1En début d’année 2018, la revue Hermès fêtait ses trente ans en publiant un numéro intitulé « Trente ans d’indisciplines ». Les auteurs, la plupart membres du comité de rédaction, revenaient sur les thèmes qui avaient façonné le socle théorique de la revue. Autour des trois grands axes que sont la communication, la cognition et la politique, la variété des notions abordées dans cette livraison – de l’interdisciplinarité au corps, du concept de réseau à celui de document, de l’opinion publique aux controverses – témoignait de l’ambition théorique qui est celle d’Hermès depuis trois décennies.
2Avec désormais 82 publications d’Hermès, 50 publications dans la collection des « Essentiels d’Hermès » et 33 publications dans la collection « CNRS Communication », c’est plus de 1 600 auteurs qui ont participé à nos recherches. Loin d’être un signe d’éparpillement, la longévité d’Hermès montre au contraire que toutes ces recherches suivent un fil directeur cohérent : s’il n’y a pas d’« école Hermès », pas de dogme arrêté, il reste un certain esprit, une attention portée à l’ouverture disciplinaire, à l’international, un souci de l’altérité, une méfiance à l’égard des trop belles promesses de la technologie.
3Après ce numéro anniversaire, nous avons choisi de donner la parole à de jeunes chercheurs et universitaires, en ouvrant nos colonnes à de nouvelles « voix » et à des « voies » nouvelles de la recherche en communication. Quels sont les domaines qui intéressent les jeunes chercheurs aujourd’hui ? Quels sujets, quelles approches théoriques ? Quelle place accordent-ils à la communication elle-même, en tant que concept et objet d’étude ? L’attention est portée sur les rapports information/communication, la communication comme processus de négociation, l’incommunication, la distance entre communication humaine et communication technique, l’inter disciplinarité et la diversité culturelle.
4L’appel à contributions que nous avons lancé a reçu plus d’une centaine de réponses. L’ensemble des propositions a été évalué, lu attentivement, par le bureau de la rédaction d’Hermès. Une trentaine d’auteurs – doctorants ou jeunes docteurs dans leur très grande majorité – a finalement été retenue. Les propositions étaient nombreuses, riches, et le choix ne fut pas toujours aisé. Les textes acceptés ont tous été relus, corrigés, complétés. Pour nombre d’auteurs de ce numéro 82, il s’agit là de leur première publication.
5La diversité des thèmes retenus ici fait écho à la diversité des intérêts d’Hermès : migrants, religion, traduction, corps, fake news, musique, Gafa. Les approches théoriques sont multiples – qu’elles s’inspirent de la psychanalyse ou de la praxéologie, qu’elles relèvent de la communication politique ou de la sémiologie. Enfin, l’intérêt que nous accordons depuis toujours à la diversité culturelle et au comparatisme trouve sa place dans plusieurs études retenues pour ce volume : Liban, Cameroun, Vietnam, Palestine, etc.
6En regard de ces textes, nous avons voulu interroger quelques personnalités qui occupent une place majeure dans le paysage intellectuel, économique, médiatique ou scientifique et qui sont donc en mesure de proposer une vision davantage ancrée dans le temps long : on y trouvera ainsi une série d’entretiens et d’encadrés portant sur l’économie (A. Bienaymé), la médiologie (R. Debray), les neurosciences (A. Berthoz), etc.
7L’ensemble des contributions entend témoigner des recherches sur l’information et de la communication au début du xxie siècle et donner au lecteur de précieuses indications sur leurs récentes orientations.
