1 Le vieillissement rapide de la population s’accompagne depuis quelques années d’un phénomène assez naturel : les personnes âgées et leurs organisations représentatives jouent un rôle de plus en plus prépondérant dans les débats de société et discussions politiques, et ce à tous les niveaux.
2L’influence de ces groupes de citoyens varie certes beaucoup d’un pays à l’autre au sein de l’Union européenne. Certains ont une longue tradition de dialogue civil avec les groupes organisés de citoyens, tandis que d’autres n’en découvrent les vertus que maintenant, au gré d’élections nationales ou sous l’impulsion de ce qu’on appelle en jargon européen la méthode ouverte de coordination (MOC), qui encourage fortement les Etats membres à consulter leur société civile sur les questions d’emploi, de réforme des systèmes de pensions et de soins à long terme.
3Mais qu’en est-il exactement ? Comment fonctionne ce dialogue civil avec les organisations d’aînés à travers l’Europe ? Quelle est leur influence réelle sur le processus décisionnel politique ? Que demandent-ils ?
PRISE DE CONSCIENCE DU BESOIN DE SE FÉDÉRER POUR MIEUX SE DÉFENDRE
4Pendant des années, plusieurs réseaux ont regroupé, de manière formelle ou informelle, des organisations de seniors de divers pays, souvent à l’initiative de quelques personnes particulièrement convaincues du besoin de s’unir pour être mieux entendus. Leur motivation première était en effet de coordonner leurs vues dans le but d’avoir plus de poids sur les décideurs politiques européens. Mais les moyens financiers manquaient pour permettre une réelle coordination et chaque groupe poursuivait son chemin de son côté.
5En 2000, la Commission européenne, qui vient d’adopter deux Directives et un ambitieux programme d’action de lutte contre la discrimination suite à l’entrée de l’extrême-droite dans le gouvernement autrichien, décide, avec le soutien du Parlement européen, de financer une plate-forme qui aura pour mission de fédérer les voix des seniors au niveau européen pour les aider à mieux lutter contre la discrimination dont souffrent les personnes âgées en raison de leur âge.
6Des moyens financiers étant enfin disponibles, AGE-la Plate-forme européenne des personnes âgées voit le jour sous l’impulsion de trois de ces réseaux européens, FIAPA, EurolinkAge et EPSO.
RÔLE DU RÉSEAU AGE AU NIVEAU EUROPÉEN
7Dès sa fondation en 2001, AGE se donne pour objectif de rassembler le plus grand nombre possible d’organisations de seniors afin d’exprimer et de promouvoir les intérêts des personnes âgées et retraitées dans l’Union Européenne (UE) et d’influencer l’agenda politique en leur permettant de participer au débat sur les questions qui les préoccupent.
8Il faut savoir que les décisions prises par les institutions européennes, c’est-à-dire le Conseil des ministres, la Commission, le Parlement et la Cour de Justice, ont un impact direct sur les lois et règlements nationaux et donc sur la vie quotidienne de tous les citoyens de l’UE, y compris les personnes âgées. Or, contrairement à ce qui se passe au niveau national où lois et règlements sont discutés essentiellement au parlement, des processus de concertation existent au niveau européen pour consulter tous les intervenants avant même qu’une proposition soit présentée par la Commission, seule institution européenne à jouir du pouvoir d’initiative.
MÉCANISMES DE CONSULTATION AU NIVEAU EUROPÉEN
9Divers mécanismes ont été développés au cours des années pour permettre une concertation approfondie des acteurs pertinents, non seulement les autres institutions européennes, mais aussi les partenaires sociaux et les groupes de citoyens. C’est ainsi qu’avant de lancer de nouveaux chantiers politiques, la Commission européenne entreprend généralement une vaste consultation en publiant un « Livre vert » dans lequel elle décrit la problématique sur laquelle elle souhaite recevoir des avis et pose les questions auxquelles elle aimerait recevoir des réponses.
10Ces dernières années, certains Livres verts ont été particulièrement bien accueillis par AGE et ses membres : le Livre vert sur les changements démographiques, celui sur les discriminations, la santé mentale, la future stratégie européenne de santé, la réforme du droit du travail, les transports publics, pour n’en citer que quelques-uns.
11Les sujets ne manquent pas et les organisations de la société civile, comme AGE, sont encouragées à répondre de manière extensive à toutes ces consultations.
12Une fois la consultation terminée, la Commission analyse toutes les réponses et publie alors un Livre blanc ou une Communication avec des propositions d’action, voire d’initiatives législatives si elle l’estime nécessaire.
13Ce mécanisme de consultation très en amont est un outil précieux par l’intermédiaire duquel les groupes organisés de citoyens peuvent influencer les futures priorités politiques de l’Union européenne.
14D’autres mécanismes à caractère plus permanent existent aussi, tels que les groupes consultatifs ou Forums mis sur pied par la Commission dans des domaines bien précis. AGE fait partie par exemple du Forum européen de la Politique de Santé, du Forum européen des Pensions, du groupe consultatif sur l’e-inclusion, du groupe consultatif sur l’Année européenne de l’égalité des chances pour tous, etc. La participation à ces divers fora permet d’intervenir et de lancer de nouvelles pistes de débat qui, parfois, se concrétisent en de nouvelles propositions de la Commission.
15Mais comment fait AGE pour s’assurer que les points qu’elle défend dans ses réponses et prises de position correspondent bien aux souhaits de ses membres et des citoyens qu’ils représentent à travers l’Union européenne ? Comment fait-on pour vérifier que les campagnes que nous menons reflètent bien la réalité et les préoccupations des personnes âgées dans les vingt-sept états membres ?
RÔLE CRUCIAL DES ASSOCIATIONS NATIONALES
16Les organisations membres de AGE ont un rôle crucial à jouer dans le réseau. Ce sont elles qui déterminent la direction que défendra AGE en adoptant des positions concertées et ce dialogue civil s’agence à plusieurs niveaux.
17Comme l’a démontré une enquête récente entreprise auprès de nos membres à l’initiative des membres français de AGE, la plupart des organisations de seniors actives au niveau national dans les pays de l’Union européenne ont pour mission de faire du lobby auprès de leurs décideurs politiques régionaux ou nationaux. Certaines sont consultées au même titre que les partenaires sociaux dans les débats qui les concernent. C’est le cas par exemple en Irlande où le Parlement des Seniors s’est assis à la même table que les syndicats et les représentants des employeurs pour négocier avec le gouvernement le nouveau pacte social. Dans d’autres pays, les associations de seniors ne sont consultées que sur les questions de réforme des systèmes de retraites ou de soins pour personnes âgées.
18Dans certains pays, il existe des Conseils d’Aînés qui ont leur mot à dire lorsque les politiques sanitaires et sociales qui les concernent directement sont discutées par leur gouvernement régional. Mais dans l’ensemble, l’enquête révèle que les Constitutions et les organes officiels de consultation des pays de l’Union européenne accordent une place limitée aux organisations de seniors.
19Toujours d’après cette enquête, il existe un parti des retraités dans onze pays de l’Union européenne et dans deux d’entre eux, des représentants des associations de seniors siègent au Parlement national. Par contre, bien qu’il existe un Conseil économique et social (CES) dans quinze pays de l’Union, les associations de seniors ne sont représentées que dans six CES.
20Ce niveau modeste de représentation au sein des corps constitués n’empêche pas les associations de seniors de développer activement leurs activités de défense des intérêts de leurs membres, y compris au niveau régional, et dans dix pays les associations assument avec les autorités communales la responsabilité de la gestion des services sociaux destinés aux personnes âgées.
21Par contre leur participation à la gestion des Fonds de Pension, à l’aménagement urbain et des transports publics, à l’administration des maisons de retraite et des établissements de soins est relativement faible. De même, si une certaine coopération existe entre les organisations de seniors et les partenaires sociaux (syndicats et organisations patronales) dans seize pays, elle est jugée efficace par les associations de seniors de sept pays seulement.
22Au niveau européen, la situation est différente puisque tout citoyen de l’Union européenne peut répondre individuellement à toute consultation lancée par la Commission européenne. Cela vaut bien-sûr pour nos organisations membres, et pour cela tous nos membres sont régulièrement informés des sujets en cours de débat et encouragés à en discuter dans leur réseau.
23Mais pour faciliter le développement de positions communes et augmenter ainsi nos chances d’être entendus, les représentants nationaux à notre Conseil d’Administration sont chargés d’un rôleclé. Ce sont eux qui ont la lourde tâche de coordonner la contribution des membres de AGE de leur pays et d’assurer que leurs remarques sont transmises au secrétariat qui est chargé de rédiger le projet de réponse commune au nom de AGE.
24Nos six groupes de travail (discrimination, emploi des seniors, pensions, inclusion sociale, santé, accessibilité/nouvelles technologies) apportent aussi leur expertise du terrain afin d’alimenter les positions qui sont ensuite soumises à l’approbation du CA.
25Dans certains Etats membres, comme la France, AGE compte de nombreuses organisations membres, et il est d’autant plus nécessaire de coordonner les différents niveaux de représentation afin d’offrir à chacun la possibilité de participer au débat. Ce rôle est assumé avec grande rigueur par nos deux membres français au Conseil d’Administration, Gérard Fouilloux et Michel Riquier qui organisent la coordination informelle du réseau AGE-France.
26Grâce à cette coordination, les membres de AGE en France se disent mieux équipés pour influencer le processus décisionnel national. Le fait d’être bien informés des enjeux que leurs décideurs discuteront à Bruxelles quelques jours plus tard leur permet de « parler le même langage » que leur interlocuteur ministériel et d’être ainsi mieux compris.
PRINCIPALES REVENDICATIONS DU RÉSEAU AGE
DISCRIMINATION À L’ÂGE
27Un Eurobaromètre [1] récent montre que ce sont les personnes âgées qui souffrent le plus de discrimination dans notre société et notamment sur le marché du travail. Cette enquête confirme les témoignages recueillis par nos membres et montre que la discrimination envers les personnes âgées prend des formes diverses, barrières légales ou politiques, stéréotypes, préjugés, voire harcèlement dans certains cas. C’est pourquoi, l’un des chevaux de bataille d’AGE est de combattre la discrimination dont souffrent les aînés dans presque tous les domaines afin de promouvoir une vision de la société plus juste dans un esprit de solidarité intergénérationnelle.
28Les principales recommandations que nous adressons aux décideurs politiques sont de :
- reconnaître que la discrimination envers les seniors existe dans tous les pays de l’Union et que la combattre doit être une priorité politique à tous les niveaux;
- apporter les changements qualitatifs nécessaires aux structures économiques, sociales, culturelles et politiques pour mettre fin à la discrimination dont souffrent certains groupes d’âge;
- reconnaître le caractère multidimensionnel du phénomène et y répondre par des stratégies bien coordonnées;
- promouvoir l’égalité entre groupes d’âge dans toutes les politiques et s’assurer que la responsabilité de lutter contre ce fléau est bien comprise à tous les niveaux de décision afin d’entrainer un réel changement d’attitude envers les personnes âgées.
PROMOUVOIR L’EMPLOI DES TRAVAILLEURS ÂGÉS
29Une constatation ressort nettement des contributions de nos membres : une majorité des 50 ans et plus seraient d’accord de reporter leur départ à la retraite s’ils se sentaient plus valorisés et appréciés dans leur travail. La satisfaction personnelle semble même primer sur l’aspect financier.
30Certains Etats membres sont en avance par rapport à d’autres dans cette réflexion et au niveau européen de nouvelles pistes sont explorées pour promouvoir le vieillissement actif. AGE rappelle dans tous ces débats qu’il convient de porter une attention toute particulière aux difficultés que rencontrent les femmes d’un certain âge pour rester dans le milieu du travail. S’il est difficile pour un homme de retrouver un emploi lorsqu’on a passé la cinquantaine, cela devient quasi impossible lorsqu’on est une femme. Le groupe des femmes de 50 ans+ est le groupe avec le taux d’emploi le plus bas, sauf dans quelques pays, comme les pays nordiques, qui ont depuis longtemps adopté une politique concrète pour favoriser l’emploi des femmes et l’égalité des genres à tous les âges, pas uniquement pour les femmes en âge de procréer. Les politiques familiales doivent tenir compte du cycle complet de la famille et mieux répondre aux besoins des femmes de 50-65 ans.
31Même si l’Union européenne dispose depuis près de 30 ans d’un cadre légal garantissant, sur papier du moins, l’égalité entre femmes et hommes et même si la législation anti discrimination adoptée en 2000 est maintenant transposée et d’application partout, ce n’est pas pour autant que la discrimination a cessé.
32Les membres de AGE s’accordent pour demander aux décideurs politiques de :
- adopter des politiques actives en faveur de l’emploi des seniors et d’en assurer le suivi sur le terrain afin de changer les mentalités;
- permettre aux travailleurs âgés de continuer à se former tout au long de la vie ;
- mettre en place des incitants pour les encourager à rester actifs plus longtemps;
- promouvoir une approche plus positive auprès des employeurs;
- améliorer les conditions de travail en tenant compte des besoins spécifiques de cette tranche d’âge;
- répondre aux besoins spécifiques des femmes d’un certain âge pour leur permettre de rester sur le marché du travail ou de le réintégrer et de concilier vie familiale et vie professionnelle.
ASSURER DES REVENUS ADÉQUATS À TOUTES LES PERSONNES ÂGÉES
33Jusqu’à présent, le débat sur le vieillissement des sociétés européennes a été axé presque exclusivement sur l’augmentation des dépenses de retraite, le rapport de dépendance des personnes âgées, etc., sans qu’il n’y ait de réelle discussion sur les changements qualitatifs qui s’imposent au niveau des structures économiques, sociales et politiques. L’adéquation des revenus n’est pas seulement une question importante pour les personnes âgées, mais aussi pour l’ensemble de la société.
34Tous les pays de l’Union européenne sont en train de réformer leur système de retraites et toutes les projections montrent que les revenus des personnes âgées vont diminuer à l’avenir.
35Tout en reconnaissant que des réformes sont nécessaires pour assurer la viabilité à long terme des systèmes de retraite, AGE s’efforce depuis quelques années d’attirer l’attention des décideurs sur le risque accru de pauvreté auquel devront faire face les femmes âgées si les réformes envisagées ne sont pas assorties de mesures spécifiques en leur faveur.
36Pour donner du poids à nos arguments, nous essayons autant que possible de nous référer à des études entreprises par des organismes indépendants reconnus, l’OCDE, EUROSTAT, etc. Par exemple sur le sujet des revenus des femmes âgées, les documents produits [2] par le «European Centre for Social Welfare Policy and Research» de Vienne, une organisation inter-gouvernementale affiliée aux Nations-Unies et s’occupant de politique sociale et de recherche, nous sont très utiles.
37Ensemble le réseau AGE fait campagne pour que :
- les décideurs politiques s’assurent que les personnes âgées disposent d’un revenu décent lorsqu’elles atteignent l’âge de la retraite;
- tous les états membres de l’Union mettent en place un système de retraites adéquat contrôlé par l’Etat et indexé sur le revenu médian pour permettre aux pensionnés de suivre l’évolution du bien-être général;
- les gouvernements s’assurent que les systèmes de retraite compensent les personnes, essentiellement des femmes, qui ont des responsabilités familiales et interrompent leurs carrières pour s’occuper de membres de leur famille dépendants (enfants en bas âge ou handicapés, parents âgés) et du fait que les femmes gagnent en moyenne 15% de moins que les hommes à travail égal. Ces inégalités ne devraient pas se poursuivre à l’âge de la retraite;
- des informations régulières et accessibles soient disponibles pour que tous puissent bien comprendre à quoi ils auront droit et comment améliorer leurs revenus lorsqu’ils auront atteint l’âge de la retraite. ...
LUTTE CONTRE L’EXCLUSION SOCIALE ET LA PAUVRETÉ
38 Les statistiques actuelles et les projections pour les décennies à venir montrent très clairement qu’il est urgent de s’attaquer à la pauvreté et à l’exclusion des aînés. Les conséquences désastreuses de la canicule de 2003 montrent combien ces groupes sont vulnérables et, dans un contexte de rationnement des dépenses publiques, il est important de trouver de nouvelles approches pour répondre aux besoins de ce groupe de plus en plus à risque.
39Là encore, le fait d’avoir la possibilité de contribuer aux échanges de bonnes pratiques entre Etats membres dans le cadre de la Méthode Ouverte de Coordination (OMC) permet à AGE de transmettre les recommandations de ses membres au plus haut niveau politique européen.
40C’est ainsi qu’en organisant un séminaire sur la maltraitance des personnes âgées en 2006, nous avons réussi à convaincre la Commission européenne de lancer un débat au niveau européen sur ce thème et de préparer une Communication sur le sujet qui devrait être publiée fin 2007. Cette Communication envisagera l’opportunité de développer des standards communs pour les services de soins aux personnes âgées.
41En quelques mots nos principales revendications dans ce domaine sont de :
- mettre en place des mesures concrètes pour combattre les multiples aspects de la pauvreté et de l’exclusion sociale des personnes âgées;
- garantir à toutes les personnes âgées un revenu suffisant, y compris aux groupes les plus vulnérables, comme les femmes et les personnes issues de l’immigration;
- développer des services de qualité pour mieux répondre aux besoins spécifiques de la population vieillissante, en particulier des services de prévention et de soins de proximité;
- adapter et améliorer les conditions de travail des travailleurs âgés comme un moyen de lutter contre la pauvreté et l’exclusion des seniors;
- encourager la participation des personnes en situation de pauvreté et d’exclusion sociale dans les débats politiques à tous les niveaux du processus d’inclusion sociale (Méthode Ouverte de Coordination).
SANTÉ ET SOINS DE LONGUE DURÉE
42Bien que les politiques de santé demeurent de la compétence des Etats membres, les questions liées à la santé sont de plus en plus souvent traitées au niveau européen. C’est ainsi qu’en mars 2005, le Conseil Européen a décidé d’étendre la méthode ouverte de coordination aux questions de santé et de soins de longue durée, faisant de la santé des citoyens, y compris des personnes âgées, une priorité tant nationale qu’européenne.
43Pour les membres de AGE, vieillissement n’est pas nécessairement synonyme de problèmes de santé et trop peu d’efforts sont consacrés à la prévention et à la promotion du bien vieillir. Or, il n’y a que comme cela que nous parviendrons à faire face au vieillissement de la population sans devoir sacrifier la qualité de vie qui nous est chère. C’est pourquoi AGE fait campagne pour que les décideurs politiques adoptent une vision sur le plus long terme en mettant en place une approche globale et coordonnée afin de promouvoir une meilleure santé pour tous dans notre population vieillissante.
44Pour nous les décideurs politiques devraient comprendre l’intérêt d’investir dans la santé de la population et :
- promouvoir des habitudes de vie plus saines, ainsi que l’autonomie et la participation sociale des personnes âgées;
- intégrer le vieillissement démographique dans la nouvelle stratégie européenne de santé et dans toutes les politiques pertinentes de l’Union;
- garantir l’accès à tous aux services de prévention, aux traitements et soins de longue durée en fonction des besoins de chacun et s’assurer que les personnes âgées reçoivent le soutien dont elles ont besoin pour pouvoir mener une vie en toute dignité à leur domicile ou en maison de retraite;
- mettre en place des mesures concrètes pour prévenir la maltraitance à l’égard des personnes âgées, tant physique, que psycho-logique ou financière;
- encourager le développement de médicaments spécialement conçus pour les personnes âgées et promouvoir un usage rationnel et équitable des ressources de santé afin de garantir la viabilité à long terme et l’accès universel de nos systèmes de santé;
- former suffisamment de gérontologues et de gériatres qualifiés pour répondre aux besoins de notre population vieillissante.
NOUVELLES TECHNOLOGIES ET ACCESSIBILITÉ DE L’ENVIRONNEMENT BÂTI ET DES TRANSPORTS PUBLICS
45Des transports publics et un espace urbain accessibles peuvent aider énormément les personnes âgées dans leurs tâches quotidiennes et leur permettre de maintenir des contacts sociaux même en cas de handicap. L’utilisation à bon escient des nouvelles technologies peut aussi aider les personnes âgées à vivre plus longtemps de façon autonome en toute sécurité.
46C’est pourquoi AGE suit de près tout ce qui se développe dans ces domaines et contribue au débat en rappelant les besoins et attentes des personnes âgées. Les principales recommandations que nous adressons aux politiques et à l’industrie dans ce domaine sont de :
- garantir que les produits et services développés pour le grand public soient faciles d’emploi, abordables et adaptés à tous et encourager les personnes âgées à les utiliser;
- développer un cadre légal pour promouvoir l’application des critères universels de « Design pour tous » dans tous les nouveaux produits et services;
- consulter les organisations de personnes âgées lorsque des services, produits ou programmes sont développés spécialement à leur intention et favoriser la coopération entre l’industrie et les organisations de seniors en mettant en place des structures de consultation.
SOLIDARITÉS INTERGÉNÉRATIONNELLES
47AGE ne se préoccupe pas uniquement de défendre les intérêts des personnes âgées d’aujourd’hui, mais fait activement campagne pour promouvoir une plus grande solidarité entre les générations et entre personnes âgées. Pour répondre au défi du vieillissement démographique, de grandes réformes sont mises en œuvre au niveau européen et national. AGE coordonne ses positions avec le Forum Européen de la Jeunesse pour promouvoir un meilleur équilibre intergénérationnel et une plus grande justice sociale dans ces débats. Avec le Forum européen de la Jeunesse, AGE a demandé à la Commission d’organiser une conférence sur le thème de la solidarité intergénérationnelle et notre appel semble avoir été entendu. Cette conférence devrait avoir lieu en 2008 sous présidence slovène.
L’AVENIR DE L’EUROPE : NOTRE AVENIR À TOUS
48Le 25 mars 2007, nous avons fêté le 50e anniversaire de la signature du Traité de Rome. Au cours de ces cinquante dernières années, le projet de Communauté économique européenne a évolué pour devenir l’Union européenne que nous connaissons aujourd’hui. Le nombre de pays engagés dans ce projet commun est passé des six membres fondateurs à 27 Etats membres et la population totale vivant aujourd’hui dans l’Union européenne est d’environ un demi milliard d’habitants.
49En tant que représentants des personnes âgées à travers l’Union européenne, nous avons réfléchi ensemble à cet anniversaire et avons convenu d’adresser une lettre ouverte aux chefs d’Etat et Gouvernement avec nos recommandations sur les points essentiels qui, selon nous, devaient être inclus dans la Déclaration signée à Berlin.
50La plupart d’entre nous se souviennent lorsque cet ambitieux projet fut lancé en 1957 et ont participé à son développement au cours des années. Pour nous, l’Union européenne est devenue symbole de paix, de démocratie, de liberté, de prospérité et de respect des droits humains, et elle a inspiré ceux dont le pays n’était pas encore membre à rejoindre l’Union.
51Les membres de AGE trouvent que la Déclaration de Berlin devait non seulement faire le point sur ce que nous avons accompli ensemble depuis 50 ans, mais aussi inclure notre vision commune pour les 50 ans à venir.
52Le texte final de la Déclaration de Berlin est malheureusement le fruit d’un compromis durement négocié entre Etats membres et nous laisse sur notre faim. Ce court texte fait bien le tour de ce qui a été accompli, mais ne contient pas de vision commune sur ce que nous comptons faire ensemble dans les 50 ans à venir, tout au plus un engagement à essayer de sortir l’Union de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis les deux référendums négatifs en France et aux Pays-Bas.
53AGE continuera donc à faire campagne pour que l’Union européenne puisse atteindre ce que nous pensons être ses objectifs, c’est-à-dire :
- Solidarité: l’Union européenne vise à améliorer la cohésion sociale et le bien-être de tous en promouvant une meilleure justice sociale et plus de solidarité entre les Etats membres, les citoyens et les générations.
- Prospérité: l’Union européenne vise à atteindre une plus grande
prospérité pour tous dans un monde globalisé.
Respect de notre diversité : l’Union européenne vise à promouvoir une plus grande coopération entre Etats membres et citoyens tout en respectant et en valorisant notre diversité culturelle et sociale sans discrimination. - Économie durable: l’Union européenne vise à développer une économie socialement et écologiquement durable dans l’intérêt des générations d’aujourd’hui et de demain.
- Démocratie participative: l’Union européenne vise à encourager la participation des citoyens dans les affaires européennes en promouvant plus de transparence, en facilitant l’accès à l’information, en améliorant les règles de gouvernance et en appliquant des méthodes de consultation efficaces.
- Plus de sécurité: l’Union européenne vise à assurer une plus grande sécurité à tous les citoyens tout en respectant et promouvant les droits humains et les libertés fondamentales.
- Un rôle positif pour l’Union européenne dans le monde: l’Union européenne inclut notre vision et nos valeurs communes dans toutes ses politiques extérieures afin de faire de l’Union européenne un modèle pour la promotion de la paix, d’une meilleure justice sociale, de démocratie et de développement durable.
54Notre appel a été relayé par nos organisations membres auprès de leur chef d’Etat et a renforcé le sentiment de nos membres d’appartenir à un grand réseau poursuivant un but commun. Le débat sur le futur Traité et les élections européennes de 2009 nous offrent de nouvelles occasions de nous mobiliser pour défendre notre vision commune de l’avenir et nous sommes confiants que cette forme de démocratie participative finira par porter ses fruits et contribuera à rapprocher l’Union européenne de ses citoyens et à créer une société européenne ouverte à tous les âges.