Couverture de HERM_080

Article de revue

Communication

Pages 103 à 113

1Tout se complique entre information et communication. Hier, il y avait plus ou moins continuité entre les deux. Informer, c’était communiquer. Aujourd’hui, c’est la discontinuité. Informer ne suffit pas à communiquer, l’information reste plus simple que la communication, mais il y a néanmoins une permanence des aller-retour et dans l’une et l’autre cohabitent les deux dimensions normatives et fonctionnelles. Le normatif renvoie aux idéaux. Pour l’information, c’est l’idéal de vérité. Pour la communication, celui de l’échange et du partage. Mais les dimensions fonctionnelles prennent de plus en plus de place : notamment avec l’information-service et l’information-institutionnelle, nécessaires à nos sociétés. La dimension fonctionnelle de la communication se retrouve dans la dimension « com », du contrôle, de l’influence, voire de la manipulation. La difficulté vient de ce que ces deux dimensions, fonctionnelle et normative, sont toujours entremêlées. Ce que j’ai appelé la double hélice du normatif et du fonctionnel (Wolton, 2014).

2Dans la réalité, aussi bien pour l’information que pour la communication, il y a donc à la fois, la plupart du temps, un mélange normatif-fonctionnel, dans des proportions qui varient. C’est d’ailleurs cette complexité des relations entre ces deux concepts qui explique qu’ils sont à la fois l’objet d’une fascination et d’une méfiance. L’information, de l’idéal de la presse au prestige d’Internet, a gagné en légitimité en un siècle, au moment où la complexité entre valeurs et intérêts n’a cessé de créer, en revanche, de la méfiance à l’égard de la communication. Pourtant, l’idéal de la communication, le partage et l’échange ne sont jamais loin de la séduction et du désir d’influence… On assiste donc depuis un demi-siècle à ce phénomène paradoxal : la communication, au sens d’échange, prend de plus en plus de place, accompagnée pourtant d’une méfiance croissante. Avec à l’opposé une préférence pour l’information, le message, plus simple. C’est aussi pour cela que, face aux complexités de la communication humaine, on préfère de plus en plus l’efficacité de la communication technique. Avec toujours ce rêve inhérent à l’idée même de communication : les performances de la communication technique faciliteront la communication humaine.

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4Face à ce bouleversement des rapports entre information et communication, où en est-on aujourd’hui, trente ans après la création de la revue ?

5Presque au même point… Internet s’est généralisé, avec un succès incommensurable. Chacun passe des heures sur les smartphones et les écrans. La société, voire la « civilisation numérique » s’installe, créant un avant et un après Internet. Tout aurait changé définitivement, les jeunes n’ayant même pas l’idée de ce qui pouvait exister auparavant et les plus âgés sont heureux d’obtenir leur brevet de modernité… C’est l’acmé de la technique.

6En amont, du côté des connaissances, les neurosciences et les sciences cognitives permettent un espoir illimité, visible dans les « promesses » de l’intelligence artificielle, de l’homme augmenté et des big data. Tout est possible au bout des connaissances, même sans parler de robot, mais simplement grâce à la souplesse des applications techniques qui résolvent « tous » les problèmes de la connaissance et de la communication. Au point que beaucoup ne voient plus d’antagonisme entre communication technique et humaine. La civilisation numérique offre un idéal politique et culturel à la mondialisation. Certes, on voit apparaître timidement des demandes de régulation politique pour Internet, notamment pour les flux financiers, la vie privée, la confidentialité, les trafics en tout genre… mais sans interrogation réellement critique à l’égard de la puissance des GAFA. C’est plutôt la question financière qui intéresse : comment taxer les GAFA ? Peut-être que la découverte, au printemps 2018, de l’utilisation de 87 millions de comptes personnels par la société Cambridge Analytica va faire bouger les lignes ? Même l’Europe, pourtant « gardienne » de la démocratie et qui pourrait être à l’avant-garde d’une réflexion et d’une action sur ces questions politiques, ne semble nullement inquiète. D’ailleurs, aucune interrogation réellement critique n’existe non plus dans les milieux académiques, politiques et technologiques. C’est le consensus.

7Le changement technique va tellement vite que le plus souvent, on appelle « analyse » la simple étude des nouveautés et des usages. Et puis le phénomène paraît tellement global qu’il semble y avoir, là au moins, un consensus mondial. Vous voulez revenir en arrière ? C’était donc mieux avant ? Les bougies et les diligences ? L’évidence d’une révolution s’est imposée.

8Chacun admet pourtant qu’il faudra bien un jour une régulation politique, et ce sera alors la preuve que la démocratie aura « digéré » la révolution numérique, mais il n’y a pas d’autre horizon. Pas de réflexion anthropologique sur cette « nouvelle société ».

9Et pourtant, c’est bien au niveau de cet autre « carré », des rapports entre information, communication, culture et connaissance, que l’essentiel se joue. Avec l’information et la communication, ce sont les savoirs, mais aussi les représentations, les rapports à l’autre qui sont en jeu. L’essentiel du numérique concerne une vision anthropologique de l’Homme, bien plus que les techniques, les services, les applications, les industries. Avec ces outils, c’est le rapport au temps, à l’espace, à l’autre, qui se trouve bouleversé. Et c’est là où la trahison des clercs est considérable. Eux, au moins, au-delà du prodige technique, devraient soulever ces questions anthropologiques. Non pas pour critiquer ou condamner le numérique, mais tout simplement pour établir les débats à la bonne hauteur, et non seulement à celui des « applis », de la technique, des usages et des dispositifs.

10Terrible méprise : il y aura un jour évidemment une réglementation démocratique d’Internet, probablement après de profonds conflits d’ailleurs, mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel réside dans la représentation que les hommes se font de leur identité, des rapports à l’autre, des connaissances, de l’action sur le monde, etc. En un mot, tout le décalage entre la vitesse, la rationalité, la performance, l’interactivité des techniques et des savoirs par rapport à la lenteur des hommes, leur complexité, leur irrationalité dans leurs rapports à eux-mêmes, aux autres, au monde.

11La force de cette idéologie technique ? Admettre finalement la régulation politique comme horizon. Reconnaître qu’il faudra bien encadrer les industries impériales de l’information, de la connaissance, de la culture et de la communication, et qu’à la suite de ces régulations, il n’y aurait plus de problèmes. Mais à côté de cette « politisation » inévitable, le silence subsiste sur cette réflexion anthropologique à mener et sur une non moins grande indifférence à l’égard de ce qui est discutable, à savoir un retour des scientismes.

12En effet, à partir de l’utopie politique actuelle, liée à l’idéologie technique, il peut y avoir soit un retour de la société, soit un nouveau scientisme. Et c’est plutôt à ce phénomène que l’on assiste puisque la force du numérique est déjà de se présenter comme une pensée politique. Il ne s’agit pas seulement des promesses de l’homme augmenté et des objets « intelligents » mais à partir des neurosciences et des sciences cognitives d’imaginer les nouveaux territoires de la connaissance de l’intelligence artificielle et de ses applications. On remonte de la technique à la science en laissant de côté non seulement la problématique anthropologique, mais aussi la place possible pour une socialisation politique de cette question du rapport entre l’homme, la technique, les autres et le monde.

13Autrement dit, le succès technique actuel pourrait aussi bien laisser la porte ouverte pour une nouvelle « science » de l’homme que pour une nouvelle « vision » de la société. Mais pour l’instant, une réflexion sur les dimensions sociales, et pas seulement anthropologiques, reste faible. Plus faible en tout cas que la tentation scientiste. Tout simplement parce que l’on suppose que la réglementation politique résoudra tous les problèmes. Ce sont donc les questions sociales et anthropologiques qui risquent de faire les frais de cette idéologie technique et de son complément, un nouveau scientisme. Le propre d’une idéologie, pour la technique comme pour la science ou pour la politique d’ailleurs, est toujours de réduire la place de l’altérité et d’établir des continuités.

14Encore une fois, ce n’est pas la technique qui est en cause mais, comme toujours dans l’histoire des sciences et des techniques, l’anthropomorphisation dont elle est l’objet. Par contre, c’est la première fois qu’une idéologie technique prend le cerveau, l’esprit, cœur de l’humain, comme le centre de son utopie. Il ne s’agit plus de domestiquer la nature, la matière et l’espace mais au contraire de décupler les capacités cognitives.

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16Tant que l’on restera dans ce paradigme d’une sorte de fusion entre la communication humaine et la technique, et demain entre l’homme, la technique et les sciences, il ne sera pas possible de réintégrer cette altérité dont on a tant besoin pour penser. Car le défi théorique que représentent l’altérité et l’incommunication, pour penser la communication, concerne autant la technologie que le rapport culturel de l’homme à son environnement et à la société. L’altérité est indépassable. Pour l’instant, elle existe évidemment, quotidiennement, dans l’expérience humaine, et explique d’ailleurs que les questions de communication humaine, infiniment complexes, soient devant nous. Mais elle n’existe pas encore au niveau des réflexions théoriques sur le nouvel équilibre à trouver entre la technique, l’homme et la société. Le danger de l’idéologie, quel que soit son domaine d’application, est toujours d’unifier et d’établir des continuités. Penser, c’est au moins autant établir des liens que de souligner les discontinuités. La continuité rassure, là où la plupart du temps elle simplifie, elle unifie là où il faudrait éviter ces continuums.

17C’est pour préserver cette place de « l’altérité sociale » que figure dans le carré des connaissances (2007) le pôle des rapports entre science, technique et société. Il y a à la fois épistémologie et interdisciplinarité ; expertise et controverses ; industries des connaissances ; sciences, technique et société ; et une médiatrice sociétés, diversité culturelle et mondialisation.

18Et par une sorte d’ironie de l’histoire, répond à ce carré des connaissances le carré des industries impériales (Gafa) : Apple pour l’information ; Google pour la connaissance ; Facebook pour la communication ; Amazon pour la culture.

19Ce carré paraît tellement parfait qu’il semble résoudre toutes les questions, et notamment celle de l’altérité. C’est cela la vertu d’une vision systémiste du monde. Ne pas laisser la place à l’événement, à l’imprévu, à l’altérité. Ou plutôt lui laisser une place, mais… prévue d’avance. Le résiduel, l’irrationalité et le subjectif à une place…, à sa place…

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21Le problème principal aujourd’hui ? Retrouver une marge de manœuvre. Repenser les rapports science, technique, société et la place de l’homme dans une société où le couple science/technique paraît d’autant plus parfait qu’il dépasse toutes les capacités de l’homme, tout en étant évidemment « au service de l’humain ». C’est le monde clos des raisonnements sur la révolution des technologies de l’information qu’il faut absolument réussir à ouvrir. Dépasser ce qui est, il faut bien le dire, un nouveau déterminisme.

22Preuve de ce qu’il s’agit d’une idéologie ? Toute question, critique, mise en cause, est considérée comme une manifestation de technophobie, de conservatisme, de refus de la modernité. Tant que ce jugement moral, visant à déconsidérer toute réflexion critique sur le numérique, dominera, il sera la preuve de cette idéologie technique qu’il faut justement arriver à remettre en cause.

23Renouveler la réflexion, construire des outils théoriques, faire des enquêtes empiriques, comparer : voilà les objectifs d’Hermès depuis 30 ans.

24Avec finalement trois options centrales :

  • ne pas séparer communication / incommunication / acommunication ;
  • distinguer nettement la logique de l’information de celle de la communication ;
  • préserver la discontinuité entre communication humaine et communication technique.

25Plus de la moitié des livraisons d’Hermès concerne la construction de concepts, et l’autre moitié des recherches empiriques.

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27Dix mots-clés caractérisent les orientations de la revue et par là même son champ de recherche :

  • la différence entre information et communication ;
  • l’intelligence du récepteur ;
  • le rôle de l’altérité et de la discontinuité ;
  • l’importance de l’incommunication, de l’acommunication et de la négociation ;
  • les dégâts d’une information omniprésente et les relations compliquées avec la connaissance et la culture ;
  • la discontinuité entre neurosciences, sciences cognitives et communication ; le rôle croissant des concepts d’information et de communication dans le renouvellement des théories de la connaissance ; l’urgence de l’interdisciplinarité ;
  • le rôle essentiel de la communication politique dans les démocraties ;
  • l’importance de l’identité et de la diversité culturelle dans la mondialisation ;
  • le conflit entre Internet comme symbole de liberté et la réalité du pouvoir immense des GAFA ;
  • la supériorité de la communication humaine sur la communication technique

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29Historiquement, les premiers travaux de la revue ont concerné l’espace public et l’opinion publique, la communication politique, le fonctionnement de la démocratie et des sociétés multiculturelles. Puis un intérêt croissant s’est manifesté pour l’Europe et la mondialisation, mettant au centre de la problématique la diversité culturelle, le rôle des identités culturelles et la difficulté de la cohabitation culturelle. Enfin, et traversant ces trente années, une réflexion pour structurer ce champ de connaissances ; l’épistémologie comparée, l’interdisciplinarité, les sciences cognitives, les industries et ingénieries de la connaissance, les enjeux du numérique, expertise et controverse, la critique de la raison numérique, les sciences de la communication.

30Les Essentiels, 50 publications depuis 10 ans, complètent ces orientations, ainsi que les livres de la collection « CNRS Communication ».

31Un travail qui essaie de faire cohabiter ces trois dimensions : critiques, théoriques, empiriques.

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33C’est évidemment les trois idées de l’incommunication, de l’importance de l’altérité, de la nécessité de la négociation, qui sont les hypothèses principales de ces différents travaux.

34Les mots qui caractérisent notre travail ? Notamment indiscipline, non-conformisme et interdisciplinarité ; l’intersubjectivité plutôt que l’interactivité ; les controverses et débats ; la curiosité ; le non-dogmatisme ; l’importance de l’expérience, de l’histoire et du comparatisme. Une certaine modestie épistémologique et le refus des chapelles. L’antiréductionnisme et la curiosité sont l’ADN de la revue.

35Construire les outils pour penser cette rupture de l’information et de la communication, sortir de la séduction technique, réfléchir sur l’altérité, et surtout penser les conditions de la cohabitation culturelle et sociale. Celle-ci est plus difficile paradoxalement dans un monde transparent où chacun voit tout, sans pour autant créer plus de rapprochement, voire favorisant au contraire la peur de l’autre et l’hostilité.

36Oui, les concepts d’information et de communication sont indispensables pour les théories de la connaissance, afin de comprendre les mutations d’un monde interactif, et néanmoins tout aussi violent… C’est pour cela qui le troisième mot du sous-titre de la revue, « politique », est si essentiel.

37Seule la politique démocratique peut essayer de trouver une solution de cohabitation à cette double rupture dans l’ordre des connaissances et dans celui des représentations du monde.

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39Au cours de cette période, ce domaine essentiel d’action, de recherche n’a toujours pas acquis davantage de légitimité intellectuelle et scientifique. Combien de « grands auteurs » depuis deux générations ont mis la question théorique d’une réflexion critique sur le statut de l’information et de la communication au cœur de leur réflexion ? Très, très peu. Où sont les livres critiques et non apologétiques sur une théorie de l’information et de la communication dans ses rapports avec la mutation des connaissances ou l’ouverture du monde ? Les formations universitaires se sont multipliées et la demande des étudiants est forte mais l’orientation est très instrumentalisée sur le plan intellectuel. Si en un demi-siècle, les universitaires, et les élites en général, ont très bien appris à se servir de la communication, tout en la dévalorisant d’ailleurs, ils n’ont pas compris qu’elle est partie prenante d’une question beaucoup plus complexe qui est celle de l’Autre, dans un monde ouvert, saturé d’interactions, et de méfiances mutuelles. Et le silence critique de ces mêmes milieux intellectuels et culturels à l’égard des GAFA et de la soi-disant « révolution du numérique » en dit long sur le poids du conformisme chez les élites… On le sait, mais on l’oublie toujours…

40Bref, c’est toujours, 30 ans après, le même décalage entre l’importance radicale, théorique, culturelle, politique, des enjeux liés à l’information, à la communication, la « révolution du numérique » et le peu de réflexion critique, la dévalorisation de tout ce qui tourne autour du mot communication ; et la fascination pour la technique et le suivisme moderniste. On retrouve d’ailleurs toujours le même décalage. Silence admiratif à l’égard de l’information. Indifférence et critique à l’égard de la communication, considérée comme un concept secondaire lié au marketing, à l’influence, à la manipulation… La plupart du temps, on confond d’ailleurs com et communication. Mais à y bien regarder, « la com », c’est-à-dire la volonté d’influencer l’autre, non seulement est omniprésente dans nos vies, mais elle n’est pas si facile à réussir… Combien d’entre nous ont « réussi » à influencer l’autre ? Celui-ci, contrairement au stéréotype dominant, ne se laisse pas si facilement manipuler. Et c’est d’ailleurs cette dévalorisation si fréquente de « la com » qui permet en général de dévaloriser ensuite la communication ! En un mot, chacun essaie de faire de « la com » sans jamais y arriver facilement, mettant alors com et communication dans le même sac…

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42La communication, c’est finalement se décaler de quelques millimètres et voir le monde autrement. C’est sortir de l’inéluctabilité de la technique. C’est aussi réaliser l’importance de l’incommunication, et le temps passé à essayer de négocier. « Communiquer, c’est négocier », et se confronter à l’altérité. C’est découvrir l’intelligence du récepteur, tout autant que les limites du progrès technique. Avec la communication, tout se complique. Surtout à l’heure de la mondialisation.

43Voilà quelques éléments du « moment communicationnel » et des questions qui en résultent.

44– Face au renouveau du scientisme, comment éviter le continuum annoncé des neurosciences aux sciences cognitives et à la communication ? Comment penser la discontinuité entre ces logiques hétérogènes ? Le plus complexe commence toujours quand quelqu’un sort de lui-même pour parler à quelqu’un d’autre, en interaction avec la société.

45– Comment concilier les performances et la vitesse des techniques de communication avec la complexité et la lenteur des échanges entre les hommes et les sociétés ? Notamment lorsqu’il s’agit de situations d’éducation et de formation ?

46– Quelles universalités sont possibles dans le modèle de l’intelligence artificielle et de l’homme numérique augmenté ? Où sont la diversité culturelle, l’anthropologie ? Où s’arrête le scientisme, appelé universalisme ?

47– Les techniques, les messages, sont mondiaux, les cultures ne le sont jamais. Est-ce cela qui explique le paradoxe actuel : il n’y a jamais eu autant d’informations et d’échanges, et jamais autant de suspicion. En principe, chacun voit tout et sait tout, et en même temps chacun pense qu’avec de plus en plus d’information, il y a de plus en plus de mensonge, de fake news, de manipulation, etc. Le triomphe de l’information ne conduit pas à plus de confiance. Les secrets et les rumeurs n’ont jamais eu autant de succès.

48– Comment résoudre la contradiction entre un monde interactif et une réalité historique où, au contraire, l’incommunication ne cesse de progresser, notamment à partir des identités culturelles et anthropologiques ?

49En un mot, comment éviter que ce monde transparent ne se transforme en autant d’incommunications et de murs infranchissables ? Un monde globalisé avec les marchandises et les finances, et de plus en plus enfermé dans les incommunications politiques, religieuses et culturelles.

50Ni l’interactivité, ni la transparence, ni l’expression généralisée ne suffisent à favoriser le respect, à détruire la haine, à respecter les religions… Rien de ce qui facilite prodigieusement le rapport à l’autre, et au monde, ne garantit pour autant une vision du monde respectueuse de l’altérité. Or c’est bien le statut de l’altérité dont il est question dans cet univers où apparemment tout a sa place…

J’ai notamment cherché à structurer le champ de recherche de la communication dans les publications suivantes :
Wolton, D., « Le moment de la communication », Hermès, no 38, 2004, p. 9-11.
Wolton, D., « Information et communication : dix chantiers scientifiques, culturels et politiques », Hermès, no 38, 2004, p. 175-182.
Wolton, D., « De l’information aux sciences de la communication », Hermès, no 48, 2007, p. 189-2007.
Wolton, D., « Communication, l’impensé du xxe siècle », Hermès, no 70, 2014, p. 13-20.
Wolton, D., « Défense et illustration des sciences de la communication », Hermès, no 71, 2015, p. 13-21.
Wolton, D., « L’incommunication : horizon de la communication », entretien avec S. Lepastier et É. Letonturier, in Lepastier, S. (dir.), L’Incommunication, Paris, CNRS Éditions, coll. « Les Essentiels d’Hermès », 2013, p. 161-181.
Wolton, D., « Les enjeux de la mondialisation de la communication », entretien avec P. Rasse, in Rasse, P. (dir.), La Mondialisation de la communication, Paris, CNRS Éditions, coll. « Les Essentiels d’Hermès », 2010, p. 139-149.
Wolton, D., L’Autre Mondialisation, Paris, Flammarion, 2003.
Wolton, D., Informer n’est pas communiquer, Paris, CNRS éditions, 2009.
Wolton, D., La Communication, les hommes et la politique, Paris, CNRS éditions, coll. « Biblis », 2015.

Mots-clés éditeurs : incommunication, acommunication, idéologie technique, altérité, information, communication

Date de mise en ligne : 25/05/2018

https://doi.org/10.3917/herm.080.0103

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