@GRH 2016/2 n° 19

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Article de revue

Politique de gestion de la diversité dans les grandes écoles françaises : quelles intentions stratégiques ?

Pages 37 à 64

Notes

Introduction

1« Les seules distinctions légitimes entre les citoyens sont celles qui séparent les talents », d’après la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen et l’établissement de la République [1]. Là sont le principe et l’esprit de l’élitisme républicain. La sélection par l’excellence scolaire devrait rebattre à chaque génération les cartes de l’origine sociale. Il n’en va malheureusement pas ainsi.

2Créées il y a plus de 200 ans dans le but de faire émerger une nouvelle élite républicaine, le système des classes préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE) est régulièrement accusé de produire des élites socialement prédestinées et de légitimer, par sa propre sélectivité, une large reproduction sociale, en accentuant encore davantage les inégalités sociales de réussite scolaire (Albouy et Wanecq, 2003). Dans ce contexte, l’État a formulé une double exigence : porter à 50 % d’une classe d’âge le taux de diplômés de l’enseignement supérieur ; garantir à tous l’égalité des chances qui fonde la cohésion sociale à la base du pacte républicain (Saa, 2012). Ainsi, depuis les années 2000, des actions gouvernementales successives ont développé un système d’aides sociales pour initier et renforcer -bien qu’imparfaitement- la démocratisation de l’enseignement supérieur.

3Et si les Grandes Écoles sont régulièrement dénoncées d’être des lieux fermés aux jeunes issus des milieux les moins favorisés, les médias se font paradoxalement aussi l’écho de multiples initiatives en leur sein, favorisant l’égalité sociale des chances… Car s’agissant du problème spécifique de l’accès aux classes préparatoires et aux Grandes Écoles, ce sont les écoles elles-mêmes, parfois aussi les lycées, ainsi que les entreprises, qui ont été les premières à adopter une attitude « proactive ».

4Le courant littéraire développé depuis la fin des années 1990 sur le thème de la diversité se révèle particulièrement riche (Bender, 2004 ; Cornet et Worland, 2008 ; Laufer, 2009…). La plupart des recherches se concentrent sur la gestion de la diversité dans les entreprises (Peretti 2007 ; Barth et Falcoz, 2010…). Quelques-unes se penchent sur le lien entre la performance et la diversité (Le Duff, 2011 ; Bruna et Chauvet, 2013…).

5Quant à la question de la diversité dans les Grandes Écoles, la littérature s’intensifie depuis quelques années. Cependant, ces recherches se focalisent essentiellement sur les impacts de la diversité sur les parties prenantes, le « public » récepteur de ces actions (Albouy et Wanecq, 2003 ; Béabar, 2004 ; Sabeg, 2009 ; Beaud et Convert, 2010 ; van Zanten, 2010…). Sont ainsi traitées les questions de la formation des élites, de la méritocratie, de la démocratisation des classes préparatoires, de l’accès (inégal) aux Grandes Écoles. Très peu traitent des politiques diversité des Grandes Écoles françaises (Pérugien et Barth, 2014).

6L’objectif de cette recherche est donc ici de découvrir les enjeux sociaux, légaux et économiques d’une gestion de la diversité dans les Grandes Écoles françaises. Le management de la diversité dans les Grandes Écoles est-il la nouvelle voie pour répondre aux contraintes (sociales, légales et économiques) et les transformer en performances ? Autrement dit, quelles sont les causes, les impacts et les limites de l’ouverture des Grandes Écoles à la diversité ?

7Au travers des résultats issus de cette recherche, seront ainsi étudiés les enjeux et les impacts que le management de la diversité engendre sur la performance qualitative (dynamisme, motivation, investissement, image…) et quantitative (augmentation de la rentabilité) de ce type d’organisations. Seront aussi pointées les limites de l’ouverture sociale dans les Grandes Écoles.

1 – La diversité dans les grandes écoles : quelques éléments de cadrage

1.1 – Les Grandes Écoles, un système à plusieurs niveaux

8La littérature en sciences de gestion s’intéresse quelque peu au sujet des Grandes Écoles, il n’existe pourtant pas de définition unique et continue de ce concept.

1.1.1 – Une définition floue du concept « Grande École »

9Historiquement, l’expression « Grandes Écoles » désigne les établissements publics assurant une formation de haut niveau pour les futurs serviteurs de l’État, qu’ils soient ingénieurs ou administrateurs. Mais il n’existe en fait, aucune définition ni liste officielle des Grandes Écoles. Cependant, il existe un consensus sur les critères de définition d’une Grande École et les textes législatifs et réglementaires font principalement référence aux Grandes Écoles au travers des « classes préparatoires aux Grandes Écoles » et de la Conférence des Grandes Écoles (CGE). Elles délivrent un diplôme reconnu par l’État (pour les écoles d’ingénieurs, c’est la CTI – Commission des titres d’ingénieur – qui attribue cette reconnaissance) et donne le grade de master, soit un bac+5.

10Ainsi, la CGE (Conférences des Grandes Écoles, 2016 [2]) regroupe 205 Grandes Écoles : 145 écoles d’ingénieurs dont 104 sont de statut public et relèvent de tutelles différentes ; 40 écoles de management, majoritairement de statut consulaire, dont le diplôme est visé par l’État et qui délivrent le grade de master. Enfin, 20 écoles d’autres spécialités (écoles vétérinaires, écoles normales supérieures, écoles d’arts appliqués, etc.), également sous la tutelle de différents ministères.

11On désigne donc généralement comme Grandes Écoles, certains établissements d’enseignement supérieur qui recrutent leurs étudiants par un concours d’admission démocratique, à l’issue de deux années de classes préparatoires aux Grandes Écoles, comportant des épreuves qui sont les mêmes pour tous, et qui sont anonymes. Ces classes préparatoires aux Grandes Écoles ont été historiquement « prévues » pour une clientèle choisie, scolairement mais aussi le plus souvent socialement (Beaud et Convert, 2010).

1.1.2 – Une discrimination « de fait » dans les Grandes Écoles

12Si la classe préparatoire est toujours considérée comme la voie royale, elle n’est cependant plus la voie unique pour accéder aux Grandes Écoles. Il existe également les admissions parallèles, dites sur titre, qui permettent à des diplômés d’université, de BTS ou de DUT d’accéder à ces écoles.

13Pour autant, et comme l’a souligné Schweitzer, président de la HALDE [3] (2005), l’accès aux classes préparatoires aux Grandes Écoles est marqué par une « discrimination de fait » (et non de droit, puisque leur recrutement, démocratique, se fonde sur le critère de l’excellence scolaire). La première difficulté déjà relevée par Bourdieu et Passeron (1964) il y a 5 décennies, relève de l’ordre du « déterminisme social et familial entretenu », avec notamment un manque d’information et d’orientation et surtout un phénomène d’autocensure important (Sénat, 2007). Bien sûr, viennent s’ajouter à ces obstacles culturels et sociaux, les obstacles financiers : frais d’inscription aux concours d’entrée aux Grandes Écoles, frais de logement, coût élevé de ces établissements… Or, dans ce domaine aussi, l’information est inégale selon l’origine sociale des jeunes. Ainsi, les classes préparatoires et de fait, les Grandes Écoles, sont des études socialement improbables pour tout le monde (Lahire, 2003).

14Face à ces différents problèmes, le développement du système d’aides sociales a tenté de répondre – bien qu’imparfaitement – au souci de démocratisation de l’enseignement supérieur. Plusieurs réformes importantes ont ainsi été initiées : l’orientation active au collège, au lycée et dans le premier cycle de l’enseignement supérieur, le plan pour la réussite en licence (2007), le portail d’admission post-bac (2008), les internats d’excellence (2009), la réforme des BTS (2011), la densification du réseau des CPGE et la création de classes préparatoires technologiques, etc. (Saa, 2012).

15Quant à l’accès aux classes préparatoires et aux Grandes Écoles, ce sont les écoles elles-mêmes qui ont fait montre d’une grande « pro-activité », parfois accompagnées de lycées ou d’entreprises partenaires. Leurs actions ont divers objectifs, dans la mesure où elles visent les différents types de « handicaps » dont elles ont pris conscience. On peut néanmoins les classer en deux catégories : celles prévoyant une procédure dérogatoire de recrutement (initiée en 2001 par Sciences Po., avec les « Conventions d’Education Prioritaire ») et celles consistant à donner à tous les moyens de réussir les mêmes épreuves pour l’entrée à l’école (les actions de mécénat d’entreprises qui se multiplient peuvent être également recensées).

1.1.3 – Les actions du système éducatif Grandes Écoles

16Plusieurs actions ont été lancées par le système éducatif des Grandes Écoles afin de lutter contre les discriminations et travailler en faveur de l’ouverture sociale.

17Parmi les Grandes Écoles concernées par l’ouverture sociale et l’égalité des chances, nous trouvons l’EM Normandie et l’EM Strasbourg, EDC, ESC Dijon, La Rochelle, Pau et Troyes, Grenoble EM, Montpellier BS, Novancia Paris, Rennes School of Business et Telecom EM. Ces établissements sont tous engagés dans le programme « Passerelle, ascension sociale », la plus importante banque d’épreuves communes en France. Depuis 25 ans, l’association réunit des étudiants de tous les profils et titulaires d’un Bac + 2 minimum, désireux d’intégrer l’une de ces 12 Grandes Écoles de management. En partenariat avec ces écoles membres et avec des établissements incubateurs (Prépa, BTS, IUT…), Passerelle assure la formation des jeunes étudiants « socialement moins entourés que d’autres », entre leur bac et leur intégration dans l’École.

18On doit bien évidemment évoquer Sciences Po et ses « Conventions Education Prioritaire » créées en 2001, voie de recrutement sélective « destinée aux élèves méritants, scolarisés dans l’un des établissements en Zone d’Éducation Prioritaire partenaires de Sciences Po » [4].

19Il faut aussi se pencher aussi sur la convention de l’ESSEC, créée en 2002. « Une Prépa, une Grande École Pourquoi Pas Moi ? » (appelée plus communément PQPM) est en effet la plus grande initiative mise en place par une Grande École, et dont l’essaimage est aussi le plus significatif.

20Cette action vise à élargir le recrutement des Grandes Écoles en excluant toute politique de quotas. Pour cela, elle met en place une convention signée avec des lycées partenaires (puis des collèges) et les élèves sélectionnés bénéficient d’un accompagnement sous la forme de tutorat durant leurs années de collège ou de lycée, visant à développer des comportements et compétences correspondant notamment aux attentes des concours d’entrée dans les formations d’excellence.

21Avec les années, ce programme est devenu très cadré et codifié et les partenaires extérieurs du programme sont nombreux : les lycées, les familles, les intervenants extérieurs, mais aussi l’État. Celui-ci, représenté par la ville, apporte une part du financement nécessaire à la mise en œuvre chaque année du programme. L’Inspection d’académie, quant à elle, participe au choix des collèges et lycées et veille à la bonne articulation entre le cursus et les principes de fonctionnement de l’Éducation Nationale.

22Aujourd’hui ce sont plus de 250 établissements supérieurs qui sont engagés dans un projet d’ouverture sociale, sur la base établie par la convention ESSEC. L’ESCP Europe, HEC Paris ou l’EM Strasbourg peuvent être ainsi cités en exemple. L’EMlyon business school peut être également évoquée. Depuis 2006, cette Grande École a mis en place une politique volontariste de soutien à l’égalité des chances en matière d’éducation en créant un programme d’ouverture sociale qui regroupe à ce jour 450 lycéens (et 230 étudiants d’Emlyon business school et de Centrale Lyon qui assurent leur tutorat) dans 12 lycées de la région. Il s’agit là du plus grand programme de tutorat, du point de vue du nombre de lycéens. Et pour compléter ce dispositif, le préfet de la Région Rhône-Alpes a lancé en 2008 le suivi de parcours post-bac qui concerne les étudiants en CPGE [5].

1.1.4 – Les actions des acteurs politiques

23Ces nombreuses actions en faveur de la diversité sociale ont inspiré la rédaction et la création de chartes, de rapports et de programmes, allant dans le sens d’une dynamique forte en faveur de l’égalité des chances dans le monde éducatif. En 2005, tout d’abord, la Charte pour l’égalité des chances dans l’accès aux formations d’excellence a été signée par le Gouvernement, les universités et les Grandes Écoles. Elle confirme la volonté politique de développer les initiatives visant à permettre à tous les élèves qui, pour des raisons diverses, s’autocensurent, manquent d’ambition et n’osent pas s’engager dans des voies de formations d’excellence, d’accéder à des études supérieures valorisantes et ambitieuses.

24En 2007, le rapport du Sénat sur la diversité sociale se propose d’aller dans le sens de ces actions et développe essentiellement trois leviers : lever l’autocensure ; encourager l’accès et le suivi des élèves dans les classes préparatoires et les Grandes Écoles ; multiplier, mieux coordonner et évaluer les expérimentations (Sénat, 2007).

25Enfin, fin 2015, le label DD&RS (développement durable et responsabilité sociétale) est officiellement créé [6]. Il est le fruit du travail collectif d’une dizaine d’universités et de Grandes Écoles, de la Conférence des Grandes Écoles, de la Conférence des Présidents d’Universités, du Ministère en charge du développement durable, du Ministère en charge de l’enseignement supérieur et du Réseau Français des Étudiants pour le développement Durable. La labellisation s’appuie sur le référentiel Plan vert organisé selon cinq axes (stratégie et gouvernance ; formation ; recherche ; politique sociale et ancrage territorial ; environnement).

1.1.5 – Les principales retombées positives

26Un des impacts les plus significatifs de ces actions menées en faveur de l’égalité des chances et la réussite des jeunes face à l’entrée dans l’enseignement supérieur, et notamment dans des filières d’excellence, est la création du programme « Cordées de la Réussite ». Lancé en novembre 2008 avec comme objectif d’introduire une plus grande équité sociale dans l’accès aux formations d’excellence, il s’agit d’un label attribué dans le cadre d’un partenariat entre le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et le Ministère chargé de la politique de la ville. Ce label est attribué aux « têtes de cordées », c’est-à-dire à des établissements supérieurs (Grandes Écoles, universités) porteurs de projets et partenaires d’établissements secondaires situés prioritairement dans des quartiers inscrits dans la politique de la ville (dynamique espoir banlieues). Aujourd’hui, plus de 250 programmes sont labellisés cordée de la réussite, avec un nombre total d’élèves bénéficiaires qui s’élève à un peu plus de 200 000.

27C’est l’ACSE (agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances) qui finance ces cordées et qui assure également une démarche de suivi et d’évaluation de ces interventions. En moyenne, une cordée de la réussite bénéficie d’un financement de l’ACSE de 15 000 euros, souvent complété ensuite par des financements parallèles (conseils généraux et régionaux, communautés d’agglomérations urbaines, fondations d’entreprises…) ou de l’autofinancement. Aujourd’hui, la généralisation des Cordées à toutes les structures de formation, tous les niveaux d’enseignement, tous les territoires fait que son inscription dans le code de l’éducation est désormais à l’ordre du jour (Saa, 2012).

28Les principales retombées positives sont évidemment envers les élèves directement concernés par ces diverses actions. Les nombreux travaux de recherche et enquêtes réalisées et portant sur ce thème vont tous dans ce sens. À titre indicatif, plus de 60 % des élèves ayant bénéficié de ce type d’actions sont aujourd’hui dans une filière longue ou en CPGE (Enquête annuelle de suivi du programme « Cordées de la Réussite », 2015).

29Mais l’objectif indirect des programmes est également de créer l’émulation dans l’ensemble des lycées partenaires. Tout d’abord en développant au mieux et pour tous, l’information sur les filières et métiers ambitieux et donc, en créant des ponts visibles avec l’enseignement supérieur. Ensuite, en changeant le regard sur la réussite scolaire, le sens de l’effort et l’ambition professionnelle des jeunes dont ils ont la charge, grâce aux bénéficiaires des programmes, « ambassadeurs » de la réussite.

30Ces programmes basés sur le tutorat étudiant ont aussi à l’évidence, un impact fort sur les étudiants-tuteurs. D’après leurs témoignages et quelle que soit leur situation, tous sortent grandis et enrichis par cet engagement personnel et citoyen. Ils vivent une expérience pédagogique très riche et contribuent aussi à l’un des défis majeurs de notre société.

31Pourtant, dans un premier temps, une bonne partie de la communauté éducative elle-même s’était montrée plutôt réticente et septique à ces actions, à la fois quant aux motivations des Grandes Écoles et quant aux résultats que l’on pouvait en attendre. Aujourd’hui, toutefois, la plupart des Grandes Écoles se sont progressivement lancées dans l’aventure. Leurs dispositifs d’ouverture sociale s’articulent principalement autour de deux logiques : la redéfinition du mérite démocratique et le maintien de l’égalité devant les concours d’entrée aux Grandes Écoles.

32Et un autre impact observable bien qu’indirect, est celui sur le milieu entrepreneurial. Car un des enjeux des entreprises est d’intégrer en leur sein la diversité, composante importante de la responsabilité sociale (RSE) mais aussi véritable richesse. Et les actions établies en amont du monde du travail leur permettent de ne pas se priver de talents, sous prétexte qu’ils viennent de territoires géographiquement ou socialement défavorisés. La diversité en entreprise serait donc source de performance.

1.2 – Diversité et performance : quelques repères théoriques

33Les concepts de diversité et de performance sont des construits sociaux soumis à des requalifications perpétuelles. Il n’existe pas d’unité de définition ni d’unité de mesure alors même que la littérature professionnelle et académique les étudient assez largement (Bruna, Chauvet, 2013). Elles nous permettent tout de même de mieux les cerner.

1.2.1 – La notion de diversité : une absence de définition universelle

34La notion de diversité est très large. Dans l’absolu, elle renvoie à l’ensemble des caractéristiques personnelles, sociales et organisationnelles qui participent à la construction de l’identité et de la personnalité des individus (Cornet et Warland, 2008).

35Ce concept est apparu aux États-Unis aux débuts des années 1990 et (tout comme le concept de performance, nous le verrons ci-après), n’a pas de définition universelle. Malgré l’hétérogénéité des conclusions des études empiriques, on le mobilise très souvent, aussi bien dans les sphères professionnelle, politique et associative que scientifique. Les caractéristiques qui le qualifient (âge, ethnie, nationalité, genre, handicap…) et les politiques mises en œuvre pour le promouvoir dépendent fortement du secteur d’activité de l’organisation, de son environnement, de sa taille, de sa stratégie, de sa culture (Bruna et Chauvet, 2013).

36De manière générale, on peut tout de même dire que la diversité renvoie à la différence telle qu’elle est perçue et traitée au sein d’un collectif. Elle se définit le plus souvent comme synonyme de variété (Harrison et Klein, 2007) et renvoie à des phénomènes macro-sociaux majeurs (Cornet et Warland, 2008) : d’une part, la diversité croissante des caractéristiques, des besoins et des attentes chez les usagers et clients ; d’autre part, la diversité croissante dans la main-d’œuvre en lien avec les évolutions du marché du travail.

1.2.2 – La diversité, source de performance économique et sociale

37Dans la littérature en sciences de gestion, certains auteurs associent la notion de diversité à celle de performance, notamment la performance économique. Mais cette littérature fait également apparaître une autre mesure de la performance dans le cadre de la diversité. Il s’agit de la performance sociale.

38Près de 3500 entreprises françaises [7] ont déjà signé la Charte de la diversité, lancée en 2004 (Bébéar et Sabeg, 2005). Le label Diversité délivré par l’Afnor certification regroupe aujourd’hui 250 entreprises. Un Haut-Commissaire à la diversité et à l’égalité des chances a été nommé en 2009 et près d’une vingtaine de types de discriminations sont reconnus en France… Absente des débats sur l’égalité en France jusqu’au milieu des années 1990, la notion de diversité s’est depuis imposée comme une notion clé dans le champ de la lutte contre les discriminations et cette thématique semble s’installer durablement au-delà des effets de mode (Barth et Falcoz, 2010), non sans controverse néanmoins.

39Le pouvoir de séduction de la notion de diversité tient à son extrême plasticité qui lui permet de s’adapter à toutes sortes de contextes institutionnels et culturels et de correspondre à de multiples perspectives théoriques et de conceptions du changement social (Laufer, 2009). Le pouvoir de séduction de la notion de diversité et de la gestion de la diversité tient aussi à sa vertu d’articuler une logique institutionnelle et juridique de lutte contre les discriminations à une logique économique de performance (Bender, 2004 ; Barth et Falcoz, 2007 ; Cornet et Warland, 2008). En effet, les implications économiques potentielles d’une diversification du profil des collaborateurs font l’objet d’une attention croissante tant dans le champ académique que professionnel.

40Lorsque l’on croise les principaux travaux scientifiques consacrés à l’articulation entre diversité et performance des équipes, c’est la perspective économique de la performance qui est donc abordée de façon majoritaire. Autrement dit, en sortant de la sphère purement entreprise, la performance s’entend souvent comme les résultats obtenus (Mazouz et Tardif, 2006).

41Pour autant, la littérature tant professionnelle qu’académique adopte aussi largement une approche sociale de la performance. Elle s’intéresse principalement aux dimensions humaines de l’organisation.

42Interroger scientifiquement le lien entre valorisation de la diversité et performance implique de reconnaître que des facteurs extra-économiques peuvent exercer un impact significatif sur la performance (Bruna et Chauvet, 2013) : la diversité des collaborateurs, de leurs modes de socialisation, des structures de coopération interne (Dameron, 2004) et des modes de management mobilisés seront autant de facteurs identifiables.

43En suivant le sens commun, la performance sociale se définit donc comme les résultats d’une entreprise dans les domaines ne relevant pas directement de l’activité économique. La morale et la cohésion y sont considérées comme primordiales et essentielles, et donc privilégiées au sein de l’entité considérée. Dans cette perspective, l’atteinte des objectifs sociaux s’avère le préalable et la condition principale de réalisation des objectifs économiques et financiers (Gauzente, 2000). Les termes de performance et de valeur sont ainsi souvent liés (Damar, 2008 ; Le Duff, 2011 ; Brechet et Desreumaux, 2001) et aujourd’hui, pour créer de la valeur, la performance économique serait essentielle mais insuffisante afin que l’entreprise reste pérenne. La pluralité des profils, la variété des expériences, l’hétérogénéité des compétences, contribueraient elles aussi à créer de la valeur en entreprise (Perretti, 2007).

44La conciliation et la convergence entre ces différents types de performance sont ainsi régulièrement mises en évidence dans la littérature depuis une quinzaine d’années (Charreaux et Desbrières, 1998 ; Waddock et Graves, 1997 ; Orlitzky et al., 2003). Cette conjonction (sociale et économique) est essentielle pour permettre des gains de productivité grâce à l’amélioration de la satisfaction du personnel. Car l’enjeu est de créer un environnement de travail enrichissant et stimulant, en utilisant au mieux ces nouveaux potentiels et cadres de référence (Cornet et Worland, 2008).

45Et qu’elle soit déclinée en termes de pérennité de l’organisation, d’efficience économique, de valeurs des ressources humaines (Morin, Savoie et Beaudin, 1994), la performance est de plus en plus présentée comme relevant d’une production collective. La diversité à elle seule ne peut rendre compte du différentiel de performance existant entre les entreprises. Car ce n’est pas la diversité de manière intrinsèque qui est source de performance, mais bien son management. Le management de la diversité permettrait ainsi à l’entreprise d’optimiser la qualité du service, d’améliorer la satisfaction du client, et de véhiculer une image positive et dynamique. Recruter des profils différents pallierait la pénurie de talents. Cela répondrait aussi au besoin de proximité avec des clients et les produits de plus en plus divers, qui nécessite de recruter des salariés qui leur ressemblent. Il s’agit ainsi de répondre aux besoins dans une approche intégrant marketing et ressources humaines. Il s’agit bien là d’un investissement productif : « Gérer la diversité, c’est accepter la non-conformité au service du développement de l’entreprise » (Alis et Fesser, in Perretti, 2007). Les partisans de la discrimination positive en font un argument de poids.

46La conception de la performance ne se limite donc plus aux seuls résultats : elle est également une action et un processus (Defélix et al., 2014). Dès lors, mettre en place une politique de diversité nécessite un mode de gestion transversal, durable et intégré. Il s’agit d’une activité complexe qui renvoie aux multiples dimensions inhérentes au fait organisationnel. La mise en œuvre d’une diversity policy se place à la jonction de préoccupations éthiques, de contraintes juridiques, d’enjeux « réputationnels » et de calculs économiques (Bruna, Peretti et Yanat, 2016).

47Ces recherches menées sur la diversité se concentrent globalement sur les entreprises. Certaines se polarisent néanmoins sur les Grandes Écoles, qui, à l’image de la société dans lesquelles elles sont insérées, font montre d’un grand dynamisme en termes d’engagements et d’actions sur la diversité. Mais jusqu’à présent, la plupart se sont focalisées sur les parties prenantes, le « public » récepteur de ces actions et traitent essentiellement de la question de la méritocratie, de la formation des élites, de la démocratisation des classes préparatoires, de l’accès (inégal) aux Grandes Écoles (Béabar, 2004 ; Albouy et Wanecq, 2003 ; Sabeg, 2009 ; Beaud et Convert, 2010 ; van Zanten, 2010…).

48L’intérêt principal de cette enquête est de découvrir les enjeux sociaux, légaux et économiques d’une politique de diversité sur la performance des Grandes Écoles.

2 – Contexte de l’étude

49Pour rappel, la question de recherche est la suivante : Le management de la diversité dans les Grandes Écoles est-il la nouvelle voie pour répondre aux contraintes (sociales, légales et économiques) et les transformer en performances ? Autrement dit, quelles sont les causes, les impacts et les limites de l’ouverture des Grandes Écoles à la diversité ?

50Afin d’y répondre, la méthodologie adoptée repose simultanément sur de l’observation participante sur une longue période (de 2009 à 2016 au sein des réunions du Groupe Ouverture Sociale –GOS–, en tant que responsable de la diversité dans une Grande École), à laquelle s’ajoutent 6 entretiens semi-directifs menés auprès d’acteurs dans la mise en place et/ou la gestion de programmes diversité au sein de Grandes Écoles.

51De façon générale, l’observation participante permet de générer de la connaissance sur l’autre directement sur le terrain de recherche (Dion, 2008) et d’observer « à couvert ». Cependant, cette notion est très souple et sa mise en œuvre se matérialise par des formes extrêmement diverses. Pour cette recherche, il s’est agi d’une « participation complète par opportunité ». Le chercheur a en effet mis à profit l’opportunité qui lui était donnée par son rôle permanent en tant que responsable de la diversité dans son école, et donc par son statut déjà acquis dans la situation (Adler et Adler, 1987). Avant d’être chercheur dans la situation, il y était d’abord un membre actif (un « participant pur » – Soulé, 2007) et se définit donc ici comme un « observateur participant interne ».

52L’échantillonnage de ces entretiens s’est constitué par l’activation d’un réseau créé grâce à la participation aux réunions du GOS et lié à l’observation participante. Cet échantillon a néanmoins respecté le principe de diversité (D’Hainaut, 1975 ; Blanchet et Gotman, 2001). Une variété de situations assez large a été recueillie pour capturer le plus de concepts et établir des contrastes (Voynnet Fourboul et Point, 2006). Le panel d’écoles étudiées a ainsi été sélectionné sur la base de l’existence d’un ou de plusieurs programmes sur la diversité en leur sein. Ce panel est issu d’une liste officielle fournie par l’ACSE (Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Égalité des Chances), complétée par la liste des participants réguliers aux réunions du GOS depuis 2009.

53Les résultats exposés ci-après proviennent d’inductions analytiques qui ont permis de dégager les thèmes principaux abordés par les personnes interviewées. Chaque entretien a fait l’objet d’une analyse thématique « verticale », consistant à analyser les thèmes évoqués par chaque sujet séparément. Une cohérence thématique inter-entretien a ensuite été étudiée par le biais d’une analyse thématique « horizontale », qui a permis de relever les différentes formes sous lesquelles apparaissent les thèmes d’un entretien à l’autre (Blanchet et Gotman, 2006). Une comparaison constante des données recueillies a permis de faire ressortir par la suite les enjeux sous-jacents de la diversité dans les Grandes Écoles. Cette méthodologie s’inscrit dans un positionnement épistémologique de type interprétativiste (Perret et Séville, 2007).

Positionnement méthodologique : Tableau de synthèse

tableau im1
Étapes Choix méthodologiques Positionnement épistémologique Approche interprétativiste Collecte des données – 6 entretiens : • 1 homme, Directeur Général, Grande École de commerce, Paris (A) • 1 homme, manager développement réseau, Grande École de commerce, Paris (B) • 1 femme, directrice prospective et développement de projets, Grande École de commerce, Paris et Centre (C) • 1 femme, responsable des affaires générales et culturelles, Grande École d’ingénieurs, Belfort (D) • 1 femme, responsable de la diversité, Grande École de commerce, Paris (E) • 1 femme, responsable du Pôle Ouverture Sociale de la Conférence des Grandes Écoles (CGE), Paris (F) – Observation participante durant 6 ans dans le Groupe Ouverture Sociale (GOS) Traitement des données Analyse verticale et horizontale + analyse par attention flottante (Dumez, 2013) Critère de validité Triangulation des données

Positionnement méthodologique : Tableau de synthèse

3 – Résultats de la recherche : la diversité dans les grandes écoles, une pluralité d’enjeux

54Mettre en place une politique de diversité dans une Grande École implique de prendre en considération à la fois les contraintes ou injonctions légales, les faits sociétaux, les enjeux d’image et les calculs économiques. Quels sont alors les impacts de ce type de programmes d’ouverture sociale sur ces établissements ?

3.1 – La diversité comme enjeu social

55L’enquête de terrain révèle qu’à l’instar de l’entreprise, c’est un enjeu sociétal pour les Grandes Écoles de participer à leur façon à l’ouverture sociale et à l’accès à l’enseignement supérieur d’excellence. Leurs directions en ont bien conscience.

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« Quand on déplore une cause sociétale, quand on identifie un point à améliorer dans la société, il faut que tout le monde puisse y participer quand il en a la possibilité. Les écoles ont un rôle à jouer. Si on veut que les élites de demain représentent la société française, ça passe par l’école qui ne peut être en dehors de ce mouvement ».
Responsable des affaires générales et culturelles, école d’ingénieurs, Belfort -D-

57Il existe également une prise de conscience des problèmes de la société et de ce que le système éducatif pourrait faire pour pallier certains manques :

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« Je sens que les relations sociales dans notre pays sont tendues et à n’importe quel moment, dans une banlieue, il suffit d’une petite étincelle et c’est reparti. On n’a corrigé qu’à la marge. Il faut accélérer. Les écoles ont intérêt à travailler… »
Directeur général, école de commerce parisienne -A-

59Montrer au maximum de jeunes l’intérêt d’entrer dans un établissement d’excellence, pour qu’ils aient demain une place intéressante dans la société, tel est un des enjeux de ces Grandes Écoles.

60

« Ces jeunes seront demain des citoyens. L’idée n’est pas de faire du pré-recrutement. On présente l’ensemble des possibles à ces jeunes, on essaie d’élever leurs ambitions… En aucun cas, intégrer un programme de tutorat n’est une carte d’entrée à l’école même. Il n’y a pas de caractère publicitaire ».
Directrice prospective et développement de projets, école de commerce, Paris et Centre -C-

61« C’est notre responsabilité collective mais aussi individuelle de faire en sorte que les talents de notre société fructifient, les nôtres mais aussi ceux des autres afin d’éviter le terrible gâchis qui nous menace. C’est convaincus de la pertinence de ce raisonnement que nous contribuons, à la place qui est la nôtre, à réduire la fracture scolaire de ce pays en ouvrant des perspectives et en tendant la main à ceux qui font l’effort de la saisir ». (Sibieude et Dardelet in Perreti, 2007). D’ailleurs, précisons à nouveau que les obligations des établissements supérieurs touchent le recrutement de boursiers, mais que rien ne les oblige à mettre en place ces actions en amont.

62Les écoles ont aussi un rôle à jouer afin que les élites de demain représentent notre société. La diversité sociale en termes de recrutement est donc une vitrine nécessaire pour l’évolution et l’enrichissement de leur vivier de recrutement.

63

« Avec les établissements secondaires, on a renforcé nos relations, nos contacts. On y entre plus facilement. Pour eux, faire partie de nos cordées, c’est prestigieux. On joue un peu un rôle de phare, ils mettent ça en avant, les parents sont contents, ça rassure ».
Responsable des affaires générales et culturelles et responsable du programme PQPM, école d’ingénieurs, Belfort -D-

64Et par ce recrutement, la diversité permet également aux Grandes Écoles de répondre aux attentes des entreprises avec lesquelles elles sont inévitablement en lien.

65

« Les entreprises ont compris que les talents sont partout et qu’il faut aller les chercher partout. Elles s’adaptent et nous, on est dans la chaine. C’est l’entreprise qui nous demande tel type de diversité car sur tel marché international, il lui faut des cadres biculturels, par exemple. À nous de les former ».
Directeur général, école de commerce parisienne -A-

66Ainsi, il est important pour ces établissements de préparer leurs étudiants à la diversité sociale à laquelle ils seront confrontés sur le marché du travail.

67

« Je suis convaincue que les étudiants des Grandes Écoles ont d’urgence besoin d’être confrontés à cette diversité. Ils vont l’être après, dans les entreprises. Si on ne les amène pas dans cette mixité tout de suite, comment cela va se passer après ?… »
Responsable de la diversité, école de commerce parisienne -E-

68Il est donc essentiel pour les Grandes Écoles de pouvoir dire aux entreprises qu’elles leur proposent des étudiants qui sont rompus à ces questions de diversité.

3.2 – La diversité comme enjeu économique et « réputationnel »

69La diversité est donc bien un enjeu sociétal dans les Grandes Ecoles étudiées. Si nous avons vu que certaines écoles ont été « pro-actives » et sont à l’origine des programmes d’ouvertures sociales présents aujourd’hui dans plus de 250 établissements supérieurs, les injonctions de l’Etat les ont aussi poussées à intégrer cette notion de diversité au sein de leur fonctionnement.

70

« Dans un premier temps, nos établissements ont reçu des injonctions fortes de la part du ministère. Il y avait une demande sociale et une pression très fortes ».
Responsable de la diversité, école de commerce parisienne -E-

71Néanmoins, ces organisations en ont fait un outil stratégique non négligeable. A l’image des entreprises, les Grandes Écoles voient elles aussi, dans ces recrutements jusqu’à présents peu fréquents, une opportunité intéressante. Et cette population socialement défavorisée, notamment les boursiers, est aussi une clientèle nouvelle et le quota devient alors un instrument économique de poids.

72

« Nous, on est sur des quartiers avec des lycées dits moyens, des classes prépas dites de proximité… la diversité s’y exprime. On y recrute. Notre présence s’améliore car les élèves se disent que c’est possible ».
Directeur général, école de commerce parisienne -A-

73De fait, ces recrutements diversifiés dans les Grandes Écoles sont bien une source économique importante. (i) Directe d’abord, avec une clientèle plus large et diversifiée. (ii) Indirecte ensuite, avec les retombées en entreprises, à la fois fournisseuses de stages, de partenariats et d’embauches… La réputation et l’image de l’école en dépendent.

74

« L’enjeu pour les Grandes Écoles, leur finalité est de sortir des produits finis les plus opérationnels possibles, les plus adaptés aux besoins de l’entreprise.
Manager développement réseau -B-

75Face à ces différents constats engendrés par le contexte actuel de promotion de l’égalité des chances, tant dans le monde entrepreneurial que dans celui de l’éducation, il semble donc bien que nous puissions également aborder le sujet de la diversité en termes de stratégies et d’opportunités. D’une part, la diversité est un enjeu économique grâce à ces recrutements issus d’une nouvelle clientèle et fournisseuse de ce fait, de nouveaux talents. D’autre part, la diversité est aussi un enjeu « réputationnel ».

76Comme toute organisation, les Grandes Écoles doivent communiquer sur elles-mêmes pour mieux s’intégrer dans leur environnement : les relations publiques, le parrainage, la publicité sont autant de moyens qui leur permettent de renforcer ou de modifier leur image et de susciter autour d’elles, un climat de confiance au développement de leurs affaires.

77Et on l’a vu, les Grandes Écoles ont une image auprès du grand public, qui repose sur des fondements historiques et réels mais qui ne reflète pas toujours leur identité de fonctionnement. Ces établissements sont toujours considérés comme favorisant très fortement une large reproduction sociale.

78

« Il faut savoir utiliser la diversité comme un outil de communication pour gagner un nouveau public, surtout pour les écoles les plus petites ».
Responsable des affaires générales et culturelles et responsable du programme PQPM, école d’ingénieurs, Belfort -D-

79

De manière générale, les Grandes Écoles ont besoin de redorer leur image, donc elles se lancent dans un projet comme PQPM ».
Directrice prospective et développement de projets, école de commerce, Paris et Centre -C-

80De plus, le monde des Grandes Écoles et les débouchés auxquels elles préparent ne sont pas seulement méconnus du grand public et des élèves mais aussi des personnes constituant des relais essentiels (personnels des centres d’orientation, professeurs, etc.). Ainsi, contribuer à l’accès à l’information de tous sur l’existence des Grandes Ecoles et de leurs débouchés est indispensable. Etre présentes dans les établissements secondaires grâce aux programmes d’ouverture sociale s’avère être aujourd’hui une vitrine nécessaire pour plusieurs raisons.

81

« Il y a un effet d’image sur les étudiants. Après, ils en parlent autour d’eux. Comme les lycéens qui y participent aussi. Il y a un effet d’image aussi bien au niveau des familles, sur la fratrie, que sur les copains de classe, qui sont les prospects, les futurs étudiants (…). Il y a aussi un effet d’image au niveau des lycées. Et ça permet aussi de faire des ponts avec les Grandes Ecoles ».
Manager développement réseau, école de commerce parisienne -B-

82Le fait d’avoir un programme d’ouverture sociale permet également à l’école d’entrer dans une communauté des Grandes Ecoles œuvrant en faveur de l’ouverture sociale. Il y en a d’autres, bien sûr, comme le fait d’appartenir à la CGE ou celui de vendre leur accréditation AACSB (label américain qui compte environ 750 institutions membres accréditées à travers le monde).

83

« C’est une façon de montrer à ses pairs qu’elle fait partie du sérail des Grandes Écoles qui œuvrent dans ce domaine ».
Manager développement réseau, école de commerce parisienne -B-

84Dès lors, si l’enquête révèle que la plupart des établissements supérieurs étudiés et acteurs de la diversité ont une réelle conscience de l’ouverture sociale comme enjeu sociétal nécessaire, la majorité des Grandes Écoles ont également saisi l’impact de ces programmes sur l’environnement externe. L’ouverture sociale devient un outil marketing notable.

85

« Il y a un effet marketing important. C’est un moyen de montrer qu’on est ouvert, un outil de communication intéressant pour se démarquer. Prendre en compte la diversité, c’est tendance, c’est une mode ».
Responsable des affaires générales et culturelles et responsable du programme PQPM, école d’ingénieurs, Belfort -D-

86

À travers un discours dit de la diversité, on peut modifier notre image et la rendre plus attractive, c’est un outil de communication. Le modèle économique est là concernant les écoles de commerce et de management, l’argent public étant de plus en plus rare, ce sont les familles qui vont financer, donc il y a un marché important ».
Directeur Général, école de commerce parisienne -A-

87Un projet d’ouverture sociale dans une Grande École peut aussi entraîner des retombées politiques et médiatiques positives, qui, s’en être l’objectif premier, humanisent ces établissements et modifient leur image.

88

« En termes de notoriété, ça nous a encore boosté. Déjà que notre établissement était réputé, on donne du crédit à nos actions… Politiquement, c’est porteur. On est invité partout, on parle de nous… Les partenaires autour, collectivités, préfectures, rectorats…, jouent à fond là-dessus. C’est bon pour leur image, c’est politique. Ils nous donnent de l’argent. Il y a de la forme et du fond, ils nous soutiennent. Tout le monde y trouve son compte ».
Responsable des affaires générales et culturelles et responsable du programme PQPM, école d’ingénieurs, Belfort -D-

89Les dirigeants des Grandes Écoles ont ainsi bien compris qu’il est possible de tirer des bénéfices de la responsabilité sociale, pouvant notamment se traduire par le renforcement de leur image et la différentiation (ou l’analogie) auprès des établissements concurrents. Car face aux demandes pressantes du marché pour une société plus juste et plus éthique, ne pas y répondre pourrait en effet, être source de risque en termes d’image et/ou de novation sociale…

90

« Si l’école avait refusé de la faire, ça aurait été mal vécu. Il faut le faire ».
Directrice prospective et développement de projets, école de commerce, Paris et Centre -C-

3.3 – Les limites du management de la diversité dans les Grandes Écoles

91Comme toute question au cœur des préoccupations des pouvoirs publics et de l’actualité médiatique, les effets de mode sur la question de l’égalité des chances semblent inévitables.

92L’observation participante durant six années en tant que responsable de la diversité dans une Grande École a permis de nous rendre compte que les établissements présents en 2009 lors des réunions du GOS, ne le sont plus forcément tous aujourd’hui. Ce constat rejoint celui ci-après :

93

« Mon sentiment est qu’il y a à la fois une prise de conscience et un effet de mode. Dans les réunions du GOS, on pourrait presque faire une typologie des écoles. Celles qui ont rejoint le groupe par conviction, comme l’ESSEC, par exemple. Après, j’ai aussi vu des écoles arriver par snobisme au sens propre du terme, c’est-à-dire pour faire comme les autres. Et parmi celles-là, j’ai distingué 2 catégories : celles qui se sont laissées convaincre et qui ont finalement fait de belles choses ; et d’autres, qui n’ont pas eu la même résonnance. Et ça se voit à leur présence lors des réunions… »
Responsable de la diversité, école de commerce parisienne -E-

94L’enquête de terrain fait également ressortir que la mise en place de ce type de programmes a un côté incitatif, de par les subventions qui peuvent être accordées aux établissements actifs sur la question de la diversité. Ces mêmes établissements continueraient-ils ces programmes d’ouverture sociale sans ces subventions ? La réponse est donnée par la responsable diversité d’une école de commerce parisienne (E) et par le Directeur Général d’une autre école basée sur Paris (A) :

95

« Sans les aides financières, on ne compenserait pas. Ils ne voudraient pas mettre autant d’argent si on ne nous en donne plus… On continuerait peut-être mais sans mettre d’argent. D’une autre manière »…
« Les directeurs d’écoles que je connais sont plutôt pour ce type d’actions. Mais on ne peut pas non plus tout financer, tout supporter. On aura du mal si la puissance publique ne fait pas un effort. Le financement est prioritaire. Sinon, les écoles reviendront sur leur cœur de métier, la formation, le recrutement des élèves, l’équilibre du budget, etc. Ou alors, il faudra passer par d’autres modes de financement : les fonds de dotations, les donateurs… »

96D’autres modes de financement, c’est ce que pratiquent déjà certains établissements, dont les financements proviennent aussi bien des fonds publics que privés. L’autofinancement de ce type d’actions, encore exceptionnel il y a 3 ans, le devient de moins en moins.

97L’enquête annuelle de suivi du programme « Cordée de la Réussite 2015 », montre néanmoins que celui-ci représente une part extrêmement variable du budget de la cordée : la proportion moyenne d’autofinancement est d’environ 30 % mais près d’un quart des établissements n’apportent aucun co-financement.

98Au vu de cet écart, il semble bien que quelques Grandes Écoles aient véritablement la diversité inscrite dans leur mission, dans leurs valeurs. Les modèles principaux en sont évidemment l’ESSEC et Sciences Po., mais on y trouve aussi d’autres écoles dont on parle moins en ces termes. Pour celles-là, un programme de type PQPM, par exemple, fait souvent partie d’un ensemble d’autres actions portant sur l’ouverture sociale, notamment sur le handicap, le suivi des études post-bac, les sportifs de haut niveau, les classes préparatoires aux études supérieures.

99Toutefois, notre enquête révèle aussi que dans beaucoup de ces établissements, les programmes d’ouverture sociale restent isolés et anecdotiques. Et ces opérations sont très rarement mises en interaction avec le programme d’égalité des chances en amont des études supérieures.

100

« Dans notre école, cela commence à être de petites anecdotes considérées comme bouffeur de ressources, des petites verrues dans le paysage. On se demande à quoi ça sert, ce que ça rapporte et surtout ce que ça va prendre comme ressource. C’est pas dans la mission de l’école. On le fait parce qu’il faut le faire… Même si dans sa stratégie, on va parler de diversité de manière générale, de le mettre en œuvre en action concrète, il y a vraiment un monde ».
Directrice prospective et développement de projets, école de commerce, Paris et Centre -C-

101Au vu de cela, et malgré les nombreux bénéfices que cela apporte à toutes les parties prenantes, on peut s’interroger sur la manière dont ces projets impactent l’environnement interne et externe de ces établissements. Difficile, dans ces conditions d’isolement, d’affirmer que ces actions rejaillissent sur l’ensemble de leurs structures. Difficile aussi d’attester que la diversité et l’ouverture sociale font partie de leur style de vie et de leurs valeurs morales prégnantes.

102La vision très pessimiste de cette directrice prospective et développement de projets (C), vient pourtant conforter les résultats de notre enquête, parce que le programme PQPM de cet établissement correspond à celui de la plupart des écoles étudiées :

103

« Des projets PQPM comme le nôtre, à ce petit niveau, porté par une seule personne, ça ne sert à rien, c’est un moyen de dire qu’on le fait aussi, comme les autres… Si on était vraiment dedans, on ne se limiterait pas à un projet. Certaines le font, comme l’ESSEC, où là, c’est vraiment inscrit dans sa stratégie ».

104Certes, toutes les écoles ne peuvent se permettre financièrement, logistiquement et matériellement, de mettre les mêmes moyens pour travailler en faveur de la diversité dans leur établissement. Mais les écoles les plus actives en matière de diversité sont celles qui portent le projet à 100 %, qui proposent des actions de formation aux étudiants, qui combinent ces programmes aux associations étudiantes, qui les incorporent à l’enseignement, qui les croisent à la recherche. La diversité prend là une vraie place dans l’école et les programmes d’ouverture sociale n’y sont pas « anecdotiques ».

105

« Le casting est bon quand il décline tout jusqu’en haut ».
Directrice prospective et développement de projets, école de commerce, Paris et Centre -C-

106De fait, si ces programmes sur la diversité restent isolés dans l’école et ne sont pas en lien avec la formation proposée, le recrutement de ces nouveaux étudiants peut s’avérer être une autre limite de l’ouverture sociale des Grandes Écoles. Et cette limite se trouve dans la relation qu’elles entretiennent avec les entreprises. En effet, on a vu que ces nouveaux recrutements leur permettaient de répondre autant que possible aux attentes de ces dernières, à la recherche de nouveaux talents.

107

« Au final, les clients de l’école, c’est l’entreprise. Parce qu’elles demanderont tels types de compétences, de langues, il faut faire en sorte que les jeunes puissent les acquérir ».
Directeur Général, école de commerce parisienne -A-

108Pour autant, cela n’aboutit pas forcément à un résultat parfait dans la mesure où les diplômés issus de la diversité peuvent encore manquer de codes sociaux essentiels. Isolés, ces programmes d’ouverture sociale ne sont en effet pas suffisants pour combler les lacunes des étudiants socialement défavorisés par rapport aux étudiants socialement plus favorisés, concernant les attentes des entreprises.

109

« La formation doit les mettre en conformité de l’entreprise. Par exemple, les codes sociaux, l’orthographe, la culture générale, etc. On ne peut s’en exonérer car cela les rattrapera en recrutement dans l’entreprise. On ne peut pas baisser l’exigence de notre recrutement car cela se répercutera à l’embauche… On doit travailler dans la diversité tout en étant aussi exigeant. On donne des clés, des repères, on tend la main en disant c’est possible, à la condition de travailler. Au final, l’entreprise (ou l’organisation) sanctionnera. Tout est lié ».
Responsable diversité d’une école de commerce parisienne -E-

110Cela implique donc de mettre en place des actions correctrices. Certaines Grandes Écoles en ont pris conscience et développent des programmes de formation dédiés. Il s’agit essentiellement de cours de communication écrite (Projet Voltaire, par exemple), de culture générale et de communication orale. D’autres ne le font pas. Ce qui, au final, ne sert pas leur image et leur réputation auprès des entreprises puisqu’elles ne peuvent fournir des diplômés correspondant aux attentes de ces dernières.

4 – Discussion

111« Grâce à leur indépendance relative vis-à-vis de l’État, à leur capacité à lever des fonds et à leur expertise managériale, les Grandes Écoles ont – aussi – contribué à changer les modes de conduite des politiques d’éducation en donnant davantage de consistance à une régulation à dominante contractuelle restée jusque-là largement symbolique, en légitimant des partenariats entre le secteur public et le secteur privé longtemps considérés avec une profonde méfiance par les acteurs de l’éducation et en favorisant une approche expérimentale et bottom up du traitement des problèmes publics » (Van Zanten, 2010).

112Le premier enjeu de l’enquête est donc de montrer que les Grandes Écoles ont un rôle à jouer afin que les élites de demain représentent notre société. Leur politique d’ouverture sociale s’inscrit dans une démarche de prise de conscience de la diversité comme enjeu social.

113Cette enquête fait également ressortir la notion économique du management de la diversité. Recruter des jeunes venant de milieux sociaux, économiques et culturels différents se révèle avantageux par l’obtention d’une clientèle nouvelle. Ces étudiants auparavant absents de leur recrutement leur permettent aussi de fournir des stagiaires et des jeunes diplômés correspondant aux attentes des entreprises. À l’instar de ces dernières, l’ajout de notions extra financières est positif dans ce type d’organisations.

114Un autre enjeu de cette enquête est aussi de montrer que le management de la diversité peut permettre aux Grandes Écoles d’optimiser leur performance qualitative, à savoir renforcer la qualité de leur service, améliorer la satisfaction du client et véhiculer une image positive et dynamique. Ainsi, pour faire connaître leurs pratiques et mettre en valeur leurs démarches sociales, les Grandes Écoles développent des stratégies de marketing social, facteur contributif de la performance économique. Il s’agit d’affirmer que leur marque n’est pas seulement un produit, mais un style de vie, un ensemble de valeurs morales. Et cela peut construire, à long terme, une valeur différentielle, une valeur ajoutée, une acquisition de clients. Pourtant, il ne suffit pas de développer un projet philanthropique pour être perçue comme marque citoyenne. Une marque citoyenne doit être l’expression de la citoyenneté de manière continue, contribuant à améliorer la qualité de vie à l’intérieur de l’entreprise et dans la communauté (Pinto, 2001). Et ce n’est pas le cas dans toutes ces Grandes Écoles ayant développé des projets d’ouverture sociale et d’égalité des chances.

115Car cette recherche révèle que faire de la diversité sociale une richesse nécessite un management adapté. La diversité ne peut et ne doit surtout pas être inscrite dans une structure rigide (Maizeray et Sciberras, 2013) ; elle n’est pas non plus de manière automatique et intrinsèque source de performance pour les organisations. Au-delà de la nécessaire prise en compte de dimensions contextuelles, c’est bien la manière de manager la diversité qui peut être source, ou non, de performance dans les Grandes Écoles. Appréhender le lien performance-diversité requiert donc une prise en considération globale, à tous les niveaux de l’organisation (Kossek et al., 2006 ; Cox, 1993) et à la jonction de l’éthique, du juridique, de la réputation et de l’économie. Pour cela, il convient d’adopter un mode de management transversal de la diversité et de l’encastrer dans une refonte globale des procédures RH, destinée à la fois à définir une nouvelle gouvernance des Grandes Écoles et un nouveau modèle de leadership soucieux de la pluralité des profils et des parcours individuels. Et ce, afin d’ériger la diversité en levier potentiel et conditionnel de performance économique (Bruna et Chauvet, 2013).

116Dès lors, intégrer leurs programmes d’ouverture sociale au cœur même de leurs missions et de leurs valeurs et en faire un véritable atout de performance tant quantitative que qualitative requiert une réelle transformation des politiques et des pratiques RH (Habib, 2006). Parce que les dirigeants anticipent sans doute les difficultés et les risques que cela entraîne, toutes les Grandes Écoles ne semblent pas encore prêtes à franchir le pas. Et face à cette réalité, l’enquête révèle deux types de stratégies des Grandes Écoles :

117Certaines, minoritaires, appliquent des stratégies d’action proactives qui visent à véritablement se mobiliser autour de l’égalité des chances et de la démocratisation de ces établissements, mais aussi à créer de la valeur ajoutée interne et externe autour de la diversité. Cette dernière étant considérée comme un levier de créativité et d’innovation, en attirant des talents de tous horizons, elle se présente comme une préoccupation transparaissant à tous les niveaux de formation (Robert-Demontrond et Joyeau, 2009).

118Certaines écoles, majoritaires, mettent en place quant à elles, des stratégies d’action réactives (Cornet et Warland, 2008) qui visent à répondre à des problèmes concrets et immédiats qui se posent en leur sein, à répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises de plus en plus hétérogène et à se soumettre aux nombreuses lois et injonctions existantes. Elles semblent chercher davantage à exploiter leurs actions éparses pour se donner une image positive. Elles adoptent alors une posture de « jeu » et développent une politique ciblée à des fins d’image sans pour autant modifier des éléments organisationnels et managériaux (Barel et Frémeaux, 2012).

Conclusion et perspectives

119Ce travail, parce qu’il est exploratoire, ne fait sans doute que poser des jalons, ouvrir des perspectives, soulever des problèmes. Il s’agit toutefois d’une expérience fructueuse. Tant pour une compréhension plus affinée, plus subtile et plus large de la gestion de l’ouverture sociale dans les Grandes Écoles, que pour une appréhension du sens de ces actions de diversité, ainsi que de leur portée.

120Jusqu’à présent, les recherches menées sur le thème de la diversité se sont essentiellement penchées sur les entreprises. Certaines de ces études y font le lien entre diversité et performance. Les recherches qui ont étudié la diversité dans les Grandes Écoles ont plutôt traité de la démocratisation des classes préparatoires, de la formation des élites ou du public récepteur des actions d’ouverture sociale.

121Un des intérêts de cette enquête est d’étudier non pas le public cible des programmes d’ouverture sociale, mais les autres parties prenantes. Il s’agit de montrer qu’à l’image du monde de l’entreprise, la diversité des individus et de leurs parcours dans le monde éducatif est de plus en plus considérée comme un enjeu social, économique et stratégique. Les établissements étudiés contribuent à la fois à la formation d’une société plus juste, et visent en même temps leur propre bénéfice (Schiavo, 1999). Mais transformer l’ensemble des contraintes sociales, légales et économiques en performance nécessite un management adapté que toutes les Grandes Écoles ne sont pas prêtes à adopter. Il serait intéressant de poursuivre de façon plus approfondie les limites de l’ouverture des Grandes Écoles à la diversité soulevées dans ce papier. Ceci constitue donc une voie de recherche future.

122Une des limites à ce travail est son échantillon limité. Il serait pertinent pour nos recherches ultérieures, d’étendre davantage celui-ci à des écoles d’ingénieurs, afin que les résultats soient peut-être plus représentatifs de l’ensemble des établissements appelés « Grandes Écoles ». Il faudrait également envisager une enquête plus quantitative, qui viendrait croiser les données déjà établies. Ceci afin d’étudier par exemple la place de la diversité dans l’organigramme des Grandes Écoles ou l’ensemble des programmes d’ouverture sociale mis en place… Enfin, utiliser une approche interculturelle afin d’effectuer une comparaison internationale serait judicieux, notamment avec les États-Unis, pays qui s’affiche comme défenseur et pratiquant assidu de la diversité.

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    • Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, 1793.
    • Institut Montaigne (France), Ouvrir les grandes écoles à la diversité / Institut Montaigne. – Paris : Institut Montaigne, 2006.
    • Rapport national : enquête annuelle de suivi du programme de réussite éducative, année scolaire 2014-2015, Commissariat Général à l’Egalité des Territoires, octobre 2015.
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    • Rapport final national de l’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ACSE) : Enquête annuelle de suivi du programme « Cordées de la Réussite », 2011-2015, Paris, ACSE.
    • Rapport à Monsieur le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche : « Une chance de réussite pour tous », l’ouverture sociale dans l’enseignement supérieur. Remis pas Salima Saa, présidente de l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances (ACSE), mars 2012.
    • SABEG Y. (2009). Programme d’action et recommandations pour la diversité et l’égalité des chances, Paris, Institut Montaigne.
    • WAUQUIEZ L. (2006). Les aides aux étudiants – Les conditions de vie étudiante : comment relancer l’ascenseur social ?, Paris, La Documentation Française.
  • Sites internet

Notes

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