Notes
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[1]
Voir le site <http://www10.gencat.net/casa_llengues/AppJava/fr/casa/Casadelesllengues.jsp>.
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[2]
Voir le site <http://plurilinguisme.europe-avenir.com/>.
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[3]
On consultera avec profit sur ce thème l’article de Pierrette Pellen-Barde (2009), « L’émergence d’une langue et d’une culture romanes en Castille : un parcours singulier dans l’Europe médiévale ».
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[4]
Speroni (2001), p. 35, Petit Pierre, et note 57.
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[5]
C’est nous qui soulignons.
1Il arrive que le réalisme politique s’accorde avec l’application des principes démocratiques, au niveau mondial comme à l’échelon local. C’est un moment qu’il faut saluer, analyser et conforter. C’est ainsi que, n’en déplaise à la solution de facilité monolingue qui caractérise la plupart des échanges diplomatiques et des réunions internationales, ainsi que l’écriture des revues scientifiques les plus réputées, la pratique de la communication plurilingue apparaît aujourd’hui nécessaire à l’influence mondiale des États les plus puissants. Il s’agit sans doute moins d’un choix vertueux que d’une adaptation à l’exigence des peuples : la relation entre États, autant que la pénétration économique, exige aujourd’hui que l’interlocuteur se sente respecté, voire écouté, y compris dans sa langue.
2Soupçonnés d’agir pour transformer en monopole la situation privilégiée de l’américain, les États-Unis répondent donc en accompagnant les progrès de l’espagnol dans un nombre important d’États, en reconnaissant dans le droit son statut de fait, en l’introduisant dans les apprentissages scolaires. Il en va de même pour d’autres langues, en particulier celles des pays du Moyen et de l’Extrême-Orient qui comptent, outre Atlantique, des communautés nombreuses.
3Ces comportements s’accordent au mouvement intellectuel et politique qui, avec la diversité culturelle, entend reconnaître la diversité linguistique comme un bien qu’il convient de protéger, d’encourager, de doter de lois salvatrices. Les philosophes qui dans la ligne de Barbara Cassin insistent sur le caractère irremplaçable de chaque langue, sur la vision du monde que portent ses concepts, sur le nombre d’intraduisibles qui la caractérisent, se joignent, pour ce combat, aux anthropologues et aux ethnologues qui déplorent, non sans raison, la disparition permanente de langues dont les derniers locuteurs s’éteignent sans que les outils du processus de transmission – vocabulaire, grammaire – aient été fixés, et sans que l’on ait suscité l’intérêt de futurs utilisateurs.
4Un tel mouvement, vigoureux et encouragé par de nombreuses organisations multilatérales dont, par exemple, l’Unesco, l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’Union européenne, a pour effet la création de nouveaux organismes et associations, souvent soutenues par les pouvoirs publics, comme « Linguamón - Maison des langues » [1], dont la vocation est de promouvoir la diversité linguistique de par le monde, ou l’« Observatoire européen du plurilinguisme » [2], qui orientent leurs activités vers la généralisation de la présence des différentes langues dans toutes les instances, tant publiques que privées, représentatives des secteurs sociaux, politiques et économiques. Il se manifeste également dans des politiques linguistiques favorables aux langues régionales, qui malgré quelques courants contraires connaissent une véritable expansion tant en Amérique qu’en Europe. Les dirigeants qui font droit aux penseurs de la diversité sont aussi souvent ceux qui sont favorables aux évolutions linguistiques, à la reconnaissance de nouveaux modes d’expression et à l’émergence des « Modernes » contre les « Anciens ». Ils pratiquent et soutiennent, pour s’adresser aux représentants d’autres cultures, la traduction.
5Cette attitude s’appuie sur des modèles anciens. En Occident, le principe d’une dignité et d’une qualité égale des langues, dont témoigne la progressive accession des langues vernaculaires issues du latin au statut de langues de culture, s’affirme par exemple en Espagne de façon publique dès le début du xiiie siècle par l’existence du Cantar de mio Cid, dont l’unique manuscrit date de 1207 [3]. Il est érigé au rang de principe majeur dans l’essentiel Dialogue des langues, de Sperone Speroni, publié à Venise en 1542 (Speroni, 2001) à qui Joaquim du Bellay emprunte beaucoup pour sa Défense et illustration de la langue française (1549). Chez Speroni, le personnage de Petit Pierre, comme celui du Courtisan, soutiennent que du point de vue de la communication de la pensée, les langues sont toutes égales, et qu’il est de l’intérêt de ceux qui s’intéressent à la pensée philosophique des Anciens sans connaître leur langue, d’avoir accès à une traduction.
6Petit Pierre : « Je tiens pour assuré que les langues de tous les pays, aussi bien l’arabique et l’indienne que la romaine et l’athénienne, sont de même valeur et par les mortels formées à une même fin et d’un même jugement et je ne voudrais pas que vous en parliez comme de produits de la nature, car elles sont faites et réglées par l’artifice des hommes, à leur arbitre, et non point plantées ni semées [4]. »
7Du Bellay : « Donques les langues ne sont nées d’elles mesmes en façon d’herbes, racines et arbres : les unes infirmes et debiles en leurs espèces : les autres saines et robustes, et plus aptes à porter le faiz des conceptions humaines : mais toute leur vertu est née au monde du vouloir et arbitre des mortelz. »
8Passer par la traduction pour avoir accès au savoir universel, c’est ce qu’avaient déjà réalisé autour du roi Alphonse X le Sage, au moment où l’occupation musulmane faisait de la Castille le point de convergence entre le monde chrétien et la culture de l’Orient, les lettrés de toutes nations et confessions, réunis par lui. Leur tâche, impressionnante, mit à la disposition du public lettré le savoir historique, juridique, scientifique, littéraire, religieux. Tolède, reconquise en 1085, devint au xiie siècle une impressionnante école de traducteurs, qui, comme l’explique Pierrette Pellen-Barde, « livra, outre des originaux arabes et hébreux, maints textes antiques emportés jadis par les Juifs et les chrétiens hérétiques de l’Empire d’Orient dans leur exil à Damas et Bagdad. Textes qui, traduits en arabe, avaient accompagné l’expansion musulmane au Maghreb et en Espagne.
9Tolède abritait en outre de nombreux Juifs qui avaient fui la vague almoravide du xie siècle et jouèrent un rôle capital par l’apport de la tradition arabo-hébraïque et parce que, à la différence des chrétiens du Nord, ils savaient l’arabe. Une première version de manuscrits arabes, parfois grecs ou hébreux, était faite en castillan par un Arabe ou un Juif. Version qu’un chrétien reproduisait ensuite en latin, langue d’aboutissement au xiie siècle. Un brouillon castillan permit donc de contourner la difficulté du passage direct de l’arabe au latin, peu d’hommes maîtrisant les deux langues. Mais il devait y avoir, grâce au travail exercé sur elle, un progrès linguistique “latent” pour cette humble langue castillane utilisée comme simple pont entre deux langues aussi élaborées. » (Pellen-Barde, 2009, p. 9).
10Ce dernier argument est de portée bien plus large que son application à la circonstance historique. Il vaut pour l’attitude du traducteur d’aujourd’hui, et je voudrais souligner son actualité du point de vue non seulement des grandes langues de la communication mondiale mais aussi pour celles des nations émergentes, dont le devenir importe à l’équilibre du Nord et du Sud, et à la disparition des zones de grande pauvreté.
11C’est que le mouvement de la traduction, s’il a pour finalité de donner à entendre un texte original dans une langue connue du lecteur, a pour effet d’élargir les virtualités de celle-ci. Pour Inés Oseki-Depré, traductrice littéraire, auteur d’un excellent manuel qui récapitule les « théories et pratiques de la traduction littéraire » et en analyse des exemples parlants (Oseki-Depré, 1999), la question de la traduction concerne rarement des bilingues parfaits, ayant l’expérience d’une égale pratique de deux langues. Le plus souvent, la traduction accomplit et perfectionne ce qui a été enseigné à l’école sous l’angle de l’exercice scolaire de la version. Celle-ci exige – tout élève en a l’expérience – une maîtrise et un travail de la langue d’arrivée : les meilleurs à ce jeu sont souvent ceux qu’intéresse aussi l’exercice de l’écriture créatrice, dans leur langue maternelle. Il y a de l’écrivain en herbe dans un élève bon en version, comme il y a nécessairement de l’écrivain dans un bon traducteur littéraire.
12Dans l’acte de traduire lui-même, le désir de rendre accessible à un large public une œuvre jusque-là condamnée à n’être lue que de ceux qui parlent la langue de l’original n’est pas qu’un geste d’hommage au texte que le traducteur entreprend de faire changer de langue, c’est une façon d’étendre le champ des représentations et des modes de pensée de la langue d’arrivée. De ce point de vue, la traduction peut même apparaître comme une nécessité, ce qu’Antoine Berman (1984) a justement nommé, en s’inspirant d’un vers de Hölderlin, « l’épreuve de l’étranger », activité porteuse d’identité culturelle comme le montre Berman à partir de la Bible de Luther, fondement de la langue allemande, et critique, puisque traduire implique comparer les sens et les possibles des langues. Déjà G. W. Leibniz, dans la deuxième moitié du xviie siècle, dans ses ouvrages consacrés à la langue allemande, souhaite un rassemblement des langues fondé sur leur complémentarité. Du point de vue de l’universel, chacune est imparfaite, mais elles sont rivales non dans l’expression des choses, car chacune peut tout dire, mais dans leur capacité à réaliser la traduction de ce qui est dit dans d’autres langues (Leibniz, 2000). Ce qui revient à affirmer que la puissance d’une langue se manifeste dans son ouverture à la traduction.
13Ce constat justifie que, pour beaucoup de traducteurs, l’original ne doit pas complètement disparaître dans la traduction au profit du « beau style » de la langue d’arrivée. Il ne s’agit pas seulement de recréer une œuvre de sens équivalent à l’original. Quelque chose de la confrontation critique doit subsister, qui assure la reconnaissance de la culture d’origine dans son étrangeté. Cette façon d’opérer, porteuse de signes rappelant son caractère de traduction, constitue aussi un geste d’intérêt à l’égard de la langue d’arrivée, puisque celle-ci va se trouver agrandie et transformée par les idées, les visions et parfois même les rythmes du texte de départ.
14C’est ce que développe Michel Deguy pour la poésie, en termes très liés à une pratique qui le distingue d’autres traducteurs et théoriciens (en particulier d’Henri Meschonnic, pour qui la traduction ne doit pas porter plus de marques linguistiques rares que le texte de départ). La définition que donne Michel Deguy (1974, p. 47) des transformations causées par la traduction mérite d’être rappelée : « Dans le cas de la poésie, il s’agit moins d’annuler la distance entre un texte de départ et un texte d’arrivée, de la faire disparaître selon le critère de la belle infidélité pour lequel une traduction réussie se marquait à ceci qu’à cacher son titre elle ne se serait pas fait remarquer et aurait pu passer auprès de l’ignorant du trafic pour un texte orignal, que de rendre manifeste cette distance comme différence dans notre langue (langue d’arrivée). Le texte d’arrivée ne cache pas qu’il est une traduction et apparaît comme il est : déplacé, hybride. La langue hôtesse tressaille et craque sous l’effort [5] ; aux limites de résistance de sa maternité ; et le fait que la langue du poème à l’arrivée offre des écarts intolérables pour les usagers et les grammairiens ne constitue ni un argument suffisant ni sûr. »
15C’est d’ailleurs la ligne de la pensée d’un Derrida (1999), lorsqu’il définit une traduction « relevante ». Pour traduire « seasons » dans le vers du Marchand de Venise « When mercy seasons justice » il propose « relève », pour trois raisons dont l’une est que ce mot français est déjà devenu grâce à lui l’équivalent français de l’Aufhebung de Hegel. Cette « trouvaille » fait, explique-t-il, « travailler » le français : « Je ne suis pas sûr que cette transaction fût-elle la plus économique possible, soit digne du nom de traduction, au sens strict et pur de ce mot s’il en est. Ce serait plutôt une de ces autres choses en tr, une transaction, une transformation, un travail, un travel – et une trouvaille (car cette invention, si elle semblait aussi relever un défi, comme on dit aussi, n’a consisté qu’à découvrir ce qui attendait ou à réveiller ce qui dormait dans la langue). La trouvaille fait travailler, et d’abord les langues, sans adéquation ni transparence, ici en affectant d’une nouvelle écriture ou réécriture performative ou poétique autant le français, auquel un nouvel usage du mot survient, que l’allemand et l’anglais. […] Sans doute, en relevant un défi, ajoute-t-on ainsi un mot de la langue française, un mot dans un mot – et l’usage que je viens de faire du mot « relever », « en relevant un défi », devient aussi un défi, un défi de plus à toute traduction qui voudrait dans une autre langue accueillir toutes les connotations qui viennent de s’accumuler dans ce mot. » (Derrida, 1999, p. 46).
16Il suffit d’entendre les commentaires, en de très nombreuses langues, que reçoit ce mot dans les séminaires de philosophie de beaucoup de pays du monde pour comprendre à quel point, en faisant « travailler » et « voyager » le mot relever, Derrida a « transformé » et enrichi la langue française.
17C’est sous un jour comparable qu’il faut, je crois, lire le vibrant plaidoyer et les arguments qu’un des philosophes les plus représentatifs du mouvement intellectuel des pays d’Afrique, Souleymane Bachir Diagne, a récemment présenté à l’Assemblée générale des universités membres de l’Agence Universitaire de la Francophonie, tenue à Bordeaux, le 17 mai 2009.
18Le propos de S. Bachir Diagne est de montrer l’impasse des nationalismes ontologiques et religieux qui associent à une langue donnée un courant de pensée ou un texte fondateur – le grec et l’allemand pour la philosophie classique, l’arabe pour le Coran –, en montrant que cet obscurantisme philologique fait injure à la capacité de la pensée humaine de s’incarner dans n’importe quel idiome. Il retrace la controverse publique qui, en 932, opposa le grammairien Sirâfi et le logicien philosophe Mattâ. Sirafi, pour qui l’arabe est d’abord la langue de la révélation divine, prétend qu’Aristote présente sa logique selon des catégories qui au fond ne sont rien d’autre que celles de la langue grecque. La réponse de Mattâ se fonde sur la traductibilité. S. Bachir Diagne la résume ainsi : « Le vrai se traduit en toutes les langues et c’est même là une de ses définitions possibles. Le vrai est ce qui se traduit universellement, sans déperdition. » Et de rappeler Léopold Sédar Senghor, disant en 1937 que le « Nègre nouveau » serait justement l’homme de la traduction, de l’entre-deux, pour affirmer, contre l’obscurantisme philologique, l’enjeu philosophique, théologique, mais aussi politique de la traductibilité de la parole divine.
19Nous en sommes toujours là, non seulement parce que la relation d’une langue au sacré reste un sujet souvent sous-jacent dans les colloques consacrés au dialogue des cultures, mais aussi parce que le problème concerne, en même temps que les textes sacrés, tous les domaines de la production textuelle, les écrits scientifiques ou les fictions romanesques. Tous les États, quelles que soient leur culture, leur religion dominante et leur langue, sont confrontés à la nécessité de soutenir – ou au contraire de négliger – l’élan des traducteurs, en particulier des expatriés qui, au contact d’autres cultures et d’autres langues, souhaitent apporter à leur communauté d’origine les œuvres et les pensées qu’ils découvrent hors du sol natal. Notre thèse, que vient conforter l’analyse de Bachir Diagne, est que la force d’une culture se mesure à sa volonté d’importation, c’est-à-dire d’ouverture de la langue à des œuvres de source étrangère par la traduction. A contrario, on peut à bon droit considérer que les langues les plus menacées sont celles qui ne produisent plus que les discours des locuteurs qui les pratiquent comme langue maternelle et dans lesquelles n’existent pas de traducteurs. Cette vérité, sensible en Afrique en particulier, illustre sous un autre jour la portée du propos de Bachir Diagne.
20La fonction du traducteur peut ainsi être décrite comme de faire exister, survivre et vivre en l’enrichissant la langue vers laquelle il travaille. Les Européens signataires au début de 2009, de l’appel à une « politique européenne de la traduction » l’ont entendu de la sorte en écrivant : « Car une langue n’est pas seulement un instrument de communication, un service ; ce n’est pas non plus un patrimoine, une identité à préserver. Chaque langue est un filet différent jeté sur le monde, elle n’existe que dans son interaction avec les autres. En traduisant, on approfondit sa singularité et celle de l’autre ; il faut comprendre au moins deux langues pour savoir qu’on en parle une. »
21Mais un exemple plus récent encore applique la magistrale leçon de Bachir Diagne à un espace où la coexistence des langues doit être approfondie, voire réinventée : je veux parler de l’espace méditerranéen. Depuis 1995, la revue Transeuropéennes et sa directrice, Ghislaine Glasson Deschaumes, se sont attachées à valoriser la formation à la traduction et la diffusion des idées et des œuvres, en alertant sur les dangers des politiques identitaires qui instrumentalisent les langues, simplifient les discours, se prêtent aux malentendus. Une initiative est née, aujourd’hui relayée dans le programme de la Fondation Anna Lindh, pour une dynamique visant à établir un état des lieux de la traduction en Méditerranée et à mettre en place des mécanismes d’observation, sur le long terme, des actions conduites dans la mise en traduction de la production théorique et artistique des pays méditerranéens. Les programmes expressément visés sont marqués par la réciprocité, en particulier par le développement de projets vers l’arabe et de l’arabe vers d’autres langues européennes. L’enjeu est bien, comme le souhaite Bachir Diagne, l’ouverture de chacune des langues concernées à la multiplication des traductions.
22J’en rappelle ici les orientations structurantes pour montrer comment peut se déployer un véritable « tissu de traduction » enrichissant le plurilinguisme de toute une région. Les objectifs sont les suivants :
- Encourager rapidement aux plans quantitatifs et qualitatifs la mise en traduction de la production théorique et artistique en Europe et dans les pays du Sud méditerranéen, par des moyens financiers, de rencontre et de formation, de diffusion, non seulement du Nord au Sud ou du Sud au Nord, mais aussi d’Est en Ouest et d’Ouest en Est.
- Encourager la coordination des politiques des États, des initiatives privées, des stratégies intergouvernementales.
- Assurer dans les démarches de traduction le plein respect des droits d’auteurs et des droits de traduction.
- Valoriser la richesse des langues dans toutes les sphères de la coopération et de l’échange, et nourrir le travail de coopération entre sociétés civiles, et plus particulièrement les acteurs culturels, à partir de la traduction.
- Établir dans les grandes métropoles, lieux de toutes les diversités, un lien concret entre traduction et cohésion sociale à travers des actions de terrain.
- Établir un état des lieux de la traduction en Méditerranée qui sera un outil de référence, aisément accessible, et mettre en place des mécanismes d’observation, sur le long terme, en vue d’actions concrètes ; cet état des lieux sera révisé annuellement et donnera lieu systématiquement à recommandations.
- Contribuer à la définition de priorités pour la traduction, encourager l’émergence de politiques culturelles publiques concertées en matière de traduction.
- Créer un fonds euro-méditerranéen d’aide à la traduction, répondant aux exigences de qualité et de bonne diffusion prioritaires pour le projet ; encourager, par ailleurs, les soutiens financiers aux projets de traduction structurants, dans le domaine des sciences sociales et humaines, de la création littéraire et plus largement de la création artistique, dans un souci qualitatif, quantitatif et de cohérence des politiques de traduction ; faciliter l’accès aux autres financements existants.
- Former des traducteurs tout au long de la vie, notamment dans le cadre de séminaires thématiques, ateliers collectifs, ateliers autour d’un auteur ; former les étudiants, les opérateurs culturels, mais aussi, plus largement, les acteurs de la société civile et fonctionnaires engagés dans la coopération ; faire une large place à la pratique amateur en matière de traduction, tout en consolidant la profession de traducteur et ses droits.
- Encourager la diffusion des œuvres traduites, à travers notamment les éditeurs, les libraires, les bibliothèques.
- Encourager le travail en réseau et susciter des plates-formes coopératives.
- Valoriser la traduction comme pratique culturelle et sociale.
- Créer un espace autonome et structurant d’échanges d’idées sur les expériences interculturelles régionales, d’une part, sur les grands thèmes du moment, d’autre part. Il s’agit de transcender les blocages actuels du dialogue entre les cultures en s’intéressant aux grandes problématiques contemporaines et de contribuer au développement d’une épistémologie contemporaine de la traduction dans son sens strict et dans son sens large.
- Diffuser d’une manière systématique et dans plusieurs langues les résultats des travaux.
Références bibliographiques
- Berman, A., L’Épreuve de l’étranger. Culture et traduction dans l’Allemagne romantique, Paris, Gallimard, Essais, 1984.
- Deguy, M., « Lettre ouverte à Léon Robel », Change, n° 19, 1974.
- Derrida, J., « Qu’est-ce qu’une traduction relevante », Quinzièmes assises de la traduction littéraire, Arles, 1998, Actes Sud, 1999, p. 21-49.
- Oseki-Depré, I., Théories et pratiques de la traduction littéraire, Paris, Armand Colin, 1999.
- Leibniz, L’Harmonie des langues, présenté, traduit et commenté par Marc Crépon, Paris, Seuil, coll. « Points », 2000.
- Pellen-Barde, P., « L’émergence d’une langue et d’une culture romanes en Castille : un parcours singulier dans l’Europe médiévale », Les langues néo-latines, mars 2009, p. 5-19.
- Speroni, S., Dialogue des langues, trad. de G. Genot et P. Larivaille, introduction et notes de M. Pozzi, Paris, Les Belles Lettres, 2001.
Mots-clés éditeurs : communication plurilingue, cognition, vision du monde, création, producteurs culturels, pratique de la traduction, producteurs scientifiques, producteurs économiques
Date de mise en ligne : 12/11/2013
https://doi.org/10.4267/2042/38619Notes
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[1]
Voir le site <http://www10.gencat.net/casa_llengues/AppJava/fr/casa/Casadelesllengues.jsp>.
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[2]
Voir le site <http://plurilinguisme.europe-avenir.com/>.
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[3]
On consultera avec profit sur ce thème l’article de Pierrette Pellen-Barde (2009), « L’émergence d’une langue et d’une culture romanes en Castille : un parcours singulier dans l’Europe médiévale ».
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[4]
Speroni (2001), p. 35, Petit Pierre, et note 57.
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[5]
C’est nous qui soulignons.