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Article de revue

La mondialisation, une illusion technique ?

Pages 117 à 121

English version

1La mondialisation est un de ces concepts passe-partout que, par commodité, nous affectons de croire objectifs mais qui recèlent en fait une idéologie équivoque et trompeuse. Au-delà de l’expansion à l’échelle planétaire d’enjeux qu’on ne se figurait autrefois qu’à l’échelle locale, elle nous sert surtout à exprimer notre vision du monde, non pas tel qu’il est mais tel que nous nous l’imaginons.

2Nos modernes Pangloss qui, par conviction ou par souci d’audience, arpentent les médias en prophétisant que « le meilleur des mondes possibles » est à portée de main, dépeignent ainsi la mondialisation comme un élan moral, une ambition positive, une dynamique de progrès vouée à triompher du repli isolationniste, de la xénophobie militante ou du conflit des civilisations. Elle prouverait au fond que bien loin d’être absurde ou finie, l’histoire est en marche vers une intégration généralisée, porteuse de paix harmonieuse et de développement métissé, dont Internet serait l’épiphanie réifiée.

3Au regard des tragédies que nous avons vécues, cette mondialisation à l’eau de rose ne manque pas de légitimité. À tout prendre, elle vaut mieux que l’exaltation nationaliste et ses sinistres avatars, l’impérialisme colonial, le totalitarisme fasciste et le bellicisme agressif. La mondialisation au lieu de la guerre mondiale : qui hésiterait ? Et qui ne la préférerait à toutes ces épées de Damoclès en suspension sur nos têtes : quarantaine sanitaire de régions entières, résurgence de la piraterie, intégrisme djihadiste ou renaissance de l’« arrogance chinoise » ? Démocratie universelle contre oligarchie, intolérance ou injustice : seuls les fanatiques, les cyniques ou les opportunistes préféreront ne pas « jouer collectif », pour reprendre un des ponts aux ânes de la langue de bois sportive, grande caution de la mondialisation.

4À l’autre bout du spectre idéologique, les victimes de la crise, les adventistes de la décadence et les complotistes patentés dressent, eux, un portrait millénariste de la mondialisation. Elle ne serait qu’un faux nez de l’impérialisme, non plus celui des grandes puissances de jadis ni même des blocs de naguère, au temps de la guerre froide, mais celui des multinationales sans foi ni loi qui ne viseraient ni plus ni moins qu’à transformer notre « village global » en chaîne de production mondiale travaillant nuit et jour au profit d’une poignée de super-riches. D’abandons en renoncements, cette mondialisation ultra-capitaliste nous conduirait inexorablement au discrédit de la démocratie, à la servitude consumériste et à l’apocalypse écologique. À cette mondialisation mortifère nous n’aurions donc d’autres choix que d’opposer un altermondialisme localiste, anticapitaliste et adepte de la décroissance.

Mondialisation et incommunication

5Naturellement, avec une notion aussi amphigourique, le résultat est sans surprise et l’incommunication toujours au rendez-vous. La mondialisation telle que la conçoit mon alter ego n’est jamais la mienne. Nous pensons qu’elle nous réunit alors qu’elle nous divise. Mais ce n’est pas pour rebuter la sphère médiatique, friande de lieux communs qui aguichent l’auditoire à défaut d’éclairer le débat. La mondialisation, parce qu’elle est polysémique, lui tient lieu de mistigri conceptuel. Elle est tout à la fois une chance et une fatalité, un élan millénaire et une innovation, la cause et la conséquence de l’hégémonie numérique qui nous fascine depuis deux décennies, l’origine et la solution de la crise que nous traversons, bref tout et son contraire.

6À l’origine d’un tel salmigondis, un des amalgames les plus fréquents lorsqu’il est question de communication : la confusion entre le message et le média, entre le contenant et le contenu, entre l’homme et la technique. Pour permettre aux hommes, aux marchandises et aux informations de parcourir le monde, il faut s’en donner les moyens. Ce n’est pas facile. Notre planète regorge de chausse-trappes, de montagnes à gravir, d’océans à franchir, de déserts à traverser. Y parvenir constitue un tel exploit que la tentation est grande de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuée, c’est-à-dire de croire que la communication va couler de source parce qu’on est parvenu à creuser les canaux pour la diffuser. C’est méconnaître le facteur humain. Pour qu’il y ait mondialisation, il ne suffit pas que nous ayons la possibilité de communiquer avec le monde entier. Il faut surtout que nous en éprouvions le besoin, que nous en ayons l’envie, que nous l’appelions de nos vœux.

7Ce quiproquo n’est pas nouveau. Car c’est à tort qu’à l’image des nouvelles technologies qui la symbolisent aujourd’hui, on prend la mondialisation pour un phénomène récent et révolutionnaire. Le terme qui la désigne, c’est vrai, a tout juste cent ans. On le doit au Belge Paul Otlet, érudit génial et inventeur visionnaire du Mundaneum, cette bibliothèque-musée qui avait pour ambition de recenser l’ensemble des savoirs du monde et de les rendre accessibles à tous (Schafer, 2013). Et il n’est pas moins vrai que nous ne nous gargarisons de mondialisation que depuis une trentaine d’années. Le phénomène qu’elle désigne n’en remonte pas moins à la nuit des temps, depuis que l’homme s’est mis tête qu’il ne pouvait pas « demeurer en repos dans une chambre » (Pascal, 1993 [1669]). Procédant par flux et par reflux, la mondialisation, c’est-à-dire, au fond, la communication mondialisée, est consubstantielle à l’histoire et à la civilisation. Et elle n’a cessé d’achopper sur l’opposition entre l’homme et la technique.

8À défaut de pouvoir les évoquer toutes, concentrons-nous sur les vagues de mondialisation les plus parlantes, notamment celle qui a laissé une marque si profonde en Occident : la pax romana. Au faîte de sa gloire, d’Auguste à Marc Aurèle, Rome constitue une économie monde qui a acculturé toutes ses rivales connues et rejeté les autres – la Perse, l’Inde ou la Chine – dans les limbes d’une barbarie mythifiée par la légende d’Alexandre. Cette mondialisation résulte de succès techniques : l’art de la guerre, qui assure l’ordre dans l’empire, le génie civil, qui le quadrille de routes dallées, de relais de postes et d’oppidum fortifiés, et le savoir-faire des publicains, qui drainent les fonds nécessaires pour financer l’État sans étouffer le commerce. Porté au pinacle par ses thuriféraires, le système passe pour un modèle dont on s’est inspiré pour forger la pax britannica, la pax americana, voire la pax mongolica, qu’aurait paradoxalement connue le monde chinois au xiiie siècle.

9Mais si César a vaincu, il n’a pas convaincu. Rome a beau promouvoir la vertu, l’ordre et la prospérité, ceux qu’elle a soumis n’en veulent pas. Les dissidences se multiplient. Aux Grecs qui se savent plus cultivés, viennent s’ajouter les Orientaux qui se trouvent plus subtils puis les Barbares du Nord qui se découvrent plus énergiques. La mystique judéo-chrétienne, l’absolutisme asiatique et l’âpreté mercenaire ont progressivement raison du monde romain qui, de rebellions en sécessions, éclate en empires jumeaux avant de s’atomiser en une marqueterie de fiefs concurrents d’où sortiront nos États contemporains. Imposée par la force, la pax romana n’était en fait qu’une hégémonie latine, parée des atours chatoyants du progrès technique.

10En outre, pour sauver ce qu’il estimait être la seule et unique civilisation, l’empire romain a commencé dès le premier siècle à s’isoler derrière un immense système de places fortes, de fossés et de palissades, désigné sous le nom générique de limes. Destiné à contenir les peuplades barbares vivant au nord-est de l’Europe, il n’a fait qu’attiser leur convoitise et les inciter à envahir ce monde qui ne voulait pas d’eux. On connaît la suite. En somme, porté par sa maîtrise des communications, le monde romain s’est effondré lorsqu’il a voulu en limiter l’accès. Toutes proportions gardées et sensiblement au même moment, la Chine des Han (du deuxième siècle av. J. C. au troisième siècle ap. J. C.) a connu un sort similaire. Entamée trois siècles avant le limes, la grande muraille ne l’a pas mieux protégée que Rome des hordes de la steppe. Les empires-monde perdent leur légitimité quand ils ne jouent plus le jeu de la mondialisation.

11Bon an mal an, la même analyse peut être faite pour l’expansion coloniale qui s’ouvre par la découverte de l’Amérique et s’achève avec les guerres d’indépendance. Elle tient à des innovations techniques qui livrent la planète sur un plateau : la navigation en haute mer, les armes à feu, l’imprimerie ou la comptabilité en partie double. De grandes découvertes en comptoirs commerciaux, de parades en canonnières en traités inégaux, l’Europe s’implante sur tous les continents. Chaque part du gâteau mondial est érigée en empire colonial. Lorsqu’en novembre 1871, Stanley retrouve Livingstone épuisé sur les rives du lac Tanganyka, « le temps du monde fini commence », comme l’écrira Paul Valéry (1931) quelques décennies plus tard. La terra incognita disparaît des mappemondes tandis qu’à chaque peuple est assigné un tiroir au classeur planétaire. Le monde serait-il enfin mondialisé ?

12Illusion ! On prétend que la rationalité triomphe mais personne n’est content. Ceux qui profitent de cette mondialisation impériale en veulent toujours plus. Jamais rassasiés, Français et Britanniques lorgnent mutuellement sur leurs possessions et grignotent hypocritement celles de l’Espagne et du Portugal, des Pays-Bas et de la Belgique, tandis que les Allemands, les Italiens et les Japonais refusent de se satisfaire des miettes qu’on leur abandonne. Quant à ceux qui subissent, ils le supportent de moins en moins. Après s’être émancipés, le Japon et les États-Unis se disputent le Pacifique, jusqu’à l’affrontement nucléaire. Les populations asservies, elles, se rallient au socialisme internationaliste ou au nationalisme intégral, parfois même à un mélange des deux, pourvu qu’il les guide vers la liberté. Il faut deux guerres mondiales et une génération de luttes sanglantes pour leur donner gain de cause. Malgré leur suprématie technique, les puissances coloniales doivent céder face à la détermination des peuples.

L’illusion techniciste

13L’illusion de la mondialisation technique s’est-elle dissipée pour autant ? Rien n’est moins sûr. Certes, même si elle est toujours menacée, la démocratie a le vent en poupe. La défaite de l’Axe, en août 1945, a imposé la démocratie des États dont l’Organisation des Nations unies (ONU), malgré ses lourdeurs et ses faiblesses, demeure le Parlement incontesté. Depuis la chute du mur de Berlin en novembre 1989 et la dissolution de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) deux ans plus tard, il n’y a plus d’alternative crédible à la démocratie libérale et à l’économie de marché. Malgré les bruyants combats d’arrière-garde que mènent les nostalgiques du communisme retranchés à Pyongyang ou quelques djihadistes hystérisés par les cours du pétrole, nous serions enfin passés à la vraie mondialisation, celle des peuples, désireux de coexister dans la paix et le respect mutuel.

14Symbole de cette mondialisation désirée et voulue, la révolution des transports dont nous vivons les effets depuis une génération en serait à la fois la cause et la manifestation. Qu’en 1872, Jules Verne puisse présenter comme un exploit inouï mais crédible de faire le tour du monde en 80 jours sidère ses contemporains. Un siècle plus tard, plus personne ne s’en étonnerait. Un mois suffit pour les conteneurs les plus poussifs, une journée pour ceux qui prennent l’avion, c’est-à-dire tout un chacun, et moins d’une seconde pour les messages électroniques transmis « en temps réel », c’est-à-dire immédiatement d’un bout à l’autre de la planète. Internet, qui nous fascine depuis vingt ans, serait l’accomplissement technique de la mondialisation démocratique et libérale, chacun pouvant, s’il le désire, se connecter partout, à tout et avec tout le monde.

15Pourtant, à y regarder de plus près, l’illusion technique n’a pas disparu. En fait, même si elle contribue à la mondialisation démocratique, la révolution des transports et les performances d’Internet en masquent aussi les failles. Comme l’a justement pressenti Jean-Christophe Rufin dans L’Empire et les nouveaux barbares (1991), Rome a bien des affinités avec le monde où nous vivons. Comme la pax romana, la pax democratica se trouve trop irrésistible pour comprendre qu’on puisse lui résister. Incompréhensible pour les aficionados des cafés Internet, mais fanatisme religieux, goût de la servitude volontaire ou poids de la tradition, il est encore des peuples qui n’adhèrent pas à l’idéologie du village global. Pour eux, démocratie occidentale rime avec American way of life, coca-colonisation et propagande hollywoodienne où tout n’est qu’impudeur et impiété.

16Même la démocratie des États est battue en brèche par les nations que la croissance a oubliées, les régions qui préfèrent se replier sur l’Aventin de leur singularité ou les entités de fait qui n’en voient pas l’intérêt, les cartels de la drogue, les flibustiers somaliens ou les émirats islamistes, sans oublier les paradis fiscaux. Dans ces jungles de non-droit, où chacun survit comme il peut, Internet, quand il fonctionne, sert tout au plus de cheval de Troie aux Ulysses d’aujourd’hui qui ne cherchent à s’y infiltrer que pour rançonner, suborner et détruire les démocraties.

17Plus grave, la fausse transparence et la pseudo-universalité du Net nous dissimulent le redoutable limes que nous ne cessons d’ériger pour nous garder de la barbarie montante. Il ne s’agit plus vraiment de palissades et de fossés – même s’il en existe toujours à Ceuta et Melilla ou le long du Rio Grande – mais d’une nasse de règles et de quotas qui, chaque jour, rejette à la mer des dizaines de milliers de candidats à l’immigration, un peu comme nos pêcheurs se débarrassent du menu fretin. Avant de tenter l’aventure, nombre d’entre eux ont sans doute surfé sur la Toile : virtuellement nous sommes si désirables et si accueillants. Mais hormis quelques chanceux, pour la plupart d’entre eux, la mondialisation achoppera sur les plages de Lampedusa ou les terrains vagues de Sangatte.

18Qui plus est, même si on l’érige chaque jour en parabole de la communication, le Net fonctionne lui-même comme un limes. D’un côté, les internautes connectés, cool, échangistes et ludiques, persuadée qu’il suffit de cliquer pour comprendre le monde. De l’autre les barbares, trop pauvres, trop incultes, trop âgés où trop bornés pour prendre part à la mondialisation en marche. En somme, encore et toujours l’illusion technique. Sous prétexte que le Net peut contribuer à la mondialisation, on en oublie qu’il peut aussi cloisonner les échanges, opacifier les informations, privilégier les initiés du cybermonde au détriment des autres, bref, paradoxalement, ralentir mondialisation.

Mondialisation et communication

19Moralité ? La mondialisation, comme la communication, est avant tout une affaire d’hommes (Wolton, 2003). La technique, c’est indéniable, joue un rôle. Nous avons besoin de routes, d’automobiles de navires et d’avions comme nous avons besoin des livres, des journaux, du téléphone, de la radio, de la télévision et des nouvelles technologies. Mais si les médias facilitent la communication entre les hommes, les peuples et les nations, c’est une regrettable illusion de croire qu’ils pourraient s’y substituer. Au Château d’If, Edmond Dantès et l’abbé Faria sont parvenus à communiquer malgré les murailles qui les séparaient. En revanche, les tam-tams, les ordinateurs et même les téléphones intelligents ne communiquent pas : ils n’ont rien à se dire. Cela vaut pour la mondialisation. Quand les peuples se parlent et que les continents échangent, ce n’est pas parce qu’ils ont enfin les moyens techniques de le faire, c’est parce qu’ils l’ont décidé, coûte que coûte.

20Le meilleur moyen d’œuvrer à la mondialisation, c’est-à-dire au dialogue des cultures et des hommes, c’est donc de se garder de l’illusion technique. Vive les portables, les tablettes et les réseaux satellitaires. Tout cela est aussi pratique qu’amusant. Mais seules comptent vraiment les arènes où les hommes peuvent échanger et débattre. Ni le téléphone ni la télévision ni la Toile ne dérangent le despotisme ou l’intolérance dans leurs habitudes. À l’ONU, en revanche, on continue vaille que vaille à cultiver la démocratie, même si c’est parfois sous serre. C’est à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), qui s’est courageusement engagée en faveur de la diversité culturelle (convention d’octobre 2005) ou, n’en déplaise aux américanolâtres du mainstream, au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie, qu’on se bat pour la diversité des langues et des cultures, sans parler de l’Union européenne et des organisations régionales, du réseau des ONG, des festivals rock ou des rencontres sportives. Même dans les églises, les temples, les mosquées et les synagogues, choqués par les débordements barbares des fanatiques de tout poil, on abandonne l’anathème pour le dialogue religieux.

21Persuadé que le capital est une chose trop sérieuse pour la confier aux capitalistes, la finance, elle, a préféré s’en remettre aux machines, du traitement automatique des données aux cotations en continu en passant par la sophistication des modèles économétriques. Tout a été dérégulé, délocalisé, dématérialisé. En un mot, l’homme a été évincé du processus. Le résultat est connu : l’économie est en crise, la croissance patine, les inégalités explosent et l’environnement est sacrifié sur l’autel de la relance. La technique a pour vocation de nous simplifier la vie, pas de la régir. Le monde est infiniment complexe, c’est indéniable, chaque jour en apporte la preuve. Il faut donc en débattre, dialoguer, encore et toujours. Mais ce n’est pas parce que nous avons branché des micros pour mieux nous entendre que tout est réglé. Au contraire, c’est à ce moment-là que tout commence. À la supposer possible, la mondialisation technique est un leurre. Seule la mondialisation des hommes compte. Et elle est en permanence en chantier.

Bibliographie

Références bibliographiques

  • Pascal, B., Pensées (édition Brunschvicg), Paris, Flammarion, 1993 [1669].
  • Ruffin, J.-C., L’Empire et les nouveaux barbares, Paris, Lattès, 1991.
  • Schafer, V., « Le Mundaneum, un patrimoine inclassable ? », Hermès, n° 66, 2013, p. 155-159.
  • Unesco, Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, Paris, Unesco, 2005.
  • Valery, P., Regards sur le monde actuel, Paris, Stock, Delamain et Boutelleau, 1931.
  • Verne, Le Tour du monde en 80 jours, Paris, Hetzel, 1872.
  • Wolton, D., L’Autre mondialisation, Paris, Flammarion, 2003.

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