Couverture de GMCC_260

Article de revue

Le début de la guerre terroriste en Algérie, les attentats de la toussaint, 1954

Pages 79 à 92

Notes

  • [1]
    Messali Hadj, Mémoires, Paris, éd. Lattes, 1982, p. 28.
  • [2]
    Ali Haroun, « Messali Hadj de L’Étoile Nord-Africaine au MNA », Réflexions, in Messali Hadj, 1898-1998, Parcours et témoignages, coll. « Réflexions », Alger, Casbah Éditions, 1998, p. 6.
  • [3]
    Mohamed Harbi, Aux origines du Front de Libération nationale, Paris, éd. C. Bourgeois, 1978, p. 101.
  • [4]
    Jean-Charles Jauffret (dir.), La Guerre d’Algérie par les documents, Vincennes, SHAT, 1998.
  • [5]
    Djanina Messali-Boukelfat, Une vie partagée avec Messali Hadj, mon père, Paris, éd. Riveneuve, 2013, p. 206.
  • [6]
    Mohamed Harbi, Le FLN…, op. cit, p. 143.
  • [7]
    Jean-Pierre Rioux (dir.), La Guerre d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, p. 19.
  • [8]
    Patrick Evenou et Jean Planchais, La Guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 1989, p. 71.
  • [9]
    Mohamed Harbi, Aux origines, ibid., p. 149.
  • [10]
    Ibid.
  • [11]
    Messali Hadj, La Voix du Peuple, octobre 1959.
  • [12]
    Ali Haroun, La 7e Wilaya. La guerre du FLN en France, 1945-1958, Paris, Seuil 1986, p. 254.
  • [13]
    Aix-en-Provence, Centre de documentation historique sur l’Algérie (CDHA), Colonel Schoen, Rapport politique, novembre 1954.
  • [14]
    Ali Haroun, op. cit., p. 259.
  • [15]
    Messali Hadj au Congrès de Hornu, in Mohamed Harbi, Aux Origines…, op. cit., p. 105.
  • [16]
    Article in La Nation Algérienne, 8 octobre 1956.
  • [17]
    Messali Hadj, cité par Mohamed Harbi, Aux origines…, p. 181.
  • [18]
    Messali Hadj, in La Nation Algérienne, 6-8 octobre 1954.
  • [19]
    Jacques Valette, La Guerre d’Algérie des messalistes, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 21 et pp. 79-84. Sur le rôle de la section PCI aux usines Renault de Boulogne-Billancourt (3 000 ouvriers algériens), Benjamin Stora, « Ils venaient d’Algérie », L’immigration algérienne en France, 1912-1992, Paris, Fayard, 1994, p. 159.
  • [20]
    Guerre d’Algérie par les documents, II, op. cit., p. 138.
  • [21]
    Ali Haroun, Messali Hadj, op. cit., n. 2, pp. 22-23. Mohamed Saïd, né en 1911 dans la commune de Fort national, caporal au 9e RTA, travailleur volontaire en Allemagne, engagé dans la Légion tricolore, revenu comme agent secret allemand en 1943, arrêté en août 1943 et condamné aux travaux forcés à perpétuité, libéré en 1954, Le Monde, 21 janvier 1960.
  • [22]
    Guerre d’Algérie par les documents, t. II, op. cit., p. 150.
  • [23]
    Ibid., t. II, p. 132 ; Mohamed Yousfi, Le Complot… Algérie, 1950-1954, ENAL, 1986, p. 151.
  • [24]
    Mohamed Yousfi, op. cit., p. 142 ; Mohamed Harbi, op. cit., p. 127.
  • [25]
    Guerre d’Algérie par les documents, t. II, op. cit., p. 84.
  • [26]
    Guerre d’Algérie par les documents, t. II, op. cit., p. 84.
  • [27]
    Ibid., pp. 197-200.
  • [28]
    Ibid., p. 367.
  • [29]
    Ibid., p. 372.
  • [30]
    Mohamed Harbi, op. cit., p. 52.
  • [31]
    Ibid., p. 198.
  • [32]
    Hamdani, op. cit., p. 49.
  • [33]
    Jean Vaujour, De la révolte à la révolution : Aux premiers jours de la guerre d’Algérie, Paris, A. Michel, 1985, p. 161.
  • [34]
    Hamdani, op. cit., pp. 126-127.
  • [35]
    Roger Le Doussal, Commissaire en Algérie, Paris, éd. Riveneuve, 2011, pp. 163 sq.
  • [36]
    Messali Hadj, « Mémoire à la Ligue arabe », 1959, in Parcours, n° 10, Alger, Kasbah éditions, pp. 22-23.
  • [37]
    R. Le Doussal, op. cit., p. 169.
  • [38]
    Aix-en-Provence, CDHA, Colonel Schoen, Rapport politique, octobre 1954.
  • [39]
    Jean Vaujour, op. cit., p. 145.
  • [40]
    Militaires et guérilla dans la guerre d’Algérie, Bruxelles, Complexe, 2001, p. 432.
  • [41]
    Jean Vaujour, op. cit., p. 152.
  • [42]
    Ibid., p. 72.
  • [43]
    Ibid., pp. 151-155.
  • [44]
    Ibid., p. 152 ; Claude Paillat, La Liquidation, 1954-1962, Paris, R. Laffont, 1972, p. 131.
  • [45]
    La Guerre d’Algérie par les documents, t. II, op. cit., p. 520.
  • [46]
    Aix-en-Provence, CDHA, Colonel Schoen, Rapport politique, mai 1954.
  • [47]
    Gouverneur général au ministre, novembre 1954, in Jean Vaujour, op. cit., p. 152.
  • [48]
    Pierre Mendès-France, Assemblée nationale, 6 novembre 1954, in Le Figaro, 9 novembre 1954.

1 Une guerre d’une forme nouvelle débute. Des attentats se produisent sur l’ensemble du territoire algérien. Leur interprétation fut alors des plus limitée. On n’y vit que la concrétisation d’un mouvement séparatiste connu, né de l’action idéologique d’un leader musulman, Messali. Peu d’observateurs comprirent alors qu’une vraie guerre commençait, qu’elle durerait et ne s’achèverait que par le dégagement des Français.

Messali et le nationalisme algérien

Depuis plus de trente ans, il popularisait l’idée nationale

2 Sa personnalité est caractéristique de l’évolution de la société urbaine algérienne. Par sa famille, il appartenait à une famille de la ville de Tlemcen, venue du Proche-Orient après la conquête turque, son nom en rappelait les origines : Mossoul. Son père lui avait imposé de faire des études françaises, car il lui serait facile « de se créer une petite situation ». Il le souhaitait, écrivit-il, car « je voulais apprendre le français, connaître la vie, les mœurs et les habitudes de ceux qui étaient venus chez nous [1] » Le service militaire lui permit de découvrir la France entre 1918 et 1920, avant qu’il ne s’installe dans ce pays en 1923.

3 Il découvrit alors la société des travailleurs immigrés algériens. C’était une petite société de gens modestes, ouvriers, marchands ambulants, cafetiers, manutentionnaires, chauffeurs de taxi. Ils vivaient chichement, économisant pour envoyer des mandats aux leurs restés au pays, où ils revenaient dès qu’ils le pouvaient.

4 Leurs contacts avec les travailleurs français étaient rares. Des émigrés fondèrent en 1924 une association, « L’Étoile Nord-Africaine », avec les encouragements d’un notable, l’Émir Khaled, un descendant d’Abd el-Kader. Messali, poussé par le Parti communiste, réussit à en prendre la présidence en 1926. Il avait été formé à l’École des cadres du Parti, à Bobigny, en novembre 1926, après avoir suivi les cours de l’école coloniale de Bobigny en 1925 [2]. Ce groupe n’était qu’une section de l’Union inter-coloniale, que soutenaient le parti communiste et la CGTU, la direction comprenait 16 communistes sur 28 membres. Son programme était simple : droit de vote et accès à l’éligibilité.

5 La déclaration du Président Wilson, en 1919, avait popularisé le thème du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Messali prenant la parole au Congrès de la « Ligue contre l’Oppression coloniale », à Bruxelles, y développa le thème de la lutte pour l’indépendance des trois pays nord-africains.

6 Il finit par se débarrasser du Parti communiste, en fondant en 1928 son propre mouvement, « La glorieuse Étoile Nord-Africaine ». Son discours variera peu, mêlant le vocabulaire marxiste et l’identité musulmane algérienne : la lutte pour l’indépendance du pays, l’Islam, et la libération sociale. Les responsables de l’Administration le jugèrent comme un ennemi de la France, refusant l’assimilation des Algériens aux Français, la naturalisation collective. Il dénonçait les troupes d’occupation et il réclamait la reconnaissance du drapeau algérien, vert et blanc, frappé d’un croissant rouge. Il reçut des soutiens dans le personnel politique de gauche, ne retenant que l’anticolonialisme comme on le découvrait à Paris dans les années 1930.

7 Jusqu’en 1954, il n’évoqua que rarement des problèmes algériens sérieux, les problèmes économiques des cultivateurs, la coexistence des Arabes et des Berbères, la communauté européenne, facteurs pourtant importants du dynamisme économique et culturel. Les Européens pourraient rester, en acceptant la nationalité algérienne et en travaillant à la prospérité de la nation algérienne.

Les poursuites, dont il fut la cible, firent beaucoup pour son prestige

8 En juin 1929, son mouvement fut dissous, mais comme on ne lui notifia pas cette dissolution dans les formes légales, il poursuivit son action. En 1934, une condamnation le frappa pour reconstitution de parti dissous, elle fut annulée en 1936. Revenu à Alger, il s’imposa le 20 août 1936 aux organisateurs d’un meeting au stade municipal pour prononcer un discours nationaliste. En mars 1937, il déclara son nouveau mouvement, le Parti du Peuple Algérien (PPA). Les autorités françaises tentèrent de le faire taire, « personnellement, écrivit Messali, je peux dire qu’à partir du 20 août 1937 jusqu’en août 1947, j’ai été totalement écarté de la scène politique par mes emprisonnements et mes nombreuses déportations [3] ».

9 Après son installation près d’Alger, en 1947, son charisme est si fort, que ses adversaires algériens parlent de culte de la personnalité. Un tract du début des années cinquante, le présente ainsi : « Un homme dont la bravoure n’a d’égal que son génie, un homme d’une audace incomparable, qui a brandi tout haut le flambeau de l’anticolonialisme. Il parle d’un peuple, du peuple algérien, du peuple opprimé. Il parle d’un peuple conquérant, de peuple oppresseur : Il parle enfin de ces libertés fondamentales que tous les hommes connaissent et auxquelles les Algériens ont droit. Les Algériens tressaillent. Debout pour la lutte, pour la liberté. Tous autour de Messali Hadj [4]. »

En 1954, Messali ne fut pas associé aux attentats

10 En 1952, il est expulsé d’Algérie et assigné à résider à Niort. Le Gouvernement avait pris cette décision en raison des nombreux incidents accompagnants ses tournées en Algérie. À peine revenu de sa « déportation à Brazzaville », il avait tenté de reprendre la direction du Parti, en s’adressant directement aux Algériens venant l’acclamer. De nombreux incidents s’en suivent. À Orléansville, il y eut même mort d’homme. Au Gouvernement général on avait estimé qu’il serait moins virulent, exilé dans une région alors d’accès difficile. La complète liberté ne lui sera rendue qu’en 1957.

11 D’après sa fille, il n’apprit les premiers attentats qu’au restaurant, à l’heure du déjeuner [5]. Par la suite, il laissa dire avoir été informé que des militants, qui lui étaient hostiles, préparaient une insurrection. Lui-même envisageait des troubles, mais au printemps 1955 seulement.

12 Son attitude reste ambiguë. Il avait toujours cherché à exercer une pression sur le Gouvernement, d’abord par les élections, comme le lui avaient conseillé quelques hommes politiques français, lors de son retour à Paris. En 1946, Azzam Pacha lui avait démontré l’intérêt d’un secours international [6]. Le 2 août 1954, le Bureau Politique avait envoyé une directive aux militants. Un vote hostile à la politique française lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU serait utile. L’année précédente, les délégués officieux du Maroc et de la Tunisie, aidés de délégués des pays arabes, avaient tenté la chose sans succès [7]. Messali y aurait été incité par son représentant officieux à New York, Bou Arafa, un agent du Néo-Destour tunisien [8]. Messali restait réticent, pour ne pas tomber sous l’influence de deux Kabyles, Krim Belkacem, qui avait pris le maquis en Kabylie, et Ben Bou Boulaïd, chef d’un réseau clandestin d’anciens de l’Organisation Spéciale dans l’Aurès [9]. Quant aux membres du Comité central d’Alger, ils ne voulaient pas de guerre précoce, leur secrétaire général, Lahouel, chercha même à en faire reporter la date, quand il l’eut apprise [10].

13 Messali, depuis son exil, s’occupe surtout de reconstituer le Service de Sécurité, pour protéger dirigeants et militants de la Métropole de la police. En 1950, il n’avait accepté l’O. S. (Organisation Spéciale) que pour liquider les individus gênants et non comme un instrument de guérilla [11]. Il n’accepta le recours au terrorisme qu’en décembre 1954 après l’assassinat d’un policier sympathisant, Chenouf, par des hommes du choc du FLN. Il voulait détourner ses militants de passer à ce parti, et de fuir le parti qu’il venait de lancer, le Mouvement National Algérien [12].

14 Dans les mois suivants, nombreux furent les militants, privés d’informations, croyant que tous les combattants du FLN étaient fidèles à Messali [13]. Jusqu’en 1962, partirent de la France des hommes, des consignes et des fonds pour soutenir des maquis armés messalistes et non ceux du FLN [14].

Le parti nationaliste, parti de la violence

15 Messali s’était toujours appuyé sur un parti légal, pour sensibiliser les Musulmans algériens à ses idées. Le Parti du Peuple Algérien (PPA) avait été légalisé en 1945 et dissous par le gouvernement après les événements de Sétif en 1945. Puis, des militants messalistes avaient tenté de noyauter un parti modéré, créé par Ferhat Abbas, les « Amis du Manifeste et de la Liberté », mais ils avaient échoué à y faire adopter un programme nationaliste radical. Le PPA avait été conservé dans la clandestinité, en 1946 Messali lui donnant une couverture légale : le « Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques » (MTLD). Son programme était ainsi résumé : République algérienne, Assemblée générale Constituante algérienne.

Ce parti, inspiré de l’organisation du Parti Communiste, était une machine de combat politique

16 Il était articulé selon une hiérarchie de comités, transmettant les directives du Comité central, qui fixait la ligne politique aux cellules. Les cellules regroupaient entre 5 et 15 militants, 5 à 7 cellules constituaient un groupe, et 3 ou 4 groupes une section. L’important était la propagande. Deux journaux sensibilisaient les lecteurs, L’Algérie Libre francophone et El Manar (Le Phare) arabophone. Un réseau interne de distribution faisait circuler journaux, brochures, bulletins intérieurs comme le Bulletin de l’Éducation, des « Notes et Études » destinées aux cadres développaient les thèmes idéologiques du moment. Enfin, étaient vendus de petits fascicules sur le « Problème algérien » ou les « Atteintes aux droits de l’homme ».

17 L’objectif était de manipuler les Algériens, en dénonçant leurs insatisfactions, pour les amener à manifester contre les autorités « coloniales ». Tout était sujet à slogan : Le retour de Messali, la libération de quelques centaines de détenus politiques, les traitements injustes des fellahs, les événements politiques en Tunisie et au Maroc. Ces sujets, présentés en termes simples, nourrissaient des discours sur les marchés ou dans les mosquées après la prière du Vendredi. N’étaient rapportés aux services de sécurité qu’appels à l’union contre les Français, à la lutte contre « la répression ». Ils étaient retrouvés sur des papillons envoyés par la Poste, sur des affiches comme en 1952, sur des inscriptions au goudron sur le sol.

18 Enfin comme le Parti Communiste, le MTLD s’appuyait sur des organisations satellites : syndicats de travailleurs musulmans, associations cultuelles, groupements de commerçants.

Le caractère révolutionnaire du MTLD était évident

19 Le colonel Schoen, chef du Service des Liaisons Nord Africaines au Gouvernement Général, suivait depuis longtemps les jeux du MTLD : il le connaissait de l’intérieur. En 1952, il estimait déjà qu’« une insurrection générale était à la portée du MTLD », qu’il serait difficile de la réprimer sans se jeter dans « une guerre longue ». Messali cherchait non à « se libérer de la France » par la force « mais assurait-il à ses militants » de contraindre les grandes puissances à nous libérer de la France » [15].

20 Le parti avait conforté le prestige de Messali : Le 13 mai 1953, de grandes manifestations marquèrent la « Journée nationale de lutte contre la répression et la déportation de Messali ». Ainsi était entretenu l’espoir d’un retour en Algérie du personnage.

En 1954, ce parti était en crise, Messali depuis la France et le Comité central à Alger ayant rompu

21 Cette affaire reste complexe. Messali n’aurait pas compris, depuis son exil, que le recrutement du parti avait évolué. Des militants instruits, francisés, avaient remplacé aux responsabilités les petits cadres aux analyses simples, petits commerçants ou cultivateurs. Bien des nouveaux venus acceptaient de coopérer avec les Européens libéraux influencés par Jacques Chevallier, maire d’Alger et député. Le président du Conseil, Pierre Mendès-France venait même de lui confier le secrétariat d’État aux Forces armées. Des messalistes convaincus siégeaient au Conseil municipal d’Alger : Lahouel, secrétaire général du Comité central, était même adjoint au maire. Le Comité était devenu « réformiste ».

22 Ses membres se méfiaient de Messali. Après son retour, il aurait dû ne faire que des visites privées, il n’en fut rien. Une note de police a recueilli l’impression des membres du Comité « pour Messali seuls comptent l’action spectaculaire, les vociférations et les manifestations vertueuses d’un nationalisme primaire [16] ».

23 Une explication est peut-être plus simple que cette analyse par un conflit social. Messali n’aimait pas certains cadres supérieurs de son parti. Il leur reprochait de parler et non d’agir : « Ni compétence, ni valeur intellectuelle, ni rang social… ni parchemin quelconque ne peuvent remplacer les actions de masse ni faire quoi que ce soit en dehors d’elles [17]. » Les centralistes ridiculisaient Messali : « Ces messieurs de la Révolution haïssent les intellectuels. Maintenant nous savons pourquoi, c’est qu’ils ne le sont pas eux-mêmes… parce qu’ils n’ont pas de diplômes, cette peau d’âne qu’ils envient en leur for intérieur et que seule leur imbécillité les empêche d’avoir [18]. »

24 À Niort, Messali fut influencé par les trotskystes du « Groupe de Zimmerwald » d’un instituteur, Emmanuel Maranche. Étaient fréquentes les visites de P. Lambert, d’Yves Dechezelles (un avocat), du journaliste Jean Rous. Ils lui avaient démontré la relation nécessaire entre la lutte du peuple algérien et celle du prolétariat français contre l’État. Il devenait capable d’interpréter les grands événements contemporains : Au Viet Nam la guerre de libération avait donné l’indépendance, en Tunisie régnait une situation prérévolutionnaire, en France les grèves de l’été 1953 étaient le signe de la crise du capitalisme national. Leur formule politique était séduisante : « Pour le trotskysme, la lutte intransigeante pour l’indépendance nationale des peuples opprimés ouvre la voie à la Révolution socialiste [19]. »

25 Deux congrès matérialisèrent la rupture. En août 1954, le Comité central en tint un à Alger. On y vota la limitation des pouvoirs de Messali, privé de la faculté de choisir les membres du Comité et d’imposer sa ligne politique. Messali riposta par un autre, à Hornu (en Belgique) pour faire condamner le « réformisme » des Centralistes, et réaffirmer que l’indépendance restait l’unique objectif. Le parti devait être réorganisé en vue de la lutte armée (13 au 15 août 1954).

26 Messali, dans une « Lettre ouverte aux militants » ne put que dénoncer la bureaucratie du Comité central, son « système d’étouffement, de police, de mouchardage à l’égard de tous les militants qui osent faire la moindre critique sur la marche du parti » [20].

Violence et complot

27 Le thème de l’insurrection armée est présent dans tout le discours idéologique du parti. Par la presse, on découvre de multiples actes de violence des militants lors des élections, urnes brûlées et bureaux de vote saccagés. Les orateurs développaient sans cesse les « atrocités d’un régime » qui depuis plus d’un siècle plongeait « la population dans la misère morale et physique la plus terrible ».

Des militants se préparèrent à l’insurrection armée

28 Au début de 1939, quelques-uns fondèrent secrètement le CARNA (Comité Révolutionnaire d’Action Nord-Africaine). Pris en charge par un service allemand, ils avaient passé la frontière, et avaient gagné Wiesbaden puis Berlin. Ils n’avaient pas obtenu la ferme promesse de recevoir des armes et de l’argent pour lancer une insurrection sur les arrières français. À Alger, le Consul d’Allemagne avait évité de se compromettre. De sa prison, Messali les avait désavoués.

29 Certains militants ne renoncèrent pas. En janvier 1945, les employés musulmans des bureaux d’un régiment de Tirailleurs poussèrent les soldats à la révolte, à Maison Carrée près d’Alger. Quelques nationalistes, formés en Allemagne, furent parachutés dans le Sud Constantinois en 1944. D’autres servirent dans la Légion des Volontaires Français, comme Mohamedi Saïd, futur chef du FLN. En 1942, en France, un militant, Ahmed Khider, créa avec l’appui du Front social du Travail, une organisation de collaborateurs, l’« Union des Travailleurs Nord-Africains », pour inciter les travailleurs algériens à travailler pour les Allemands. Ainsi, le Comité central du PPA clandestin savait pouvoir compter sur quelques dizaines d’hommes résolus [21].

En 1945, Messali étant toujours éloigné, le Comité Central, est réorganisé en secret

30 Son nouvel animateur, Lamine Debaghine, fait diffuser une directive insurrectionnelle. Il demande de multiplier les coups contre les maisons forestières, les gendarmeries, les mairies. Le 14 mai 1945, une semaine après les troubles de Sétif, la liste des cibles était encore en discussion.

31 Le Comité directeur d’Algérie voulut mesurer la sensibilité des gens à un soulèvement. Déjà le 1er mai 1945, il fit une expérience dans la seule ville d’Alger, qui se traduisit par 14 morts. L’expérience devait être reprise dans toute l’Algérie à la nouvelle de la capitulation allemande. Un contrordre fut lancé, mais trop tard pour toucher les militants du Constantinois. Le 8 mai, des cortèges se formèrent aux cris de « Vive l’Algérie indépendante », « À bas le colonialisme ». Dans la région de Sétif furent massacrés 24 Européens. La propagande nationaliste allait exploiter le mythe des 450 000 morts musulmans et des atrocités de la répression. D’après le rapport du général de Gendarmerie Tubert, qui avait enquêté sur place, seulement 18 000 musulmans auraient perdu la vie.

32 Les autorités crurent en tirer un enseignement, la répression était nécessaire, le nombre des personnes arrêtées varie de 5 000 à 10 000, sans grand discernement, les chefs y échappèrent par la fuite, comme Lamine Debaghine. Les tribunaux militaires jugèrent 1 500 prévenus, 28 furent exécutés. Pendant dix ans Européens et Musulmans cultivèrent des souvenirs sanguinaires : Les relations quotidiennes dans les villes devinrent tendues et souvent agressives.

En 1947, des militants constituèrent une sorte d’armée secrète, les groupes de choc

33 Puis, le 15 février le congrès clandestin du Parti, le PPA, entérina le plan de Lamine Debaghine une structure cloisonnée, inspirée des réseaux de la Résistance française [22]. Le parti était désormais soumis à une direction militaire confiée à Mohamed ben Bella, adjudant de réserve. Le pays était divisé en « wilayates » dont les chefs seront ceux du futur FLN : Rabah Bitat, Boudiaf, Didouche Mourad, Mohamed Khider, Ben Bouaïd, Larbi Ben M’Hidi. Les combattants, articulés en demi-groupe (un chef et deux combattants), des réseaux spécialisés (comptabilité, matériel, transmissions, artificiers) donnaient l’impression d’une armée. Entre 1 000 et 1 500 hommes auraient été concernés [23].

34 Les autorités ne prirent pas la juste mesure de cette nouvelle Organisation Spéciale ou OS. En mars 1948, furent saisis sur des étudiants arrêtés des documents « préconisant la lutte armée contre le colonisateur », documents importants car l’un des porteurs était le secrétaire du groupe MTLD à l’Assemblée nationale, l’autre le président des Étudiants musulmans de Toulouse [24]. Le 3 avril 1949, un hold-up rapporta 3 millions de Fr. à l’OS (Affaire de la Poste centrale d’Oran). Il avait été commis par Mohamed Khider, par Ahmed ben Bella et par Aït Ahmed pour payer des achats d’armes. Le second allait prendre le commandement de l’OS, Khider se replia sur l’Égypte pour y lever une armée révolutionnaire algérienne et empêcher les services égyptiens de contrôler les Algériens par un « Comité de Libération du Maghreb ».

La perception d’un danger devenait sensible

35 En juillet 1948, en Kabylie dans la région d’Haussonviller la gendarmerie avait tenté de couper la « liaison entre le PPA et les maquisards ». En décembre 1948, on sut qu’un comité central, réuni sur la commune mixte de Braz, avait accepté la « priorité de l’OS [25] ». En mars 1950, l’échec de l’enlèvement d’un « traître » à Tébessa permit d’arrêter un commando [26].

36 Les preuves sont nombreuses. En mars 1950, est arrêté à Bône le « chef de l’organisation militaire et secrète », des armes et des documents sont saisis : À Oued Zenati, à Bône, à Philippeville « toute l’organisation tombe », de même qu’à Conde-Smendou, Tébessa, M’si la, Biskra. Les documents attestent de la préparation d’une « guérilla ayant pour objet l’indépendance totale du territoire algérien ». Ces instructions sont rédigées « avec une précision pouvant soutenir la comparaison avec nos règlements », ou encore des « canevas d’ordres et de comptes rendus qui paraissent empruntés à un « manuel d’instruction à l’usage des groupes de commandos ». Est découvert aussi un « réseau secret et actif » d’espionnage. Les hommes de l’OS ne se découragent pas : le 13 mars 1950, cadres et responsables se retrouvent à Alger. Lahouel leur explique les précautions à prendre [27]. Les arrestations continuent, même Ben Bella finit par tomber [28]. Les procès se multiplient : à Bône en juin 1952, procès de 135 accusés, procès de 68 autres à Blida en mars 1952, procès de 15 audiences à Constantine en juin 1951, achevé sur un verdict « sévère » [29].

37 La direction du Parti avait évité d’être compromise. Elle s’occupait « à perfectionner l’appareil clandestin du PPA » pour « donner le maximum d’efficacité à des consignes venues du Caire d’une éventuelle action directe » [30]. Dès 1953, les responsables de la Sécurité ne pouvaient ignorer cette « organisation ». Mais ces informations restaient trop vagues pour permettre une action ciblée : Trop de rapports restent imprécis, n’évoquant qu’un « vaste pan actuellement à l’étude ou en cours de réalisation touchant toute l’Afrique du Nord », ou encore « la préparation de commandos nord-africains » pour l’Algérie [31].

38 Bien avant novembre 1954, une organisation terroriste était implantée. Des caches d’armes avaient été constituées, comme celle que Ben Bella révéla à Boudiaf, au Caire, et qui contenait 30 mitraillettes, 2 postes émetteurs, des grenades et des bouchons allumeurs [32].

Le complot de 1954

39 La version officielle algérienne est simple : le 23 mars 1954, des cadres supérieurs du parti, refusant la coupure du MTLD, veulent le réunifier par la préparation de la guerre contre la France. Lahouel, le secrétaire général, les laissa faire, espérant les freiner tout en les manipulant contre les partisans fidèles à Messali. Il n’avait rien d’un guérillero, affirmant « qu’une action armée entreprise actuellement en Algérie équivaudrait à un suicide ». Il savait combien Messali était populaire dans les sections algériennes, et que les partisans de la guerre immédiate étaient en minorité car ils étaient indépendants et des centralistes et des messalistes.

40 Tout fut préparé par quelques membres de l’OS, qui constituèrent le CRUA (Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action). Cinq futurs chefs se réunissent à Alger, le 9 mai 1954, et posent les bases de cette organisation. Chacun prend en charge une région : Ben Boulaïd – l’Aurès, Rabah Bitat – le nord du Constantinois, Larbi ben M’ – l’Oranie, Didouche Mourad – l’Algérois. Krim Belkacem avait obtenu que la Kabylie fût une région à part.

41 Le principal animateur était Mohamed Boudiaf, qui militait depuis 1946. En 1947, il avait été choisi comme le responsable de la région de Sétif. Il eut à créer l’OS dans le département de Constantine. Il entra dans la clandestinité après sa condamnation à 10 ans de prison par contumace, et après la dissolution de l’OS. Il continua ses activités, en tenant l’inventaire des armes et des effectifs et en protégeant les dossiers sensibles.

42 Il était passé en France, toujours chargé de l’organisation. Il avait des contacts avec d’anciens de l’OS, formant une nébuleuse en Algérie, et indépendants du Comité central. Il voulait réunir les hauts responsables du MTLD au sein du CRUA, qui se réconcilieraient par la guerre. Il détestait Messali, qu’il dénoncerait comme un diviseur et un beau-parleur. De retour en Algérie, il gagna 22 anciens de l’OS, ces derniers réanimèrent les durs de l’OS de leur région. Ainsi un réseau clandestin couvrit le pays, exploitant la logistique et les finances des centralistes.

43 Boudiaf voulait cette insurrection. En septembre 1954, il présenta à ses camarades « le premier programme national révolutionnaire [33] ». C’était la liste des attentats de la Toussaint contre des objectifs simples : les agents de l’État, les entrepôts à incendier, les casernes et les gendarmeries à mitrailler, les poteaux télégraphiques à abattre. En trois mois, tout fut prêt. À la fin de mai 1954, la réunion des 22 remplaça la formule du CRUA par celle plus militaire du Front de Libération Nationale (FLN) : Le 29 septembre, une autre réunion décida de la date du début du terrorisme, le 1er novembre à 0 heure [34]. Un projet de tract fut rédigé, et le 24 octobre le rôle de chacun fut entre une fois précisé.

44 Les six chefs primitifs du CRUA ont précipité les choses. Peut-être ont-ils voulu prendre de vitesse la police, ou bien ont-ils tenu compte de la consigne que Bitat avait reçue de Ben Bella, à Berne : Nasser s’intéressait à cette affaire, dont les attachés militaires à Tripoli lui avaient parlé, il cherchait à s’informer, en conditionnant toute aide au début de la guerre. À Berne, Ben Bella avait annoncé que tout commencerait le 1er novembre, et qu’ils seraient les « chefs historiques » toujours consultés avant une décision importante. Le FLN devenait une machine de guerre complexe, avec trois postes spécialisés : à Boudiaf, les contacts politiques, à Aït Ahmed la propagande, à Mohamed Khider les finances. Les secteurs de guerre étaient maintenus : l’Oranie (à Ben M’Hidi), le Constantinois (Didouche Mourad), l’Aurès (Mostefa ben Boulaïd), le Constantinois (Didouche Mourad), l’Aurès (Mostefa ben Boulaïd), la Kabylie (Krim Belkacem). La hâte de passer à l’action aurait été liée aux Kabyles qui avaient formé la « base d’Alger ».

45 Messali avait su, par son fidèle Mezerna, qu’une insurrection était en préparation. Le terrorisme lui était étranger. Il avait tenté de tout freiner, en touchant la Ligue Arabe, en faisant porter ses directives à son délégué au Caire par Mezerna. Mais le major Fathi el-Dib, des services secrets égyptiens, réussit à retarder l’entrée en Égypte de Mezerna et à isoler Messali. Messali et Mezerna ne furent informés de rien, Ben Bella et Khider gardèrent le secret.

46 Le 6 novembre seulement, Messali put enfin faire connaître son refus du FLN, auquel il refusait tout caractère révolutionnaire : Il comptait que le gouvernement français ferait « droit aux aspirations de notre peuple ». Et pour mettre fin à cette explosion « il demandait aux syndicats et à la classe ouvrière de tendre « une main fraternelle au peuple algérien qui actuellement supporte une rude répression dans tout le pays ». Ce sera le signe « d’une lutte commune pour que nos deux peuples libérés de toute servitude coloniale et capitaliste marchent de l’avant vers la liberté [35] ». Cette déclaration, marquée par le marxisme familier aux conseillers trotskystes de Messali ne donnait pas une véritable explication. Messali avait bien senti le jeu des antipathies de personnes, en écrivant en 1959 qu’un un groupe d’aventuriers, en 1954, s’était « abouché avec cet organisme (le FLN) pour s’approprier les rênes de la révolution algérienne ». Il utilisait « tous les moyens mis à sa disposition par les bureaux de renseignements spéciaux égyptiens [36] ». Après le 1er novembre, le ministre de l’Intérieur donnait cette même explication.

47 Les responsables français du renseignement ne furent pas mieux informés. Un fonctionnaire de police, Roger Le Doussal, a reconnu qu’« au début de l’été rien ne nous permettait de penser que le déclenchement de l’insurrection était si proche », et « que ce serait des sécessionnistes ultra-minoritaires qui en prendraient la direction » [37]. Rien n’annonçait le début du terrorisme. En juin 1954, le colonel Schoen ne prévoyait « aucun déclenchement de troubles » aucune « mise en cause de la tranquillité publique ». En une allusion aux deux congres rivaux du MTLD, il redoutait que « les tenants de l’action directe l’emportent sur ceux de l’action légale [38] ». Vaujour n’attendait que de petits attentats isolés sans effet politique [39], à Paris le directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur, Nicolaÿ, ne voyait de risque que sur les frontières, des « débordements de fellaghas tunisiens à l’est et de Marocains à l’ouest [40] ». Nicolaÿ, ne voyait de risque que sur les frontières, des « débordements de fellaghas tunisiens à l’est et de Marocains à l’ouest [41] ». Le MTLD « paralysé par les préventions raciales et religieuses » ne préparait que son « prochain congrès ».

48 Les nombreux services de renseignement ne transmettaient que des informations imprécises. Ainsi, en septembre 1954, Vaujour fait état de clandestins « s’entraînant au combat » mais il reste dans le flou. Il ajoute même : « Le petit groupe d’activistes, qui a pris la tête d’une action clandestine, qui n’agit plus, je le souligne, dans le cadre traditionnel à partir de Messali va essayer d’embraser l’Algérie à la faveur des événements des territoires voisins. » Il annonce que des « heures graves se préparent » et qu’existent des « réseaux clandestins » [42]. À la fin de juillet 1954, il évoque « une super-clandestinité ou organisation d’action directe ». Il ignore le rôle des anciens de l’OS et ne parle que d’initiatives « d’hommes plus jeunes, non identifiés comme dangereux par les services de police [43] ».

49 Dans la semaine précédant la Toussaint, Vaujour affirme avoir communiqué au ministre d’importants renseignements. Le 22 octobre, pour garantir l’excellence de sa source, il avait même révélé à Nicolaÿ le nom de son informateur, Djillali Belhadj un ami de Messali, chargé de l’organisation militaire, et retourné lors de la purge de l’OS [44]. Le lendemain, il fait remettre de toute urgence un rapport au cabinet de François Mitterrand : Il affirme attendre « le passage à l’action directe dans le minimum de temps » par d’anciens dirigeants de l’OS ayant travaillé sous les ordres directs de Ben Bella, alors chef national de l’organisation spéciale. Il ajoute : « Des bombes seraient prêtes, à la disposition d’environ soixante éléments, tous absolument sûrs. » Il ne prévoyait qu’« un terrorisme qui opère individuellement » par des « maquisards kabyles et des fanatiques opérant seuls » [45].

50 Les projets des chefs historiques avaient transpiré mais déformés, ce n’était pas la première fois. En avril 1954, le colonel Schoen avait signalé la constitution du CRUA, mais en ne l’attribuant qu’à des hommes de l’OS, refugiés au Caire, « poussés par la Ligue Arabe ». Le 22 avril, une note des Renseignements généraux annonçait la constitution d’une structure secrète, avec un « comité d’organisation », une « organisation politique dite parallèle », appuyé par « l’appareil du parti dans la clandestinité ». Une de ses branches rassemblait « des éléments isolés d’action directe, qui ont pour mission des actes de terrorisme [46] ».

Conclusion

51 Après la Toussaint, chaque service a tenté de prouver sa clairvoyance, alors qu’aucun n’avait fourni d’informations exploitables préventivement.

52 Nul ne pouvait prévoir que débutait une guerre de huit années, le premier télégramme du Gouverneur Général au Gouvernement n’évoquait que des « incidents graves [47] ». Le 6 novembre, Mendès-France expliquait aux députés qu’ils résultaient « de réunions plus ou moins clandestines au sein du MTLD », il accusait « de jeunes activistes, pour réaliser l’unité dans le sang et dans l’action » d’avoir « devancé le mouvement qui était prévu pour le mois de janvier » [48]. Il leur promettait une réponse énergique, sans plus de précision.

53 Ces attentats n’ont pris quelque importance historique qu’en raison de l’apparition rapide d’une guerre nouvelle, la guerre terroriste, à laquelle la France n’était pas préparée.


Date de mise en ligne : 24/12/2015.

https://doi.org/10.3917/gmcc.260.0079

Notes

  • [1]
    Messali Hadj, Mémoires, Paris, éd. Lattes, 1982, p. 28.
  • [2]
    Ali Haroun, « Messali Hadj de L’Étoile Nord-Africaine au MNA », Réflexions, in Messali Hadj, 1898-1998, Parcours et témoignages, coll. « Réflexions », Alger, Casbah Éditions, 1998, p. 6.
  • [3]
    Mohamed Harbi, Aux origines du Front de Libération nationale, Paris, éd. C. Bourgeois, 1978, p. 101.
  • [4]
    Jean-Charles Jauffret (dir.), La Guerre d’Algérie par les documents, Vincennes, SHAT, 1998.
  • [5]
    Djanina Messali-Boukelfat, Une vie partagée avec Messali Hadj, mon père, Paris, éd. Riveneuve, 2013, p. 206.
  • [6]
    Mohamed Harbi, Le FLN…, op. cit, p. 143.
  • [7]
    Jean-Pierre Rioux (dir.), La Guerre d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, p. 19.
  • [8]
    Patrick Evenou et Jean Planchais, La Guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 1989, p. 71.
  • [9]
    Mohamed Harbi, Aux origines, ibid., p. 149.
  • [10]
    Ibid.
  • [11]
    Messali Hadj, La Voix du Peuple, octobre 1959.
  • [12]
    Ali Haroun, La 7e Wilaya. La guerre du FLN en France, 1945-1958, Paris, Seuil 1986, p. 254.
  • [13]
    Aix-en-Provence, Centre de documentation historique sur l’Algérie (CDHA), Colonel Schoen, Rapport politique, novembre 1954.
  • [14]
    Ali Haroun, op. cit., p. 259.
  • [15]
    Messali Hadj au Congrès de Hornu, in Mohamed Harbi, Aux Origines…, op. cit., p. 105.
  • [16]
    Article in La Nation Algérienne, 8 octobre 1956.
  • [17]
    Messali Hadj, cité par Mohamed Harbi, Aux origines…, p. 181.
  • [18]
    Messali Hadj, in La Nation Algérienne, 6-8 octobre 1954.
  • [19]
    Jacques Valette, La Guerre d’Algérie des messalistes, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 21 et pp. 79-84. Sur le rôle de la section PCI aux usines Renault de Boulogne-Billancourt (3 000 ouvriers algériens), Benjamin Stora, « Ils venaient d’Algérie », L’immigration algérienne en France, 1912-1992, Paris, Fayard, 1994, p. 159.
  • [20]
    Guerre d’Algérie par les documents, II, op. cit., p. 138.
  • [21]
    Ali Haroun, Messali Hadj, op. cit., n. 2, pp. 22-23. Mohamed Saïd, né en 1911 dans la commune de Fort national, caporal au 9e RTA, travailleur volontaire en Allemagne, engagé dans la Légion tricolore, revenu comme agent secret allemand en 1943, arrêté en août 1943 et condamné aux travaux forcés à perpétuité, libéré en 1954, Le Monde, 21 janvier 1960.
  • [22]
    Guerre d’Algérie par les documents, t. II, op. cit., p. 150.
  • [23]
    Ibid., t. II, p. 132 ; Mohamed Yousfi, Le Complot… Algérie, 1950-1954, ENAL, 1986, p. 151.
  • [24]
    Mohamed Yousfi, op. cit., p. 142 ; Mohamed Harbi, op. cit., p. 127.
  • [25]
    Guerre d’Algérie par les documents, t. II, op. cit., p. 84.
  • [26]
    Guerre d’Algérie par les documents, t. II, op. cit., p. 84.
  • [27]
    Ibid., pp. 197-200.
  • [28]
    Ibid., p. 367.
  • [29]
    Ibid., p. 372.
  • [30]
    Mohamed Harbi, op. cit., p. 52.
  • [31]
    Ibid., p. 198.
  • [32]
    Hamdani, op. cit., p. 49.
  • [33]
    Jean Vaujour, De la révolte à la révolution : Aux premiers jours de la guerre d’Algérie, Paris, A. Michel, 1985, p. 161.
  • [34]
    Hamdani, op. cit., pp. 126-127.
  • [35]
    Roger Le Doussal, Commissaire en Algérie, Paris, éd. Riveneuve, 2011, pp. 163 sq.
  • [36]
    Messali Hadj, « Mémoire à la Ligue arabe », 1959, in Parcours, n° 10, Alger, Kasbah éditions, pp. 22-23.
  • [37]
    R. Le Doussal, op. cit., p. 169.
  • [38]
    Aix-en-Provence, CDHA, Colonel Schoen, Rapport politique, octobre 1954.
  • [39]
    Jean Vaujour, op. cit., p. 145.
  • [40]
    Militaires et guérilla dans la guerre d’Algérie, Bruxelles, Complexe, 2001, p. 432.
  • [41]
    Jean Vaujour, op. cit., p. 152.
  • [42]
    Ibid., p. 72.
  • [43]
    Ibid., pp. 151-155.
  • [44]
    Ibid., p. 152 ; Claude Paillat, La Liquidation, 1954-1962, Paris, R. Laffont, 1972, p. 131.
  • [45]
    La Guerre d’Algérie par les documents, t. II, op. cit., p. 520.
  • [46]
    Aix-en-Provence, CDHA, Colonel Schoen, Rapport politique, mai 1954.
  • [47]
    Gouverneur général au ministre, novembre 1954, in Jean Vaujour, op. cit., p. 152.
  • [48]
    Pierre Mendès-France, Assemblée nationale, 6 novembre 1954, in Le Figaro, 9 novembre 1954.
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