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Article de revue

Spécificités psychologiques des personnes très âgées

Pages 159 à 187

Notes

  • [1]
    Fausse-route alimentaire lors des repas : les aliments au lieu de passer dans l’œsophage vont dans le poumon.
  • [2]
    Présentation d’un symptôme en apparence neurologique lié en fait à un état anxieux masqué.

1Pour connaître les spécificités psychologiques des personnes très âgées, il faut les écouter. Pour cela il faut le vouloir, il ne faut pas avoir trop peur de sa propre avance en âge. Il faut aussi le pouvoir, c’est-à-dire avoir du temps, et c’est ce qui manque le plus aux médecins et aux infirmières dans un système basé sur des principes du type « faire plus avec moins de moyens » (Caillaud). Enfin, la personne âgée est souvent malentendante. L’entretien va être difficile. Il est souhaitable d’avoir avec soi un microphone amplificateur de voix relié à des écouteurs ajustés aux oreilles de la personne âgée.

2Le titre de cet article pourrait amener à penser qu’il y aurait des spécificités psychologiques, liées à l’avance en âge, qu’il suffirait d’être très âgé pour perdre ses caractéristiques individuelles et acquérir un profil psychologique sénile. Cela poserait à la fois la question de la stabilité de la personnalité, et de la diversité des personnalités. En s’inspirant d’une formule connue (Messy), nous allons adhérer à l’idée que « la personne très âgée n’existe pas ». La condition psychologique des personnes âgées est très hétérogène (Sebag-Lanoë, et al.). Il y a autant d’évolutions psychologiques, d’évolutions psychiatriques, autant de bonnes et de mauvaises surprises évolutives, qu’il y a de personnes.

3Notre postulat de base sera donc qu’il n’existe pas de spécificités psychologiques des personnes très âgées. Il y a par contre des événements de vie (maladie, décès, etc.) statistiquement plus fréquents chez les personnes très âgées. Sous la pression de ces événements de vie, ou du fait de la perception de la proximité de ceux-ci, la sécurité intérieure de la personne très âgée est menacée. Une ou plusieurs dimensions, un ou plusieurs axes vont s’amplifier, se révéler et interagir de manière complexe et aléatoire. Le résultat de ces interactions sera un état d’âme, une condition psychologique plus ou moins (dé)compensée. Six axes vont constituer le fil de cet article.

L’AXE 1, CELUI SUR LEQUEL S’INSCRIT UNE SOUFFRANCE PSYCHOLOGIQUE LIÉE À UN TROUBLE PSYCHOPATHOLOGIQUE

SOUFFRIR OU NE PAS SOUFFRIR

4Trois types d’avance en âge sont possibles :

  • Une personne peut avancer en âge sans jamais souffrir d’une pathologie psychiatrique.
  • Une personne peut souffrir depuis son plus jeune âge d’un trouble psychiatrique, en permanence ou par épisodes. Ces troubles d’apparition précoce vieillissent plus ou moins bien avec l’avance en âge.
  • Une personne peut n’avoir jamais souffert d’un trouble psychiatrique et, brutalement ou insidieusement, commencer à en souffrir tardivement à la fin de la vie. Ainsi, aucune personne ne peut se déclarer à l’abri d’un épisode de décompensation psychologique. L’entourage des personnes âgées méconnaît cette réalité cruelle et tarde à reconnaître l’existence d’un tel trouble : « Mais il n’a jamais été comme cela avant !». Le trouble d’apparition tardive le plus fréquent est le trouble de l’adaptation réactionnel à un événement de vie. Ce trouble peut être caractérisé par la prédominance d’un vécu anxieux, d’un vécu dépressif, ou même d’un vécu délirant.

LE VÉCU DES PERSONNES ÂGÉES AYANT UN ÉTAT ANXIEUX

5Trois types de plaintes peuvent être entendues :

UNE PLAINTE D’INSOMNIE

6La plupart des personnes très âgées n’hésitent pas à se plaindre d’une insomnie. Cette plainte correspond le plus souvent à un sommeil normal à cet âge, fragmenté de manière physiologique. Il faut savoir saisir cette plainte pour engager la discussion sur les difficultés à vivre l’avance en âge. Peur de s’endormir pour ne plus jamais se réveiller ? Il faut se garder de médicaliser cette plainte, se garder de proposer « un quart d’un petit somnifère ». Plusieurs complications seraient alors possibles : un état de dépendance toxicomaniaque, des troubles de mémoire, une sédation avec ses risques de chutes et d’accident lors de la conduite automobile, un relâchement musculaire avec une incontinence ou des faussesroutes [1], une aggravation d’un syndrome d’apnée du sommeil et son risque de mort subite. Il a été montré que l’espérance de vie des usagers d’anxiolytiques était plus courte que celle des autres.

7La plainte d’insomnie peut correspondre à de véritables difficultés d’endormissement liés à un état anxieux. Le recours à des sub-stances hypnotiques/anxiolytiques est ici légitime, mais en raison des risques, il faudrait pouvoir se limiter à l’usage d’une dose faible en cure courte du type un quart de comprimé, ou six gouttes, trois jours de suite, pas plus d’une fois par mois.

8Lorsque l’insomnie comporte un réveil vers trois heures du matin, il faut savoir évoquer un état dépressif.

9En plus de l’insomnie, d'autres éléments témoignant d'une hypervigilance, d’un état d’alerte permanent, sont parfois confiés ou observés comme une réaction de sursaut lors de la sonnerie du téléphone. Si l’état d’hypervigilance est sévère, il faut savoir évoquer un état de stress post-traumatique qui est parfois difficile à repérer derrière une insomnie (Briole).

DES PLAINTES CORPORELLES

10Les plaintes corporelles peuvent témoigner d’un investissement excessif du corps. Dans une perspective de soutien, il est possible de mentionner à la personne âgée hypocondriaque que la propension à l’hypocondrie est fréquente aussi bien chez la personne âgée (De Alarcon R), que chez l’adolescent.

11Les plaintes corporelles peuvent être associées à un trouble du système nerveux végétatif devenu instable avec :

  • soit une prédominance du tonus sympathique et/ou une baisse du tonus parasympathique : tachycardie, palpitations, « pigeon dans le thorax », douleurs thoraciques, tension musculaire avec douleurs à type de courbatures ou de douleurs de dos, céphalées de tension, boule dans la gorge, tremblements, sueurs, bouffées de chaleur, bouche sèche, constipation, difficultés pour uriner;
  • soit une prédominance du tonus parasympathique et/ou une baisse du tonus sympathique : bradycardie avec lipothymie pouvant aller jusqu’à un malaise vagal avec perte de connaissance, dyspnée et oppressions thoraciques avec sensation d'étouffement, barre ou crampes à l'estomac, « papillons dans le ventre », pesanteurs abdominales avec éructations et envie de vomir, diarrhée, tension vésicale avec besoin fréquent d'uriner.

DES PLAINTES CONCERNANT DES RUMINATIONS ANXIEUSES

12Des thèmes sont plus fréquents chez les personnes très âgées :

  • L’idée d’une perte d’autonomie, du fait d’un cancer ou d’une maladie grave, peut survenir à tout instant. Le corps est sans cesse examiné pour s’assurer que tout fonctionne bien. Les médecins spécialistes sont consultés d’une manière excessive. Les examens complémentaires sont effectués à intervalles trop rapprochés.
  • L’idée d’une solitude imposée. L’idée de ne plus compter pour personne. C’est la deuxième cause de peur des personnes âgées après la dépendance. Lorsqu’il s’y associe le sentiment d’abandon alors le vécu peut devenir celui décrit par Malraux dans la condition humaine : « la pire souffrance est dans la solitude ». La recherche à tout prix d'une compagnie fait de la personne âgée une proie facile pour les escrocs (cf plus bas).
  • L’idée de la mort prochaine et l’angoisse liée à l’approche du terme de la vie. Les « paroles de vieux sur la mort » sont connues (Delanoë), mais des personnes âgées peuvent ne jamais parler de la mort, même lorsqu’elle approche réellement. À l’opposé elle peut être présente constamment, mais les personnes âgées vont rarement oser dire qu'elles sont obsédées par l'idée de la mort : « Mes petits-enfants, ils sont trop petits, ils ne se rappelleront pas de moi. Je ne suis pas prête »; « J'ai vu beaucoup de gens mourir, j'ai peur de me retrouver dans le cercueil et d'étouffer. C'est une histoire que l'on raconte. On ouvre certains cercueils et l’on trouve les doigts plantés dans le bois... Quand je vois un enterrement ça me bloque, je suis obligée de m'arrêter de marcher, je me dis bientôt ce sera mon tour ». Ces blocages épisodiques peuvent devenir permanents, l’angoisse de mort peut conduire une personne très âgée à « s’anesthésier » et à « figer l’écoulement du temps ». Le prix de cette stratégie non consciente est le remplacement de l’angoisse de mort par l’ennui de la vie (Quinodoz). L’examen de photos anciennes peut induire la prise de conscience d’une nouvelle approche psychologique de la vie : « il m’arrive, en regardant les photos, de compter les morts et les vivants ». Nous pouvons saisir cette remarque pour inciter la personne âgée à en dire un peu plus : « Oui, et en constatant que vous vous comptez parmi les vivants, qu’est-ce que cela vous fait »? Certaines personnes âgées ont un vécu de nostalgie et de regret des personnes perdues avec parfois l’envie d’être aspirées pour les rejoindre, d’autres en constatant cette capacité à survivre aux autres ont un vécu de triomphe mégalomaniaque, un fantasme d’infini, un déni de la mort.
  • L’idée d’une chute possible à tout instant. Cette idée peut avoir des conséquences comportementales : regard fixé au sol, recherche permanente de la proximité d’un appui, refus des propositions de voyages, refus de sortir de chez soi, parfois même refus de se lever de son fauteuil, c’est ce qui a été appelé par les gériatres : « le syndrome du fauteuil ». Cette crainte survient souvent à la suite d’une chute avec station au sol prolongée pendant une partie de la nuit. Syndrome dit de « la tortue sur le dos ». La chute d’une personne âgée devrait être considérée comme une urgence psychologique.
  • Des idées suicidaires (cf. ci-dessous) l’idée d’un manque d’argent, des idées de ruine doivent faire évoquer un état dépressif (Waern, et al.).
  • Des idées de violence, de fureur, lorsqu’elles reviennent fréquemment peuvent faire évoquer aussi bien une dépression hostile qu’une maladie somatique : crise d’ivresse aiguë, crise d’hypoglycémie, crise d’épilepsie...
  • Des idées concernant la sexualité. Les hommes très âgés, s’ils ne connaissent pas les modifications liées à l’âge (Masters and Johnson) avec en particulier une érection plus lente à s’établir et un orgasme moins fort, peuvent voir s’installer une anxiété de performance (Tignol) et la peur d’être impuissant. La recherche de partenaires plus jeunes peut aller dans le sens d’une réassurance ou au contraire augmenter cette anxiété. Sept pour cent des femmes âgées (Porto), souvent veuves à cet âge, déclarent avoir une vie sexuelle active. Elles ont parfois peur de perdre leur capacité de séduire. Si certaines déclarent être soulagées de ne plus avoir à subir « le devoir conjugal », les autres éprouvent souvent de la honte à parler de leurs fantasmes sexuels : «A mon âge, vous allez trouver cela ridicule (Tignol, et al.). Il faut savoir écouter le réveil d’une fonction érotique. Parfois la femme très âgée doit subir la violence du désir du partenaire masculin. Cela peut devenir « infernal » lorsque le partenaire présente une désinhibition sexuelle liée au début d’une démence frontale.

13Les manifestations observables de ces ruminations sont très variables :

  • Ces ruminations peuvent être tues, gardées pudiquement dans un jardin secret. Tout se passe comme si certaines personnes anxieuses, très âgées, étaient honteuses de leurs ruminations.
  • Ces ruminations peuvent être verbalisées avec réserve, avec retenue, d’une manière sibylline qu’il va falloir décoder : « la solitude n'est pas jolie ». Nous pouvons alors saisir cette perche qui nous est tendue pour aborder ce vécu anxieux : « En disant – la solitude n’est pas jolie – est-ce que vous voulez dire qu’il vous arrive d’être anxieux quand vous êtes seul »?
  • Ces ruminations peuvent devenir permanentes, intrusives, obligeant la personne âgée à faire des efforts pour chasser ces pensées. Il s’agit alors d’idées obsédantes, d’un véritable trouble obsessionnel.
  • Ces ruminations peuvent déclencher, ou être associées à, des angoisses somatiques importantes. Cet état de souffrance peut conduire la personne âgée à des appels incessants de jour comme de nuit. Le risque ici est la mort par suicide au cours d’un raptus anxieux.
  • Ces ruminations peuvent être les symptômes d’un état dépressif. La tension anxieuse est parfois présente à un degré si fort que des personnes très âgées avancent l’idée que seule la mort pourrait les délivrer de cette souffrance (Goda G., et al.).
  • Ces ruminations peuvent être associées à un sentiment d’injustice avec une jalousie à l’égard de l’entourage qui ne souffre pas de ce mal-être anxieux. Une agressivité plus ou moins consciente s’exprimera par des propos qui peuvent culpabiliser et/ou mettre l’entourage dans l’embarras : « Ce n'est pas la peine de me téléphoner »; « Partez maintenant, ne vous mettez pas en retard ».

LE VÉCU DES PERSONNES ÂGÉES AYANT UN ÉTAT DÉPRESSIF

14La douleur morale est rarement verbalisée sans détour : « Il faudrait mieux que je sois mort ».

15Le plus souvent la douleur morale est masquée. La difficulté à cet âge est de repérer le vécu dépressif parmi les plaintes usuelles du grand âge (Monfort, et al.). Plus le sujet est âgé, plus il est difficile de faire la part du normal et du pathologique. La dépression, méconnue trois fois sur quatre chez l'adulte, l'est encore plus chez le sujet âgé. Les autres plaintes sont, à tort, attribuées à tout sauf à un épisode dépressif :

  • insomnie prise à tort pour le sommeil fragmenté du sujet âgé;
  • manque d'appétit attribué à la prise des repas en solitaire;
  • fatigue considérée comme normale pour l’âge;
  • troubles de mémoire et de concentration banalisés, étiquetés « oublis bénins » ou attribués à un début de démence;
  • plaintes somatiques sur un mode hypochondriaque attribué à l’âge et au caractère;
  • vécu de tristesse et de solitude imputé à l’isolement;
  • irritabilité, voire hostilité et violence imputées à tort à une personnalité caractérielle.

16Un vécu comportant des idées suicidaires appelle plusieurs messages (Monfort):

  • l’appel pour des idées suicidaires est beaucoup plus rare que chez l’adulte jeune. Le ratio du nombre suicide/tentative de suicide est 4 à 5 fois plus élevé chez la personne âgée (un suicide pour deux à quatre tentatives de suicide) que chez l'adulte jeune (un suicide pour dix à vingt tentatives de suicide);
  • repérer les personnes âgées qui vont se donner la mort est un objectif impossible, par contre il est possible de repérer une bonne partie des personnes âgées déprimées : plaintes d’insomnie, de fatigue; plaintes hypochondriaques; état anxieux; hostilité; idées de persécution;
  • en France, l’homme âgé de plus de 75 ans détient le record d’Europe en matière du taux de suicide;
  • en cas de mort par suicide d’une personne âgée, le travail à faire est d’accompagner ceux qui restent, de diminuer leur culpabilité, de les aider à faire un travail de deuil.

17Lorsque la dépression n'est pas reconnue, les trois risques sont :

  • la mort par suicide (treize fois plus fréquent que chez l'adulte);
  • l'installation d'un syndrome de Diogène, « social breakdown syndrome ». Il s’agit d’un isolement complet du monde avec un état d’incurie basé sur une philosophie de vie caractérisée par la paranoïa et la misanthropie. Le risque est l’incendie par négligence (mise à feu involontaire de ce qui est au sol par un mégot de cigarette). Un autre risque est l’épuisement de la tolérance des voisins et la perte du domicile;
  • un « syndrome de glissement » qui pose la question de l’attitude psychologique que chacun peut avoir à l’égard de la vie et du passage de la vie à la mort. Tout se passe comme s’il existait un continuum allant du désir de vivre à la recherche active de la mort aboutissant à la mort par suicide. Entre ces deux extrêmes se situent les conduites à risque, l’attente passive de la mort (qui peut durer des années), et le renoncement prématuré aux efforts qui permettent d’assurer la survie. Notre position est de considérer que c’est cette dernière attitude qui est retrouvée chez les personnes dont on dit qu’elles ont un syndrome de glissement. Nous proposons d’utiliser le terme « syndrome de glissement » lorsqu’une personne âgée présente une réduction passive de son alimentation, de son activité locomotrice, et de sa communication verbale et lorsque les aidants pensent que la personne âgée a pris la décision de renoncer aux efforts nécessaires pour poursuivre sa vie (Monfort). Le risque est une mort rapide par déshydratation, surtout l’été.

LE VÉCU DES PERSONNES ÂGÉES AYANT UN ÉTAT DÉLIRANT

18Trois thèmes sont fréquents :

  • Vécu d’hypochondrie délirante. Le corps est parfois réduit à un tube digestif, voire essentiellement à la région anale. Sans avoir vraiment conscience des plaisirs que cela peut procurer, telle personne croyant avoir un bistouri dans le ventre va le chercher au doigt par l’anus, telle autre simplement constipée passera des heures à évacuer des pseudo-fécalomes au doigt.
  • Vécu hallucinatoire de la présence de l’autre. Au Japon, il est culturellement admis que les veuves puissent avoir des rendez-vous hallucinatoires agréables avec le défunt. Dans ce cas, les personnes âgées ont conscience du caractère hallucinatoire de ce vécu. Elles se demandent si cela est bien normal et il faut les rassurer sur l’intérêt de ce phénomène physiologique de défense contre la solitude. Ailleurs, il s’agit véritablement d’hallucinations, des personnes âgées veuves peuvent croire véritablement à la « ressuscitation » de leur mari. Ce vécu délirant leur permet de se sentir moins seules. Il faut se garder de le faire disparaître brutalement car on risque de voir se démasquer un état dépressif. Certaines personnes âgées peuvent avoir un vécu délirant de grossesse.
  • Vécu délirant de vol et de préjudice. Un début de baisse des performances mnésiques peut conduire à oublier à mesure l’endroit où l’on range des objets familiers. Plutôt que de prendre conscience d’un début de maladie d’Alzheimer, ou parce qu’il existe une anosognosie associée, la personne amnésique attribue la disparition des objets à un vol plutôt qu’à un trouble de mémoire. Les idées de vol sont fréquentes : « Mais qui m’a pris mes clés ? Qui m’a pris mes médicaments ?».

LE VÉCU DES PERSONNES ÂGÉES AYANT UN ÉPISODE CONFUSIONNEL

19Ces épisodes confusionnels ont été rapportés dès l'Antiquité par Hippocrate comme associant une insomnie, des fluctuations de l'humeur, une fièvre, souvent annonciateurs d'un décès.

20Ces épisodes, très fréquents chez les personnes âgées, peuvent les déstabiliser psychologiquement. Il est important de les informer.

21Ces épisodes comportent :

  • Un trouble des performances cognitives. Il s’agit d’abord d’une baisse des performances de la mémoire immédiate avec un oubli à mesure des repères temporo-spatiaux et une diminution de la capacité à fixer son attention sur l'environnement. Il en résulte une perplexité anxieuse avec la répétition incessante de comportements et de questions du type « Où suis-je ? Quelle heure est-il ? Que m’arrive t-il ?». Une baisse des performances du langage peut être associée, la parole comporte des incohérences. Le patient semble ne pas nous comprendre. Une baisse des performances praxiques peut se traduire par le fait que la personne semble ne plus savoir faire les gestes de la vie courante ou utilise des objets qui ne sont pas les bons, par exemple utiliser son appareil radio pour se raser comme s’il s’agissait d’un rasoir.
  • Un trouble des perceptions visuelles, et parfois auditives. Il s’agit de simples illusions ou d’hallucinations auxquelles le patient croit vraiment, comme dans un rêve, d’où le terme de confusion onirique. Au terme « confuso-onirique » on devrait préférer le terme « confuso-cauchemardersque » car les hallucinations sont plutôt terrifiantes comme dans le delirium tremens.
  • Un trouble du cycle veille-sommeil : soit le rythme est simplement inversé comportant une insomnie avec parfois une agitation nocturne contrastant avec une somnolence diurne; soit le rythme est complètement déstructuré avec une fluctuation rapide entre un état de léthargie et un état d’agitation. Pendant les périodes d’agitation, l’entourage peut observer des comportements incohérents incessants. Emma Hawley, un écrivain infirmier du début du siècle a bien décrit les comportements des confus : « ne dormant pas, réarrangeant sans cesse les draps de leur lit ». Des comportements d’urination dans des endroits inappropriés peuvent être observés.
  • Un trouble de l’état émotionnel avec une oscillation entre de nombreux vécus : anxiété, peur, tristesse, euphorie, colère, indifférence, apathie.

22Le vécu psychologique après l’épisode dépend du degré d’amnésie :

  • quand l’amnésie de l’épisode est complète, la personne âgée découvre par son entourage qu’elle a été « déconnectée » pendant quelques heures ou quelques jours;
  • la gravité pour le psychisme vient du caractère très souvent incomplet de ces épisodes confusionnels, limité à un délire et parfois sans amnésie. La personne très âgée se souvient alors et a conscience qu’il y a désormais dans sa vie des périodes troubles dans lesquelles elle ne se reconnaît plus et où elle délire. La pensée de la personne très âgée lorsqu’elle récupère des épisodes confusionnels est du type « mon dieu, je deviens folle, gâteuse ».

23Dans les deux cas, la personne âgée va avoir à accepter qu’elle a, pendant une durée brève, perdu le contrôle d’elle-même.

24Il est important d’informer les personnes âgées de manière préventive et après chaque épisode confusionnel : « Personne n’est à l’abri de la survenue d’un épisode confusionnel. Même le jeune enfant peut délirer en cas de fièvre trop élevée. Plus on avance en âge, plus on est vulnérable à l’égard des épisodes confusionnels qui vont survenir lors d’un événement majeur, anesthésie générale par exemple, ou pour un rien : infection urinaire banale, globe vésical, constipation avec fécalome ».

LE VÉCU DES PERSONNES ÂGÉES AYANT UN ÉTAT DÉMENTIEL

25Une personne de plus de quatre-vingt cinq ans sur trois présente une baisse irréversible des performances cognitives.

26Selon une théorie très controversée, les troubles de mémoire pourraient être favorisés, de manière non consciente par la personne très âgée, par un mécanisme actif de refoulement, pour se mettre à l’abri de réminiscences d’un passé traumatique (Maisondieu).

27Le degré de conscience de la baisse de ces performances cognitives varie d’une personne à l’autre. Certaines en sont conscientes et peuvent même l’annoncer à leur entourage. On peut citer ici le cas du Président Reagan. Les personnes non conscientes de la baisse de leurs performances mnésiques sont exposées à des idées de vol (cf. ci-dessus).

28Les conséquences émotionnelles, pour celui qui voit disparaître ses performances, peuvent être multiples :

  • telle personne âgée peut s’en accommoder : « on est plus tranquille quand on ne connaît pas la date » ou « je sais, c’est ma maladie d’Alzheimer », ou le vivre d’une manière catastrophique : « Mon Dieu, je perds la tête, ma pauvre mémoire »;
  • telle autre peut éprouver un vécu de catastrophe : angoisse, rage, colère, déception, frustration, tristesse.

29Paradoxalement, alors que les objets, les personnes et les événements publics et actuels sont oubliés, des événements privés et anciens ayant un caractère secret vont sortir de l’oubli. Ainsi telle fille, qui s’était toujours posé des questions sur sa filiation, va apprendre de la bouche de sa mère de 95 ans qu’elle n’est pas la fille de son père mais qu’elle est issue d’un viol. Une des explications de l’enfouissement de ces drames est rapportée par Snyders (Snyders). Un père déporté à Auschwitz avait caché à ses enfants cette période de « maltraitances » en se justifiant ainsi – « je ne vous en ai pas parlé parce que j’ai désespérément essayé de voiler à vos yeux la cruauté du monde, la barbarie ».

L’AXE 2, CELUI DE LA PERSONNALITÉ

IL PARAÎT PRUDENT DE RENONCER À L’IDÉE QU’IL Y AURAIT « UNE PERSONNALITÉ SÉNILE »

30Par contre la plupart des auteurs s’accordent sur le fait que les traits de personnalité vont devenir plus saillants. Ajuriaguerra le dit clairement : « On vieillit comme on a vécu ».Henri Ey le dit ainsi : « l'adaptation psychophysiologique à la vieillesse dépend de la personnalité antérieure » (Ey, et al.). La compréhension des spécificités psychologiques des personnes âgées, si elles existent, passe donc par une meilleure connaissance de quelques personnalités :

PERSONNALITÉS CARACTÉRIELLES

31Certaines personnes connues comme agréables, mais peut-être un peu autoritaires, vont surprendre leur entourage par des comportements difficiles à supporter : amplification de l’autoritarisme; exigence capricieuse de satisfaction immédiate; intolérance aux échecs et aux critiques; comportement de saleté, de désordre, et d’irresponsabilité; propos et comportements cruels à l’égard des aidants : « j’ai assez vécu pour avoir le droit d’être une emmerdeuse ». Il faudrait éviter de dire « c'est une Tatie Danielle ». Il semble souhaitable de faire le pari de la coexistence de deux troubles : Un trouble du caractère, existant depuis toujours, non réversible et un trouble de l'humeur, lui souvent réversible : dépression hostile, manie ou hypomanie, et états mixtes. Rien ne ressemble plus à une personnalité caractérielle que les symptômes d’un état dépressif masqué, d’une dépression hostile, d’un état mixte, d’un état hypomaniaque (Monfort).

PERSONNALITÉS ALEXITHYMIQUES

32Certaines personnes âgées ont de plus en plus de mal à nommer leurs émotions, à décrire les faits de manière personnelle, à avoir des fantasmes. À un degré extrême, la peur de toute émotion pourrait se traduire par un état clinique de sidération, pseudo-cataleptique (Krystal). Elles peuvent donner l’impression d’une pauvreté mentale ou d’une démence. L’entourage et les soignants s’ennuient avec ces personnes qui semblent ne rien avoir à dire. Il ne s’agit en fait que d’une présentation, d’une armure caractérielle (Reich), renforcée avec l’âge pour se défendre d’un état de souffrance psychologique.

33L’alexithymie expose à un autre risque, celui de masquer un état dépressif en empêchant la personne de verbaliser sa douleur morale (Clément, et al.).

PERSONNALITÉS HYPOCONDRIAQUES/MASOCHIQUES

34La personne âgée ressent un malaise corporel et affirme « ça ne va pas mieux, c’est toujours pareil, les médicaments ne me font plus rien ». Dans ce type de personnalité le fait de ressentir un malaise physique à la place d’une émotion pénible serait un mécanisme de défense inconscient pour éviter la douleur psychique d’un sentiment. Ces personnes consultent de nombreux médecins, exigent des médicaments, subissent de nombreux examens complémentaires, sont l’objet de prescriptions multiples avec un risque élevé d’interactions médicamenteuses. Cette inquiétude pour le corps est devenue un mode de vie, une « névrose de rente », une tyrannie du corps qui tyrannise et exaspère l’entourage qui finit par répliquer : « tu n’as rien, tu te fais des idées ».

PERSONNALITÉS ABANDONNIQUES

35Leur enfance a été caractérisée par un trouble de l’attachement avec, soit un réel abandon (orphelins, placement dans des familles d’accueil), soit des parents dont la présence pourrait être qualifiée de « vraie fausse présence ». Dans les deux cas, le résultat est une insécurité affective durable. Lors d’un stress comme la perte du conjoint, ils peuvent présenter une décompensation psychologique marquée par la recherche incessante de l’attention et de l’affection des soignants, la demande exigeante et capricieuse de visites à domicile, des appels téléphoniques fréquents de jour comme de nuit.

PERSONNALITÉ NARCISSIQUE ET RÉPARTITION DES INVESTISSEMENTS DEDANS /DEHORS

36Les psychanalystes du début du siècle avaient cru observer « un comportement infantile » des personnes âgées pendant les séances des cures analytiques (Abraham). Les termes de « retour au narcissisme », de « régression à un narcissisme infantile », de crise narcissique (Clark), ont été utilisés. L’avance en âge était considérée comme une période associant une augmentation des investissements centrés sur soi, sur ses biens matériels (avarice) ou sa structure corporelle (hypochondrie), et un désinvestissement de la réalité environnante. Actuellement le constat est plutôt celui d’une avance en âge, lorsqu’elle est pathologique, caractérisée par un désinvestissement global, portant autant sur soi que sur le monde environnant (Balier), le mouvement de désinvestissement du corps s’accompagne d’un appauvrissement du lien avec l’environnement (Messy). Lorsque l’avance en âge est « réussie » il y aurait un maintien, voire une augmentation des investissements tant de soi que de l’environnement.

PERSONNALITÉ, LIBIDO ET SEXUALITÉ

37La « transformation sénile de la libido » évoquée par des psychanalystes du début du siècle attribuait un caractère très délétère à l’avance en âge qui exposerait pêle-mêle à la masturbation, à l’homosexualité, au voyeurisme, à l’exhibitionnisme (Ferenczi). Cette théorie n’est plus en cours. Les troubles du comportement sexuel attribués autrefois à l’avance en âge sont le plus souvent liés à un syndrome frontal avec une double composante de désinhibition et d’indifférence. Lorsqu’un aidant, parfois un professionnel, pense de la personne très âgée « c’est un vieux cochon »ou « c’est une vieille lubrique », il est souhaitable d’examiner avec lui l’hypothèse que la personne très âgée souffre d’un syndrome frontal. La recherche incessante de plaisirs érotiques n’est pas liée au grand âge. Il n’y a pas plus de vieux libidineux qu’il y en a de jeunes (Monfort).

L’AXE 3, CELUI DES PATHOLOGIES SOMATIQUES ASSOCIÉES

LE VÉCU DES PERSONNES AYANT UNE MALADIE DE L’UN DES CINQ SENS

38Un début de surdité et de cécité peut favoriser la survenue tant d’un état dépressif, que de pseudo-hallucinations dues à la désafférentation sensorielle. La personne très âgée entend et voit des choses sans qu’il n’y ait rien à percevoir, mais elle reste consciente qu’il ne s’agit pas de la réalité. Il faut expliquer à ces personnes très âgées qu’elles n’ont pas perdu la tête. On peut aller jusqu’à nommer le trouble dont elles souffrent : un syndrome de Charles Bonnet.

LE VÉCU DES PERSONNES AYANT UNE PATHOLOGIE ORGANIQUE SOUS-JACENTE

39La fréquence des pathologies somatiques augmente avec l’avance en âge. Plus nous avançons en âge, plus le risque de devenir malade augmente, avec les risques entre autres, d’accident cardiovasculaire, d’hémiplégie, de cancer (sein, prostate, poumons, colon…).

40L’apparition d’un vécu psychologique, ou d’un comportement, inhabituel peut être liée à une pathologie somatique sous-jacente :

  • une hypothyroïdie peut donner un tableau de ralentissement dépressif pseudo-démentiel;
  • un cancer du colon peut favoriser une incontinence urinaire et un comportement d’évitement des situations sociales que l’entourage ne va pas comprendre;
  • un sujet agité ayant des propos incohérents, du fait d’une aphasie liée à un accident vasculaire survenu brutalement, peut être pris à tort pour un délirant.

LE VÉCU DES PERSONNES ÂGÉES QUI S’ALCOOLISENT

41La honte est le sentiment le plus fréquent, plus chez les femmes âgées que chez les hommes âgés. Le recours à l’alcool reste caché. Il faut savoir l’évoquer et parler de cette hypothèse :

  • à la femme âgée trop souvent confuse;
  • à la femme âgée qui fait des chutes;
  • à la femme âgée angoissée.

42Sous réserve de respecter la dignité de la personne âgée, et après lui avoir demandé son autorisation, il est souhaitable de visiter la cuisine à la recherche des bouteilles et de pratiquer une alcoolémie.

L’AXE 4, CELUI DES ÉVÉNEMENTS DE VIE STRESSANTS

LES STRESS RÉCENTS ET LEURS CONSÉQUENCES PSYCHOLOGIQUES

43La personne très âgée est exposée dans cette période de vie « âge des traumatismes » à vivre « les traumatismes de l’âge » (Briole, et al.) qui peuvent êtres considérés comme autant de pertes dont voici un échantillonnage :

44• Une polypathologie, perte de la bonne santé.

45Les maladies les plus fréquentes sont les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux et les cancers. La psycho-oncologie se développe et permet de mieux connaître le vécu psychologique des personnes ayant à vivre avec un cancer.

46• Le recours à un tiers auxiliaire de vie, perte de l’autonomie.

47• Le passage dans un lieu de vie communautaire, perte du domicile privé.

48• La proximité de la mort, perception de la perte prochaine de la vie.

49• La retraite, perte du travail rémunéré et de l’identité professionnelle.

50• Le départ et/ou le décès des amis, perte du réseau d’amitié.

51Les personnes sont autant de tableaux décorant un mur, lorsqu’elles disparaissent elles peuvent laisser apparaître le mur d’origine avec les marques décolorées des tableaux décrochés (Simeone and Myslinski).

52Les pertes des proches ont comme conséquence une réduction du nombre des interactions sociales et peuvent contribuer à un isolement, une désafférentation sociale.

53Les pertes des proches peuvent être aussi vécues comme des ruptures qui vont mettre à mal le sentiment de continuité de la vie de la personne très âgée : « Je fais quelque chose que je ne faisais pas avant, je compte les morts et les vivants ».

54Les pertes peuvent avoir un impact psychologique encore plus important lorsqu’elles sont dûes à un suicide, une mort voulue. Les survivants présentent un risque plus élevé de mort par suicide. Même risque de décompensation psychologique majeure lorsque la perte est due à une mort inattendue, une mort chronologiquement illégitime (cf plus bas). Il s’agit ici de la mort prématurée lorsque l’enfant meurt avant le parent. Plus la personne est très âgée, plus elle est exposée à voir mourir ses descendants, qu’il s’agisse d’un enfant de 65 ans, d’un petit enfant de 45 ans, d’un arrière petit-enfant de 25 ans. La pensée associée sera souvent « Pourquoi lui ? c’était à moi de partir avant lui ».» Etre en trop quand un autre se trouve être en moins a une force traumatique marquée (Briole, et al.).

55• Le divorce ou le veuvage, perte du conjoint.

56Les veuves mettraient en moyenne huit ans après la perte du conjoint pour retrouver leur niveau de bien-être antérieur au veuvage (Bennett). Nous n’avons pas connaissance d’une étude identique chez les veufs.

57• La contention physique, perte de sa liberté de mouvements.

58À domicile, à l’hôpital, ou en maison de retraite, il peut arriver pour des motifs variés, avouables ou non, sur prescription ou non, que les soignants limitent la mobilité de la personne âgée en l’attachant ou en l’empêchant de se lever en mettant par exemple une desserte devant leur fauteuil. La personne âgée pour laquelle une contention est prescrite est le plus souvent confuse et/ou démente. Elle n’en reste pas moins cependant capable de ressentir des émotions. La gamme émotionnelle est étendue.

59Perplexité. La personne confuse est à risque de devenir encore plus confuse. « Où suis-je ? Que m’arrive-t-il ?» (Moseley).

60Anxiété, anticipation anxieuse, peur, frayeur, terreur, vécu de catastrophe (Micas): « Quelle va être la prochaine étape de cette descente aux enfers ? Ce qui m’arrive est terrible, effroyable, terrifiant : Monsieur, détachez-moi ». L’angoisse de mort peut être réactivée (Chamballon).

61Douleur morale et tristesse : « quelle déchéance ».Cette tristesse peut être générée par de nombreuses idées plus ou moins conscientes : L’idée d’une perte de liberté « je suis ficelé, je suis emprisonné ».L’idée d’une mise à l’écart, d’un abandon « pourquoi m’ont-ils abandonné »? L’idée d’un deuil à faire de sa mobilité. L’idée d’une perte de contrôle.

62Un vécu mélancolique peut être présent : vécu d’indignité, de mesure attentatoire à la dignité, de mesure vexatoire, d’humiliation, de honte, avec le risque d’une perte d’estime de soi, de déshumanisation : « on m’attache comme un chien ». Vécu d’incurabilité et de perte d’espoir avec risque d’installation brutale d’un syndrome de glissement. Vécu de culpabilité : « qu’est-ce que j’ai fait pour être attaché ».

63Vécu de colère, de rage, d’injustice, avec le sentiment de ne pas être compris : « pourquoi suis-je attaché ? Pourquoi les autres ne sont-ils pas attachés ?».

64• La mise sous tutelle, perte de sa liberté économique et de ses droits civiques.

65Protection des biens. L’incapacité d’une personne très âgée à gérer ses biens peut conduire à, soit la mise sous curatelle qui consiste à « assister » la personne âgée, soit la mise sous tutelle qui consiste à « représenter » la personne âgée. Les réactions émotionnelles de la personne très âgée qui découvre la perte de la gestion de ses biens et la perte de ses droits civiques peuvent être les mêmes que celles qui sont déclenchées par une contention physique (cf. ci-dessus). Protection de la personne. Il y a parfois des décisions à prendre à caractère personnel, en rapport avec le corps humain : intervention chirurgicale, passage du domicile dans une maison de retraite, etc. Lorsque la personne très âgée est « incapable » de prendre une décision éclairée, la question se pose : qui prend la décision ? la famille ? un tuteur ? Le juge des tutelles ? Le procureurgarant des personnes ? Souvent, en raison d’un vide juridique partiel, soit une personne décide autoritairement ce qui est bien pour la personne âgée, soit plus souvent encore personne ne prend de décision et l’issue est l’aggravation de la condition de vie de la personne âgée. Celle-ci pourra alors ressentir à juste titre un sentiment d’abandon.

66La protection des biens et la (non) protection de la personne ont souvent des conséquences psychologiques négatives sur la personne très âgée. Les tentatives des groupes de travail pour améliorer la loi de 1968, l’adapter aux personnes très âgées, ou au moins changer son nom (loi sur les incapables majeurs), n’ont pas encore abouti.

67• Une maltraitance, perte du sentiment de sécurité

68Nous parlerons ici des maltraitances économiques ou psychologiques qui sont les plus difficiles à repérer (Monfort). Ces abus peuvent provoquer des décompensations lorsque les personnes âgées prennent conscience qu'elles ont été abusées. Plus que la perte matérielle, c'est l'abus de confiance qui déstabilise les victimes, qui porte atteinte à leur intégrité psychique. Il peut s'agir d'agressions verbales itératives, d'insultes, de propos humiliants, d'intimidations, de menaces, d’isolement de la personne âgée de son entourage, véritable syndrome de « captation affective » ou de l’obligation à aller dans une maison de retraite. Dans la plupart des cas, les personnes âgées acceptent d’être spoliées économiquement en raison d’un non dit implicite : « échange un peu d’argent contre un peu de compagnie ». Lorsque l’abus s’amplifie les personnes âgées démunies ne savent plus où se trouve leur intérêt : « J'ai dit oui au début, il me détournait un peu de sous... je veux oublier son visage ». Une autre maltraitance est le comportement de certains conjoints de malades d’Alzheimer, qui présentent à celui-ci leur nouveau compagnon de vie, sans nommer les faits, en imaginant que le conjoint dément a perdu ses facultés de compréhension. Cela peut provoquer une détresse ne pouvant plus être verbalisée faute d’accès au langage.

69L’influence sur le vécu psychologique d’un stress récent dépendrait de trois variables :

  • le caractère attendu ou non de l’événement, selon qu’il survient ou non pendant la période de vie qui correspond habituellement à cet événement. En langue anglaise, cela correspond au terme « timeliness ». Ainsi, une perte attendue en raison de l’âge serait moins traumatique qu’une perte imprévue (Zisook);
  • le degré de contrôle des personnes âgées sur la survenue de l’événement. L’adaptation en maison de retraite en dépend (Tobin and Lieberman);
  • l’existence d’une névrose préexistante méconnue. Il est habituel de considérer qu’une personne est névrosée ou ne l’est pas : « on ne devient pas névrosé ». La pratique de la psychogériatrie nous conduit à penser autrement. La valeur traumatique d’une perte pourrait dépendre d’une névrose jusque là « asymptomatique » révélée tardivement. La révélation tardive d’une névrose nécessiterait la combinaison de conflits intra-psychiques anciens n’ayant jamais produit d’effets délétères et une vie marquée par des événements sévères.

70Ces successions de pertes pourraient avoir trois types de conséquences psychologiques :

  • un vécu négatif. Il peut aller jusqu’à altérer l’image de soi réalisant une « blessure narcissique » (Bianchi);
  • un vécu neutre. Il peut aller jusqu’à une dénégation de la perte. Certaines personnes peuvent ne jamais prendre en compte le fait que leur compagnon de vie a vraiment disparu;
  • un vécu de positivation. Il peut aller jusqu’à une hyperpositivation évocatrice d’une excitation hypomaniaque du type : « plus je perds, plus je gagne ». Une personne âgée francophone utilisera le terme de défi là où une anglo-saxonne utilisera le terme de challenge. La philosophie est la même, elle consiste à remplacer la perspective de la maison de retraite par : « un château en Espagne » (Denoux). Des personnes très âgées résistent ainsi à de multiples pertes et, presque comme les carpes des étangs, deviennent plus que très âgées, quasi-immortelles, déshumanisées, minéralisées.

LES STRESS ANCIENS

71La psychologie des « porteurs de traumatismes » lors de leur avance en âge (Goda G, et al.) est très variable. Parfois en toute logique c’est un état de stress post-traumatique qui est présent. Il est habituellement difficile à repérer derrière un état anxieux, un état dépressif ou un état pseudo démentiel qui sont autant de formes masquées du syndrome de répétition traumatique (Briole, et al.). On peut voir s’installer l’évitement de tout ce qui pourrait générer de la peur et la disparition de tous les comportements qui exposeraient à un risque (Flint).

72La survenue d’un traumatisme chez une personne très âgée (endoscopie, scène de guerre à la télévision, contention physique derrière les barreaux de ridelles…) a d’autant plus de chances de réveiller un traumatisme ancien qu’il existe des éléments communs aux deux situations traumatiques. Une perception, non consciente de déjà vu, déjà entendu ou déjà vécu, va réactiver les émotions liées à l’ancien traumatisme. Ces mémoires émotionnelles traumatiques sont prêtes à resurgir au moindre indice de familiarité présent dans le contexte actuel. Ce rappel d’un traumatisme ancien « bien supporté » par un traumatisme actuel met en évidence de très grandes différences interindividuelles : un petit nombre de personnes présentent un renforcement de leurs capacités d’adaptation, les autres présentent une vulnérabilité extrême (Danieli). Cette vulnérabilité psychologique est évidente, tant dans l’histoire de Primo Levi qui a sauté dans une cage d’escalier des années après avoir connu les camps nazis puis soviétiques, que dans celle de Bruno Bettelheim qui a eu recours à un sac plastique pour se suicider en s’asphyxiant dans une chambre d’hôtel.

STRESS PSYCHOLOGIQUES ET PROBABILITÉ DE SURVENUE D’UN ÉTAT DÉMENTIEL

73Il pourrait y avoir une relation entre la survenue d'un état démentiel et les événements douloureux de l'histoire de vie. Une étude a montré que quatre événements de vie étaient plus fréquents chez les déments que chez les non déments :

  • la perte d'un parent avant l'âge de 16 ans;
  • un travail manuel très rude;
  • un conjoint avec une maladie physique grave assumée après l'âge de 65 ans;
  • une maladie grave d'un enfant adulte après l'âge de 65 ans. Plus le nombre de ces événements est important, plus le risque de devenir dément augmente (Persson and Skoog). Bel exemple démontrant le caractère multifactoriel, cumulatif, avec effet de seuil de la vulnérabilité neurophysiologique.

L’AXE 5, CELUI DE LA PERTE D’AUTONOMIE DANS LES ACTIVITÉS DE LA VIE QUOTIDIENNE

74Il y a un consensus pour faire prendre conscience aux personnes âgées de leurs capacités restantes. Le premier intérêt est la contribution du maintien de leur niveau d’autonomie. Le deuxième intérêt est psychologique, contribuant à rassurer, en montrant les capacités que la personne très âgée peut encore développer, malgré son âge.

75Les conséquences, au quotidien, du mal être d’une personne âgée peuvent être majeures tant pour l'intéressé que pour l'entourage.

76L’entourage peut s’éloigner d’une personne âgée en difficulté sur le plan psychologique. L’entourage peut même abandonner ou rejeter la personne âgée. Parfois il ne s’agit que de contre attitudes négatives maladroites, ou d’un éloignement mis en place par l’entourage pour se protéger d’un épuisement complet, mais ces comportements de l’entourage sont perçus comme un abandon.

77Les personnes âgées peuvent avoir recours, pour rester autonome au quotidien malgré un vécu anxieux qui se majore : à des anxiolytiques; à l’alcool comme automédication; à une personne anxiolytique mais tyrannique, le prix à payer étant ici un isolement de l’entourage pouvant être appelé « syndrome de captation affective » (Monfort); à un groupe ayant une idéologie paralogique de type secte.

L’AXE 6, CELUI DU MODE DE FONCTIONNEMENT DE L’APPAREIL PSYCHIQUE

78Le fonctionnement psychique d’une personne âgée n’est pas fondamentalement différent de celui d’un adulte jeune. Les psychanalystes ont cependant pointé l’existence d’un besoin psychologique spécifique de certaines personnes très âgées. Elles éprouvent le besoin de retrouver des souvenirs en apparence perdus, mais en fait remémorables. Ce besoin se cache derrière un mal-être, des signes ou des comportements apparemment dénués de sens. Pour satisfaire ce besoin il faudrait pouvoir les aider à effectuer un « travail de vieillir », terme introduit par Quinodoz en 1994 (Quinodoz).

79Ce travail de vieillir, basé sur la remémoration, parfois comparé à un travail d’historien (Janin), est caractérisé :

  • par son indication d’autant plus importante que la personne âgée a une histoire de vie chargée de traumatismes : personnes rescapées des camps, personnes violées, personnes battues, personnes maltraitées;
  • par son indication pour les personnes âgées qui ont le sentiment de ne pas avoir réussi leur avance en âge. Lorsqu’il y a un vécu de souffrance importante. Quand l’angoisse de mort est présente, flottante et généralisée empêchant le sommeil, convertie dans le corps avec une hystérie de conversion [2], déplacée avec apparition ou majoration de phobies ou de rituels obsessionnels, ou colmatée et masquée par des conduites sexuelles ou professionnelles (Hétu) vécues comme deux sources accessibles pour donner un sens à la vie (Bianchi), constituant deux sortes « d’assurance contre le non sens » (Bianchi). Le refuge dans l’activisme est un constat souvent fait par les aidants des personnes très âgées qui refusent d’accepter le passage vers une mort qui semble imminente pour tous, qui persistent à ne pas renoncer à la vie : « il me reste encore tant de choses à faire »;
  • par le fait qu’il est trop rarement effectué. L’entourage qui pourrait le favoriser a disparu ou s’est lassé « d’entendre toujours la même chose » (Briole, et al.);
  • par la remémoration des relations, bonnes ou mauvaises, avec les personnes, qui ont compté dans son enfance;
  • par la révélation fréquente de « secrets », de traumatismes, de maltraitances souvent sexuelles, de fardeaux jamais confiés à personne;
  • par un effet de libération émotionnelle, le plus souvent bénéfique (catharsis);
  • par la survenue parfois de souvenirs trop douloureux, nécessitant des temps de silence ou même des interruptions de séances;
  • par des travaux de deuils successifs. La personne est alors capable d’évoquer les souvenirs anciens douloureux sans ne plus éprouver les émotions ressenties au moment de ces deuils;
  • par sa difficulté pour les personnes alexithymiques. Ce type de personnalité, en privant la personne de la verbalisation des émotions, pourrait être une entrave au travail de deuil;
  • par l’apparition d’une compréhension, voire l’octroi d’un pardon à l’égard des personnes considérées comme mauvaises. La capacité à pardonner serait un facteur de longévité et de qualité de vie. La capacité à se pardonner serait un autre facteur contribuant à la réussite de l’avance en âge;
  • par une meilleure conscience d’un sentiment de sa continuité interne, de son identité unique;
  • par son pouvoir anxiolytique probable à l’égard de l’angoisse de la mort. Ce « travail de vieillir » permettrait non seulement aux personnes très âgées de mieux vivre, elles leur permettrait aussi de mieux mourir.

80Ce travail psychologique a pu s’effectuer spontanément au fil de l’avance en âge. On peut se poser la question de l’aptitude des personnes très âgées à tirer profit d’une psychothérapie. Jusqu’en 1905, Freud (Freud) considérait qu’un âge supérieur à 50 ans constituait un obstacle à la conduite d’une cure analytique, en raison d’un manque de plasticité et d’une quantité trop élevée de « matériels » accumulés venant interagir de manière trop complexe. Avec sa propre avance en âge, Freud changea d’opinion sur les personnes âgées. Actuellement le constat est plutôt celui d’un nombre assez élevé de personnes âgées remplissant les critères pour bénéficier d’une psychothérapie d’inspiration analytique : disponibilité de temps et d’argent; curiosité pour soi; désir de faire un bilan ou de faire la paix, besoin de retrouver des souvenirs perdus; volonté de se laisser aller à dire ce qui vient spontanément à l’esprit. La conséquence de cette aptitude est la rapidité avec laquelle les personnes âgées peuvent mettre en pratique la règle de l’association libre sans retenue en raison d’un embarras, d’une gêne, ou d’une honte (Letarte). La conscience de la proximité de la mort est probablement dans quelque chose dans cette aptitude à pouvoir rapidement, voire en urgence, se laisser aller à se souvenir et à dire, pour mieux se connaître.

81Le travail psychique des personnes âgées démentes. Les colloques intitulés « Psychothérapies des démences », organisés à Strasbourg tous les deux ans depuis 1994 par Michelle Grosclaude (Monti), ont contribué à ancrer l’idée de la persistance d’un appareil psychique performant chez les déments (Ploton). Cette vie psychique restante a ouvert la voie à des psychothérapies (Le Gouès) dans laquelle la thérapie repose :

  • sur l’utilisation des affects (Grosclaude);
  • sur le rétablissement d’une communication (Ploton, Wertheimer);
  • sur l’empathie, adaptée et rebaptisée « validation » par Naomie Feil (Feil). Tout se passe comme s’il fallait revisiter avec le dément les éléments de sa vie, constituant « les pièces de sa maison », pour qu’il puisse la quitter sans angoisse et sans trouble du comportement.

82 Dans une approche optimiste centrée sur la personne, nous pouvons souligner la possibilité pour les personnes très âgées de réussir leur avance en âge malgré les épreuves de la vie. Il ne s’agit pas de « rester jeune le plus longtemps possible ». Il s’agit :

83

  • de l’acceptation du caractère inéluctable de la mort, sans que l’angoisse liée à celle-ci ne soit déstructurante pour le psychisme;
  • de l’acquisition du sentiment que jusqu’à la mort, la vie sera présente (JALMAV);
  • de la connaissance de son histoire de vie permettant, malgré les ruptures, la perception d’une identité et d’une continuité (Richardson and Kilty) accompagnée de la sensation d’un certain contentement en regardant en arrière ses années d’activité (Kübler-Ross);
  • de la réalisation des travaux de deuils, qui met à l’abri du vécu de catastrophe en cas de nouvelle perte;
  • du vécu positif des crises comme autant de défis à surmonter, facteurs de maturation et de renforts de l’estime de soi (Erikson);
  • du maintien de ses facultés d’adaptation (Avard), de coping (Markides and Cooper), d’ouverture aux autres et à l’environnement.

84Ce type de réussite peut être présent dès un âge très jeune. Pour le retraité, la réussite se situerait à mi-chemin entre un vécu dépressif du type « il ne me reste plus rien à faire, à quoi bon vivre ?», et un vécu semi-conscient de fuite dans une hyperactivité : «il me reste encore tant de choses à faire, pourquoi la vie est-elle si brève ?». Cette réussite pourrait être illustrée par cette confidence : « Je suis content le vendredi soir, de savoir que le week-end arrive et que c’est finalement le week-end tous les jours ». Ce qui est vraiment spécifique aux personnes très âgées c’est de continuer cette réussite psychologique malgré une baisse cognitive : les déments heureux ne sont pas nombreux, mais ils existent.

85Une autre spécificité, sur un plan statistique, des personnes très âgées est l’existence de maladies qui vont marquer les dernières années de leur vie. La qualité humaine des soins délivrés va alors conditionner leur confort psychologique. Après cinquante ans de progrès continus, on ne peut pas passer sous silence la détérioration de la qualité humaine des soins délivrés aux personnes très âgées. Les contraintes budgétaires alliées à la perversité des arguments sécuritaires, à une fausse démarche qualité et à une politique de management inhumaine, produisent des effets constatés par tous (De Charette, et al.). L’un de ces effets est l’arrivée aux urgences de personnes très âgées, venant de leur domicile ou d’une maison de retraite, avec pour la première fois de leur existence, une demande pour qu’ils soient hospitalisés, contre leur gré en psychiatrie. Cette arrivée « en bout de piste » est parfois légitime, mais de plus en plus souvent on constate que cette « solution » est l’aboutissement d’une cascade de déficits humains. Les familles et les soignants souhaitent une reprise des efforts de la société pour « humaniser » à nouveau un environnement « hospitalier » qui a une propension à redevenir « non veillant » voire maltraitant pour les personnes très âgées. Il aura fallu 25 ans pour obtenir la création de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Combien de temps faudra t-il pour obtenir la création de la psychiatrie de la personne âgée et de la personne très âgée ? Où sont les professionnels ? Où sont les lieux d’hospitalisation pour les situations de crise ? Où sont les lieux d’hospitalisation de répit pour les familles épuisées par les soins à donner à une personne très âgée ? Pourquoi la majorité des soignants d’aujourd’hui, infirmiers, médecins, assistantes sociales, font-ils tout pour décourager la vocation de leurs enfants pour un métier de soignant ? La réussite psychologique de l’avance en âge des personnes très âgées passe aussi par ces questions concernant les soins qui leur sont délivrés.

Bibliographie

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Notes

  • [1]
    Fausse-route alimentaire lors des repas : les aliments au lieu de passer dans l’œsophage vont dans le poumon.
  • [2]
    Présentation d’un symptôme en apparence neurologique lié en fait à un état anxieux masqué.
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