Notes
-
[1]
Bien connu des professionnels de santé, le risque iatrogène correspond à l’ensemble des conséquences néfastes sur l’état de santé individuel ou collectif de tout acte ou mesure pratiqué ou prescrit par un professionnel de santé habilité et qui vise à préserver, améliorer ou rétablir la santé. La réduction du risque iatrogène a été définie comme une priorité par la conférence de santé de 1996.
-
[2]
« La fidélité est une réponse comportementale et attitudinale biaisée (par l’environnement et la stratégie du distributeur) exprimée dans le temps par une unité de décision au regard d’un ou plusieurs points de vente ».
-
[3]
Les nombreuses études sur le sujet obtiennent des résultats obtenus sont hétérogènes (Jazy, 2006 ; Stan, Calciu et Jakobowic, 2007 ; Lichtlé et Plichon, 2008).
-
[4]
Ces pharmacies ont été sélectionnées de façon aléatoire sur le territoire français. Les tablettes ont été placées dans ces pharmacies après acceptation des responsables. La majorité de ces derniers n’ont pas souhaité que les caractéristiques des pharmacies (sous enseigne, localisation) soient utilisées pour l’étude.
-
[5]
Cette méthode permet de séparer les notes de chaque élément en deux ou plusieurs groupes les plus discriminants possible. Cette segmentation permet d’obtenir des classes dont la variance inter-classe est maximisée, et la variance intra-classe minimisée.
-
[6]
Pour chaque modèle, trois estimations ont été réalisées : avec les attributs de la pharmacie seulement, avec les attributs et les caractéristiques de la personne (sexe et âge) et enfin la préférence pour le prix et temps d’attente ou qualité d’écoute et compétence a été rajouté aux variables précédentes. Il apparaît que les effets des attributs ne sont pas affectés par la prise en compte des caractéristiques individuelles et/ou de la réponse à la question de la préférence. En conséquence, pour la satisfaction et la fidélité au point de vente, seuls les résultats obtenus avec l’ensemble des variables sont présentés dans ce texte. L’ensemble des résultats est disponible auprès des auteurs à la demande.
-
[7]
La modélisation considérée ne permet pas réellement de voir si l’effet de ces variables est différent sur la satisfaction ou la non-satisfaction. La modélisation proposée par Ray et al. (2011) a été mise en œuvre et les résultats sont comparables à ceux présentés. Les résultats sont disponibles auprès des auteurs à la demande.
-
[8]
Le coefficient de corrélation positif et significatif entre la satisfaction et la fidélité confirme le résultat précédent : les éléments non observés dans l’enquête (et donc non pris en compte dans ces relations) impacteraient dans le même sens la satisfaction et la fidélité si on les observait. On peut ici faire référence à des attributs tel que la localisation de la pharmacie ou du client ou encore l’accès à la pharmacie.
-
[9]
op.cit.
-
[10]
Source : « Le dossier pharmaceutique », les cahiers de l’Ordre National des Pharmaciens, n° 12, novembre 2017.
1Les politiques de santé publique en France font l’objet d’une attention particulière des gouvernants qui ont à maîtriser les dépenses de santé. La santé publique donne toute sa place au « New Public Management » (Simonet, 2008) notamment pour maîtriser et contrôler les coûts qu’elle génère. Parmi les acteurs de soins à qui il est demandé de faire des efforts financiers importants, nous trouvons les prescripteurs traditionnels que sont les médecins qui ont vu la mise en place du statut de médecin référent au sein du parcours de soins coordonnés, mais également les délivreurs de médicaments que sont les pharmaciens. Ces derniers appartiennent eux aussi au secteur de la santé et sont soumis dans le cadre de leurs activités à des règles juridiques. Outre le code de la santé publique qui encadre le métier, la profession de pharmacien dispose d’un ordre tutélaire qui veille à une pratique déontologique de l’exercice officinal. Il en résulte des normes, des valeurs, des codes et des règles de l’art à respecter (Sainsaulieu, 1997).
2Le rôle du pharmacien est central dans la politique publique de santé puisqu’en lui assurant le monopole de délivrance du médicament, l’État lui reconnaît une délégation de service public notamment au regard du décret n° 2018-184 du 3 octobre 2018 relatif aux conseils et prestations pouvant être proposés par les pharmaciens d’officine dans le but de favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes (Art. R 5125-33-6 et Art. R. 5125-33-7). Plus encore, en autorisant la substitution de médicaments aux officinaux, l’État permet aux pharmaciens de contrôler le coût de l’ordonnance. En effet, la délivrance volontaire des médicaments génériques en lieu et place des médicaments princeps dans le strict respect des valeurs liées au service public devrait à terme générer des économies notables sur les dépenses associées aux traitements médicamenteux prescrits par des médecins. Pour mettre en œuvre la substitution d’un médicament dans le cadre d’une pathologie donnée, le professionnel de santé se doit de maîtriser parfaitement la médication et surtout d’avoir une identité métier forte (Reyes, 2013) reconnue par le patient qui voit son ordonnance modifiée (Ferchakhi et Cegarra, 2014).
3Si les praticiens jouissent encore d’un monopole d’exercice et de délivrance, les cadres régissant la profession semblent poser aujourd’hui des difficultés aux titulaires d’officine. Elles tiennent à des tensions professionnelles liées à des mutations dans les pratiques, les outils et les comportements des acteurs (Tissioui et al., 2016 ; Brillet et Gavouille, 2014 ; Dietrich, 2010 ; Brillet et Hulin, 2009).
4Les officinaux sont confrontés à une ouverture progressive de leur marché (Dubar, 2010). Le monopole officinal de propriété et de délivrance repose sur le principe que le pharmacien n’est pas un commerçant mais un professionnel de santé. Il ne peut pas développer de stratégie marketing offensive pour son officine. Toutefois, il semble exister des tensions fortes en raison du décalage entre la vision de l’ordre des pharmaciens, garant de la déontologie, et la réalité professionnelle de l’exercice officinal vécue par les praticiens. Ces derniers sont contraints par des politiques publiques qui tendent à réduire la consommation de médicaments remboursés prescrits dont le prix de vente est fixé par les autorités sanitaires, le comité économique des produits de santé. Ce prix est généralement issu d’une négociation avec l’entreprise exploitant le médicament (à défaut, par décision du comité), sur la base notamment de l’amélioration du service médical rendu (ASMR), du prix des médicaments à même visée thérapeutique, des volumes de vente envisagés, de la population cible et des prix pratiqués à l’étranger. De plus, les réformes du « New Public Management » ont entraîné de nouvelles règles de fonctionnement dans les organisations publiques de santé (Valette et Burellier, 2014 ; Grenier et Bernardini-Perinciolo, 2015) qui ont eu des conséquences pour les officinaux.
5Néanmoins, les pharmaciens profitent du développement de l’automédication portée par l’État qui rend accessible certains médicaments à prescription médicale facultative [non remboursables si non prescrits] et dont le prix de vente au public n’est plus encadré par le code de la santé publique. En donnant libre accès à une liste conséquente de médicaments, l’État incite les patients à pratiquer l’automédication, arguant que, fort d’une éducation thérapeutique, les usagers peuvent assurer les traitements de premier recours sans prescription par un médecin. Une double économie est donc réalisée par la sécurité sociale : la visite chez le médecin prescripteur et le remboursement du médicament acheté en libre-service. Ces économies escomptées ne peuvent se faire sans la médiation du pharmacien d’officine et questionnent le « business model » de l’officine. Dans le cas de l’automédication, l’accès en libre-service se fait sous l’œil vigilant du pharmacien (Moinier, 2015), la loi stipulant que le professionnel de santé doit informer le patient sur les posologies et autres contre-indications des médicaments achetés en vente libre. L’automédication pose en effet le problème de risque iatrogène [1] médicamenteux. Certes, les médicaments ont pour objectif d’améliorer ou de rétablir la santé des patients mais ils ont parfois des effets indésirables qui peuvent être liés aux médicaments eux-mêmes, à l’association avec un autre médicament, à une erreur d’observance ou encore à une incompatibilité avec le malade.
6Cette libéralisation du marché s’est vue opposée la modification des comportements des usagers qui ont intégré ces bouleversements d’usage et qui consomment les médicaments en vente libre. Les patients conscients de leur libre choix, s’informent sur les médicaments, comparent les prix et agissent finalement comme des consommateurs pour les achats de soins et de services médicaux. Ils bénéficient pour cela de l’ensemble des applications dédiées à la santé disponibles via les objets connectés dont ils disposent. Ceci renforce leurs connaissances sur la santé en général et le médicament en particulier mais aussi diminue l’asymétrie d’information au sein de la relation marchande (Pitt et al., 2002).
7L’avènement d’internet dans la sphère médicale, avec une approche centrée autour du patient, change la relation entre le pharmacien acteur de santé et délivreur de médicaments et l’usager. Plus informé, le patient échange plus activement avec son praticien sur les médicaments qu’il lui délivre, sur l’observance de son traitement et plus largement sur l’accompagnement dans la prise en charge de sa pathologie. Ces informations médicales confèrent au patient un nouveau pouvoir favorisant son autonomie et modifient la relation qu’il entretient avec son pharmacien (Durand Salmon et Le Tallec, 2014). Le pharmacien doit assurer une approche relationnelle et transactionnelle avec les usagers-consommateurs. La relation usager-officine est centrale comme l’est la relation client-entreprise en marketing relationnel (Oliver, 1999) et basée sur l’interaction sociale et une perspective relationnelle. L’approche transactionnelle qui est au service de l’échange est évidemment importante puisqu’elle conditionne la rentabilité de l’officine mais elle considère l’échange transactionnel comme dis continue, chaque transaction étant vue comme unique et indépendante de celles passées ou à venir (Dwyer et al., 1987). Aussi pour conforter la place du pharmacien dans la stratégie relationnelle avec l’usager et dans la stratégie transactionnelle avec le consommateur pour la vente de médicaments sans ordonnance, de produits frontières (dispositifs médicaux et compléments alimentaires) et autres produits paramédicaux, le titulaire d’officine doit s’attacher à satisfaire et à fidéliser sa patientèle. Ces deux éléments sont importants pour le pharmacien tandis que le patient est libre dans son choix d’officine. En effet, nous pouvons penser que si le patient est satisfait de sa relation avec son pharmacien, il réalisera dans cette officine ses achats de produits pharmaceutiques avec ou sans ordonnance et donc va être fidèle à ce point de vente et à son équipe. Plus encore, nous voulons croire que la satisfaction et la fidélité de l’usager le conduira à envisager un contrat de confiance avec son pharmacien qui pourra jouer le rôle de référent à l’instar de ce qui se pratique en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes et en Belgique (Moinier et Bonnal, 2018).
8Bien que les pratiques mercantiles aient longtemps été ignorées par les pharmaciens, ces derniers vont devoir développer des stratégies marketing officinales transactionnelles efficaces s’ils souhaitent à la fois répondre aux différentes missions qui vont leur être conférées et aux nouvelles attentes des patients-consommateurs. La mise en place de ces stratégies nécessite de bien connaître la patientèle et ses attentes mais aussi de comprendre comment la satisfaire et la fidéliser. C’est ce que nous nous proposons de faire dans la suite de ce travail de recherche.
1 – Satisfaction et fidélité : éléments de services référents pour l’officine
9La stratégie marketing de l’officine est plus que singulière aujourd’hui dans la mesure où elle doit intégrer un nouveau « business model » (Moinier, 2009). Elle s’articule autour d’une approche relationnelle de l’usager et d’une approche transactionnelle du patient-consommateur (Dufour et Maisonnas, 1997) qui nécessite d’appréhender les variables explicatives de comportement de l’usager-consommateur.
1.1 – Un nouveau business model
10Le pharmacien lors de son acte de délivrance de médicaments sur prescription (avec ordonnance) doit envisager une stratégie relationnelle dans la mesure où il apporte son expertise officinale. Nous effleurons ici le concept de confiance [non observé dans l’étude] qui est un facteur fondamental pour la durée de la relation (Chaudhuri et Holbrook, 2001) et dans l’engagement d’un individu dans une relation donnée (Morgan et Hunt, 1994). Cette notion de confiance faite à son pharmacien est d’ailleurs évoquée par les patients notamment pour l’aider à bien prendre son traitement puisqu’ils sont 80 % à se déclarer tout à fait confiants et 19 % plutôt confiants (Cliquet et Bailly, 2017).
11Plus précisément, le pharmacien intervient dans le cadre de la délégation de service public que lui octroie l’État au regard du monopole officinal dont il jouit et occupe une place centrale dans la chaîne de valeurs des soins médicaux (figure 1).
La chaîne de valeur des soins médicaux (d’après Stremersh 2008)
La chaîne de valeur des soins médicaux (d’après Stremersh 2008)
12De plus, pour renforcer leur action, le projet de loi MaSanté 2022 souhaite attribuer au pharmacien un plus large pouvoir de délivrance actant le principe d’une prescription de médicaments dans le cadre de la consultation officinale. Il convient de noter que l’État franchit un cap qui remet en perspective l’identité métier du pharmacien dont le rôle était jusqu’alors limité à une délivrance « experte » de médicaments. La mise en place de l’acte de substitution avait déjà ouvert une brèche en permettant au pharmacien de modifier l’ordonnance prescrite par le médecin (art L5125-23 du code de la santé publique). Le pharmacien peut, si le projet est adopté, dispenser un traitement médical nécessitant une prescription, un décret devant préciser les pathologies concernées. Les pharmaciens pourront également prescrire certains vaccins. Le statut de « pharmacien correspondant » autorisé par la loi de finance de la sécurité sociale de 2019 (article 29 du projet de loi de financement de la sécurité sociale) permet aux praticiens officinaux de renouveler des ordonnances ou d’ajuster des posologies pour les maladies chroniques. Toutefois ce statut s’inscrit dans un cadre spécifique puisque « les professionnels de santé concernés (pharmacien et médecin traitant) devront obligatoirement être adhérents ou signataires du projet de santé d’une maison de santé pluri-professionnelle (MSP), d’une équipe de soins primaires (ESP), y compris lorsque celle-ci est constituée sous forme de centre de santé pluri-professionnel, ou d’une communauté professionnelle territoriale de santé gage d’une collaboration étroite avec le médecin prescripteur ».
13La place des pharmaciens va donc être renforcée dans le parcours de soins et plus largement dans la chaîne de valeurs de soins de par la volonté des payeurs que sont les gouvernants mais aussi des patients.
14Par ailleurs, la vente de médicaments sans ordonnance et de produits frontières et plus largement de produits paramédicaux prend une place conséquente dans l’activité du pharmacien et dans son chiffre d’affaires. Elle l’invite à considérer une stratégie transactionnelle dans sa pratique managériale. Dans les faits et plus encore depuis le décret n° 2018-841 du 3 octobre 2018, l’identité métier (Reyes, 2013) est réaffirmée par les pouvoirs publics. Il peut notamment selon l’article. R. 5125-33-6 du code de la santé publique :
- Mettre en place des actions de suivi et d’accompagnement pharmaceutique et garantir le bon usage des médicaments et le suivi de l’observance en procédant à l’analyse des informations relatives au patient et à l’ensemble de ses traitements, les préconisations qui en résultent sont formalisées et transmises au médecin traitant.
- Mettre en place des actions de prévention et de promotion de la santé parmi les domaines d’action prioritaires de la stratégie nationale de santé et contribuer aux campagnes de sensibilisation et d’information sur des sujets de santé publique.
- Transmettre aux différents publics concernés des informations scientifiquement validées sur les moyens de prévention et sur les maladies, avec le souci de délivrer un message adapté et accessible au public.
- Participer à des actions d’évaluation en vie réelle des médicaments, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique en collaboration avec les autorités sanitaires.
- Participer au dépistage des maladies infectieuses et des maladies non transmissibles.
- Participer à la coordination des soins en collaboration avec l’ensemble des professionnels concourant à la prise en charge du patient dans le respect de son parcours de soins coordonné par le médecin traitant.
- Intégrer les informations dans le dossier médical partagé du patient et assurer un retour d’information au médecin traitant avec l’accord du patient.
15Pratiquement, le pharmacien a la possibilité de pratiquer une consultation officinale dans le cadre fixé par de l’article R. 5125-33-7 du code la santé publique qui indique qu’il « dispose à cette fin de locaux permettant un accueil individualisé. ». Le pharmacien, qui n’est pas au regard de la déontologie officinale commerçant, doit faire le juste arbitrage entre l’approche relationnelle qui s’inscrit dans un temps long avec l’usager et l’approche transactionnelle qui s’intéresse plus à la sensibilité aux prix des clients.
16Pour se faire, il doit maîtriser les variables explicatives de comportement des usager-consommateurs fréquentant son officine.
1.2 – La satisfaction, variable explicative de comportement
17L’étude de la satisfaction du patient-consommateur permet d’apprécier et d’ajuster les pratiques officinales des personnels et les prestations offertes (Bonnal et Moinier, 2014). Les acteurs de la distribution officinale se doivent d’observer les variables comportementales des usagers de leur point de vente. La satisfaction est définie comme un « état affectif provenant d’un processus d’évaluation affectif et cognitif qui survient lors d’une transaction spécifique » (Plichon, 1998). Les études les plus avancées sur la satisfaction supposent une non-linéarité des éléments à la satisfaction. Dans ces modèles dits plurifactoriels, l’impact des facteurs à la satisfaction ou à la non satisfaction (insatisfaction) peut être asymétrique. On peut identifier quatre modes de contribution : i) les éléments « basiques » qui ne contribuent qu’à l’insatisfaction quand ils sont considérés négativement mais qui ne contribuent pas à la satisfaction même s’ils sont évalués positivement, ii) les éléments « attractifs » ou « plus » ou « bonus » qui ne contribuent qu’à la satisfaction lorsqu’ils sont évalués favorablement mais qui ne jouent pas de rôle sur l’insatisfaction, iii) les éléments « unidimensionnels » ou « clés » qui contribuent à la satisfaction quand ils sont appréciés favorablement et qui contribuent à l’insatisfaction quand l’évaluation est défavorable, iv) les éléments « indifférents » ou « secondaires » qui n’interviennent peu ou pas sur le niveau de satisfaction ou d’insatisfaction.
18Dans le contexte spécifique de services officinaux, la satisfaction a fait l’objet de peu études (Foscht et al., 2006 ; Clerfeuille et al., 2009 ; Bonnal et Moinier, 2014). Pourtant, elle semble être une variable centrale (Vanhamme, 2002) pour la mise en œuvre de la stratégie transactionnelle et relationnelle de l’officine. Satisfaire une clientèle, c’est conforter une relation commerciale qui pourra s’inscrire dans la durée. Le patient qui fréquente une officine peut attendre plus qu’une simple délivrance de médicaments lorsqu’il est face à un professionnel de santé diplômé. Pour notre étude, la satisfaction du consommateur sera étudiée à partir d’une échelle (Foscht et al., 2006) testée dans le contexte de la distribution pharmaceutique autrichienne. Les informations des patients portent sur la satisfaction en général à l’égard de leur pharmacie mais également sur des éléments de services qui permettent d’envisager un processus tant affectif que cognitif de la satisfaction. La satisfaction semble permettre de renforcer l’intention de fidélité (Ngobo et Gharsallah, 2004) au point de vente. Le fort niveau d’implication de l’individu dans un acte d’achat dédié à la santé et au bien-être pourrait accentuer l’effet de la satisfaction sur la fidélité à l’officine.
1.3 – La fidélité, facteur clé du parcours de soins
19L’évolution managériale des pratiques officinales, l’ouverture des parapharmacies au sein de la grande distribution et plus récemment, la mise en place de la vente de médicaments sur internet (Moinier, 2015) ont conduit les pharmaciens à envisager une fidélisation de la « patientèle ». La fidélisation, préoccupation première de la grande distribution qui évolue dans un contexte de concurrence exacerbée, pourrait devenir centrale pour les officinaux. Si la réglementation contraint l’ouverture/création des officines, la fidélité au point de vente officinal n’est pas contrainte et le code de la santé publique ne peut obliger le patient-consommateur à fréquenter une pharmacie en particulier. Suite aux modifications des comportements des usagers de l’officine à l’égard des produits pharmaceutiques (substitution, automédication) les questions du choix de l’officine et de la fidélisation sont centrales. L’étude du secteur officinal montre qu’au-delà du professionnalisme reconnu aux pharmaciens, la fidélité au point de vente qu’est l’officine est un élément fort et est au cœur de la réflexion managériale des titulaires de pharmacie (Moinier, 2009). Elle ne peut se faire aussi clairement que dans le commerce traditionnel puisque le code de la santé publique « interdit aux pharmaciens d’officine d’octroyer à leur clientèle des primes ou avantages matériels directs ou indirects, lui donner des objets ou produits quelconques à moins que ceux-ci ne soient de valeur négligeable » (Article R.5053-3). Les pharmaciens doivent donc activer d’autres moyens pour fidéliser les patients-consommateurs à leur point de vente. La satisfaction et les éléments de services officinaux à la satisfaction peuvent contribuer à cette fidélisation. En effet, selon la définition [2] et la mesure (magasin principal, magasin secondaire et magasin occasionnel) de la fidélité proposée par Jazi (2006), il apparaît que les attributs recherchés pour la fidélité à un point de vente (prix, qualité, choix, personnel, assortiment, rapidité d’achat, modernité, agencement et services) sont relativement proches de ceux utilisés pour mesurer la satisfaction des éléments de services officinaux mis en évidence par Foscht et al. (2006) (rapport qualité/prix, qualité d’écoute, qualité des services fournis et des médicaments, disponibilité et espace libre-service, compétence conseil, expertise, amabilité, confidentialité, médicaments en stock, facilité de se déplacer et temps d’attente). La relation entre la satisfaction et la fidélité, bien connue pour les points de vente concurrentiels [3], n’a fait l’objet d’aucune étude en France sur les officines. Ces études se sont intéressées à la mesure de la fidélité au point de vente au regard de l’assortiment, de la gamme des produits, des services et des programmes de fidélisation. Dans une approche transactionnelle, la plupart des études mettent en évidence une relation positive entre la satisfaction et la fidélité. Dans le cas d’une approche relationnelle, le rôle de la satisfaction n’est pas toujours significatif. Toutefois, la fidélité est avant tout liée à un engagement et à une confiance (Moulin, 1998 ; Lichtlé et Plichon, 2008 ; Hikkepova et al., 2015). Ces éléments peuvent être considérés comme des variables importantes dans la relation entre le patient et le personnel de l’officine. Ils permettent de mieux connaître les usagers – clients, leurs besoins, leurs attentes et proposer des prestations plus personnalisées (Hikkepova et al., 2015) utiles tant pour la stratégie relationnelle que transactionnelle de l’officine.
20La fidélisation du patient à un point de vente officinal aurait donc un double enjeu. Le premier est immédiat et tient à la rentabilité de l’officine qui se doit de générer du chiffre d’affaires comme toute entreprise même si elle évolue dans un secteur en situation de monopole pour la délivrance de médicaments. Le second, plus spécifique, tiendrait au choix du pharmacien référent par les patients si ce statut est mis en place. L’usager fidèle à son officine pourrait choisir ce point de vente en référence dans le cadre de son parcours de soins.
2 – Modélisation de la satisfaction et de la fidélité
21Nous souhaitons dans ce travail mettre en perspective les éléments caractérisant la satisfaction et la fidélité. Nous tenterons de mesurer le lien entre la satisfaction et la fidélité à l’officine. Nous pourrons ensuite envisager la place du pharmacien d’officine comme acteur de soins référent pour le patient-consommateur fidélisé au point de vente. L’analyse a été menée sur un échantillon de clients décrit dans l’encadré 1.
Encadré 1. Méthodologie de l’enquête
- note, sur une échelle de Likert à 7 points (enchanté - noté 7 -, content, en grande partie satisfait, mitigé, ni satisfait/ni insatisfait, en grande partie insatisfait, pas content, furieux - noté 1 -), 10 attributs liés au point de vente ainsi que le point de vente lui-même (satisfaction globale). Ces notes vont permettre de mesurer l’impact des attributs sur la satisfaction globale et sur la fidélité du patient à l’égard de la pharmacie. Les attributs évalués font référence à l’identité métier du pharmacien d’officine (amabilité, confidentialité, conseil, expertise, qualité d’écoute, temps d’attente, disponibilité, compétence) et aux éléments de services officinaux de satisfaction liés à la présentation des produits au sein du point de vente (atmosphère, facilité de se déplacer dans la pharmacie, facilité pour trouver les produits, prix).
- précise son attachement à la pharmacie à partir de deux informations, i) l’officine est leur pharmacie principale (oui/non), ii) le type d’achat réalisé (produits avec ou sans ordonnance). Ces informations vont permettre de mesurer la fidélité au point de vente ;
- répond à la question « Entre ces 2 propositions, laquelle correspond le mieux à ce que vous attendez de notre pharmacie ? » : « le prix et le temps d’attente » ou « la qualité d’écoute et la compétence » lorsqu’il vient à la pharmacie.
22Dans la modélisation deux variables ont été construites : la variable de satisfaction et la variable de fidélisation. La variable caractérisant la satisfaction générale du point de vente a été divisée en trois classes (positive, neutre et négative) à partir de la méthode statistique de segmentation C et RT [5]. Le regroupement en trois classes donne la classification : positif (notes 6 et 7) ; neutre (notes 4 et 5) et négatif (notes de 1 à 3). Ces trois classes permettent de repérer un éventuel impact asymétrique des attributs (cf. Ray et Gotteland, 2005). La modélisation retenue, proche de celle utilisée par Ray, Gotteland et Antonietti (2011), est un probit ordonné.
23Les statistiques descriptives associées à la variable de satisfaction et à ses attributs semblent indiquer qu’il existe un lien fort entre les patients-consommateurs et leur officine (tableau 1).
Statistiques descriptives
ATTRIBUTS LIÉS À LA PHARMACIE | MOYENNE | ÉCART-TYPE |
---|---|---|
Temps d’attente (attente) | 6,23 | 1,14 |
Disponibilité en stock des produits (stock) | 6,23 | 1,12 |
Confidentialité | 6,39 | 1,05 |
Sympathie du personnel | 6,63 | 0,86 |
Conseils donnés | 6,55 | 0,87 |
Qualité d’écoute du personnel (écoute) | 6,60 | 0,85 |
Faciliter de se déplacer (espace) | 6,46 | 0,90 |
Atmosphère de la pharmacie | 6,45 | 0,93 |
Facilité à trouver les produits (produit) | 6,34 | 0,97 |
Prix | 5,88 | 1,23 |
Satisfaction générale vis-à-vis de la pharmacie | 6,42 | 0,88 |
Pharmacie principale pour les achats | ||
- avec et sans ordonnance | 81,9 | |
- avec ordonnance seulement | 63,7 | |
- sans ordonnance seulement | 59,5 | |
CARACTÉRISTIQUES INDIVIDUELLES | ||
Sexe : | ||
homme | 29,4 | |
femme | 70,6 | |
Âge: | ||
moins de 30 ans | 12,1 | |
[30, 40 ans [ | 17,1 | |
[40, 50 ans [ | 19,9 | |
[50, 60 ans [ | 18,2 | |
[60, 70 ans [ | 19,4 | |
Plus de 70 ans | 13,3 |
Statistiques descriptives
24Les patients sont plutôt très satisfaits puisque la satisfaction globale moyenne est de 6,42/7. La qualité d’écoute du personnel, sa sympathie et les conseils donnés sont très bien notés ce qui conforte le rôle de l’identité métier. L’attribut le moins bien noté est le prix (note moyenne de 5,88/7). Il est suivi par le temps d’attente et la disponibilité des produits (note moyenne de 6,23/7). Nous avons considéré qu’un patient-consommateur est fidèle s’il indique que le point de vente est sa pharmacie principale (définition prise par Jazy, 2006). 63,7 % déclarent que la pharmacie visitée au moment de l’enquête est leur pharmacie principale pour l’achat de médicaments avec ordonnance. Ce taux est de 59,5 % pour l’achat de produits sans ordonnance. Au final, pour 81,9 % des clients la pharmacie est principale quel que soit le motif de la visite (avec ou sans ordonnance).
3 – Résultats et discussions
25La satisfaction et la fidélité ont été modélisées conjointement à l’aide d’un modèle probit bivarié. Dans la suite de ce travail les commentaires sont réalisés toutes choses restant égales par ailleurs [6].
3.1 – La satisfaction du patient-consommateur
26Il semble que pour l’officine il existe une différence d’appréciation notable avec ce qui est observé au sein de la grande distribution alimentaire ou spécialisée. Les résultats sont donnés dans le tableau 2. Le sexe et l’âge n’impactent pas la satisfaction ou la non-satisfaction. Contrairement à de nombreux autres segments (Darpy et Volle, 2012), ces deux variables sont peu discriminantes dans le comportement de consommation des patients sur le segment de la santé et le bien-être.
Modélisation de la satisfaction
VARIABLES | COEFFICIENTS ESTIMÉS | |||
---|---|---|---|---|
Constante | 1,212 | *** | (0,14) | |
Évaluations des attributs de la pharmacie | Réf : neutre | |||
temps d’attente | positive | 0,354 | *** | (0,08) |
négative | -0,220 | (0,15) | ||
disponibilité, stock, des produits | positive | 0,412 | *** | (0,08) |
négative | -0,036 | (0,16) | ||
confidentialité | positive | 0,044 | (0,09) | |
négative | -0,154 | (0,18) | ||
amabilité du personnel | positive | 0,294 | ** | (0,12) |
négative | -1,037 | *** | (0,29) | |
conseils donnés | positive | 0,399 | *** | (0,12) |
négative | 0,442 | (0,36) | ||
qualité d’écoute du personnel | positive | 0,447 | *** | (0,13) |
négative | -0,023 | (0,39) | ||
facilité à se déplacer | positive | 0,078 | (0,10) | |
négative | -0,062 | (0,23) | ||
atmosphère de la pharmacie | positive | 0,418 | *** | (0,10) |
négative | -0,452 | * | (0,26) | |
facilité à trouver les produits | positive | 0,549 | *** | (0,09) |
négative | -0,221 | (0,20) | ||
prix des produits | positive | 0,799 | *** | (0,08) |
négative | -0,588 | *** | (0,11) | |
Préférence pour | ||||
l’écoute et les compétences | 0,179 | ** | (0,07) | |
le prix et le temps d’attente | référence | |||
Caractéristiques individuelles | ||||
Sexe : homme | ns | |||
Âge | ns | |||
Limite | 2,600 | *** | (0,12) |
Modélisation de la satisfaction
Légende pour le seuil de significativité : *** 1% ; ** 5% ; * 10%. Les valeurs entre parenthèses sont les écart-types. ns : les coefficients associés à ces variables ne sont pas significativement différents de 0.27La préférence pour la qualité d’écoute et la compétence augmentent la probabilité d’être satisfait et par conséquent diminuent la probabilité de ne pas être satisfait [7]. Ces résultats montrent l’importance de l’identité métier (Reyes, 2013) qui est attendue et reconnue par les patients-consommateurs qui fréquentent l’officine. Même si le métier de pharmacien connaît une évolution notable, la satisfaction des patients est durablement liée aux valeurs de la profession officinale. Elle semble confirmer l’attachement des usagers à la délégation de service public qui est donnée aux pharmaciens comme acteurs de soins. Elle montre combien le rôle de pharmacien-référent serait central au regard de l’attachement aux professionnels de l’officine (Moinier et Bonnal, 2018). Il s’agirait pour le patient, à l’instar du médecin référent, de choisir un pharmacien et donc une pharmacie vers qui il se dirigerait lors de la délivrance et l’achat de médicaments. Le pharmacien-référent offrirait un acte pharmaceutique sur mesure qui permettrait notamment le suivi thérapeutique et l’optimisation de l’usage du dossier pharmaceutique et éviterait la multiplication de délivrance de médicaments. Dans les nouvelles pratiques du « new public management », c’est envisager à terme une diminution des dépenses de santé, le pharmacien n’étant plus rémunéré à la marge sur le médicament mais sur l’acte pharmaceutique.
28Deux attributs de la pharmacie sont considérés comme « secondaires » [n’ont pas d’impact significatif sur la satisfaction] : la confidentialité et la facilité de se déplacer dans la pharmacie (espace). Ces résultats doivent interroger les praticiens qui n’ont de cesse de vouloir accentuer leur rôle dans le parcours de soins des patients et d’améliorer le merchandising sur les points de vente. La confidentialité, attribut essentiel du service public et des professionnels de santé (parce qu’ils partagent les pathologies des patients) n’intervient finalement pas ou peu dans la satisfaction ou l’insatisfaction de l’usager de l’officine. On peut donc considérer que l’officine est un point de vente comme les autres, ouverts au public et donc peu propice ou utile à la confidentialité. Envisager la pharmacie comme un point de vente traditionnel afin de permettre une meilleure déambulation sur le devant de comptoir dans le but d’optimiser la vente des produits pharmaceutiques en vente libre semble également un critère sans conséquence sur la satisfaction. Nous ne pouvons pas dire que cette nouvelle organisation de l’officine n’a pas de conséquence sur les ventes mais néanmoins elle n’a pas d’incidence sur la satisfaction des patients-consommateurs tandis que ce critère est important dans les points de vente traditionnels (Lichtlé et al., 2002). Une duplicité semble exister au sein de l’officine, dans la mesure où le pharmacien veut profiter de son espace de vente pour optimiser sa stratégie transactionnelle par la vente de médicaments en libre accès comme un commerçant classique mais aussi rester un professionnel de santé qui privilégie avant tout une stratégie relationnelle avec l’usager.
29Trois attributs sont considérés comme « clés » [qui contribuent à la satisfaction quand ils sont appréciés favorablement et qui contribuent à l’insatisfaction quand l’évaluation est défavorable] : l’amabilité du personnel, les prix et dans une moindre mesure l’atmosphère dans la pharmacie. Ces éléments sont dénommés par Ray et al. (2011) « classiques » ou « performants ». La satisfaction ou l’insatisfaction du patient tient donc pour l’essentiel à l’amabilité du personnel. La fréquentation du point de vente officinal se fait dans un contexte spécifique, puisque le client est avant tout un patient qui est touché directement ou indirectement par la maladie. L’amabilité du personnel devient clé dans la mesure où on imagine que le pharmacien s’inscrit dans l’ère du « care » (Halpern, 2006) c’est-à-dire le prendre soin, nécessaire au patient. Ce point est essentiel car ce qui est considéré comme basique dans la grande distribution est ici clé. Il prend donc tout son sens dans une relation durable qu’induirait le développement du statut de pharmacien référent. L’attribut prix comme élément clé est plus surprenant car très longtemps on a considéré que le patient qui ne payait pas les médicaments se souciait peu de leur prix. La sensibilité au prix du patient-consommateur est plus importante en officine qu’en grande distribution où la vision traditionnelle du point de vente par les consommateurs rend pour acquise une offre au moindre coût (Lichtle et al., 2002). Ceci montre que la concurrence par les prix a trouvé sa place dans l’officine et que les patients sont aussi des consommateurs qui, s’ils profitent du développement de l’automédication et de la vente libre de nombreux médicaments, sont évidemment attentifs aux prix qu’ils peuvent comparer. L’approche transactionnelle de l’exercice officinal garde toute sa place entre le client et l’officine. En choisissant un pharmacien référent, le patient serait moins tenté de faire jouer la concurrence lors de l’achat de médicaments non-prescrits ce qui peut être considéré comme un avantage déloyal dans une pratique officinale guidée par la déontologie médicale. Au regard de la santé publique, c’est aussi éviter le nomadisme officinal et la consommation incontrôlée de médicaments.
30L’atmosphère dans la pharmacie c’est-à-dire tous les éléments physiques et non physiques d’un magasin qui peuvent être contrôlés afin d’influencer les comportements des occupants, est également un élément clé qui touche directement à la satisfaction des clients sur le point de vente comme pour les enseignes de grande distribution. Toutefois, nous n’avons pas interrogé les répondants sur les éléments (la musique de fond, la lumière, l’acoustique, la taille du magasin, le déplacement etc.), qui se rattachent à cette variable (Plichon, 1998) pour en tirer des perspectives opérationnelles.
31Le temps d’attente, la disponibilité en stock des produits, les conseils donnés, la qualité d’écoute du personnel et la facilité à trouver les produits en libre accès sont des éléments « plus » [qui ne contribuent qu’à la satisfaction lorsqu’ils sont évalués favorablement mais qui ne jouent pas de rôle sur l’insatisfaction]. La fréquentation de l’officine, comme nous l’avons rappelé, est motivée par un besoin lié à la santé et au bien-être. Les études en marketing qui traitent du comportement du consommateur montrent que ces critères sont appréciés différemment lors de l’évaluation de points de vente ou d’enseignes dîtes de Grande Surface Alimentaire (GSA) et de Grande Surface Spécialisée (GSS). La disponibilité en stock des produits, la qualité d’écoute du personnel et la facilité à trouver les produits en libre accès sont des éléments « plus » dans le contexte de la prestation officinale tandis qu’ils sont « secondaires » dans le cadre de la grande distribution. La disponibilité en stock des produits est réglementaire. Elle est nécessaire pour assurer la continuité du service public qui incombe aux titulaires d’officine. On comprend que le patient qui attend un traitement soit finalement satisfait d’en disposer immédiatement. On peut être plus surpris qu’il ne soit pas insatisfait s’il n’en dispose pas. Dans les faits, les ruptures de stocks sont l’exception en pharmacie ce qui peut expliquer ce résultat. La qualité d’écoute du personnel est importante dans une approche de type « healthcare » et a un effet positif sur la satisfaction. Néanmoins, l’objet principal de la visite du patient chez son pharmacien reste la délivrance d’une ordonnance qui peut se faire sans une écoute spécifique du personnel (les « drives » sur certains points de vente officinaux le démontrent). Enfin, la facilité à trouver les produits en libre accès touche à une pratique de merchandising très récente en officine (la présentation des produits sur linéaire accessibles) qui peut satisfaire les usagers mais au final n’est pas source d’insatisfaction dans la mesure où le pharmacien peut donner ce médicament sur demande. Le temps d’attente est habituellement un facteur « clé » [qui contribue à la satisfaction quand ils sont appréciés favorablement et qui contribuent à l’insatisfaction quand l’évaluation est défavorable] dans le commerce traditionnel alors qu’il est un facteur « plus » [qui ne contribuent qu’à la satisfaction lorsqu’ils sont évalués favorablement mais qui ne jouent pas de rôle sur l’insatisfaction] dans le contexte officinal. Les patients sont habitués à attendre pour une délivrance de médicaments qui ne peut se faire rapidement. Ils apprécient donc d’être servis rapidement mais acceptent d’attendre lorsqu’ils sont dans une officine.
32Les conseils donnés sont des éléments « plus » quel que soit le secteur d’activité. C’est évidemment fondamental pour le praticien officinal qui se veut être un acteur de santé. C’est également nécessaire pour le patient qui n’attend pas moins d’un pharmacien que d’un vendeur de grande distribution, puisqu’en qualité de professionnel de santé il est un acteur central de la chaîne de valeurs de soins.
33À la lumière des éléments de services officinaux, nous pouvons noter que les patients sont sensibles à l’ensemble des attributs liés aux points de vente qui contribuent à la satisfaction. Il convient maintenant de voir si cette satisfaction participe à leur fidélité au point de vente.
3.2 – La fidélité au point de vente
34Le tableau 3 donne les résultats associés à la fidélité au point de vente i) pour l’ensemble des achats (avec et sans ordonnance), ii) pour les produits délivrés sans ordonnance et iii) pour les produits délivrés avec ordonnance. Pour un problème économétrique d’identification des paramètres et de robustesse des résultats, il n’est pas possible d’introduire dans une même équation la variable de satisfaction et les attributs de la pharmacie. Par conséquent, deux cas ont été considérés. Dans le premier, nous avons considéré la variable satisfaction seule et dans le second, les attributs liés à l’officine seuls.
Modélisation de la fidélité au point de vente
Modélisation de la fidélité au point de vente
Légende pour le seuil de significativité : *** 1 % ; ** 5 % ; * 10 %. Les valeurs entre parenthèses sont les écart-types.35La probabilité d’être fidèle au point de vente augmente avec l’âge. La fidélité apparaît plus tardivement pour les achats de produits sans ordonnance. Ces résultats sont conformes à la littérature qui montre que la volatilité des jeunes consommateurs est importante (Desjeux, 2005) tandis qu’avec l’âge, le consommateur devient plus fidèle. Dans le cas du secteur de la santé et du bien-être, la fréquentation de l’officine est logiquement corrélée à l’âge du patient : plus on avance dans le cycle de la vie et plus on a recours à la délivrance de médicaments. La relation de fidélité avec l’officine s’inscrit dans la durée. Les patients, comme nous l’avons évoqué, sont attachés au savoir et savoir-faire du pharmacien (l’identité métier) et ne seront pas enclins à prendre le risque de changer de pharmacie alors qu’ils ont noué une relation de confiance avec le praticien officinal. La mise en place du statut de pharmacien-référent devrait pouvoir s’appuyer sur cette relation de fidélité voulue par le patient (Moinier et Bonnal, 2018).
36L’effet du sexe dépend du type d’achat. La fidélité au point de vente est observée seulement pour les hommes réalisant des achats de produit sans ordonnance : ils sont fidèles à leur point de vente lorsqu’il s’agit d’achats de produit sans ordonnance et ils ne le sont pas pour les médicaments prescrits par ordonnance.
37Concernant la satisfaction, ici encore, quel que soit le type d’achat réalisé, être satisfait augmente la probabilité d’être fidèle au point de vente. La prise en compte des trois classes (positive, neutre et négative) montre que la probabilité d’être fidèle augmente lorsque la satisfaction est notée positivement. De manière générale, ne pas être satisfait de son point de vente diminue, et dans une moindre mesure, la probabilité d’être fidèle à la pharmacie également. Ce résultat reste vrai lorsque le patient se rend à la pharmacie pour l’achat de médicaments sans ordonnance. Cette relation positive entre fidélité et satisfaction est conforme aux résultats obtenus pour des points de vente plus « classiques ». Dans l’hypothèse d’une mise en place du statut de pharmacien-référent ce résultat est important. Dans les pratiques officinales, l’accent devra être porté sur les éléments de service contribuant à la satisfaction. Outre l’intérêt commercial, le praticien devrait pouvoir être plus sollicité pour être pharmacien-référent.
38La prise en compte des différents attributs liés à l’officine nous permet de préciser les résultats obtenus [8]. Le modèle montre que certains attributs ont un effet sur la fidélité seulement lorsqu’ils ont une note positive. Être satisfait des conseils donnés augmente la probabilité d’être fidèle au point de vente en particulier lorsqu’il s’agit de se procurer des médicaments prescrits. Cet attribut est lié à l’expertise métier du pharmacien qui reste un professionnel de santé. L’officine est un lieu où le patient vient chercher une délivrance de produits médicaux nécessitant une expertise médicale ce qui plaide pour un éventuel statut de pharmacien-référent.
39La facilité de se déplacer dans la pharmacie et la facilité de trouver les produits sont deux attributs qui méritent l’attention des praticiens. On retrouve ici deux variables importantes évoquées dans les études traitant de la grande distribution (Lichtlé et al. 2002 ; Croizean et al., 2009) dans la nouvelle conception des points de vente qui relèvent de l’organisation du devant de comptoir. On comprend que la déambulation dans l’officine est importante si elle facilite l’accès aux produits en vente libre. Malgré tout, ces points ne sont pas essentiels pour les consommateurs fréquentant régulièrement la pharmacie pour l’achat de produits sans ordonnance. Ces consommateurs privilégient la confidentialité et le prix. Concernant cet attribut, la probabilité d’être fidèle au point de vente augmente lorsque les prix sont jugés positivement et diminue lorsque les prix sont jugés négativement.
40D’un point de vue managérial, ces résultats plaident pour que les officinaux pensent leur pharmacie comme des points de vente traditionnels où les usagers peuvent évoluer comme des consommateurs qu’ils sont devenus, à la recherche de prix concurrentiels pour les produits sans ordonnance. Les pharmaciens vont donc devoir adapter leurs stratégies pour fidéliser et satisfaire les clients selon le type d’achat réalisé. Il n’en demeure pas moins essentiel que les usagers ayant une préférence pour l’écoute et les compétences ont une probabilité plus élevée d’être fidèle au point de vente et que l’identité métier reste centrale pour la satisfaction et la fidélité au point de vente.
Conclusion
41Notre étude de la satisfaction et de la fidélité repose sur un échantillon d’usagers interrogés dans une officine qui s’avère être la leur et dont ils sont satisfaits. Un tel échantillonnage nous conduit sûrement à surestimer la probabilité d’être satisfait. Ces usagers sont fidèles et nous avons d’ailleurs pu identifier les éléments de satisfaction qui l’expliquent. Toutefois, nous pouvons supposer que cette fidélité est inévitable pour certains notamment pour les personnes âgées et les personnes vivant en milieu rural, faute d’une offre alternative. La base de données utilisée ne permet pas de localiser les officines et de faire le lien avec la domiciliation des patients. L’opposition rurale/urbaine mettrait peut-être en avant des attentes différentes des usagers ainsi que des pratiques managériales diverses des officinaux dans l’exercice du métier de praticien d’officine comme le suggère Reyes (2013) lorsqu’il évoque une double identité métier du pharmacien l’un privilégiant un rôle de santé, l’autre un rôle de distributeur. L’étude du secteur de la santé et du bien-être dans le cadre spécifique de l’officine offre aux professionnels des perspectives managériales importantes. Les titulaires d’officine, fort d’un monopole de propriété et de délivrance, ont longtemps ignoré l’analyse des comportements de consommation des usagers, considérant que le patient n’était pas un consommateur. L’évolution sectorielle de la distribution pharmaceutique les contraint aujourd’hui à intégrer les variables de comportement des consommateurs, classiquement mobilisées par les acteurs de la grande distribution. Notre travail montre que la satisfaction des usagers et la fidélité au point de vente sont particulières lorsque nous observons le secteur officinal. L’identité métier qui fait du pharmacien un « commerçant pas comme les autres », permet à la profession de bénéficier d’un capital satisfaction et fidélité. Nous voulons croire que la satisfaction et la fidélité au point de vente officinal du patient plaident pour la mise en œuvre de pharmacien-référent en France (Moinier et Bonnal, 2018) comme ceci se pratique pour le médecin généraliste. Cette notion de pharmacien-référent est aujourd’hui reprise dans la loi Ma Santé 2022 du gouvernement qui crée le statut de pharmacien correspondant. Le pharmacien deviendrait, au même titre que le médecin traitant, un maillon essentiel dans le parcours de soins du patient. Cette proposition appliquée au secteur officinal ne serait pas sans conséquence et modifierait durablement les pratiques. Envisager de mettre en place un référent officinal dans le cadre d’une politique de santé publique reviendrait à accentuer le rôle du pharmacien et acter la consultation officinale qui est souhaitée par 64 % des patients selon l’étude Avenir Pharmacie (2017) [9]. L’étude indique également que 9 patients sur 10 seraient favorables à l’autorisation pour le pharmacien de prolonger certaines ordonnances tandis que le dossier pharmaceutique est largement développé en officine (45,2 millions de dossiers créés entre 2007 et 2016) [10]. En actant le principe d’un pharmacien référent pour le patient, l’État, régulateur des budgets, dans le cadre de la nouvelle gestion publique, pourrait conduire un véritable suivi des dépenses pharmaceutiques. Cette notion n’est pas nouvelle. Une telle fonction existe dans certains EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Ce travail de pharmacien référent se fait dans un cadre spécifique avec les équipes soignantes de la structure qui administrent le traitement médical et suivent le patient soigné. La Belgique a initié un projet de ce type en octobre 2017, tout patient qui le nécessite pouvant choisir un pharmacien de référence qui assurera pour lui le suivi de soins pharmaceutiques. Ce dispositif cible des patients dont le suivi pharmaceutique est jugé prioritaire (malades chroniques, patients nécessitant un besoin spécifique de soins pharmaceutiques etc.) et/ou grands consommateurs de médicaments (Moinier et Bonnal, 2018). Enfin, la conduite d’expérimentations relatives à la vaccination contre la grippe saisonnière par les pharmaciens d’officine (Art 66, loi 2016-2107 du 23 décembre 2016 de financement de la sécurité sociale pour 2017), illustre le rôle que peut jouer le praticien officinal acteur de soins dans les objectifs de santé publique.
42Conformément au souhait de l’article L125-1-1 A du code de la santé publique (cf. supra), la mise en place du statut de pharmacien référent acterait définitivement le rôle majeur d’acteur de santé du praticien officinal. Pour que les patients acceptent, il semble fondamental d’établir entre eux et les praticiens une relation basée sur la confiance et le dialogue et par conséquent sur la satisfaction (Sirieix et Dubois, 1999 ; Gurviez et Korchia, 2002) et la fidélité (Moulin, 1998 ; Lichtlé et Plichon, 2008, Hikkerova et al., 2015). De plus, cette mesure conforterait le principe de non-concurrence entre officines qui est souvent contourné dans les pratiques managériales observées (Moinier, 2015).
43À plus ou moins long terme, si le monopole de délivrance réservé aux pharmaciens français venait à disparaître, les praticiens officinaux pourraient valoriser cette mission de pharmacien référent sans craindre l’ouverture du secteur à d’autres intervenants, notamment les acteurs de la grande distribution.
44L’étude sur l’avenir de la pharmacie (Cliquet et Bailly, 2017) ainsi que la loi MaSanté2022 nous permettent d’extrapoler de nouvelles missions du « pharmacien correspondant ou référent » en devenir (tableau 4) consolidant la place de cet acteur de santé publique.
Les nouvelles missions du pharmacien correspondant
Services et Conseils |
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Prescription et délivrance |
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Les nouvelles missions du pharmacien correspondant
45La singularité de l’exercice officinal semblait être remise en cause par les acteurs privés du soin notamment ceux de la grande distribution qui interviennent dans la vente de produits paramédicaux. Dans les faits, les pharmaciens voient leur métier s’inscrire durablement dans la chaîne de valeurs de soins à la faveur des enjeux de santé public, de la volonté des pouvoirs publics et des attentes fortes des usagers. Il leur reviendra de mettre en place des stratégies marketing afin de prendre en compte véritablement la modification du parcours de soins et la place des acteurs qui y participent. Les éléments de services officinaux qui existent actuellement, seront demain renforcés par une offre de services plus larges pour construire l’expérience client. Nous voulons croire que les pharmaciens saisiront les opportunités qui leur sont offertes pour développer une stratégie de marketing transactionnelle essentielle à leur activité officinale et compatible avec les enjeux sociétaux en termes de santé publique.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : pharmacien - référent, usagers, satisfaction, fidélité, nouveau management public
Mise en ligne 02/11/2020
https://doi.org/10.3917/gmp.074.0051Notes
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[1]
Bien connu des professionnels de santé, le risque iatrogène correspond à l’ensemble des conséquences néfastes sur l’état de santé individuel ou collectif de tout acte ou mesure pratiqué ou prescrit par un professionnel de santé habilité et qui vise à préserver, améliorer ou rétablir la santé. La réduction du risque iatrogène a été définie comme une priorité par la conférence de santé de 1996.
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[2]
« La fidélité est une réponse comportementale et attitudinale biaisée (par l’environnement et la stratégie du distributeur) exprimée dans le temps par une unité de décision au regard d’un ou plusieurs points de vente ».
-
[3]
Les nombreuses études sur le sujet obtiennent des résultats obtenus sont hétérogènes (Jazy, 2006 ; Stan, Calciu et Jakobowic, 2007 ; Lichtlé et Plichon, 2008).
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[4]
Ces pharmacies ont été sélectionnées de façon aléatoire sur le territoire français. Les tablettes ont été placées dans ces pharmacies après acceptation des responsables. La majorité de ces derniers n’ont pas souhaité que les caractéristiques des pharmacies (sous enseigne, localisation) soient utilisées pour l’étude.
-
[5]
Cette méthode permet de séparer les notes de chaque élément en deux ou plusieurs groupes les plus discriminants possible. Cette segmentation permet d’obtenir des classes dont la variance inter-classe est maximisée, et la variance intra-classe minimisée.
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[6]
Pour chaque modèle, trois estimations ont été réalisées : avec les attributs de la pharmacie seulement, avec les attributs et les caractéristiques de la personne (sexe et âge) et enfin la préférence pour le prix et temps d’attente ou qualité d’écoute et compétence a été rajouté aux variables précédentes. Il apparaît que les effets des attributs ne sont pas affectés par la prise en compte des caractéristiques individuelles et/ou de la réponse à la question de la préférence. En conséquence, pour la satisfaction et la fidélité au point de vente, seuls les résultats obtenus avec l’ensemble des variables sont présentés dans ce texte. L’ensemble des résultats est disponible auprès des auteurs à la demande.
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[7]
La modélisation considérée ne permet pas réellement de voir si l’effet de ces variables est différent sur la satisfaction ou la non-satisfaction. La modélisation proposée par Ray et al. (2011) a été mise en œuvre et les résultats sont comparables à ceux présentés. Les résultats sont disponibles auprès des auteurs à la demande.
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[8]
Le coefficient de corrélation positif et significatif entre la satisfaction et la fidélité confirme le résultat précédent : les éléments non observés dans l’enquête (et donc non pris en compte dans ces relations) impacteraient dans le même sens la satisfaction et la fidélité si on les observait. On peut ici faire référence à des attributs tel que la localisation de la pharmacie ou du client ou encore l’accès à la pharmacie.
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[9]
op.cit.
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[10]
Source : « Le dossier pharmaceutique », les cahiers de l’Ordre National des Pharmaciens, n° 12, novembre 2017.