Notes
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[1]
Brièvement utilisé par l’Insee, ce terme est maintenant remplacé par « autres communes de l’espace rural », ne se trouvant sous l’influence ni d’un pôle urbain, ni d’un pôle d’emploi de l’espace rural.
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[2]
Si les retraités « migrent en priorité vers le rural sous influence urbaine, ils choisissent plus que toutes les autres classes d’âge l’autre rural » (Sencébé, Lepicier, 2007).
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[3]
Des entretiens semi-directifs ont été organisés à trois reprises, à 9 mois de distance, avec 17 femmes et 17 hommes, dont la plupart (23) avait toujours vécu sur place, 4 étaient revenus au pays de leur naissance au moment de la retraite, et 7 s’étaient installés autour de la retraite. Dans le cadre de la recherche « Vieillir en milieu rural : chance ou risque de vulnérabilité accrue ? », contrat GIS Institut de la longévité et du vieillissement, Gucher C. dir., Mallon I., Roussel V., 2007.
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[4]
9,2 habitants au km2 sur le territoire creusois, 17,7 dans le terrain ardéchois.
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[5]
Et on peut étendre le constat aux habitants ayant toujours vécu sur place, sans considération de profession.
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[6]
Les quatre cohabitations familiales, inter ou intra-générationnelles (fratries) ont été observées exclusivement chez les natifs du pays étant toujours demeurés sur place.
1 Longtemps restés à l’écart du regain démographique du milieu rural débuté autour du milieu des années 1970, les espaces ruraux isolés [1] connaissent également depuis 1990 un excédent migratoire, qui alimente le vieillissement de ces territoires (Bessy-Pietry, Hilal & Schmitt, 2000). Le « vieillissement continu de la population rurale » (Détang-Dessendre & Piguet, 2003) est en effet dû à l’avancée en âge des populations natives, à un solde naturel négatif, et ce d’autant plus qu’on s’éloigne des villes, mais aussi à un double mouvement migratoire de départ des jeunes qualifiés et d’arrivée de populations proches de la retraite. Les populations âgées vivant en milieu rural isolé sont donc hétérogènes, constituées de vieux « du coin », natifs étant toujours demeurés sur place ou étant revenus s’installer au pays aux alentours de la retraite, et d’« étrangers », plus ou moins lointains, installés aux alentours de la retraite [2].
2 Cette attractivité auprès des plus âgés apparaît paradoxale tant le milieu rural isolé apparaît de prime abord comme un contexte de vieillissement « à risque » : sous-équipé en services de santé et d’accompagnement spécifiques pour les personnes âgées, par comparaison avec les espaces urbains ou les pôles d’emploi ruraux, à distance des équipements de santé de pointe, il est en outre caractérisé par une raréfaction des commerces et des services publics, des lieux de loisirs et de sociabilité. Faudrait-il alors attribuer cet attrait des personnes âgées pour le milieu rural aux vertus d’une étroite solidarité communautaire supposée, rendue plus nécessaire par la faible densité des hommes, des services et des commerces ? Les relations locales, les visites, les coups de main, l’entraide « naturelle », dictée par les conditions socio-géographiques, compenseraient le sous-équipement et des conditions de vie rudes, voire spartiates. On vieillirait ainsi à la campagne dans de moins bonnes conditions matérielles et sanitaires, mais plus entouré par sa famille, des voisins proches, des amis.
3 Si les enquêtes quantitatives mettent en évidence un rétrécissement des sociabilités avec l’avancée en âge (Blanpain & Pan Ké Shon, 1999), voire un isolement relationnel (Pan Ké Shon, 2003), et une réorganisation des relations autour du domicile, elles ne disent que peu de choses du poids des contextes résidentiels sur les sociabilités des plus âgés, et de la manière dont les différentes relations, de sociabilité, mais également de solidarité, s’agencent au quotidien. Une enquête menée auprès de 34 personnes âgées de plus de 60 ans vivant sur deux territoires appartenant au milieu rural isolé, en Ardèche et en Creuse [3], a mis en évidence la diversité des relations sociales de ces personnes âgées, liées à des parcours de vie différenciés, qui construisent des rapports au pays contrastés, selon que les personnes ont toujours vécu sur place, se sont réinstallées au pays de leur enfance autour de la retraite ou sont venues y vivre sur le tard. Sur chacun des territoires enquêtés, la morphologie sociale de la vie locale modèle les relations sociales. Mais ce sont bien davantage les rapports aux territoires, liés aux trajectoires de vie, qui donnent formes et contenus socialement différenciés aux sociabilités et aux solidarités, et à leurs articulations pratiques dans la vie quotidienne des personnes âgées. Avoir fait l’expérience de la mobilité résidentielle constitue ainsi un élément essentiel de différenciation dans les arrangements quotidiens des sociabilités et des solidarités.
DEUX « CAMPAGNES FRAGILES » AUX MORPHOLOGIES SOCIALES DIFFÉRENCIÉES
4 La Creuse et l’Ardèche sont des territoires « vieillis », puisqu’ils comptent respectivement 33,1 % et 26,1 % de personnes âgées de plus de 60 ans, dont respectivement 15 % et 10,6 % de plus de 75 ans, quand ces proportions sont de 22,6 % et 8,8 % pour l’ensemble du territoire français (recensement de 1999). Au sein de ces départements, les territoires d’enquête présentent un vieillissement plus marqué, puisque les personnes de plus de 75 ans représentent 16 % de la population du canton ardéchois et 18,1 % de la population de la communauté de communes creusoise. Comparables sur le plan du vieillissement, les terrains d’enquête le sont également par leur faible densité de population [4] et par leur caractère encore fortement agricole. L’agriculture fournit 29 % des emplois dans le canton ardéchois, 38 % dans la communauté de communes creusoise. Ces territoires apparaissent comme des « campagnes fragiles » (Datar, 2003) caractérisées par un espace rural à dominante agricole ou bien à dominante ouvrière dont le tissu industriel connaît un déclin marqué. Ils cumulent les handicaps d’un niveau de revenus modeste et d’un déclin démographique. L’isolement géographique est une donnée de la vie des habitants de ces territoires. La fragilité de ces territoires tient tout autant à leur position de « confins », qu’à leur enclavement ou qu’à leur âpreté climatique et morphologique (Rieutort, 2007). Ils se situent en effet à distance des pôles d’emploi ruraux, dans des départements eux-mêmes dans une position d’écart vis-à-vis des centres économiques et des axes de déplacement. Leur faible dynamisme économique est souvent souligné par les personnes âgées qui y vivent. Ces territoires, davantage à l’écart du mouvement d’urbanisation que d’autres espaces ruraux, évoluent plus lentement tout en n’échappant pas à un certain nombre de tendances générales tels le déclin de la population agricole et la diversification des sociétés rurales.
DEUX TERRITOIRES DIFFÉRENCIÉS
5 Malgré ces caractéristiques communes, les terrains enquêtés présentent des morphologies différentes, tant géographiques que sociales. Le canton ardéchois offre des paysages contrastés, entre le nord de la Montagne Ardéchoise et le sud, plus méridional, quand la présence du bocage en Creuse arrête les regards et ferme les perspectives. Les variations climatiques sont plus marquées en Ardèche, où un été presque méridional succède à un hiver froid et neigeux, qu’en Creuse, où l’influence océanique donne lieu à des précipitations tout au long de l’année. Les variations saisonnières de la vie sociale sont également plus fortes dans le canton ardéchois, plus touristique, comme en témoignent les cinq hôtels-restaurants en activité et le taux élevé de résidences secondaires (49,8 % du parc de logements). Il existe véritablement une saison touristique dans le canton ardéchois, avec un dynamisme accru durant l’été de l’activité économique et de la vie sociale, quand la vie sociale paraît plus étale sur le territoire creusois tout au long de l’année.
6 Les deux terrains d’enquête se distinguent également dans leur équipement en commerces et services, beaucoup plus important dans le canton ardéchois, qui compte 82 entreprises de « commerce, transports et services divers », que dans la communauté de communes creusoise, pourtant plus peuplée, qui ne compte que 31 établissements, parmi lesquels aucun hôtel et de rares cafés. Les services publics résistent mieux en Ardèche, où l’on trouve bureau de poste, école primaire et collège, dans chaque bourg, perception et gendarmerie au chef-lieu de canton, quand on recense une seule école primaire et un bureau de poste, relayé en partie par des agences postales, ouvertes quelques heures dans la journée, dans la communauté de communes creusoise. En Creuse, les commerces ou services de première nécessité sont distants et il faut gagner les petites villes proches pour y accéder. Plus qu’en Ardèche, la vie y est organisée autour du domicile et peu tournée vers l’extérieur, y compris vers les voisins ou pour les obligations quotidiennes. « Les commerçants passent : on a des bouchers deux fois par semaine, le boulanger deux fois par semaine, l’épicier tous les quinze jours, les vêtements tous les mois, le marchand de surgelés et pour l’épicerie on va à La Châtre ou à Aigurande » (Louis Courbon, 63 ans, ancien agriculteur) ; les plus âgés ne se déplacent plus, ce sont les voisins qui font les courses. Enfin, et c’est le cas de tous ceux qui étaient agriculteurs, l’exploitation procure encore de nombreux produits, des légumes, des pommes de terre, des œufs. En Ardèche, la rigueur du climat et la moindre présence de l’agriculture dans les communes « du haut » notamment jouent sans doute sur un moindre recours à l’autoconsommation. Les tournées étant par ailleurs moins développées du fait du maintien de nombreux commerces de proximité, les plus âgés délèguent les courses aux voisins ou aux enfants ou se font emmener.
NOUVEAUX HABITANTS, NOUVELLES MORPHOLOGIES SOCIALES
7 Le vieillissement de la population participe de cette fragilisation des territoires : la limitation de la mobilité, le repli sur le domicile privé, les « déprises » induits par l’avance en âge et certaines incapacités, joints à la restriction des lieux et des occasions de sociabilité, paraissent entraîner une moindre animation sociale des bourgs et des hameaux du milieu rural isolé. Réciproquement, l’organisation des territoires et leur morphologie affectent l’exercice des sociabilités. En outre, les personnes âgées ne forment pas un groupe homogène, en raison de l’installation de nouveaux habitants autour de la retraite, portant d’autres représentations et d’autres modes d’habiter l’espace.
8 Les natifs n’ayant jamais quitté « le pays » se distinguent ainsi des natifs ayant migré plus ou moins loin pour des raisons professionnelles et revenus « au pays » à la retraite, ainsi que des retraités installés sur le tard, arrivant le plus souvent de zones urbaines parfois géographiquement très éloignées de ces lieux d’implantation. La vie sociale locale ne peut ainsi plus être définie sur le seul registre de l’interconnaissance et du contrôle social d’un groupe dominant, paysan ou villageois, « donnant le ton » (Chamboredon & Lemaire, 1970) dans l’espace local, mais doit être rapportée de plus en plus à la rencontre d’habitants aux échelles d’appartenance diverses : des habitants permanents, de générations et d’origine différentes, des résidents secondaires natifs, d’autres non natifs, des touristes plus ou moins fidèles. Si les morphologies sociales des territoires modèlent les sociabilités, en offrant ou en dérobant des lieux et des occasions de sociabilité, il semble que ce soient les parcours de vie des personnes âgées qui construisent leurs rapports aux milieux de vie, et définissent leurs relations de sociabilité, tant dans leur nombre, leur intensité ou leur forme, bien plus que les caractéristiques intrinsèques de ces milieux de vie (Sencébé, 2004).
L’ARTICULATION DIFFÉRENCIÉE DES SOCIABILITÉS ET DES SOLIDARITÉS DES VIEUX HABITANTS RURAUX
9 La distinction analytique entre les sociabilités, c’est-à-dire l’ensemble des relations entretenues par les individus et les interactions auxquelles elles donnent lieux, et les solidarités, c’est-à-dire l’ensemble des échanges matériels, financiers et de services opérés dans un but de soutien, n’est pas toujours repérable dans les pratiques des individus. Selon les fonctionnements familiaux, les visites aux parents sont essentiellement des moments de discussions, ou au contraire prennent prétexte de ravitaillements, de bricolage, de jardinage, bref de services échangés ou d’activités partagées, pour nourrir cette sociabilité. Les formes d’articulation entre sociabilité, soutien affectif et solidarité sont liées aux trajectoires de vie, et notamment à l’expérience fondatrice de la mobilité résidentielle hors des limites du pays. Les « mobiles », retraités installés sur le tard de leur vie ou natifs originaires du pays revenus à la retraite sur les lieux de leur enfance, se distinguent ainsi fortement des immobiles, ayant toujours habité « dans le coin », même s’ils ont pu connaître des mobilités résidentielles de faible distance. L’indistinction entre sociabilités et solidarités, qui renvoie au recouvrement partiel ou total, des sphères familiales, de voisinage et de l’aide professionnelle, chez les populations natives laisse place à une plus nette différenciation pour les populations installées tardivement.
LES RURAUX IMMOBILES : INDISTINCTION ENTRE SOLIDARITÉS ET SOCIABILITÉS
10 Les sociabilités quotidiennes mettent en évidence aux yeux des personnes âgées la distinction, voire l’opposition, très vivace sur les deux territoires, entre gens « du pays » et « étrangers ». Les relations avec la famille, les amis, les voisins, et même les contacts brefs avec les commerçants ou les représentants des services publics, ne prennent ni les mêmes formes, ni le même sens pour les personnes natives « du coin » et pour celles qui se sont installées sur le tard.
11 Pour les personnes ayant toujours vécu au pays, une culture paysanne encore vivace s’exprime par la rémanence d’une société d’interconnaissance. C’est d’abord la parenté qui organise les relations de sociabilité : les visites des enfants, des petits-enfants, des germains ou des parents par alliance sont quotidiennes ou presque, la proximité géographique des domiciles des uns et des autres permettant des visites brèves, mais régulières, qui sont autant l’occasion de parler que de rendre de menus services. Le fils de Marthe Giraudier (92 ans, veuve d’ouvrier, Creuse) passe tous les jours « oh oui ! tous les jours ! c’est lui hier soir, qui a été chercher les médicaments ». Les enfants de Jean Lassagne (80 ans, ancien agriculteur, Ardèche) vivent dans les bourgs à proximité du hameau où il habite avec sa femme : « Ah oui, il y en a deux à Lalevade et deux ici alors ils viennent souvent ». Sa petite-fille, ambulancière dans le bourg le plus proche, lui apporte régulièrement l’oxygène dont il a besoin pour vivre.
12 En outre, les « usages généalogiques de la parenté », qui mettent en ordre le monde social (Bourdieu, 1980) renforcent l’intégration des réseaux de sociabilité amicaux, familiaux et de voisinage. Les individus sont repérés par leur appartenance à des lignées et à des parentèles. Les voisins, les amis, mais aussi souvent les commerçants, sont également des parents ou des proches dont la proximité avec sa propre parenté peut être retracée. Si les relations peuvent se structurer de manière formelle, dans des associations, des syndicats, des actions politiques locales, comme l’appartenance au conseil municipal, elles s’appuient d’abord sur des logiques de proximité géographique et de familiarité, des gens autant que des lieux, sur le partage par quelques familles d’une vie commune dans un territoire restreint sur plusieurs générations. La connaissance partagée du pays personnalise les relations les plus fonctionnelles, telles celles entretenues avec le facteur ou les commerçants, dans une familiarité qui renforce le sentiment d’appartenir au pays comme il appartient à ceux qui y vivent depuis des générations. « La plupart des paysans [5] vivent là où ils sont nés, là où ils ont été jeunes. Ils parcourent un territoire que leur père, leur mère et leurs ancêtres ont souvent parcouru avant eux. Ils vivent ainsi dans une prégnance considérable de la mémoire des lieux » (Hervieu & Viard, 2001).
13 Le contenu des relations de sociabilité, des loisirs, des activités dans ces associations formelles découle de cette familiarité, organisée autour de pratiques traditionnelles : la « castagnade », la rôtie de châtaignes autour de laquelle on se réunit en Ardèche, les chansons en patois, la belote et le scrabble au club des aînés, les cérémonies des associations d’anciens combattants. Le renouvellement des populations sur le territoire, l’arrivée de jeunes et de moins jeunes venus d’ailleurs, donne alors aux plus âgés le sentiment d’être dépossédé de leur pays, de se retrouver en exil chez eux. « Au club[…] tous les gens, c’est des nouveaux venus, on se connaît à peine, et puis c’est pas la même mentalité ! [H : c’est pas la même mentalité !] avant, tous ceux qui ont 80, 85 ans, au début, au début on chantait, on chantait en patois, on se comprenait tous, on était tout des gens qu’on avait vécu ici. Maintenant, les nouveaux, les nouveaux retraités, c’est pas du tout la même mentalité. […] ils ont pas vécu au pays, ils ont eu sans doute des… ils ont fait carrière ailleurs, alors c’est pas… [H : Alors, parce que… qu’est-ce qu’elle disait, qu’ils voulaient faire ?... non, pas des bals… des… qu’est-ce qu’elle disait ?] Et si, même… maintenant, ils font le thé dansant, et… [H : Oui, tandis que nous, on… ça se faisait pas…] » (Paul Labiole, 79 ans, Cécile Henri, 85 ans, sa sœur, anciens fermiers).
14 Le modèle familial dominant ici est celui de la « famille-entourage locale » (Bonvalet, 2003). La co-présence sur le territoire constitue un atout essentiel pour l’expression de ces liens familiaux reposant sur une certaine réciprocité. Les visites des enfants sont tout ensemble des occasions de rencontre, des manifestations de soutien affectif, en même temps que des moments d’échanges matériels, de partage d’activités, de services rendus qui peuvent se développer y compris sur le registre de l’aide physique et corporelle. « Ils viennent pour nous voir, ils nous aident un petit peu, il y a des choses à faire » (Paulette Collange, 62 ans, mari maçon). L’entraide inter-générationnelle au sein de la famille est importante, mettant en œuvre des mécanismes de réciprocité, directe ou différée, représentant l’acquittement d’une dette résultant d’un don reçu antérieurement (Attias-Donfut, 1994).
15 La dispersion géographique de la parentèle (petits-enfants ou petits-neveux) opère alors une distinction au sein même du réseau familial, les proches géographiques assurant la continuité quotidienne d’une présence et parfois de soins, quand les autres viennent en renfort, de manière plus ponctuelle, quand leurs emplois du temps le leur permettent. Les sociabilités à distance activent des mobilités familiales centripètes chez les natifs. Ces derniers accueillent volontiers leurs enfants mais ils ne s’installent pas chez eux ou ils ne partent pas en vacances en leur compagnie. Leur enracinement dans le pays, l’activité agricole qui les a longtemps rivés à leurs terres sans possibilité de vacances ou de voyage ont construit des habitudes de mobilité restreintes au pays proche, que l’avancée en âge consolide, seulement rompues au début de la retraite, de manière expérimentale, par des voyages en car principalement en France, ou en des occasions exceptionnelles, comme la soutenance de thèse d’un petit-fils, par exemple.
16 Comme le rappelle D. Argoud (2004), « autant la sociabilité de voisinage existe naturellement (sauf dans le cas de personnes très isolées), autant la solidarité de voisinage s’inscrit dans une histoire de vie et sur un territoire qui en rendent l’exercice plus limité et partiellement aléatoire ». Chez les « natifs », l’indistinction entre sociabilités et solidarités de voisinage, longtemps inscrite comme fondement de la « culture paysanne », est encore assez présente. Elle obéit à une logique de don et de contre-don, créant des obligations réciproques. En effet « refuser de donner, négliger d’inviter, comme refuser de prendre, équivaut à déclarer la guerre, c’est refuser l’alliance de la communion » (Mauss, 1924). Il s’agit donc de maintenir la paix locale et veiller à la sauvegarde des intérêts partagés. Cette indistinction entre solidarité et sociabilité n’autorise pas toujours pour autant le franchissement du seuil du domicile privé et l’exercice de la solidarité demeure limité le plus souvent à l’espace public ou aux lieux intermédiaires. Les propos recueillis font fréquemment ressortir le regret d’un temps ancien où sociabilité et solidarité se nourrissaient mutuellement. Cette transformation des modes de « voisiner » est sans doute liée à une modification des structures de l’économie locale, à l’ouverture à de nouvelles populations non natives, mais aussi à un accroissement des besoins d’aide avec l’avance en âge. Les solidarités familiales et les aides professionnelles viennent alors se substituer à la solidarité de voisinage. L’expression de la solidarité devient souvent le seul fait du « voisin privilégié » qui cumule deux activités du « voisiner » : « il rend service et il a le privilège de pouvoir rentrer chez autrui » (Drulhe et alii, 2007). La pénétration de logiques assurantielles et la généralisation du discours social sur le risque constituent également un obstacle au maintien de ces solidarités actives de voisinage. Interrogé sur l’aide qui s’échange entre voisins, Paul Labiole répond : « On n’en demande pas… (de l’aide) Là aussi, c’est pareil, vous avez besoin d’un coup de main, la moindre bricole qui se passe, si vous êtes obligé de faire marcher les assurances, eh ben vous êtes dedans, c’est rudement compliqué tout ça maintenant ». La sociabilité de voisinage est donc devenue d’une certaine manière plus distante et moins engageante.
17 Le brouillage des frontières entre le registre des sociabilités et des solidarités formelles et informelles constitue l’une des spécificités des populations natives. Dans l’intervention des professionnels de l’aide aux personnes âgées et plus largement de certains intervenants locaux – facteurs, taxis, secrétaires de mairie… – pratiques professionnelles et relations de proximité liées à une appartenance commune au territoire se mêlent étroitement. Chacun joue sa partie professionnelle mais intervient aussi du fait de sa participation à cette société d’interconnaissance où chacun se sent co-responsable de la personne vieillissante en difficulté. Ainsi que le rapporte Maurice Béal, ancien agriculteur ardéchois de 70 ans, célibataire et sans moyen de transport : « Ici, on traite bien le village encore ».
18 De même que les professionnels de l’aide à domicile assurent des fonctions relevant des solidarités de voisinage, les élus locaux sont amenés à intervenir bien au-delà des frontières officielles de leur mandat. C’est toute une économie de services réciproques qui se développe et à laquelle chacun participe, quelle que soit sa position professionnelle. Maurice Aymard (75 ans, ancien agriculteur, célibataire), qui habite un écart ne regroupant que cinq maisons, est très aidé par sa voisine. Elle est son aide ménagère depuis qu’il est à la retraite et lui rend de nombreux services bien au delà des deux heures pour lesquelles elle est rémunérée : « Faut pas que je me plaigne, elle me fait mes courses. Quand je m’ennuie, je vais chez elle. Elle va partir trois semaines cet été, elle va me manquer. C’est une femme d’exception ». Dans ce cadre, la solidarité formelle est rendue acceptable par l’existence de relations de sociabilités. Dans cette sociabilité développée avec les intervenants professionnels, chacun est d’abord identifié en tant que personne, porteuse d’une histoire. C’est le cas de la médecin ardéchoise, qui n’est pas du coin mais qui a su développer une sociabilité aimable qui facilite l’acceptation de ses interventions professionnelles. « la doctoresse on lui donne des légumes, de tout, dans toutes les familles, elle partirait pas d’ici maintenant, les docteurs de campagne vous savez, s’il arrive un coup dur, elle fait le plus vite et elle arrive. Elle est bien, oh oui elle est dégourdie, elle dit, je vais gôuter avec vous, on fait le thé » (Charles Brunier, 75 ans, ancien agriculteur, Ardèche). La confiance qui lui est témoignée repose moins sur des compétences médicales, que sur des qualités sociales et relationnelles. Le docteur est un bon docteur parce qu’il est « notre docteur ».
19 L’indistinction entre les sphères formelles de services et les sphères informelles de solidarité et de sociabilité est caractéristique des natifs. Le soutien et la solidarité sont immergés dans la sociabilité ordinaire. En revanche, les personnes installées sur le tard présentent des sociabilités distinctes des solidarités et segmentées.
LES RURAUX MOBILES : DES SOCIABILITÉS ET DES SOLIDARITÉS DISTINCTES ET SEGMENTÉES
20 Les relations quotidiennes de sociabilité des retraités installés sur le tard à la campagne se différencient selon le statut de leurs interlocuteurs. Les contacts avec les différents professionnels, commerçants, aides à domicile, sans être formels, restent distants. La proximité de voisinage n’implique pas nécessairement des relations suivies : Noël Berget (77 ans), un ancien contremaître ayant passé sa vie professionnelle en banlieue parisienne, venu s’installer en Creuse il y a 17 ans, et depuis maire de sa commune, n’a plus guère de relations avec son voisin, depuis que cet ancien agriculteur a pris sa retraite et ne fait plus passer ses bêtes devant son domicile, sinon pour lui remettre les convocations hebdomadaires au conseil municipal. Madeleine Héritier (84 ans, ancienne directrice à Reims d’une organisation caritative) n’a pas sollicité son unique voisin lorsqu’elle s’est cassé le poignet, mais une amie du bourg. Au contraire, la dimension élective définit la proximité géographique : madame Héritier parle ainsi de ses nouveaux « voisins », avec lesquels elle échange CD, DVD, à l’occasion de visites réciproques, alors qu’ils habitent à près de deux kilomètres.
21 Quant à l’intégration à des associations, elle s’opère en raison de logiques personnelles hédonistes, qui mettent en relation ces « récents » habitants âgés avec d’autres générations, autour d’activités sportives, du théâtre ou du chant. Les relations plus approfondies sont plus volontiers recréées de manière homophile, avec des individus ou des couples ayant connu des trajectoires résidentielles et sociales similaires. « Oui, heureusement on a des amis à La Graule, c’est des anciens Parisiens, c’est peut-être pour ça qu’on a bien sympathisé, on a les mêmes conceptions de la vie, ici, c’est vrai que des fois, on se dit qu’est-ce qu’ils sont un peu pénibles (elle rit), je sais pas comment dire, c’est un peu la vie à l’ancienne, ils ont moins évolué et ça se sent, qu’est ce que vous voulez, il y en a qui sont jamais partis, même à Guéret, c’est pareil… On a du mal à comprendre… » (Michèle Chapuis, 77 ans, ancienne couturière en banlieue parisienne).
22 La distance entre natifs et installés sur le tard paraît liée à une fermeture du milieu local aux nouveaux arrivants, et à la difficulté de partager les codes locaux, qu’il s’agisse du patois pour les générations les plus anciennes, de l’accent pour les plus jeunes, ou encore des règles implicites d’échange entre voisins. « C’est la mentalité du Creusois, ça, le petit voisin, quand on propose des légumes à sa femme, sa femme dit “ok, je veux bien” ; lui, il passe le matin, je lui dit “Philippe, tu n’as pas besoin de salades ?” il dit “non, j’en ai”. Non, non, il veut pas » (Robert Dutel, 64 ans, ancien chauffeur-livreur dans l’Eure-et-Loir). Elle est également la conséquence de la faible intégration locale des réseaux de sociabilité amicaux, de voisinage des personnes installées sur le tard, et de l’existence d’autres réseaux de sociabilité, notamment familiaux, hors du pays. Les domiciles des enfants pour les personnes issues de milieux modestes, les pied-à-terre conservés dans les lieux de vie antérieurs ou dans des villes bien dotées en services pour les plus aisées, constituent ainsi des espaces secondaires (Sansot et alii, 1977), qui permettent aux personnes installées sur le tard d’envisager leur vieillissement hors du pays. Toujours susceptibles de repartir, d’abandonner le pays et ses gens, les personnes installées sur le tard sont peu fiables aux yeux des natifs toujours demeurés sur place, et sont rarement intégrées à leurs réseaux de relations.
23 En effet, les personnes venues s’installer à la retraite sur le tard ont une parentèle, et en particulier des enfants, éparpillée bien souvent au-delà du département, dans des régions françaises lointaines, voire en dehors du territoire français. Si les rencontres familiales sont plus ponctuelles et plus planifiées que celles des natifs dont une partie de la famille au moins réside à proximité, voire sous le même toit [6], elles sont souvent plus intenses également, offrant des moments de partage de la vie quotidienne, dans la maison de la retraite qui fait office, au moment des congés des enfants, de maison de vacances, voire de maison de famille.
24 Les vacances d’été sont un moment privilégié de l’activation de la sociabilité et de l’entraide familiale, par la garde des petits-enfants, au cœur du rôle de grand-parent (Attias-Donfut & Segalen, 1998) : « La semaine dernière, j’ai eu 2 petits enfants, 15 et 16 ans, de mon fils, ils regardaient la télé jusqu’à 2 heures du matin, se levaient à midi, ne m’aidaient pas…. Cette semaine, j’ai ma petite fille de 27 ans, avec 3 enfants, 7,5 ans et 3 mois, rien à dire, je suis comme un coq en pâte, rien à voir… La semaine prochaine, c’est mon fils et ma bru qui viennent, ils restent 8 jours et reviennent me chercher pour passer 3 semaines à Soulac, au bord de la mer » (Noël Berget). Des événements familiaux heureux ou dramatiques, naissance de petits-enfants, d’arrière petits-enfants, mariage, décès, sont également l’occasion de retrouvailles et d’entraides familiales. Ces rencontres plus épisodiques ne s’accompagnent pas d’une désaffection des relations quotidiennes. Les enquêtés nous rapportent des contacts réguliers, souvent par téléphone, qui attestent d’une intimité à distance et de la présence des uns dans la vie des autres. Ces formes de sociabilité rapprochent les fonctionnements familiaux de ces personnes installées sur le tard de l’économie relationnelle de la « famille entourage dispersée », analysée par C. Bonvalet (2003).
25 Le déménagement autour de l’âge de la retraite implique pour ceux qui s’installent à la campagne sans attaches préalables une reconfiguration spatiale et matérielle des sociabilités, familiales et amicales, qui fait alterner les relations entre un régime ordinaire, orienté vers une « sociabilité pure » (Simmel, 1991) fondée principalement sur la conversation, à distance via des moyens variés de télécommunication – lettres, coups de téléphone – et des moments plus extraordinaires de vie commune, où se mêlent sociabilité, entraide et partage d’une intimité domestique, chez soi ou ailleurs, aux domiciles des enfants, des germains, voire des anciens amis, ou dans des hébergements de vacances. En effet, les relations laissées dans les lieux quittés à la retraite continuent à être entretenues, même si elles s’étiolent au fil du temps, en raison des décès, des maladies, des mobilités moindres des uns et des autres au fil de l’avancée en âge. Les relations amicales semblent perdurer plus dans les milieux aisés, où l’habitude des relations à distance est forte, sédimentée dans les trajectoires professionnelles qui ont bien souvent amené des déplacements géographiques, plus ou moins lointains, que dans les milieux populaires, où les relations constituées aux alentours du nouveau domicile remplacent progressivement les amitiés de l’ancienne vie. De ce point de vue, la sociabilité familiale, d’où l’obligation morale est rarement absente, résiste mieux que les relations amicales, et ce d’autant plus qu’existe une « cause commune » (Gollac, 2003) comme le soutien à un parent. « Je remontais souvent sur Paris parce que j’avais encore ma mère mais maintenant moins puisqu’elle est décédée » (Michèle Chapuis). Sociabilité et solidarité familiales se recouvrent alors dans ces moments de vie commune, qui permettent autant l’entraide matérielle que l’entretien de l’affection.
26 Pour les installés tardifs, le recouvrement de relations de sociabilités et de solidarités est alors très partiel. Au-delà des éléments objectifs pouvant expliquer cette différenciation, au premier rang desquels la distance géographique, la préoccupation de l’indépendance des générations les unes par rapport aux autres et le souci de la préservation de l’autonomie de chacun de ses membres amène ces familles à se recomposer en des sphères générationnelles indépendantes les unes des autres. Si les solidarités familiales existent lors des coups durs, ou de manière planifiée en fonction des agendas professionnels des enfants, par exemple, un certain nombre de services sont externalisés auprès de professionnels. En particulier, les aides à la vie quotidienne rendues nécessaires par l’avancée en âge sont pensées par les personnes venues s’installer tardivement sur le registre professionnel. Plus les personnes appartiennent à des milieux aisés, plus elles cherchent à organiser elles-mêmes le suivi et la prise en charge de leur santé, et développent des revendications de choix et d’autonomie fondées sur des critères objectifs de compétences, distinguant ainsi les intervenants professionnels de la communauté locale solidaire. L’insuffisance de services et la compétence aléatoire des professionnels font alors l’objet de fortes critiques chez ces personnes issues de milieu social supérieur. Lorsque Madame Héritier évoque les derniers jours de son mari, elle insiste de manière significative sur la « providence », lorsqu’elle a trouvé une infirmière compétente pour l’assister dans cette épreuve. « j’avais eu une infirmière qui venait, qui était, mais nulle, nulle, nulle ! mais alors, mais nulle ! [rires] Et puis, deux mois avant, y en a une qui est arrivée, qui était infirmière à Marseille, qui en a eu marre pendant un certain temps, qui est venue ici, parce qu’elle avait un, un frère. Et qui a fait un remplacement. Mais… une perle ! Et qui l’a… et qui m’a aidée vraiment, elle aussi, m’a aidée moi aussi, jusqu’au bout… ». Mais même les personnes issues de milieu plus modeste, et notamment les hommes, envisagent ou ont recours à des aides professionnelles pour les aider à faire face au quotidien : il y a là un effet propre du déménagement et de la mise à distance des réseaux familiaux.
27 L’examen des sociabilités des personnes âgées vivant en milieu rural isolé fait apparaître les transformations des communautés locales. Si la culture paysanne reste vivace et commande les relations entre personnes enracinées dans le territoire, fondant solidarités et sociabilités, formelles et informelles, dans une même logique intégrative, elle subit néanmoins des inflexions aux marges. Ainsi, une part non négligeable de ces âgés enracinés développe des relations de sociabilité familiale à distance, plus discontinues, plus intenses, plus partielles aussi que les relations entretenues au sein de la communauté locale.
28 En outre, l’arrivée récente de populations nouvelles dans ces lieux transforme les lieux et les occasions de sociabilité : plus stratégiques, les sociabilités locales des personnes installées sur le tard obéissent à des logiques personnelles de type hédoniste, centrées sur la réalisation de soi, et se distinguent des solidarités, familiales comme professionnelles, ces dernières étant fondées sur une logique fonctionnelle de service et de compétence. À distance de ces deux modèles, les personnes revenues au pays à la retraite paraissent dans une position intermédiaire : pour autant, s’ils sont « bien avec tout le monde », ils ne constituent pas des intermédiaires eux-mêmes entre les réseaux de sociabilité des autochtones et des nouveaux venus. Ils n’orchestrent guère de circulation entre les réseaux autochtones et étrangers au pays. La diversification des sociabilités résulte alors plus d’un effet de composition des populations que d’une transformation en profondeur des modes de vie de ces différents groupes sociaux : l’hybridation entre logiques urbaines et logiques rurales de ces sociabilités s’effectue aux marges des réseaux de sociabilité des personnes âgées.
29 En revanche, en raison même de ces effets de composition des populations, le milieu rural isolé semble traversé lui aussi, à l’instar des autres espaces ruraux, par une certaine urbanisation des relations sociales, « où les principes de transparence, de réciprocité, de plénitude dans les interactions cèdent la place à leurs contraires : l’opacité, la contiguïté, la multiplicité » (Grafmeyer, & Joseph, 1990, p. 42).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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- SIMMEL G. (1981). Sociologie et épistémologie. Paris : PUF.
Notes
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[1]
Brièvement utilisé par l’Insee, ce terme est maintenant remplacé par « autres communes de l’espace rural », ne se trouvant sous l’influence ni d’un pôle urbain, ni d’un pôle d’emploi de l’espace rural.
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[2]
Si les retraités « migrent en priorité vers le rural sous influence urbaine, ils choisissent plus que toutes les autres classes d’âge l’autre rural » (Sencébé, Lepicier, 2007).
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[3]
Des entretiens semi-directifs ont été organisés à trois reprises, à 9 mois de distance, avec 17 femmes et 17 hommes, dont la plupart (23) avait toujours vécu sur place, 4 étaient revenus au pays de leur naissance au moment de la retraite, et 7 s’étaient installés autour de la retraite. Dans le cadre de la recherche « Vieillir en milieu rural : chance ou risque de vulnérabilité accrue ? », contrat GIS Institut de la longévité et du vieillissement, Gucher C. dir., Mallon I., Roussel V., 2007.
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[4]
9,2 habitants au km2 sur le territoire creusois, 17,7 dans le terrain ardéchois.
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[5]
Et on peut étendre le constat aux habitants ayant toujours vécu sur place, sans considération de profession.
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[6]
Les quatre cohabitations familiales, inter ou intra-générationnelles (fratries) ont été observées exclusivement chez les natifs du pays étant toujours demeurés sur place.