Notes
-
[1]
Le barrage de Génissiat sur le Rhône est inauguré le 19 janvier 1948. Les commandos de prisonniers allemands ont contribué à sa construction.
-
[2]
Alfred Sauvy, « Évaluation des besoins de l’immigration française », Population, 1re année, no 1, janvier-mars 1946, p. 91-98 ; voir dans le même numéro aussi Jean Bourgeois, « La situation démographique », p. 117-142.
-
[3]
Note du ministère du Travail non datée (AN Fontainebleau, 770810-2) citée par Grégory Philippe, « La France de la Libération et les prisonniers de guerre allemands, 1945-1948 », mémoire de master d’histoire contemporaine sous la direction de Jean-François Chanet, Université de Lille 3, 2004-2005, p. 28 ; le général Juin, chef d’état-major de la défense nationale, dans une lettre au général commandant du SHAEF en France estime les besoins français à 1 300 000 en juillet 1945, 5 juillet 1945, Service historique de la Défense, département interarmées, ministériel et interministériel (SHd-DIMI), 7 P 40 ; voir aussi la note no 8670-DPG-cab du 28 juillet 1945, dans lequel le général Buisson, directeur général des prisonniers de guerre de l’Axe, prévoit des effectifs de 1 900 000 prisonniers au 1er juillet 1946, SHd-DIMI, 29 R 1.
-
[4]
1 065 000 selon le comptage final de la Direction générale des prisonniers de l’Axe (DGPGA), le chiffre de 1 032 000 avait été au préalable retenu, cf. Général Buisson, « Historique du Service des prisonniers de guerre de l’Axe (1943-1948) », DGPGA, 1948, 387 p., dactyl, SHd-DIMI, 29 R 1, cf. p. 37, 159 et addendum sur les effectifs p. 385. Voir aussi SHd-DIMI, 29 R 5. Les archives des dépôts (série 7U 2939 à 2569) ne comprennent que peu d’éléments statistiques. Ces chiffres sont l’objet de controverses car il semble bien qu’à plusieurs reprises la DGPGA, sommée de fournir des comptages précis au gouvernement, ait procédé à des approximations.
-
[5]
Buisson, op. cit., p. 39.
-
[6]
Soit 3,1 % de la population active totale, d’après les calculs effectués par Jean-François Eck, cités par Grégory Philippe, op. cit., p. 94.
-
[7]
Note de M. Caffery, ambassadeur des États-Unis à Paris au président Bidault le 3 décembre 1946, reproduite dans Buisson, op. cit., p. 119.
-
[8]
Pour la France, les papiers de la direction des prisonniers de guerre de l’Axe sont conservés aux archives nationales dans la série F9 entreposée à Fontainebleau, art. 83 à 94 (soit 94 m linéaires), une partie résiduelle est restée dans les archives du service historique de la Défense (SHd-DIMI, 29 R 1 à 48). Les Journaux de marche et opérations (JMO) des camps et des compagnies de garde sont conservés également au SHd (7 U 2531 à 38 pour les compagnies de garde et 7 U 2539 à 2569 pour les dépôts). Plusieurs centaines de milliers de dossiers personnels élaborés par la DGPGA, ont été versés à la Wehrmacht-Auskunftsstelle [WAST] de Berlin. Quelques-uns sont encore conservés à Vincennes (29 R 25-32).
-
[9]
L’étude de base sur ce sujet est l’enquête officielle menée pendant seize années par la Wissenschaftliche Kommission für deutsche Kriegsgefangenengeschichte dirigée par Erich Maschke, Zur Geschichte der deutschen Kriegsgefangenen des Zweiten Weltkrieges, 15 tomes en 22 volumes. Sur les conditions particulières de la constitution et du travail de cette Commission, se reférer à l’étude très complète de Rüdiger Overmans, « German historiography, the war losses and the prisonners of war », dans Günter Bishop et Stephen E. Ambrose, Eisenhower and the German POW, Louisiana State University Press, 1992, p. 127-169. En français, cf. la synthèse de François Cochet, Soldats sans armes, la captivité de guerre : une approche culturelle, Bruxelles, Bruylant, 1998, 463 p.
-
[10]
Outre le mémoire très approfondi de Grégory Philippe, déjà cité, voir Philippe Boutte, Élisabeth Briend, Olivier Gilles, « Les prisonniers de guerre allemands sous autorité française (1943-1948) », mémoire de maîtrise d’histoire (Rennes 2), sous la direction de Jacqueline Sainclivier 1992, 228 p. ; Odile Dessaint, « La vie quotidienne des prisonniers de guerre allemands dans la seconde région militaire entre 1945 et 1948 », mémoire de maîtrise d’histoire (Reims), sous la direction de Maurice Vaïsse, 1996, 160 p. ; Angelika Marx, « Les prisonniers de guerre allemands en France après la Seconde Guerre mondiale : expériences de réorientation », mémoire de maîtrise (Paris III), sous la direction de Hansgerd Schulte, 1997 ; Dominique Sommier, « Les prisonniers de guerre allemands en Loir-et-Cher (1944-1949) », mémoire de maîtrise d’histoire (Tours), sous la direction de Michèle Cointet, 1992 ; Christophe Moreigne, « Prisonniers de guerre de l’Axe, Creuse et région administrative, 1944-1948 », 218 p. sous la direction d’Yves Durand.
-
[11]
Jean-Paul Louvet : site dédié aux prisonniers de guerre de l’Axe, spécialement en Bretagne, hhhhttp:// pagesperso-orange. fr/ bastas/ pga/ .
-
[12]
Henri-Claude de La Casinière, 1945-1948 : « Un million d’Allemands en France », 59 minutes, Compagnie des phares et balises et France 3, 1996.
-
[13]
James Bacque, Other Losses : An Investigation on the Mass Death of German Prisoners at the Hands of the French and Americans after World War 2, Toronto, Stoddart Publishing Co., 1989, 248 p. ; traduit en français par Catherine Ludet sous le titre : Morts pour raisons diverses, enquête sur le traitement des prisonniers de guerre allemands dans les camps américains et français à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Sand & Tchou, 1989, 323 p.
-
[14]
Günter Bishop, Stephen E. Ambrose, Eisenhower and the German Pow, op. cit. ; Arthur L. Smith, Die « Vermite Million » Zum Schicksal deutscher Kriegsgefangener nach dem Zweiten Weltkrieg, traduit de l’anglais, München, Oldenbourg, 1992, 141 p. ; Henri Rousso, « Seconde Guerre mondiale : l’invention d’un génocide », Le Monde, 27 avril 1990 ; Yves Durand, Eisenhower and the German Pow, recension publiée dans Vingtième Siècle, no 42 (avril-juin 1994), p. 138.
-
[15]
Fabien Théofilakis achève actuellement une thèse consacrée aux « prisonniers de guerre allemands, captivités en France et rapatriement en Allemagne (1944-1960) », sous la direction d’Annette Becker (cotutelle Paris X et Augsburg Universität, codirecteurs, Andreas Wirching et Henry Rousso).
-
[16]
Suivant les estimations de Kurt W. Böhme et Helmut Wolff (membres de la commission Mäschke), Aufzichnungen über die Kriegsgefangenenshaft im Westen, Verlag Ernst Werner Gieseling, Bielefield, Munich, 1973, 552 p., et Kurt W. Böhme, Die Deutsche Kriegsgefangenen in sowjetischer Hand – ein Bilanz, Munich, 1966, 474 p. Le recensement allemand de 1946 évalue à 2,7 millions le nombre d’Allemands encore captifs au 1er octobre 1946 dont 1,4 million à l’ouest et 1,3 à l’est, Sully Ledermann, « Les pertes miliaires allemandes », Population, no 2, avril-juin 1947, p. 367-368.
-
[17]
Négociations de la Chase Bank (SHAEF) commencées le 30 juin 1945 et aboutissant à l’accord franco-américain du 24 septembre, citée dans Buisson, op. cit., p. 40.
-
[18]
Buisson, op. cit., p. 221, 222 et 335 ; bilan statistique sur les effectifs des prisonniers de guerre de l’Axe. Total de décès de PGA en mains françaises répertoriés sur toute la période : 24 161 dont 18 080 en 1945, 5 112 en 1946, 1 020 en 1947 SHd/DIMI, 7 U 2531, voir aussi 29 R 36.
-
[19]
MAE, série Y, vol. 362.
-
[20]
SHd/DIMI, 39 R 10, Lettre 14e RM/DRPGA, PGA/4, no 130 du 29 septembre 1945, du commandant de la direction régionale des prisonniers de guerre de l’Axe au général Buisson, commandant général des PGA, objet : état sanitaire des PG.
-
[21]
Buisson, op. cit., p. 46 et MAE, série Y, vol. 362 et 363.
-
[22]
D’après les statistiques de la DGPGA, Buisson, op. cit., p. 110.
-
[23]
Allemagne-Autriche seulement à partir d’octobre 1945.
-
[24]
Pierre Gerbet, Le relèvement, 1944-1949, Imprimerie nationale, coll. « Politique étrangère de la France », 1991, chap. III : « Le problème allemand » rédigé par Henry Rollet, p. 99.
-
[25]
Buisson, op. cit., p. 141-163 ; Grégory Philippe, op. cit., p. 67-82.
-
[26]
Bilan général transmis par le général Buisson au ministre des Armées, no 16924/DGPG/3 du 11 décembre 1945, Archives Edmond Michelet, MA 25. Sur l’emploi dans les chantiers de déminage voir Danièle Voldman, Le déminage de la France après 1945, Paris, Odile Jacob, 1998, 184 p. (1re éd., 1985).
-
[27]
Affiche du ministère du Travail, reproduite dans Grégory Philippe, op. cit.
-
[28]
Note du 24 mars 1946 du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, direction de la main-d’œuvre. Sur l’emploi des prisonniers de guerre de l’Axe dans l’agriculture (signée Parodi), Archives Edmond Michelet, Brive, MA, dossier 25, consacré aux prisonniers de guerre de l’Axe.
-
[29]
Au 1er janvier 1947, 140 000 prisonniers ont été rapatriés pour raisons de santé, cf. Buisson, op. cit., p. 57.
-
[30]
Dont 50 200 Italiens (libérés en septembre 1945), 50 000 Autrichiens (octobre 1945), 10 000 Hongrois (mars 1946), plusieurs milliers de Roumains (libérés le 26 octobre 1945), 8 000 « Sarrois » (janvier 1947). Cf. Buisson, op. cit., p. 59 et SHd-DIMI, 29 R 5, 29 R 13, 29 R 39.
-
[31]
Le nombre des évadés a été estimé à 81 870 par la DGPGA, cf. Buisson, op. cit., p. 261 et 386.
-
[32]
Notes documentaires et études, no 659 (série internationale CLII du 3 juillet 1947 sur « Les prisonniers de guerre en France »), 8 p.
-
[33]
Chiffres réunis dans « Les prisonniers de guerre en France », Perspectives, 19 juillet 1947.
-
[34]
« Les prisonniers de guerre, d’après le service central de statistiques du ministère du Travail », note extraite de l’Évolution hebdomadaire de la situation économique publiée par l’INSEE et le Centre national d’information économique, Informations économiques, 8 février 1947.
-
[35]
Lettre de l’archevêque de la NCWC (National Catholic Welfare Conference) à l’ambassadeur de Washington, 1er mai 1946, intervention du pape le 1er juin 1946, cités par Grégory Philippe, op. cit., p. 90-91.
-
[36]
Circulaire 118 IP du service d’information et de presse du ministère des Affaires étrangères, SHd-DIMI, 29 R 5. François Cochet cite un dossier de presse du Quai d’Orsay qui va dans le même sens, « Deux poids, deux mesures, le sort des prisonniers allemands en France et celui des Français sous uniforme allemand en URSS (1945-1954) », Historiens et Géographes, no 332, p. 209-217.
-
[37]
Mémorandum du 21 août 1945, du 2 juillet 1946, appel à l’occasion des fêtes de fin d’année 1946, appel du 28 novembre 1947 adressés aux principales puissances détentrices, Catherine Rey-Schyrr, De Yalta à Diên Biên Phù, histoire du comité international de la Croix-Rouge, 1945-1955, CICR, Georg Éditions, Genève, 2007, 745 p., cf. p. 157.
-
[38]
François Cochet, « Deux poids, deux mesures », op. cit., p. 211.
-
[39]
Catherine Rey-Schyrr, op. cit., p. 276.
-
[40]
Note de M. Caffery, reproduite dans Buisson, op. cit., p. 119.
-
[41]
« Le problème de la libération des prisonniers de guerre allemands », Note de la société d’études économiques et sociales (SEES), 8 mars 1947.
-
[42]
SHd-DIMI, 4 Q 102, état-major de la Défense nationale, 4e section, fiche du 21 février 1946 au sujet de l’immigration en France de travailleurs étrangers et notamment de personnes déplacées et de travailleurs allemands.
-
[43]
Ministère des Affaires étrangères, 14 janvier 1947, réponse du gouvernement français au gouvernement américain concernant la libération des prisonniers de guerre allemands sous contrôle français, reproduite dans Buisson, op. cit., p. 121-123.
-
[44]
SHd-DIMI, 4 Q 102, état-major de la Défense nationale, 4e section, comptes rendus des séances des négociations franco-américaines au sujet du recrutement de la main-d’œuvre en zone américaine d’Allemagne.
-
[45]
No 1991 : United States of America and France, memorandum commun avec annexe résultant des négociations franco-américaines sur le rapatriement et la libération des prisonniers de guerre, paraphé à Paris les 11 et 13 mars 1947, Nations Unies, recueil des traités vol. 1952, p. 161-169, cf. § 2-E.
-
[46]
Documents diplomatiques français, 1947, vol. annexe, p. 406.
-
[47]
Note de la Société d’études économique et sociale, 24 octobre 1946.
-
[48]
Leur position est résumée dans un article de M. R. Justin dans le quotidien, Le Peuple : « 1 750 prisonniers allemands travailleront en France », 21 juillet 1945.
-
[49]
« Évaluation des besoins de l’immigration française », Population, 1re année, no 1, janvier-mars 1946, p. 91-98.
-
[50]
« La question des prisonniers », Le Monde, 18 décembre, 1946 ; « Répercussions sur l’économie française d’une libération éventuelle des prisonniers », Le Monde, 12 novembre 1946, « La question des prisonniers de guerre », Correspondance économique, 27 janvier 1947 ; Alain Girard, « Le recours à la main-d’œuvre allemande », Population, no 3, juillet-septembre 1947, p. 579-581 ; « La transformation des prisonniers de guerre en travailleurs libres », Cahiers français d’information, 1er novembre 1947 ; « Les prisonniers de guerre en France », Perspectives, 19 juillet 1947.
-
[51]
Buisson, op. cit., p. 154.
-
[52]
Circulaire ministérielle MO, 54/47 du 15 avril 1947, Buisson, op. cit., p. 155 et SHd-DIMI, 29 R 13.
-
[53]
Note du ministère du Travail, 25 juin 1948, Archives nationales, Centre de Fontainebleau, 770810/3 citée par Grégory Philippe, op. cit., p. 97.
-
[54]
Buisson, op. cit., p. 385.
-
[55]
Ibid., p. 157.
-
[56]
Grégory Philippe, op. cit., p. 97.
-
[57]
Ibid.
-
[58]
Ces chiffres ne comprennent que les PGA rapatriés par convois par les soins de la DGPGA, ils excluent donc tous ceux qui sont libérés sur place (zone d’occupation en Allemagne et Autriche), ainsi que les « allogènes » dont la libération est réalisée par les représentations diplomatiques (Buisson, op. cit., p. 240).
-
[59]
Recherches de Fabien Théofilakis, citées par Grégory Philippe, op. cit., p. 87.
-
[60]
Repris en français dans Articles et Documents du 8 juin 1948 sous le titre « Travailleurs libres en France ».
-
[61]
SHd-DIMI, 29 R 10.
-
[62]
Par exemple un article du Continental Daily Mail, « What German prisoners are doing in France », 5 octobre 1946 ou « Les prisonniers allemands en France », Gazette de Lauzanne, 25 avril 1947, SHd-DIMI, 29 R 10.
-
[63]
Le Monde illustré, 20 septembre 1947, SHd-DIMI, 29 R 10.
-
[64]
Les autorités françaises d’occupation en Allemagne organisent des sondages auprès d’anciens prisonniers de guerre revenus de captivité afin de connaître précisément l’opinion des Allemands à l’égard des Français et d’éliminer les points de désaccords, enquête de février 1947 du Sozial-psychologisches Institut de Baden-Baden, publiés en juillet 1947, SHd-DIMI, 29 R 11 étudiée par Claude d’Abzac-Epezy, « La France vue par les prisonniers de guerre allemands, 1945-1948 : préjugés, propagande, expériences vécues », Cinquième rencontre franco-allemande d’histoire militaire, Armées, soldats : regards croisés (II), Institut historique allemand de Paris, 23 mai 2008, à paraître dans les Cahiers du CEHd.
1Au début de l’année 1948, la France semble enfin sortir de la grave crise de l’après-guerre et voit s’éclaircir son horizon économique et financier. L’aide américaine promise par le plan Marshall n’est pas encore officiellement mise en place, mais le 2 janvier 1948, la signature à Paris de l’accord franco-américain sur l’aide intérimaire ouvre les perspectives d’un ravitaillement abondant en denrées alimentaires et en matières premières. Les graves difficultés énergétiques trouvent progressivement leur solution avec la reprise de la production des houillères françaises, la mise à disposition du charbon de la Sarre et les exportations de charbon polonais. La mise en eau des premiers grands barrages hydroélectriques permet de diversifier les sources d’énergie [1]. En 1948, la production agricole et industrielle repart significativement et la France entame réellement la formidable croissance que Jean Fourastié popularisera par la suite sous le nom de « Trente Glorieuses ». Cette reprise économique est néanmoins extrêmement fragile, en particulier à cause de la structure de la population active française. Au regard des immenses pertes de la Seconde Guerre mondiale, la France a pu apparaître comme relativement épargnée, pourtant, les démographes estiment en 1946 qu’elle a perdu au cours des six années de guerre près de 1 500 000 habitants dont 600 000 décès directement imputables à la guerre et à l’occupation [2]. Elle se retrouve à la Libération avec un déficit criant de travailleurs peu qualifiés qui justifie l’appel aux prisonniers de guerre allemands. Au printemps 1945, le GPRF estime que sans le travail de 1 million et demi à 2 millions de ces prisonniers pendant cinq à dix ans la France ne pourra retrouver sa prospérité [3]. Le nombre d’anciens soldats du Reich retenus par la France n’atteindra jamais ces chiffres : si près de 1 million d’hommes sont passés entre les mains des Français entre 1943 et 1948 [4], jamais plus de 870 000 hommes n’ont été détenus en même temps [5]. En novembre 1946, les prisonniers représentent 4,8 % de la population active masculine [6] ils participent activement à l’activité économique du pays et ont contribué largement à la reconstruction. Mais le gouvernement sait bien que cet appoint significatif ne peut être que provisoire. Alors que l’Europe occidentale commence à se rassembler sous l’égide des Américains dans une confrontation avec l’Union soviétique, il devient urgent pour les Occidentaux de tourner la page de la Seconde Guerre mondiale et d’envisager la reconstruction politique de l’Allemagne. Dès la fin de l’année 1946, le gouvernement français doit faire face à de nombreuses pressions afin qu’il procède au rapatriement des prisonniers de l’Axe. Le 3 décembre 1946, les Américains exigent que la majorité des captifs soit libérée pour octobre 1947 [7]. Cependant, la France va réussir à repousser cette date fatidique jusqu’à la fin de l’année 1948 et même à conserver une partie de ces prisonniers de guerre les transformant en « travailleurs libres ». Après avoir rappelé rapidement quelques données de base sur les prisonniers de l’Axe en France, nous nous attacherons à comprendre pourquoi et comment la France a insisté pour les garder jusqu’en 1948, et même au-delà, et quelles en ont été les conséquences sociales, politiques et diplomatiques.
Les prisonniers de guerre allemands et la reconstruction de l’économie française
2Avant d’étudier plus précisément le problème du rapatriement, il convient de rappeler brièvement d’où viennent ces prisonniers de guerre, comment ils étaient administrés et quel a été leur apport à l’économie française. Les archives extrêmement abondantes sur ce sujet [8] ont donné lieu à de nombreuses publications de qualité [9] et d’utiles travaux universitaires non publiés [10] ainsi que des sites internet [11] et des documentaires [12]. La publication du livre à sensation de James Bacque en 1989 [13] suscitant la mobilisation indignée de nombreux historiens a permis de faire avancer la recherche [14] et une importante étude universitaire franco-allemande devrait bientôt être achevée [15].
3Le nombre de prisonniers de guerre allemands faits pendant ou à l’issue de la Seconde Guerre mondiale est généralement estimé à plus de 10 millions. À l’issue du conflit, environ 3,3 millions se trouvent à l’Est et 7,6 millions au pouvoir des puissances occidentales [16]. L’armée américaine, totalement débordée, dut improviser dans l’urgence, libérant immédiatement sur place les civils récemment mobilisés (Volksturm) et entassant les prisonniers de guerre sur des terrains immenses, où ils étaient juste sommairement gardés, pas abrités, presque pas nourris et où la mortalité fut très importante.
4Juste après la fin des combats en Europe, les Américains, soucieux de clore au plus vite ce chapitre de la guerre, acceptèrent la demande du gouvernement provisoire de la République française de leur céder une très large part de leurs captifs [17]. Entre juin et septembre 1945 l’administration américaine céda la place à l’administration française pour tous les camps situés en France métropolitaine. Les États-Unis devaient ensuite céder encore 1 300 000 prisonniers, provenant de leurs camps d’Allemagne ou d’Amérique à raison de 100 000 par mois. Le gouvernement français espérait atteindre les effectifs de 1 750 000 prisonniers allemands, main-d’œuvre qu’il estimait nécessaire au relèvement économique. Cependant la France, en proie à d’immenses difficultés économiques, dues en grande partie à la fin du prêt-bail, se révéla vite dans l’incapacité de nourrir, d’habiller et d’héberger un tel nombre d’hommes. Suite à une terrible crise sanitaire qui toucha aussi toute la population française, le taux de mortalité des prisonniers connut un pic durant les mois de juin à octobre 1945 avec un total de près de 17 773 décès officiellement recensés [18]. Dans le cadre des relations tendues entre Paris et Washington pendant l’année 1945, les Américains accusèrent les Français de violer les Conventions de Genève et décidèrent, le 29 septembre 1945, de mettre fin à leurs transferts alors que seulement 740 000 prisonniers de guerre avaient été cédés [19]. Le GPRF, de son côté accusa les Américains de lui avoir confié des prisonniers mourant de faim [20]. La commission interalliée des réparations et le comité international de la Croix-Rouge ayant constaté des négligences dans l’intendance française, les Américains exigèrent la rétrocession de prisonniers. Suite à ces nombreuses tensions et à une activité diplomatique intense, les cessions de prisonniers américains à la France reprirent en octobre accompagnées cette fois-ci du ravitaillement correspondant [21]. Au total, par le jeu des départs et des mises en captivité nouvelles, les effectifs moyens des prisonniers en mains françaises pendant la période allant de juillet 1945 à janvier 1948 se situent autour de 600 000 hommes, le maximum de 870 000 étant atteint en octobre 1945 juste avant la rétrocession de 70 000 prisonniers aux Américains.
5Le délégué américain à la commission interalliée des réparations, Edwin A. Pauley considérait que le travail forcé devait être réservé aux criminels de guerre et aux nazis, et que l’emploi des prisonniers ne devait pas être considéré comme une réparation en nature [24]. Pourtant il ne fait aucun doute que la France est alors dans l’incapacité totale de nourrir et d’entretenir un tel nombre de captifs. L’économie du système repose donc sur leur mise au travail rapide de manière à amortir le coût de leur entretien [25]. Au début, une part importante est employée directement par l’État dans des grandes équipes de travail ou « commandos », placés sous l’autorité de l’armée de terre ou de la marine pour le déminage. Au 1er décembre 1945, sur un effectif de 724 675 prisonniers de guerre, 550 850 sont au travail dont 79 694 à disposition des services militaires. Les communes et les entreprises publiques emploient également cette main-d’œuvre pour la reconstruction ou dans les mines [26]. Mais il apparaît très vite que l’État français étant beaucoup trop pauvre pour se permettre d’être l’employeur direct de tous les PGA, le secteur privé est largement sollicité. Une vaste campagne du ministère du Travail et de la Sécurité sociale affiche le slogan « ils ont détruit ! qu’ils réparent ! » et invite tous les employeurs potentiels : « Faites relever vos ruines par ceux qui en sont responsables, faites embellir vos cités par ceux qui voulaient les détruire, faites travailler les prisonniers de guerre allemands ! » [27] Toutes les entreprises, même les toutes petites exploitations agricoles ou les artisans peuvent employer des prisonniers de guerre allemands à condition d’assurer leur transport, de pourvoir à leur entretien et à leur garde. Une lourde amende leur est infligée en cas d’évasion. Les employeurs sont tenus de verser aux directions départementales du travail et de la main-d’œuvre une « indemnité compensatrice » correspondant au montant du salaire du prisonnier. Ce salaire est identique à celui d’un Français de même qualification. À titre d’exemple, un ouvrier agricole embauché en mars 1946 coûtera à son employeur 1 200 F par mois, plus 450 F de frais de garde et 250 F de prime. Une partie des sommes ainsi récoltées est reversée au budget du ministère de la Guerre pour faire fonctionner les 121 dépôts et rémunérer les 40 000 militaires qui assurent l’administration et la garde des captifs. Le prisonnier, quant à lui, ne reçoit que la prime d’environ 250 F par mois dont la moitié est retenue par le dépôt et ne lui est remise qu’au moment de sa libération [28]. Dès lors que la majorité des PGA est employée dans l’économie privée, le système devient économiquement équilibré, voire bénéficiaire. L’intérêt économique apparaît donc comme le principal motif du maintien en captivité des PGA jusqu’en décembre 1948, bien longtemps après la fin de la guerre en Europe. Les libérations sont largement accordées à tous ceux qui sont, pour une raison ou pour une autre, jugés inaptes au travail. Les prisonniers malades, âgés et les femmes sont ainsi rapidement renvoyés en Allemagne [29] ainsi que les captifs non allemands ou « allogènes » au nombre de 130 000 [30]. La lutte contre les évasions ne semble pas avoir été menée avec beaucoup de zèle car un évadé, surtout récidiviste, finissait par coûter cher en frais de recherche et d’incarcération, même si ces frais étaient théoriquement imputés à l’employeur [31].
6Régulièrement, le service central des statistiques du ministère du Travail publie des séries concernant les prisonniers de guerre dans l’économie française [32]. Le nombre de ceux-ci commence à lentement diminuer à partir du printemps 1946. Au 1er avril 1947, il en reste 418 000 qui se répartissent de la manière suivante :
7L’appoint des prisonniers de guerre est alors essentiel dans l’agriculture (qui en emploie près 45 %), dans les mines et les chantiers de reconstruction (12 et 13 %) [34]. Leur rôle est particulièrement important dans les houillères où ils extraient 20 % environ de la production charbonnière. Le gouvernement français compte fermement sur le maintien d’une main-d’œuvre allemande le plus longtemps possible afin de parachever son relèvement économique. Ce besoin est d’autant plus criant que le gouvernement polonais décide, début 1947 de rapatrier ses ressortissants travaillant en France. Pourtant, le maintien en captivité de prisonniers de guerre suscite des réactions de plus en plus hostiles de la part des Américains et des organisations internationales.
Les pressions internationales pour libérer les prisonniers de guerre et les réponses françaises
8Ces réactions hostiles émanent de divers groupes de pression. L’Église catholique se manifeste à plusieurs reprises et le pape lui-même s’élève contre le maintien de prisonniers si longtemps après la fin de la guerre [35]. Régulièrement, la presse anglo-saxonne stigmatise la France et dénonce les conditions de la captivité [36]. Le Comité international de la Croix- Rouge lance dès le mois d’août 1945 plusieurs appels en faveur d’un rapatriement massif des soldats de l’Axe, car, selon l’esprit des Conventions de Genève de 1929, le maintien en captivité étant exclusivement justifié par le souci d’empêcher que les soldats ne reprennent les armes, les libérations doivent donc intervenir dès la fin effective des hostilités et non au moment de la signature de la paix [37]. Dans la réalité, le fait de garder de nombreux prisonniers de guerre allemands est motivé plus par des impératifs de réparations économiques et de prise de gage politique que pour des raisons d’ordre strictement militaire [38]. Lors de l’adoption des nouvelles Conventions de Genève de 1949, des modifications importantes sont apportées afin d’éviter qu’une situation semblable ne se reproduise : l’article 118 de la Convention de 1949 pose désormais comme principe que « les prisonniers de guerre seront rapatriés sans délai après la fin des hostilités actives » [39].
9Les modestes pressions du CICR et des Églises ne pèsent guère sur la politique française, fermement attachée à maintenir en France le plus longtemps possible cet appoint de main-d’œuvre. En revanche, lorsque, le 3 décembre 1946, le gouvernement américain avise officiellement le gouvernement français de son désir de voir rapatrier le plus rapidement possible et en tout cas avant octobre 1947, les prisonniers de guerre cédés par ses forces à la France [40], une sorte de panique semble agiter la classe politique et les observateurs économiques. La demande américaine, qui surprend le gouvernement français, montre que les États-Unis sont sensibles aux pressions, en particulier celles qui émanent des autorités religieuses. Souhaitant apparaître comme des champions de la liberté dans une Europe qui se divise inéluctablement en deux blocs, ils comptent bien utiliser la libération de tous les prisonniers détenus par les trois alliés occidentaux pour faire pression sur l’URSS et sur les pays de l’Est et dénoncer le sort qu’ils réservent à leurs propres prisonniers allemands. Les objectifs économiques ne sont pas absents : la demande américaine intervient au moment de la fusion des deux zones anglaise et américaine. Ce premier acte de la naissance d’une nouvelle Allemagne à l’ouest s’accompagne d’un changement de la politique économique et industrielle des Anglo-Saxons : le temps n’est plus à la désindustrialisation de l’Allemagne et la Ruhr a désormais besoin de la main-d’œuvre retenue en France pour remonter en puissance.
10La demande de restitution américaine fait l’objet de vives protestations dans la presse française, surtout la presse économique spécialisée : « L’exécution du plan de reconstruction, auquel M. Jean Monnet a attaché son nom, présuppose trois facteurs : crédits américains, importations de charbon, main-d’œuvre suffisante. Les États-Unis nous ont bien accordé des crédits, mais les livraisons de charbon allemand restent très faibles. Quant à la main-d’œuvre, déjà insuffisante, elle risque de devenir tout à fait déficitaire du fait du départ des prisonniers allemands. » [41] Pour préparer une riposte, le gouvernement français réunit le 13 janvier 1947 un comité économique interministériel [42]. Le général Buisson en sa qualité de chef de la direction générale des prisonniers de l’Axe, expose devant Félix Gouin, la situation numérique des prisonniers allemands en France. Il signale en particulier que les effectifs ont déjà fortement diminué et que les Américains ne peuvent espérer la restitution intégrale des PGA qu’ils ont cédés à la France. En effet, au 1er janvier 1947, la France ne détient plus que 630 000 prisonniers du fait des rapatriements, des décès et des évasions. Comme il ne reste plus que 61 % des effectifs maximum – estimés à l’époque à 1 032 000 –, il semble normal de ne restituer aux Américains que 61 % des 740 000 hommes qu’ils ont « prêtés » à la France, soit environ 440 000 ! D’ailleurs, tout laisse à penser que les fichiers de l’administration militaire chargée de gérer les prisonniers de guerre ne permettent pas de distinguer facilement les PGA capturés par les Américains des prisonniers d’autres provenances. C’est donc un plan de rapatriement global qu’il faut proposer.
11Le 14 janvier 1947, Léon Blum, président du Conseil, répond à la demande américaine par une note où il expose les problèmes qu’une telle restitution ne manquerait pas de provoquer dans l’économie française. Il insiste sur le fait que l’emploi de des prisonniers de guerre allemands compense les pertes résultant de l’envoi pendant la guerre de nombreux travailleurs en Allemagne et la captivité prolongée des prisonniers de guerre français dont beaucoup sont maintenant inaptes au travail. Le déficit de main-d’œuvre qui en résulte est de l’ordre de 500 000 hommes. Cependant, comme il semble impossible de maintenir en captivité les prisonniers cédés par les Américains – estimés à 440 000 hommes – la note française propose que 370 000 soient libérés le 31 décembre 1947, et le reste durant le 1er semestre 1948, quant aux 190 000 prisonniers capturés par les armées françaises, ils seraient libérés durant le 2e semestre 1948. La France renonce-t-elle pour autant à ses travailleurs allemands ? Non car cette même note envisage de proposer aux prisonniers de rester en France comme travailleurs volontaires. Elle demande aussi l’autorisation de recruter des travailleurs allemands dans la zone d’occupation américaine [43].
12Au cours d’une conférence de presse tenue à Washington le 27 janvier, le major général John H. Hildring, secrétaire d’État adjoint aux territoires occupés, annonce l’acceptation par le gouvernement américain des propositions françaises, notamment le maintien en France, comme travailleurs libres, des prisonniers de guerre volontaires, à condition que le comité international de la Croix-Rouge supervise les propositions d’option. Il accepte également le principe d’un recrutement direct de travailleurs allemands dans la zone américaine. À cet effet, des négociations bilatérales s’ouvrent entre les deux gouvernements [44]. Les délégations arrivent vite à un accord. Le 11 mars 1947, un mémorandum commun est signé par Pierre-Henri Teitgen et l’ambassadeur américain Jefferson Caffery. Il prévoit que le rythme des rapatriements, qui était de 12 000 hommes par mois depuis janvier 1947, passera à 20 000 par mois à partir du 1er mars. Les libérations sur place, c’est-à-dire les transformations de PG en travailleurs libres, sont autorisées à titre expérimental à raison de 25 000 hommes par mois. Le texte précise le détail des opérations d’option afin de garantir au maximum les droits des prisonniers : « Lorsque le choix sera proposé aux prisonniers allemands, chacun d’entre eux sera pleinement informé par les soins du gouvernement français, d’une part des conditions du statut de travailleur libre, d’autre part de la date approximative à laquelle il sera rapatrié s’il désire ne pas bénéficier de ce statut et demeurer prisonnier de guerre. » [45]
13L’attitude des Américains paraît donc assez souple. L’engagement de libérer les prisonniers détenus par les Occidentaux pour la fin de l’année 1948 leur suffit pour faire pression sur les Soviétiques à la conférence des ministres des Affaires étrangères qui se tient à Moscou en mars et avril 1947. Washington ayant obtenu des Français un échéancier de rapatriement acceptable, parvient à obtenir des Soviétiques, qui, jusqu’à présent, évitaient largement le sujet, la date commune du 31 décembre 1948 pour le retour général des derniers prisonniers allemands. Selon la rédaction proposée par Molotov, le 23 avril 1947 : « Les prisonniers de guerre allemands se trouvant sur les territoires des Alliés devront être rapatriés avant le 31 décembre 1948 ; ce rapatriement sera effectué conformément à un plan préparé par le Conseil de contrôle avant le 1er juillet 1947. » [46] Les trois ministres des Affaires étrangères occidentaux, Marshall, Bevin et Bidault sont d’accord. Ce point peut être considéré comme l’une des rares avancées de cette longue conférence, au total extrêmement décevante. Les Soviétiques prévoient-ils déjà d’utiliser les projets français de maintien en France de travailleurs allemands pour échapper à leurs propres obligations lorsque le moment sera venu ? Le ministre soviétique précise verbalement que le rapatriement « concerne l’ensemble des Allemands, le terme prisonniers de guerre englobant les services auxiliaires, les services annexes, etc. ». À partir de 1949 ils argueront qu’il n’y a aucune raison qu’ils libèrent tous leurs prisonniers puisque les Occidentaux, de leur côté, n’ont pas rempli leurs obligations.
14La France ne peut échapper aux pressions internationales qui la poussent à libérer les prisonniers allemands, pourtant indispensables à son économie. Comme quelques années après, au moment de la Communauté européenne de Défense, elle répond par une fuite en avant : leur maintien sur place comme travailleurs libres. Mais la classe politique, l’opinion publique, les partenaires internationaux et surtout, les prisonniers eux-mêmes sont-ils prêts à se lancer dans l’aventure d’une immigration allemande en France ?
Rapatriement ou libération sur place ?
15Conformément aux accords Caffery-Teitgen du 11 mars 1947, chaque prisonnier reçoit au mois de mai 1947 une notice en langue allemande et une déclaration d’option à remplir et à retourner au commandant du dépôt dont il dépend. Il a le choix, soit de refuser, auquel cas il se trouve rapatriable à une date ultérieure, soit de demander à rester chez son employeur actuel en tant que travailleur libre, soit de changer d’employeur. Les contrats, d’une durée d’un an, qui lui sont proposés lui donnent la garantie des droits des salariés français ou étrangers en matière de rémunération, d’horaires et de droit du travail. À son expiration, le contrat peut être remplacé par un contrat de travail normal à durée indéterminée. Si le prisonnier signe, il lui est immédiatement accordé un congé d’un mois à passer en Allemagne. Cette mesure vise naturellement à inciter le prisonnier allemand à accepter la proposition qui s’avère en outre économiquement intéressante pour lui, car l’employeur doit désormais lui verser un salaire équivalent à celui d’un ouvrier de sa catégorie. Il n’est plus tenu de lui verser seulement 10 F par jour et le complément (l’indemnité compensatrice) à la Direction régionale de la main-d’œuvre.
16Cette proposition de transformation est mise au point par une commission interministérielle présidée par Francisque Gay, avec l’appui d’autres commissions en particulier la commission de modernisation sociale (Plan). Pourtant cette initiative ne fait pas l’unanimité, même au sein du gouvernement : Robert Prigent, ministre de la Population est fermement convaincu de la nécessité de voir aboutir le projet, mais il se heurte à l’hostilité du ministre du Travail, le communiste Ambroise Croizat soutenu par les syndicats. Aux États-Unis, Léon Jouhaux et Robert Prigent tiennent à quelques jours d’intervalle des discours contradictoires, le premier s’opposant fermement à toute immigration allemande en France, alors que le second tente de plaider pour ce projet [47]. Les opposants soutiennent qu’il est trop tôt pour que des Allemands libérés se mêlent, à égalité de droit, à la population française et qu’il sera impossible d’éviter les incidents, en particulier dans les campagnes où la haine de l’Allemand reste forte. Par ailleurs, comment être sûr que des éléments douteux, en particulier d’anciens nazis, ne parviennent à s’infiltrer alimentant ainsi une sorte de « Cinquième colonne » dont la crainte reste tenace dans les années qui suivent la Libération ? Sur le plan économique et social, la CGT reste dans une tradition syndicale qui est de s’opposer à la mise en concurrence des travailleurs français par une main-d’œuvre meilleur marché [48]. Le départ des ministres français du gouvernement, le 4 mai 1947, amènera plus de cohérence.
17Au centre, mené par le MRP, on trouve un courant politique qui associe le réalisme économique et diplomatique avec l’idéal d’une réconciliation franco-allemande dont l’un des instruments serait une immigration importante mais contrôlée. Cette idée est appuyée par des experts démographes, et en particulier Alfred Sauvy [49]. Les articles économiques, destinés à une population de décideurs ainsi que le journal Le Monde, contribuent à populariser ce projet de maintien en France des travailleurs germaniques [50]. Certains auteurs n’hésitent pas à utiliser l’argument de la qualité du travail des Allemands, jugée meilleure que les prestations que l’on peut attendre les Italiens ou des Nord-Africains, surtout pour le travail de fond dans les mines, c’est ce qu’exprime sans ambages le général Buisson dans son rapport d’activité : « Les employeurs français, maintenant habitués à la main-d’œuvre allemande n’acceptent que difficilement les travailleurs italiens ou même nord-africains qui leur sont offerts en échange de leurs PG. » [51] Par ailleurs le risque de voir les Allemands concurrencer les travailleurs français est pris très au sérieux : une note de la Société d’études économiques et sociales souligne : « Il n’est pas certain que les 55 000 Allemands employés actuellement à la mine veuillent y rester » et poursuit : « L’immigration allemande en France ne sera-t-elle pas inutile et même nuisible si cette main-d’œuvre glisse vers des emplois où l’on a nul besoin d’elle ? » Les dispositions gouvernementales retiennent l’objection, ainsi les prisonniers allemands « transformés » n’ont pas vraiment le statut de travailleurs libres puisque le droit de circuler est limité au département où réside leur employeur [52]. La France est donc revenue subrepticement à des pratiques analogues à celles du « livret ouvrier » combattu pendant des décennies par les organisations syndicales françaises.
18Quel a été le résultat de ces opérations d’option ? Selon les sources du ministère du Travail, on comptait au 31 mai 1948, 127 581 prisonniers de guerre transformés en travailleurs libres [53]. Il semble que ce chiffre, un peu surévalué, tienne compte des Allemands recrutés en zone américaine. Le général Buisson, dans son rapport d’activité, avance le total de 137 937 « optants » [54]. Cependant, ce nombre est certainement supérieur à celui des prisonniers réellement restés en France, car, comme il le précise par ailleurs : « Sur 100 000 transformés qui sont partis en congé en Allemagne avant le 1er avril 1947, 12 % ne sont pas rentrés. » [55] Dans les houillères et autres industries extractives, plus de 22 000 prisonniers de guerre ont opté pour le maintien en France. Au 31 mai 1948 sur 4 659 prisonniers libérés employés les mines du département du Nord, 1 998 sont devenus travailleurs libres alors qu’aucun des 1 771 prisonniers libérés employés dans l’agriculture n’a choisi cette option [56]. Selon Grégory Philippe, cette différence de choix peut s’expliquer par la dureté de la vie des prisonniers employés dans les commandos miniers. Pour eux, la transformation de statut entraînait une amélioration immédiate de leur sort alors que les prisonniers employés dans l’agriculture, qui jouissaient déjà de conditions de vie plus agréables, pouvaient attendre paisiblement leur libération [57]. Il est également fort possible que les commissions de criblage chargées d’accepter ou non les candidatures des Allemands désireux d’opter pour la France aient fortement soutenu les dossiers des mineurs et des ouvriers qui étaient considérés par tous comme une main-d’œuvre prioritaire.
19La libération des prisonniers de guerre en mains françaises n’a pas été un phénomène brutal, à l’image de la libération des prisonniers de guerre français détenus en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Les départs se sont échelonnés sur quatre années avec une accélération en 1948. Les derniers contingents de prisonniers de guerre rejoignent l’Allemagne en octobre et novembre 1948. Au 1er décembre, les 1 900 prisonniers restants quittent le sol français, ne demeurent alors en France que les prisonniers condamnés à des peines de prison, au nombre de 786 et ceux qui ont choisi d’opter pour le contrat de travailleurs libres.
20Comment interpréter le nombre important de PGA optant pour le maintien en France ? Peut-on y voir un signe précoce d’une sorte de réconciliation franco-allemande ? Faute d’avoir trouvé des informations plus précises sur ces hommes et en particulier sur la durée réelle de leur séjour en France, il n’est possible ici que d’avancer des hypothèses. Des témoignages d’anciens prisonniers de guerre montrent que certains ont gardé de leur captivité en France une image globalement apaisée, voire positive, contrastant clairement avec le tableau apocalyptique évoqué dans le livre à sensation de James Bacque, qui ne retient que la phase terrible de l’été et de l’automne 1945. On peut se demander si cette mémoire, manifestement biaisée, n’a pas été ultérieurement recomposée par l’intériorisation de la réconciliation franco-allemande des années 1960 [59]. Il faut constater que cette vision presque idyllique est également celle diffusée par tous les articles de presse consacrés à la captivité allemande en France dès 1946. Parfois des reportages relatent de véritables « contes de fées » à l’image de l’hebdomadaire zurichois Die Weltwoche du 5 mai 1948 : « Il y a dix-huit mois, un Allemand de race, originaire de Presbourg, ressortissant tchécoslovaque, faisait partie d’un convoi de prisonniers accablés par le sort. Quittant un camp de prisonniers de Lorraine, il était dirigé sur une entreprise industrielle. En qualité d’ingénieur il eut un poste de choix, grâce à quoi il éveilla l’intérêt de l’héritière unique de cette grosse entreprise... » L’article relate d’autres contes du même genre comme l’exemple d’un jeune prisonnier placé chez un ménage de paysans français sans enfants : « Plus tard, c’est lui qui dirigera la ferme... » [60]
21Cette image parfaite est bien évidemment une image construite : les informations concernant les prisonniers allemands en France sont minutieusement filtrées. Aucun journaliste n’a le droit de venir enquêter dans un dépôt, de prendre des photos ou d’interroger des prisonniers s’il n’a pas obtenu une autorisation des services du 5e bureau de la direction générale des prisonniers de l’Axe [61]. On n’est donc pas surpris de retrouver, dans la plupart des articles de presse, les informations mises au point par cette direction [62]. Ce bureau sélectionne également pour les reproduire toutes les lettres dans lesquelles les prisonniers émettent un jugement favorable sur la captivité en France. Il organise des reportages et des visites de dépôts destinés à des journalistes sélectionnés. Pendant l’année 1947, la « publicité » pour l’installation en France est ainsi soigneusement orchestrée. Un reportage de Joseph Szilagyi, dans Le Monde illustré du 20 juillet 1947 est l’archétype de cette propagande qui se cache à peine. Des photos d’hommes radieux dans un paysage bucolique sont accompagnées de légendes édifiantes : « Depuis trois ans, il travaille dans une ferme, il y a connu la paix et souhaite y demeurer toute sa vie » ; « Et voici le premier ménage allemand, ils ont quatre enfants et même un logis » ; « Nouveau libéré, cet ex-PG a revêtu la tenue classique des mineurs. » [63] Cet exemple donne à penser que les représentations croisées des Français et des Allemands ont fait l’objet d’une attention toute particulière [64]. Le but était peut-être, suivant un idéal démocrate chrétien, d’éradiquer l’image archétypale de l’ennemi et d’y substituer une image positive d’hommes ayant souffert de la guerre et prêts à tout pour prendre un nouveau départ. Ce contrôle vigilant de l’information permet également de désamorcer ou de réfuter publiquement les critiques toujours possibles concernant le traitement des prisonniers de guerre en France. Les prisonniers allemands, comme leurs gardiens français, ont-ils à leur insu, intégré ces images lénifiantes ? Celle-ci se sont-elles substituées aux images haineuses véhiculées par les propagandes des deux guerres mondiales ? La réponse ne pourra être apportée qu’à travers une étude plus approfondie de perceptions croisées de la captivité.
***
22Malgré la mise en demeure américaine de décembre 1946, la France a pu conserver des effectifs importants de prisonniers de guerre jusqu’à la mi-1948. Leur libération progressive et la transformation de plus de 100 000 d’entre eux en travailleurs volontaires ont permis d’assurer la transition avec une main-d’œuvre nouvelle, principalement composée d’Italiens et d’Algériens et d’éviter ainsi ce déficit de travailleurs qui aurait fortement gêné la reprise économique. Mais la portée de l’événement n’est pas seulement économique, elle a bien d’autres répercussions, en particulier sur le plan de l’histoire des représentations et de l’histoire diplomatique. Lorsque que le gouvernement français se range résolument dans le camp occidental au printemps 1947, il veille à rechercher le compromis avec les Américains et ne peut s’opposer à une renaissance progressive de l’Allemagne. La question des prisonniers, qui a été, en 1945 et 1946, un important point d’achoppement dans les relations franco-américaines, fait désormais l’objet d’un consensus : leur libération en 1948 est donc un non-événement qui ne fait même pas débat. Cet épisode de la captivité, qui aurait pu s’inscrire dans les mémoires nationales et figurer en bonne place sur la longue liste des violences qui ont opposé les deux peuples entre eux, a été ainsi minimisé ou recomposé favorablement, conformément aux souhaits de dirigeants MRP qui mettaient leur espoir dans une réconciliation en profondeur de la France et de l’Allemagne.
Notes
-
[1]
Le barrage de Génissiat sur le Rhône est inauguré le 19 janvier 1948. Les commandos de prisonniers allemands ont contribué à sa construction.
-
[2]
Alfred Sauvy, « Évaluation des besoins de l’immigration française », Population, 1re année, no 1, janvier-mars 1946, p. 91-98 ; voir dans le même numéro aussi Jean Bourgeois, « La situation démographique », p. 117-142.
-
[3]
Note du ministère du Travail non datée (AN Fontainebleau, 770810-2) citée par Grégory Philippe, « La France de la Libération et les prisonniers de guerre allemands, 1945-1948 », mémoire de master d’histoire contemporaine sous la direction de Jean-François Chanet, Université de Lille 3, 2004-2005, p. 28 ; le général Juin, chef d’état-major de la défense nationale, dans une lettre au général commandant du SHAEF en France estime les besoins français à 1 300 000 en juillet 1945, 5 juillet 1945, Service historique de la Défense, département interarmées, ministériel et interministériel (SHd-DIMI), 7 P 40 ; voir aussi la note no 8670-DPG-cab du 28 juillet 1945, dans lequel le général Buisson, directeur général des prisonniers de guerre de l’Axe, prévoit des effectifs de 1 900 000 prisonniers au 1er juillet 1946, SHd-DIMI, 29 R 1.
-
[4]
1 065 000 selon le comptage final de la Direction générale des prisonniers de l’Axe (DGPGA), le chiffre de 1 032 000 avait été au préalable retenu, cf. Général Buisson, « Historique du Service des prisonniers de guerre de l’Axe (1943-1948) », DGPGA, 1948, 387 p., dactyl, SHd-DIMI, 29 R 1, cf. p. 37, 159 et addendum sur les effectifs p. 385. Voir aussi SHd-DIMI, 29 R 5. Les archives des dépôts (série 7U 2939 à 2569) ne comprennent que peu d’éléments statistiques. Ces chiffres sont l’objet de controverses car il semble bien qu’à plusieurs reprises la DGPGA, sommée de fournir des comptages précis au gouvernement, ait procédé à des approximations.
-
[5]
Buisson, op. cit., p. 39.
-
[6]
Soit 3,1 % de la population active totale, d’après les calculs effectués par Jean-François Eck, cités par Grégory Philippe, op. cit., p. 94.
-
[7]
Note de M. Caffery, ambassadeur des États-Unis à Paris au président Bidault le 3 décembre 1946, reproduite dans Buisson, op. cit., p. 119.
-
[8]
Pour la France, les papiers de la direction des prisonniers de guerre de l’Axe sont conservés aux archives nationales dans la série F9 entreposée à Fontainebleau, art. 83 à 94 (soit 94 m linéaires), une partie résiduelle est restée dans les archives du service historique de la Défense (SHd-DIMI, 29 R 1 à 48). Les Journaux de marche et opérations (JMO) des camps et des compagnies de garde sont conservés également au SHd (7 U 2531 à 38 pour les compagnies de garde et 7 U 2539 à 2569 pour les dépôts). Plusieurs centaines de milliers de dossiers personnels élaborés par la DGPGA, ont été versés à la Wehrmacht-Auskunftsstelle [WAST] de Berlin. Quelques-uns sont encore conservés à Vincennes (29 R 25-32).
-
[9]
L’étude de base sur ce sujet est l’enquête officielle menée pendant seize années par la Wissenschaftliche Kommission für deutsche Kriegsgefangenengeschichte dirigée par Erich Maschke, Zur Geschichte der deutschen Kriegsgefangenen des Zweiten Weltkrieges, 15 tomes en 22 volumes. Sur les conditions particulières de la constitution et du travail de cette Commission, se reférer à l’étude très complète de Rüdiger Overmans, « German historiography, the war losses and the prisonners of war », dans Günter Bishop et Stephen E. Ambrose, Eisenhower and the German POW, Louisiana State University Press, 1992, p. 127-169. En français, cf. la synthèse de François Cochet, Soldats sans armes, la captivité de guerre : une approche culturelle, Bruxelles, Bruylant, 1998, 463 p.
-
[10]
Outre le mémoire très approfondi de Grégory Philippe, déjà cité, voir Philippe Boutte, Élisabeth Briend, Olivier Gilles, « Les prisonniers de guerre allemands sous autorité française (1943-1948) », mémoire de maîtrise d’histoire (Rennes 2), sous la direction de Jacqueline Sainclivier 1992, 228 p. ; Odile Dessaint, « La vie quotidienne des prisonniers de guerre allemands dans la seconde région militaire entre 1945 et 1948 », mémoire de maîtrise d’histoire (Reims), sous la direction de Maurice Vaïsse, 1996, 160 p. ; Angelika Marx, « Les prisonniers de guerre allemands en France après la Seconde Guerre mondiale : expériences de réorientation », mémoire de maîtrise (Paris III), sous la direction de Hansgerd Schulte, 1997 ; Dominique Sommier, « Les prisonniers de guerre allemands en Loir-et-Cher (1944-1949) », mémoire de maîtrise d’histoire (Tours), sous la direction de Michèle Cointet, 1992 ; Christophe Moreigne, « Prisonniers de guerre de l’Axe, Creuse et région administrative, 1944-1948 », 218 p. sous la direction d’Yves Durand.
-
[11]
Jean-Paul Louvet : site dédié aux prisonniers de guerre de l’Axe, spécialement en Bretagne, hhhhttp:// pagesperso-orange. fr/ bastas/ pga/ .
-
[12]
Henri-Claude de La Casinière, 1945-1948 : « Un million d’Allemands en France », 59 minutes, Compagnie des phares et balises et France 3, 1996.
-
[13]
James Bacque, Other Losses : An Investigation on the Mass Death of German Prisoners at the Hands of the French and Americans after World War 2, Toronto, Stoddart Publishing Co., 1989, 248 p. ; traduit en français par Catherine Ludet sous le titre : Morts pour raisons diverses, enquête sur le traitement des prisonniers de guerre allemands dans les camps américains et français à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Sand & Tchou, 1989, 323 p.
-
[14]
Günter Bishop, Stephen E. Ambrose, Eisenhower and the German Pow, op. cit. ; Arthur L. Smith, Die « Vermite Million » Zum Schicksal deutscher Kriegsgefangener nach dem Zweiten Weltkrieg, traduit de l’anglais, München, Oldenbourg, 1992, 141 p. ; Henri Rousso, « Seconde Guerre mondiale : l’invention d’un génocide », Le Monde, 27 avril 1990 ; Yves Durand, Eisenhower and the German Pow, recension publiée dans Vingtième Siècle, no 42 (avril-juin 1994), p. 138.
-
[15]
Fabien Théofilakis achève actuellement une thèse consacrée aux « prisonniers de guerre allemands, captivités en France et rapatriement en Allemagne (1944-1960) », sous la direction d’Annette Becker (cotutelle Paris X et Augsburg Universität, codirecteurs, Andreas Wirching et Henry Rousso).
-
[16]
Suivant les estimations de Kurt W. Böhme et Helmut Wolff (membres de la commission Mäschke), Aufzichnungen über die Kriegsgefangenenshaft im Westen, Verlag Ernst Werner Gieseling, Bielefield, Munich, 1973, 552 p., et Kurt W. Böhme, Die Deutsche Kriegsgefangenen in sowjetischer Hand – ein Bilanz, Munich, 1966, 474 p. Le recensement allemand de 1946 évalue à 2,7 millions le nombre d’Allemands encore captifs au 1er octobre 1946 dont 1,4 million à l’ouest et 1,3 à l’est, Sully Ledermann, « Les pertes miliaires allemandes », Population, no 2, avril-juin 1947, p. 367-368.
-
[17]
Négociations de la Chase Bank (SHAEF) commencées le 30 juin 1945 et aboutissant à l’accord franco-américain du 24 septembre, citée dans Buisson, op. cit., p. 40.
-
[18]
Buisson, op. cit., p. 221, 222 et 335 ; bilan statistique sur les effectifs des prisonniers de guerre de l’Axe. Total de décès de PGA en mains françaises répertoriés sur toute la période : 24 161 dont 18 080 en 1945, 5 112 en 1946, 1 020 en 1947 SHd/DIMI, 7 U 2531, voir aussi 29 R 36.
-
[19]
MAE, série Y, vol. 362.
-
[20]
SHd/DIMI, 39 R 10, Lettre 14e RM/DRPGA, PGA/4, no 130 du 29 septembre 1945, du commandant de la direction régionale des prisonniers de guerre de l’Axe au général Buisson, commandant général des PGA, objet : état sanitaire des PG.
-
[21]
Buisson, op. cit., p. 46 et MAE, série Y, vol. 362 et 363.
-
[22]
D’après les statistiques de la DGPGA, Buisson, op. cit., p. 110.
-
[23]
Allemagne-Autriche seulement à partir d’octobre 1945.
-
[24]
Pierre Gerbet, Le relèvement, 1944-1949, Imprimerie nationale, coll. « Politique étrangère de la France », 1991, chap. III : « Le problème allemand » rédigé par Henry Rollet, p. 99.
-
[25]
Buisson, op. cit., p. 141-163 ; Grégory Philippe, op. cit., p. 67-82.
-
[26]
Bilan général transmis par le général Buisson au ministre des Armées, no 16924/DGPG/3 du 11 décembre 1945, Archives Edmond Michelet, MA 25. Sur l’emploi dans les chantiers de déminage voir Danièle Voldman, Le déminage de la France après 1945, Paris, Odile Jacob, 1998, 184 p. (1re éd., 1985).
-
[27]
Affiche du ministère du Travail, reproduite dans Grégory Philippe, op. cit.
-
[28]
Note du 24 mars 1946 du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, direction de la main-d’œuvre. Sur l’emploi des prisonniers de guerre de l’Axe dans l’agriculture (signée Parodi), Archives Edmond Michelet, Brive, MA, dossier 25, consacré aux prisonniers de guerre de l’Axe.
-
[29]
Au 1er janvier 1947, 140 000 prisonniers ont été rapatriés pour raisons de santé, cf. Buisson, op. cit., p. 57.
-
[30]
Dont 50 200 Italiens (libérés en septembre 1945), 50 000 Autrichiens (octobre 1945), 10 000 Hongrois (mars 1946), plusieurs milliers de Roumains (libérés le 26 octobre 1945), 8 000 « Sarrois » (janvier 1947). Cf. Buisson, op. cit., p. 59 et SHd-DIMI, 29 R 5, 29 R 13, 29 R 39.
-
[31]
Le nombre des évadés a été estimé à 81 870 par la DGPGA, cf. Buisson, op. cit., p. 261 et 386.
-
[32]
Notes documentaires et études, no 659 (série internationale CLII du 3 juillet 1947 sur « Les prisonniers de guerre en France »), 8 p.
-
[33]
Chiffres réunis dans « Les prisonniers de guerre en France », Perspectives, 19 juillet 1947.
-
[34]
« Les prisonniers de guerre, d’après le service central de statistiques du ministère du Travail », note extraite de l’Évolution hebdomadaire de la situation économique publiée par l’INSEE et le Centre national d’information économique, Informations économiques, 8 février 1947.
-
[35]
Lettre de l’archevêque de la NCWC (National Catholic Welfare Conference) à l’ambassadeur de Washington, 1er mai 1946, intervention du pape le 1er juin 1946, cités par Grégory Philippe, op. cit., p. 90-91.
-
[36]
Circulaire 118 IP du service d’information et de presse du ministère des Affaires étrangères, SHd-DIMI, 29 R 5. François Cochet cite un dossier de presse du Quai d’Orsay qui va dans le même sens, « Deux poids, deux mesures, le sort des prisonniers allemands en France et celui des Français sous uniforme allemand en URSS (1945-1954) », Historiens et Géographes, no 332, p. 209-217.
-
[37]
Mémorandum du 21 août 1945, du 2 juillet 1946, appel à l’occasion des fêtes de fin d’année 1946, appel du 28 novembre 1947 adressés aux principales puissances détentrices, Catherine Rey-Schyrr, De Yalta à Diên Biên Phù, histoire du comité international de la Croix-Rouge, 1945-1955, CICR, Georg Éditions, Genève, 2007, 745 p., cf. p. 157.
-
[38]
François Cochet, « Deux poids, deux mesures », op. cit., p. 211.
-
[39]
Catherine Rey-Schyrr, op. cit., p. 276.
-
[40]
Note de M. Caffery, reproduite dans Buisson, op. cit., p. 119.
-
[41]
« Le problème de la libération des prisonniers de guerre allemands », Note de la société d’études économiques et sociales (SEES), 8 mars 1947.
-
[42]
SHd-DIMI, 4 Q 102, état-major de la Défense nationale, 4e section, fiche du 21 février 1946 au sujet de l’immigration en France de travailleurs étrangers et notamment de personnes déplacées et de travailleurs allemands.
-
[43]
Ministère des Affaires étrangères, 14 janvier 1947, réponse du gouvernement français au gouvernement américain concernant la libération des prisonniers de guerre allemands sous contrôle français, reproduite dans Buisson, op. cit., p. 121-123.
-
[44]
SHd-DIMI, 4 Q 102, état-major de la Défense nationale, 4e section, comptes rendus des séances des négociations franco-américaines au sujet du recrutement de la main-d’œuvre en zone américaine d’Allemagne.
-
[45]
No 1991 : United States of America and France, memorandum commun avec annexe résultant des négociations franco-américaines sur le rapatriement et la libération des prisonniers de guerre, paraphé à Paris les 11 et 13 mars 1947, Nations Unies, recueil des traités vol. 1952, p. 161-169, cf. § 2-E.
-
[46]
Documents diplomatiques français, 1947, vol. annexe, p. 406.
-
[47]
Note de la Société d’études économique et sociale, 24 octobre 1946.
-
[48]
Leur position est résumée dans un article de M. R. Justin dans le quotidien, Le Peuple : « 1 750 prisonniers allemands travailleront en France », 21 juillet 1945.
-
[49]
« Évaluation des besoins de l’immigration française », Population, 1re année, no 1, janvier-mars 1946, p. 91-98.
-
[50]
« La question des prisonniers », Le Monde, 18 décembre, 1946 ; « Répercussions sur l’économie française d’une libération éventuelle des prisonniers », Le Monde, 12 novembre 1946, « La question des prisonniers de guerre », Correspondance économique, 27 janvier 1947 ; Alain Girard, « Le recours à la main-d’œuvre allemande », Population, no 3, juillet-septembre 1947, p. 579-581 ; « La transformation des prisonniers de guerre en travailleurs libres », Cahiers français d’information, 1er novembre 1947 ; « Les prisonniers de guerre en France », Perspectives, 19 juillet 1947.
-
[51]
Buisson, op. cit., p. 154.
-
[52]
Circulaire ministérielle MO, 54/47 du 15 avril 1947, Buisson, op. cit., p. 155 et SHd-DIMI, 29 R 13.
-
[53]
Note du ministère du Travail, 25 juin 1948, Archives nationales, Centre de Fontainebleau, 770810/3 citée par Grégory Philippe, op. cit., p. 97.
-
[54]
Buisson, op. cit., p. 385.
-
[55]
Ibid., p. 157.
-
[56]
Grégory Philippe, op. cit., p. 97.
-
[57]
Ibid.
-
[58]
Ces chiffres ne comprennent que les PGA rapatriés par convois par les soins de la DGPGA, ils excluent donc tous ceux qui sont libérés sur place (zone d’occupation en Allemagne et Autriche), ainsi que les « allogènes » dont la libération est réalisée par les représentations diplomatiques (Buisson, op. cit., p. 240).
-
[59]
Recherches de Fabien Théofilakis, citées par Grégory Philippe, op. cit., p. 87.
-
[60]
Repris en français dans Articles et Documents du 8 juin 1948 sous le titre « Travailleurs libres en France ».
-
[61]
SHd-DIMI, 29 R 10.
-
[62]
Par exemple un article du Continental Daily Mail, « What German prisoners are doing in France », 5 octobre 1946 ou « Les prisonniers allemands en France », Gazette de Lauzanne, 25 avril 1947, SHd-DIMI, 29 R 10.
-
[63]
Le Monde illustré, 20 septembre 1947, SHd-DIMI, 29 R 10.
-
[64]
Les autorités françaises d’occupation en Allemagne organisent des sondages auprès d’anciens prisonniers de guerre revenus de captivité afin de connaître précisément l’opinion des Allemands à l’égard des Français et d’éliminer les points de désaccords, enquête de février 1947 du Sozial-psychologisches Institut de Baden-Baden, publiés en juillet 1947, SHd-DIMI, 29 R 11 étudiée par Claude d’Abzac-Epezy, « La France vue par les prisonniers de guerre allemands, 1945-1948 : préjugés, propagande, expériences vécues », Cinquième rencontre franco-allemande d’histoire militaire, Armées, soldats : regards croisés (II), Institut historique allemand de Paris, 23 mai 2008, à paraître dans les Cahiers du CEHd.