@GRH 2021/2 N° 39

Couverture de GRH_212

Article de revue

Le modèle d’ « organizing » de Weick : un cadre pertinent pour l’analyse de l’enseignement à distance

Pages 61 à 83

Notes

  • [1]
    Massive Open Online Course
  • [2]
    Small Private Online Course
  • [3]
    Pour illustrer notre propos, nous avons saisi « calcul des amortissements » dans un moteur de recherche, le résultat donne 7950 000 occurrences avec des variantes sur les adjectifs (amortissements dérogatoires, linéaire, fiscal, dégressif etc.).
  • [4]
    Cité in Bauer (2019)
  • [5]
    Page 315
  • [6]
    Weick, 1996, page 148, cité in Maitlis et al., 2010
  • [7]
    Page 538
  • [8]
    Contrôle continu qui compte pour 50 % de l’évaluation finale
  • [9]
    Ces deux étudiants n’expliquent pas clairement pourquoi ils n’ont pas sollicité leur enseignant lorsqu’ils éprouvaient des difficultés

Introduction

1L’enseignement à distance fait l’objet d’une abondante littérature que la crise sanitaire du Covid 19 rend plus que jamais d’actualité. Alors que les domaines des sciences de l’éducation et de l’informatique (Zhu et al., 2018) se sont emparés de l’objet « MOOC », il existe encore peu de tentative pour appliquer un cadre théorique plus « managérial » à l’enseignement à distance. Cela semble d’autant plus étonnant que l’économie du savoir, dans laquelle évoluent les organisations, se traduit par des attentes importantes en matière d’enseignement à distance, de formation tout au long de la vie. De plus, l’environnement actuel de l’apprentissage est multiple, ambigu et changeant. La détention des connaissances n’est plus l’apanage d’institutions officielles ou d’experts identifiés. La navigation sur des sites internet permet d’accéder facilement à des ressources plus ou moins mises à jour, émanant d’organisations aussi diverses que des écoles, des universités, des consultants, des blogs personnels, des grandes entreprises, des administrations publiques, des entreprises, des professionnels de l’information etc. Il peut être caractérisé par ce que Colville et al. (2016) nomment la complexité dynamique en ce sens qu’il est constitué par des changements rapides et importants de savoirs, sans qu’il y ait de précédent à cet état de fait. Pluralité des interprétations, postulats implicites non vérifiés, un enseignement à distance seraient alors « naturellement » sources d’équivocité, car il entre en concurrence avec un ensemble hétéroclite de savoirs disponibles en ligne. L’équivocité existe quand un acteur fait face à une information ou un événement, dont la signification est incertaine et ouverte à plus d’une interprétation (Weick, 2015, p 118). « Lorsque les mots ou les évènements sont équivoques, les individus n’ont pas besoin de plus d’information. Ils sont besoin d’un contexte ou d’une grille de travail pour les aider à choisir parmi les données qu’ils détiennent déjà » Griffin, 2006, P 280.

2C’est pourquoi nous choisissons d’appliquer le cadre d’analyse de Weick (1995 ; 2001) pour rendre compte de ce phénomène. L’organizing ou acte d’organiser est par essence une tentative pour imposer l’ordre dans le désordre créé par les incertitudes. Le cadre créé n’est pas figé et va évoluer au gré des actions et interactions des acteurs. Il permet la mise en commun d’hypothèses, le développement de discussions et enfin l’atteinte d’un consensus qui fasse sens. La création de sens qui en découle (objectifs communs et significations partagées) vont caractériser une organisation efficace. La création de sens va permettre de créer des connaissances qui seront ensuite actionnables. Dans le contexte d’un enseignement à distance, les questions sont nombreuses. Quels sont les mécanismes en œuvre pour créer du sens dans les enseignements à distance ? Existe-t-il des différences selon que le cours est assuré en présentiel ou à distance ? Quelles peuvent être les perceptions croisées sur des contenus identiques selon que l’enseignement se fait à distance ou en présentiel ?

3Ce qui nous conduit à traiter la question suivante : Comment l’enchaînement actions/interactions permet de créer du sens dans les enseignements à distance ?

4Pour répondre à cette question, nous comparons deux expériences pédagogiques : un cours en présentiel avec utilisation massive des outils numériques, un cours hybride. Les enseignements concernent la comptabilité financière.

1. Le processus de création de sens dans l’enseignement à distance

5La nécessité de créer du sens intervient lorsque la situation vécue par un ou plusieurs individus est très différente de la situation attendue et que les moyens d’action deviennent inintelligibles (Weick et al. 2005). La situation est qualifiée d’équivoque dans la mesure où les causes et les conséquences ne sont pas clairement identifiées. Dans le cadre d’un environnement d’apprentissage complexe, de savoirs ambigus, le modèle de Weick s’avère très riche car il s’attache moins à analyser le contenu du savoir, mais plutôt la façon dont ce savoir est structuré. La création de sens résulte d’un équilibre entre le sens construit par la réflexion et le sens construit par l’action. Cette dimension est peu présente dans les modèles d’apprentissage que nous avons pu étudier, c’est pourquoi une description plus précise du modèle de Weick peut apporter une grille d’analyse utile dans l’étude des cours à distance.

1.1. Surmonter l’équivocité de l’environnement d’apprentissage

6Les MOOCs et l’enseignement à distance font partie des défis stratégiques que doivent relever les établissements universitaires (Gore, 2013), tant d’un point de vue de l’organisation pédagogique des dispositifs mais aussi des performances scolaires.

7Les deux premiers modèles rencontrés lors de notre revue de littérature sont la théorie de l’apprentissage autorégulé et la théorie du comportement planifié (Niu, 2019). Dans les deux cas, il s’agit de mieux comprendre les performances des étudiants (achèvement des activités, atteinte des objectifs personnels des étudiants).

8La théorie de l’apprentissage autorégulé (Self Regulated Learning) résulte d’une interaction entre les caractéristiques de l’individu, son comportement et l’environnement d’apprentissage (Wong et al., 2018). Cette théorie a émergé dans le contexte des classes traditionnelles (en présentiel) et est désormais appliquée à l’enseignement à distance. Selon les auteurs mobilisés par Niu (2019), cette auto régulation explique la façon dont les étudiants régulent et améliorent leur propre processus d’apprentissage. Les étudiants appliquent des stratégies pour gérer les activités qu’ils doivent accomplir et, pour réguler leur performance. Dans ce contexte, l’autorégulation signifie que les propres pensées, sentiments, actions sont planifiés et adaptés pour atteindre les objectifs personnels des étudiants. Cette théorie a permis d’expliquer les résultats académiques dans une relation que l’on peut simplifier de la façon suivante : plus les étudiants s’autorégulent plus leurs performances académiques s’améliorent.

9La théorie du comportement planifié provient du champ de la psychosociologie et cherche à prévoir les prises de décisions d’un individu rationnel (Niu, 2019). Elle résulte de l’évolution de la théorie de l’action raisonnée. Cette dernière analyse les relations entre les attitudes et les comportements via l’action humaine. Elle est utilisée pour prévoir le comportement des individus en fonction de leurs intentions et de leurs attitudes préexistantes à l’action. Certains individus auront des prédispositions ou pas pour accomplir telle activité.

10La théorie inclut aussi des croyances (sur les attitudes, les normes, les formes de contrôle) qui vont influencer l’achèvement d’activité : facilité perçue d’un exercice, perception de la pression du groupe... Dans le contexte d’un enseignement à distance, l’achèvement des activités proposées proviendra de la capacité de chaque individu d’agir sur son « comportement planifié ».

11Ces deux cadres conceptuels sont basés sur les comportements et motivations des étudiants. Le niveau d’analyse reste le niveau individuel. Les études prennent pour point de départ un univers clos, la classe physique ou la classe virtuelle, la question de la dispersion des savoirs, de l’ambiguïté des informations est sans objet. Ces modèles engendrent plus ou moins directement des études qui « sur investissent » la dimension individuelle des apprentissages : motivation et comportement individuels, achèvement des activités.

12Si nous prenons l’exemple de l’enseignement de la comptabilité, plusieurs constats nous conduisent à rechercher un autre modèle d’analyse.

13

  • Les cours d’introduction à la comptabilité dispensés en 1 ou 2° année de master ne concernent pas des futurs comptables et sont prodigués pour donner une culture générale indispensable à tout futur cadre en entreprise,
  • Il s’agit d’un enseignement technique, avec des règles précises, mais évolutives. Pour un même sujet, un même mot clé il est possible de trouver sur internet une multitude de réponses [3],
  • Il existe un vocabulaire spécifique à la comptabilité générale : bilan, actif, passif, comptes, journal, résultat, débit, débiteur, crédit, créditeur. Mais ce vocabulaire est aussi présent dans la vie courante et n’a pas le même sens. Ces ambiguïtés de langage sont des sources régulières d’erreur lors des apprentissages,
  • Les étudiants de comptabilité utilisent massivement les réseaux sociaux et les sources informelles de connaissances pour apprendre (Khan et al., 2016, Apostolou et al., 2017).

14Considérant que l’environnement de l’enseignement de la comptabilité est ouvert et potentiellement source d’équivocité, la question qui se pose est de savoir comment intégrer ce contexte dans l’étude de dispositifs d’apprentissage à distance. Le cadre d’analyse de Weick peut répondre à ce défi.

1.2. La pertinence du cadre Weickien

15L’équivocité des informations, ou des évènements, conduit les individus à interagir, à communiquer afin de réduire le nombre d’interprétations concurrentes. L’équivocité des informations concerne le niveau d’ambiguïté, la complexité ou le manque de clarté de ces informations (il existe plusieurs significations possibles d’une même information). Les acteurs de l’organisation vont tenter d’utiliser l’information équivoque pour prévoir des situations futures, ils tentent aussi de répondre à ces informations par des actions. Ils essayent de gérer cette équivocité en maintenant un équilibre entre des messages hautement équivoques, et des messages extrêmement simplifiés. Chaque participant essaye de transformer les informations reçues équivoques en messages compréhensibles, et prévisibles (Kreps, 2009). Cette transformation est réalisée au travers « l’organizing » (point 1), processus au sein duquel actions (point 2) et interactions (point 3) vont contribuer à la création de sens.

1.2.1. « Organizing » et réduction des équivocités

16L’organisation, en tant que processus, est composée de comportements individuels, connectés et imbriqués. « Les comportements d’un individu dépendent des comportements d’autres individus » Weick (1979, p.89) [4]. Les structures organisationnelles émergent des actions et interactions individuelles dans un mouvement dynamique. Ce sont les processus qui forment les organisations et ces dernières ne sont pas des entités stables. Environnement et organisation sont constamment recréés par les individus et le groupe. La communication et les interactions sont les clés de ce processus. La réduction de l’équivocité, et les interprétations possibles des évènements, rend possible la coordination des actions.

17Le modèle de création de sens Enactment-Selection-Retention (ESR) (Figure 1), avance l’idée d’un équilibre entre, l’accomplissement de la séquence ESR dans une dynamique prospective, (faire c’est connaître) et une dynamique rétrospective (mécanisme de mémoire/rétention).

18La transposition dans le domaine de l’apprentissage est pertinente dans la mesure où toute situation d’apprentissage génère, dans un premier temps, des situations de conflits cognitifs chez les apprenants. La création de sens provient d’échanges réciproques entre acteurs (activation). Les acteurs retiennent une interprétation (sélection) qui est conservée (rétention) (Koenig, 2009).

Figure n° 1. Modèle ESR, d’après Colville et al. (2016), page 5

figure im1

Figure n° 1. Modèle ESR, d’après Colville et al. (2016), page 5

19Ces situations de communication sont intégrées dans le modèle de Weick au travers ce que Kreps (2009) nomme les incertitudes de l’information. L’information est incertaine du fait des distorsions qui peuvent exister entre émetteurs et récepteurs des messages. Il peut exister des pertes d’information en raison des canaux utilisés, des codes de langage. L’organizing consiste à proposer aux acteurs, un cadre (routines organisationnelles, cycles de communication) qui permette de réduire cette incertitude.

1.2.2. La construction du sens par l’action

20Les théories constructivistes de l’apprentissage mettent l’accent sur une construction sociale de la réalité et des connaissances. L’expérience devient une source de compréhension pour les individus et la réflexion est une méthode qui permet de changer les schémas mentaux (Schwandt, 2005). La construction de sens résulte d’un aller et retour entre action et abstraction et concerne peu l’évaluation des choix opérés (Weick et al., 2005). L’interprétation et l’expérimentation vont rendre le savoir concret.

21C’est ainsi que, « l’action clarifie ce que peut être le problème, une action particulière peut rendre de nombreuses évidences ou options non pertinentes et d’un autre côté l’action consolide des éléments inorganisés de l’environnement » [5].

22Le principal défi concernant la réduction de l’équivocité consiste à remplacer la phase de réflexion /action par une phase avec davantage d’actions (Guiette et al., 2016). L’action permet de sortir des schémas mentaux du passé, et d’explorer de nouvelles façons de faire, de nouvelles hypothèses.

23Nous retrouvons cette posture dans l’article de Knight et al. (2013). Les auteurs travaillent dans l’objectif de réduire les taux d’abandon des MOOC. Pour ce faire, l’utilisation d’outils d’analyse des données doit permettre de donner du sens à l’apprentissage. Ici, c’est moins le sens donné aux contenus du cours qui est mis en avant que le sens donné au parcours dans les contenus. L’idée est de proposer aux étudiants une visualisation des étapes d’apprentissage, et des résultats obtenus. Cette création de sens apparaît très proche de la définition donnée par Weick : une création de sens a posteriori.

1.2.3. Le rôle des interactions et la transposition dans l’enseignement à distance

24Le modèle ESR de Weick implique que lors de chacune des phases, les individus discutent, échangent confrontent leurs idées pour agir. Toutes les interprétations sont utiles pour favoriser les allers et retours entre actions et interprétations. Il s’agit de proposer des hypothèses (Weick et al., 2005) au sein desquelles « ignorance et savoir vont ensemble » [6]

25« L’efficacité du sensemaking n’est pas affaire de précision ou d’exactitude, mais de plausibilité. Pour séparer le signal du bruit, il est indispensable de filtrer et de caricaturer », Koenig (2009) [7]. Weick (2005) rajoute que la plausibilité renforce la motivation, ce qui induit des pratiques adaptatives d’apprentissage le temps que l’histoire plausible soit partagée par un nombre suffisant de participants. La création de sens est comprise comme un processus de construction sociale qui aboutit à un savoir partagé (Maitlis et al., 2014 ; Weick, 1995).

26Cependant, dans ce contexte le danger peut être d’introduire trop d’équivocité en provenance de trop d’explications et d’interprétations contradictoires. Le défi est alors de parvenir à un équilibre entre la facilitation de l’expression d’interprétations diverses, et l’organisation de mécanismes qui réduisent l’équivocité.

27Le rôle des interactions dans l’enseignement à distance est très présent dans les articles que nous avons consultés. Interactions (Anaya et al. 2016), mécanismes de négociation (Rasheed et al., 2020), interactions entre pairs, collaboration (Martinez- Maldonado et al., 2013 ; Wise et al. 2018), font partie des mécanismes ou défis largement reconnus pour leur contribution au succès des MOOC ou des cours en ligne. Martinez-Maldonado et al (2013) proposent plusieurs dimensions à la collaboration qui s’établit entre les étudiants : compréhension mutuelle, dialogue, partage d’informations, recherche du consensus. Cette recherche d’un consensus se rapproche du consensus évoqué par Weick (1995).

28La transposition du cadre d’analyse de Weick, dans le cas de l’apprentissage à distance, peut se traduire de la façon suivante :

29

  • l’organizing du cours consiste à poser un cadre, (avec des informations, des cycles d’actions et de communication) qui sert de réceptacle aux actions et interactions nécessaires à la réussite de l’apprentissage.
  • Le cadre est posé par la mise à disposition des ressources d’information, par la périodicité de l’utilisation de ces ressources
  • Les actions sont illustrées par les problèmes à résoudre pendant le cours (activités simples ou études de cas plus complexes)
  • Les interactions peuvent être provoquées par l’organizing lors des séances de travaux en équipes, elles permettent la sélection par l’équipe, des solutions qui font consensus,
  • La phase de rétention intervient une fois que le corrigé est disponible et qu’il est commenté par l’enseignant.

2. L’analyse de deux dispositifs d’enseignement hybrides

30La description des deux dispositifs pédagogiques permet d’illustrer les étapes générant des situations ambiguës dans un cours de comptabilité (1). La présentation des résultats montre comment les étudiants de chaque dispositif vont ajuster leur comportement aux informations équivoques, et répondre aux exigences de l’évaluation (2). La discussion des résultats permet ensuite d’analyser la construction de sens dans les deux dispositifs (3).

2.1. Description des dispositifs d’enseignement et collecte des données

2.1.1. Les dispositifs d’enseignements étudiés :

31Pour notre propos nous étudions deux dispositifs d’enseignement distincts.

32Il s’agit d’enseignements hybrides issus du champ disciplinaire de la comptabilité et du contrôle. Nous comparons deux dispositifs pour lesquels la part du présentiel est très nettement différente d’un cours à l’autre. Dans le cours 1, les étudiants suivent le cours majoritairement en mode traditionnel (salle de cours, exercices avec l’enseignant). Dans le cours 2, les étudiants suivent les mêmes enseignements mais majoritairement à distance (Tableau 1).

33La comparaison doit permettre de montrer si, sur un même cours avec des mêmes activités, le processus de création de sens est identique ou non.

Tableau n° 1 : Description des deux dispositifs d’enseignement hybride

Cours 1Cours 2
Dispositif pédagogiqueCours hybride 10 % à distance (1 séance sur 6)Cours hybride 66 % à distance (4 séances sur 6)
Nombre de participants87 sur 2 cohortes (41 et 46)
Années universitaires 2018-2019 et 2019-2020
76 sur 2 cohortes (38 et 38)
Années universitaires 2018-2019 et 2019-2020
Support TechniqueMoodle UniversitéMoodle Université
Intitulé du coursComptabilité Générale, niveau débutantComptabilité Générale, niveau débutant
Profil des participantsIngénieurs en master 2 MAEFuturs chargés d’affaires professionnels, master 1 VMBA
Durée du cours18 heures18 heures
ContenusPPTPPT sous format vidéo et PPT classiques
ActivitésQuiz et exercices guidés, étude de cas de synthèse à réaliser en groupe et en classe.Quiz et exercices guidés, étude de cas de synthèse à réaliser en groupe et en classe
Les interactionsÉchanges étudiants/enseignants, échanges entre étudiantsÉchanges étudiants/enseignants, échanges entre étudiants

Tableau n° 1 : Description des deux dispositifs d’enseignement hybride

34Les deux cours sont assurés par le même enseignant. Les supports pédagogiques, les activités et quizz proposés pour illustrer chaque partie du cours sont identiques.

35Les deux cours débutent, en présentiel, avec la présentation de deux documents de synthèse : bilan et compte de résultat. La logique de construction de ces deux documents fait l’objet du cours introductif et des premiers entraînements. Les parties 1, 2 et 3 concernent les principes comptables (débit et crédit) appliqués aux principales opérations affectant le bilan et le compte de résultat.

36Dès l’introduction du cours, l’accent est mis sur la pertinence de travailler en commun. Après la présentation (physique ou à distance) des principes comptables, les exercices d’application sont l’occasion d’échanger avec les étudiants. L’enseignant insiste beaucoup sur la dimension « apprentissage collectif » et indique que la fin du cours sera l’occasion de faire un retour d’expérience, sous la forme d’une enquête d’évaluation du cours.

Tableau n° 2 : Modalités pédagogiques des deux cours hybrides « organizing du cours » : les routines organisationnelles

Cours 1 Cours 2
IntroductionPrésentation du cours et premières applications avec l’enseignantPrésentation du cours et premières applications avec l’enseignant
Contrat pédagogique : discours d’introduction au coursIl s’agit d’un cours technique, mais l’idée est que vous vous appropriez cette technique. Le travail à plusieurs est fortement encouragé, notamment pour les entraînements. En fin de session il y aura une étude de cas à faire en groupe.Il s’agit d’un cours technique, mais l’idée est que vous vous appropriez cette technique. Le travail à plusieurs est fortement encouragé, notamment pour les entraînements. En fin de session il y aura une étude de cas à faire en groupe.
Partie 1,2,3Avec l’enseignant et un micro ordinateur/tablette/mobile, exercices réalisés en binômesAutonomie avec des jalons intermédiaires (quizz) et attentes pour chacune des parties (un planning indicatif est donné dans le calendrier du cours sur la plate-forme).
RévisionAutonomieAutonomie
Dernier cours : Étude de cas à faire en groupe et en temps limité Avec l’enseignant, l’étude de cas compte pour le CCAvec l’enseignant, l’étude de cas, compte pour le CC

Tableau n° 2 : Modalités pédagogiques des deux cours hybrides « organizing du cours » : les routines organisationnelles

37Le dernier cours est entièrement consacré à une étude de cas récapitulative, qui doit permettre de vérifier que les principes comptables sont compris (application correcte des mouvements débit et crédit, et construction des deux documents de synthèse que sont les bilans et compte de résultat). Les étudiants doivent appliquer leurs connaissances, en reconstituant un mini système d’information comptable à l’aide d’un tableur. Ils disposent pour cela de l’accès à leur cours, et toute documentation qu’ils ont constituée ainsi que des supports de cours.

38Il existe une différence fondamentale entre ce cas et les exercices réalisés tout au long du cours. Alors que les exercices et les entrainements sont relativement simples dans leur formulation, avec une pédagogie basée sur la répétition, le cas proposé est un cas de synthèse. Plusieurs opérations successives doivent être traitées et organisées, de façon à ce que les documents de synthèse puissent être complétés.

39Cette séance est réalisée sous la supervision du professeur qui est là pour s’assurer que l’énoncé est bien compris, et pour orienter, si besoin, le travail des étudiants.

40L’objectif annoncé de l’étude de cas est d’une part de procéder à une première évaluation des connaissances [8] et d’autre part à donner un cadre à du travail collaboratif pour favoriser l’apprentissage d’étudiants qui seraient en difficulté. Le caractère équivoque de l’étude de cas réside dans plusieurs dimensions (tableau 3)

Tableau 3 : Les caractéristiques de l’étude de cas

Le contenu du casÉquivocité de la situation pour les groupes d’étudiants
Le traitement des opérations décrites dans le cas demande une organisation différente de celle des exercices et quizz présents sur la plate -forme
Ce n’est pas un exercice de répétition mécanique
• Les étudiants ont toute latitude pour présenter les opérations et pour vérifier les écritures
• Il n’y a pas de tableau/schéma imposé pour procéder à la compilation des données, pour procéder aux vérifications
• Les étudiants doivent faire preuve d’imagination tout en étant rigoureux
• Équivocité du vocabulaire comptable pour certains étudiants (confusion sur les termes débit et crédit)
Calculs à faire (amortissement)
La méthode de calcul n’est pas précisée
• En fonction des informations disponibles les étudiants doivent choisir la méthode la plus adaptée et la justifier
Le calcul du résultat• Les étudiants ont eu l’occasion de travailler sur des rubriques du compte de résultat mais jamais sur le résultat en entier.
• Équivocité du vocabulaire comptable pour certains étudiants (le résultat comptable peut être soit un bénéfice soit une perte)
Dans la dernière partie de l’étude de cas : ajustement du bilan en incluant le résultat calculé• Dans la leçon introductive, les étudiants ont vu le lien entre les deux documents mais ne l’ont pas « expérimenté »
• Équivocité pour certains étudiants qui n’ont pas compris la logique des capitaux propres, qui n’appliquent pas l’équilibre du bilan

Tableau 3 : Les caractéristiques de l’étude de cas

41Au sein de chaque groupe, les étudiants sont incités à produire de la connaissance qui sera utile pour répondre au cas : toutes les réponses doivent être justifiées (explicitation des calculs, le choix des méthodes…).

42Le travail rendu doit être facilement lisible. Les étudiants sont invités à rédiger leurs hypothèses de travail si une donnée leur semble ambiguë (après discussion avec le professeur).

43La performance de l’apprentissage dans les deux dispositifs est obtenue en comparant les notes obtenues lors de cette étude de cas, pour chacune des promotions, dans chacun des deux cours.

2.1.2. La collecte des données

44La revue de littérature, consacrée à l’étude des enseignements à distance, de Zhu et al. (2018) met en lumière les principales méthodes empiriques retenues dans les 146 articles publiés entre octobre 2014 et novembre 2016. Les résultats indiquent que la plupart des études utilisent des méthodes quantitatives, puis des méthodes mixtes et, dans une moindre mesure, des méthodes qualitatives. La collecte des données vient principalement de questionnaires, puis de l’exploitation des données issues des plates forme, des entretiens et enfin des forums de discussion. Enfin, plus de la moitié des études utilisent deux méthodes de collecte de données que sont les enquêtes ou les entretiens. Les études se focalisent essentiellement sur les étudiants. La collecte des données issues des forums de discussion est largement développée (Anaya et al., 2011). Notre collecte de données est largement inspirée de ces travaux (Tableau n° 3) dans un traitement quantitatif des données.

Tableau n° 4 : Observation et enquête

Cours Hybride 1Cours Hybride 2
Observations plate-formeAnalyse des activités réalisées sur la plate -forme (consultation des pages, statistique des messages, statistique des forums) Analyse des activités réalisées sur la plate -forme (consultation des pages, statistique des messages, statistique des forums)
Questionnaire de fin de coursExploitation d’un questionnaire fin de cours
Taux de réponse 70 % = 61 questionnaires exploitables
Exploitation d’un questionnaire fin de cours
Taux de réponse 71 % : 54 questionnaires exploitables
Performance des apprentissagesCollecte des notes obtenues lors de l’étude de casCollecte des notes obtenues lors de l’étude de cas

Tableau n° 4 : Observation et enquête

2.2. Les principaux résultats obtenus

45Les résultats décrivent la participation aux activités des cours (1), ils identifient ensuite la création de sens résultant de l’utilisation des supports proposés (2), et de la combinaison d’actions et d’interactions (3).

2.2.1. « Organizing » et participation des étudiants aux activités proposées

46Ces activités se scindent en deux catégories : les contenus de cours et les activités tels que les quizz et exercices proposés sur la plate-forme.

47Pour chaque activité du cours, (introduction, support de cours, quiz etc.) la plate-forme récapitule le nombre de pages consultées et le nombre d’utilisateurs concernés. Il existe 10 rubriques de contenus pour les deux cours (fichier PPT et/ou PPT sonorisés), pour les 2 cours il existe 19 exercices ou quizz à réaliser. Nous nous intéressons à la fois, au nombre de pages consultées (contenus et exercices) par étudiant, et à la participation des étudiants à ces consultations. Pour l’ensemble de ces activités, nous cherchons à savoir s’il existe des différences entre les deux sous-groupes. Ces variables sont observées à la fin du cours (Annexes 2 et 3). L’analyse des données indique que les étudiants du cours 1 sont en moyenne 94 % à consulter les supports de cours contre 72 % pour les étudiants du cours 2. La différence entre les deux groupes est significative (Test T de 5,106, ddl 38 et p = 0,000). Les différences observées sur les autres variables ne sont pas statistiquement significatives. Il n’y a pas de différences entre les deux cours pour la consultation et la réalisation des activités par utilisateur, ni pour le taux de participation aux activités (quizz, exercices).

2.2.2. « Organizing » et création de sens par l’utilisation des supports proposés

48La création de sens est analysée à l’aune du questionnaire de fin de cours. Les trois premières questions cherchent à connaître la rationalisation a posteriori de l’expérience d’apprentissage des étudiants. Nous cherchons à savoir si les étudiants se sont appropriés l’environnement de la comptabilité, qu’ils viennent de découvrir pendant 18 heures.

49Les étudiants doivent donner leur niveau d’accord avec les propositions en cochant une échelle de Likert à 5 occurrences. Dans le logiciel de traitement statistique, ces occurrences ont été codées de 1 (pas du tout d’accord) à 5 (Tout à fait d’accord). La linéarisation des échelles conduit à interpréter les résultats de la façon suivante : des scores supérieurs à 3 pour un cours signifie qu’en moyenne, les étudiants de ce cours approuvent les affirmations proposées, un score inférieur à 3 signifie qu’en moyenne, les étudiants désapprouvent les propositions de la question. Comme précédemment, les traitements statistiques consistent à rechercher des différences entre les deux sous-groupes (test d’égalité des moyennes).

50Les trois premières questions concernent : le rappel des objectifs du cours, l’appréciation des contenus, et la combinaison du cours et des exercices pour comprendre les techniques comptables (Annexe 3).

51Pour chacune des questions, les étudiants du cours 1 ont un taux d’approbation qui est en moyenne supérieur aux étudiants du cours 2, avec un score moyen qui est toujours égal ou supérieur à 3,6. Les étudiants du cours 2 ont des scores moyens qui sont en moyenne inférieurs à 3. Ces résultats sont statistiquement significatifs.

2.2.3. La création de sens et l’imbrication des actions et interactions

52Deux autres questions cherchent à connaître le ressenti des étudiants quant aux exercices proposés sur la plate-forme, et l’étude de cas de fin de session. Ici encore, les taux d’approbation sont en moyenne supérieurs pour les étudiants du cours 1 (score moyen de 3,92 pour la variable Exercices et score de 3,68 pour la variable CasCCD) que pour les étudiants du cours 2 (respectivement 2,98 et 2,70). Ces différences sont significatives (Annexe 4).

53Les résultats de l’étude de cas montrent une différence notable en termes de résultats académiques. Les étudiants du cours 1 ont de meilleures performances pour l’ensemble des deux années étudiées (Annexe 5). Ils obtiennent en moyenne 14,6 à leur étude de cas contre 11,98 pour les étudiants du cours 2 La différence entre les deux groupes est significative (Test T 6,09 ; ddl. De 157 ; p= 0,000).

54Ces résultats peuvent aussi s’analyser au regard des deux dernières questions que nous présentons dans cette recherche (Annexe 6). Les étudiants du cours 1 approuvent massivement en moyenne, l’organisation du travail en groupe lors de la dernière session avec score de 4,13 en moyenne, contre un score moyen de 2,15 pour les étudiants du cours 2. Cette différence est significative (Test T 9,407, ddl 112, p= 0,000). De même, ils approuvent aussi l’affirmation selon laquelle, cette séance est l’occasion d’échanger avec l’enseignant.

55Nous avons pu observer les pratiques d’échanges sur la plate-forme Moodle (Annexe 7), les résultats indiquent que les étudiants du cours 1 échangent en moyenne 62 messages contre 44 messages pour les étudiants du cours 2. Cette différence est significative (Test T 2,969, ddl 82 ; p = 0,004)

2.3. Discussion

56Pour alimenter cette discussion nous aborderons successivement les deux « moments » de la création de connaissances dans le modèle de Weick, la construction de sens par l’action, le rôle des interactions. Nous terminons par une présentation des implications managériales de ce travail.

2.3.1. La construction de sens par l’action et la question de la connaissance produite

57Notre travail illustre la pertinence du cadre de Weick pour analyser le processus de création de connaissance dans l’enseignement en ligne. En ce sens il complète les théories existantes.

58En effet, dans les 2 dispositifs observés, les participants consacrent une large part de leur énergie à comprendre « comment faire », à prendre possession de leur nouvel environnement et d’un nouveau vocabulaire.

59En apparence, le sens est organisé par l’enseignant et n’est pas discuté par les participants. C’est le cas pour les étudiants en présentiel qui investissent massivement les contenus et activités de la plate-forme alors que les étudiants à distance s’investissent moins. Lors d’une conversation informelle avec deux étudiants du cours 2, il ressort qu’il existe une tendance à chercher d’autres explications, ailleurs sur internet ou auprès de connaissances, lorsque la vidéo du cours ne semble pas claire [9]..

60Ce comportement illustre le phénomène de déperdition d’information évoquée par Kreps (2009) et que l’on peut attribuer à l’enseignement à distance.

61La déperdition d’information est manifeste lorsque l’on compare les résultats des questions sur l’appropriation du cours. Les contenus sont perçus comme plus difficiles à comprendre, les activités plus difficiles à réaliser par les étudiants ayant suivi le cours à distance.

62Lors de l’étude de cas de fin de session, les étudiants doivent redonner sens à leur enseignement, ils doivent rendre actionnable les connaissances accumulées pendant le cours. Il est indéniable que dans ce type d’exercice, et dans le contexte d’un cours si spécifique, les étudiants qui ont travaillé à distance éprouvent plus de difficultés (moins bons ressentis et moins bons résultats académiques).

63Dans la mise en place de l’étude de cas, nous avons constaté que les étudiants ont du mal à « sortir » des exercices de répétition auxquels les quiz et les leçons sous format Moodle les ont habitué, même si dans un deuxième temps, ils finissent par s’approprier cet exercice.

2.3.2. La construction de sens par les interactions et la forme des interactions

64Dans le cours 1, les interactions sont « organisées » pendant chaque séance par du travail en binôme, et avec l’intervention régulière de l’enseignant qui évolue de groupes en groupes. Dans le cours 2, les interactions sont organisées sous la forme d’un planning qui indique les points de passage indicatifs et les forums de discussion du cours. Dans les deux cours il existe des pratiques d’échanges de messages observables sur la plate-forme.

65Les étudiants en présentiel interagissent davantage sur la plate-forme que les étudiants à distance, comme un prolongement des discussions « réelles » du cours. Ce résultat est conforme aux résultats présentés par Cisel (2017).

66Les étudiants du cours en présentiel ont perçu un travail en équipe plus efficace que les étudiants à distance. Ils ont aussi une perception plus favorable des interactions avec l’enseignant lors de l’étude de cas. Ils obtiennent de meilleurs résultats académiques. Cette expérience illustre la théorie de Weick selon laquelle les interactions favorisent la discussion et la sélection des bonnes réponses.

67Ce résultat indique aussi que les interactions ont besoin d’un cadre pour s’exprimer. Le cadre de l’enseignement à distance est moins favorable à cette expression.

68De plus, tout se passe comme si, la distance instaurée par le dispositif d’apprentissage persiste lors de la séance en présentiel : les étudiants n’apprécient pas le travail de groupe et ne considèrent pas que l’enseignant leur est utile.

2.3.3. Les implications managériales que cela suppose

69Dans un contexte où les compétences et les connaissances pertinentes évoluent, le recours à l’enseignement à distance est une tentation forte pour les managers. De nouveaux acteurs apparaissent, proposent des services de mise à jour des connaissances professionnelles. Ces sociétés utilisent des outils numériques qui ont pour objectif d’optimiser les formations délivrées en facilitant, de façon quasi mécaniste, le fonctionnement de la mémoire des apprenants. Ce type d’enseignement, plus ou moins guidé par des algorithmes, offre la possibilité aux salariés concernés d’organiser leur emploi du temps et de procéder à des mini séquences d’apprentissage basées des mini stimulations sous forme d’énigmes et /ou des mini quiz.

70Les résultats de nos études dessinent une réalité plus subtile.

71Lorsque les apprentissages concernent des domaines nouveaux pour les salariés, il n’est pas certain que les mini-activités conduisent à de la connaissance immédiatement réutilisable. L’expérience de l’étude de cas proposée aux étudiants du cours n°2 en est une illustration.

72L’environnement d’apprentissage est devenu pluriel en particulier du fait de l’apprentissage informel : consultation des ressources internet, rencontres, les activités quotidiennes des salariés. Les séquences de formation doivent prendre en compte cette dimension pour éviter d’introduire plus de confusions et d’ambiguïté dans l’environnement des salariés concernés.

73Dans notre étude, nous avons pu constater que les étudiants à distance cherchent à mieux comprendre en utilisant les réseaux sociaux, en comparant leurs points de vue à l’extérieur du cours. La numérisation des formations va sans doute accélérer cette pratique et pose alors la question de la confidentialité des formations et de la préservation de compétences et ressources rares pour l’entreprise.

Conclusion

74Dans cet article nous avons tenté de répondre à la problématique de la création de connaissance dans les enseignements à distance, en prenant appui sur l’expérience pédagogique de deux cours hybrides

75L’environnement de l’enseignement est caractérisé par une multiplicité d’expertises accessibles rapidement sur internet, les réseaux sociaux. Cette multiplicité d’analyses peut rendre improductives les formations en ligne. C’est pourquoi le cadre d’analyse de Weick est intéressant à mobiliser, la connaissance en elle-même devient équivoque, ce que les théories traditionnelles de l’enseignement ne prennent pas souvent en compte.

76Conformément au modèle ESR nous avons focalisé notre analyse sur l’organizing des actions et les interactions générées par les deux dispositifs pédagogiques.

77Les résultats indiquent que les étudiants du cours en présentiels sont proportionnellement plus nombreux à utiliser les ressources disponibles sur la plate-forme que les étudiants à distance.

78Ils sont aussi plus nombreux à apprécier les contenus, les exercices de la plate-forme. Ils interagissent plus souvent (dans les travaux de groupe et sur la plate-forme) et obtiennent de meilleurs résultats académiques.

79Dans le cadre d’un enseignement technique comme la comptabilité ou le contrôle de gestion, les étudiants « à distance » ont plus de mal à intégrer la dimension plus globale de leurs connaissances. Ils ont tendance à se focaliser sur les aspects mécaniques, facilement reproductibles. De même, les activités proposées sont vécues comme plus difficiles, alors qu’elles sont identiques dans les deux cours. Dans les deux dispositifs, les interactions entre pairs sont privilégiées pour favoriser la compréhension, mais alors que le travail en groupe est largement plébiscité par les étudiants « en présentiel », il n’a pas été jugé favorable par les étudiants du groupe à distance.

80Les pistes de recherche vont consister à explorer vont concerner deux dimensions de l’enseignement à distance.

81La dimension organizing va consister à analyser plus finement le parcours de connaissance des étudiants en incluant les interactions régulières.

82La dimension action-interaction autour de cas à résoudre : recours à des apprentissages informels, utilisation des réseaux sociaux, et antécédents d’interactions.


Annexes

Annexe 1 : Les volumes liés à la consultation des contenus

IndicateursGroupesNMoyenneTest TValeur de P<= 0,05
ContUtil1202,7851,4890,145
2202,485
PartCont12094,2405,1060,000**
22072,230

Annexe 1 : Les volumes liés à la consultation des contenus

Variable ContUtil (nombre de pages consultées par utilisateur) ; PartCont (Nombre d’étudiants ayant consulté la page /effectif de la classe *100).

Annexe 2 : Les volumes d’activité sur les deux cours hybrides : la réalisation des quizz et entraînements

IndicateursGroupesNMoyenneTest TValeur de P<= 0,05
ActiUtil13816,0890,3510,726
23814,889
ParActi13889,1261,5560,124
23882,132

Annexe 2 : Les volumes d’activité sur les deux cours hybrides : la réalisation des quizz et entraînements

Variable ActUtil (nombre de quizz/exercices consultées par utilisateur) ; ParActi (Nombre d’étudiant ayant consulté le quizz/l’exercice /effectif de la classe *100).

Annexe 3 : Sens donné à posteriori au parcours proposé

83

  • Les objectifs du cours ont été donné en début de session (Objectifs)
  • Les supports de cours sont suffisamment clairs (Supports)
  • La combinaison des supports MOODLE et du cours en présentiel 1/à distance2 permet de bien comprendre les aspects techniques du cours (débit-crédit, partie double) (Combitech)

IndicateursGroupesNMoyenneTest TValeur de P<= 0,05
Objectifs1603,972,0610,042**
2543,61
Supports1603,724,3990,000**
2542,85
Combitech1603,84,5270,000**
2542,89
Avec ddl = 112

Annexe 4 : L’action donne du sens

84

  • Les exercices proposés sur MOODLE facilitent la compréhension des techniques comptables (Exercices)
  • Le cas traité lors de la dernière séance correspond bien aux enseignements du cours (CasCCD)

IndicateursGroupesNMoyenneTest TValeur de P<= 0,05
Exercices1603,924,7850,000**
2542,98
CasCDD1603,684,1630,000**
2542,70
Avec ddl = 112

Annexe 5 : Les évaluations du contrôle continu dans les deux cours

IndicateursGroupesNMoyenneTest TValeur de P<= 0,05
CourEval18514,606,0900,000**
27411,95

Annexe 5 : Les évaluations du contrôle continu dans les deux cours

Avec ddl = 112

Annexe 6 : L’appréciation des interactions lors de la dernière séance

85

  • Lors de l’étude de cas, la présence de l’enseignant est utile, (DerEnseign)
  • Lors de l’étude de cas, le fait de travailler en groupe aide à comprendre les aspects techniques du cours (DeGroupe)

IndicateursGroupesNMoyenneTest TValeur de P<= 0,05
DErEnseign1603,685,6150,000**
2542,3
DeGroupe1604,139,4070,000**
2542,15
Avec ddl = 112

Annexe 7 : Comparaison des pratiques d’échanges via la plate forme Moodle

IndicateursGroupesNMoyenneTest TValeur de P<= 0,05
Message14662,652,9690,004**
23844,21

Annexe 7 : Comparaison des pratiques d’échanges via la plate forme Moodle

Avec ddl 82- Observation sur l’année 2019-2020

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Mots-clés éditeurs : Enseignement à distance, interactions, connaissances, Weick, sensemaking

Date de mise en ligne : 02/06/2021

https://doi.org/10.3917/grh.212.0061

Notes

  • [1]
    Massive Open Online Course
  • [2]
    Small Private Online Course
  • [3]
    Pour illustrer notre propos, nous avons saisi « calcul des amortissements » dans un moteur de recherche, le résultat donne 7950 000 occurrences avec des variantes sur les adjectifs (amortissements dérogatoires, linéaire, fiscal, dégressif etc.).
  • [4]
    Cité in Bauer (2019)
  • [5]
    Page 315
  • [6]
    Weick, 1996, page 148, cité in Maitlis et al., 2010
  • [7]
    Page 538
  • [8]
    Contrôle continu qui compte pour 50 % de l’évaluation finale
  • [9]
    Ces deux étudiants n’expliquent pas clairement pourquoi ils n’ont pas sollicité leur enseignant lorsqu’ils éprouvaient des difficultés

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