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Article de revue

Les Conséquences de la Première Guerre mondiale sur la présence impériale austro-hongroise en Chine

Pages 7 à 18

Notes

  • [1]
    Nous souhaitons remercier notre directeur de thèse, M. Hugues Tertrais, ainsi que M.?Singaravélou, tous deux de l’Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne?; ainsi que Herr Mag. Thomas Just, directeur du Haus-, Hof- und Staatsarchiv de Vienne, et Frau Mag. Dr Monika Lehner, de l’Université de Vienne, pour leurs précieux conseils.
  • [2]
    Chan Chung Sing, Les Concessions en Chine, Paris, Puf, 1925.
  • [3]
    Österreichisches Staatsarchiv – Haus-, Hof- und Staatsarchiv (OESTA-HHSTA), Vienne, Politisches Archiv (PA) XXXVIII 323, Consulat général à Shanghai à Go?uchowski, 2 janvier 1902.
  • [4]
    En français dans le texte.
  • [5]
    Voir Viktor Ritter von Bauer, Memorandum betreffend die Gründung einer österreichischen Überseebank in China, vertraulich, Brünn, Verlag des Verfassers, 1905.
  • [6]
    En 1913 la part du commerce maritime austro-hongrois en Chine (commerce chinois compris) est de 0, 47?%, à comparer avec les 41, 75?% du Royaume-Uni, les 19, 44?% du Japon et surtout les 8, 19?% de l’Allemagne (OESTA-HHSTA, Peking 72, Rapport commercial du consulat à Tien-Tsin (Tianjin) pour l’année 1917).
  • [7]
    Ibid., Peking 67, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1909.
  • [8]
    Ibid., PA XXXVIII 323, Consulat à Shanghai à Go?uchowski, 2 janvier 1902.
  • [9]
    Ibid., Peking 67, Rapports commerciaux du consulat à Tianjin pour 1913 et pour le 2e trimestre de 1914.
  • [10]
    À titre de comparaison, l’armement allemand représente 72, 6?% des importations en Chine, contre 0, 04?% pour l’Autriche-Hongrie en 1913 (ibid., Peking 71, Rapport commercial du consulat à Shanghai pour 1914).
  • [11]
    Ibid., Peking 68, Hugo Accurti, secrétaire de la concession, au consulat, 10 janvier 1906.
  • [12]
    Ibid., MdÄ AR F63 Tientsin, Die österreichisch-ungarische Niederlassung, Rapport du consulat à Tianjin, 31 janvier 1903.
  • [13]
    Ibid., Peking 36, Traité du 27 décembre 1902 entre la Chine et l’Autriche-Hongrie sur la cession de la concession de Tianjin.
  • [14]
    «?Le gouvernement chinois a concédé le droit aux puissances dans le protocole annexé à la lettre du 16 janvier 1901, d’occuper certains points, qui devront être déterminés par un accord entre eux, en vue de maintenir la communication libre entre la capitale et la mer.?»
  • [15]
    Ce loyer représente en janvier 1903 6, 15 % des dépenses mensuelles de la concession, qui ne comprennent alors que la police, la chancellerie et le salaire des employés (OESTA-HHSTA, Ministerium des Äussern (MdÄ - Ministère des Affaires étrangères) AR F63 Tientsin, Die ö.-u. Niederlassung…, op.?cit.).
  • [16]
    Ibid., Peking 67, Das österr.-ungar. Settlement in Tientsin, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1910.
  • [17]
    Ibid., Peking 87, Médecin de frégate Necsei au commandant du détachement de marine à Beijing, 3 avril 1912.
  • [18]
    Le 5 octobre 1902 (ibid., MdÄ AR F63 Tientsin, Die ö.-u. Niederlassung…, op. cit.).
  • [19]
    Projet de captation du commerce fluvial de la ville (qui représente environ la moitié des échanges de marchandises à Tianjin) par l’aménagement d’un port à jonques?; construction d’un pont en fer de manière à faire de la concession un passage obligé entre la ville chinoise et la gare principale de la ville, etc.
  • [20]
    Le sujet est toujours en cours d’arbitrage en 1916, mais le conflit durait depuis 1902 (OESTA-HHSTA, Peking 100, H. Schumpeter, Consul à Tianjin à la légation à Beijing, 25 octobre 1916).
  • [21]
    Ibid., Peking 68, Accurti au consulat, 10 janvier 1906.
  • [22]
    Ibid., Peking 87, Miloslav Kohr, Vice-Consul à Tianjin au Ministère de la Maison impériale et royale et de l’Étranger, 10 avril 1910.
  • [23]
    L’Autriche-Hongrie se place clairement en position de victime des mesures des Alliés, selon elle contraires au droit international. Il n’est cependant pas question de mesures austro-hongroises similaires contre les intérêts de l’Entente, hormis le gel des dividendes des actionnaires français (majoritaires dans l’entreprise, à hauteur de 200?000 taëls) de la Hotung-Baugesellschaft, la société anonyme chargée de la mise en valeur de la concession (ibid., Peking 67, Massregeln der Feinde zur Vernichtung unseres Handels et Die fremden Niederlassungen in Tientsin, Rapports commerciaux du consulat pour 1915).
  • [24]
    Les exportations vers la Chine passent d’un indice 100 en 1913 à un indice 56 en 1914, les importations de 100 à 77, le commerce total de 100 à 62 (ibid., Peking 71, Rapport du consulat général à Shanghai pour 1914). Le commerce maritime entre la Chine et l’Autriche-Hongrie est anéanti en 1916, c’est-à-dire avant la déclaration de guerre de la Chine aux Empires centraux. Nous ne possédons pas les chiffres pour 1914 et 1915 (ibid., Peking 72, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1917).
  • [25]
    Entre 1914 et 1915, trois des quatre places commerciales les plus importantes (Shanghai, Tianjin et Guangzhou) voient leurs revenus douaniers baisser (seul Hankou fait exception, en raison de sa position sur le fleuve Yang Zi) (ibid., Peking 67, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1915).
  • [26]
    Les exportations d’armement austro-hongrois vers la Chine deviennent quasiment nulles, avec une baisse immédiate de 99, 24?% entre 1913 et 1914 (contre 50, 44?% seulement pour les Allemands). Le marché est complètement reconfiguré, mais les pays alliés sont touchés eux aussi comme le montre la baisse significative des importations en provenance du Japon (- 54, 78?%), de Hong-Kong (- 34, 59?%) et de Russie (- 9, 77?%). Leur place est prise par les États-Unis (+ 1?319, 85?%) et le Royaume-Uni (sans Hong-Kong?: + 662, 45?%).
  • [27]
    Voir par exemple?: OESTA-HHSTA, Peking 43, Détachement de marine à Beijing au détachement de marine à Tianjin, 5 décembre 1916.
  • [28]
    Ibid., Peking 82, Consulat à Tianjin à légation à Beijing, 8 décembre 1916.
  • [29]
    Ibid., Peking 87, Capitaine de vaisseau Makoviz, commandant de la station de Yantai, au commandant du détachement de Beijing, 21 juillet 1914 et Topsil, détachement de marine de Beijing, à la légation, 26 juillet 1914.
  • [30]
    Ibid., Peking 87, Topsil à la légation à Beijing, 5 août 1914.
  • [31]
    Ibid., Peking 87, Makoviz, commandant de la station de Qingdao, à la légation, 31 juillet 1914.
  • [32]
    Conseiller légal des armées japonaises et professeur de droit international aux écoles surpérieures de Guerre et de Marine de Tokyo, avant de devenir conseiller judiciaire sous le régime républicain en Chine (les renseignements qu’il fournit sont donnés avec toute la réserve qui s’impose).
  • [33]
    Nagao Ariga, La Chine et la Grande Guerre européenne au point de vue du droit international, Paris, A. Pedone, 1920, pp. 70-73.
  • [34]
    Pour ce paragraphe et les suivants?: OESTA-HHSTA, Peking 83, Consulat à Tianjin à la légation, 31 juillet 1917.
  • [35]
    Même source (déposition du matelot de 1re classe Edmund Richter, du détachement de marine de Tianjin, 31 juillet 1917 et consul à Tianjin à la légation, 5 août 1917).
  • [36]
    OESTA-HHSTA, Peking 83, Consul à Tianjin à la légation, 5 août 1917.
  • [37]
    Ibid., Peking 72, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1917.
  • [38]
    Ibid., Peking 83, Consul à Tianjin à la légation, 14 août 1917.

1L’ère impérialiste commence en Chine avec la guerre de l’Opium en 1839-1842, qui se solde par une victoire britannique et l’annexion de Hong-Kong. S’ensuit une longue série de traités dits « inégaux », qui octroient à certaines nations (d’abord principalement le Royaume-Uni, la France et les États-Unis) l’extraterritorialité, l’ouverture de certains ports au commerce étranger, ainsi que des droits qui ne sont sanctionnés par aucun traité, mais consacrés par l’usage (tels que la mise en place de bureaux de poste étrangers en Chine) [1].

2L’ensemble de ces privilèges, accumulés et durcis au fil des défaites militaires chinoises (en 1858 et en 1860 contre la France et la Grande-Bretagne, en 1885 contre la France, en 1895 contre le Japon), constituent des entraves de plus en plus grandes à la souveraineté chinoise, et l’Empire du Milieu est assez vite considéré comme un « empire mourant » (avec l’Empire ottoman) : un pays a priori impossible à coloniser, ou du moins sur lequel il existe un consensus pour ne pas le faire, mais sur le territoire duquel se disputent de multiples impérialismes nationaux. Le pays est ainsi découpé en zones d’influence, territoires à bail, concessions, etc.

3Ces traités ne sont pas limités aux puissances coloniales majeures. Ainsi l’Autriche-Hongrie obtient le 2 septembre 1869 [2] l’extraterritorialité en Chine en même temps que le statut de « nation la plus favorisée » ; mais elle ne possède alors qu’un commerce bilatéral très limité, et ne fait que suivre le mouvement général des nations occidentales.

L’impérialisme austro-hongrois en Chine : entre ambitions et illusions

4Ce n’est qu’à partir de la guerre des Boxers en 1900-1901 que l’Autriche-Hongrie va tenter de réellement s’implanter économiquement, militairement et politiquement en Chine, et d’y exercer un véritable impérialisme national. En effet, la marine austro-hongroise fait partie de l’alliance internationale menée par le comte von Waldersee et qui rassemble toutes les grandes puissances européennes (France, Grande-Bretagne, Russie, Italie, Allemagne, Autriche-Hongrie), ainsi que les États-Unis et le Japon.

5Vienne semble avoir décidé de se saisir de l’occasion pour réclamer sa place dans la compétition impérialiste internationale qui se joue dans l’Empire de Chine. En effet, dit le consul général à Shanghai (??) en 1902 dans une lettre au comte Go?uchowski, ministre des Affaires étrangères, l’Autriche-Hongrie n’a aucun intérêt direct, commercial ou autre, à défendre en Chine [3] ; par ailleurs le pays n’est ni une grande puissance maritime, ni une grande puissance coloniale. Cependant, ce qui obsède alors les diplomates austro-hongrois est moins la Chine pour elle-même et pour les bénéfices que pourrait par exemple retirer la Double Monarchie d’un développement plus marqué du commerce bilatéral, mais bien cette notion de « facteur de pouvoir (Machtfactor) ».

6Qu’est-ce qui fait une grande puissance en 1900 ? Suffit-il d’être incontournable en Europe par la superficie de son territoire et la densité de sa population ? Pour le comte, la réponse est claire : pour être une véritable « grande puissance (Großstaat) », il faut avoir en Chine sa « place au soleil (Platz an der Sonne) » selon l’expression consacrée depuis et utilisée pour la première fois par le chancelier du Reich allemand, Bernhard von Bülow, dans un débat au Parlement concernant l’occupation de la province chinoise du Shandong (Chantoung ??) en 1897.

7Cela est d’ailleurs très révélateur : si l’Autriche-Hongrie veut se hisser ainsi au rang de grande puissance via la Chine, alors qu’auparavant le pays n’avait aucune velléité impériale hors d’Europe, c’est d’abord pour s’affirmer face à l’Allemagne, et ne pas entretenir vis-à-vis d’elle les mêmes relations que la Bavière ou que la Saxe, c’est-à-dire être considérée comme une « quantité négligeable [4] ». L’impérialisme en Chine est donc d’abord une question de survie ou du moins de reconnaissance pour l’Empire austro-hongrois face à un Empire allemand qui désormais lui fait de l’ombre.

8Ainsi les autorités tentent plusieurs mesures : un projet, véritable serpent de mer de la politique extérieure de l’Autriche-Hongrie, de banque austro-chinoise, sur le modèle de la Deutsch-Asiatische Bank, qui ne verra cependant jamais le jour [5] ; une tentative timide d’encourager le commerce national [6] (mais, comme le disent les rapports austro-hongrois, pour qu’il puisse se développer, « le climat commercial est trop concurrenciel [7] ») ; l’utilisation de la guerre des Boxers afin de réclamer des indemnités, les finances étant l’un des leviers essentiels de l’impérialisme étranger en Chine (mais l’Autriche-Hongrie, faute de diplomate dûment accrédité, devra se faire représenter dans les négociations par un Allemand, le directeur de la Deutsch-Asiatische Bank[8]…).

9Finalement, seules les fonderies Poldi (pour un faible montant) et surtout l’entreprise tchèque Škoda accordent à la Chine des prêts assez conséquents, à la condition que ceux-ci servent à leur acheter des armes et munitions [9]. C’est le début de l’entrée assez remarquée de l’Autriche-Hongrie sur le marché de l’armement en Chine, très important, mais dominé de manière hégémonique par l’Allemagne jusqu’à la guerre mondiale [10]. Ce système de prêts et la réputation allemande dans le domaine de l’armement en Chine semblaient particulièrement prometteurs pour le commerce austro-hongrois et pour l’expansion de son impérialisme dans le pays.

La concession austro-hongroise de Tianjin (Tien-Tsin ??) : une micro-colonie

10Cependant, le centre de gravité de l’impérialisme informel austro-hongrois en Chine ne se situe ni dans le commerce ni dans la finance, mais dans le système des concessions nationales, accordées au Japon dans les ports ouverts par le protocole sino-japonais du 19 octobre 1896, et par automatisme, grâce à la fameuse clause de la « nation la plus favorisée », à toutes les nations signataires de traités « inégaux », dont l’Autriche-Hongrie.

11Il semble même que la question ait été décisive dans la décision de la Double Monarchie de participer à la répression des Boxers en Chine du Nord. Alors qu’elle ne possédait qu’une légation à Beijing (Pékin ??) et un consulat général à Shanghai, et donc aucune autorité compétente pour ce faire, les marins par elle envoyés en Chine du Nord prennent sur eux de poser des bornes-frontières pour une future concession dès la prise de Tianjin en 1900 [11]. L’administration de cette concession n’est cependant prise en main par les autorités austro-hongroises elles-mêmes qu’en août 1902 [12] et le traité cédant formellement le territoire en tant que concession à l’Empire austro-hongrois « pour toute éternité » n’est signé que le 27 décembre de la même année [13].

12Juridiquement, le territoire où se situe la concession relève de la souveraineté chinoise ; cependant les pouvoirs attribués aux autorités austro-hongroises, qui dans l’esprit du traité devaient se limiter à l’administration municipale d’un territoire chinois pour le commerce et la résidence paisible des étrangers, sont assez extensifs. En effet, Tianjin fait partie de ces points d’occupation concernés par l’article 9 du protocole de 1901 [14] (qui fait office de traité de paix après la guerre des Boxers), où les puissances signataires peuvent stationner des troupes. Le statut spécial de la ville fait des concessions étrangères de véritables micro-colonies : les pouvoirs accordés par la Chine aux autorités impériales et royales sur le territoire ne sont limités que théoriquement, la seule contrepartie étant un loyer particulièrement bas [15].

13La concession est située dans un quartier ancien et comprend une population estimée à environ 35 000 habitants [16]. En 1912, et malgré un léger progrès démographique, les seuls Européens sont les employés du consulat et de la concession, ainsi que les marins [17]. Les pouvoirs sont éclatés entre le consulat et l’armée d’une part, un « conseil municipal chinois [18] » – rassemblant les notables et a entre autres compétence pour la levée et la fixation du montant des impôts – d’autre part, et enfin un « secrétariat » confié à un Italien de Fiume (Hongrie), l’enseigne de vaisseau Hugo Accurti. Cette organisation, due en grande partie au pragmatisme des autorités face à la situation démographique de la concession en 1902, est cependant unique en Chine. Il est à noter que d’autres concessions, et notamment les deux des Allemands à Tianjin et à Hankou (Hankéou ??), incluaient dans le conseil d’administration les « locataires les plus importants », et donc souvent une majorité de sujets chinois.

14Il faut enfin ajouter que malgré les projets pharaoniques d’Accurti [19] – en décalage avec les moyens financiers et diplomatiques austro-hongrois en Chine –, la complexité de la répartition des pouvoirs dans la concession – à laquelle s’ajoute le faible nombre d’Européens et de capitalistes, même étrangers, sur ce territoire –, ainsi que les échecs successifs de la diplomatie habsbourgeoise – notamment pour ce qui est du règlement des conflits frontaliers au nord avec le chemin de fer Beijing-Mukden (Moukden) [20] ou à l’est avec la concession italienne [21], ou l’établissement d’une banque austro-chinoise – incitent les autorités austro-hongroises à se retirer peu à peu.

15Le corps d’occupation de Tianjin doit être dissous dès 1910 [22], mais un effectif minimal, considéré comme nécessaire pour la sécurité de la concession, est finalement conservé. En juillet 1914 la garde de la légation comptait deux officiers et cinquante-huit hommes, le détachement naval à Tianjin seulement un officier, un médecin et dix-huit marins. De surcroît, un petit poste militaire de deux hommes est entretenu depuis 1902 à Tanggu (Takou ??), à l’embouchure du fleuve Haihe (??), soit au total 82 militaires.

Les conséquences immédiates de la Grande Guerre sur l’impérialisme austro-hongrois en Chine

16Les conséquences immédiates de la guerre sur l’impérialisme austro-hongrois naissant en Chine (le pays n’était implanté dans l’Empire du Milieu que depuis douze ans) – et ce malgré la neutralité proclamée du pays « hôte » – sont triples.

17Elles sont d’abord commerciales : la difficulté des échanges entre l’Autriche-Hongrie et la Chine par voie maritime dès 1914 ainsi que la « guerre commerciale [23] » décrétée par l’Entente contre les Empires centraux produisent un effet radical sur le commerce austro-hongrois, qui commençait à peine à prendre son essor. Par comparaison, le commerce allemand, très durement touché lui aussi, parvient à limiter les effets de cette guerre commerciale par des moyens qui ne sont pas à disposition des « nouveaux arrivants » austro-hongrois [24].

18L’impact de la guerre sur le commerce étranger est certes beaucoup plus important pour les Empires centraux, et en particulier pour l’Autriche-Hongrie, mais il est à nuancer légèrement par la baisse générale du commerce international observée dans les ports ouverts chinois et en particulier à Tianjin, afin de faire la part entre la guerre commerciale et la difficulté des échanges maritimes commerciaux entre l’étranger et la Chine du fait de la guerre [25]. Par ailleurs, le système financier monté par Škoda et Poldi avec le soutien du gouvernement de Vienne devient de facto nul et non avenu, ainsi qu’en raison des propres besoins en armements de l’Autriche-Hongrie. L’argent prêté à la Chine en 1914 (3 950 000 taëls), qui semblait devoir constituer une base solide pour l’impérialisme austro-hongrois, est ainsi perdu pour les deux entreprises [26].

19Avec la disparition de ces deux leviers importants pour toute puissance impérialiste en Chine, le commerce et la finance, l’impérialisme austro-hongrois est désormais concentré sur Tianjin. Cependant, là aussi, les autorités impériales et royales subissent des revers. La concession [27], ainsi que la gare de l’Est [28] (la principale, située sur la ligne Beijing-Mukden), sont espionnées par des forces de l’Entente. Les rapports insistent sur le fait qu’il serait nécessaire de se débarasser des espions russes sur la concession, sans qu’aucune mesure concrète ne soit prise. Quant à la gare, il est simplement conseillé aux employés et marins austro-hongrois de préférer la gare centrale de Tianjin, située sur la ligne Tianjin-Pukou (??).

20De plus, bien que l’Autriche-Hongrie maintienne un corps d’occupation sans discontinuer en Chine du Nord entre 1900 et 1917, les effectifs fondent. Dès avant l’ordre de mobilisation de la marine austro-hongroise, reçu le 27 juillet, il est prévu de ne laisser que quarante hommes à Beijing, vingt à Tianjin et deux à Tanggu, alors que la garde de la légation à Beijing compte alors 58 hommes, soit une baisse de 22, 5 % des effectifs [29].

21Après la réception de l’ordre de mobilisation, ce plan est encore durci : seuls restent en Chine du Nord les quarante hommes de Beijing, sur lesquels sont prélevés ensuite respectivement douze et deux hommes pour être envoyés à Tianjin et Tanggu le 5 août, soit une baisse réelle de moitié des effectifs totaux [30]. Dès le 31 juillet trente-deux marins austro-hongrois sont dirigés non pas vers l’Europe, mais vers la ville coloniale allemande de Qingdao (Tsing-Tao ??), qu’ils sont chargés de défendre aux côtés de leurs alliés au cas où le territoire à bail de Kiautschou (Kiao-Tchéou ??) serait attaqué par les forces de l’Entente – comme cela sera effectivement le cas de la part des Japonais et des Britanniques [31]. Par ailleurs, le 26 août, quatre cents marins austro-hongrois débarquent à Tianjin sans armes et en civil.

22Un observateur japonais, Ariga Nagao [32], décrit ces allers et venues : le 6 août, un Autrichien est surpris à la gare centrale par un agent de police chinois alors qu’il se rend à Qingdao ; le 9 septembre trois autres sont découverts dans le train Tianjin-Pukou ; le 13 septembre une dizaine sont surpris à Jinan alors qu’ils tentent de se rendre à Qingdao et dans la nuit suivante 90 autres arrivent déguisés en négociants dans le même but. Dans le dernier cas, un train spécial allemand les aurait amenés à Qingdao pendant qu’un consul austro-hongrois négociait avec les autorités chinoises à Jinan (Tsinan ??).

23À plusieurs reprises, les personnes interceptées se seraient tout simplement déclarées officiers de la marine austro-hongroise et auraient été livrées au consulat à Tianjin… à chaque fois accueillis par le consul à grands éclats de rire ! En effet, les Austro-Hongrois sont, au nom du traité de 1869, couverts par le principe d’extraterritorialité. Ces récits sont donc très plausibles [33]. Ils illustrent à la fois la difficulté dans laquelle se trouve la Chine de faire respecter sa neutralité, y compris face à l’Autriche-Hongrie, aussi bien que les suites de cet ordre de mobilisation à Qingdao dont nous avons trace dans les archives viennoises : des marins austro-hongrois ont ainsi combattu aux côtés des Allemands à Qingdao face aux forces japono-britanniques. La conséquence directe pour l’impérialisme austro-hongrois est l’affaiblissement considérable de sa présence militaire en Chine du Nord et par conséquent de ses moyens d’action. Tel est le triple effet immédiat de la guerre européenne.

Le complot Goennert contre la concession de Tianjin

24L’enjeu que représentent les concessions étrangères en Chine de manière générale et la concession austro-hongroise en particulier pendant la Première Guerre mondiale ne peut cependant être mieux illustré que par ce que les autorités de la Double Monarchie ont appelé le « complot » mené par le Hongrois Josef Goennert.

25Le 31 juillet trois matelots signalent au consulat les velléités d’un nommé Goennert d’envahir la concession, grâce à « un certain nombre d’Autrichiens, de Hongrois, aussi bien que d’étrangers [34] ». Des mesures immédiates sont prises : un tiers des policiers chinois reçoivent pour mission de garder le consulat, la caserne et le yamen (bâtiment de l’administration concessionnaire) ; tandis que les marins sont armés et dispersés dans plusieurs postes de garde.

26Dans l’après-midi, deux Japonais, interrogés sur la raison de leur présence dans la concession, prennent la fuite. Vingt personnes avec une automobile sont aussi remarquées sur l’autre rive du fleuve (la concession est située sur la rive gauche, en face de la cité chinoise). Après interrogatoire par la police chinoise, il semble que parmi eux il y ait des policiers italiens, britanniques, japonais et français. En raison de ces soupçons de liens entre le complot Goennert et les concessions de l’Entente, vingt-cinq hommes de renfort sont demandés à Beijing.

27Goennert, accompagné de trois Hongrois, réservistes insoumis venant de Beijing, tente alors d’enlever un marin autrichien qui passe par la concession britannique, mais celui-ci réussit à se réfugier dans les bâtiments du conseil municipal de l’ex-concession allemande (rétrocédée à la Chine quelques mois plus tôt). Lors de la course-poursuite, les Hongrois ont manqué le marin, mais abattu un employé chinois d’un coup de feu en plein cœur [35]. Par une bizarrerie légale, c’est un inspecteur britannique qui arrête les assassins, relâchés dans la soirée par le consul en personne, ce qui fait dire aux Austro-Hongrois que Goennert est bien un agent britannique.

28Une coopération sino-austro-hongroise est mise en place pour retrouver les comploteurs : les autorités chinoises ont aussi peu intérêt que l’Autriche-Hongrie elle-même à ce que la concession soit envahie par un groupe soutenu par les forces de l’Entente. Assez rapidement, il est établi que les quatre Hongrois se sont réfugiés dans les concessions britannique, puis italienne et enfin russe. Le véritable nombre des comploteurs serait de vingt à vingt-cinq, et comprendrait autant d’Autrichiens que de représentants de minorités nationales, dont un légionnaire polonais.

29Goennert se lance alors dans une dernière tentative : le 5 août 1917 lui et quelques acolytes se rendent directement au domicile d’Accurti, qui apprend ainsi leurs motivations : se venger d’un manque de reconnaissance de la part des officiers autrichiens, améliorer leur triste sort matériel avec la promesse de toucher cinquante dollars par mois et la perspective d’une émigration tous frais payés aux États-Unis. Goennert, qui se réclame très clairement de la Grande-Bretagne et de la France, expose son plan et estime le nombre des comploteurs à deux cents (ce qui est probablement très exagéré). Leur but est désormais d’envahir les bâtiments publics de la concession, d’y hisser le drapeau rouge et de se saisir des armes du contingent, grâce à un marin acheté pour 5 000 dollars. Goennert, qui se dit protégé par les Japonais – lesquels empêcheront toute intervention chinoise, par la force si nécessaire –, compte s’attacher Accurti en lui promettant la présidence de la future concession républicaine austro-hongroise, qui rejoindrait l’Entente, et lui propose 50 000 dollars et un passeport britannique [36].

30La dénonciation aux autorités de cette entrevue par Accurti a pour conséquence une vigilance encore accrue de la part des Austro-Hongrois et un procès où, sur la foi du témoignage du secrétaire de la concession, Goennert est condamné pour atteinte à l’ordre public, dès le lendemain 6 août.

L’entrée en guerre de la Chine aux côtés de l’entente du point de vue austro-hongrois

31Cette affaire ne comporte aucune suite diplomatique car la Chine déclare la guerre à la fois à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie le 14 août, soit moins d’une semaine après le procès. Le ministre impérial et royal à Beijing, les consuls et employés des consulats quittent la Chine assez rapidement. Trois navires de la Lloyd autrichienne, le China, le Silesia et le Bohemia, sont immédiatement saisis par les Chinois. Tous les marins austro-hongrois (à Beijing, Tianjin et Tanggu) sont internés dans des camps. Tous les employés des douanes, de la gabelle, des chemins de fer et des postes sont immédiatement licenciés. Les Autrichiens et les Hongrois perdent le privilège de l’extraterritorialité. Par ailleurs, le remboursement des indemnités dites « des Boxers » (14, 39 millions de couronnes pour l’Autriche-Hongrie, soit par mois 65, 263 couronnes, capital et intérêts, pour l’année 1917), ainsi que des prêts consentis par Škoda et les fonderies Poldi (soit 2 557 100 dollars) sont définitivement annulés [37]. En ce qui concerne la rétrocession de la concession (qui intervient le jour-même de la déclaration de guerre), nous possédons le récit du consul austro-hongrois et nous pouvons accéder au point de vue chinois à travers Ariga Nagao.

32Voici la version du commissaire des Affaires étrangères de la province métropole (Zhili ??, auj. Hebei ??) Hwang Yung-Liang, telle que donnée par Ariga Nagao. À 16 heures les autorités chinoises prennent complètement possession de la concession et y détachent des agents de police ; toutes les armes leur sont délivrées ; le drapeau chinois est hissé sur la caserne et le yamen, mais non pas sur le consulat en raison de l’opposition du consul qui veut y hisser le drapeau des Pays-Bas (auquel l’Autriche-Hongrie a confié ses intérêts en Chine) ; un compromis est trouvé : temporairement aucun drapeau ne flotte sur ce consulat.

33La version du consul, tel qu’il la livre dans son rapport à sa légation [38], est différente. À 10 h 30, affirme-t-il, il est informé par téléphone (étrangement) par le consul allemand que la Chine a déclaré la guerre à l’Autriche-Hongrie et que le délégué néerlandais arrivera à Tianjin par le train de midi. À 11 h 30 le délégué chinois vient demander la rétrocession de la concession, et la soumission du détachement de marine. Aucun accord n’ayant pu être trouvé sur les munitions, les marins les détruisent sur place. Entièrement libres de leurs mouvements, ils se rendent ensuite à Beijing en uniforme avec leur matériel. Le délégué néerlandais encourage le consul à accepter l’ultimatum des Chinois et la concession est donc rétrocédée dans les formes les plus officielles à 16 heures. De quatre à six cents policiers sont détachés dans la concession et le drapeau chinois hissé sur le yamen. Seules les espèces (deux à trois mille dollars) sont remises à la Chine, le compte en banque appartenant au consulat.

34Tous les marins arrivent à Beijing le lendemain 15 août et sont accueillis autant que possible par les autorités néerlandaises en automobile, afin d’éviter que les Chinois ne reviennent sur leur parole de les laisser en liberté. Le commandant lui-même quitte Tianjin tôt le jeudi 16 août. Ainsi se clôt la page de l’impérialisme austro-hongrois en Chine, et l’histoire de cette concession, qui deviendra par la suite le « second district spécial », afin que les Chinois puissent y conserver les conditions fiscales préférentielles instaurées sous le régime précédent.

L’unique exemple d’une autriche-hongrie coloniale : un échec en demi-teinte

35Certes, l’histoire de l’impérialisme austro-hongrois en Chine n’est pas celui d’un succès. Certes, la concession telle qu’elle a été créée en 1900 et prise en main en 1902 n’a pas donné tous les résultats escomptés, et tous les projets du secrétaire Accurti n’ont pu être mis en œuvre. Certes, l’épisode de la guerre mondiale est particulièrement révélateur de l’assise extrêmement fragile des intérêts austro-hongrois en Chine, tant commerciaux et financiers que politiques et militaires.

36Cependant, il faut se souvenir qu’au moment où la guerre éclate en Europe, l’administration austro-hongroise de la concession n’a que quinze ans. Depuis 1900 elle a bénéficié de peu de moyens. Tout était à faire, à construire, à développer. De ce point de vue, en si peu de temps (et par comparaison aux impérialismes britannique ou français par exemple, qui ont été beaucoup plus lents dans leur développement), l’Autriche-Hongrie a accompli énormément. Cet empire multinational, qui n’est ni une puissance maritime, ni une puissance impérialiste, est en phase d’expérimentation en 1902 avec la seule et unique colonie de son histoire, à Tianjin.

37Or, c’est véritablement une autre Autriche-Hongrie que l’on retrouve dans cette concession. Une Autriche-Hongrie qui n’est pas seulement un amalgame de minorités, de nationalités, diarchique, mais véritablement un microcosme. Certes, le complot de Goennert démontre un certain sentiment d’oppression de la part des marins hongrois par rapport aux officiers autrichiens, mais ce complot a aussi de fortes motivations financières. Dans la concession les Autrichiens aussi bien que les Hongrois ou que des minorités occupent des postes d’importance. Dans le même esprit, la part belle a été faite aux notables chinois dans l’administration d’un territoire qui juridiquement (du point de vue de l’Autriche-Hongrie) est malgré tout une commune austro-hongroise, appartenant à la fois à l’Empire d’Autriche et au royaume de Hongrie.

38Il suffit de se souvenir du symbole très fort d’un Italien de Fiume devenu dès 1902 inspecteur de police (donc chef de la police), puis secrétaire (c’est-à-dire le plus haut responsable administratif après le consul) de la concession. C’est le témoignage de ce secrétaire, dans un mouvement qui ne peut s’expliquer autrement que par sa loyauté envers la Double Monarchie et son empereur et roi, qui fait définitivement échouer le complot Goennert, et rend possible le procès contre lui pour atteinte à l’ordre public.

Conclusion

39Les historiens de l’impérialisme étranger en Chine placent généralement le début de son déclin en 1928 (avec la « réunification » par le Guomindang) ou dès 1921-1922 (avec la conférence de Washington). Or, cette étude, qui vise aussi à replacer la guerre mondiale dans l’histoire proprement chinoise, montre qu’elle marque le véritable tournant de la fin de l’âge d’or impérialiste. 1914 est la date où l’Europe cesse de montrer à l’opinion publique chinoise un visage uni et sévère, pour s’entredéchirer et chercher à anéantir les positions de l’autre camp sur le territoire chinois.

401917 est l’année où l’Europe prouve que le système impérialiste et concessionnaire n’est pas une fatalité, mais qu’au contraire certains États étrangers voient avec bienveillance la rétrocession de concessions qui auraient dû, selon les trois traités sanctionnant leur création (avec les Allemands à Tianjin et à Hankou, avec les Austro-Hongrois à Tianjin), être éternelles. Le déclin de l’impérialisme austro-hongrois, si brutal, après une période (1912-1913) où il commençait à fleurir en Chine et à s’implanter de manière prometteuse et durable, qui se concrétise en août 1917 par l’internement de ses marins et la rétrocession de son unique concession, participe de cela : la Première Guerre mondiale n’est pas pour la Chine qu’un événement importun et sans importance, qui ne touche que la province du Shandong dans un affrontement militaire germano-japonais, puis diplomatique sino-japonais qui durera jusqu’en 1922 ; au contraire, la Première Guerre mondiale est pour la Chine le moment du retournement et de l’espoir national suscité par une Europe qui se déchire, jusqu’en Extrême-Orient.


Date de mise en ligne : 13/01/2015

https://doi.org/10.3917/gmcc.256.0007

Notes

  • [1]
    Nous souhaitons remercier notre directeur de thèse, M. Hugues Tertrais, ainsi que M.?Singaravélou, tous deux de l’Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne?; ainsi que Herr Mag. Thomas Just, directeur du Haus-, Hof- und Staatsarchiv de Vienne, et Frau Mag. Dr Monika Lehner, de l’Université de Vienne, pour leurs précieux conseils.
  • [2]
    Chan Chung Sing, Les Concessions en Chine, Paris, Puf, 1925.
  • [3]
    Österreichisches Staatsarchiv – Haus-, Hof- und Staatsarchiv (OESTA-HHSTA), Vienne, Politisches Archiv (PA) XXXVIII 323, Consulat général à Shanghai à Go?uchowski, 2 janvier 1902.
  • [4]
    En français dans le texte.
  • [5]
    Voir Viktor Ritter von Bauer, Memorandum betreffend die Gründung einer österreichischen Überseebank in China, vertraulich, Brünn, Verlag des Verfassers, 1905.
  • [6]
    En 1913 la part du commerce maritime austro-hongrois en Chine (commerce chinois compris) est de 0, 47?%, à comparer avec les 41, 75?% du Royaume-Uni, les 19, 44?% du Japon et surtout les 8, 19?% de l’Allemagne (OESTA-HHSTA, Peking 72, Rapport commercial du consulat à Tien-Tsin (Tianjin) pour l’année 1917).
  • [7]
    Ibid., Peking 67, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1909.
  • [8]
    Ibid., PA XXXVIII 323, Consulat à Shanghai à Go?uchowski, 2 janvier 1902.
  • [9]
    Ibid., Peking 67, Rapports commerciaux du consulat à Tianjin pour 1913 et pour le 2e trimestre de 1914.
  • [10]
    À titre de comparaison, l’armement allemand représente 72, 6?% des importations en Chine, contre 0, 04?% pour l’Autriche-Hongrie en 1913 (ibid., Peking 71, Rapport commercial du consulat à Shanghai pour 1914).
  • [11]
    Ibid., Peking 68, Hugo Accurti, secrétaire de la concession, au consulat, 10 janvier 1906.
  • [12]
    Ibid., MdÄ AR F63 Tientsin, Die österreichisch-ungarische Niederlassung, Rapport du consulat à Tianjin, 31 janvier 1903.
  • [13]
    Ibid., Peking 36, Traité du 27 décembre 1902 entre la Chine et l’Autriche-Hongrie sur la cession de la concession de Tianjin.
  • [14]
    «?Le gouvernement chinois a concédé le droit aux puissances dans le protocole annexé à la lettre du 16 janvier 1901, d’occuper certains points, qui devront être déterminés par un accord entre eux, en vue de maintenir la communication libre entre la capitale et la mer.?»
  • [15]
    Ce loyer représente en janvier 1903 6, 15 % des dépenses mensuelles de la concession, qui ne comprennent alors que la police, la chancellerie et le salaire des employés (OESTA-HHSTA, Ministerium des Äussern (MdÄ - Ministère des Affaires étrangères) AR F63 Tientsin, Die ö.-u. Niederlassung…, op.?cit.).
  • [16]
    Ibid., Peking 67, Das österr.-ungar. Settlement in Tientsin, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1910.
  • [17]
    Ibid., Peking 87, Médecin de frégate Necsei au commandant du détachement de marine à Beijing, 3 avril 1912.
  • [18]
    Le 5 octobre 1902 (ibid., MdÄ AR F63 Tientsin, Die ö.-u. Niederlassung…, op. cit.).
  • [19]
    Projet de captation du commerce fluvial de la ville (qui représente environ la moitié des échanges de marchandises à Tianjin) par l’aménagement d’un port à jonques?; construction d’un pont en fer de manière à faire de la concession un passage obligé entre la ville chinoise et la gare principale de la ville, etc.
  • [20]
    Le sujet est toujours en cours d’arbitrage en 1916, mais le conflit durait depuis 1902 (OESTA-HHSTA, Peking 100, H. Schumpeter, Consul à Tianjin à la légation à Beijing, 25 octobre 1916).
  • [21]
    Ibid., Peking 68, Accurti au consulat, 10 janvier 1906.
  • [22]
    Ibid., Peking 87, Miloslav Kohr, Vice-Consul à Tianjin au Ministère de la Maison impériale et royale et de l’Étranger, 10 avril 1910.
  • [23]
    L’Autriche-Hongrie se place clairement en position de victime des mesures des Alliés, selon elle contraires au droit international. Il n’est cependant pas question de mesures austro-hongroises similaires contre les intérêts de l’Entente, hormis le gel des dividendes des actionnaires français (majoritaires dans l’entreprise, à hauteur de 200?000 taëls) de la Hotung-Baugesellschaft, la société anonyme chargée de la mise en valeur de la concession (ibid., Peking 67, Massregeln der Feinde zur Vernichtung unseres Handels et Die fremden Niederlassungen in Tientsin, Rapports commerciaux du consulat pour 1915).
  • [24]
    Les exportations vers la Chine passent d’un indice 100 en 1913 à un indice 56 en 1914, les importations de 100 à 77, le commerce total de 100 à 62 (ibid., Peking 71, Rapport du consulat général à Shanghai pour 1914). Le commerce maritime entre la Chine et l’Autriche-Hongrie est anéanti en 1916, c’est-à-dire avant la déclaration de guerre de la Chine aux Empires centraux. Nous ne possédons pas les chiffres pour 1914 et 1915 (ibid., Peking 72, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1917).
  • [25]
    Entre 1914 et 1915, trois des quatre places commerciales les plus importantes (Shanghai, Tianjin et Guangzhou) voient leurs revenus douaniers baisser (seul Hankou fait exception, en raison de sa position sur le fleuve Yang Zi) (ibid., Peking 67, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1915).
  • [26]
    Les exportations d’armement austro-hongrois vers la Chine deviennent quasiment nulles, avec une baisse immédiate de 99, 24?% entre 1913 et 1914 (contre 50, 44?% seulement pour les Allemands). Le marché est complètement reconfiguré, mais les pays alliés sont touchés eux aussi comme le montre la baisse significative des importations en provenance du Japon (- 54, 78?%), de Hong-Kong (- 34, 59?%) et de Russie (- 9, 77?%). Leur place est prise par les États-Unis (+ 1?319, 85?%) et le Royaume-Uni (sans Hong-Kong?: + 662, 45?%).
  • [27]
    Voir par exemple?: OESTA-HHSTA, Peking 43, Détachement de marine à Beijing au détachement de marine à Tianjin, 5 décembre 1916.
  • [28]
    Ibid., Peking 82, Consulat à Tianjin à légation à Beijing, 8 décembre 1916.
  • [29]
    Ibid., Peking 87, Capitaine de vaisseau Makoviz, commandant de la station de Yantai, au commandant du détachement de Beijing, 21 juillet 1914 et Topsil, détachement de marine de Beijing, à la légation, 26 juillet 1914.
  • [30]
    Ibid., Peking 87, Topsil à la légation à Beijing, 5 août 1914.
  • [31]
    Ibid., Peking 87, Makoviz, commandant de la station de Qingdao, à la légation, 31 juillet 1914.
  • [32]
    Conseiller légal des armées japonaises et professeur de droit international aux écoles surpérieures de Guerre et de Marine de Tokyo, avant de devenir conseiller judiciaire sous le régime républicain en Chine (les renseignements qu’il fournit sont donnés avec toute la réserve qui s’impose).
  • [33]
    Nagao Ariga, La Chine et la Grande Guerre européenne au point de vue du droit international, Paris, A. Pedone, 1920, pp. 70-73.
  • [34]
    Pour ce paragraphe et les suivants?: OESTA-HHSTA, Peking 83, Consulat à Tianjin à la légation, 31 juillet 1917.
  • [35]
    Même source (déposition du matelot de 1re classe Edmund Richter, du détachement de marine de Tianjin, 31 juillet 1917 et consul à Tianjin à la légation, 5 août 1917).
  • [36]
    OESTA-HHSTA, Peking 83, Consul à Tianjin à la légation, 5 août 1917.
  • [37]
    Ibid., Peking 72, Rapport commercial du consulat à Tianjin pour 1917.
  • [38]
    Ibid., Peking 83, Consul à Tianjin à la légation, 14 août 1917.

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