Notes
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[1]
La clause de non-agression du Pacte germano-soviétique engage les deux pays signataires à renoncer au conflit et à adopter une position de neutralité en cas d’attaque par une tierce partie. Ce traité comporte aussi plusieurs protocoles secrets. L’un d’entre eux répartit entre l’Allemagne et l’URSS des pays et territoires à annexer dans un futur proche : les Pays baltes, la Bessarabie (région en Moldavie), la Finlande et la Pologne.
-
[2]
Service historique de la Défense (SHD), 27 N 9, Grand quartier général, État-major général, 2e Bureau, Note sur les conditions actuelles de la guerre économique, 25 janvier 1940.
-
[3]
SHD, 1 D 33, Plans, études des bombardements (janvier 1940 - 13 juin 1940).
-
[4]
SHD, 27 N 9, Grand quartier général, État-major général, 2e Bureau, Note sur les principes généraux de la politique de blocus, 16 septembre 1939.
-
[5]
Des failles existent en mer Méditerranée et en mer Noire, notamment grâce à la complicité de pays liés à l’Allemagne.
-
[6]
SHD, 1 D 33, Commandements, conduites de la guerre, plans d’opérations, collaboration franco-britannique (26 août 1939 au 18 juin 1940).
-
[7]
SHD, 27 N 6, Comité d’études militaires interallié (1939-1940), Plan de défense. En cas d’une attaque de la Roumanie par l’Allemagne et la Hongrie, ce comité élabore un « Plan d’emploi d’une aviation de renforcement française et anglaise en Roumanie ».
-
[8]
Le but est d’obtenir le contrôle du district minier situé dans le nord de la Suède.
-
[9]
Les batailles de Stalingrad de juillet 1942 à février 1943 puis de Koursk de juillet à août 1943 opposent dans le sud de l’URSS les armées allemandes et soviétiques pour le contrôle de la route du Caucase et de ses champs pétroliers. La première et la seconde bataille d’El-Alamein, qui se déroulent en Égypte respectivement en juillet 1942 et d’août à novembre 1942, voient par deux fois la victoire des troupes britanniques et des Français libres sur les armées allemandes et italiennes. Ces deux derniers succès alliés permettent de stopper l’avancée allemande en direction du pétrole du Moyen-Orient.
-
[10]
SHD, 1 D 33, Plans, études de l’attaque de l’industrie pétrolière (30 août 1939 - 14 juin 1940) (Europe).
-
[11]
En 1939, les Soviétiques s’emparent des champs de pétrole de Galicie situés dans l’Est de la Pologne. L’année suivante, les Allemands mettent la main sur ceux de Ploiesti en Roumanie qui leur servent de principale source de pétrole brut.
-
[12]
SHD, 7 N 3131, URSS – Allemagne. 27 N 9, Grand quartier général, État-major général, 2e Bureau, Les négociations économiques germano-russes, 15 décembre 1939.
-
[13]
Pierre Montagnon, La Grande Histoire de la Seconde Guerre mondiale. I : de Munich à Dunkerque : septembre 1938 – juin 1940, Paris, Pygmalion, 1992, p. 170.
-
[14]
Ceux-ci ont besoin d’une essence à haut indice d’octane.
-
[15]
SHD, 1 D 33, Plan RIP. Attaque de l’industrie pétrolière russe, avril 1940. Vivier Thierry, « Nom de code : RIP. Baptême sans feu », Armées d’aujourd’hui, octobre 1989, n° 144, pp. 68-70.
-
[16]
Le Caucase est une région située entre la mer Noire et la mer Caspienne longue de 1 100 km et large de 100 à 160 km.
-
[17]
SHD, 1 D 33, Air Ministry, Plan WA6 (June 1939). Rédigé en juin 1939 par le Plans (Op.) Staff, Air Ministry, ce document classé dans la catégorie Most Secret s’adresse à The Chief of the Air Staff (« Chef d’état-major aérien » ou commandant général de la Royal Air Force). Il comporte un dossier intitulé « Appreciation on the Attack of German War Resources of Oil (for the period July to September 1939) ».
-
[18]
SHD, 27 N 9, Grand quartier général, État-major général, 2e Bureau, Note sur une opération contre les pétroles du Caucase (17 janvier 1940).
-
[19]
« – empêcher le ravitaillement russe ; – empêcher le ravitaillement allemand »
-
[20]
« – assurer aux Alliés la possession des gisements ; – éveiller des mouvements nationalistes dans la Russie des Soviets »
-
[21]
« a) opération maritime franco-britannique en mer Noire légitimée par une décision de la S.D.N. » [Société des Nations] ; b) envoi d’avions finlandais, ou réputés tels, sur les centres pétroliers ».
-
[22]
Édouard Daladier (1884-1970) est un homme politique français. Élu député radical en 1919, il dirige ce parti à plusieurs reprises. Daladier occupe différents ministères durant la décennie 1920-1930. Il devient président du Conseil en 1933 puis est contraint de démissionner après les émeutes du 6 février 1934. Ministre de la Défense nationale puis de la Guerre de juin 1936 à avril 1940, Daladier prépare le réarmement de la France pour faire face à la menace allemande. Nommé président du Conseil en avril 1938, il signe sans illusion le 30 septembre suivant les accords de Munich qui démembrent la Tchécoslovaquie. Suite à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, Daladier déclare la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1940. La non-intervention de la France en Finlande qui est attaquée par l’URSS entraine le renversement de Daladier le 20 mars 1940. Il est arrêté en août suivant sur ordre du régime de Vichy et emprisonné. Considéré comme l’un des responsables de la défaite avec Reynaud et Gamelin, Daladier est jugé lors du procès de Riom en 1942 puis livré aux autorités allemandes qui le déportent en Allemagne près du camp de Buchenwald puis dans le Tyrol autrichien. Libéré en mai 1945 par les Américains, Daladier est député de 1946 à 1958.
-
[23]
Maurice Gamelin (1872-1958) est un officier de l’armée de Terre. Major de promotion de Saint-Cyr, il appartient à l’état-major du général Joffre et est nommé général de brigade dès 1916. Après avoir dirigé la mission militaire française au Brésil au sortir de la guerre, Gamelin est commandant en chef des troupes françaises du Levant de 1925 à 1929. Devenu général d’armée, il est en 1938 le premier titulaire du poste de chef d’État-major général de la Défense nationale, avec pour mission d’assurer la préparation de la France au conflit à venir et la coordination entre les trois armées. En 1939, Gamelin est commandant en chef des forces terrestres tout en étant à la tête des troupes françaises et alliées stationnées en France. Sa stratégie défensive est mise en déroute par les armées allemandes lors de la percée de Sedan lancée le 10 mai 1940. Une semaine plus tard, ses erreurs de commandement entraînent son remplacement par le général Weygand. Arrêté en septembre 1940, Gamelin est emprisonné puis jugé avant d’être déporté en Allemagne puis en Autriche. Libéré en mai 1945, il cherche ensuite à justifier sa conduite de la guerre.
-
[24]
François Darlan (1881-1942) est un officier de la Marine nationale et un homme politique français. Il est chef du cabinet militaire du ministre de la Marine de 1925 à 1934. Après avoir dirigé durant deux ans l’escadre de l’Atlantique, Darlan est nommé en 1936 amiral et l’année suivante chef d’état-major général de la Marine. En 1939 il reçoit le titre d’amiral de la flotte et est le commandant en chef des forces maritimes françaises. Favorable à l’armistice, Darlan entre dans le gouvernement du maréchal Pétain en juin 1940 pour occuper le poste de ministre de la Marine marchande et militaire. Convaincu de l’inéluctabilité de la victoire allemande, il participe à la politique de collaboration politique et militaire du régime de Vichy avec l’Allemagne nazie. Darlan est de février 1941 à avril 1942 vice-président du Conseil et concentre en ses mains plusieurs pouvoirs. Le retour de Laval au gouvernement l’oblige à démissionner en avril 1942 tout en restant le successeur désigné du maréchal Pétain et le commandant en chef de l’armée d’armistice. Darlan se trouve à Alger lors du débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942. Deux jours plus tard, se ralliant aux Alliés, il signe un cessez-le-feu avec les Américains. Devenu haut-commissaire pour la France en Afrique du Nord, Darlan exerce le pouvoir sur une partie des colonies africaines de la France. Il est assassiné à Alger le 24 décembre 1942.
-
[25]
Cette lettre manuscrite figure en annexe de la « Note sur une opération contre les pétroles du Caucase (17 janvier 1940) ».
-
[26]
Joseph Vuillemin (1883-1963) est un officier de l’armée de l’Air. Il sert dans l’artillerie avant de passer dans l’aéronautique militaire en 1913. Ce pilote sert dans le bombardement puis dans la chasse durant la Première Guerre mondiale et remporte sept victoires aériennes homologuées. Après-guerre, il prend la tête de l’aéronautique militaire française en Algérie puis au Maroc et accompli une série de raids aériens à destination de l’Afrique. En 1933, Vuillemin est nommé général de brigade aérienne et conduit la « Croisière noire » au-dessus du Sahara, de l’Afrique occidentale française et de l’Afrique équatoriale française. Appelé aux fonctions de chef d’état-major général de l’armée de l’Air en février 1938, il occupe aussi les fonctions de vice-président du Conseil supérieur de l’Air. Il effectue la même année une visite officielle en Allemagne lui permettant de mesurer l’avance de la Luftwaffe allemande sur son homologue française. Accédant au rang de général d’armée aérienne en 1939, Vuillemin est inspecteur général de la défense aérienne. Il assure le commandement en chef des forces aériennes françaises durant la « Drôle de guerre » et la « Bataille de France » jusqu’à l’armistice de juin 1940. Sa gestion de l’armée de l’Air est critiquée, notamment par le général Gamelin, et Vuillemin est placé en congé du personnel navigant fin 1940.
-
[27]
La République démocratique d’Azerbaïdjan est intégrée de force à l’URSS le 28 avril 1920. Le même jour est fondée la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan.
-
[28]
Les raffineries sont concentrées à Bakou dans la « ville noire » (1 800 m sur 1 800 m) et dans la « ville blanche » (3 800 m sur 600 m).
-
[29]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[30]
SHD, 1 D 33, Plan RIP. Attaque de l’industrie pétrolière russe, avril 1940.
-
[31]
En 1922 les Tchétchènes constituent la région autonome de Tchétchénie. Celle-ci est incorporée en 1936 dans la République socialiste soviétique autonome de Tchétchénie-Ingouchie.
-
[32]
Pouvant s’écrire aussi Batoumi ou Batumi.
-
[33]
Après la chute en 1917 du régime impérial en Russie qui est désormais gouvernée par le régime bolchévique, la République démocratique de Géorgie est fondée en 1918. Celle-ci est envahie par l’armée rouge le 15 février 1921 et perd son indépendance. Dix jours plus tard est proclamée la République socialiste soviétique de Géorgie.
-
[34]
Lors de son entrée en service en 1907, cet oléoduc constitue le plus long réseau de transport par canalisation au monde. Un nouvel oléoduc suivant un tracé similaire est posé entre 1928 et 1930. Il fournit un débit atteignant jusqu’à 750 000 tonnes par an grâce à treize stations de pompage.
-
[35]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[36]
Trois facteurs sont à prendre en compte : le faible débit des chemins de fer russes, les distances à parcourir sur les voies navigables de la Volga, la flotte danubienne ne peut transporter plus que la part de la production roumaine réservée à l’Allemagne.
-
[37]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[38]
Ibidem.
-
[39]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[40]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[41]
Marc Ferro, Histoire de France, Paris, Odile Jacob, 2001, p. 367.
-
[42]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940.
-
[43]
En obtenant de l’URSS un contingent de pétrole prélevé sur les ressources réservées à la consommation soviétique. En exigeant de la Roumanie la fourniture de quantités plus importantes de pétrole roumain.
-
[44]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940, p. 6.
-
[45]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940, p. 7.
-
[46]
Celles-ci semblent mieux adaptées que les troupes françaises ou britanniques au caractère montagneux du terrain d’opération.
-
[47]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940, p. 12.
-
[48]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940, p. 12.
-
[49]
Arnaud Teyssier, « Le général Vuillemin : un haut responsable militaire face au danger allemand (1938-1939) », Revue historique des armées, juin 1987, n° 167, pp. 104-113.
-
[50]
Cité par Eugène Angot Eugène, de René Lavergne, Le Général Vuillemin. Une figure légendaire de l’aviation française de 1914 à 1940, Paris-Genève, La Palatine, 1965, p. 198.
-
[51]
Henri Jeauneaud (1892-1976) est un officier de l’armée de l’Air. Aviateur durant la guerre de 1914-1918, il est nommé en 1936 chef du cabinet militaire du ministre de l’Air Pierre Cot. Devenu général de brigade aérienne, Jeauneaud est promu fin 1936 sous-chef de l’État-major de l’armée de l’air. Accédant au rang de général de corps aérien en janvier 1940, il est désigné commandant les Forces aériennes françaises en Orient méditerranéen. Mis ensuite en congé du personnel navigant, Jeauneaud quitte l’armée d’active fin 1941 puis adhère au Parti populaire français (PPF). Il fait paraître ses mémoires en 1959 sous le titre De Verdun à Dien-Bien-Phu puis, en 1974, Le Drame de l’armée de l’Air.
-
[52]
Maxime Weygand (1867-1965) est un officier de l’armée de Terre. Saint-Cyrien, il débute la guerre en 1914 comme lieutenant-colonel. Promu général de brigade en 1916, Weygand est deux ans plus tard major général des armées alliées. Conseiller technique de la mission franco-anglaise en Pologne en 1920, il devient général d’armée en 1923. Après avoir été haut-commissaire de la République en Syrie et au Liban, Weygand revient en France. Vice-président du Conseil supérieur de la guerre, il se retire en 1935. Weygand est rappelé en août 1939 par Daladier pour diriger les armées françaises du Moyen-Orient. Le 19 mai 1940, il est nommé par Reynaud à la tête des armées françaises en remplacement du général Gamelin. Le 17 juin, Weygand devient ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Pétain et soutient le projet d’un armistice. Trois mois plus tard, il est Délégué général en Afrique française et prend contact avec les Américains. Relevé par Pétain de son commandement fin 1941, Weygand est arrêté par les Allemands en novembre 1942 pour être déporté en Autriche jusqu’en mai 1945. Libéré par les Américains, il est arrêté à son retour en France et interné une année. Jugé pour son attitude en 1940 et accusé de haute trahison, Weygand bénéficie d’un non-lieu en 1948.
-
[53]
En français : « maréchal de l’air ».
-
[54]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef du théâtre d’opérations de Méditerranée orientale, Le général, le 7 mars 1940.
-
[55]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940, p. 1.
-
[56]
En français : « escadrons ».
-
[57]
Afin de déterminer les possibilités et les délais d’aménagement de six à huit terrains pour bombardiers lourds dans la région de Mossoul-Kirkouk (Irak).
-
[58]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940, p. 2.
-
[59]
Ibidem.
-
[60]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940.
-
[61]
L’attaque à l’extraction du pétrole est écartée car les installations dans ce cas présentent une surface trop réduite en plus d’être dispersées.
-
[62]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940, p. 5.
-
[63]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940, p. 5.
-
[64]
Il s’agirait de détruire les raffineries de Bakou avec trois groupes de bombardement en un délai de dix à douze semaines. Pour s’opposer au transport du pétrole brut de Bakou vers les autres raffineries, il faudrait harceler les ports de Bakou, Batoum, Poti ; couper les voies ferrées Bakou-Grozny-Rostov, Bakou-Batoum, Batoum-Poti-Touapse ; couper le pipe-line Bakou-Batoum.
-
[65]
Ces terrains sont situés près des villes de Djabekir, Trebizonde et Erzeroum.
-
[66]
Ces travaux concerneraient l’aménagement, l’équipement et le ravitaillement.
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[67]
Or l’État-major général de la Défense nationale ne dispose pas de renseignement sur la météorologie du Caucase.
-
[68]
Il n’y a pas de renseignement sur la présence éventuelle d’un système de guet électromagnétique.
-
[69]
La découverte de nuit des objectifs de Bakou et de Batoum pour obtenir de derniers renseignements semble possible.
-
[70]
Paul Reynaud (1878-1966) est un homme politique français. Élu député avec le Bloc national en 1919, il siège de nouveau à l’Assemblée nationale de 1928 à 1940. Membre du parti de l’Alliance démocratique, Paul Reynaud est plusieurs fois ministre sous la Troisième République de 1928 à 1932 et de 1938 à 1940 en occupant les portefeuilles des Finances, des Colonies et de la Justice. Le 21 mars 1940, il est nommé président du Conseil. Reynaud consolide l’alliance avec l’Angleterre. Devenu aussi le 18 mai 1940 ministre de la Défense nationale et de la Guerre, il s’adjoint le maréchal Pétain comme vice-président du Conseil et le général de Gaulle comme sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et de la guerre. Reynaud démissionne le 16 juin 1940 après que le président de la République Albert Lebrun ait refusé son projet de continuer la lutte depuis les colonies. Il est emprisonné en septembre 1940 sur ordre du régime de Vichy. En novembre 1942, Reynaud est remis aux autorités allemandes qui le déportent en Allemagne puis en Autriche. Libéré en mai 1945, il est député de 1946 à 1962 et devient d’un des défenseurs de l’unité européenne.
-
[71]
René Girault, « Les relations franco-soviétiques après septembre 1939 », Cahiers du monde russe et soviétique, janvier-mars 1976, vol. XVII, pp. 27-42.
-
[72]
SHD, 1 D 33, Plan RIP. Attaque de l’industrie pétrolière russe, avril 1940.
-
[73]
Le texte introductif présentant la série de photographies précise : « La première vue est prise dans la direction perpendiculaire à la Mer Caspienne, les autres en faisant tourner l’appareil de gauche à droite, par rapport à l’opérateur. »
-
[74]
SHD, 27 N 9, Grand quartier général, le général commandant en chef, chef d’état-major général de la Défense nationale, commandant en chef les forces terrestres, Attaque aérienne du pétrole du Caucase, le 6 avril 1940, p. 1.
-
[75]
SHD, 27 N 9, Grand quartier général, le général commandant en chef, chef d’état-major général de la Défense nationale, commandant en chef les forces terrestres, Attaque aérienne du pétrole du Caucase, le 6 avril 1940, p. 2.
-
[76]
Les accords antérieurs entre la France et la Turquie restent toujours valables pour cette voie ferrée.
-
[77]
Sous réserve que le matériel de voie ferrée et les approvisionnements arrivent sans retard.
-
[78]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef du théâtre d’opérations de Méditerranée orientale, État-major, 3e Bureau, le 17 avril 1940, pp. 3-4.
-
[79]
Tableau tiré de Patrice Buffotot, « Le projet de bombardement des pétroles soviétiques du Caucase en 1940. Un exemple des projets alliés pendant la Drôle de Guerre », Revue historique des armées, 4e trimestre 1979, n° 137, p. 93.
-
[80]
De construction française, le Lioré et Olivier 45 effectue son premier vol en janvier 1937. Commandé en série et fabriqué à plus de 500 exemplaires, cet appareil monoplan bimoteur connaît plusieurs versions. Il entre en service au sein de l’armée de l’Air française en 1939 et sert comme bombardier moyen ou avion de transport. L’équipage comprend quatre personnels : pilote, navigateur-bombardier, mitrailleur ventral, opérateur radio-mitrailleur. Durant la « Bataille de France », des LeO 45 réalisent des bombardements de nuit sur les colonnes blindées allemandes. Après la défaite française de 1940, cet avion participe au sein de l’armée de l’Air d’armistice à la campagne de Syrie en 1941. Sa carrière opérationnelle s’achève en septembre 1943.
-
[81]
De construction américaine, le Glenn-Martin 167 effectue son premier vol en 1939. Construit à 450 exemplaires, cet appareil sert comme bombardier léger ou avion de reconnaissance. Il équipe principalement la Royal Air Force sous la désignation de « Maryland » et l’armée de l’Air française à partir de janvier 1940 sous la dénomination Glenn-Martin 167F (F pour France). Après le début de l’invasion de la France, des Glenn-Martin 167F sont utilisés pour bombarder les troupes de la Wehrmacht et les navires de la Kriegsmarine. L’armée de l’Air d’armistice recourt à cet appareil pour des missions de reconnaissance en Afrique du Nord et dans le détroit de Gibraltar. Des équipages appartenant au camp adverse, les Forces aériennes françaises libres (FAFL), volent aussi sur cet avion qui est retiré du service en 1945.
-
[82]
De construction française, le Farman F.220 vole pour la première fois en 1932. Construit en 70 exemplaires, ce bombardier quadrimoteur d’un poids à pleine charge de presque 20 tonnes nécessite un équipage de cinq à sept personnes. Il connaît plusieurs versions, dont la F.221 qui est la première à être dotée de deux postes de mitrailleurs. Le Farman F.221 entre en service en 1936 et compte seulement dix unités. Un Farman F.223 piloté par le capitaine de corvette Henri-Laurent Daillière bombarde Berlin durant la nuit du 7 au 8 juin 1940. Rapidement dépassés, les Farman sont retirés du service en 1942.
-
[83]
De construction britannique, le Bristol 149 Blenheim IV vole pour la première fois en 1937. Construit à presque 4 000 exemplaires, ce bombardier léger bimoteur triplace entre en service dans la RAF en mars 1939 et équipe un total de quatorze pays. Outre le Royaume-Uni, cet appareil équipe aussi l’Afrique du Sud, l’Australie, le Canada, la Finlande, la France, la Grèce, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, la Roumanie, la Suède, la Turquie et la Yougoslavie. Le Bristol 149 Blenheim IV est utilisé durant la Seconde Guerre mondiale principalement par la RAF pour des missions de bombardement et de reconnaissance côtière sur la Manche et le continent en 1940-1941. Cet avion réalise le 3 septembre 1939 la première sortie de guerre de la RAF durant le conflit de 1939-1945 en effectuant une mission de reconnaissance au-dessus de l’Allemagne. Ces équipages essaient en mai 1940 de ralentir les colonnes blindées allemandes. Un groupe de bombardement des FAFL est doté de cet appareil en Afrique du Nord.
-
[84]
Christian-Jacques Ehrengardt, « Objectif Bakou », octobre-novembre 1999, Aéro Journal n° 9, p 56.
-
[85]
Paul Reynaud, Mémoires, vol. IV : Envers et contre tous (7 mars 1936 – 16 juin 1940), Paris, Flammarion, 1963.
-
[86]
Pierre Le Goyet, La Défaite : 10 mai – 25 juin 1940, Paris, Économica, 1990.
-
[87]
La rapidité de la victoire allemande permet au Troisième Reich de s’emparer en France des très gros dépôts d’essence et de leurs centaines de milliers de barils. De plus, les raffineries françaises sont démontées et envoyées outre-Rhin.
-
[88]
Premier régime politique française qui réussit à s’imposer dans la durée depuis 1789, la troisième République est proclamée le 4 septembre 1870 deux jours après la défaite des armées à Sedan et la capture de l’empereur Napoléon III. Ayant duré 69 années, c’est à ce jour le plus long des gouvernements républicains français.
-
[89]
L’appellation actuelle est « Wargame ».
-
[90]
Patrick Facon, « Les Kriegspiekl de l’armée de l’Air en 1939 », Armées d’aujourd’hui, mai 2000, n° 250, pp. 81-83.
-
[91]
Général Gamelin, Servir, vol. III : La Guerre (septembre 1939 – 19 mai 1940), Paris, Plon, p. 211.
-
[92]
De son vrai nom Guillaume Jean Max Chassin (1902-1970), cet officier sert d’abord dans la Marine dont l’aviation maritime à partir de 1925. Après avoir rejoint l’armée de l’Air en 1935, il devient commandant d’escadrille en Tunisie. Après la défaite, Chassin combat dans l’armée de l’Air d’armistice jusqu’en novembre 1942 et conduit l’amiral Darlan à Alger. Après s’être mis en liaison avec le Comité d’action de la Résistance, il commande une escadre de bombardement en Sardaigne en 1944. Devenu général de brigade aérienne en 1946, Chassin publie l’année suivante une Histoire militaire de la Seconde Guerre mondiale. Commandant de l’Air en Extrême-Orient de 1951 à 1953, il devient trois ans plus tard commandant des forces aériennes de Centre-Europe. Accédant au rang de général d’armée aérienne en 1957, Chassin est placé en congé l’année suivante. Il se consacre ensuite à la rédaction d’article et d’ouvrages de stratégie aérienne.
-
[93]
Lionel-Max Chassin, « Un plan grandiose : l’attaque des pétroles du Caucase, en 1940 », Forces aériennes françaises, décembre 1961, n° 176, pp. 821-849.
-
[94]
Henri Michel, La Seconde Guerre mondiale, t. I : Les Succès de l’Axe (septembre 1939 – janvier 1943), Paris, Puf, 1968, p. 68.
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[95]
Laurent Boris, La Guerre totale à l’Est. Nouvelles perspectives sur la guerre germano-soviétique, Paris, Nouveau Monde éditions, 2014.
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[96]
Cet oléoduc est rétabli après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
1Alors que l’Allemagne hitlérienne constitue une menace sans cesse grandissante pour la sécurité de l’Europe, les pourparlers entre la Grande-Bretagne, la France et l’Union soviétique échouent durant l’année 1939. Le 23 août 1939 est signé le traité de non-agression entre l’Allemagne et l’Union soviétique, qui regroupe un ensemble d’accords diplomatiques et militaires entre ces deux puissances [1].
2Le 1er septembre 1939, l’Allemagne attaque la Pologne voisine. Cette date marque le début de la Seconde Guerre mondiale sur le front européen. Le 3 septembre, après l’expiration d’un ultimatum demandant le retrait des troupes allemandes de Pologne, la Grande-Bretagne déclare la guerre au Troisième Reich à 11 heures du matin, suivie à 15 heures de l’après-midi par la France.
3Durant la « Drôle de Guerre » le front ouest-européen est calme : l’activité opérationnelle est limitée et les hostilités se réduisent à quelques accrochages. Les états-majors français, contraints à l’expectative, échafaudent début 1940 une série de plans cohérents s’inscrivant dans une vision stratégique globale.
4Une partie constitue en des parades devant nuire aux risques d’incursions futures de la Wehrmacht dans le nord de la France. D’autres projets militaires répondent à une logique de guerre économique [2]. L’aviation française ou britannique pourrait s’employer à affaiblir l’effort de guerre allemand dans la perspective d’une guerre aérienne stratégique sans restriction. La Ruhr, qui est le premier bassin industriel de l’Allemagne, constitue un des objectifs prioritaires à bombarder [3].
5Il faut aussi atteindre l’approvisionnement en matières premières de l’Allemagne dont le blocus maritime [4] n’est pas total [5] malgré les efforts en ce sens de la Royal Navy et de la Marine française durant la « Bataille de l’Atlantique ». Les deux pays amis et alliés que sont la Grande-Bretagne et la France possèdent des plans d’opérations communs grâce à une collaboration militaire franco-britannique [6] qui s’appuie notamment sur un Comité d’études militaires interallié [7]. En coupant la route des transports du fer au nord (minerai de fer suédois [8]) et la route du pétrole au sud [9], ils réussiraient à éloigner l’Allemagne de ses bases lui permettant de fabriquer des armes et de faire tourner les moteurs de ses véhicules de guerre. Asphyxiée, elle n’aurait alors plus d’autre solution que de renoncer à poursuivre la guerre et à signer la paix.
6Le pétrole possède en effet une place prépondérante dans le déroulement du conflit. Les puissances belligérantes sont dans l’obligation de disposer en très grande quantité de carburant pour faire la guerre moderne mécanisée qui emploie massivement à la fois des bâtiments de guerre, des avions et des véhicules motorisés. Les ressources pétrolières exploitées en 1939 sont contrôlées en majorité par les Anglo-Saxons et par les Soviétiques. L’Allemagne, l’Italie et le Japon, qui n’ont pas un accès direct à ce produit stratégique, recourent à des opérations militaires pour disposer de ressources supplémentaires. C’est ainsi que les deux camps étudient des plans d’opérations pour attaquer l’industrie pétrolière en Europe [10] et se livrent à de grandes batailles terrestres pour la détention des puits de pétrole [11].
7En vertu du Pacte germano-soviétique, l’URSS est devenue en peu de temps un important fournisseur de matières premières pour le Troisième Reich [12] qui reçoit, en plus de produits alimentaires comme des céréales, des réserves de minerais en grande quantité permettant d’accélérer le réarmement allemand : produits pétroliers, cuivre, fer, fonte brute, manganèse, nickel, phosphate. En échange, l’Union soviétique obtient de l’Allemagne des armes, des technologies militaires et des machines-outils. À la suite de l’accord commercial germano-soviétique signé le 11 février 1940, les importations russes délivrent en une année à l’Allemagne 900 000 tonnes de carburant [13], dont 100 000 tonnes d’essence réservées aux avions de la Luftwaffe [14].
8Dans ce contexte de guerre économique centré en partie sur le pétrole, des officiers de l’État-major général de la Défense nationale développent en France entre janvier et mai 1940 une série de plans d’opérations dont celui intitulé « Russie Industrie Pétrolière (RIP) » [15]. Pour nuire au réarmement allemand, il s’agit d’effectuer le bombardement aérien de l’industrie pétrolière soviétique du Caucase [16], une région de l’URSS riche en gisements d’hydrocarbures qui assure à elle seule 90 % de la production totale de pétrole russe. Les Britanniques ont dressé dès juillet 1939 un plan similaire baptisé « WA6 [17] ».
L’élaboration des plans d’opérations d’attaque du Caucase
Une demande exprimée par la présidence du Conseil
9Le 17 janvier 1940 le deuxième Bureau de l’État-major général de la Défense nationale, chargé de l’analyse du renseignement, rédige une « Note sur une opération contre les pétroles du Caucase [18] » qui présente à la fois les buts directs [19], secondaires [20] et les opérations envisagées [21].
10Deux jours plus tard Édouard Daladier [22], président du Conseil des ministres français, adresse une lettre manuscrite au généralissime Maurice Gamelin [23], le général commandant en chef, chef d’état-major général de la Défense nationale, commandant en chef les forces terrestres, et à l’amiral François Darlan [24], à la tête des forces navales françaises, leur demandant « […] de préparer une étude sur une intervention éventuelle pour la destruction des pétroles russes [25] ». Une copie de ce document est envoyée aussi au général Joseph Vuillemin [26], chef d’État-major général de l’armée de l’Air.
11Les états-majors des différentes armées sont priés d’étudier trois hypothèses d’intervention. La première verrait la Marine française arraisonner en mer Noire des navires pétroliers allemands, solution permettant d’éviter une belligérance russe. La deuxième consisterait en une opération contre plusieurs zones pétrolifères du Caucase, ce qui impliquerait une action militaire directe contre l’Union soviétique lourde de conséquences. La troisième aurait une connotation plus politique en ayant pour but de favoriser des mouvements d’émancipation des populations musulmanes de cette région, en évitant de s’opposer frontalement à l’URSS.
Note sur « Le pétrole russe – Bakou » (30 janvier 1940)
12Le 30 janvier 1940 paraît une note sur « Le pétrole russe – Bakou ». Classé « Secret », ce document présente la production et les points sensibles de Bakou, l’approvisionnement possible de l’Allemagne ainsi que les réactions extérieures après l’attaque de ce site.
13La production de pétrole en URSS pendant l’année 1939 est évaluée approximativement à 46 millions de tonnes, dont 22 pour Bakou (Azerbaïdjan [27]). Plus important centre pétrolier du Caucase, le site de Bakou concentre la majeure partie de ses installations de raffinage dans la presqu’île d’Apchéron entourée par la mer Caspienne dans un cercle d’environ quinze kilomètres de rayon [28]. Il est constaté que la région de Bakou offre « […] une superficie restreinte très vulnérable à une action aérienne [29] ».
14Les points sensibles de Bakou portent sur les chantiers, les raffineries ainsi que les oléoducs ou pipe-lines. Le chantier de Bibi Eibat, qui a produit en 1939 plus de 4 millions de tonnes, « […] est un des plus riches du monde. Il produit environ 16 % de la production totale du bassin de Bakou, et 13 % de la production totale de l’URSS [30] ». Bibi Eibat se situe immédiatement à l’ouest de Bakou et juste au bord de la mer Caspienne, ce qui pourrait faciliter une intervention maritime. Les cinq autres chantiers, qui totalisent 18 millions de tonnes, sont concentrés sur une distance de 20 km. Les chantiers de Grozny (Tchétchénie [31]), qui ont fourni trois millions de tonnes, constituent aussi une cible bien qu’ils soient localisés au-delà du Caucase et que leur production est en très forte baisse depuis leur bombardement par des avions allemands en septembre 1939. Les autres chantiers, notamment ceux de Géorgie, sont considérés comme moins intéressants.
15Les raffineries de Bakou seraient faciles à atteindre depuis la mer Caspienne. Le port de Batoum [32] (dans l’actuelle Géorgie [33]) donne sur la côte Est de la mer Noire. Ses raffineries sont concentrées dans une zone de 600 m sur 600 m. Pour les attaquer ainsi que celles de Poti (port complémentaire de Batoum), il faudrait agir depuis la mer Noire. Un oléoduc long de 834 kilomètres permet de transporter du pétrole brut de Batoum à Bakou, soit de la mer Noire à la mer Caspienne [34]. Sa destruction « […] serait à rechercher non par la voie des airs, mais à terre par la destruction de stations de pompage particulièrement bien choisies [35] ».
16L’examen de l’approvisionnement possible de l’Allemagne depuis Bakou relativise les quantités de pétrole fournies par l’Union soviétique au Troisième Reich [36]. Néanmoins, l’apport des huiles de graissage de fabrication russe à l’économie nazie n’est pas nié : « 2 000 à 300 000 tonnes pourraient être facilement transportées et amélioreraient sensiblement la situation de l’Allemagne à cet égard [37]. »
17Cette note du 30 janvier 1940 stipule que l’attaque de Bakou entraînerait peu de réactions extérieures, ce qui laisse assez perplexe. La destruction de ces installations, créées avec des capitaux étrangers, aurait peu de répercussions au niveau des relations internationales. Elle atteindrait seulement les Soviets qui disposent d’un monopole sur les installations pétrolifères du Caucase. Il y est précisé aussi que le malheur des uns ferait le bonheur des autres :
En raison de la lutte très âpre engagée entre les trusts pétroliers mondiaux, on peut affirmer que les concurrents anglo-américains et autres ne verraient que sous un jour favorable, une atteinte portée à la production russe [38].
19En conclusion, ce document attire l’attention sur le fait que :
[…] la destruction partielle de Bakou, l’arrêt des transports par la Caspienne et la mer Noire porteraient un coup très sensible à toute l’économie russe dans laquelle la consommation des produits de pétrole joue un rôle essentiel […] De l’avis d’experts connaissant la région de Bakou, cette destruction serait facile par la voie aérienne par bombes explosives suivies de bombes incendiaires [39].
21Ces objectifs pourraient être atteints par l’aviation polonaise, à condition que ses personnels et ses matériels disposent de terrains d’aviation en territoire syrien ou irakien. La note se termine par une ouverture vers d’autres études favorisant une intervention interalliée d’une ampleur supérieure :
En tout cas, il paraît indispensable de pousser l’étude de telles actions dans le cadre d’opérations de plus grande envergure en mer Noire qui seraient engagées par les forces franco-britanniques dans le but d’accroître les difficultés de l’URSS simultanément avec celles résultant d’une action en Finlande [40].
23Cette stratégie périphérique permettrait, en attaquant l’URSS, de l’affaiblir et d’en détacher l’Allemagne. De plus, pour
[…] Gamelin et Daladier, elle présente en outre l’intérêt de substituer à l’attaque frontale que supporteraient les Français et dont ils ne sont pas sûrs du succès, faute de chars et d’aviation, des opérations lointaines qui, vu la nécessité de l’appel à la marine, seraient pour l’essentiel à la charge des Anglais [41].
« Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase » (22 février 1940)
25Un mois après la demande initiale formulée par la présidence du Conseil, les premiers travaux réalisés par les états-majors sont remis. Le 22 février 1940, le général Gamelin adresse à Daladier une « Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase [42] ». Ce document de travail réalisé par le troisième Bureau de l’État-major général de la Défense nationale, chargé des opérations, a pour but de déterminer les avantages et les inconvénients des trois hypothèses d’intervention formulées le 19 janvier précédent.
26L’interception en mer Noire des transports de pétrole à destination du Reich représente un intérêt médiocre car ne serait saisie qu’une partie des exportations de pétrole russe à destination de l’Allemagne alors que ce pays pourrait compenser cette perte par d’autres moyens [43]. La capacité des navires alliés de franchir les détroits dépendant de considérations diplomatiques, il serait nécessaire d’avoir une entente avec la Turquie.
27L’action militaire contre l’industrie pétrolière du Caucase viserait les centres de production, de stockage et d’évacuation des sites de Bakou, Batoum, Grozny. Ce dernier site est écarté d’entrée car, se trouvant sur le versant nord de la chaîne montagneuse du Caucase, il est trop éloigné pour faire l’objet d’une opération même aérienne.
28Bakou étant séparé de la frontière turque par une distance de 500 km, une intervention terrestre impliquerait pour ses exécutants de partir depuis l’Iran mais sa réalisation semble impossible en raison des multiples difficultés soulevées.
29Le choix final se porte sur un autre mode opératoire. L’attaque aérienne contre Bakou serait le mode d’action le plus efficace devant permettre à la fois de détruire et d’incendier quatre objectifs : les raffineries qui sont des « objectifs faciles à atteindre, vulnérables, très coûteux et très longs à reconstruire [44] », les réservoirs, les installations portuaires et la voie ferrée reliant Bakou à Rostov (Russie). L’intérêt de ce mode d’opération semble évident :
Une attaque aérienne contre Bakou, à condition d’être menée par un nombre d’appareils suffisant et de pouvoir être renouvelée de manière à entretenir les destructions obtenues serait donc particulièrement payante [souligné dans le texte].
Non seulement elle atteindrait l’Allemagne, mais elle priverait l’URSS d’une partie importante des pétroles caucasiens et Moscou ayant besoin de la presque totalité de sa production pétrolière pour ses formations motorisées et ses exploitations agricoles, elle mettrait rapidement les Soviets dans une situation critique [45].
31Les conditions d’exécution d’une action aérienne contre Bakou impliqueraient pour les avions et leurs personnels d’être basés soit en Turquie, soit en Iran, soit en Syrie et en Irak.
32Le port de Batoum donne sur la côte Est de la mer Noire et est situé à une vingtaine de kilomètres de la frontière turque. Il est envisagé contre cet important centre de stockage et d’évacuation du pétrole une action combinée mêlant les trois armées. L’opération terrestre consisterait en l’occupation de Batoum par des troupes turques [46]. Elle serait préparée, appuyée et complétée par l’action des forces navales et aériennes. Celles-ci auraient à remplir deux missions : attaquer les fortifications couvrant Batoum et détruire les installations de Batoum et de Poti, endommager l’extraction du manganèse dans la région de Kvirili.
33L’action politique tendant à soulever les populations musulmanes du Caucase s’adresserait en priorité à celles de l’Azerbaïdjan et s’appuierait sur la fourniture d’armes et de subsides. Ce type d’opération ne pourrait avoir des résultats que si la répression russe se trouvait dans l’impossibilité de s’exercer, hypothèse peu plausible étant donné que la police soviétique a dans un passé récent déjà mis fin plusieurs fois à des révoltes locales. Là encore il serait obligatoire d’avoir un accord avec la Turquie. Le Caucase étant en contact avec la zone d’influence britannique du Moyen-Orient, les Britanniques semblent mieux armés que les Français pour réussir à provoquer dans cette région un mouvement insurrectionnel.
34Les conclusions de l’étude du 22 février 1940 stipulent que seule une opération militaire paraît susceptible de donner des résultats effectifs :
Une action contre l’industrie pétrolifère russe au Caucase offre […] pour les Alliés un très gros intérêt. Elle permet de porter un coup très grave, sinon décisif, à l’organisation militaire et économique soviétique. Au bout de quelques mois, les embarras de l’URSS pourraient même devenir tels que ce Pays courrait le risque d’un effondrement total.
« Si ce résultat était obtenu, l’Allemagne privée de tout ravitaillement soviétique verrait se fermer à l’Est la barrière du blocus et devrait se contenter de vivre sur les Pays Nordiques et les Balkans, derniers retranchements économiques où elle pourrait encore se défendre » [47].
36Deux objectifs sont fixés à cette action militaire.
37L’opération sur Bakou « […] exige la réunion de forces aériennes importantes et surtout de qualité, dont la majeure partie à fournir par les Britanniques [48] ». Cependant, ces derniers risquent d’éprouver des hésitations devant le risque de représailles russes contre les Indes. Le bombardement de Bakou ne pourrait être déclenché qu’après d’importants délais nécessaires pour les négociations avec la Turquie et l’Iran, l’installation des terrains d’aviation, la mise en place des approvisionnements.
38L’attaque sur Batoum n’est pas exclusive de celle sur Bakou. Elle serait plus facile à réaliser car, contrairement à Bakou, ce bombardement pourrait être exécuté avec des moyens moins nombreux et modernes tout en pouvant être facilement répété. L’action sur Batoum serait aussi plus rapide à monter et pourrait être déclenchée avec moins de délais.
Les plans d’opérations conçus au printemps 1940
Trois études menées par l’armée de l’Air (9 mars 1940)
39Le général Vuillemin, chef d’État-major général de l’armée de l’Air, a pour préoccupation première le réarmement accéléré des forces aériennes afin de faire face à la menace allemande [49]. Il sait qu’en cas d’attaque massive de la Luftwaffe l’aviation française, même en groupant tous ses moyens, aurait des difficultés à pouvoir rivaliser et à durer. Vuillemin déclare ainsi en 1939 :
Depuis l’an dernier nous avons modernisé l’aviation de chasse, mais elle reste encore inférieure à celle des Allemands. Nous n’avons pas une aviation de bombardement suffisante. L’aviation d’observation n’est équipée que d’avions périmés. Quant à la DCA [défense contre avions] elle est notoirement déficiente [50].
41Par conséquent, le général Vuillemin veut consacrer un minimum de moyens au profit des théâtres d’opérations extérieurs à la métropole et se méfie des entreprises lointaines. De plus, le plan contre le Caucase disperserait les avions de l’armée de l’Air.
42Néanmoins, le général Vuillemin demande le 3 février 1940 au général Henri Jauneaud [51], commandant les forces aériennes en Orient méditerranéen, de réaliser une étude sur une attaque éventuelle de la région pétrolifère du Caucase. C’est chose faite le 29 février. Une liste d’objectifs est établie. Ceux-ci, dispersés, ne peuvent pas être tous atteints durant une seule et même attaque. Ils appartiennent à quatre catégories et devraient être touchés au cours de deux phases distinctes : tout d’abord des raffineries et des réservoirs, puis durant une seconde vague des oléoducs et des voies ferrées. Le général Vuillemin propose de viser, par une attaque surprise, la production de pétrole soviétique du Caucase, et dans un deuxième temps de poursuivre l’exécution systématique des destructions.
43Le 7 mars 1940, le général Maxime Weygand [52], commandant en chef du théâtre d’opérations de Méditerranée orientale, adresse un courrier officiel au général Gamelin, chef des armées françaises. Weygand informe Gamelin que l’Air Marshal [53] Mitchell, commandant l’aviation britannique du Middle East, est de passage en ce jour avec le général Jauneaud à Beyrouth. Tous deux se rendent à Ankara, sans doute pour obtenir un accord du gouvernement turc. Mitchell a révélé à Weygand qu’il a reçu des instructions de Londres concernant la préparation d’opérations éventuelles de bombardement sur Bakou et Batoum. Mitchell l’a avisé aussi qu’il va demander au Marshal Cakmalk l’autorisation de réaliser des reconnaissances des terrains d’aviation qui pourraient servir de bases intermédiaires à des avions britanniques implantés principalement en Syrie.
44Toujours en ce 7 mars 1940 l’Air Marshal Mitchell a demandé au général Weygand l’autorisation de faire reconnaître les terrains d’aviation français de Djézireh (Syrie). Weygand a donné son accord et l’annonce à son supérieur le général Gamelin :
J’ai l’honneur de vous rendre compte que j’ai autorisé cette reconnaissance qui sera exécutée prochainement conjointement par des officiers britanniques et des officiers français, les uns et les autres en civil, comme s’il s’agissait de travaux se rapportant à l’exploitation des nappes de pétrole de cette région [54].
46Deux jours plus tard, le 9 mars 1940, c’est au tour du général Joseph Vuillemin, chef d’État-major général de l’armée de l’Air, d’adresser au général Gamelin une étude concernant une action aérienne éventuelle contre la région pétrolifère du Caucase. Il résulte de cette étude que :
Des résultats importants semblent pouvoir être obtenus avec des moyens de l’ordre de 10 à 12 groupes.
Huit à dix de ces groupes devraient, pour agir contre Bakou, contre le plus important, avoir un rayon d’action pratique de 1 100 à 1 200 km au moins ; à supposer que ces groupes puissent être basés en Irak, la distance à parcourir pour atteindre Bakou serait en effet de 800 km (plus le retour) et une marge de sécurité de 30 % est indispensable pour parer aux déroutements qui peuvent être imposés par les conditions atmosphériques, les attaques de la chasse aérienne, ou tout autre incident [55].
48Le général Vuillemin informe le général Gamelin qu’il fait actuellement vérifier par des essais « en vraie grandeur » sur avions de série les capacités (dont le rayon d’action maximum) des appareils français qui seraient retenus pour être engagés au-dessus du Caucase.
49Afin d’avoir des éléments de comparaison, le chef des forces aériennes françaises fait rechercher des renseignements sur les rayons d’action des appareils britanniques susceptibles d’opérer au Caucase au sein de cinq squadrons [56]. Il demande au général Jeauneaud d’entrer en liaison avec le commandement aérien britannique du Moyen-Orient [57].
50Dans cette première étude de l’armée de l’Air datée du 9 mars 1940 portant sur une frappe aérienne contre la région pétrolifère du Caucase, le général Vuillemin détaille les conditions de réalisation :
La possibilité d’une action contre les centres de Batoum – Poti – Kvirili ne dépend que de la possibilité d’améliorer 4 ou 5 plateformes dans la région de Diarbekir – Erzeroum – Trebizonde, pour des avions ayant un rayon d’action de 700 à 800 km (Glenn Martin). Une telle action peut être entreprise à partir de bases situées dans la région de Hassetche avec des avions de type LeO 45 [58].
52Ce même 9 mars 1940, le chef d’État-major général de l’armée de l’Air adresse un courrier au général Jauneaud où il lui précise :
En attendant de connaître ces résultats, il est prudent d’admettre […] que les possibilités pratiques des avions […] (compte tenu des servitudes imposées par le relief, et les circonstances atmosphériques) sont d’environ les 3/4 des possibilités maxima indiquées pour les prototypes [59].
54Le général Vuillemin demande au général Jauneaud de recueillir auprès du commandement aérien britannique dans le Moyen-Orient tous renseignements concernant trois domaines : les ressources actuelles en plateformes aériennes de la région irakienne de Mossoul-Kirkouk, les possibilités et les délais d’aménagement des installations existantes ou de création de nouvelles en vue de leur utilisation éventuelle par des bombardiers lourds, les conditions générales de ravitaillement des bases qui seraient créées et les délais pour la mise en place des stocks d’essence et de bombes pour 150 à 200 sorties de groupes de bombardiers.
55Toujours le 9 mars 1940, une « Note pour le général commandant en chef des forces aériennes concernant une attaque éventuelle des pétroles russes du Caucase [60] » parvient au général Vuillemin. Cette étude réalisée par l’État-major général de l’armée de l’Air a pour but de déterminer l’importance des moyens nécessaires, les conditions tactiques d’exécution, les mesures à prendre pour préparer l’opération.
56Sur les 167 usines de raffinage existant en URSS, pas moins de 122 se trouvent au Caucase : 67 à Bakou, 43 à Grozny, 12 à Batoum et Poti. Les attaques doivent être menées contre les installations de pétrole lorsque cet hydrocarbure est stocké, en cours de raffinage ou en cours de transport [61]. Les objectifs possibles sont Bakou, Batoum, Grozny, Poti. Les objectifs éventuels portent sur les mines de manganèse de la région de Kvirili et les trois centrales électriques alimentant les principaux centres de production pétrolifère. Pour calculer les consommations de bombes nécessaires à la destruction de ces objectifs, l’État-major général de l’armée de l’Air a déterminé un ordre de grandeur avec un calcul basé sur les hypothèses suivantes :
- chaque raffinerie a comme dimensions 500 m sur 500 m ;
- la destruction est obtenue en mettant au but deux bombes de 100 kg par carré de 100 m de côté ;
- il est possible d’exécuter l’attaque soit de jour à l’altitude de 5 000 m et à la vitesse de 250 km/h, soit de nuit à 3 000 m d’altitude dans des conditions donnant une probabilité d’atteinte équivalente.
58Les calculs obtenus [62] sont les suivants :
Tableau 1 – Estimation des moyens aériens et du taux de réussite pour bombarder les installations pétrolières du Caucase (mars 1940)
Tableau 1 – Estimation des moyens aériens et du taux de réussite pour bombarder les installations pétrolières du Caucase (mars 1940)
59Ainsi, la destruction des 120 raffineries nécessiterait 360 sorties de groupes lourds de bombardement. Si douze groupes sont à disposition, il faudrait donc 30 sorties de chaque groupe, soit un délai de dix semaines à la cadence de trois sorties par groupe et par semaine.
60La note précise que ce résultat appelle plusieurs remarques, dont la suivante :
Les valeurs adoptées pour l’altitude et la vitesse de bombardement, fondées sur l’hypothèse d’une efficacité assez faible de la DCA russe, efficacité sur laquelle l’État-major général ne possède pas de renseignements, peuvent paraître optimistes ; par contre, il n’a été fait état que des destructions causées par les bombes au but sur l’objectif visé ; or, il est vraisemblable que, les 67 raffineries de Bakou sont suffisamment voisines les unes des autres pour qu’une partie notable des bombes n’atteignent pas l’objectif visé causent néanmoins des destructions importantes dans les installations voisines. En outre, comme dans toute action contre une Région industrielle, il y a lieu de tenir compte de l’effet de désorganisation et de diminution de rendement causé par la répétition des alertes [63].
62Dans le cas où l’attaque des raffineries ne pourrait être réalisée, une variante du plan d’actions entrerait alors en jeu [64].
63Les conditions tactiques d’exécution portent sur le déploiement des moyens aériens, les itinéraires d’approche, la défense ennemie et le mode d’attaque. L’attaque de Bakou pourrait être menée par neuf groupes lourds de bombardement (sept anglais, deux français) basés en Irak sur neuf terrains d’aviation de la région Est de Mossoul. L’attaque de Batoum et Poti (éventuellement Grozny) serait réalisée par les groupes français depuis des terrains d’aviation situés en Turquie [65]. L’utilisation de ces différentes plates-formes aériennes nécessiterait au préalable des travaux d’infrastructure [66] voire d’extension ou de création. Le relief montagneux du Caucase, dont l’altitude moyenne oscille entre 3 000 et 5 000 m, obligerait les équipages des bombardiers à agir seulement quand les circonstances atmosphériques seraient favorables [67]. La défense ennemie comprendrait quatre groupes de chasse, soit environ 124 avions Iliouchine 15 et 16. La défense contre avions se composerait d’une centaine de pièces d’artillerie et d’autres régiments spécialisés (projecteurs, mitrailleuses, guet et transmissions [68]). La possibilité d’effectuer des bombardements de jour dépendra de la réaction de l’aviation de chasse et de la DCA adverses [69]. Aborder par la mer les objectifs favoriserait l’assaillant car la couverture sur alerte deviendrait alors impossible.
Les questions de l’efficacité des raids de bombardement et des délais pour la préparation de l’opération (6 et 17 avril 1940)
64Le nouveau président du Conseil, Paul Reynaud [70], arrivé au pouvoir le 21 mars 1940, donne dès le lendemain son aval au plan du bombardement des installations pétrolifères du Caucase afin de faire pression sur l’URSS pour la pousser à prendre ses distances avec l’Allemagne. Les relations internationales entre la France et l’Union soviétique se sont en effet tendues en 1939 depuis la signature du pacte germano-soviétique et l’entrée en guerre de la France [71]. Le 24 mars, au cours d’une communication au Gouvernement, Paul Reynaud déclare être prêt à prendre la responsabilité d’une rupture avec l’Union soviétique, sans pour autant vouloir s’en faire un ennemi.
65Les informations recueillies par les services de renseignements français permettent de mettre sur pied en avril 1940 un rapport détaillé intitulé « Plan RIP. Attaque de l’industrie pétrolière russe [72] ». Ce précieux document comporte la carte de l’implantation des terrains d’aviation au Caucase, des plans des sites à bombarder ainsi qu’une série de photographies prises à une quinzaine de mètres de hauteur présentant la configuration et la taille des installations [73]. Le texte présente l’importance du Caucase en tant que région productive de pétrole, les modalités d’une action aérienne visant à diminuer la production du Caucase en pétrole, un ordre de grandeur des moyens nécessaires à la destruction des raffineries, les conditions tactiques d’exécution.
66Le 6 avril 1940 le général Gamelin adresse à Reynaud une brève étude concernant les conséquences sur les économies allemande et russe d’une action militaire dirigée contre les pétroles du Caucase : « On peut estimer que dans les six premiers jours les 30 à 35 % des raffineries du Caucase et des installations portuaires de Batoum seront détruites [74]. »
67Le matériel employé comprendrait de 90 à 100 avions provenant de 6 groupes français et 3 squadrons britanniques. Les groupes français seraient composés de 2 groupes de Farman 221 et de 4 groupes de Glenn Martin équipés de réservoirs supplémentaires. Ces appareils pourraient, à chaque sortie, répartir une totalité maximum de 70 tonnes de projectiles sur une centaine de raffineries identifiées.
68Ce document, très synthétique, n’élude pas la réponse adverse et les conséquences de cette dernière sur l’efficacité des raids de bombardements alliés : « Rapidement la réaction ennemie et la présence probable de chasseurs allemands réduiront dans des proportions considérables l’efficacité de l’opération [75]. »
69Le 17 avril, le général Weygand envoie aux généraux Gamelin et Vuillemin une étude sur les délais nécessaires pour la préparation de l’opération de bombardement des régions pétrolifères du Caucase.
70Pour les conditions politiques, aucun délai n’est à prévoir car l’opération se fera sans accord avec la Turquie. Il n’y aura pas d’autorisation de survol, de « terrains tremplins » en territoire turc, ni d’aide d’aucune sorte. Les approvisionnements seront transportés par la voie ferrée Alep-Nissibine [76]. Pour l’évaluation des délais, il faut compter au minimum sur 45 à 50 jours [77] : deux semaines pour la mise en état des terrains d’aviation ; deux à trois semaines pour les travaux sur la voie ferrée et pour l’approvisionnement des dépôts ; un mois pour le transport de l’essence, des munitions, des troupes et de leurs trains.
71En plus de ces délais, il faut aussi considérer ceux liés à la mise en état et à l’arrivée des unités de bombardement. Or, aucun escadron français n’est pour l’instant à pied d’œuvre. Deux mois et demi à trois mois sont indispensables pour former les équipages sur les derniers bombardiers qui viennent d’arriver en unités avant qu’ils puissent prendre part à une opération de guerre.
72Cette étude du 17 avril 1940 se termine par les paragraphes suivants qui laissent augurer un report du déclenchement de l’opération pour l’été :
Il faut ajouter que ces évaluations ne tiennent aucun compte de l’étude technique de l’opération de bombardement qui comporte la prise de photographies, le choix des objectifs ainsi que des bombes les plus appropriées, les aménagements à exécuter sur les avions, toutes choses qui peuvent encore avoir une influence sur le délai de préparation.
Il est donc prudent de n’escompter une exécution possible que pour la fin du mois de Juin et le début du mois de Juillet, surtout si l’on tient compte de la nécessité absolue de ne l’entreprendre que lorsque tout sera au point afin d’obtenir des résultats décisifs avec toute la puissance et le plus de rapidités possibles. Une telle opération ne devrait durer que quelques jours et consister en des bombardements massifs des points dont la destruction ou l’incendie aura été reconnu comme le plus efficace.
Ce délai est d’ailleurs nécessaire à la Turquie […] pour qu’elle se mette pendant qu’il s’écoulera, en état de faire face à toute réaction ennemie qui pourrait se produire contre elle à la suite de ces bombardements [78].
Le choix des avions bombardiers
74Les grandes distances à franchir pour frapper les centres pétroliers du Caucase depuis les terrains d’aviation implique d’utiliser des groupes de bombardiers modernes gros porteurs et à grand rayon d’action.
Tableau 2 – Distances entre les terrains d’aviation et les objectifs (en km) [79]
Tableau 2 – Distances entre les terrains d’aviation et les objectifs (en km) [79]
75Le troisième Bureau de l’État-major général de l’armée de l’Air propose au général Vuillemin d’affecter à cette opération aérienne quatre groupes de bombardement utilisant deux types d’appareils : LeO 45 [80] et Glenn-Martin 167F [81].
76Le chef d’État-major général de l’armée de l’Air entérine tout d’abord ce choix. Cependant, il se produit ensuite plusieurs modifications successives. Les avions LeO 451 font partie des rares bombardiers moyens français de conception modernes à équiper l’armée de l’Air en 1939. S’ils sont assez performants avec un rayon d’action de 1 450 km, une vitesse de croisière avoisinant les 400 km/h et 1 500 kg de bombes placés en soute et sous les ailes, ces appareils sont en revanche en nombre insuffisant pour être déployés en dehors de la métropole.
77Il est alors décidé de remplacer les LeO 451 par des Farman F.221 [82], davantage disponibles, mais de conception plus ancienne. Si la charge offensive passe à presque deux tonnes, la vitesse maximale chute à 325 km/h. L’État-major général de l’armée de l’Air renonce aux Farman F.221 car ces avions, considérés comme trop vulnérables à cause de leur lenteur, réduiraient les chances de succès de l’« opération Caucase ».
78Le choix final se porte sur le Glenn-Martin 167F. De construction américaine, ce bombardier léger présente des limites techniques qui nuisent à ses capacités opérationnelles. Il peut franchir seulement 1 400 km en emportant une charge offensive réduite de 400 kg. Les services techniques officiels français tentent de trouver une parade en équipant chaque appareil d’un réservoir supplémentaire de 300 litres, ce qui permet d’augmenter leur rayon d’action maximum de 800 km pour atteindre une autonomie de 2 200 km.
79Les Glenn-Martin attendus proviendraient des escadrilles stationnées en métropole, en Afrique du Nord, au Levant.
80Les Britanniques prévoient de leurs côtés l’utilisation de quatre groupes de Bristol 149 Blenheim IV [83] pouvant emporter 600 kg de bombes sur une distance de 1 650 km. Ainsi, ce sont au total neuf groupes de bombardiers, soit une centaine d’appareils, qui seraient mobilisés.
Tableau 3 – Principales caractéristiques des bombardiers prévus par le Plan RIP (avril 1940)
Tableau 3 – Principales caractéristiques des bombardiers prévus par le Plan RIP (avril 1940)
Des plans d’opérations non appliqués
Par manque de rigueur technique et faute de moyens
81La durée des opérations est prévue initialement à deux mois et demi. Elle est ensuite grandement raccourcie puisque ramenée à un mois seulement, ce qui implique que les groupes de bombardement seraient engagés en totalité sur un rythme maximum.
82Les attaques aériennes se dérouleraient en deux phases. La première a pour mission d’obtenir d’emblée une désorganisation profonde de la production par l’attaque des installations pétrolifères. La seconde a pour but de détruire les objectifs encore intacts et de harceler les tentatives ennemies de remise en état. Les équipages français se chargeraient des sites de Batoum et de Grozny pendant que ceux de la Royal Air Force viseraient la région de Bakou.
83Le général Vuillemin maintient le 15 mai 1940 pour le début des opérations. Cette date est ensuite décalée au milieu du mois de juillet suite au retard pris par la transformation des Glenn-Martin 167F.
84Si le plan « Russie Industrie Pétrolière » fait preuve d’audace et répond durant son élaboration à des impératifs stratégiques, il n’atteint cependant pas le stade de l’application pratique par manque de rigueur technique et faute de moyens aériens.
85L’État-major général de la Défense nationale ne possède pas de renseignements sur les conditions météorologiques de la région du Caucase ni sur la défense contre avions russes. Il ne juge pas à sa juste valeur l’importance relative du secours apporté par l’URSS à l’économie de guerre allemande dans le domaine du pétrole.
86Les évaluations des états-majors français ne tiennent pas compte de l’étude technique de l’opération de bombardement. Elles n’étudient pas non plus les dommages causés aux avions français par la chasse et la défense anti-aérienne russes durant l’attaque des installations pétrolières du Caucase.
87Un mois seulement suffirait pour mener à bien la destruction de la production de pétrole soviétique par des bombardements franco-britanniques. Or les moyens aériens prévus apparaissent bien trop faibles et sont sans rapport avec les résultats escomptés. Le nombre d’appareils missionnés est insuffisant. La consommation prévue de bombes est sous-évaluée, de plus celles-ci sont de petite taille avec un poids unitaire seulement de 50 ou 100 kg paraissant incompatibles avec l’attaque de cibles comme des réservoirs, des centrales électriques ou des bateaux pétroliers [84]. L’aviation américaine utilisera à partir de 1943 des bombes d’un tout autre calibre pour bombarder l’Allemagne.
Pour des raisons diplomatiques et par crainte des conséquences d’une entrée en guerre de l’URSS
88Le plan RIP est difficilement envisageable et applicable compte tenu des relations internationales entretenues par la France et la Grande-Bretagne avec plusieurs puissances de la région du Caucase. Trois pays ne se montrent pas disposés à cautionner ce projet et encore moins à prêter leur concours. Le gouvernement de Turquie fait savoir en avril 1940 qu’il n’autorisera pas le survol de son territoire ni que les terrains d’aviation du pays puissent servir de bases à des avions bombardiers français et anglais. L’Iran et l’Irak, pays limitrophes de l’URSS, se refusent aussi à fournir tout appui aux actions alliées car ils ne veulent pas prendre le risque d’exposer leurs champs pétrolifères aux opérations de représailles russes qui ne manqueraient pas d’avoir lieu.
89Allant jusqu’au bout de leur logique, les états-majors français font abstraction des contextes diplomatique et politique. Ils savent pourtant que le bombardement des bassins pétroliers du Caucase aurait de graves répercussions et enclencherait inévitablement l’entrée en guerre du géant soviétique, ce qui ne serait pas sans conséquence pour la France et même pour le camp allié.
90Les responsables politiques français sont réticents et embarrassés par ce projet qui possède les ingrédients pour devenir une boîte de Pandore ou une épée de Damoclès. Ils ne veulent pas confronter la France à un nouvel ennemi qui combattrait aux côtés de l’Allemagne.
91Dans le deuxième volume de ses mémoires paru en 1963, Paul Reynaud soulignera que ce projet lui paraissait irréaliste et aurait constitué une faute stratégique [85].
Par l’éclatement de la bataille de 1940 puis par la défaite française
92Le 10 mai 1940 l’offensive générale allemande sur le front ouest est déclenchée. Les forces armées allemandes attaquent simultanément les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France.
93L’intensité des missions aériennes nécessite une mobilisation et un emploi de tous les groupes d’aviation. Par conséquent, il n’y a plus d’appareils bombardiers disponibles pour une opération au Caucase devenue caduque. Le plan est abandonné car ses conditions d’exécution sont annihilées par le déroulement des combats sur le front de l’ouest.
94La percée allemande à Sedan et les reculs successifs des armées françaises conduisent le 17 juin 1940 le maréchal Pétain, qui vient d’être nommé président du Conseil, à demander aux soldats français de cesser le combat et aux Allemands les conditions d’un armistice. Si le lendemain le général de Gaulle lance, depuis la radio de Londres, son premier discours appelant à poursuivre le combat et à « la résistance française », les représentants du gouvernement Pétain signent le 22 juin 1940 l’armistice entre la France et l’Allemagne. Les combats cessent trois jours plus tard.
95La « bataille de France » est la plus grande défaite militaire de l’histoire française [86]. En seulement quarante-six jours, soit six semaines, l’armée française, considérée encore en 1939 comme la première au monde par des autorités politiques et des chefs militaires de premier plan tant en France qu’à l’étranger, a été vaincue par le Troisième Reich [87].
96Suite à ce désastre, une écrasante majorité des députés de l’Assemblée nationale vote le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain qui, le lendemain, se nomme « chef de l’État français ». C’est la fin de la Troisième République [88] et le début du régime de Vichy.
Conclusion
97Le plan « Russie Industrie Pétrolière » s’inscrit dans les projets périphériques français destinés au front occidental comme le corps expéditionnaire dans les Balkans, l’intervention pour venir en aide aux Finlandais face aux Russes ou l’obstruction du Danube par des bateaux chargés de dynamite.
98Son élaboration apparaît en partie comme un exutoire et un « jeu de guerre [89] », un Kriegspiel [90] pour reprendre la terminologie allemande, permettant aux États-majors français de s’entraîner début 1940 pendant la relative inactivité de la « Drôle de guerre ».
99En 1947, le général Maurice Gamelin évoque dans le troisième volume de ses mémoires l’« opération Caucase » en expliquant pourquoi elle n’a pas eu lieu :
Les bombardements sur Bakou ou Batoum se trouvaient à portée extrême pour les avions d’alors et nécessitaient, en tout cas, de survoler la Turquie, ou tout au moins la Perse. Toutes ces conceptions étaient, on le voit, d’une réalisation très compliquée ; sans compter que, pour notre part, nous étions très pauvres en avions de bombardement et qu’il fallait être vraiment certain que la stagnation se prolongerait en France pour accepter de nous priver de nos modestes ressources.
« Enfin, comme pour le soutien effectif à la Finlande, c’était se heurter à la Russie » [91].
101Le général d’armée aérienne Lionel-Max Chassin [92], qui représente début 1940 la France au comité stratégique de Londres, détaille en 1961 l’« opération Caucase » dans la revue Forces aériennes françaises qu’il a fondée en 1946 et dirigée jusqu’en 1950 [93].
102Henri Michel, ancien résistant, directeur de recherches au CNRS et Secrétaire général du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, résume ainsi en 1968 plusieurs points clés du projet d’attaquer les installations pétrolières soviétiques du Caucase :
Quant à l’URSS, puissance neutre, attaquée sans préavis dans une région vitale pour elle, personne ne paraissait redouter ses réactions, même sous la forme de bombardement au Levant. On se plaisait au contraire à imaginer qu’après avoir reçu ce dur avertissement, elle rentrerait dans sa coquille et abandonnerait l’Allemagne à son sort.
L’opération Caucase ne reçut jamais de commencement d’exécution ; un seul avion français, de reconnaissance, survola Bakou. Elle était cependant le plus significatif de ces projets étonnants où des objectifs chimériques devaient être atteints avec des moyens dérisoires. Elle faisait preuve d’une solide conviction de la faiblesse congénitale de l’URSS. Enfin, depuis le pacte germano-russe, elle témoignait du mélange de germanophobie et de russophobie, qui animait les dirigeants français, appuyés sur une partie de l’opinion [94].
104Afin d’alimenter l’appareil de guerre allemand proche de la pénurie en combustible, Adolphe Hitler lance dans la nuit du 21 au 22 juin 1941 une grande attaque sur l’Union soviétique en violation des accords liant jusqu’à présent les deux pays. L’opération « Barbarossa » a pour élément moteur un but économique, qui est prépondérant aux choix idéologiques et stratégiques [95].
105Le Troisième Reich veut s’approprier les richesses pétrolifères caucasiennes. C’est ainsi qu’Hitler ordonne le 11 juillet 1942 à ses soldats la conquête du Caucase. Il pense, à partir des informations recueillies par les services de renseignement du Troisième Reich, que les soldats de la Wehrmacht seraient bien accueillis par des peuples du Caucase du Nord prêts à collaborer avec l’Allemagne afin de s’affranchir du pouvoir russe. Bakou, qui reste le principal centre stratégique d’approvisionnement en carburant de l’aviation et des chars blindés de l’URSS, est l’objectif prioritaire. Cependant, l’oléoduc reliant Batoum à Bakou est en partie démantelé en août 1942 pour mettre à mal la menace d’invasion ennemie [96]. Si les troupes allemandes réussissent à s’emparer de deux champs pétroliers à Grozny et à Maïkop, ceux-ci sont mineurs et elles ne parviennent pas jusqu’à Bakou. Elles doivent évacuer le Caucase à partir du 1er janvier 1943 pour répondre à la contre-offensive russe déclenchée le 19 novembre 1942 durant la bataille déterminante de Stalingrad. L’Allemagne nazie ne peut plus compter désormais que sur les seules ressources à l’intérieur du pays.
Notes
-
[1]
La clause de non-agression du Pacte germano-soviétique engage les deux pays signataires à renoncer au conflit et à adopter une position de neutralité en cas d’attaque par une tierce partie. Ce traité comporte aussi plusieurs protocoles secrets. L’un d’entre eux répartit entre l’Allemagne et l’URSS des pays et territoires à annexer dans un futur proche : les Pays baltes, la Bessarabie (région en Moldavie), la Finlande et la Pologne.
-
[2]
Service historique de la Défense (SHD), 27 N 9, Grand quartier général, État-major général, 2e Bureau, Note sur les conditions actuelles de la guerre économique, 25 janvier 1940.
-
[3]
SHD, 1 D 33, Plans, études des bombardements (janvier 1940 - 13 juin 1940).
-
[4]
SHD, 27 N 9, Grand quartier général, État-major général, 2e Bureau, Note sur les principes généraux de la politique de blocus, 16 septembre 1939.
-
[5]
Des failles existent en mer Méditerranée et en mer Noire, notamment grâce à la complicité de pays liés à l’Allemagne.
-
[6]
SHD, 1 D 33, Commandements, conduites de la guerre, plans d’opérations, collaboration franco-britannique (26 août 1939 au 18 juin 1940).
-
[7]
SHD, 27 N 6, Comité d’études militaires interallié (1939-1940), Plan de défense. En cas d’une attaque de la Roumanie par l’Allemagne et la Hongrie, ce comité élabore un « Plan d’emploi d’une aviation de renforcement française et anglaise en Roumanie ».
-
[8]
Le but est d’obtenir le contrôle du district minier situé dans le nord de la Suède.
-
[9]
Les batailles de Stalingrad de juillet 1942 à février 1943 puis de Koursk de juillet à août 1943 opposent dans le sud de l’URSS les armées allemandes et soviétiques pour le contrôle de la route du Caucase et de ses champs pétroliers. La première et la seconde bataille d’El-Alamein, qui se déroulent en Égypte respectivement en juillet 1942 et d’août à novembre 1942, voient par deux fois la victoire des troupes britanniques et des Français libres sur les armées allemandes et italiennes. Ces deux derniers succès alliés permettent de stopper l’avancée allemande en direction du pétrole du Moyen-Orient.
-
[10]
SHD, 1 D 33, Plans, études de l’attaque de l’industrie pétrolière (30 août 1939 - 14 juin 1940) (Europe).
-
[11]
En 1939, les Soviétiques s’emparent des champs de pétrole de Galicie situés dans l’Est de la Pologne. L’année suivante, les Allemands mettent la main sur ceux de Ploiesti en Roumanie qui leur servent de principale source de pétrole brut.
-
[12]
SHD, 7 N 3131, URSS – Allemagne. 27 N 9, Grand quartier général, État-major général, 2e Bureau, Les négociations économiques germano-russes, 15 décembre 1939.
-
[13]
Pierre Montagnon, La Grande Histoire de la Seconde Guerre mondiale. I : de Munich à Dunkerque : septembre 1938 – juin 1940, Paris, Pygmalion, 1992, p. 170.
-
[14]
Ceux-ci ont besoin d’une essence à haut indice d’octane.
-
[15]
SHD, 1 D 33, Plan RIP. Attaque de l’industrie pétrolière russe, avril 1940. Vivier Thierry, « Nom de code : RIP. Baptême sans feu », Armées d’aujourd’hui, octobre 1989, n° 144, pp. 68-70.
-
[16]
Le Caucase est une région située entre la mer Noire et la mer Caspienne longue de 1 100 km et large de 100 à 160 km.
-
[17]
SHD, 1 D 33, Air Ministry, Plan WA6 (June 1939). Rédigé en juin 1939 par le Plans (Op.) Staff, Air Ministry, ce document classé dans la catégorie Most Secret s’adresse à The Chief of the Air Staff (« Chef d’état-major aérien » ou commandant général de la Royal Air Force). Il comporte un dossier intitulé « Appreciation on the Attack of German War Resources of Oil (for the period July to September 1939) ».
-
[18]
SHD, 27 N 9, Grand quartier général, État-major général, 2e Bureau, Note sur une opération contre les pétroles du Caucase (17 janvier 1940).
-
[19]
« – empêcher le ravitaillement russe ; – empêcher le ravitaillement allemand »
-
[20]
« – assurer aux Alliés la possession des gisements ; – éveiller des mouvements nationalistes dans la Russie des Soviets »
-
[21]
« a) opération maritime franco-britannique en mer Noire légitimée par une décision de la S.D.N. » [Société des Nations] ; b) envoi d’avions finlandais, ou réputés tels, sur les centres pétroliers ».
-
[22]
Édouard Daladier (1884-1970) est un homme politique français. Élu député radical en 1919, il dirige ce parti à plusieurs reprises. Daladier occupe différents ministères durant la décennie 1920-1930. Il devient président du Conseil en 1933 puis est contraint de démissionner après les émeutes du 6 février 1934. Ministre de la Défense nationale puis de la Guerre de juin 1936 à avril 1940, Daladier prépare le réarmement de la France pour faire face à la menace allemande. Nommé président du Conseil en avril 1938, il signe sans illusion le 30 septembre suivant les accords de Munich qui démembrent la Tchécoslovaquie. Suite à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, Daladier déclare la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1940. La non-intervention de la France en Finlande qui est attaquée par l’URSS entraine le renversement de Daladier le 20 mars 1940. Il est arrêté en août suivant sur ordre du régime de Vichy et emprisonné. Considéré comme l’un des responsables de la défaite avec Reynaud et Gamelin, Daladier est jugé lors du procès de Riom en 1942 puis livré aux autorités allemandes qui le déportent en Allemagne près du camp de Buchenwald puis dans le Tyrol autrichien. Libéré en mai 1945 par les Américains, Daladier est député de 1946 à 1958.
-
[23]
Maurice Gamelin (1872-1958) est un officier de l’armée de Terre. Major de promotion de Saint-Cyr, il appartient à l’état-major du général Joffre et est nommé général de brigade dès 1916. Après avoir dirigé la mission militaire française au Brésil au sortir de la guerre, Gamelin est commandant en chef des troupes françaises du Levant de 1925 à 1929. Devenu général d’armée, il est en 1938 le premier titulaire du poste de chef d’État-major général de la Défense nationale, avec pour mission d’assurer la préparation de la France au conflit à venir et la coordination entre les trois armées. En 1939, Gamelin est commandant en chef des forces terrestres tout en étant à la tête des troupes françaises et alliées stationnées en France. Sa stratégie défensive est mise en déroute par les armées allemandes lors de la percée de Sedan lancée le 10 mai 1940. Une semaine plus tard, ses erreurs de commandement entraînent son remplacement par le général Weygand. Arrêté en septembre 1940, Gamelin est emprisonné puis jugé avant d’être déporté en Allemagne puis en Autriche. Libéré en mai 1945, il cherche ensuite à justifier sa conduite de la guerre.
-
[24]
François Darlan (1881-1942) est un officier de la Marine nationale et un homme politique français. Il est chef du cabinet militaire du ministre de la Marine de 1925 à 1934. Après avoir dirigé durant deux ans l’escadre de l’Atlantique, Darlan est nommé en 1936 amiral et l’année suivante chef d’état-major général de la Marine. En 1939 il reçoit le titre d’amiral de la flotte et est le commandant en chef des forces maritimes françaises. Favorable à l’armistice, Darlan entre dans le gouvernement du maréchal Pétain en juin 1940 pour occuper le poste de ministre de la Marine marchande et militaire. Convaincu de l’inéluctabilité de la victoire allemande, il participe à la politique de collaboration politique et militaire du régime de Vichy avec l’Allemagne nazie. Darlan est de février 1941 à avril 1942 vice-président du Conseil et concentre en ses mains plusieurs pouvoirs. Le retour de Laval au gouvernement l’oblige à démissionner en avril 1942 tout en restant le successeur désigné du maréchal Pétain et le commandant en chef de l’armée d’armistice. Darlan se trouve à Alger lors du débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942. Deux jours plus tard, se ralliant aux Alliés, il signe un cessez-le-feu avec les Américains. Devenu haut-commissaire pour la France en Afrique du Nord, Darlan exerce le pouvoir sur une partie des colonies africaines de la France. Il est assassiné à Alger le 24 décembre 1942.
-
[25]
Cette lettre manuscrite figure en annexe de la « Note sur une opération contre les pétroles du Caucase (17 janvier 1940) ».
-
[26]
Joseph Vuillemin (1883-1963) est un officier de l’armée de l’Air. Il sert dans l’artillerie avant de passer dans l’aéronautique militaire en 1913. Ce pilote sert dans le bombardement puis dans la chasse durant la Première Guerre mondiale et remporte sept victoires aériennes homologuées. Après-guerre, il prend la tête de l’aéronautique militaire française en Algérie puis au Maroc et accompli une série de raids aériens à destination de l’Afrique. En 1933, Vuillemin est nommé général de brigade aérienne et conduit la « Croisière noire » au-dessus du Sahara, de l’Afrique occidentale française et de l’Afrique équatoriale française. Appelé aux fonctions de chef d’état-major général de l’armée de l’Air en février 1938, il occupe aussi les fonctions de vice-président du Conseil supérieur de l’Air. Il effectue la même année une visite officielle en Allemagne lui permettant de mesurer l’avance de la Luftwaffe allemande sur son homologue française. Accédant au rang de général d’armée aérienne en 1939, Vuillemin est inspecteur général de la défense aérienne. Il assure le commandement en chef des forces aériennes françaises durant la « Drôle de guerre » et la « Bataille de France » jusqu’à l’armistice de juin 1940. Sa gestion de l’armée de l’Air est critiquée, notamment par le général Gamelin, et Vuillemin est placé en congé du personnel navigant fin 1940.
-
[27]
La République démocratique d’Azerbaïdjan est intégrée de force à l’URSS le 28 avril 1920. Le même jour est fondée la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan.
-
[28]
Les raffineries sont concentrées à Bakou dans la « ville noire » (1 800 m sur 1 800 m) et dans la « ville blanche » (3 800 m sur 600 m).
-
[29]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[30]
SHD, 1 D 33, Plan RIP. Attaque de l’industrie pétrolière russe, avril 1940.
-
[31]
En 1922 les Tchétchènes constituent la région autonome de Tchétchénie. Celle-ci est incorporée en 1936 dans la République socialiste soviétique autonome de Tchétchénie-Ingouchie.
-
[32]
Pouvant s’écrire aussi Batoumi ou Batumi.
-
[33]
Après la chute en 1917 du régime impérial en Russie qui est désormais gouvernée par le régime bolchévique, la République démocratique de Géorgie est fondée en 1918. Celle-ci est envahie par l’armée rouge le 15 février 1921 et perd son indépendance. Dix jours plus tard est proclamée la République socialiste soviétique de Géorgie.
-
[34]
Lors de son entrée en service en 1907, cet oléoduc constitue le plus long réseau de transport par canalisation au monde. Un nouvel oléoduc suivant un tracé similaire est posé entre 1928 et 1930. Il fournit un débit atteignant jusqu’à 750 000 tonnes par an grâce à treize stations de pompage.
-
[35]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[36]
Trois facteurs sont à prendre en compte : le faible débit des chemins de fer russes, les distances à parcourir sur les voies navigables de la Volga, la flotte danubienne ne peut transporter plus que la part de la production roumaine réservée à l’Allemagne.
-
[37]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[38]
Ibidem.
-
[39]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[40]
SHD, 27 N 9, Le pétrole russe – Bakou, 30 janvier 1940.
-
[41]
Marc Ferro, Histoire de France, Paris, Odile Jacob, 2001, p. 367.
-
[42]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940.
-
[43]
En obtenant de l’URSS un contingent de pétrole prélevé sur les ressources réservées à la consommation soviétique. En exigeant de la Roumanie la fourniture de quantités plus importantes de pétrole roumain.
-
[44]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940, p. 6.
-
[45]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940, p. 7.
-
[46]
Celles-ci semblent mieux adaptées que les troupes françaises ou britanniques au caractère montagneux du terrain d’opération.
-
[47]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940, p. 12.
-
[48]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces terrestres, Grand quartier général, État-major général, 3e Bureau, Étude sur une action destinée à priver l’Allemagne et l’URSS des ressources en pétrole du Caucase, le 22 février 1940, p. 12.
-
[49]
Arnaud Teyssier, « Le général Vuillemin : un haut responsable militaire face au danger allemand (1938-1939) », Revue historique des armées, juin 1987, n° 167, pp. 104-113.
-
[50]
Cité par Eugène Angot Eugène, de René Lavergne, Le Général Vuillemin. Une figure légendaire de l’aviation française de 1914 à 1940, Paris-Genève, La Palatine, 1965, p. 198.
-
[51]
Henri Jeauneaud (1892-1976) est un officier de l’armée de l’Air. Aviateur durant la guerre de 1914-1918, il est nommé en 1936 chef du cabinet militaire du ministre de l’Air Pierre Cot. Devenu général de brigade aérienne, Jeauneaud est promu fin 1936 sous-chef de l’État-major de l’armée de l’air. Accédant au rang de général de corps aérien en janvier 1940, il est désigné commandant les Forces aériennes françaises en Orient méditerranéen. Mis ensuite en congé du personnel navigant, Jeauneaud quitte l’armée d’active fin 1941 puis adhère au Parti populaire français (PPF). Il fait paraître ses mémoires en 1959 sous le titre De Verdun à Dien-Bien-Phu puis, en 1974, Le Drame de l’armée de l’Air.
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[52]
Maxime Weygand (1867-1965) est un officier de l’armée de Terre. Saint-Cyrien, il débute la guerre en 1914 comme lieutenant-colonel. Promu général de brigade en 1916, Weygand est deux ans plus tard major général des armées alliées. Conseiller technique de la mission franco-anglaise en Pologne en 1920, il devient général d’armée en 1923. Après avoir été haut-commissaire de la République en Syrie et au Liban, Weygand revient en France. Vice-président du Conseil supérieur de la guerre, il se retire en 1935. Weygand est rappelé en août 1939 par Daladier pour diriger les armées françaises du Moyen-Orient. Le 19 mai 1940, il est nommé par Reynaud à la tête des armées françaises en remplacement du général Gamelin. Le 17 juin, Weygand devient ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Pétain et soutient le projet d’un armistice. Trois mois plus tard, il est Délégué général en Afrique française et prend contact avec les Américains. Relevé par Pétain de son commandement fin 1941, Weygand est arrêté par les Allemands en novembre 1942 pour être déporté en Autriche jusqu’en mai 1945. Libéré par les Américains, il est arrêté à son retour en France et interné une année. Jugé pour son attitude en 1940 et accusé de haute trahison, Weygand bénéficie d’un non-lieu en 1948.
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[53]
En français : « maréchal de l’air ».
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[54]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef du théâtre d’opérations de Méditerranée orientale, Le général, le 7 mars 1940.
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[55]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940, p. 1.
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[56]
En français : « escadrons ».
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[57]
Afin de déterminer les possibilités et les délais d’aménagement de six à huit terrains pour bombardiers lourds dans la région de Mossoul-Kirkouk (Irak).
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[58]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940, p. 2.
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[59]
Ibidem.
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[60]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940.
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[61]
L’attaque à l’extraction du pétrole est écartée car les installations dans ce cas présentent une surface trop réduite en plus d’être dispersées.
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[62]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940, p. 5.
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[63]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef des forces aériennes, État-major général, 3e Bureau, Grand quartier général aérien, le 9 mars 1940, p. 5.
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[64]
Il s’agirait de détruire les raffineries de Bakou avec trois groupes de bombardement en un délai de dix à douze semaines. Pour s’opposer au transport du pétrole brut de Bakou vers les autres raffineries, il faudrait harceler les ports de Bakou, Batoum, Poti ; couper les voies ferrées Bakou-Grozny-Rostov, Bakou-Batoum, Batoum-Poti-Touapse ; couper le pipe-line Bakou-Batoum.
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[65]
Ces terrains sont situés près des villes de Djabekir, Trebizonde et Erzeroum.
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[66]
Ces travaux concerneraient l’aménagement, l’équipement et le ravitaillement.
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[67]
Or l’État-major général de la Défense nationale ne dispose pas de renseignement sur la météorologie du Caucase.
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[68]
Il n’y a pas de renseignement sur la présence éventuelle d’un système de guet électromagnétique.
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[69]
La découverte de nuit des objectifs de Bakou et de Batoum pour obtenir de derniers renseignements semble possible.
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[70]
Paul Reynaud (1878-1966) est un homme politique français. Élu député avec le Bloc national en 1919, il siège de nouveau à l’Assemblée nationale de 1928 à 1940. Membre du parti de l’Alliance démocratique, Paul Reynaud est plusieurs fois ministre sous la Troisième République de 1928 à 1932 et de 1938 à 1940 en occupant les portefeuilles des Finances, des Colonies et de la Justice. Le 21 mars 1940, il est nommé président du Conseil. Reynaud consolide l’alliance avec l’Angleterre. Devenu aussi le 18 mai 1940 ministre de la Défense nationale et de la Guerre, il s’adjoint le maréchal Pétain comme vice-président du Conseil et le général de Gaulle comme sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et de la guerre. Reynaud démissionne le 16 juin 1940 après que le président de la République Albert Lebrun ait refusé son projet de continuer la lutte depuis les colonies. Il est emprisonné en septembre 1940 sur ordre du régime de Vichy. En novembre 1942, Reynaud est remis aux autorités allemandes qui le déportent en Allemagne puis en Autriche. Libéré en mai 1945, il est député de 1946 à 1962 et devient d’un des défenseurs de l’unité européenne.
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[71]
René Girault, « Les relations franco-soviétiques après septembre 1939 », Cahiers du monde russe et soviétique, janvier-mars 1976, vol. XVII, pp. 27-42.
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[72]
SHD, 1 D 33, Plan RIP. Attaque de l’industrie pétrolière russe, avril 1940.
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[73]
Le texte introductif présentant la série de photographies précise : « La première vue est prise dans la direction perpendiculaire à la Mer Caspienne, les autres en faisant tourner l’appareil de gauche à droite, par rapport à l’opérateur. »
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[74]
SHD, 27 N 9, Grand quartier général, le général commandant en chef, chef d’état-major général de la Défense nationale, commandant en chef les forces terrestres, Attaque aérienne du pétrole du Caucase, le 6 avril 1940, p. 1.
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[75]
SHD, 27 N 9, Grand quartier général, le général commandant en chef, chef d’état-major général de la Défense nationale, commandant en chef les forces terrestres, Attaque aérienne du pétrole du Caucase, le 6 avril 1940, p. 2.
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[76]
Les accords antérieurs entre la France et la Turquie restent toujours valables pour cette voie ferrée.
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[77]
Sous réserve que le matériel de voie ferrée et les approvisionnements arrivent sans retard.
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[78]
SHD, 27 N 9, Commandement en chef du théâtre d’opérations de Méditerranée orientale, État-major, 3e Bureau, le 17 avril 1940, pp. 3-4.
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[79]
Tableau tiré de Patrice Buffotot, « Le projet de bombardement des pétroles soviétiques du Caucase en 1940. Un exemple des projets alliés pendant la Drôle de Guerre », Revue historique des armées, 4e trimestre 1979, n° 137, p. 93.
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[80]
De construction française, le Lioré et Olivier 45 effectue son premier vol en janvier 1937. Commandé en série et fabriqué à plus de 500 exemplaires, cet appareil monoplan bimoteur connaît plusieurs versions. Il entre en service au sein de l’armée de l’Air française en 1939 et sert comme bombardier moyen ou avion de transport. L’équipage comprend quatre personnels : pilote, navigateur-bombardier, mitrailleur ventral, opérateur radio-mitrailleur. Durant la « Bataille de France », des LeO 45 réalisent des bombardements de nuit sur les colonnes blindées allemandes. Après la défaite française de 1940, cet avion participe au sein de l’armée de l’Air d’armistice à la campagne de Syrie en 1941. Sa carrière opérationnelle s’achève en septembre 1943.
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[81]
De construction américaine, le Glenn-Martin 167 effectue son premier vol en 1939. Construit à 450 exemplaires, cet appareil sert comme bombardier léger ou avion de reconnaissance. Il équipe principalement la Royal Air Force sous la désignation de « Maryland » et l’armée de l’Air française à partir de janvier 1940 sous la dénomination Glenn-Martin 167F (F pour France). Après le début de l’invasion de la France, des Glenn-Martin 167F sont utilisés pour bombarder les troupes de la Wehrmacht et les navires de la Kriegsmarine. L’armée de l’Air d’armistice recourt à cet appareil pour des missions de reconnaissance en Afrique du Nord et dans le détroit de Gibraltar. Des équipages appartenant au camp adverse, les Forces aériennes françaises libres (FAFL), volent aussi sur cet avion qui est retiré du service en 1945.
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[82]
De construction française, le Farman F.220 vole pour la première fois en 1932. Construit en 70 exemplaires, ce bombardier quadrimoteur d’un poids à pleine charge de presque 20 tonnes nécessite un équipage de cinq à sept personnes. Il connaît plusieurs versions, dont la F.221 qui est la première à être dotée de deux postes de mitrailleurs. Le Farman F.221 entre en service en 1936 et compte seulement dix unités. Un Farman F.223 piloté par le capitaine de corvette Henri-Laurent Daillière bombarde Berlin durant la nuit du 7 au 8 juin 1940. Rapidement dépassés, les Farman sont retirés du service en 1942.
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[83]
De construction britannique, le Bristol 149 Blenheim IV vole pour la première fois en 1937. Construit à presque 4 000 exemplaires, ce bombardier léger bimoteur triplace entre en service dans la RAF en mars 1939 et équipe un total de quatorze pays. Outre le Royaume-Uni, cet appareil équipe aussi l’Afrique du Sud, l’Australie, le Canada, la Finlande, la France, la Grèce, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, la Roumanie, la Suède, la Turquie et la Yougoslavie. Le Bristol 149 Blenheim IV est utilisé durant la Seconde Guerre mondiale principalement par la RAF pour des missions de bombardement et de reconnaissance côtière sur la Manche et le continent en 1940-1941. Cet avion réalise le 3 septembre 1939 la première sortie de guerre de la RAF durant le conflit de 1939-1945 en effectuant une mission de reconnaissance au-dessus de l’Allemagne. Ces équipages essaient en mai 1940 de ralentir les colonnes blindées allemandes. Un groupe de bombardement des FAFL est doté de cet appareil en Afrique du Nord.
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[84]
Christian-Jacques Ehrengardt, « Objectif Bakou », octobre-novembre 1999, Aéro Journal n° 9, p 56.
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[85]
Paul Reynaud, Mémoires, vol. IV : Envers et contre tous (7 mars 1936 – 16 juin 1940), Paris, Flammarion, 1963.
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[86]
Pierre Le Goyet, La Défaite : 10 mai – 25 juin 1940, Paris, Économica, 1990.
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[87]
La rapidité de la victoire allemande permet au Troisième Reich de s’emparer en France des très gros dépôts d’essence et de leurs centaines de milliers de barils. De plus, les raffineries françaises sont démontées et envoyées outre-Rhin.
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[88]
Premier régime politique française qui réussit à s’imposer dans la durée depuis 1789, la troisième République est proclamée le 4 septembre 1870 deux jours après la défaite des armées à Sedan et la capture de l’empereur Napoléon III. Ayant duré 69 années, c’est à ce jour le plus long des gouvernements républicains français.
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[89]
L’appellation actuelle est « Wargame ».
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[90]
Patrick Facon, « Les Kriegspiekl de l’armée de l’Air en 1939 », Armées d’aujourd’hui, mai 2000, n° 250, pp. 81-83.
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[91]
Général Gamelin, Servir, vol. III : La Guerre (septembre 1939 – 19 mai 1940), Paris, Plon, p. 211.
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[92]
De son vrai nom Guillaume Jean Max Chassin (1902-1970), cet officier sert d’abord dans la Marine dont l’aviation maritime à partir de 1925. Après avoir rejoint l’armée de l’Air en 1935, il devient commandant d’escadrille en Tunisie. Après la défaite, Chassin combat dans l’armée de l’Air d’armistice jusqu’en novembre 1942 et conduit l’amiral Darlan à Alger. Après s’être mis en liaison avec le Comité d’action de la Résistance, il commande une escadre de bombardement en Sardaigne en 1944. Devenu général de brigade aérienne en 1946, Chassin publie l’année suivante une Histoire militaire de la Seconde Guerre mondiale. Commandant de l’Air en Extrême-Orient de 1951 à 1953, il devient trois ans plus tard commandant des forces aériennes de Centre-Europe. Accédant au rang de général d’armée aérienne en 1957, Chassin est placé en congé l’année suivante. Il se consacre ensuite à la rédaction d’article et d’ouvrages de stratégie aérienne.
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[93]
Lionel-Max Chassin, « Un plan grandiose : l’attaque des pétroles du Caucase, en 1940 », Forces aériennes françaises, décembre 1961, n° 176, pp. 821-849.
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[94]
Henri Michel, La Seconde Guerre mondiale, t. I : Les Succès de l’Axe (septembre 1939 – janvier 1943), Paris, Puf, 1968, p. 68.
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[95]
Laurent Boris, La Guerre totale à l’Est. Nouvelles perspectives sur la guerre germano-soviétique, Paris, Nouveau Monde éditions, 2014.
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[96]
Cet oléoduc est rétabli après la fin de la Seconde Guerre mondiale.