Notes
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[1]
Lien de l’étude de l’APIE [URL : https://www.economie.gouv.fr/apie/actualites/resultats-etude-gestion-actifs-immateriels-operateurs-publics].
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[2]
Statistiques disponibles [URL : https://data.culture.gouv.fr/explore/dataset/frequentation-des-musees-de-france].
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[3]
Ratinaud, Pierre, 2009. IRAMUTEQ : Interface de R pour les Analyses Multidimensionnelles de TExtes et de Questionnaires. [URL : http://www.iramuteq.org].
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[4]
Les détails du projet R sont accessibles à [URL : http://www.r-project.org].
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[5]
Logos, propos mis en exergue à la mise en page par exemple.
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[6]
Formes à occurrence unique.
1 – Introduction
1La Culture en général et les musées en particulier sont actuellement confrontés à de multiples mutations de leur activité telles que le renouvellement de leurs missions face à leur expansion et la circulation accrue des œuvres. Les contraintes financières se font de plus en plus présentes. Le maintien du budget est devenu une préoccupation de l’action ministérielle. Les réformes engagées dans ce sens font partie d’un processus visant à introduire les principes d’une nouvelle philosophie de gestion dans le secteur public appelée nouvelle gestion publique (Hodges and Mellett, 2002 ; Jan Mouritsen et al., 2004 ; Ramírez, 2010).
2Dans ce nouveau paradigme international, la gestion du capital intellectuel a été proposée comme une nouvelle approche de gestion dans les organisations à but non lucratif (Kong, 2008 ; Kong and Farrell, 2010 ; Kong and Prior, 2008 ; Kong and Thomson, 2006). La gestion du secteur public suscite l’attention du public et la qualité du service, ce qui justifie la nécessité de mettre en place une série d’initiatives visant à introduire la gestion du capital intellectuel en tant que nouvelle approche pour contribuer à l’efficience et à l’efficacité de la fonction publique. Jusqu’à présent, seules quelques organisations publiques ont relevé le défi d’essayer de mesurer, gérer et rapporter des actifs incorporels. L’Agence du patrimoine immatériel de l’État (APIE), créée en 2007, avait lancé une enquête en ligne par questionnaire auprès de 430 opérateurs publics (IGN, CNRS, hôpitaux, universités…). Au final, 150 réponses ont été reçues [1]. À la question « quelle importance accordez-vous, sur une échelle de 1 à 5, aux différents éléments du patrimoine immatériel ? », les éléments jugés les plus importants figuraient : la satisfaction des usagers, l’image de marque des établissements publics, deux composantes de l’actif marque. Cependant, malgré son importance, le capital intellectuel du secteur public n’est guère traité de manière spécifique dans les musées.
3Les actifs incorporels comprennent toutes les ressources de l’entreprise sans substance physique, qui ont une valeur économique, c’estàdire qui vont générer des flux de trésorerie ou des bénéfices futurs (BessieuxOllier et al., 2014). Le capital intellectuel regroupe des actifs de nature très variée non susceptible d’une inscription au bilan, ce qui rend leur appréhension complexe, comme en attestent les différentes typologies actuellement mobilisées par la littérature (Martin de Castro et al., 2011). D’une manière générale, la recherche distingue trois composants au capital intellectuel : le capital humain (savoir, savoir-faire et savoir être des employés), le capital relationnel (relations externes de l’entreprise avec les clients et les fournisseurs) et le capital structurel (bases de données, routines organisationnelles, culture d’entreprise, valeur).
4Face à ces transformations, un discours de la performance a émergé et le management a pris une part de plus en plus grandissante dans les musées. Les recherches académiques depuis une vingtaine d’années qui ont ainsi connu un essor parlent d’une vague de « managérialisation » (Coblence, 2011). Stéphanie Chatelain-Ponroy (1996) met en évidence la nécessité de gestion des organisations muséales, qui se traduit par la diffusion de pratiques, de discours, d’outils et de savoirs spécifiquement gestionnaires, portés par des acteurs nouveaux dans l’organisation muséale.
5Le but de cette recherche est de mieux comprendre les pratiques des musées relatives au capital intellectuel à travers l’analyse de leur communication extrafinancière. Les résultats permettront de révéler les composantes du capital intellectuel, par nature non prises en compte par la comptabilité et donc absentes des états financiers des musées. Nous avons réalisé une analyse lexicale de 127 mots de présidents, publiés entre 2003 et 2017, de 11 musées. Le mot du président en préambule du rapport d’activité présente les principaux évènements de l’année et détaille les grandes lignes de la stratégie future de l’entité (Bournois and Point, 2006). Elle est un support de communication privilégié entre les dirigeants et toutes parties prenantes intéressées par la performance financière des entités (Yuthas et al., 2002).
6Dans un premier temps, nous mettrons en perspective les différentes typologies présentes dans la littérature, puis nous détaillerons la méthodologie utilisée pour traiter notre question de recherche, puis nous présenterons nos principaux résultats avant de les discuter dans la dernière section de cet article.
2 – Revue de littérature
2.1 – Capital intellectuel
7Le capital intellectuel représente les connaissances collectives intégrées dans le personnel, les routines organisationnelles et les relations d’une organisation (Bontis, 2001 ; Kong, 2008 ; Stewart, 1997). En d’autres termes, les typologies les plus fréquemment reprises par la littérature académique distinguent trois composants principaux du capital intellectuel : les capital humain, le capital structurel et le capital relationnel (Albertini, 2016 ; Albertini et al., 2019 ; Bontis, 1998 ; Martinez-Torres, 2006 ; Murthy and Mouritsen, 2011 ; Reed et al., 2006 ; Sveiby, 1997 ; Tayles et al., 2007).
8Le capital humain englobe les connaissances tacites ou implicites, les talents, les expériences, le savoir-faire, le comportement et les compétences des salariés. Pour résumer, ce capital fait référence à tout ce qui quitte l’entreprise avec le salarié lorsqu’il rentre chez lui le soir. Il est souvent considéré comme le principal facteur de compétitivité et une source d’avantages compétitifs durables, bien qu’il n’appartienne pas à l’entreprise (do Rosario-Cabrita and Bontis, 2008 ; Hsu and Wang, 2012 ; Martinez-Torres, 2006 ; Nonaka and Takeuchi, 1995). Le capital humain occupe une place centrale dans ces typologies, car il est institutionnalisé dans le capital organisationnel et transparaît dans les relations que l’entreprise entretient avec ses clients et la société au sens large (Bontis, 1998 ; Subramaniam and Youndt, 2005).
9Le capital structurel comprend quant à lui les routines organisationnelles, les procédures, les méthodes, les bases de données, les systèmes d’information, la technologie, la recherche et le développement. Concrètement, le capital structurel comprend tout ce qui reste dans l’entreprise le soir quand le salarié est rentré chez lui. Il peut être considéré comme l’ossature de l’entreprise dans la mesure où il fournit l’architecture des méthodes de travail et des connaissances nécessaires au modèle économique de l’entreprise (do Rosario-Cabrita and Bontis, 2008 ; Martin de Castro et al., 2011 ; Reed et al., 2006). Sa permanence dans l’entreprise, malgré les éventuels départs des salariés, en fait un élément indispensable à la création de valeur (Lev et al., 2009).
10Le capital relationnel quant à lui regroupe les relations que l’entreprise entretient avec ses clients, ses fournisseurs, ses partenaires ainsi que de manière générale avec toutes ses parties prenantes. Une conception particulière de ce capital, centrée sur le client, est au cœur du Balanced Scorecard de Kaplan et Norton (1992) et du navigateur Skandia (Edvinsson, 1997). Celle-ci n’est pas la seule, puisqu’il est possible également de mettre en évidence une conception centrée sur l’entreprise, qui comprend aussi la réputation de l’organisation, la fidélité des clients, la marque et l’image de marque de l’entreprise (Bontis, 1996 ; Brooking, 1996). Le capital relationnel peut aussi être distingué en une sous-composante « entreprise », comprenant les relations que l’organisation entretient avec ses clients, ses fournisseurs et ses partenaires au sens large, et une sous-composante « sociale » faisant référence principalement à la valeur de ces relations avec la société au sens large (Martin de Castro et al., 2011).
11D’autres typologies présentent quatre composants principaux du capital intellectuel. Ainsi, à la suite des travaux de Mouritsen (1995), le gouvernement danois a incité les entreprises à préparer des « états du capital intellectuel » s’articulant autour de quatre dimensions : les employés, les clients, les processus et les technologies. La classification de Brooking (1996) décompose le capital intellectuel en actifs de marché, actifs centrés sur l’humain, actifs de la propriété intellectuelle et actifs d’infrastructure. Cette classification a été largement reprise dans les travaux en finance où la notion d’actif fait cependant référence à des éléments identifiés dans les cadres comptables et générateurs d’avantages économiques pour l’entreprise (les actifs incorporels). Pour finir certaines typologies, comme celles de l’Observatoire de l’Immatériel (Observatoire de l’immatériel, n.d.), considèrent dix composants au capital intellectuel : capital technologique, sociétal, naturel, relatif aux systèmes d’information, marque, fournisseur-partenaire, actionnaires, organisationnel, humain et client.
2.2 – De l’importance du capital intellectuel dans les services publics
12Le capital intellectuel a été reconnu comme une ressource importante que les organisations doivent développer pour obtenir des avantages concurrentiels durables (Chen et al., 2015 ; Kong and Prior, 2008 ; Schiuma and Lerro, 2008).
13Dans les années 2000 et 2010, le contexte dans le secteur public est caractérisé par l’opérationnalisation et le développement de l’évaluation des politiques publiques au moyen de certains instruments issus du New Public Management recommandés ou expérimentés au sein de la direction du Budget (Bezes, 2012). De manière non exhaustive, trois principales dispositions dominent cette période : la Loi organique relative aux lois de finances (LOLF), la Révision générale des politiques publiques (RGPP) et la Modernisation de l’action publique (MAP). La LOLF, adoptée en France en 2001 et mise en application en 2006, a pour but de favoriser la transparence et le débat budgétaire. Elle fait passer la gestion de l’État d’une logique de moyens à une logique de résultats, avec des objectifs d’efficacité socioéconomique, de qualité et d’efficience de la gestion. La RGPP, engagée en 2007, vise à faire examiner par des équipes d’audit les objectifs, les dépenses, les résultats et les modus operandi des grandes politiques publiques ministérielles. La MAP centre son action sur le développement de l’évaluation des politiques publiques.
14Le secteur public présente ainsi les caractéristiques suivantes : application de méthodes de gestion issues du secteur privé, introduction du concept de performance, gestion des résultats, décentralisation et délégation, prise en compte des besoins des usagers (Amar and Berthier, 2007). Ces caractéristiques justifient la nécessité de s’intéresser au capital intellectuel, c’est-à-dire aux éléments incorporels qui génèrent ou généreront de la valeur pour l’administration, tels que l’attention portée au citoyen, aux usagers, la responsabilité sociale et le professionnalisme du personnel (Ramírez, 2010).
15De plus, le capital intellectuel est encore plus présent dans l’administration publique que dans les entreprises privées pour plusieurs raisons. Premièrement, les administrations publiques ont généralement de multiples objectifs de nature non financière. Deuxièmement, parce que parmi les ressources productives, l’administration publique utilise intensivement le capital humain ; et enfin, parce que le produit final de l’administration publique est un service, qui est essentiellement immatériel (Ramírez, 2010).
2.3 – Le capital intellectuel : une typologie applicable au service public ?
16Les recherches s’accordent sur l’importance du capital immatériel dans les services publics. La question qui se pose alors : la typologie du capital immatériel est-elle applicable aux services publics ?
17Kong et Prior (2008) ont présenté un cadre complet pour expliquer la compétitivité des organisations à but non lucratif reposant sur le capital intellectuel. Par la suite, Kong et Farell (2010) proposent un cadre conceptuel de capital intellectuel pouvant aider les gestionnaires à but non lucratif à articuler les trois éléments du CI (capital humain, capital relationnel et capital structurel), faciliter les processus d’apprentissage et de désapprentissage, et finalement maximiser ce capital intellectuel.
18Pour Da Conceição Marques (2005), le capital relationnel ne peut s’exprimer en termes de clientèles et de marques dans le secteur public. Ils sont des citoyens, des usagers. Elle propose de remplacer le concept de marque par celui d’image. Pour l’auteur, le capital humain et structurel a aussi ses particularités dans le secteur public.
19Dans cette lignée, Caba et Sierra (2001) cité dans (Ramírez, 2010) proposent donc un modèle de mesure du capital intellectuel basé sur l’European Foundation for Quality Management ou EFQM. Cette proposition intègre les différents éléments du modèle EFQM dans les trois blocs qui composent le capital intellectuel (capital humain, capital structurel et capital relationnel).
20Premièrement, le capital humain fait référence aux compétences actuelles ainsi qu’à la capacité des personnes et des équipes de travail à apprendre et à créer, ainsi que l’éthique professionnelle dans l’administration publique.
21Deuxièmement, le capital structurel inclut les systèmes d’information et de gestion, la technologie disponible, etc. c’est-à-dire tous les éléments dont dépendent l’efficacité et l’efficience de l’entité publique.
22Troisièmement, le capital relationnel est constitué par la valeur créée à la suite des relations externes de l’entité, dont la clé du succès sera perçue au moyen de l’impact des représentations publiques, de l’accès aux services par les différents groupes, de la satisfaction des citoyens pour le service rendu. qualité, etc.
23Suivant ce modèle, une fois que la structure du capital intellectuel a été définie suivant ces trois composantes, l’étape suivante serait l’identification et la mesure des éléments à prendre en compte dans chacun d’eux.
24Compte tenu de ces approches, Kong et Thomson (2006) montre que l’approche du capital intellectuel contribue à faciliter les processus d’apprentissage et de désapprentissage dans l’administration publique, car elle oblige les responsables publics à repenser leur mission et leur raison d’être sociale. En effet, le capital intellectuel est lié à des questions d’identité, (Mouritsen et al., 2005). En d’autres termes, le capital intellectuel oblige les gestionnaires publics à enquêter sur ce qu’ils savent (savoir) et sur leur capacité à livrer ce qu’ils savent (savoir-faire). Ceci est particulièrement important pour les organisations publiques, car elles doivent constamment acquérir de nouvelles connaissances et désapprendre des « connaissances indésirables » au secteur public (Kong, 2007).
25En résumé, les auteurs concluent que les gestionnaires publics travaillent avec des concepts du capital intellectuel, bien qu’ils ne disposent pas toujours d’une méthodologie pour systématiser leur identification, leur mesure, leur gestion et leur présentation. Notre recherche s’inscrit dans le prolongement de ces travaux appelant à identifier le capital immatériel d’une organisation publique spécifique : l’organisation muséale.
3 – Méthodologie
3.1 – Échantillon
26Si cette recherche s’appuie sur le discours des dirigeants pour faire émerger une typologie au sein du capital intellectuel, les documents utilisés ont une dimension institutionnelle, requérant de ce fait de se placer dans un cadre normatif homogène quant aux exigences de communication.
27Aussi avons-nous constitué un échantillon de onze musées parmi les musées les plus fréquentés de France en 2016 selon la plate-forme de données ouvertes du ministère de la Culture [2]. Ils sont sous la tutelle d’un ou plusieurs ministères (ministère de la Culture et de la Communication, ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ministère de l’Environnement, ministère en charge du budget). Les rapports d’activité des musées sont librement communicables et consultables soit sur internet, soit dans leur service d’archives respectif.
28Le point de départ de notre étude est la loi du 4 janvier 2002 qui redéfinit le cadre législatif et vient combler un véritable vide juridique. Les missions des musées sont déclinées : « conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs collections ; rendre leurs collections accessibles au public le plus large ; concevoir et mettre en œuvre des actions d’éducation et de diffusion visant à assurer l’égal accès de tous à la culture ; contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion ». Les collections sont imprescriptibles et inaliénables. La loi précise aussi les modalités des contrôles scientifiques et la qualification nécessaire des professionnels pour trois types d’activités : les activités scientifiques, les actions d’accueil des publics et de médiation culturelle, et la restauration (Poirrier, 2004).
29Notre échantillon est ainsi constitué de 127 mots de présidents issus de 11 musées, placés sur la tutelle d’un ou plusieurs ministères. Le tableau présente les musées de notre étude, les années des rapports constituant notre échantillon et leurs statuts respectifs.
Échantillon
MUSÉE | Année des rapports d’activité | STATUT |
---|---|---|
Musée du Louvre | 2003-2017 | Établissement public administratif sous tutelle du ministère de la Culture et de la Communication, regroupant le musée national du Louvre, le musée national Eugène Delacroix et le Jardin des Tuileries. |
Musée du Quai Branly | 2003-2017 | Établissement public placé sous la double tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le musée du quai Branly - Jacques Chirac est à la fois un musée et un centre d’enseignement et de recherche. L’établissement est doté de ses statuts par le décret n° 2004-1350 du 9 décembre 2004, relatif au statut de l’Établissement public du musée du quai Branly. Il est inauguré en 2006. |
Centre Pompidou | 2003-2017 | Le Centre national d’art et de culture Georges Pompidou (CNAC-GP), est un établissement public à caractère administratif (EPA) placé sous la tutelle du ministre de la Culture, depuis 1975. |
Musée d’Orsay | 2004-2017 | Le musée d’Orsay est un musée national du Ministère de la Culture. Depuis le 1er janvier 2004, le musée d’Orsay est un Établissement Public Administratif. Il regroupe le musée d’Orsay, le musée de l’Orangerie et le musée Hébert. |
Musée Rodin | 2006-2017 | Musée national, sous tutelle du ministère de la Culture, le musée Rodin est un établissement public à caractère administratif depuis 1993. |
Cité de la céramique Sèvres et Limoges | 2013-2017 | Depuis le 1er mai 2012, la Manufacture nationale de Sèvres, le Musée national de la Céramique à Sèvres et le Musée national Adrien Dubouché à Limoges sont réunis dans un établissement public à caractère administratif sous tutelle du ministère de la culture et de la communication, dénommé Cité de la céramique – Sèvres et Limoges. |
Universcience | 2003-2017 | Créé par décret le 3 décembre 2009, l’Établissement public du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie, également dénommé Universcience à partir janvier 2010, est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), placé sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et du ministère de la Culture. |
Château de Versailles | 2003-2017 | Établissement public national à caractère administratif du château, du musée et du domaine national de Versailles, placé sous la tutelle du ministère de la culture et de la communication. |
Château de Fontainebleau | 2010-2017 | Établissement public à caractère administratif du Château de Fontainebleau créé en 2009. |
Muséum national d’Histoire naturelle | 2004-2017 | Le Muséum national d’histoire naturelle, ci-après désigné Muséum, est un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel constitué sous la forme d’un grand établissement au sens de l’article L. 717-1 du code de l’éducation. Il est doté du statut de grand établissement et placé sous la double tutelle administrative des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de l’Environnement. |
Cité de la musique | 2011-2017 | Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) placé sous tutelle du ministère de la culture et regroupe un ensemble d’institutions dédiées à la musique. Inauguré en 1995, il comprend : un amphithéâtre ; une salle de concert, pouvant accueillir de 800 à 1000 spectateurs ; le musée de la musique contenant une importante collection d’instruments de musique classique datés pour l’essentiel entre le xve et le xxe siècle ; des expositions ; des lieux d’ateliers ; des espaces de documentation très importants. |
Échantillon
3.2 – Analyse lexicale de la lettre des dirigeants
30Pour répondre à notre question de recherche, nous avons centré notre étude sur l’analyse lexicale des lettres des dirigeants en introduction des rapports d’activité. Cette partie discursive du rapport, qui a vocation à compléter les données comptables ou à les mettre en perspective, a peu fait l’objet d’études en gestion (Abrahamson and Amir, 1996 ; Chekkar and Onnée, 2006 ; Platet and Giordano-Spring, 2011 ; Point, 2007 ; Point and Trébucq, 2015). Or, le discours du dirigeant revêt une dimension instrumentale importante : « le dirigeant qui s’exprime au nom de l’institution qu’il dirige ne le fait pas de manière neutre, il recherche l’adhésion à une stratégie » (Jacquot and Point, 2000 ; Pupion et al., 2006). Piette et Rouleau (2008) le qualifient même de « discoursoutil » qui permet de « faciliter la gestion des processus et l’atteinte des résultats, de formuler et diffuser la stratégie, de mobiliser les employés, de communiquer une image, d’améliorer la connaissance sur son environnement, de favoriser des prises de décisions efficaces, d’effectuer des évaluations. Enfin, le discours du dirigeant a le pouvoir de gérer, d’articuler les pressions souvent contradictoires » (Jacquot, 1998 ; Pupion et al., 2006).
3.2.1 – Choix méthodologiques : l’analyse lexicale assistée par ordinateur
31Compte tenu de la taille de notre échantillon, composé de 127 lettres de dirigeants parfois longues, nous avons opté pour une analyse lexicale assistée par ordinateur. Cette méthode offre l’occasion de mesurer partiellement les intentions stratégiques grâce à l’analyse des thèmes abordés dans les déclarations publiques des dirigeants (Osborne et al., 2001). Dans la littérature trois types d’analyse de texte informatisée sont mis en avant : l’analyse textuelle de représentation (representational text analysis) ou analyse manuelle, l’analyse textuelle inférentielle (inferential text analysis) ou analyse semi-automatique et l’analyse textuelle de positionnement (positioning text analysis) ou analyse automatique (Illia et al., 2014 ; Normand and Garon, 2013). Le nombre important de documents traités, ainsi que dans certains cas leur longueur, nous a conduit à choisir l’analyse textuelle de positionnement (ou analyse automatique).
32Cette méthode permet de donner un sens à un mot en fonction de son contexte naturel : le sens dépend en effet de la position occupée dans l’espace sémantique. Deux règles de base régissent cette analyse. Premièrement, les mots sont réduits à leur lemme (par exemple, un mot au singulier ou au pluriel fera référence au même lemme). Deuxièmement, les mots sont considérés selon leur fréquence moyenne. Ceci permet l’analyse de cooccurrence des mots, c’est-à-dire « l’association statistiquement significative de deux items (en général deux mots) dans une fenêtre déterminée du texte (en général le paragraphe) » (Mayaffre, 2014). Le but est d’identifier la manière dont les mots apparaissent ensemble dans un segment de texte et de les comparer aux autres segments de texte. La démarche s’appuie sur des logiciels de statistiques textuelles, qui demandent une longue préparation des données brutes, tels que ALCESTE, IRaMuTeQ, Lexico et TLab.
3.2.2 – Choix du logiciel IRaMuTeQ
33Nous avons choisi de traiter l’analyse automatique du contenu avec le logiciel IRaMuTeQ (Interface de R pour les Analyses Multidimensionnelles de Textes et de Questionnaires). Il s’agit d’un logiciel d’analyse lexicométrique de textes, développé par Pierre Ratinaud au sein du Laboratoire d’Études et de Recherches Appliquées en Sciences Sociales (LERASS) de l’Université de Toulouse 3 depuis 2009 [3], qui s’appuie sur le logiciel statistique R [4]. Le dispositif met en œuvre la méthode de statistique textuelle « Alceste » (Analyse des Lexèmes Cooccurrents dans les Énoncés Simples d’un Texte) élaborée par Max Reinert à la fin des années 1970, éponyme d’un logiciel d’analyse lexicométrique. IRaMuTeQ se présente comme une version open source du logiciel Alceste, principalement destinée à un usage académique et permettant la description et l’exploration de corpus textuels volumineux.
34La méthode appliquée par IRaMuteQ, similaire à celle d’Alceste, comprend quatre principales étapes (Reinert, 2001, 1987, 1986, 1983). La première est l’étape de mise en forme et de numérisation des textes. Chacun est découpé en « unité de contexte », UCI (Unité de contexte initiale). La deuxième étape est le découpage de ces UCI en segments de texte, UCE (Unité de contexte élémentaire), qui constituent l’unité statistique par défaut pour le logiciel. Ce découpage est adossé à la ponctuation et donc qualifié de « naturel » par Reinert. Cette étape est importante car la lemmatisation du corpus repose sur ces UCE. La troisième étape consiste en une classification hiérarchique descendante. On y trouve les différentes classes retenues de vocabulaire sur la base de la distribution et de la cooccurrence des mots qui composent les subdivisions du corpus (UCE) (Bart, 2011). À partir des résultats de cette classification, une Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) est effectuée qui permet de « rendre compte des relations d’attraction ou d’éloignement qu’entretiennent entre-elles dans le corpus, les classes, les formes et les classes et les formes » (Bart, 2011). La quatrième et dernière étape consiste à exécuter les calculs complémentaires sur chacune des classes. Les UCE les plus représentatives de chaque classe sont alors déterminées et extraites.
3.3 – Constitution du corpus
3.3.1 – Récupération et formatage du corpus
35Nous avons extrait des rapports financiers annuels, publics et librement communicables, les 127 lettres de dirigeants. Cette approche permet de travailler sur des textes uniformes dans leurs intentions communicationnelles et donc sur des contenus ayant une logique propre.
36Le formatage du corpus s’est déroulé en deux temps. Dans un premier temps, chaque fichier en portable document format (pdf) est converti en format texte brut. La lecture préalable de l’ensemble des textes permet de ne garder que le seul énoncé, à l’exclusion des éléments annexes [5]. Nous avons veillé tout particulièrement à la préservation de l’intégrité de la ponctuation, fondamentale lors du découpage en UCE. Dans un second temps, un ensemble de vingt-cinq variables est associé à chaque lettre, permettant sa qualification pour des analyses ultérieures.
3.3.2 – Enrichissement du dictionnaire
37IRaMuTeQ réalise la lemmatisation à partir de dictionnaires, sans désambiguïsation. La phase de lemmatisation du logiciel est réalisée à partir de deux fichiers : lexique et expressions. Pour la bonne exécution de l’analyse lexicale, les verbes sont ramenés à l’infinitif, les noms au singulier et les adjectifs au masculin singulier. Nous avons enrichi le fichier lexique avec des mots présents dans les textes mais absents du dictionnaire par défaut du progiciel, car technique ou relevant d’un champ professionnel particulier. De la même manière, le fichier expression a été enrichi d’expressions, pour les mêmes raisons. L’objectif de cette étape est de permettre à l’outil de reconnaître les termes constitutifs du champ sémantique de l’objet étudié.
EXEMPLES DES ENRICHISSEMENTS |
---|
Les termes et expressions suivants ont par exemple été ajoutés au corpus : |
Service public |
Louis XIV |
Van Gogh |
xixe siècle |
Musée d’Orsay |
4 – Résultats
4.1 – Analyse lexicale du discours des dirigeants
38Le corpus, de 127 mots de présidents, se compose de 123 952 occurrences. Il est constitué de 12 177 formes différentes, dont 3 863 hapax [6] (3.12 % des occurrences — 45.55 % des formes). La typologie en 11 classes a permis de dresser une typologie du capital immatériel.
Modalité des 11 classes de discours des dirigeants
INTITULÉ | |
---|---|
CLASSES 4, 5, 1, 11 | Capital structurel |
CLASSES 9, 6, 7, 10 | Capital relationnel |
CLASSES 2, 3, 8 | Capital humain |
Modalité des 11 classes de discours des dirigeants
Dendrogramme des classes de discours
Dendrogramme des classes de discours
Termes surreprésentés dans les classes relatifs au capital intellectuel
Classes 4, 5, 1, 11 CAPITAL STRUCTUREL | Classes 9, 6, 7, 10 CAPITAL RELATIONNEL | Classes 2, 3, 8 CAPITAL HUMAIN |
---|---|---|
peinture | fréquentation | agent |
xixe_siècle | jeune | ressources_humaines |
tableau | site_internet | fonctionnement |
prêter | visite | dialogue_social |
œuvre | scolaire | conservation |
exposition | visiteur | réserve |
présenter | public | département |
penser | étranger | travail |
acheter | coopération | surveillance |
art | culturel | emploi |
rencontrer | vocation | subvention |
consacrer | rayonnement | récolement |
académique | partenariat | muséographique |
suffire | collaboration | restauration |
comporter | diversité | lancer |
restauration | mission | achever |
ambition | rénovation établissement_public | |
intérêt | contrat_de_performance | |
société | personnel | |
recherche | réorganisation | |
chercheur | moyen | |
scientifique |
Termes surreprésentés dans les classes relatifs au capital intellectuel
39Les classes 4, 5, 1 et 11 regroupent des registres sémantiques du capital structurel, dans lequel figure en particulier le vocabulaire relatif aux présentations d’expositions, aux organisations d’événements, à la politique de prêt, d’achat. Les classes 10, 7, 6, 9 se rapportent à des registres sémantiques du capital relationnel, avec le vocabulaire relatif à la fréquentation, aux relations avec les publics, le rayonnement scientifique, la marque-musée, les partenariats, aux relations internationales. Les classes 8, 3, 2 constituent un discours attendu pour un exercice de communication de rapport d’activité mais abordent aussi le capital humain. Le vocabulaire est relatif aux ressources humaines, aux agents, au travail, à la restauration, à la rénovation, à la muséographie, mais aussi aux moyens, au contrat de performance signé avec l’État.
4.2 – Analyse lexicale du capital immatériel dans les musées
4.2.1 – Analyse lexicale du capital structurel : classes 11, 1, 5, 4
40Les classes 11, 1, 5 et 4 sont relatives au capital structurel. Elles sont centrées sur la valorisation et la gestion des collections. Dans la valorisation des collections, il est fait mention des organisations d’événements (classe 11) et des expositions (classe 1). Dans la gestion des collections, il est fait mention de la politique de prêt (classe 5) et d’acquisitions du musée (classe 4).
41La valorisation des collections est spécifique au musée. Par exemple, les musées des châteaux de Versailles et Fontainebleau utiliseront un vocabulaire autour de l’organisation des événements, tandis que les musées d’art tels que le musée du Quai Branly aura un discours autour de l’organisation des expositions. Le vocabulaire utilisé pour exprimer la politique des prêts et d’acquisitions concernera les musées d’art. Le musée d’Orsay est ici surreprésenté.
4.2.2 – Analyse lexicale du capital relationnel : classes 10, 7, 6, 9
42Les classes 10, 8, 6 et 9 sont relatives au capital relationnel. Elles sont centrées la gestion des publics et le rayonnement du musée. Dans la gestion des publics, deux thématiques de discours sont distinguées : l’accueil des publics (classe 10) et la mission d’intérêt général (classe 7). L’accueil des publics montre l’intérêt des musées pour la fréquentation, le développement de leur présence sur internet, l’accès aux publics jeunes. La classe 7 est spécifique aux missions d’intérêt général avec le vocabulaire sur les missions, le développement de la culture, l’accès au plus grand nombre. Le rayonnement international et national (classe 6) fait référence au développement de la marque sur le marché, avec par exemple le développement de la marque Louvre Abou Dabi, les coopérations et les partenariats mis en place en France et à l’étranger. Le rayonnement scientifique est aussi présent (classe 9). Il concerne le développement de la recherche, de communautés de chercheurs et scientifiques, de la diffusion des recherches.
Dendrogramme du capital structurel
Dendrogramme du capital structurel
Segments de texte les plus caractéristiques de la classe Capital structurel
Segments de texte les plus caractéristiques de la classe Capital structurel
Surreprésentation et sous-représentation des musées dans les classes du capital structurel
Surreprésentation et sous-représentation des musées dans les classes du capital structurel
Dendrogramme du capital relationnel
Dendrogramme du capital relationnel
Segments de texte les plus caractéristiques de la classe Capital relationnel
Segments de texte les plus caractéristiques de la classe Capital relationnel
Surreprésentation et sous-représentation des musées dans les classes du capital relationnel
Surreprésentation et sous-représentation des musées dans les classes du capital relationnel
4.2.3 – Analyse lexicale du capital humain : classes 8, 3, 2
43Les classes 8, 3 et 2 peuvent être considérées comme des classes relatives au capital humain dans la mesure où le discours les ressources humaines et le travail de tous les corps de métiers (agents d’accueil, agent de surveillance, conservateur, documentaliste, médiateur, muséographe, personnel administratif).
44La classe 8 regroupe le discours de la gestion des compétences. Les métiers de conservateurs, muséographe, documentaliste et médiateur y sont présents. Il y fait mention des chantiers en cours, des résultats exprimés de façon qualitative. La classe 3 concerne la gestion des carrières. Les métiers d’agent d’accueil et de surveillances y sont présents. Il s’agit de mettre en avant les actions en matière de dialogue sociale, de moyens mis en œuvre et de budgétisation. La classe 2 met en perspective le comportement. Le vocabulaire utilisé est celui de la gratitude envers le personnel administratif, le conseil d’administration dans la mise en place des contrats de performance et des réorganisations.
45Le capital humain est surreprésenté dans les musées suivant : Louvre (gestion des compétences et carrières), Quai Branly (gestion des compétences), Rodin (gestion des compétences et comportement), Muséum d’histoire naturelle (comportement), Cité de la céramique (gestion des compétences, carrières et comportement) dans une moindre mesure, les châteaux de Versailles et Fontainebleau (gestion des compétences).
5 – Discussion
5.1 – Typologie du capital intellectuel dans les musées
46Ces résultats confirment l’existence des trois composantes tel que le capital humain, et précise le contenu des composantes pour une organisation muséale.
47Le capital structurel est spécifique à l’organisation musée et différent de celui énoncé dans la revue de la littérature. En effet, il comprend pour les entreprises les routines organisationnelles, les procédures, les méthodes, les bases de données, les systèmes d’information, la recherche et le développement. Pour les musées, le discours ne fait pas mention des systèmes d’information et des routines organisationnelles, mais il fait référence à l’organisation des événements et des expositions, ainsi que de la politique de prêts et d’acquisitions.
48Le capital relationnel est aussi spécifique à l’organisation muséale. Le client n’est pas mentionné, mais il est fait mention des publics et de son accueil. Les missions d’intérêt général font partie du capital relationnel en tant qu’accessibilité de la culture au plus grand nombre. Le capital humain semble être le capital qui correspond à la définition dans la littérature.
Dendrogramme du capital humain
Dendrogramme du capital humain
Segments de texte les plus caractéristiques de la classe Capital humain
CAPITAL HUMAIN : GESTION DES COMPÉTENCES, DES CARRIÈRES ET COMPORTEMENT | ||
---|---|---|
CLASSE 8 Capital gestion des compétences | CLASSE 3 Capital gestion des carrières | CLASSE 2 Capital comportement |
Outre de nombreuses opérations de restauration et de conservation, indispensables à la future présentation des œuvres ou à leur stockage en réserve, les équipes ont notamment débuté l’important travail de soclage qui doit aboutir en 2006 au déploiement des 3 500 pièces présentées au public sur le plateau de référence. | […] la multiplication par cinq du parc de logements sociaux et le doublement des moyens de la formation, l’engagement de repyramider les emplois au sein du corps des agents de surveillance et d’accueil et de mieux reconnaître les compétences de tous, constituent les points forts de ce projet social. | Pour employer une métaphore maritime, je dirai qu’après avoir radoubé le bateau, nous lui avons fait reprendre la mer. Tous les personnels du Muséum se sont beaucoup investis, depuis 2002, dans la démarche de réorganisation administrative et financière et dans la préparation et la mise en œuvre du contrat d’établissement. |
*AN_2005 *MUSEE_quaibranly | *AN_2003 *MUSEE_louvre | *AN_2005 *MUSEE_mnhn |
Segments de texte les plus caractéristiques de la classe Capital humain
Surreprésentation et sous-représentation des musées dans les classes du capital humain
Surreprésentation et sous-représentation des musées dans les classes du capital humain
5.2 – Une analyse longitudinale du capital intellectuel dans les musées
49Les graphiques suivants montrent la surreprésentation et la sous-représentation par années des composantes du capital intellectuel dans les musées.
5.2.1 – Capital structurel
50Nous pouvons observer dans l’histogramme ci-après que le capital structurel est surreprésenté dans les années 2010 (de 2010 à 2015). L’analyse des Chi2 et des discours montre que le musée d’Orsay est surreprésenté et le directeur énonce dans son discours la politique de prêts et d’acquisition. Il correspond à l’arrivée d’un directeur à la direction du musée d’Orsay (Guy Cogeval, président de l’Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie de 2008 à 2017). L’organisation d’événements concerne les Châteaux de Versailles et de Fontainebleau.
Composantes du capital intellectuel dans les musées
COMPOSANTES DU CAPITAL INTELLECTUEL | COMPOSANTES DU CAPITAL INTELLECTUEL DANS LES MUSÉES | SIGNIFICATION |
---|---|---|
CAPITAL STRUCTUREL | Capital Valorisation des collections | Organisation d’événements |
Organisation d’expositions | ||
Capital Gestion des collections | Politique de prêts | |
Politique d’acquisitions | ||
CAPITAL RELATIONNEL | Capital Gestion des publics | Accueil des publics |
Missions d’intérêt général | ||
Capital Rayonnement | Rayonnement national et international | |
Rayonnement scientifique | ||
CAPITAL STRUCTUREL | Capital humain | Gestion des compétences |
Gestion des carrières | ||
Comportement |
Composantes du capital intellectuel dans les musées
Surreprésentation et sous-représentation par année du capital structurel dans les musées
Surreprésentation et sous-représentation par année du capital structurel dans les musées
5.2.2 – Capital relationnel
51La surreprésentation dans l’histogramme ci-après en 2007 et 2017 provient de la création de Louvre Abou Dabi qui procède d’un accord intergouvernemental signé le 6 mars 2007 entre la France et l’émirat d’Abou Dabi et son inauguration en 2017. 2011 est aussi surreprésentée. Ceci correspond à la création de la Cité de musique et de l’importance de l’accueil des publics à cette période pour cette organisation.
5.2.3 – Capital humain
52Le capital humain est présent sur toutes les années pour tous les musées de notre étude avec une surreprésentation dans les années 2000. En effet, dans cette classe, il est fait mention de la gratitude auprès du personnel administratif lors de la mise en place des contrats de performance. Cela correspond à la période de la mise en place de la LOLF.
Surreprésentation et sous-représentation par année du capital relationnel dans les musées
Surreprésentation et sous-représentation par année du capital relationnel dans les musées
Surreprésentation et sous-représentation par année du capital structurel dans les musées
Surreprésentation et sous-représentation par année du capital structurel dans les musées
5.3 – Limites et perspectives
53Seul le capital intellectuel ressort comme sujet de communication dans le rapport financier, ce qui conforte la pertinence du support d’analyse utilisé. Néanmoins, ce même support présente aussi des limites, les lettres des dirigeants étant rédigées dans le cadre d’une communication institutionnelle à destination en priorité des actionnaires. De plus, les pratiques des entreprises peuvent être plus ou moins éloignées des discours des dirigeants.
54Il serait possible d’étendre notre recherche de diverses manières. Il serait également pertinent de tester cette classification, en répliquant l’étude sur un échantillon plus grand de musées français et internationaux pour juger de la possibilité de généraliser les résultats de notre recherche. Ensuite, dans une approche plus managériale, il pourrait être utile d’avoir l’avis des managers sur les résultats obtenus, de manière à faire ressortir les éventuels écarts entre le discours des dirigeants et la perception des managers. Les axes perçus sont-ils ceux utilisés pour la communication ?
6 – Conclusion
55L’objectif de cette recherche était de proposer une typologie du capital immatériel adapté aux musées en utilisant une démarche inductive, issue d’une analyse des pratiques de communication. Nous nous démarquons des typologies existantes, établies pour la plupart a priori, et pour des organisations privées ou pour des organisations publiques au sens large du terme.
56Nous nous différencions également des modèles existants. En effet, la plupart des travaux sur le capital intellectuel s’inscrivent dans une optique managériale permettant de fournir des outils de pilotage et par là même un guide pour le manager. Nous nous insérons dans un travail pour rendre la typologie proposée pertinente à une organisation publique spécifique, le musée, au regard de la communication financière.
57Notre recherche comporte des limites liées à l’échantillon qu’il est possible d’étendre aux musées nationaux et internationaux. Les résultats ici sont basés sur 127 lettres de présidents entre 2003 et 2017.
58La communication des musées dans les rapports d’activité est organisée autour des trois composantes du capital intellectuel. Mais les capital structurel et relationnel sont redéfinis face aux spécificités des musées et à l’histoire des politiques publiques.
59Au final, notre classification permet de redéfinir les composantes du capital intellectuel dans une organisation particulière : le musée, et de mettre en évidence les enjeux des musées dans le capital structurel et le capital relationnel.
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Mots-clés éditeurs : capital relationnel, capital intellectuel, management public, capital structurel, musée, typologie, capital immatériel, communication financière, capital humain, analyse lexicale
Date de mise en ligne : 26/05/2020.
https://doi.org/10.3917/gmp.073.0029Notes
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