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Article de revue

Vieillir en écrivant, écrire en vieillissant : « Ultima Verba » de Prosper Mérimée

Pages 85 à 96

Notes

  • [1]
    Et l’on pourrait dire malgré son appartenance à l’Académie Française.
  • [2]
    On renverra àLa Chambre bleue(1868), petite merveille d’écriture.
  • [3]
    La Mort et Le Mourant (Fables, Livre VIII, 1)
  • [4]
    Il aurait ainsi confié à ses amis : « La patrie, une idée !... quand c’est l’image de ce qu’il y a de plus tangible au monde. C’est la chair de notre chair, l’esprit de notre esprit, le cœur de notre cœur. C’est l’amalgame vivant de nos ancêtres, de nos pères, de nous ; c’est la vibration de toutes nos voix… On dit que je ne crois à rien. Je crois en « Elle », en notre France, je suis son fils idolâtre /…/ Si la France était jamais envahie j’en mourrais !» (rapporté par le marquis de Luppé, Mérimée, Albin Michel, Paris, 1945, p. 200).
  • [5]
    Allusion à la première défaite des troupes françaises le 4 août au cours de laquelle le général Douay est tué.
  • [6]
    Le jeu de mot est-il volontaire ? (c’est nous qui soulignons).
  • [7]
    À Jenny Dacquin, 6 janvier 70.
  • [8]
    « Assurément il y a des révolutions atmosphériques comme il y en a de politiques, et je suis une des victimes des premières » (à Mme Reynaud de St Jean d’Angély, 9 avril 70). Autre confidence du même ordre et qui tend à prouver que, pour lui, sa fin proche s’inscrit dans le cadre d’un grand dessein collectif, qu’elle est « logique »...
  • [9]
    « La médecine ne sait pas guérir les nerfs » (31 mars 70, à Mme de Montijo).
  • [10]
    À Albert Stapfer, le 30 mars 70.
  • [11]
    Panizzi, 4 mai 70.
  • [12]
    À Mme de Rayneval, 5 août 70.
  • [13]
    27 juillet 70.
  • [14]
    17 juillet.
  • [15]
    Panizzi, 7 juillet.
  • [16]
    À la duchesse Colonna, 2 août 70.
  • [17]
    5 mars 70.
  • [18]
    25 mars 70.
  • [19]
    À Edward Ellice, 13 août 61.
  • [20]
    À A. Stapfer, 2 février 70.
  • [21]
    11 mars 1867.
  • [22]
    À Mme de Montijo, 21 mai 70.
  • [23]
    Cf. son recueil Amers.
  • [24]
    À Mme de Beaulaincourt, 6 février 70.
  • [25]
    À Panizzi, 5 mars 70.
  • [26]
    À propos par exemple de l’affaire criminelle à laquelle est mêlé le prince Pierre Bonaparte qui s’est rendu coupable d’homicide le 10 janvier 70, à Auteuil.
  • [27]
    16 janvier 70.
  • [28]
    À Mme de Montijo, 21 mai 1870, à l’occasion du plébiscite controversé du 8 mai.
  • [29]
    À Lise Przezdziecka, 27 février 70.
  • [30]
    Cf. une des toutes dernières lettres de Mérimée, le jour même de sa mort, et donc particulièrement émouvante (23 septembre): « J’espère que vous travaillez ».
  • [31]
    Paul Léon notamment. Un article fort éclairant de M. Philippe Garnier («  Mérimée et la littérature contemporaine française », intervention du 20 mars 2004 au séminaire Mérimée de la Sorbonne) est venu corriger certaines idées reçues dans ce domaine.
  • [32]
    Même au plus fort de sa souffrance, il maintient l’impératif de la lecture et se désole de son infirmité : « J’ai à peine la force de lire; encore bien souvent je ne comprends rien à la page qui était sous mes yeux, et mes pensées sont à mille lieues tristement employées » (à Panizzi, 30 mars 70).
  • [33]
    Panizzi, 25 août 70.
  • [34]
    « Je n’ai jamais pu lire en entier un de ses articles » 26 mars 70, à Mme de Beaulaincourt.
  • [35]
    26 avril 1870, à Jouaust.
  • [36]
    « M. Emile Ollivier est persuadé qu’il est le plus grand homme d’état de notre temps et qu’il peut tout faire. Il me rappelle Lamartine en 1848, qui se croyait aussi le maître de la situation » (Panizzi, 21 mai 70).
  • [37]
    4 janvier 70.
  • [38]
    « Le roman en question m’a paru d’ailleurs assez bête et fait un notable fiasco » (à Mme de Montijo, 19 mars 70). Nietzsche, de même, parlera d’elle en 1888 comme « de la vache à lait au « beau style ».
  • [39]
    À propos de la vente aux enchères de la bibliothèque de Sainte-Beuve (lettre à Panizzi du 30 mars 70) (en dépit de l’agacement qu’il avait pu montrer dans ses jeunes années pour le personnage).
  • [40]
    À Viollet-le-Duc 26 janvier 70.
  • [41]
    À Edward Childe fils, 7 février 70.
  • [42]
    Au sens antique du terme : les sénateurs de Sparte ne pouvaient revendiquer ce titre qu’après 60 ans.
  • [43]
    Une lettre particulièrement émouvante (à Jules Desnoyers, 6 juin 70) nous le montre fort préoccupé des Chroniques des Eglises d’Anjou, publication qu’il était censé recevoir mais dont son exil cannois l’a inexplicablement privé. Sa passion archéologique en 70, on le voit, ne se dément pas.
  • [44]
    Cf. lettre à Edward Childe fils du 7 février 70.
  • [45]
    Lettre à Panizzi du 3 février 70. Précisons que Mérimée, qui s’avoue par ailleurs foncièrement démocrate, est allé voter à l’occasion du plébiscite de mai 70, en dépit de sa quasi incapacité à se déplacer.
  • [46]
    Cf. la lettre à Tourguéniev du 2 août 70 (2 mois avant sa mort) où il invoque la figure tutélaire de son vieux compagnon.
  • [47]
    À Mme Regnaud de St Jean d’Angély, 9 avril 70. On renverra également à ce sujet aux pages 41,101, 25 de l’édition de Maurice Parturier, Toulouse, 1961.
  • [48]
    À Jenny Dacquin, le 6 janvier 70, à propos de l’hiver exceptionnellement rigoureux de cette année.
  • [49]
    Albert Cohen Carnets 78, Gallimard, 1979, folio p.43.

1Bien que sénateur, membre de plusieurs académies [1] et d’une certaine façon homme public – il est haut fonctionnaire, chargé d’une importante mission de sauvegarde des Monuments Historiques et après 1852 « favori » de l’Impératrice –, Mérimée n’en entretient pas moins assidûment et pour ainsi dire pieusement tout au long de sa vie un commerce essentiel avec la Littérature. Outre son roman (Chronique du règne de Charles IX), ses fameuses nouvelles (Colomba, La Double méprise, La Vénus d’Ille, etc.) qu’il compose – dit-il – en dilettante, il écrit dans diverses revues, donne des comptes rendus de lecture, rend à l’Administration des rapports d’inspection extrêmement fouillés, jalonne sa route – il parcourt la France en tous sens – d’innombrables mémoires et notices, rédige des préfaces (à Cervantès, à Tourguéniev, etc.) qui sont autant d’éléments de critique littéraire, traduit le russe, s’adonne à des études historiques… et bâtit, chemin faisant, son extraordinaire correspondance.

2Lorsqu’il ressent les premières affections de sa maladie en 1852 – il a 49 ans –, maladie qui va progressivement « ruiner son existence » (selon ses propres termes) jusqu’à sa mort en 1870, Mérimée voit survenir un événement intime considérable : il se sent de jour en jour plus affaibli, ses capacités physiques sont amoindries, il sait qu’il est entré dans une phase irréversible et terminale de sa vie. Or son activité littéraire ne se dément pas ; bien au contraire, elle se poursuit vigoureusement, jusqu’à produire de petits chefs d’œuvre : Lokis (1869) par exemple pour les nouvelles, mais on s’intéressera ici plus particulièrement aux pages injustement négligées et pourtant admirables de sa correspondance. L’homme public se retire peu à peu du jeu : dans les derniers temps il se bornera à animer et égayer les stations successives (à Compiègne, Biarritz et Fontainebleau) de la Cour Impériale. Mais l’écrivain est intact.

3La production de cette période en effet, et quels que soient les registres, est une série de délicates pièces d’art, d’ouvrages d’orfèvrerie, marqués du sceau du dernier Mérimée, c’est-à-dire empreints d’une grâce, d’une légèreté extrêmes et d’une subtile ironie tout à la fois [2]. Nous nous intéresserons plus précisément, de ce fait, à ces dernières années – notamment 70 – : le temps et l’écriture s’entrelacent, s’affrontent, se mesurent, s’apprivoisent l’un l’autre… Vieillir en écrivant, écrire en vieillissant : c’est à méditer cette dialectique-là que Mérimée nous invite tout au long d’un texte de haute lisse et pour ainsi dire damassé qu’il tisse patiemment, dialectique sur laquelle nous nous proposons de nous attarder quelque peu. Si vieillir, c’est apprendre à penser sa mort, à s’être «[soi-même] averti / du temps où l’on se doit résoudre à ce passage », à supposer – avec La Fontaine – qu’il soit souhaitable qu’à certain âge,

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« On sortît de la vie ainsi que d’un banquet,
Remerciant son hôte, et qu’on fît son paquet » [3],

5on peut soutenir alors que Mérimée suit les préceptes d’un de ses maîtres et frères en littérature : sans fracas, ni prolégomènes philosophiques, il trace le chemin d’une sagesse discrète.

VIEILLIR EN ÉCRIVANT

6Qu’il s’agisse de ses propres maux ou de ceux de la France en proie déjà à la « débâcle » [4], qui l’affecte profondément, Mérimée fait part à ses divers correspondants de ses inquiétudes, de ses souffrances aussi, comme si l’évocation et la « saisie mentale » des événements que permet l’écriture – sorte de cristallisation du temps s’opérant dans le Sujet – étaient de nature à lui procurer sinon un soulagement, du moins un apaisement. Le fait est d’ailleurs qu’il ne peut s’empêcher d’associer étroitement sa situation personnelle et le drame national :

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« Je suis toujours dans le même état, peut-être un peu mieux, mais toujours bien faible et si nerveux que le moindre accident me cause quelques minutes de suffocation. L’affaire de Wissembourg [5] m’a presque donné une attaque de nerfs » (lettre à Mme de Montijo, 6 août 70).
« Je ne sais ce que deviendra mon naufrage particulier au milieu de tant d’autres. Le moment est mauvais mais je n’aurai pas probablement longtemps à souffrir, car ma santé empire [6] tous les jours » (à Panizzi, le 16 août 70).
«/…/ chez les gens nerveux comme moi, l’inquiétude est une maladie à elle seule » (à Miguel d’Antas, 21 août 70).

8Faut-il aller jusqu’à penser que Sedan ou ses prémices sont la cause directe de sa mort, qu’il aurait succombé en partie à des troubles d’origine psycho-somatique ou que ceux-ci l’aient lentement miné ? On ne saurait l’affirmer. Sans doute plus vraisemblablement ont-ils joué le rôle de facteur aggravant, voire de déclencheur d’une maladie latente… Toujours est-il que Mérimée, quand il envisage très lucidement l’éventualité d’un bouleversement politique (il parle d’une « révolution » pire que celle de 48 et recourt pour la décrire à la métaphore théâtrale) [7], « voudrait bien que la représentation fût un peu retardée, pour n’y pas assister ». Non qu’il soit catastrophiste ou prophétise l’Apocalypse, non qu’il s’identifie emphatiquement à son pays : il pressent simplement que son temps doit s’achever avec son époque, qu’une corrélation symbolique les unit certainement et qu’il serait indécent sinon coupable de contrevenir à cette étrange synchronie [8].

9Pour en revenir à sa maladie objective, il est intéressant de voir avec quelle constance il tente de nommer, voire de diagnostiquer son mal, qui – en dépit des consultations en tous genres – résiste singulièrement à l’explication rationnelle. Depuis 1856, il dit respirer difficilement. En 1862, le docteur Gavarret (à Paris) constate une « affection rhumatismale des muscles de la poitrine », le docteur Trousseau lui prescrit du tir à l’arc pour fortifier ces mêmes muscles et la Faculté usera tour à tour de maints vocables pour caractériser sa maladie : asthme nerveux, catarrhe, bronchite chronique… De Luppé dans sa biographie penche pour l’emphysème, les rédacteurs du «Moniteur universel» pour « un asthme à l’estomac »! (25/06/70). S’agissait-il d’un cancer des poumons ? Mérimée lui-même tâtonne forcément, contraint de recourir de manière récurrente à de vagues qualificatifs : il se dit « tout patraque », « dolent », « souffreteux »… « Mon grand mal est une névrose [9], précise-t-il [10], et vous savez que la médecine est à peu près impuissante. Joignez à cela l’asthme qui me prend de temps en temps et qui n’est pas une addition à la souffrance, mais une multiplication au cube et au carré ». Il se plaint en outre de ne plus pouvoir ingérer de nourriture, de ses insomnies, de son alitement forcé, il lui semble quand il quitte la chambre « que [ses] genoux [ont] deux jointures » [11], qu’il a « les pieds et les jambes comme un éléphant » [12]. Vésicatoires, arsenic, térébenthine, iode, serviettesmiracles des religieuses de Tarascon, bain d’air comprimé sous la cloche du docteur Bertin… rien n’y fait, aucun remède n’est véritablement efficace, pas même cette étrange pompe à oxygène artisanale dont il fait le croquis à Panizzi et qu’il lui recommande fort [13]. Que penser aussi du « chloral », lui demande-t-il par ailleurs [14], non exempt de dangers mais que l’on prétend supérieur à « toutes les préparations opiacées »? Des « chocs électriques » que son ami a expérimentés ? Et de lui conseiller en désespoir de cause le seul traitement qui ait un tant soit peu fait ses preuves contre l’insomnie : « un peu de chocolat à trois heures du matin »…

10Ces lettres, par ailleurs, rendent compte à leur manière de la relative fumisterie du corps médical qui à l’époque du positivisme triomphant et à l’aube des grandes découvertes dans ce domaine, n’est pas loin d’évoquer l’univers de la farce moliéresque : « Je viens de consulter, confie encore Mérimée, deux savants hommes très en réputation l’un et l’autre. Ils me donnent quelques espoirs mais me disent que j’en ai pour longtemps encore à garder la chambre et à souffrir » [15]; et plus loin encore : « Depuis Mithridate jamais médecins et empoisonneurs, c’est tout un, ne se sont autant exercés sur une pauvre carcasse que sur la mienne » [16].

11Si le fait de se représenter sa propre maladie lui est d’un secours évident sur le plan métaphysique et dans le cadre de la « prise en charge » existentielle à laquelle il est résolu, les modulations autour du thème de la maladie en général, notamment de la maladie d’autrui, ne le sont pas moins. Au fil des lettres nous assistons à ce propos à une sorte de « thème et variations » assez drôle et qui confine parfois à l’humour noir. Ainsi conseille-t-il à son ami De Saulcy, qui lui a fait le récit de ses terribles colites néphrétiques, « de ne pas faire le bédouin et passer des journées le cul sur la selle » comme jadis, mais de se contenter de «[son] fauteuil sénatorial et de [sa] chaise académique » [17], et lui prescrit-il une cure à Contrexéville. Il se préoccupe également des crises de goutte de Tourguéniev [18], de « l’angine couenneuse » (sic) dont est atteinte Mme Delaborde, du « rhume opiniâtre » de Mme de Montijo, de la rougeole de Mme Fould, de la jaunisse du « pauvre Ker », de l’état de santé de son cher compagnon d’infortune Panizzi, chez qui il flaire [19] un « rhumatisme goutteux » doublé d’une « disposition à la bronchite «– non sans mettre scrupuleusement à jour la chronique nécrologique (Mme Standish : apoplexie, Léon de Laborde : diphtérie, Mme de Lhourmel, dame d’honneur de l’Impératrice, a sombré dans la folie dans sa 47e année, le colonel Pollet, mari de la trésorière de l’Impératrice : mort subite, la comtesse Téléki : emportée, à Damas, par une mauvaise fièvre, etc): « Cannes était autrefois inconnue des malades; à présent ils y viennent trop et la mortalité y est grande » [20]

12L’acte d’écrire en l’occurrence n’est pas seulement une manière de conjurer le mal, il constitue une mesure d’« hygiène » intellectuelle et morale : il s’agit toujours pour lui en effet de garder, contre vents et marées, l’esprit vif et clairvoyant, de l’exercer à ses figures habituelles, de conserver intacte son intelligence du monde et d’autrui. On voit bien ainsi que Mérimée, en bon héritier des Classiques, cultive avec bonheur le trait, le mot d’esprit, qu’il a comme à l’accoutumée le sens des formules, de ce qu’il appelle les « concetti », qui émaillent de loin en loin sa correspondance et en font tout le charme. Car le « concetti » n’est jamais chez lui voyant ni recherché, il émane d’une lente maturation interne, il est le fruit naturel d’une réflexion qui, en dépit des apparences, n’est pas commentaire gracieux et inconsistant apporté à telle ou telle question, mais effort de synthèse et prompte résolution d’une véritable problématique implicite. Lorsqu’il annonce par exemple à Mme de Beaulaincourt [21] que « les constitutions et la liberté vont [aux Français], révérence parler, comme des manchettes à un cochon » ou lorsqu’il constate, pour dire toute sa détresse de malade, que « la machine est vieille et usée et [qu’] on n’a pas plus tôt raccommodé une avarie qu’il s’en déclare une autre » [22], la figure humoristique et métaphorique vient conclure et comme couronner fugacement tout un cheminement de la pensée. Chaque lettre, de ce point de vue, constitue – toutes proportions gardées – une sorte d’exercice spirituel, de travail intérieur destinés à entretenir sa faculté de discernement. Ce n’est ni plus ni moins au fond que la façon toute mériméenne de susciter la création poétique : sans tambours ni trompettes, sous la forme de légères accentuations stylistiques, il rend cet « hommage à la vivacité divine » [23] que prône Saint-John Perse sur le mode lyrique.

13En voici d’autres exemples :

  • (à propos de la principauté de Monaco) : « La fille d’un duc de Hamilton épousant un prince qui vit d’un tapis vert et qui vole un voleur. Ce mariage ne montre-t-il pas l’abaissement de notre temps ?» [24].
  • (à propos des vrais faux grands hommes): « Voilà Garibaldi qui finit comme les catins, par faire des livres. Il paraît que c’est toujours par là qu’on finit, quand on ne peut plus faire autre chose. Bien que je ne m’attende pas à un chef d’œuvre, je compte le lire » [25].

14Si les lettres auxquelles nous nous intéressons témoignent d’une grande variété de ton et de composition, elles sont articulées néanmoins autour d’un nombre bien délimité de sujets ou de rubriques qu’elles combinent diversement selon les correspondants, l’air du temps et l’humeur de l’épistolier. Ce sont principalement en 1870 : la vie politique française et les relations internationales, la chronique mondaine assortie des meilleures anecdotes, les turpitudes de l’Académie française, les faits divers, la vie littéraire et intellectuelle, le temps qu’il fait. Mérimée est habile à établir toutes sortes de correspondances, à passer de l’anecdotique au général [26] et vice versa, à faire alterner aussi les perspectives conversationnelles : déplore-t-il auprès de son « cher Sir Anthony » sa situation misérable ? C’est immédiatement pour s’enquérir de la santé de son ami cette fois, puis – en effectuant promptement le bond de Cannes à Londres – pour inviter le directeur du British Museum à reprendre ses activités [27].

15De même, il n’est pas rare qu’en matière politique Mérimée se livre à des analyses réellement prémonitoires, sinon visionnaires. Tel est le cas à propos du suffrage universel [28] dont il se demande comment il pourra être adopté en bloc sans désorganiser gravement le pays et s’il n’est pas à craindre qu’il ouvre la voie à l’épreuve de force de la grève systématique puis à une forme de terrorisme social… Il se garde bien pourtant ici de tomber dans le nihilisme des millénaristes et autres prophètes de malheur, dont la spécificité est de proclamer l’absence de quelque futur que ce soit, c’est-à-dire au fond l’incapacité à penser le temps au-delà des limites de leur propre existence. Bien au contraire Mérimée confronte constamment les faits passés et présents, se soucie toujours de fonder son jugement sur une prise en compte des dynamiques de l’Histoire, et s’il augure mal des signes de délitement qui se manifestent de toutes parts, il n’en prédit pas pour autant l’anéantissement de la France, le chaos universel et la fin des temps. Sa retraite à Cannes, à cet égard, n’est point celle d’un misanthrope, mais plutôt d’un ermite – la nuance est d’importance –, d’« un pauvre malade qui aime encore le monde » [29].

ÉCRIRE EN VIEILLISSANT

16Il apparaît donc clairement à la lecture de ces pages tardives que Mérimée, au prix d’une ascèse quasi quotidienne, réaffirme toujours plus vigoureusement – à sa façon – la force de l’esprit (de l’Esprit ?), dans l’épreuve toujours recommencée du calvaire qu’il endure peu à peu, sans jamais céder à la tentation de l’isolement farouche. L’entreprise pourtant nourrit un projet plus vaste et aux ramifications plus anciennes, qui s’épure, de fait, et se précise au fur et à mesure que l’on avance en âge. C’est du coup la question de savoir pourquoi l’on écrit, si l’Ecrivain peut réellement se prétendre investi d’une mission – à défaut : d’une fonction – à laquelle il est sommé de manière de plus en plus pressante de répondre…

17Contrairement à ce que ses « bluettes » (traduisons : ses nouvelles) pourraient laisser croire, il ne s’est aucunement adonné à une littérature de divertissement, au sens pascalien du terme. La Chambre bleue, Arsène Guillot, Lokis, etc., en disent long au demeurant sur les inquiétudes, les travers de son temps et sont toutes empreintes d’une gravité philosophique. L’objet n’est jamais en vérité pour Mérimée de produire un écran de fumée, un trompe-l’œil permettant de s’abuser, de se détourner de l’idée de la mort. Même s’il s’est bien gardé d’affirmer rien de tel et de donner dans le pompeux, son œuvre tout entière murmure ou susurre à qui veut l’entendre son credo : écrire n’a de sens que contre la mort, mais aussi face à la mort, l’écrivain n’a de raison d’être qu’en tant qu’il « entre » véritablement en littérature et participe d’une vaste entreprise de transfiguration du monde.

18C’est la raison pour laquelle sa veine et son verbe ne s’épuisent pas en ces années de défaillance, que son goût pour l’écriture n’est pas annihilé par la perspective de la mort; plus que jamais l’écrivain doit s’acquitter, semble-t-il, avec dévotion de la tâche auguste qui lui revient. C’est donc la raison pour laquelle il ne saurait alors freiner ou interrompre son activité littéraire, la forme de communication pour lui la plus haute et accomplie qui soit. Il y va là d’une priorité essentielle et impérieusement affirmée : dans et par l’écriture, c’est la relation à autrui que l’écrivain Mérimée s’évertue à garantir, c’est d’une certaine manière le culte de l’Autre qui est célébré. C’est un peu cela qu’il proclame à maintes reprises quand il signale quelle importance vitale revêt pour sa part le « travail »: « Je voudrais au moins trouver quelques distractions dans le travail; mais, pour travailler, il faut une force qui me manque » confie-t-il à Jenny Dacquin le 15 mai 1870, à qui il adresse néanmoins une longue et belle lettre… Le conseil qu’il prodigue de même à « l’autre » écrivain dont la destinée lui est chère, est invariablement : « Travaillez !» [30], et la formule de politesse par laquelle il clôt sa lettre du 25 mars 1870 montre assez clairement à quelles valeurs il est d’abord attaché : « Adieu, cher Monsieur, je vous souhaite de la santé et le goût du travail. Je crois que c’est le bonheur ».

19Rien que de très naturel alors dans l’extrême curiosité littéraire et appétit de lecture dont il fait continûment preuve. Mérimée, contrairement à ce que certains biographes ont pu avancer [31], lit ses pairs [32], se passionne en réalité pour le fait littéraire et s’emploie à séparer le bon grain de l’ivraie, ne fût-ce que mentalement (le devenir de l’ivraie s’avérant de toute façon, à terme, fort compromis…). Au milieu du charivari « médiatique », de la cohue bavarde des faux docteurs autoproclamés pontifes des lettres, il n’a de cesse au fond qu’il n’ait aperçu les vrais talents, les vrais exégètes de leur temps. C’est ainsi qu’il range dans le camp « du désordre et de la bêtise » [33] Louis de Loménie qui a pour seul mérite de bénéficier d’appuis puissants [34], Jacques Tahureau , vis-à-vis de qui il observe une réserve polie [35], Emile Ollivier dont il compare volontiers l’enflure à celle d’un Lamartine [36], qu’il n’estime guère davantage, Emile Augier auquel il ne se prive pas de confier en termes choisis à quel point il trouve sa comédie affligeante [37]. Quant à George Sand, elle est tout bonnement pour lui l’emblème le plus pathétique de la médiocrité ambiante [38]. Son Panthéon est tout autre : il relit à cette époque l’Electre de Sophocle, Don Quichotte est un de ses livres de chevet, il se propose d’annoter une nouvelle édition des Tragiques de D’Aubigné, réserve à Jenny Dacquin deux fleurons de sa bibliothèque personnelle : Shakespeare et les lettres de Mme de Sévigné. Il soutient la candidature de Gautier à l’Académie française, a lu et apprécié l’Histoire des Perses de Gobineau, révèle incidemment son admiration pour Chateaubriand [39], se prend d’une très grande affection pour Tourguéniev auquel il croit et dont il favorise l’éclosion en l’installant avec beaucoup de sollicitude dans les Lettres françaises, il s’incline pieusement enfin devant Flaubert : « J’ai lu beaucoup de toutes sortes de livres, entre autres l’Education sentimentale de Flaubert. Je ne l’ai vu qu’une fois ou deux et il m’a plu » [40].

20Mérimée d’ailleurs n’a pas la dent assez dure pour stigmatiser les faux-monnayeurs précités, dont l’indigence se mesure à la convoitise plus ou moins marquée dans la course ébouriffée au fauteuil d’Académicien. Il ne manque pas de dresser la chronique des brigues, prévarications et autres basses menées dont il est – en tant qu’Académicien lui-même – le témoin privilégié : « D’ici [1871] il mourra bien d’autres [habits verts]. J’apprends que M. Lebrun est bien malade. Villemain, Guizot, moi, nous donnons beaucoup d’espoir aux candidats de l’avenir. Mais en 1871 y aura-t-il une Académie française ?» [41].

21Lire au sens où l’entend Mérimée, c’est nécessairement aussi écrire, autrement dit entretenir le dialogue avec les honnêtes hommes de son temps et rendre compte à sa manière des tropismes de son temps. Il se consacre, outre ses dernières nouvelles, à la traduction de celles de Tourguéniev (Etrange histoire notamment), remanie des préfaces aux éditions de Cervantès, de Foeneste, rédige sous forme d’interpellation au ministre le projet qui lui tient à cœur de réformer les conditions de sélection à l’Ecole des Beaux-Arts, rend compte dans le «Journal des Savants», dans «Le Moniteur» de la parution d’ouvrages aussi divers que l’Histoire de la fausse Elizabeth II ou la correspondance de Mme du Deffand…

22Le géronte [42] qu’il est bientôt devenu est un observateur particulièrement averti des convulsions de son époque. Les journaux et revues [43] qu’il reçoit régulièrement à Cannes – il lit «Le Constitutionnel», «La Revue des Deux Mondes»…, le «Times» et même les journaux américains ! [44] – lui donnent une idée suffisamment précise de l’évolution de la situation générale en Europe, en France en particulier, et lui permettent de développer à ce sujet des analyses d’une extraordinaire clairvoyance – si l’on en juge rétrospectivement. C’est la correspondance là encore qui va faire office de tribune libre : non seulement il comprend que la France n’est pas prête au parlementarisme (veulerie et irresponsabilité patente des dirigeants ou représentants du peuple, risque évident de corruption généralisée, faibles affinités des Français naturellement insoumis), mais il perçoit encore, en sociologue, la lente résurgence de l’instinct grégaire et – paradoxalement – la montée en puissance d’un individualisme sauvage qui, sous couvert de faire gouverner la majorité, instaure la dictature de la médiocrité, – toutes sortes de fléaux qui mèneront à la IIIe République puis au conflit mondial :

23

« Si jamais le gouvernement parlementaire a été fait pour le bien d’une nation, ce n’est pas assurément pour la nôtre. Après quatre-vingts ans d’expérience, elle n’y comprend rien encore, ou plutôt lui est absolument antipathique. Le sentiment de tout Français s’oppose à ce qu’il prenne une initiative quelconque, et en même temps le pousse à critiquer tout ce qui le contrarie » [45].

24Plus que jamais donc il poursuit en 1870 son entretien avec le monde, et l’examen des derniers tomes de sa correspondance nous révèlent à cet égard quels sont – outre les défunts, tel Beyle avec qui de subtils liens spirituels sont impeccablement préservés [46] – ses amis véritables, ses confidents, ses frères d’élection. L’intérêt majeur de cette correspondance au fond n’est-il pas de proclamer et célébrer tout à la fois cette amitié précieuse entre toutes ? Viollet-le-Duc, l’architecte confraternel qu’il connaît depuis 35 ans, Tourguéniev son alter ego russe, Mme de Beaulaincourt, avec qui il partage sa passion – d’aucuns la diraient puérile – pour l’herborisation, Jenny Dacquin la fidèle inconnue, Mme de Montijo mère de l’Impératrice Eugénie rencontrée lors de son premier voyage en Espagne en 1830 et demeurée pour toujours une sorte de sœur aimante, Lise Przezdziecka la présidente de la « Cour d’amour » dont il est dans les années 60 le secrétaire dévoué, la duchesse Colonna aristocrate et sculpteur dont il se sent proche…, Panizzi enfin et surtout, son confrère du British Museum et son vrai compère, célibataire comme lui et comme lui amateur de bon vin, tels sont les luminaires de cette constellation si chère à son cœur vers laquelle s’élèvent sa complainte, sa prière, voire sa louange. Est-il confession plus émouvante en effet que celle qu’il adresse à Panizzi justement le 30 mars 70 : «/…/ cela durera ce que cela durera. Parmi quelques regrets de quitter ce monde, un des grands que j’ai, c’est de ne pas vous serrer la main »?

25Complainte, prière, voire louange en effet. Car bien souvent cet érudit hors pair, archéologue, sénateur, académicien et familier des grands se penche sur telle ou telle fleur et scrute amoureusement ces petites créatures improbables, et c’est alors comme s’il se mettait au pied d’une Création source intarissable d’étonnement : « Connaissez-vous une plante parasite qui pousse sur les racines du ciste, et qui ressemble à une grosse fraise ? /…/ Je ne l’ai jamais vue que dans ce pays-ci où j‘ai longtemps cru qu’il n’y avait d’autre parasite que le gui, parmi les plantes, bien entendu. On l’appelle, je crois Cirrhinus hypocistus » [47]. Et dans une autre tonalité : « C’était lamentable de voir les grandes plantes à belles fleurs comme les wigandias, hauts de sept à huit pieds la veille, avec de nombreux boutons, réduits en consistance d’épinards dans l’espace d’une nuit » [48]

26La tendresse ici est teintée d’humour. Est-il besoin de le souligner ? Ces morceaux choisis l’auront suffisamment montré (ne serait-ce que dans la satire des Diafoirus contemporains qui se dessine en filigrane) et l’on pourrait gloser encore à ce propos : l’écriture mériméenne est profondément et essentiellement humoristique. Peut-être une des vertus de cette correspondance est-elle de nous aider à mieux saisir précisément la finalité de l’humour : s’il met à nu une carence, circonscrit un défaut, une manifestation du « mal », il l’élimine en quelque sorte dans le même temps; c’est la subjectivité même de l’humoriste qui est à cet égard décisive : si celui-ci confesse, au premier chef, une passion, une tentation – la manie des plantes –, il s’en dégage pour ainsi dire instantanément : l’autodérision étant de fait la clef de voûte du mécanisme humoristique – voir ci-dessus la mention des « épinards ». Mais alors il en dégage aussi implicitement ses semblables : la commisération étant alors le corollaire de l’autodérision. C’est dans cet art du détachement et de la catharsis verbale qu’excelle le vieux Mérimée et c’est en cela qu’il est plus que tout autre peut-être fondé à comprendre les bouleversements historiques auxquels il lui est donné d’assister, à ne pas désespérer non plus du devenir de la France, détaché mais non point indifférent, absurdement fervent et non point passéiste. « Ils sont libres et indépendants les connaisseurs de leur fin proche » [49] … Finalement Mérimée n’a pas vieilli.


Date de mise en ligne : 01/02/2009.

https://doi.org/10.3917/gs.114.0085

Notes

  • [1]
    Et l’on pourrait dire malgré son appartenance à l’Académie Française.
  • [2]
    On renverra àLa Chambre bleue(1868), petite merveille d’écriture.
  • [3]
    La Mort et Le Mourant (Fables, Livre VIII, 1)
  • [4]
    Il aurait ainsi confié à ses amis : « La patrie, une idée !... quand c’est l’image de ce qu’il y a de plus tangible au monde. C’est la chair de notre chair, l’esprit de notre esprit, le cœur de notre cœur. C’est l’amalgame vivant de nos ancêtres, de nos pères, de nous ; c’est la vibration de toutes nos voix… On dit que je ne crois à rien. Je crois en « Elle », en notre France, je suis son fils idolâtre /…/ Si la France était jamais envahie j’en mourrais !» (rapporté par le marquis de Luppé, Mérimée, Albin Michel, Paris, 1945, p. 200).
  • [5]
    Allusion à la première défaite des troupes françaises le 4 août au cours de laquelle le général Douay est tué.
  • [6]
    Le jeu de mot est-il volontaire ? (c’est nous qui soulignons).
  • [7]
    À Jenny Dacquin, 6 janvier 70.
  • [8]
    « Assurément il y a des révolutions atmosphériques comme il y en a de politiques, et je suis une des victimes des premières » (à Mme Reynaud de St Jean d’Angély, 9 avril 70). Autre confidence du même ordre et qui tend à prouver que, pour lui, sa fin proche s’inscrit dans le cadre d’un grand dessein collectif, qu’elle est « logique »...
  • [9]
    « La médecine ne sait pas guérir les nerfs » (31 mars 70, à Mme de Montijo).
  • [10]
    À Albert Stapfer, le 30 mars 70.
  • [11]
    Panizzi, 4 mai 70.
  • [12]
    À Mme de Rayneval, 5 août 70.
  • [13]
    27 juillet 70.
  • [14]
    17 juillet.
  • [15]
    Panizzi, 7 juillet.
  • [16]
    À la duchesse Colonna, 2 août 70.
  • [17]
    5 mars 70.
  • [18]
    25 mars 70.
  • [19]
    À Edward Ellice, 13 août 61.
  • [20]
    À A. Stapfer, 2 février 70.
  • [21]
    11 mars 1867.
  • [22]
    À Mme de Montijo, 21 mai 70.
  • [23]
    Cf. son recueil Amers.
  • [24]
    À Mme de Beaulaincourt, 6 février 70.
  • [25]
    À Panizzi, 5 mars 70.
  • [26]
    À propos par exemple de l’affaire criminelle à laquelle est mêlé le prince Pierre Bonaparte qui s’est rendu coupable d’homicide le 10 janvier 70, à Auteuil.
  • [27]
    16 janvier 70.
  • [28]
    À Mme de Montijo, 21 mai 1870, à l’occasion du plébiscite controversé du 8 mai.
  • [29]
    À Lise Przezdziecka, 27 février 70.
  • [30]
    Cf. une des toutes dernières lettres de Mérimée, le jour même de sa mort, et donc particulièrement émouvante (23 septembre): « J’espère que vous travaillez ».
  • [31]
    Paul Léon notamment. Un article fort éclairant de M. Philippe Garnier («  Mérimée et la littérature contemporaine française », intervention du 20 mars 2004 au séminaire Mérimée de la Sorbonne) est venu corriger certaines idées reçues dans ce domaine.
  • [32]
    Même au plus fort de sa souffrance, il maintient l’impératif de la lecture et se désole de son infirmité : « J’ai à peine la force de lire; encore bien souvent je ne comprends rien à la page qui était sous mes yeux, et mes pensées sont à mille lieues tristement employées » (à Panizzi, 30 mars 70).
  • [33]
    Panizzi, 25 août 70.
  • [34]
    « Je n’ai jamais pu lire en entier un de ses articles » 26 mars 70, à Mme de Beaulaincourt.
  • [35]
    26 avril 1870, à Jouaust.
  • [36]
    « M. Emile Ollivier est persuadé qu’il est le plus grand homme d’état de notre temps et qu’il peut tout faire. Il me rappelle Lamartine en 1848, qui se croyait aussi le maître de la situation » (Panizzi, 21 mai 70).
  • [37]
    4 janvier 70.
  • [38]
    « Le roman en question m’a paru d’ailleurs assez bête et fait un notable fiasco » (à Mme de Montijo, 19 mars 70). Nietzsche, de même, parlera d’elle en 1888 comme « de la vache à lait au « beau style ».
  • [39]
    À propos de la vente aux enchères de la bibliothèque de Sainte-Beuve (lettre à Panizzi du 30 mars 70) (en dépit de l’agacement qu’il avait pu montrer dans ses jeunes années pour le personnage).
  • [40]
    À Viollet-le-Duc 26 janvier 70.
  • [41]
    À Edward Childe fils, 7 février 70.
  • [42]
    Au sens antique du terme : les sénateurs de Sparte ne pouvaient revendiquer ce titre qu’après 60 ans.
  • [43]
    Une lettre particulièrement émouvante (à Jules Desnoyers, 6 juin 70) nous le montre fort préoccupé des Chroniques des Eglises d’Anjou, publication qu’il était censé recevoir mais dont son exil cannois l’a inexplicablement privé. Sa passion archéologique en 70, on le voit, ne se dément pas.
  • [44]
    Cf. lettre à Edward Childe fils du 7 février 70.
  • [45]
    Lettre à Panizzi du 3 février 70. Précisons que Mérimée, qui s’avoue par ailleurs foncièrement démocrate, est allé voter à l’occasion du plébiscite de mai 70, en dépit de sa quasi incapacité à se déplacer.
  • [46]
    Cf. la lettre à Tourguéniev du 2 août 70 (2 mois avant sa mort) où il invoque la figure tutélaire de son vieux compagnon.
  • [47]
    À Mme Regnaud de St Jean d’Angély, 9 avril 70. On renverra également à ce sujet aux pages 41,101, 25 de l’édition de Maurice Parturier, Toulouse, 1961.
  • [48]
    À Jenny Dacquin, le 6 janvier 70, à propos de l’hiver exceptionnellement rigoureux de cette année.
  • [49]
    Albert Cohen Carnets 78, Gallimard, 1979, folio p.43.
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