer » [Castro, 1997].
15Cette image nouvelle (attribuée au Nordeste brésilien depuis la fin du XIXe siècle) est globalement liée aux représentations de la saga de l’homme du Sertão face à un milieu de vie hostile. Ainsi, naît un discours à caractère déterministe, les conditions de semi-aridité construisant un cadre humain généralement associé à la pauvreté et à la misère ainsi qu’un cadre politique associé au clientélisme. Cette approche se retrouve dans les interprétations romanesques. Depuis la fin du XIXe siècle, la semi-aridité est devenue le thème des discours de l’élite régionale, fondé sur une image négative. Perçue comme la principale cause des problèmes de la région, elle est un élément essentiel dans l’obtention d’aides et de subventions du gouvernement fédéral.
Un cadre symbolique renforçant l’image négative du Nordeste
16L’image négative du Nordeste trouve donc ses racines dans une logique déterministe attribuant la pauvreté de la région aux conditions de semi-aridité. Ce discours passéiste, issu de documents anciens (principalement des lettres officielles) et de récits de voyage, renvoie à un cadre naturel pervers, marqué par la semi-aridité et les sécheresses cycliques, dont l’homme est victime. La nature, présentée comme un être presque métaphysique, est fortement idéalisée et instrumentalisée, dans les discours sur la région, comme étant un obstacle infranchissable à tout progrès ou à la justice spatiale [Castro, 1997a].
17La sécheresse devient une référence essentielle. D’un côté, elle représente symboliquement une région touchée par une nature hostile qui entraîne des problèmes socioéconomiques (la famine, la misère, le sous-développement) et, de l’autre, elle crée un imaginaire politique socialement homogénéisateur et efficace dans le sens institutionnel pour l’obtention de ressources financières et de pouvoir [Castro, 1997a].
18Dans le second cas, la logique de naturalisation de la réalité est fondée sur une importante source idéologique utilisée par l’élite locale afin d’obtenir des aides et des subventions du gouvernement central, qui seront principalement employées pour maintenir le statu quo.
19C’est ainsi que naît au Sertão une oligarchie agraire très influente à l’échelle régionale et nationale, grâce à l’établissement d’accords avec d’autres élites régionales, notamment celles du Sudeste : accords établis dans un premier temps avec l’oligarchie du Centre-Sud et dans un second temps avec la bourgeoisie industrielle. Ces accords sont légitimés à travers des décisions législatives, permettant de préserver la structure agraire existante et la participation de l’élite à la bureaucratie étatique.
20Le maintien de la structure agraire et la participation à la bureaucratie étatique constituent des aspects articulés et fondateurs du statu quo. Participant à la bureaucratie de l’État, l’élite acquiert des ressources employées à conserver ce système agraire. Ce système agraire est quant à lui un aval pour le financement, un symbole de statut familier, un garant de préservation dans la mémoire collective locale et régionale de la position élevée dans la hiérarchie du pouvoir local [Castro, 1997b].
21L’oligarchie du Nordeste a su tirer profit d’un discours à caractère déterministe pour s’inscrire dans un modèle de constitution d’un État national. Cette insertion, fondée sur un discours régionaliste, naît dans les clivages de la domi - nation de la région Sudeste et représente beaucoup plus un combat pour les ressources fondées sur le pouvoir symbolique de l’affirmation et de l’identité ou solidarité qu’un véritable désir de souveraineté [Castro, 1996a].
22L’insertion d’après ce discours régionaliste suscite la mise en évidence d’un système sociospatial dépendant des aides et des subventions du gouvernement fédéral, qui permettent à la fois : la construction de voies capables de promouvoir l’intégration du Sertão au marché : les voies ferrées, les voies étatiques (Ce’s), les voies fédérales (les Br’s) ainsi que des routes secondaires; l’établissement ou la création d’organismes publics fédéraux au Nordeste et surtout dans les capitales, tels que les universités, les banques publiques, le Département national d’ouvrages contre les sécheresses (DNOCS), la Sudene (Surintendance de développement du Nordeste) et la Banque du Nordeste du Brésil (BNB) à Fortaleza; la politique d’industrialisation des années 1960.
23Dans la perspective de mettre en place l’aménagement étatique dans la région et de percevoir les allocations afférentes, la Sudene délimite un « polygone des sécheresses » (Polígono das Secas) aux limites bien plus larges que le Nordeste réel, puisqu’il inclut la partie septentrionale du Minas Gerais (situé en réalité dans le Sudeste du Brésil) [Andrade, 2006] (cf. carte 2).
24Avec la Sudene, l’État central renforce la seule voie de développement adoptée dans le pays, engagée dans les plans de substitution aux importations dès les années 1940 et poursuivie par le gouvernement militaire, des années 1960 jusqu’au début des années 1980. Cette politique, principalement fondée sur l’industrialisation, a touché le Nordeste dans les années 1960.
POLYGONE DES SÉCHERESSES
POLYGONE DES SÉCHERESSES
25Ainsi, l’accent mis sur l’industrie comme moteur du développement économique régional donne lieu à de faibles investissements pour construire un cadre d’exploitation semblable à celui qui existait auparavant : la région n’est considérée ni comme productrice d’aliments à l’échelle internationale et nationale, ni comme attractive sur le plan touristique, au contraire des choix effectués par certains pays d’Amérique centrale.
Quand l’imaginaire du Nordeste change dans l’espace mondial...
26En raison de la faillite du modèle de l’État moderne au Brésil dans la seconde moitié des années 1980, les politiques publiques d’aménagement se révèlent inadaptées. La réforme constitutionnelle de 1989 remplace le modèle centralisateur et dictatorial par un système démocratique qui entraîne une politique de décentralisation du pouvoir. Il en résulte un transfert budgétaire du gouvernement central vers les États et les municipes brésiliens (unité administrative de base au Brésil, équivalent du canton) ainsi que la possibilité de captation directe de ressources financières à l’étranger. Ces deux aspects sont très importants dans la mise en évidence d’une nouvelle logique où les États brésiliens en viennent à assurer eux-mêmes les politiques locales de développement. Il s’agit de la fin d’un modèle fondé sur une articulation de dépendance de l’échelle locale/ régionale envers l’échelle nationale pour une ouverture à l’échelle internationale. L’un de ses premiers résultats directs est le changement de l’imaginaire social du Nordeste.
27Le changement de représentation du Nordeste comme milieu semi-aride marque le début du conflit entre deux cadres symboliques contradictoires qui permettent de comprendre certains rapports de la société locale avec le milieu. Le premier cadre symbolique, le plus ancien, est, nous l’avons vu, produit par un discours renforçant la perception négative d’une région semi-aride, en proie à la pauvreté et à la faim, au profit de l’oligarchie cotonnière et de l’élevage de bétail. Le second cadre symbolique, le plus récent, est produit par un nouveau discours s’appuyant sur ces mêmes espaces semi-arides mais pour construire, cette fois, une image positive, servant les intérêts d’un groupe d’entrepreneurs liés à l’agrobusiness et au tourisme.
Une troisième approche : l’émergence d’un agrobusiness au Nordeste
28Ces intérêts conduisent à une fragmentation de la région, qui bascule de genres de vie caractéristiques liés aux relations entre les hommes et leur milieu à des politiques de développement économique [Silva, 1999], responsables de la mise en évidence d’un Nordeste de l’agrobusiness et d’un autre du tourisme, axé sur les régions littorales.
29L’inscription de la région à l’échelle internationale opère cette fois un bouleversement de l’imaginaire de la sécheresse comme tragédie, imaginaire dont le contenu symbolique n’a plus de poids face à la logique qui inscrit le Brésil dans le système monde comme producteur de technologies intermédiaires, ouvert aux innovations [Becker et Egler, 1992]. L’imaginaire traditionnel se trouve ainsi rationnellement épuisé [Castro, 1997b].
30De nouveaux espaces de production apparaissent alors, auxquels sont associés de nouveaux acteurs à l’échelle régionale, créant un espace économique, social et politique de résistance au Nordeste. Cet espace est fondé sur l’agriculture moderne (principalement irriguée) et le tourisme. Ces activités mettent en scène de nouveaux acteurs régionaux : d’un côté, un segment important de l’élite politique, notamment ceux possédant un large pouvoir d’assimilation et de reproduction, et, de l’autre, un petit nombre d’entrepreneurs et de fonctionnaires de l’administration publique.
31Ces acteurs sont à la fois les agents et les dépositaires d’un discours nouveau, véhiculé dans le milieu patronal par les revues et les journaux, qui explorent des sujets concernant les possibilités offertes par cette région aux investissements privés ainsi que ses avantages par rapport à d’autres zones, tant par ses ressources naturelles que par sa proximité vis-à-vis du marché international.
32Émerge donc un nouveau discours à caractère technique concernant le semi-aride. D’une part, ce discours porte sur l’absence de pluies et les taux d’ensoleillement élevés comme aspects positifs du développement de l’agriculture irriguée : l’absence de pluie empêcherait les insectes nuisibles de se reproduire, et l’ensoleillement élevé, associé à la fertilité du sol, susciterait une augmentation sensible de la productivité agricole. D’autre part, ce discours porte sur les beaux paysages du littoral et les conditions climatiques comme marchandises touristiques de premier choix.
33Pourtant, bien que ces nouveaux acteurs bouleversent le pacte oligarchique en place, ils ne parviennent pas à prendre le pouvoir à l’échelle régionale, contrairement à ce qui s’est produit avec l’oligarchie traditionnelle. D’après Iná Elias de Castro, ces nouveaux acteurs sont très fragiles politiquement parlant. C’est pourquoi ils ont besoin d’établir des alliances avec des politiciens ou des bureaucrates pour obtenir une représentation politique [Castro, 1997b]. Comme la charge symbolique de la faim au Nordeste ne se justifie pas comparée à la situation tragique d’autres régions dans le monde, l’élite régionale doit produire un nouveau discours pour arriver à attirer les ressources de la Banque interaméricaine de développement (la BID) et les investissements étrangers.
34De l’image d’un pays habité par des miséreux, on bascule ainsi vers un pays riche d’opportunités et d’une nature exceptionnelle, tout à fait adaptée à la demande internationale d’aliments spécifiques à forte valeur ajoutée (grains nobles et fruits tropicaux). Une seule contrainte : maîtriser l’accès à l’eau, élément indispensable pour le développement de l’agriculture irriguée.
35Dans cette perspective, le gouvernement met en place une politique de gestion des bassins hydrographiques, afin de disposer d’eau en quantité suffisante pour les investissements. Le projet de détournement du fleuve São Francisco s’inscrit bien dans cette perspective visant à apporter dès sa construction de l’eau aux États semi-arides du Nordeste, notamment le Paraíba et le Ceara.
36Avec cette politique lancée depuis la fin des années 1980, les États du Nordeste modifient leur offre d’exportation, exploitant des produits valorisés sur le marché international. Les Pôles de développement intégrés (PDI) transforment les zones de « várzea », les plateaux, et le « cerrado » du Nordeste en espaces privilégiés de la production agricole, notamment irriguée, et de la production de grain noble (soja). Ici la science et la technologie jouent un rôle important.
Les Pôles de développement intégrés (PDI) et la production d’aliments
37À partir de financements gérés par la Banque du Nordeste du Brésil (BNB), dix pôles se créent dans la région : trois de production exclusive de grains (pôles Sul do Maranhão, Uruçui-Gurgéia du Piauí et Oeste Baiano de Bahia); cinq d’irrigation de nature mixte avec une importante production de fruits (pôle Cariri Cearense et Baixo Jaguaribe au Ceara, Assu-Mossóro au Rio Grande do Norte, Alto Piranhas à Paraíba et Alto Piranhas à Pernambuco); un d’agrumes (pôle Sul de Sergipe) et un de production laitière (pôle Bacia Leiteira de Alagoas) (cf. la carte 3).
38Dans les pôles de grains, l’État de Bahia prend la première place dans la production de haricots (44839 tonnes, contre 1156 et 5829 tonnes pour le Maranhão et le Piauí), de maïs (511525 tonnes, contre 78689 et 33628 tonnes pour le Maranhão et le Piauí) et de soja (1233587 tonnes, contre 519639 et 90545 tonnes pour le Maranhão et le Piauí). Au second rang, le Maranhão dépasse les deux autres États pour la production de riz (53334 tonnes, contre 27513 et 21970 pour Bahia et le Piauí). De plus, seul l’État de Bahia cultive du coton et du café (respectivement 131581 et 26896 tonnes).
LES PÔLES DE DÉVELOPPEMENT INTÉGRÉS : LE NORDESTE DE L’AGROBUSINESS
LES PÔLES DE DÉVELOPPEMENT INTÉGRÉS : LE NORDESTE DE L’AGROBUSINESS
39En considérant la surface cultivée et la production obtenue, on remarque une forte présence du soja. Symbole du changement de la logique de production de grains au Nordeste, cette culture occupe 74,3% des surfaces cultivées et assure les deux tiers de la production de grains dans les pôles indiqués. Alors qu’auparavant toute la production était destinée à la consommation locale (le riz, le haricot, le maïs et le café), le soja marque un tournant : une part importante du produit est exportée des zones de Cerrado par les ports de Itaqui (São Luis-Maranhão), Pecém (Ceara), Salvador et Aratu (les deux à Bahia).
40En ce qui concerne les pôles irrigués, ils se caractérisent par une importante production de fruits, à l’exception des pôles 3 et 4 au Ceara et 6 à Paraíba, lieux où l’on produit encore des grains (riz, haricot et maïs), ainsi que de la canne à sucre, du manioc et du coton. Le Ceara produit à lui seul haricots (25192 tonnes), maïs (120459 tonnes), canne à sucre (300407 tonnes destinées à la production de gourmandises et boissons traditionnelles (« rapadura » et « cachaça ») et manioc (14123 tonnes). Quant à l’État de Paraíba, il produit du riz (15400 tonnes contre 2219 au Ceara). Une remarque doit être faite concernant la petite production de coton (2600 tonnes au Ceara contre 2663 tonnes à Paraíba). La production de fruits concerne les bananes (367298 tonnes), les mangues (282208 tonnes), les melons (263300 tonnes), le raisin (172409 tonnes), les goyaves (97781 tonnes), les pastèques (27090 tonnes), les fruits de la passion (10200 tonnes), les papayes (4980 tonnes) et les citrons (9427 tonnes). Parmi les États producteurs, le Pernambuco se situe à la première place pour les bananes (149108 tonnes), les mangues (242429 tonnes) et les goyaves (96629 tonnes), et est le seul à produire papayes, fruits de la passion et raisin; le Ceara se situe à la première place pour les citrons (9178 tonnes); le Rio Grande do Norte est, lui, plus tourné vers la production de melons (174800 tonnes) et est le seul producteur de pastèques (27090 tonnes). Le Paraíba cultive surtout des bananes (31632 tonnes) et un peu de goyaves (1152 tonnes). Quant aux noix de coco, seuls deux États en cultivent : le Pernambuco (123180 fruits) et le Paraíba (34075 fruits).
41Dans les pôles de production mixte (grains, fruits et autres produits), les territoires producteurs de fruits occupent, avec 56150 ha, une superficie inférieure à celle vouée aux grains et autres produits (179744 ha), mais les taux de productivité y sont supérieurs. Sans prendre en compte le coco, dont la production est par unité, les fruits représentent près de 72% de la production totale (1234693 tonnes, contre 483406 tonnes de grains et autres produits). Ces résultats s’expliquent par l’ampleur des investissements en haute technologie, destinée, à l’exemple de la région de Cerrado au Nordeste, surtout à l’exportation. Seule une petite partie de la production reste dans le marché local, soit parce que les fruits ne sont pas commercialisables car ils ne respectent pas les exigences rigoureuses des exportateurs, soit parce que le prix du marché externe est jugé insuffisamment rémunérateur, suscitant une offre plus fournie sur place.
42C’est dans le Sergipe que se trouve le pôle de production d’agrumes, occupant 70% de la surface agricole utile : 1229224 tonnes d’oranges, soit près de 95% de la production totale, mais aussi citrons (7720 tonnes sur 932 ha) et mandarines (4310 tonnes sur 269 ha).
43Le dernier pôle se spécialise dans l’élevage de bovins (222436 têtes) et de moutons (15125 têtes) à destination, pour les premiers, de l’industrie laitière locale, qui produit pour le marché national, et, pour les seconds, de la demande régionale de viande ovine, très appréciée dans la cuisine traditionnelle du Nordeste.
44La production de grains nobles et de fruits est en constante augmentation dans le Nordeste, renforçant la spécialisation de la région dans des produits valorisés sur le marché international. En ce qui concerne les grains, on observe, d’après des données de la Companhia nacional de abastecimento (CONAB), concernant les chiffres de 2003-2004 et 2004-2005, une augmentation de la production de soja dans tous les États producteurs : Salvador (de 2218 millions de tonnes à 2349), Maranhão (de 924 millions de tonnes à 1053) et Piauí (de 396 millions de tonnes à 465). Une production plus importante que celle indiquée par l’IBGE (Institut brésilien de géographie et de statistiques) en 2002. Au contraire, les cultures traditionnelles connaissent une évolution à la baisse, voire une chute de production. Seul le Maranhão, seul État à produire du riz, passe de 802 millions de tonnes en 2003-2004 à 818 millions en 2004-2005. Mais le maïs, cultivé uniquement dans l’État de Bahia, baisse de 1657 millions de tonnes en 2003-2004 à 1441 millions en 2004-2005. Quant au haricot, cultivé par trois États (Bahia, Ceara, Paraíba), il se maintient ou baisse (cf. carte 4). Seul le café voit sa production augmenter à Bahia : 1780 millions de tonnes en 2003-2004,2260 millions en 2004-2005.
45Quant aux fruits, leur tendance suit celle du soja, mais se montre plus dynamique encore en raison de la forte demande du marché international, qui suscite l’inclusion de nouveaux fruits dans l’offre d’exportation des États en un temps record. C’est ainsi que l’ananas fait son apparition en 2003 dans le Paraíba (270909 tonnes), Bahia (115116 tonnes), le Rio Grande do Norte (91581 tonnes), le Maranhão (39236 tonnes), le Pernambuco (21955 tonnes), l’Alagoas (12577 tonnes), le Sergipe (11020 tonnes), le Ceara (922 tonnes) et le Piauí (454 tonnes). De même pour les figues.
46L’ensemble des neufs États du Nordeste ont donc diversifié leur production de fruits. Quatre d’entre eux (Bahia, Ceara, Pernambuco et Piauí) l’ont fait au point d’offrir désormais la totalité des fruits produits dans le Nordeste : ananas, banane, noix de coco, goyave, citron, papaye, mangue, pastèque, melon et raisin. Deux autres se sont spécialisés dans un seul produit : le melon pour le Paraíba, le raisin pour le Rio Grande do Norte.
PRODUCTION AGRICOLE DANS LE NORDESTE
PRODUCTION AGRICOLE DANS LE NORDESTE
47Avec la mise en place des PDI du Nordeste et les investissements scientifiques et techniques dont elle a bénéficié, la région parvient à s’inscrire dans le marché international comme productrice de grains et fruits tropicaux. Pourtant, la question de la faim est loin d’avoir été résolue.
Une région qui nourrit le monde sans avoir mis fin à la malnutrition
48Désormais, l’exploitation agricole du Nordeste n’est plus une affaire locale orientée vers la demande de la région et l’alimentation de sa population, même si les cultures traditionnelles y persistent dans les petites exploitations des paysans les plus pauvres, enfermés dans une production de subsistance.
49Les politiques de développement adoptées dans le Nordeste, qu’il s’agisse des plus anciennes comme l’industrialisation, ou des plus récentes comme le tourisme et l’agrobusiness, ont certes suscité une amélioration des indicateurs économiques. Le revenu de certains États de la région dépasse même la moyenne nationale, en termes de PIB par habitant par exemple : cinq États nordestins sur neuf ont un PIB par habitant égal ou supérieur à celui du Brésil (3311 dollars): le Sergipe (5082), Bahia (4629), le Pernambuco (4482), le Rio Grande do Norte (4039) et le Paraíba (3311)! Quatre sur neuf restent en deçà, de très peu pour deux d’entre eux, le Ceara (3129) et l’Alagoas (3012), beaucoup plus pour les États traditionnellement pauvres, le Piauí (2113) et surtout le Maranhão (1949).
DONNÉES SUR LE NORDESTE : TERRITOIRE, PIB PER CAPITA ET DENSITÉ DÉMOGRAPHIQUE
DONNÉES SUR LE NORDESTE : TERRITOIRE, PIB PER CAPITA ET DENSITÉ DÉMOGRAPHIQUE
50Paradoxalement la malnutrition persiste, et si, jusqu’aux années 1980, la « famine » jouait un rôle central dans la captation des investissements du gouvernement central, depuis les années 1990 en revanche elle est devenue un mal à surmonter, non pas en raison d’une prise de conscience des élites locales, qui n’ont pas changé d’attitude vis-à-vis de son instrumentalisation, mais parce que les organismes internationaux manifestent désormais la plus grande méfiance à l’encontre des bénéficiaires de la famine, qui captaient traditionnellement les financements et renforçaient leur pouvoir politique à l’occasion de chaque crise alimentaire (sur ce sujet, voir [Brunel, 2002]).
51Selon une recherche réalisée en 2004 par l’IBGE, près des deux tiers (65%) des 52 millions de familles brésiliennes étudiées (109 millions d’habitants) bénéficiaient d’une situation de sécurité alimentaire : elles avaient eu accès, dans les 90 jours précédant l’étude, à des aliments en quantité et en qualité suffisantes et ne craignaient pas de restrictions dans ce domaine dans le futur. En revanche, le gros tiers restant (35%, soit 72 millions de personnes) souffraient d’une insécurité alimentaire, qualifiée soit de légère (16%), soit de modérée (12,3%), soit même d’aiguë pour 6,5% d’entre elles. Ce qui signifie que les personnes concernées connaissent régulièrement la faim, parfois quotidiennement. Et, dans ce domaine, le Nordeste occupe toujours la première place en termes d’insécurité alimentaire : moins de la moitié des foyers (46,4%) en sont exempts. La malnutrition légère touche 19,5% d’entre eux, modérée 21,6%, grave 12,4% (soit le double de la moyenne nationale).
LA FAIM AU BRÉSIL : SÉCURITÉ ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRES
LA FAIM AU BRÉSIL : SÉCURITÉ ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRES
52Dans le Nordeste, 8 États sur 9 sont en dessous de la moyenne nationale pour le nombre de foyers pouvant être considérés comme vivant en situation de sécurité alimentaire : le Maranhão (30,9% seulement), le Piauí (36,5%), le Rio Grande do Norte (39,6%), le Ceara (44,2%), le Paraíba (46,7%), le Pernambuco (48,7%), Bahia (49,7%), et l’Alagoas (55,3%). Seul le Sergipe se situe au-dessus (73,8%). Ce qui signifie qu’une grande majorité des habitants du Nordeste vivent toujours dans l’insécurité alimentaire et connaissent la malnutrition, légère, modérée et même aiguë. Dans les conditions les plus extrêmes, l’insécurité alimentaire grave, les États les plus touchés sont, par ordre décroissant en termes de nombre de foyers : le Maranhão (18%), le Paraíba (15,1%), le Rio Grande do Norte (13,9%), le Ceara (13,5%), Bahia (12,1%), le Piauí (10,8%), le Pernambuco (10,6%) et l’Alagoas (9,3%). Seul le Sergipe, une fois encore, avec 3,7%, se situe loin sous la moyenne de la région (12,4%) et même du Brésil (6,5%).
LA FAIM AU NORDESTE : SÉCURITÉ ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRES
LA FAIM AU NORDESTE : SÉCURITÉ ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRES
53Le gouvernement fédéral est appelé à intervenir, investissant dans des politiques sociales : une retraite pour les ruraux (une politique née dans les années 1960-1970 avec le FUNRURAL – Fundo de Assistência e Previdência ao Trabalhador Rural), des aides sociales globales (habitants ruraux et urbains) qui ont été converties en « bolsa familia » (politique des années 1980-2000), ainsi que d’autres aides gouvernementales. Les spécificités du Nordeste font que ce type d’aides y est particulièrement important : sur les 8 millions de foyers brésiliens recevant l’aide sociale du gouvernement, plus de la moitié (52,1%) se trouvent dans le Nordeste, contre 22,7% dans le Sudeste, 10,7% dans le Sud, 6,5% dans le Nord et le Centre-Ouest [PNAD, 2004].
54À l’échelle brésilienne, les politiques publiques les plus anciennes, initiées avec le FUNRURAL (1960-1970), ont bénéficié aux personnes âgées, percevant désormais des retraites (à partir de 65 ans) et donc moins touchées par la malnutrition : près de 72% ne connaissent pas l’insécurité alimentaire. Cette situation s’observe aussi, dans une moindre mesure, dans le Nordeste (pour les plus de 65 ans, la proportion tombe à 56%).
55Les politiques plus récentes, tournées principalement vers les populations plus jeunes, le sont trop pour avoir vraiment déjà porté leurs fruits : c’est dans le Nordeste que la sécurité alimentaire dans les foyers comptant des moins de 18 ans est la plus basse : pour le Brésil, la moitié des enfants (49,5% de 0 à 4 ans et 51,7% de 5 à 17 ans), pour le Nordeste, moins du tiers (respectivement 32,5% et 33,4%) (PNAD, 2004).
56Par opposition, les politiques d’augmentation des revenus n’ont pas suscité d’attention spéciale. Le secteur informel grandit et le SMIC national (264,70 US$) ne permet pas à ses titulaires d’atteindre une véritable sécurité alimentaire (pour le Brésil 60,4%, 36,4%, 17,5% et 32%, respectivement pour ceux qui perçoivent entre une moitié et un SMIC, entre un quart et un demi-SMIC, moins d’un quart de SMIC et aucun revenu); pour le Nordeste les chiffres sont encore plus faibles (53%, 31,5%, 14,5% et 23%, dans les échantillons indiqués – PNAD, 2004).
57Mais si la problématique de la malnutrition persiste, elle a changé d’interprétation : elle n’est plus attachée, comme auparavant, aux aléas climatiques, mais est devenue un problème national, résultat du cadre socioéconomique caractéristique des pays en voie de développement qui n’ont pas su résoudre leurs problèmes concernant la concentration des richesses et des terres. C’est désormais contre la pauvreté et les inégalités politiques qu’il faudrait agir, au lieu de s’en tenir à une approche purement économique.
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