Un nouvel opus fait avancer la série d’ouvrages fouillés, documentés et argumentés de l’historienne procommuniste lancée dans la reconstitution, depuis l’entre-deux-guerres, des stratégies prêtées à des pôles grands bourgeois acoquinés avec des ennemis de la Patrie : hypercapitalistes anglosaxons, nazis, réactionnaires autoritaristes, etc. Et, malheureusement, le double jeu de nombreuses strates des « élites » aura parfois donné raison à de telles hypothèses, comme dans le volume précédent sur « la non-épuration ». L’objectif du livre est de soupeser l’art de nombreuses « taupes » du capitalisme nord-américain de pénétrer les pôles du pouvoir de l’après-guerre afin de les soumettre à l’emprise diplomatique, géopolitique et in fine militaire des clans qui gèrent les États-Unis après la mort de Roosevelt. Pour l’auteure, la France gaulliste aurait dû/pu affirmer une souveraineté médiane entre les deux Puissances en s’appuyant sur les acquis de l’union nationale réalisée outre-mer depuis novembre 1942 et jusqu’en 1946, en rejetant fermement le contre-modèle que serait devenu le Royaume-Uni, désormais soumis à la force monétaire, militaire et géopolitique du partenaire dominant.
Or elle reconstitue clairement, parfois en enfonçant des portes ouvertes, comment la perception d’une menace soviétique a conduit nombre de courants élitaires à rejoindre une alliance transatlantique de plus en plus articulée autour d’axes de coopération financière et commerciale. L’héritage de la loi prêt-bail de mars 1941-août 1945, le poids des accords de Bretton Woods puis de la conception du Fonds monétaire international en constituent un cadre général ; l’accord de septembre 1944 entre le gouvernement d’Alger et les États-Unis et le jeu relationnel de la « mission Monnet » constituée en vue d’une « aide réciproque » en août 1944 seraient autant d’outils de manipulation d’une France faible…
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