Mai 2022, tribunal de Kiev. Soixante-douze ans après la condamnation des 21 dignitaires nazis sur les bancs du tribunal de Nuremberg, les juges ukrainiens chargés de prononcer le verdict contre le premier soldat russe accusé d’avoir perpétré des crimes de guerre en Ukraine se réfèrent dans leur jugement au Tribunal militaire international (TMI). Cette décision semble tracer une ligne droite de Nuremberg à Kiev en passant par La Haye. En République fédérale d’Allemagne (RFA), la justice du TMI fut pourtant longtemps critiquée, et « Nuremberg » ne déboucha pas sur la création d’une Cour internationale permanente de justice après la guerre. Les choix juridiques opérés par la RFA à partir des années 1950 amènent également à relativiser cette continuité à caractère hagiographique.
On est alors loin de l’image d’État pionnier dans l’établissement d’une justice internationale qu’occupe désormais l’Allemagne. Cette évolution ne peut se comprendre si l’on n’emprunte une perspective diachronique propice à historiciser les poursuites pénales pour violences génocidaires aux xxe et xxie siècles ainsi qu’à croiser approches historique et juridique. C’est l’approche retenue pour ce dossier consacré au traitement des génocides par la justice (ouest-)allemande. Une telle approche pluridisciplinaire prend en compte l’une des limites de la justice transitionnelle. Entendue comme l’ensemble des « mesures adoptées par l’État après une transition démocratique pour transformer l’ordre social et symbolique hérité de la période autoritaire »…
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