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Article de revue

L'équipement spécifique des espions français membres de la « Section de renseignements » et de la « Section de centralisation des renseignements » en 1914-1918

Pages 87 à 103

Notes

  • [1]
    La « SR » (organe de recherche) est rattachée au 2e bureau (organe de centralisation et d’analyse). Sa mission est la recherche du renseignement dit « fermé », c’est-à-dire gardé secret par l’adversaire, principalement par voie d’espionnage.
  • [2]
    La « SCR » a été créée le 28 mai 1915 par le ministre de la Guerre Millerand, sur une idée du capitaine Georges Ladoux, ce dernier en prenant ensuite le commandement. Outre la recherche de renseignements militaires, politiques, diplomatiques, voire socio-économiques sur l’ennemi, la SCR a développé, tout au long du conflit, des techniques de guerre secrète innovantes : mesures de déception, opérations de manipulation des masses, sabotages, etc. (Au sujet de la SR et de la SCR, on consultera la thèse du chef d’escadron Olivier Lahaie, Renseignements et services de renseignements en France pendant la guerre de 1914-1918 (2e et 5e bureau de l’EMA ; 2e bureau du GQG. Section de renseignement / Section de centralisation du renseignement). Évolutions et adaptations, sous la direction du Pr Georges-Henri Soutou, Paris IV-Sorbonne, 2006, p. 874 à 991.)
  • [3]
    A. Dewerpe, Espion, une anthropologie du secret d’État contemporain, Paris, NRF-Gallimard, 1994, 485 p., p. 190.
  • [4]
    Service historique de la Défense – section Terre (ci-après SHd-T) 16 N 916 : « Relevé chronologique et analyse succincte des notes, instructions ou directives d’ordre général concernant le Service des renseignements, années 1915 et 1917 », GQG, 2e bureau.
  • [5]
    Ibid., 7 N 676 : « Note du 2e bureau / SR concernant les déserteurs », 11 juillet 1909.
  • [6]
    Commandant P. Durand, L’affaire Fauquenot-Birckel, Paris, Payot, 1937, 232 p., p. 25.
  • [7]
    H. Maunoury, Police de guerre (1914-1918), Paris, Nouvelle Revue critique, 1937, 224 p., p. 69.
  • [8]
    Colonel W. Nicolaï, Forces secrètes, Paris, Nouvelle Revue critique, 1932, 218 p., p. 174.
  • [9]
    Ibid., p. 175.
  • [10]
    La « Police militaire de campagne », plus spécifiquement chargée de la surveillance de la zone des Étapes et dépendant du GQG allemand.
  • [11]
    F. Baumann, « La technique au service de l’espion », L’espionnage et le contre-espionnage pendant la guerre mondiale d’après les archives militaires du Reich, Paris, Payot, 1934, 650 p., t. 2, p. 111.
  • [12]
    Ibid., p. 109. W. Nicolaï, op. cit., p. 136. W. Horn, « L’espionnage et la guerre sous-marine », L’espionnage et le contre-espionnage..., op. cit., t. 2, p. 158.
  • [13]
    G. Gromaire, L’occupation allemande en France, 1914-1918, Paris, Payot, 1925, 496 p., p. 79.
  • [14]
    F. Baumann, op. cit., p. 110.
  • [15]
    J. P. Alem, L’espionnage à travers les âges, Paris, Éd. Stock, 1977, 515 p., p. 415.
  • [16]
    A. Redier, La guerre des femmes, histoire de Louise de Bettignies et de ses campagnes, Paris, Éd. de la Vraie France, 1924, 317 p., p. 101.
  • [17]
    F. Jaminet, Sous le fil électrisé ; notes et détails sur une organisation de passage de la frontière hollandaise pendant l’occupation allemande, Bruxelles, imprimerie Brian Hill, 47 p., p. 27-28.
  • [18]
    W. Nicolaï, op. cit., p. 175.
  • [19]
    Capitaine R. de Rubeval, Étude pratique du SR., Lavauzelle, Paris, s.d., 254 p., p. 45.
  • [20]
    SHD-T, 16 N 916 : Relevé chronologique..., op. cit.
  • [21]
    F. Baumann, op. cit., p. 111.
  • [22]
    Colonel P. Ignatieff, Ma mission en France, Paris, Éd. des Champs-Élysées, s.d.., 252 p., p. 232.
  • [23]
    Ibid., p. 110.
  • [24]
    H. Coin, Quatre espions parlent, Paris, Éd. de France, 1931, 244 p., p. 57.
  • [25]
    J. Crozier (sous le pseudonyme du lieutenant de Belleval), En mission chez l’ennemi, Paris, Alexis Redier Éd., 1930, 329 p., p. 107-109 pour les citations qui suivent.
  • [26]
    P. Ignatieff, op. cit., p. 239.
  • [27]
    A. Redier, op. cit., p. 90.
  • [28]
    J. Crozier, op. cit., p. 184.
  • [29]
    Cf. O. Lahaie, « La ligne électrifiée sur la frontière hollando-belge (1915-1916) », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 229, Paris, PUF, 2008, p. 55-78.
  • [30]
    J. Crozier, op. cit., p. 185-186.
  • [31]
    Ibid., p. 216.
  • [32]
    Commandant G. Ladoux et M. Berger, Mes souvenirs (contre-espionnage), Paris, Éd. de France, 1937, 189 p., p. XX, 24-38 et 185, et Joseph Crozier, Mes missions secrètes, 1915-1918, Paris, Payot, 1933, 281 p., p. 89-90.
  • [33]
    F. Baumann, op. cit., p. 112.
  • [34]
    L’ « Intelligence Service » remet ainsi aux agents franco-belges des tubes remplis de 500 g de cheddite, dissimulés dans de fausses briques de charbon ; elles sont destinées à faire exploser les chaudières des locomotives (sabotages réalisés près de Hal, à Virton), à détruire les remorqueurs allemands (sur le canal de Charleroi) ou à incendier des usines (Belgique du Sud). L. Mercier et Mgr V. de Moor, Les cahiers du lieutenant Marcel, Paris, Éd. La Bonne Presse, 1937, 245 p., p. 183-184.
  • [35]
    SHD-T, 7 N2 3323, dossier 7-2, sous-dossier EMA2-5/SCR no 6228 : « Procédés de destruction allemands », 1916-1918.
  • [36]
    Ibid., 1 KT 526 : « Mémoires du général Dupont ».
  • [37]
    Ibid., 1 K 173 : « Papiers Andlauer ; conférence faite à l’EMA le 24 octobre 1925 », 102 p., p. 73.
  • [38]
    F. Baumann, op. cit., p. 113.
  • [39]
    Ibid., p. 114.
  • [40]
    SHD-T, 1 K 173 : « Papiers Andlauer ; conférence... », op. cit., p. 73-74.
  • [41]
    Cdt P. Durand, op. cit., p. 28.
  • [42]
    J. Crozier, op. cit., p. 88.
  • [43]
    R. Boucard, La guerre des renseignements, des documents, des faits, Paris, Éd. de France, 1939, 229 p., p. 51.
  • [44]
    Lt H. Binder (ex-membre du contre-espionnage germanique), Espionnage et contre-espionnage à Bruxelles pendant la guerre, Paris, Payot, 1935, 162 p., p. 95.
  • [45]
    L. Lombard, Zone de mort, Stavelot, Éd. Vox Patriae, s.d., 173 p., p. 59, et F. Jaminet, op. cit., p. 30.
  • [46]
    J. Crozier, op. cit., p. 88.
  • [47]
    L. Lombard, op. cit., p. 59.
  • [48]
    H. Binder, op. cit., p. 21.
  • [49]
    A. Dewerpe, op. cit., p. 344.
  • [50]
    R. Boucard, op. cit., p. 143.
  • [51]
    W. Nicolaï, op. cit., p. 145.
  • [52]
    P. Durand, op. cit., p. 15.
  • [53]
    F. Jaminet, op. cit., p. 26.
  • [54]
    J. Crozier, op. cit., p. 253.
  • [55]
    Lt J. Violle, L’espionnage en temps de guerre, thèse de doctorat, Paris, Larose Éditeur, 1903, 267 p., p. 66.
  • [56]
    SHD-T, 7 N 673 : « Aide-mémoire de l’officier du 2e bureau dans un état-major d’armée », février 1914.
  • [57]
    Ibid., p. 90.
  • [58]
    Note du GQG 2e bureau / SRA, 7 avril 1917, citée in SHD-T, 16 N 916 : « Relevé chronologique... », op. cit.
  • [59]
    Cne F. Tuohy, Les mystères de l’espionnage pendant la guerre, 1914-1918, Paris, Éd. Française illustrée, 1921, 253 p., p. 11, 150-156.
  • [60]
    R. Isar, « Une grande patriote », article paru dans Historama, hors-série no 15, décembre 1971.
  • [61]
    H. Binder, op. cit., p. 17.
  • [62]
    La couleur est celle du sol et permet, même en plein jour, de jeter le tube comme un vulgaire bâton de l’autre côté du fil. P. Durand, op. cit., p. 73.
  • [63]
    Ibid., p. 86.
  • [64]
    Ibid., p. 83.
  • [65]
    A. Redier, op. cit., p. 104.
  • [66]
    Ibid., p. 94.
  • [67]
    SHD-T, 17 N 269 : rapport d’un agent de Folkestone.
  • [68]
    Cité in R. W. Rowan, L’évolution de l’espionnage moderne, Paris, Éd. de la NRC, 1935, 217 p., p. 205.
  • [69]
    J. P. Alem, op. cit., p. 415.
  • [70]
    A. Redier, op. cit., p. 105-108 ; F. Tuohy, op. cit., p. 184-186 ; H. Binder, op. cit., p. 29- 30, 87, 99-102 ; L. Lombard, op. cit., p. 83-87 ; P. Ignatieff, op. cit., p. 179 et 222 ; R. W. Rowan, op. cit., p. 79, 205-216.
  • [71]
    H. Binder, op. cit., p. 30.
  • [72]
    M. Lebrun, Mes treize missions, Paris, Fayard, 286 p., p. 140.
  • [73]
    SHD-T, 1 K 173 : « Papiers du colonel Andlauer, chef du poste SR. de Belfort ; conférence faite à l’EMA le 24 octobre 1925 », 102 p., p. 43.
  • [74]
    J. P. Alem, op. cit., p. 429.
  • [75]
    SHD-T, 1 K 173 : « Papiers Andlauer... », op. cit., p. 72-73.
  • [76]
    Ibid., 17 N 269 : « Note sur l’emploi des agents secrets en arrière des lignes allemandes », 26 avril 1915.
  • [77]
    Capitaine W. Bley, « Espionnage aérien et destruction à distance », L’espionnage et le contre-espionnage pendant la guerre mondiale..., t. 1, op. cit., p. 146.
  • [78]
    J. Mortane, Les missions spéciales, Paris, Baudinière, 1929, 318 p., p. 125.
  • [79]
    Ibid., p. 100 : témoignage du sergent-pilote Emrich.
  • [80]
    Ibid., p. 89 : témoignage du sous-lieutenant aviateur Quellenec.
  • [81]
    En cas de capture, aviateurs et missionnaires joignent à ces documents l’excuse de la panne moteur pour expliquer leur présence derrière les lignes. W. Bley, op. cit., p. 146.
  • [82]
    Cité in J. Mortane, op. cit., p. 261.
  • [83]
    SHD-T, 1 K 173 : « Papiers Andlauer... », op. cit., p. 42.
  • [84]
    Historial de Péronne, Fonds Vaneeckhoet, « Exploitation des pigeons voyageurs. Rapport sur les résultats obtenus par ce mode de liaison pendant les batailles de Verdun et de la Somme ; enseignements à en tirer », GQG/2e et 3e bureau / SRA/Service colombophile, 1er octobre 1916.
  • [85]
    L. Palliez (ancien membre du service colombophile du GQG en 1917), Le pigeon voyageur, son utilisation au cours des guerres anciennes et modernes, Lille, Éd. G. Baratte, 1932, 103 p., p. 47.
  • [86]
    Ibid., p. 59.
  • [87]
    Note du 2e bureau / SR du 14 mai 1915 sur l’ « Emploi des agents secrets en arrière des lignes, l’utilisation des avions et des pigeons voyageurs » et « Note secrète prescrivant l’envoi par avions d’agents munis de pigeons voyageurs » du 7 mars 1916, citées dans le Relevé chronologique..., op. cit. (SHd-T, 16 N 916).
  • [88]
    « Instruction sur la liaison pour les troupes de toutes armes », GQG des armées du Nord et du Nord-Est, 1918, p. 68.
  • [89]
    J. de Pierrefeu, GQG./Secteur 1, Paris, Édition Française illustrée, 1920, 2 t., 500 p., t. 1, p. 79.
  • [90]
    Début 1917, un nouveau carnet à dépêches et de nouveaux tubes porte-dépêches « plus grands » sont promis aux postes SR par le lieutenant-colonel Zopff, SHd-T, 7 N 1616 : « Note au sujet des croquis messages envoyés par P. V. ». Enfin, il existe aussi une sacoche porte-message pour documents larges que l’oiseau porte sous le cou (« Instruction sur la liaison... », op. cit., p. 66).
  • [91]
    Lt A. Froment, L’espionnage militaire et le service des renseignements, Paris, F. Juven Éd., 1887, 316 p., p. 270.
  • [92]
    Ibid.
  • [93]
    Historial de Péronne, Fonds Vaneeckhoet : « Consigne des postes des pigeons voyageurs », IIe armée, EM, 2e bureau / SR, 21 mars 1916 et SHd-T, 7 N 1616 : « Note pour les CA et le groupement B », Ve armée / 2e bureau, 8 novembre 1916.
  • [94]
    F. Tuohy, op. cit., p. 158.
  • [95]
    Élément aggravant, pour être sûr que les renseignements parviennent au commandement, l’usage est de lâcher deux pigeons porteurs du même message.
  • [96]
    H. Domelier, Au GQG allemand, Paris, Éd. La Renaissance du livre, 1919, 353 p., p. 188.189.
  • [97]
    L. Lombard, op. cit., p. 88.
  • [98]
    Cité in J. Mortane, op. cit., p. 260.
  • [99]
    Notes du GQG / 2e bureau / SR, 22 mai 1918 sur l’ « Envoi de pigeons voyageurs dans les territoires envahis », des 17 juin 1918 et 6 novembre 1918 sur le « Dépôt de pigeons voyageurs dans les lignes ennemies », citées in SHd-T, 16 N 916 : « Relevé chronologique..., année 1918 », op. cit.
  • [100]
    SHd-Air, A 20 : « Rapport sur les expériences de liaison par avion et ballon », février 1916.
  • [101]
    Général H. Navarre, Le service de renseignement, 1871-1944, Paris, Plon, 1978, 352 p., p. 19.
  • [102]
    W. Nicolaï, op. cit., p. 129.
  • [103]
    H. Domelier, op. cit., p. 189.
  • [104]
    « Instruction sur la liaison pour les troupes de toutes armes », op. cit., p. 51.

1Au sein des services secrets français, la Grande Guerre conduit à l’adoption de nouveaux accessoires destinés à tromper plus facilement la vigilance de l’ennemi. Certains objets déjà anciens tombent alors en désuétude ; d’autres sont en revanche conservés car ils se révèlent toujours utiles. Ce phénomène est d’autant plus compréhensible que « le XIXe siècle n’était [...] pas totalement dépourvu de technologie clandestine, [surtout celle] qui assurait la protection du secret ; il connaissait [...] les encres secrètes, les correspondances indirectes, les déguisements du costume, les faux passeports » [3]. Il serait donc faux de penser que le XXe siècle, se réclamant pourtant, à son début, résolument moderne et technique, innove totalement en matière d’équipements d’agents ; ceci s’explique d’ailleurs aisément puisque la majorité des procédés d’espionnage, hérités des siècles passés, perdurent. Finalement, c’est doté d’un matériel spécifique varié que l’agent français, véritable « soldat de l’ombre », entre en campagne en 1914. Au fil des mois – puis des années – que dure la guerre, dans le cadre de l’âpre guerre secrète qui les oppose au contre-espionnage et à l’espionnage germaniques, les services de renseignements français s’ingénient également à trouver des parades, mais aussi à copier les techniques et outils de leurs adversaires, accroissant du même coup le volume des objets mis à la disposition de leurs agents...

DOCUMENTS D’IDENTITE ET FAUX PAPIERS

2Les espions français disposent d’une carte d’identification de couleur mauve [4] qui leur sert à passer de France en Angleterre, ou d’Angleterre en Hollande, en évitant les embarras des postes de contrôle ou de douane alliés. Ce laissez-passer a été institué en janvier 1915 par une note du « Conseiller technique de la Sûreté générale aux armées » Jules Sébille ; des instructions spéciales sont données aux commissaires spéciaux des ports et des frontières pour ne pas arrêter les individus qui en sont porteurs. Il est supprimé en décembre 1917 pour protéger les agents en cas de capture.

3Outre cette carte, ils disposent de faux papiers. En effet, pouvoir entrer, se déplacer en territoire ennemi (ou contrôlé par l’ennemi), mais également en sortir n’est pas une mince affaire. Certes, au début de la guerre, les espions utilisent des papiers d’identité authentiques, saisis sur des déserteurs allemands [5] ; il suffit de changer les photographies et d’imiter les signatures. Mais cette solution de pis-aller s’avère rapidement insuffisante. De nouvelles pièces administratives sont en effet créées par l’occupant et rendent caduques les anciens documents dont pouvait disposer le SR. Début 1915, l’agent Marie Birckel tente alors de rentrer « légalement » chez elle, puisqu’elle fait une demande de rapatriement auprès du consulat allemand à Laon. Cependant, pour accéder à la zone des Étapes, il faut l’accord de Berlin, d’où des délais d’attente conséquents, pour finalement se voir opposer un refus [6]... Cet épisode n’est que la manifestation du durcissement des formalités administratives censées décourager la pénétration des espions alliés en zone occupée.

4Pour les chefs des services secrets français, l’emploi de divers faux documents devient d’une évidente nécessité, même si leur confection paraît ardue. De toute manière, un agent qui n’est pas doté de fausses pièces d’identité doit – sous peine d’être confondu et fusillé –, se soustraire aux policiers : il se cache ou s’échappe à la dernière minute ; bref, il finit par donner l’alerte et voit sa mission compromise. « Il fallait [donc] donner aux agents des passeports ( “Passierschein” ) vrais ou faux, et l’élémentaire prudence commandait de ne pas les faire passer par de longues formalités du service qui les délivrait. » [7]

5Comme le relate dans ses mémoires le colonel allemand Nicolaï – chef du département IIIb (Nachrichtenbüro) – le travail des faussaires français est d’une qualité irréprochable :

« On fabriqua des passeports qui, par le grain du papier, par les signatures, les cachets ne se distinguaient en rien des passeports authentiques, et qui, cependant, étaient des faux. Les passeports allemands étaient les plus faciles à imiter. Ils étaient faits en papier ordinaire, pliés en forme de livrets, en sorte qu’il était très facile d’en retirer des pages et d’en remettre d’autres, ainsi que d’imiter les empreintes de tampons en caoutchouc qui y étaient portées. Les passeports des pays étrangers étaient mieux défendus contre la contrefaçon, pour la raison qu’ils se composaient presque tous d’une seule feuille ou étaient pliés suivant la méthode “Leporello”, qui ne permet pas de détacher des feuilles ni de les remplacer. Le grain du papier, sa composition en faisaient des œuvres d’art ; ils étaient presque tous filigranés. Et cependant il nous parvint de faux passeports fabriqués de toutes pièces par le service de renseignements. Les signatures étaient étonnamment bien imitées. » [8]

6Pour se protéger, l’Allemagne emploie dès lors des papiers spéciaux destinés à contrarier la contrefaçon, mais les résultats ne sont jamais définitifs. En 1917-1918, chaque poste frontière, chaque poste de censure postale et télégraphique est doté d’un « service chimique » pour la détection des faux en tous genres [9]. Le Nachrichtenbüro et la Geheime Feldpolizei [10] sont particulièrement aux aguets et procèdent à de fréquents contrôles dans la population : il convient donc pour un agent de pouvoir présenter des papiers à l’allure irréprochable, en quelque sorte « plus vrais que nature ». On compte aussi sur la chance, les Allemands ne vérifiant pas dans le détail tous les documents aux heures de grande affluence sur des lieux comme le pont de la Brée, principal point de passage en 1915 entre Hollande neutre et Belgique occupée.

7On recrute alors des faussaires, en France et en Angleterre, à l’aide des fiches de police établies avant guerre par la Sûreté générale et par Scotland Yard. « [Ils] imitaient les cachets à l’aide d’un œuf dur, débarrassé de sa coquille et pressé à chaud sur le sceau ou le timbre. En procédant avec les précautions voulues, il devenait possible de reproduire ainsi à la perfection, et trois ou quatre fois de suite, le cachet en question. » [11]

8Des ateliers clandestins de faux documents administratifs sont ainsi créés par les SR franco-britanniques. La production des faussaires de l’ « Intelligence Service » est obligeamment fournie aux agents du poste SR interallié de Folkestone. Dans les pays neutres aussi, à Genève et à Rotterdam notamment, les SR implantent des ateliers de contrefaçons [12]. Mais la nécessité de pouvoir disposer en permanence des nouveaux documents d’identité mis en place tous les six mois par les Allemands [13], ainsi que la difficulté qu’il y a à faire parvenir en masse les faux papiers aux agents, les poussent à implanter ces ateliers clandestins en France et en Belgique occupées. Les cachets originaux sont une denrée précieuse qui se monnaie fort cher ; beaucoup sont subtilisés dans les administrations des territoires occupés, ou même en Allemagne [14]. À Lille, l’agent « Alice Dubois » (Louise de Bettignies) installe une fabrique de production d’encre sympathique et de faux passeports, dirigée par un couple de pharmaciens [15]. À Bruxelles, plusieurs ateliers établissent des cartes d’identité et fabriquent les tampons des diverses communes belges, exigés par les policiers allemands. Un couple s’est spécialisé dans un exercice dangereux : le mari est faussaire et sa femme prend même le risque d’aller faire tamponner les faux papiers à la Kommandantur [16].

9Des photographes sont même engagés en zone occupée pour tirer les portraits des agents fraîchement arrivés, ceci afin de pouvoir compléter les documents in situ [17]. Ce sont effectivement les photographies d’identité, destinées aux passeports, qui donnent le plus de travail, du fait de l’habileté des chimistes adverses : au début de la guerre, « on se contentait d’enlever la photo originale et de la remplacer par celle de l’agent en mission. Contre ce procédé, les Allemands inventent [bientôt] une colle si adhérente que le papier est arraché avec la photo. Dès lors, les Français n’enlèvent plus les photos, mais les lavent pour y reproduire ensuite le cliché de la photo de leur agent. Les Allemands ripostent [encore] en inventant un papier qui se tache irrémédiablement au moindre contact humide » [18].

10On mise sur la qualité du travail des faussaires, mais pas seulement ; il faut aussi qu’en cas d’interrogatoire l’agent possède un alibi qui puisse dérouter le contre-espionnage adverse, c’est-à-dire qui ajoute foi aux papiers présentés. « Pour opérer avec probabilité de succès, l’espion doit avoir des raisons plausibles de se présenter [chez l’ennemi], d’aller et venir sans éveiller de méfiance. » [19] En novembre 1915, pour donner du crédit aux fables plus ou moins crédibles inventées par les agents, on décide que chaque agent passant par la Suisse doit être doté d’un nouveau passeport « afin d’éviter des interrogatoires sur ses voyages antérieurs » [20]. Généralement, l’agent se fait passer pour un neutre en voyage d’affaires. C’est à cette fin que le 2e bureau se procure dans une firme textile de Valence des certificats vierges « pour voyageurs de commerce et représentants », destinés aux affaires en Autriche ou en Allemagne. Joints à un passeport espagnol contrefait, ces certificats permettent à des agents de s’introduire dans le Reich [21].

11Parallèlement et jusqu’en 1917, un nombre impressionnant de faux citoyens des deux Amériques, suédois, etc. essaient de s’introduire dans le Reich via la Suisse ; nombre tout aussi impressionnant que celui des (faux) malades français, allant « prendre les eaux » en Suisse [22]. Les passeports sont soit vrais – dérobés à leurs propriétaires puis maquillés – soit de pures copies. Le contre-espionnage allemand n’est, semble-t-il, pas dupe et les formalités administratives se durcissent. En juin 1916, « une difficulté se présenta en Suisse. Le passeport américain et le permis de séjour (d’un agent français du 2e bureau) étaient recouverts de trop de visas français pour ne pas éveiller les soupçons des Allemands. Il fallait en changer. Au consulat des États-Unis, la version de la perte des papiers fut admise sans difficulté et les documents furent sans délai remplacés. Du côté allemand, ce fut plus long. Le consulat du Reich demanda de nombreux détails et prit des renseignements, ce qui exigea un certain temps » [23]. La déclaration de perte de papiers est un moyen souvent employé pour obtenir des pièces originales : il suffit de donner des indications falsifiées au fonctionnaire qui, de bonne foi, les prend pour véridiques. La Section de renseignements (SR) obtient alors, selon un terme consacré par des événements récents, un « vrai-faux » (sic) passeport.

APPAREILS PHOTOGRAPHIQUES

12« Les services d’informations gardent une préférence marquée pour les documents originaux, ou qualifiés tels, venant directement des bureaux étrangers d’espionnage. Cette méfiance vis-à-vis des rapports oraux réside dans l’immoralité de certains agents auxiliaires. » [24] Pour que les agents puissent prouver la véracité de leurs rapports – comme pour apporter des détails supplémentaires sur les nouvelles inventions ennemies –, on leur demande d’y adjoindre des photographies. Toute la difficulté pour eux est de dissimuler les appareils photographiques et de ne pas se faire repérer lors de la prise des clichés. Comme le confirme un chef de réseau, on emploie au sein de la SR des appareils miniatures du commerce ; pas de laboratoire d’inventions secrètes donc. Seul le camouflage de ces engins est encore une fois, secret oblige, laissé à l’ingéniosité des chefs de réseau [25]. En Hollande, l’agent de guerre économique, Joseph Crozier, dissimule ses onze appareils dans autant de boîtiers de montres goussets : « L’objectif était dans le remontoir, et le déclic se produisait par une imperceptible pression sur le boîtier. » La capacité de la pellicule de ces appareils « dont la taille était comparable à celles des timbres-poste les plus petits » est de 37 clichés « qui pouvaient être agrandis 30 fois ». Mais ces appareils réservent d’autres surprises ; « un petit viseur mobile s’adaptait au sommet du boîtier pour photographier les lettres, les documents et les plans ».

13Se pose ensuite le problème du développement ; les agents évoluant en Allemagne s’en gardent bien car il est plus aisé de dissimuler la pellicule qu’une série de photographies. Roulée dans un minuscule tube métallique, elle est transportée dans la bouche et avalée en cas d’arrestation ; parfois aussi elle voyage immergée dans des boîtes de conserves. Le choix de ce stratagème est judicieux : « L’Allemagne, étreinte par la disette, accueillait avec une méfiance chaque jour décroissante, et même avec une réelle satisfaction, les colis de comestibles. » Lorsque les clichés sont effectués dans les pays neutres et si l’on dispose d’assez de temps, ce sont des plaques de verres qui sont expédiées sur Paris [26].

14Les ordres pour les agents résidents sont aussi photographiés après avoir été tapés à la machine. Cette fois, nul besoin de développement : l’agent projette la pellicule sur un mur blanc. La machine à écrire présente aussi l’avantage de ne pas révéler l’identité du rédacteur, ni l’origine du message : « Nous nous servions d’une machine française dont tous les caractères sont fixés sur des rouleaux interchangeables. Chaque fois que nous écrivions une lettre importante constituant un renseignement de valeur, nous faisions disparaître le rouleau dont les caractères n’avaient servi qu’une fois. » D’autres façons de transporter les pellicules sont aussi inventées ; début 1918, on colle le cliché sur un verre de lunette fumé ou sur un lorgnon. La contenance du rapport transporté est de 3 000 mots. Les SR osent même employer les pellicules déjà utilisées pour tirer des photographies d’identité de passeports : les fonctionnaires allemands les tamponnent sans réaliser ce qui passe entre leurs mains. Toutefois, ayant éventé le stratagème vers la fin de la guerre, les Allemands vont exiger l’emploi de pellicules mates pour les passeports, ce qui a pour effet de rendre la surimpression impossible [27].

ARMES

15Étrangement, il ne semble pas que le revolver (le modèle 1892 d’un calibre de 8 mm) ou le pistolet automatique (modèle « Ruby » français ou « Eibar », fabriqué sous licence en Espagne, calibre 7,65 mm), seules armes à feu faciles à dissimuler, soient d’un usage généralisé chez les agents. Tout dépend a priori des missions qui leur sont fixées. Ainsi, Crozier, qui se livre à des enquêtes économiques en Hollande neutre, rapporte : « Je me souciais peu d’errer avec cette arme dangereuse : elle risque trop de faire suspecter l’innocence de ceux qui en sont porteurs, et j’avais trop à craindre d’être appréhendé. » [28] En revanche, lors de ses passages clandestins de la frontière hollando-belge, il se dit muni d’une bêche aiguisée qui, non content de lui servir à creuser un tunnel sous le grillage électrifié [29] et à se travestir le jour en paysan, se révèle « une excellente arme offensive et défensive [faisant] partie des ressources du service » [30]. Les passeurs belges, employés par le SR de Folkestone notamment, témoignent pourtant de leur affection pour le « Browning » américain, construit sous licence en Belgique, avec lequel ils tirent sur les sentinelles et les chiens qui surveillent la frontière électrifiée. Chaque agent porte en revanche un couteau qui se révèle très utile dans les combats rapprochés, en cas de tentative d’arrestation ou pour l’élimination discrète d’un espion ennemi [31]. Le poison, même s’il est d’usage moins fréquent que chez les espions allemands lors des missions d’élimination physique, est assez répandu [32].

16Enfin, pour les actions de sabotage (voies ferrées, viaducs, usines) les agents emploient en 1914-1915 des pétards de cavalerie à 250 g de trinitrotoluène (TNT), puis sont dotés en 1916 de pains de mélinite de 300 à 500 g. Les explosifs sont introduits en Allemagne « dans des sacs de farine, à l’intérieur de miches de pain, dans des caisses de fruits importées d’Italie en Suisse, dans des bouteilles spéciales d’un litre ou dans des étuis en acier cachés dans certaines boîtes de conserves. Ces matières arrivaient des États-Unis en Hollande dans des fûts de graisse et passaient la frontière en fraude » [33]. À la différence des espions anglais [34] ou allemands, les agents français ne sont pas systématiquement dotés d’engins incendiaires chimiques à minuterie (types stylos incendiaires) [35], bien que, depuis juillet 1914, ces moyens existent dans l’arsenal du SR français. Dans ses mémoires, le général Charles Dupont, chef du 2e bureau, précise avoir mis sur pied un plan de sabotage des lignes de chemins de fer dans la nuit du 6e au 7e jour du plan de concentration allemand avec un commando, équipé d’un dispositif explosif fonctionnant grâce « à un mouvement d’horlogerie bien réglé, expérimenté en grand secret sur les lignes de la Compagnie du Nord. Cet appareil, une fois mis en place, pouvait supporter le passage de centaines de trains sans se dérégler d’une minute. Il pouvait donc être placé plusieurs jours avant et fonctionner comme prévu » [36].

17Des modèles miniaturisés sont mis au point pendant les hostilités pour rivaliser avec les SR allemands, ainsi que le relate le commandant Andlauer, chef du poste SR de Belfort : « Le colonel Goubet (chef du 5e bureau de l’EMA) réunissait à Paris, tous les deux mois environ, les chefs des SR des pays neutres et des SR frontières. Dans la section baptisée “section des horreurs” par lui, il nous présenta des engins de destruction, incendiaires ou autres, dissimulés sous des formes tout à fait variées, telle que crayons, engins dus à l’ingéniosité d’un professeur de chimie attaché à la SR de Paris, actuellement doyen d’une Faculté de pharmacie, lequel avait eu préalablement entre les mains des engins similaires, mais plus grossiers, que le major von Bismarck, attaché militaire allemand à Berne, nous avait gracieusement passés... Par quelle voie ? Il ne m’appartient pas de vous le dire. » [37] Ces dispositifs ne sont pas d’un emploi généralisé et, pour provoquer un incendie, les agents français doivent le plus souvent avoir recours à des moyens plus rudimentaires (mise en œuvre de chaînes pyrotechniques simples avec usage de mèche lente, boutefeu, ou emploi de matières inflammables telles qu’essence, huile, balles de coton ou de papier, etc.). Le sabotage en lui-même n’est pas une action banale ; réservé à une cible d’importance, il demande une préparation minutieuse et nécessite d’avoir un agent motivé ou très intéressé : pour « une usine, un dépôt de munitions ou un bateau, le SR français payait 30 000 à 40 000 F » [38].

18Notons encore l’emploi par certains agents SR/SCR de l’arme biologique dans le cadre de la politique de restriction alimentaire des empires centraux, ainsi que le relate un ancien officier du contre-espionnage allemand : « L’ennemi tenta de décimer notre cheptel à l’aide de microbes de la morve, sous forme de comprimés de couleur blanche, un peu plus petits que ceux de l’aspirine Bayer et qu’ils jetaient dans les puits et abreuvoirs. Il était recommandé aux agents de ne pas les toucher doigts nus. On découvrit des bacilles pathogènes dans les boutons à pression de la jugulaire d’une casquette de voyage portée par un espion. » [39]

19Ce récit est confirmé par les souvenirs d’Andlauer : « Goubet nous présenta (à Paris) le microbe de la morve, celui du charbon et plusieurs autres, tous destinés aux animaux, que l’Institut Pasteur, disait-il, lui avait préparés sous forme de comprimés ou de pâtes. Goubet, qui certes ne manquait pas d’imagination, nous annonça même pour une prochaine séance, le microbe de la typhoïde et je ne sais plus quel autre, destinés, ceux-là, à l’espèce humaine ; on [les chefs de SR] se regarda ahuris ; il y avait là Beliard de Folkestone, Hazard de Milan [...] ; par la suite, on n’entendit plus parler de ces derniers microbes. Quoi qu’il en soit, je dus constituer (à Belfort) un stock des produits offerts par Goubet, et comme j’étais alors bon militaire, je passai à l’exécution. Sans me vanter d’avoir obtenu des résultats extraordinaires, je crois pouvoir affirmer que j’ai sur la conscience quelques centaines de porcelets de la région de Francfort, et aussi du gros bétail qui avait quitté en parfaite santé la Suisse à destination de l’Allemagne et qui passa assez brusquement de vie à trépas. » [40]

OUTILS

20Les passeurs de la ligne électrifiée sont les personnels les plus abondamment équipés en matériels divers. Ce sont des objets achetés dans le commerce ou inventés pour parer aux dangers des fils de fer électrifiés de la frontière hollando-belge. Lors de l’érection de la clôture par les Allemands en 1915, certains la sautent avec une perche ou emploient une « échelle de franchissement » [41] ; d’autres creusent un tunnel, surtout dans les régions sablonneuses. Parfois aussi, les « passeurs » transportent une cage « avec un oiseau ou une souris » [42] pour vérifier si le courant de 40 000 volts passe sur le tronçon qu’ils doivent franchir. Dans ce cas, les fils sont écartés « à l’aide d’un tonneau percé aux deux bouts et au travers duquel [ils] passent » [43]. On invente ensuite un cadre repliable en bois, gainé de caoutchouc [44] et plus discret ; déplié, ses dimensions sont de 28 cm, juste assez pour s’y glisser [45]. Ultérieurement, une pince, « dont les manches isolés en verre » [46] permettent de sectionner les câbles, est adoptée.

21L’habit des passeurs est lui aussi adapté à la situation : casquette, gants, bottes et vêtements épais en caoutchouc [47], de couleur grise pour se fondre plus aisément dans l’obscurité brumeuse de ces régions [48]. Ces effets de franchissement sont enterrés aux abords immédiats du fil, de manière à les retrouver pour le passage retour.

DEGUISEMENTS

22Les services secrets se livrant à des actes répréhensibles, voire hostiles, envers un pays, il est compréhensible que les agents qu’ils y dépêchent soient parfois obligés de se travestir. Si les déguisements font partie de cette palette de subterfuges permettant d’améliorer leur discrétion, il semble pourtant que le genre ait vécu ses belles heures au XIXe siècle, voire encore au tout début du XXe[49], et qu’il ait ensuite connu une amorce de déclin pendant la guerre.

23Certes, dans certaines circonstances extrêmes – c’est-à-dire lorsque les lieux d’espionnage sont particulièrement surveillés –, les déguisements sont encore utilisés. En décembre 1915, le capitaine Théry et le lieutenant Beutom, qui se sont travestis en femmes pour espionner, sont fusillés devant la mairie d’Hénin-Liétard [50]. De même, un capitaine des SR français, travesti en prêtre, est démasqué par le contre-espionnage allemand parce qu’il a omis de retirer un médaillon renfermant le portrait de sa femme [51]. L’agent Birckel qui recueille deux soldats français en fuite, les déguise rapidement en paysans pour les fondre dans la population et les aider à regagner les lignes alliées [52]. Recherché par la police allemande, le « passeur » Jaminet raconte encore : « Un coiffeur me teignit les cheveux avec de l’eau oxygénée ; de châtain, j’étais devenu roux. Il me rasa ensuite la moustache et m’en appliqua une de la même teinte que mes cheveux. Je portais également un lorgnon, ce qui acheva de changer ma physionomie. » [53] Malgré ces quelques cas avérés, on note l’abandon progressif des déguisements. Il s’agit avant tout de faire preuve de prudence ; en effet, dans le cadre de leurs missions, « les agents d’un service secret [étaient] souvent trahis par une futilité, comme le nom d’un tailleur sur un bouton » [54].

MATERIELS SERVANT A LA TRANSMISSION DES RENSEIGNEMENTS

24Une fois acquis le renseignement, la partie la plus délicate reste à faire : il faut le rapporter à temps pour qu’il soit d’une quelconque utilité au commandement : « La transmission du renseignement [exige] plus d’audace que de duplicité, plus d’énergie que de fourberie. » [55] Ainsi que le rappelle le règlement « la difficulté la plus grande pour des agents n’est pas de recueillir des renseignements mais de les transmettre. Tout agent doit être prévenu de la date après laquelle le renseignement qu’il est chargé de recherché cessera d’être utile. Les moyens de transmission seront toujours envisagés avec l’agent » [56].

25La façon la plus simple et la moins risquée de transmettre ses messages est encore, pour un agent, de se servir de la valise diplomatique ou d’utiliser les petites annonces des journaux en utilisant un code spécifique. Tout dépend en fait de l’urgence de la transmission. Plus un agent disposera de délais et moins il prendra de risques, car il peut se produire que le délai de transmission d’un rapport soit « de médiocre importance, attendu que les renseignements transmis concernent le plan du général en chef, les mouvements et la concentration des grandes masses, l’organisation défensive de positions et autres indications de ce genre qui n’ont pas simplement une valeur éphémère » [57].

26Le choix par les agents d’un moyen sûr de transmission des messages tient aussi du changement de nature du conflit. Jusqu’en novembre 1914, moment où la ligne de front est encore perméable, expédier des renseignements fait une large place à l’improvisation et ne nécessite pas toujours l’emploi d’un matériel spécifique. Chaque agent possède ses propres recettes et comme il ne les divulgue pas aux autres, la plupart de moyens utilisés n’ont souvent été observés qu’une fois : signaux optiques ou lumineux, ballonnets portés par le vent [58], chiens dressés, fils téléphoniques branchés sur le réseau existant, poissons morts ou objets creux suivant le fil des rivières, etc. [59] D’autres subterfuges existent ; l’usage conjoint des codes et des encres secrètes (aux révélateurs plus ou moins perfectionnés, contenus dans des fioles ou dilués dans de faux produits pharmaceutiques) permet de poster simplement les rapports dans les boîtes du service postal du pays espionné.

27Malheureusement, lorsqu’en prévision d’une offensive, l’ennemi interrompt la diffusion du courrier, il faut se résigner à porter le message ou à le faire porter. Jusqu’à ce que l’espion ait trouvé le moyen de traverser les lignes ou la frontière, il doit se montrer d’une extrême prudence. Ainsi, pour déjouer l’inspection quotidienne à laquelle se livrent toutes les logeuses en l’absence de leurs locataires, il laisse traîner des objets (par exemple des échantillons, si sa couverture est celle d’un industriel ou d’un représentant de commerce) et des documents (comme de fausses cartes de visites de représentant de commerce, ou de diplomate originaire d’un pays neutre) qui servent aussi à confirmer ses alibis en cas de descente de police.

28L’agent Alice Dubois achemine à pied ses missives (ordres, lettres, rapports), mais aussi du matériel (mélinite, pièces de rechange pour poste TSF, ballonnets) et de l’argent. Elle emmène aussi des chiens, dressés à sauter par-dessus le fil électrique [60]. D’autres espions se servent d’arcs et de flèches [61], de tubes métalliques de couleur brune [62], voire de betteraves ou de pommes de terre évidées [63] afin d’expédier leurs rapports, procédé moins risqué mais qui nécessite une bonne coordination avec le comparse chargé de récupérer le projectile. Le plus souvent, il faut vraiment tenter l’impossible pour gagner du temps : traversée directe du poste de contrôle de Bouchout ou du pont de la Brée, avec des outils agricoles sur l’épaule et « chaussés de sabots » [64], tout en présentant un faux laissez-passer aux vieux soldats de la Landsturm. Compte tenu de leur âge avancé, ceux-ci sont réputés être moins agressifs et plus intéressés aux cadeaux que les troupes retirées du front. Lorsque, par malchance, les agents sentent qu’ils vont être traînés au poste pour une vérification, ils risquent le tout pour le tout, essayant d’acheter la sentinelle avec un louis d’or [65] ou en se dégageant les armes à la main.

29Avec la stabilisation des fronts et l’accroissement des mesures de surveillance mises en place par l’ennemi, les agents doivent plus fréquemment franchir les lignes et les frontières pour faire transmettre à temps leurs renseignements. Parallèlement, au fur et à mesure que leurs missions s’orientent vers l’identification des régiments ennemis, le suivi des transports ferroviaires (arrivées sur le front occidental ou départs pour le front oriental), le suivi des zeppelins ou des U-Boot, le repérage des batteries, des usines de guerre, des dispositions préparatoires à une offensive, il faut bien se résoudre à consigner par écrit les observations. Au mépris du danger, les agents transportent donc le fruit de leur recherche sur eux : Louise de Bettignies établit un plan directeur de la région de Lille, à base d’un plan quadrillé et numéroté sur lequel elle consigne précisément tous les objectifs militaires [66].

30Savoir bien dissimuler un message devient donc une nécessité urgente, vitale même. Les stratagèmes les plus variés sont employés pour soustraire les documents à une fouille des bagages et à un examen corporel minutieux. Leur énumération ressemble à un inventaire à la Prévert : rapports sur papier pelure (très fin) [67] dissimulés dans du pain (avalé en cas d’arrestation), dans des boîtes de conserves, des pots à lait à double paroi, entre deux cartes postales collées l’une sur l’autre, sur un papier d’emballage graisseux ou sur une chemise sale portant au col un message à l’encre sympathique, dents de timbre coupées selon un code précis [68], messages écrits sous les timbres [69], semelles et talons de souliers truqués, double fond de sacs, de caisses d’emballage, ou de cruches, bretelles de sacs à mains, baleines et manches de parapluie, de canne ou de couteau, poignées de valises, pièces de monnaies et perles de collier factices, lacets, nattes de cheveux, baleines de corset, doublures, boutons creux, faux catalogues de magasin, partitions de musique portant des signes à l’encre sympathique, piqûres d’aiguilles au-dessus des lettres dans les journaux (formant le texte d’un message codé), fausses dents, boulettes de caoutchouc ou capsules d’aluminium à avaler, port de perruques (permettant d’écrire sur le crâne), yeux de verre creux, visières de casquettes truquées, cigarettes ou pipes factices, savons, tubes de dentifrice, pommes ou œufs évidés [70]... Comme l’affirme un responsable du contre-espionnage allemand en Belgique : « Plus la guerre traînait en longueur, plus le travail de transmission se faisait avec finesse. » [71]

31L’agent doit transmettre l’intégralité des renseignements en sa possession, chaque détail pouvant avoir son importance, mais sous une forme très synthétique, puisque dans un format le plus réduit possible. C’est un vrai défi intellectuel et technique et l’échec peut avoir de funestes conséquences ; un agent, prévenu à temps du projet d’attaque allemand sur l’Hartmannswillerkopf, ne put par exemple avertir ses chefs assez tôt, faute d’avoir pu trouver un moyen de correspondre avec eux [72]. Ce n’est pas le seul cas pendant la guerre, ainsi qu’en témoigne Andlauer : « Un retard dans le passage de frontière peut avoir de graves conséquences. Ce fut le cas lors de l’offensive allemande du Chemin des Dames, fin mai 1918 ; un rapport détaillé qui aurait dû m’arriver quatre ou cinq jours avant l’événement, ne m’arriva que le lendemain du déclenchement, et mon service fit, ce jour-là, faillite ! » [73]

32Autant dire qu’avec toutes les péripéties que le voyage de retour réserve à l’agent, la question de la dissimulation est d’une importance capitale. Il est une chance que le développement conjoint du chiffrement et de la photographie entre 1914 et 1918 réduise l’encombrement des messages et facilite leur transmission. La microphotographie permet en effet de faire tenir le contenu d’une feuille de papier sur une surface de 1 mm2[74]. Mais il semble que ce moyen ne soit pas généralisé ; le commandant Andlauer avoue ainsi : « En la matière, je suis resté très en arrière, puisque je n’ai eu qu’après guerre (à Belfort) un appareil photographique ; ce fut certainement une grosse lacune dans mon SR. » [75]

MOYENS PARTICULIERS POUR « MISSIONS SPECIALES »

33On désigne sous le qualificatif de « missions spéciales » la dépose d’agents secrets (les « missionnaires ») derrière les lignes ennemies par la voie des airs, pratique officialisée dès 1915 en France [76]. Ce mode opératoire particulier oblige les agents à se doter d’un équipement spécifique tout en restant légers, compte tenu de la capacité d’emport restreinte des aéronefs de l’époque.

34Par-dessus leur tenue, qu’elle soit civile ou militaire [77], les missionnaires endossent une veste d’aviateur en cuir pour se protéger du froid ; ils abandonnent cet effet vestimentaire dans la carlingue après avoir quitté l’avion. Tous les missionnaires sont porteurs d’un sac dont le contenu varie en fonction de la nature et la durée de leur mission. On y trouve d’abord des vivres (conserves, chocolat, biscuits, lait sucré) qui permettent d’éviter tout contact avec la population pendant la mission et ainsi d’empêcher les dénonciations ; en dernière extrémité, ces aliments serviront à négocier un passage en Hollande ou tout autre chose avec des personnages corruptibles. On y trouve ensuite des vêtements civils, deux boîtes de fer étanches contenant six pétards de cavalerie (TNT) ou plus tard des pains de mélinite, une pince universelle pour sertir les détonateurs, de la mèche lente, deux cordeaux détonants métalliques « Bickford » remplis de mélinite, des crochets de fixation pour solidariser les charges aux rails, une carabine et des cartouches, du poivre pour dépister les chiens [78], enfin une boussole, des cartes et une lampe électrique. En octobre 1918, le capitaine Évrard emporte « un poste TSF et des écouteurs téléphoniques » [79]. Sur eux, ils ont un couteau, un revolver, des marks (entre 500 et 1 000), des pièces d’or « pour parer à toute éventualité » [80] et ne se séparent pas de leur panier de pigeons (6 à 10 volatiles).

35On remet aux missionnaires des faux papiers grâce auxquels ils usurpent l’identité d’un habitant de la contrée dans laquelle ils évoluent. À partir de l’été 1916, le 2e bureau de la Ve armée remet des ordres de mission aux douaniers qu’il expédie en mission de renseignement ou de sabotage ; cette mesure préservatrice sauve au moins deux d’entre eux du poteau d’exécution. Ces documents ont pourtant une valeur protectrice très aléatoire, compte tenu de l’exaspération des Allemands et surtout de la présence des pigeons voyageurs, synonyme d’espionnage pour l’occupant [81]. Quoi qu’il en soit, la distribution de ces ordres écrits ne semble pas avoir été une règle car la possession de tels documents peut apporter plus de déboires que d’avantages :

« Un pilote ayant atterri en mission spéciale du côté de Sedan à la fin de novembre 1915 fut pris avec son passager. Ses papiers furent confiés à un agent secret ennemi. Celui-ci se présenta comme aviateur français évadé, dans un café où il manifesta l’intention de passer en Hollande grâce à l’organisation qui y fonctionnait. Devant les papiers, les guides eurent confiance. La police fit prisonniers, tous les membres de l’agence d’évasion. » [82]

LE PRINCIPAL MOYEN DE CORRESPONDANCE DES MISSIONNAIRES ET DES AUTRES AGENTS : LES PIGEONS

36Compte tenu des risques aux frontières, on comprend aisément que le moyen principal pour rapatrier les informations pendant la guerre soit resté le pigeon voyageur ; car certains rapports ne sont « pas volumineux, mais ils contiennent une véritable moisson de renseignements » [83]. Or ce mode de transmission n’est pas une nouveauté en France en 1914 puisqu’il était déjà utilisé pendant la guerre franco-prussienne. Ce qui explique cet engouement, ce sont les indéniables qualités de ce volatile, même dans des conditions d’emploi extrêmes [84]. « Parmi elles, l’attention, l’observation, la mémoire, la volonté et le sens de la direction se manifestent plus particulièrement dans l’acte du retour au colombier. » [85]

37Dès 1914, des pigeons ont été mis à la disposition du SR qui les a employés pour rendre compte de la mobilisation allemande, puis de la progression des armées du Reich en Belgique et dans le nord de la France. Leur usage se généralise ensuite : « De décembre 1914 à février 1915, le groupe des armées du Nord organise un service de pigeons au profit du 2e bureau de l’état-major, par réquisition de colombiers civils d’accord avec les autorités belges et britanniques » [86]. Le pigeon – rustique et fiable – s’impose naturellement comme étant le moyen le plus sûr de l’agent pour expédier ses renseignements [87] : « L’affectation de pigeons aux officiers en mission leur permet de transmettre à l’autorité des comptes rendus écrits beaucoup plus rapidement que par tout autre procédé. » [88] Le SR du GQG mise vraiment sur ce moyen pour s’informer de la situation chez l’adversaire : le lieutenant-colonel Zoppf, son chef, « s’intéressait particulièrement à une certaine catégorie de pigeons voyageurs lâchés par des agents secrets français qu’on déposait par avions en territoire ennemi » [89].

38Les renseignements sont écrits sur des rouleaux de papier pelure, glissés ensuite dans un tube d’aluminium de 5 cm [90] attaché à la patte de l’oiseau [91]. Ce dernier peut aussi transporter « 21 pellicules de 3 cm × 5 cm, contenant jusqu’à 38 000 dépêches » [92]. Une fois de retour au pigeonnier, le pigeon est délesté de sa dépêche par les soldats colombophiles qui transmettent ensuite les précieuses informations au commandement [93].

39Dans le cas des « missionnaires », seule la limitation d’emport des avions empêche de se munir de plus de six pigeons, conditionnés dans une cage d’osier [94] ; c’est une capacité restreinte si l’on tient compte de la quantité de rapports d’espionnage à rédiger [95]. Qui plus est, la dernière paire d’oiseaux est réservée, puisqu’elle sert à fixer les modalités de récupération par avion de l’agent, au terme de sa mission.

40Compte tenu des mesures prises par les Allemands (notamment les battues menées dans la campagne par la « Geheime Feld Polizei » et ses chiens spécialement entraînés à détecter les pigeons, mais aussi les primes offertes à quiconque apporterait spontanément une caisse de volatiles tombée d’un avion [96]), la pénurie est telle qu’il faut en introduire clandestinement en Belgique pour approvisionner en permanence les agents résidents. Chaque semaine, une vingtaine d’oiseaux est transportée dans des conditions précaires :

« On les glissait dans des bourses d’où la tête seule émergeait. C’était le moyen le plus sûr de les faire parvenir en zone interdite. Placé dans une sorte de gaine, le pigeon se maniait facilement, ne roucoulait pas et ne s’abîmait guère. Il pouvait être dissimulé dans une poche, dans une blouse, dans des paquets. » [97]

41Cette opération est cependant risquée. L’agent Borde raconte :

« J’avais toujours mes pigeons dans l’intérieur de ma veste. Ils me faisaient peur car ils passaient leur temps à roucouler ; si un Allemand les avait entendus, j’aurais été sûr de mon affaire. Dès que j’apercevais une personne, je donnais de légères tapes avec mes coudes sur la tête de mes compagnons et ils se taisaient. » [98]

42Des procédés de largage par la voie des airs vont ensuite se généraliser, si bien que l’expédition de pigeons derrière les lignes ennemies va rester d’actualité jusqu’à la fin de la guerre [99].

L’ADOPTION TARDIVE DES POSTES DE TELEGRAPHIE SANS FIL (TSF)

43L’état-major, choisissant de faire confiance au progrès technique, s’oriente aussi et de façon progressive vers l’envoi de renseignements par les ondes. On espère ainsi gagner en rapidité et atteindre une capacité de transmission permanente des messages. Si ce concept est novateur, il se heurte à des difficultés techniques qui en restreignent l’importance. En février 1916, les émetteurs dont dispose l’aviation ne portent qu’à 6 km [100] ; il faudrait faire mieux. « À partir d’avril 1918, des agents déposés derrière les lignes furent munis d’appareils radio, mais assez incommodes d’emploi. » [101] Ces postes Marconi, « équipés avec 4 accumulateurs, une batterie sèche à 400 V » sont en effet dotés d’une antenne de 30 m aisément repérable, mais ne portent encore qu’à 50 km [102]. Notons par ailleurs qu’une partie des appareils TSF introduits par les agents sont destinés à « être remis à des habitants dignes de confiance et susceptibles de transmettre des renseignements en France » [103]. Ces postes sont du modèle employé pour les communications entre les armées et le GQG et leur portée atteint 250 km en 1918 [104].

Notes

  • [1]
    La « SR » (organe de recherche) est rattachée au 2e bureau (organe de centralisation et d’analyse). Sa mission est la recherche du renseignement dit « fermé », c’est-à-dire gardé secret par l’adversaire, principalement par voie d’espionnage.
  • [2]
    La « SCR » a été créée le 28 mai 1915 par le ministre de la Guerre Millerand, sur une idée du capitaine Georges Ladoux, ce dernier en prenant ensuite le commandement. Outre la recherche de renseignements militaires, politiques, diplomatiques, voire socio-économiques sur l’ennemi, la SCR a développé, tout au long du conflit, des techniques de guerre secrète innovantes : mesures de déception, opérations de manipulation des masses, sabotages, etc. (Au sujet de la SR et de la SCR, on consultera la thèse du chef d’escadron Olivier Lahaie, Renseignements et services de renseignements en France pendant la guerre de 1914-1918 (2e et 5e bureau de l’EMA ; 2e bureau du GQG. Section de renseignement / Section de centralisation du renseignement). Évolutions et adaptations, sous la direction du Pr Georges-Henri Soutou, Paris IV-Sorbonne, 2006, p. 874 à 991.)
  • [3]
    A. Dewerpe, Espion, une anthropologie du secret d’État contemporain, Paris, NRF-Gallimard, 1994, 485 p., p. 190.
  • [4]
    Service historique de la Défense – section Terre (ci-après SHd-T) 16 N 916 : « Relevé chronologique et analyse succincte des notes, instructions ou directives d’ordre général concernant le Service des renseignements, années 1915 et 1917 », GQG, 2e bureau.
  • [5]
    Ibid., 7 N 676 : « Note du 2e bureau / SR concernant les déserteurs », 11 juillet 1909.
  • [6]
    Commandant P. Durand, L’affaire Fauquenot-Birckel, Paris, Payot, 1937, 232 p., p. 25.
  • [7]
    H. Maunoury, Police de guerre (1914-1918), Paris, Nouvelle Revue critique, 1937, 224 p., p. 69.
  • [8]
    Colonel W. Nicolaï, Forces secrètes, Paris, Nouvelle Revue critique, 1932, 218 p., p. 174.
  • [9]
    Ibid., p. 175.
  • [10]
    La « Police militaire de campagne », plus spécifiquement chargée de la surveillance de la zone des Étapes et dépendant du GQG allemand.
  • [11]
    F. Baumann, « La technique au service de l’espion », L’espionnage et le contre-espionnage pendant la guerre mondiale d’après les archives militaires du Reich, Paris, Payot, 1934, 650 p., t. 2, p. 111.
  • [12]
    Ibid., p. 109. W. Nicolaï, op. cit., p. 136. W. Horn, « L’espionnage et la guerre sous-marine », L’espionnage et le contre-espionnage..., op. cit., t. 2, p. 158.
  • [13]
    G. Gromaire, L’occupation allemande en France, 1914-1918, Paris, Payot, 1925, 496 p., p. 79.
  • [14]
    F. Baumann, op. cit., p. 110.
  • [15]
    J. P. Alem, L’espionnage à travers les âges, Paris, Éd. Stock, 1977, 515 p., p. 415.
  • [16]
    A. Redier, La guerre des femmes, histoire de Louise de Bettignies et de ses campagnes, Paris, Éd. de la Vraie France, 1924, 317 p., p. 101.
  • [17]
    F. Jaminet, Sous le fil électrisé ; notes et détails sur une organisation de passage de la frontière hollandaise pendant l’occupation allemande, Bruxelles, imprimerie Brian Hill, 47 p., p. 27-28.
  • [18]
    W. Nicolaï, op. cit., p. 175.
  • [19]
    Capitaine R. de Rubeval, Étude pratique du SR., Lavauzelle, Paris, s.d., 254 p., p. 45.
  • [20]
    SHD-T, 16 N 916 : Relevé chronologique..., op. cit.
  • [21]
    F. Baumann, op. cit., p. 111.
  • [22]
    Colonel P. Ignatieff, Ma mission en France, Paris, Éd. des Champs-Élysées, s.d.., 252 p., p. 232.
  • [23]
    Ibid., p. 110.
  • [24]
    H. Coin, Quatre espions parlent, Paris, Éd. de France, 1931, 244 p., p. 57.
  • [25]
    J. Crozier (sous le pseudonyme du lieutenant de Belleval), En mission chez l’ennemi, Paris, Alexis Redier Éd., 1930, 329 p., p. 107-109 pour les citations qui suivent.
  • [26]
    P. Ignatieff, op. cit., p. 239.
  • [27]
    A. Redier, op. cit., p. 90.
  • [28]
    J. Crozier, op. cit., p. 184.
  • [29]
    Cf. O. Lahaie, « La ligne électrifiée sur la frontière hollando-belge (1915-1916) », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 229, Paris, PUF, 2008, p. 55-78.
  • [30]
    J. Crozier, op. cit., p. 185-186.
  • [31]
    Ibid., p. 216.
  • [32]
    Commandant G. Ladoux et M. Berger, Mes souvenirs (contre-espionnage), Paris, Éd. de France, 1937, 189 p., p. XX, 24-38 et 185, et Joseph Crozier, Mes missions secrètes, 1915-1918, Paris, Payot, 1933, 281 p., p. 89-90.
  • [33]
    F. Baumann, op. cit., p. 112.
  • [34]
    L’ « Intelligence Service » remet ainsi aux agents franco-belges des tubes remplis de 500 g de cheddite, dissimulés dans de fausses briques de charbon ; elles sont destinées à faire exploser les chaudières des locomotives (sabotages réalisés près de Hal, à Virton), à détruire les remorqueurs allemands (sur le canal de Charleroi) ou à incendier des usines (Belgique du Sud). L. Mercier et Mgr V. de Moor, Les cahiers du lieutenant Marcel, Paris, Éd. La Bonne Presse, 1937, 245 p., p. 183-184.
  • [35]
    SHD-T, 7 N2 3323, dossier 7-2, sous-dossier EMA2-5/SCR no 6228 : « Procédés de destruction allemands », 1916-1918.
  • [36]
    Ibid., 1 KT 526 : « Mémoires du général Dupont ».
  • [37]
    Ibid., 1 K 173 : « Papiers Andlauer ; conférence faite à l’EMA le 24 octobre 1925 », 102 p., p. 73.
  • [38]
    F. Baumann, op. cit., p. 113.
  • [39]
    Ibid., p. 114.
  • [40]
    SHD-T, 1 K 173 : « Papiers Andlauer ; conférence... », op. cit., p. 73-74.
  • [41]
    Cdt P. Durand, op. cit., p. 28.
  • [42]
    J. Crozier, op. cit., p. 88.
  • [43]
    R. Boucard, La guerre des renseignements, des documents, des faits, Paris, Éd. de France, 1939, 229 p., p. 51.
  • [44]
    Lt H. Binder (ex-membre du contre-espionnage germanique), Espionnage et contre-espionnage à Bruxelles pendant la guerre, Paris, Payot, 1935, 162 p., p. 95.
  • [45]
    L. Lombard, Zone de mort, Stavelot, Éd. Vox Patriae, s.d., 173 p., p. 59, et F. Jaminet, op. cit., p. 30.
  • [46]
    J. Crozier, op. cit., p. 88.
  • [47]
    L. Lombard, op. cit., p. 59.
  • [48]
    H. Binder, op. cit., p. 21.
  • [49]
    A. Dewerpe, op. cit., p. 344.
  • [50]
    R. Boucard, op. cit., p. 143.
  • [51]
    W. Nicolaï, op. cit., p. 145.
  • [52]
    P. Durand, op. cit., p. 15.
  • [53]
    F. Jaminet, op. cit., p. 26.
  • [54]
    J. Crozier, op. cit., p. 253.
  • [55]
    Lt J. Violle, L’espionnage en temps de guerre, thèse de doctorat, Paris, Larose Éditeur, 1903, 267 p., p. 66.
  • [56]
    SHD-T, 7 N 673 : « Aide-mémoire de l’officier du 2e bureau dans un état-major d’armée », février 1914.
  • [57]
    Ibid., p. 90.
  • [58]
    Note du GQG 2e bureau / SRA, 7 avril 1917, citée in SHD-T, 16 N 916 : « Relevé chronologique... », op. cit.
  • [59]
    Cne F. Tuohy, Les mystères de l’espionnage pendant la guerre, 1914-1918, Paris, Éd. Française illustrée, 1921, 253 p., p. 11, 150-156.
  • [60]
    R. Isar, « Une grande patriote », article paru dans Historama, hors-série no 15, décembre 1971.
  • [61]
    H. Binder, op. cit., p. 17.
  • [62]
    La couleur est celle du sol et permet, même en plein jour, de jeter le tube comme un vulgaire bâton de l’autre côté du fil. P. Durand, op. cit., p. 73.
  • [63]
    Ibid., p. 86.
  • [64]
    Ibid., p. 83.
  • [65]
    A. Redier, op. cit., p. 104.
  • [66]
    Ibid., p. 94.
  • [67]
    SHD-T, 17 N 269 : rapport d’un agent de Folkestone.
  • [68]
    Cité in R. W. Rowan, L’évolution de l’espionnage moderne, Paris, Éd. de la NRC, 1935, 217 p., p. 205.
  • [69]
    J. P. Alem, op. cit., p. 415.
  • [70]
    A. Redier, op. cit., p. 105-108 ; F. Tuohy, op. cit., p. 184-186 ; H. Binder, op. cit., p. 29- 30, 87, 99-102 ; L. Lombard, op. cit., p. 83-87 ; P. Ignatieff, op. cit., p. 179 et 222 ; R. W. Rowan, op. cit., p. 79, 205-216.
  • [71]
    H. Binder, op. cit., p. 30.
  • [72]
    M. Lebrun, Mes treize missions, Paris, Fayard, 286 p., p. 140.
  • [73]
    SHD-T, 1 K 173 : « Papiers du colonel Andlauer, chef du poste SR. de Belfort ; conférence faite à l’EMA le 24 octobre 1925 », 102 p., p. 43.
  • [74]
    J. P. Alem, op. cit., p. 429.
  • [75]
    SHD-T, 1 K 173 : « Papiers Andlauer... », op. cit., p. 72-73.
  • [76]
    Ibid., 17 N 269 : « Note sur l’emploi des agents secrets en arrière des lignes allemandes », 26 avril 1915.
  • [77]
    Capitaine W. Bley, « Espionnage aérien et destruction à distance », L’espionnage et le contre-espionnage pendant la guerre mondiale..., t. 1, op. cit., p. 146.
  • [78]
    J. Mortane, Les missions spéciales, Paris, Baudinière, 1929, 318 p., p. 125.
  • [79]
    Ibid., p. 100 : témoignage du sergent-pilote Emrich.
  • [80]
    Ibid., p. 89 : témoignage du sous-lieutenant aviateur Quellenec.
  • [81]
    En cas de capture, aviateurs et missionnaires joignent à ces documents l’excuse de la panne moteur pour expliquer leur présence derrière les lignes. W. Bley, op. cit., p. 146.
  • [82]
    Cité in J. Mortane, op. cit., p. 261.
  • [83]
    SHD-T, 1 K 173 : « Papiers Andlauer... », op. cit., p. 42.
  • [84]
    Historial de Péronne, Fonds Vaneeckhoet, « Exploitation des pigeons voyageurs. Rapport sur les résultats obtenus par ce mode de liaison pendant les batailles de Verdun et de la Somme ; enseignements à en tirer », GQG/2e et 3e bureau / SRA/Service colombophile, 1er octobre 1916.
  • [85]
    L. Palliez (ancien membre du service colombophile du GQG en 1917), Le pigeon voyageur, son utilisation au cours des guerres anciennes et modernes, Lille, Éd. G. Baratte, 1932, 103 p., p. 47.
  • [86]
    Ibid., p. 59.
  • [87]
    Note du 2e bureau / SR du 14 mai 1915 sur l’ « Emploi des agents secrets en arrière des lignes, l’utilisation des avions et des pigeons voyageurs » et « Note secrète prescrivant l’envoi par avions d’agents munis de pigeons voyageurs » du 7 mars 1916, citées dans le Relevé chronologique..., op. cit. (SHd-T, 16 N 916).
  • [88]
    « Instruction sur la liaison pour les troupes de toutes armes », GQG des armées du Nord et du Nord-Est, 1918, p. 68.
  • [89]
    J. de Pierrefeu, GQG./Secteur 1, Paris, Édition Française illustrée, 1920, 2 t., 500 p., t. 1, p. 79.
  • [90]
    Début 1917, un nouveau carnet à dépêches et de nouveaux tubes porte-dépêches « plus grands » sont promis aux postes SR par le lieutenant-colonel Zopff, SHd-T, 7 N 1616 : « Note au sujet des croquis messages envoyés par P. V. ». Enfin, il existe aussi une sacoche porte-message pour documents larges que l’oiseau porte sous le cou (« Instruction sur la liaison... », op. cit., p. 66).
  • [91]
    Lt A. Froment, L’espionnage militaire et le service des renseignements, Paris, F. Juven Éd., 1887, 316 p., p. 270.
  • [92]
    Ibid.
  • [93]
    Historial de Péronne, Fonds Vaneeckhoet : « Consigne des postes des pigeons voyageurs », IIe armée, EM, 2e bureau / SR, 21 mars 1916 et SHd-T, 7 N 1616 : « Note pour les CA et le groupement B », Ve armée / 2e bureau, 8 novembre 1916.
  • [94]
    F. Tuohy, op. cit., p. 158.
  • [95]
    Élément aggravant, pour être sûr que les renseignements parviennent au commandement, l’usage est de lâcher deux pigeons porteurs du même message.
  • [96]
    H. Domelier, Au GQG allemand, Paris, Éd. La Renaissance du livre, 1919, 353 p., p. 188.189.
  • [97]
    L. Lombard, op. cit., p. 88.
  • [98]
    Cité in J. Mortane, op. cit., p. 260.
  • [99]
    Notes du GQG / 2e bureau / SR, 22 mai 1918 sur l’ « Envoi de pigeons voyageurs dans les territoires envahis », des 17 juin 1918 et 6 novembre 1918 sur le « Dépôt de pigeons voyageurs dans les lignes ennemies », citées in SHd-T, 16 N 916 : « Relevé chronologique..., année 1918 », op. cit.
  • [100]
    SHd-Air, A 20 : « Rapport sur les expériences de liaison par avion et ballon », février 1916.
  • [101]
    Général H. Navarre, Le service de renseignement, 1871-1944, Paris, Plon, 1978, 352 p., p. 19.
  • [102]
    W. Nicolaï, op. cit., p. 129.
  • [103]
    H. Domelier, op. cit., p. 189.
  • [104]
    « Instruction sur la liaison pour les troupes de toutes armes », op. cit., p. 51.
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