Cet article explore les représentations de la mort des personnes âgées à partir des avis de décès de 3 160 personnes de 65 ans et plus publiés dans deux quotidiens de Suisse romande, l’un ancré dans un milieu urbain et plutôt calviniste (Genève) et l’autre dans un contexte plus rural et plutôt catholique (Valais). Les avis ne se contentent plus d’annoncer le décès, mais se sont enrichis depuis 1950. En parlant de la mort et du défunt, ils nous révèlent les normes sociales véhiculées par les familles sur le décès de leur proche âgé. À travers l’emploi de la statistique textuelle, en particulier la classification hiérarchique descendante (logiciel Iramuteq), nos analyses révèlent des représentations du mourir vieux qui diffèrent, de manière plus ou moins sensible, en fonction de l’âge, du sexe, de la religion et du lieu de décès. C’est une vision plurielle qui ressort, allant au-delà d’une simple opposition entre la bonne et la mauvaise mort. Le critère d’âge se révèle important, rappelant la distinction que l’on retrouve dans la vieillesse entre 3e et 4e âge. Car ressort la perception d’un âge injuste et d’un âge normal pour mourir. Les avis documentent la mise en place d’un vocabulaire associant la mort dans le 3e âge au combat contre la maladie, justifiant un départ trop précoce. À l’inverse, lorsque le défunt s’en va à 85 ans ou au-delà, le vocabulaire emprunte des figures et métaphores au champ lexical du sommeil : s’endormir, s’endormir paisiblement.
Announcing the death of the elderly
A textual analysis of death notices in Switzerland
This article explores how the death of the elderly is represented by examining the death notices of 3,160 people aged 65 and over that were published in two daily newspapers in French-speaking Switzerland. Notices no longer merely announce death, but have become more extensive since the 1950s, providing information about the death and the dead person. The words chosen by the family to announce that an elderly relative has passed away reveal several social norms. Using textual statistics, our analyses show that representations of death differ according to age, sex, religion, and place of death. Thus, a plural vision of death in old age emerges, one that goes beyond a simple opposition between good and bad death. The age criterion is important, reiterating the distinction found in old age between the young-old and the oldest-old. We identify what is perceived as an “unfair” age and a “normal” age to die. The death notices document the use of a vocabulary that associates death in the third age with the fight against disease, justifying an early departure. On the other hand, when the deceased leaves us at the age of 85 or older, the vocabulary borrows figures and metaphors from the lexical field of sleep, such as “fell asleep,” or “fell asleep peacefully.”
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